person:k. bhadrakumar

  • Un RIC chasse un BRICS
    http://www.dedefensa.org/article/un-ric-chasse-un-brics

    Un RIC chasse un BRICS

    Le BRICS (d’abord BRIC) eut son heure de gloire, durant les années 2008-2015, lorsque Lula (puis Rousseff) étai(en)t aux affaires au Brésil et que l’Afrique du Sud était dirigée par Jacob Zuma. Puis les temps ont changé et le BRICS a perdu sa dynamique politique avec des changements de présidents et d’orientation, l’effacement du Brésil et de l’Afrique du Sud, et aussi une certaine incertitude en ce qui concernait l’Inde avec son nouveau Premier ministre Modi.

    Mais voici qu’un événement a eu lieu en marge du G-20, que nous signale notre ami et remarquable commentateur retraité des affaires diplomatiques indiennes, M.K. Bhadrakumar. A l’initiative de Poutine s’est tenu un sommet à trois, avec Xi pour la Chine et Modi pour l’Inde. On voit qu’on retrouve le RIC du BRICS, avec les (...)

  • Le conflit syrien se termine mais les USA restent sur le terrain
    Par M.K. Bhadrakumar, 11 septembre 2017
    Article original : Syrian conflict is ending but US stays put | traduction : Jean-François Goulon
    https://blogs.mediapart.fr/jean-francois-goulon/blog/120917/le-conflit-syrien-se-termine-mais-les-usa-restent-sur-le-terrain

    (...) Il y a deux choses en jeu – l’une, la saisie des vastes champs pétrolifères qui reposent à l’est et au nord de Deir ez-Zor, lesquels sont les joyaux de l’économie syrienne ; la seconde, le contrôle de la frontière syro-irakienne le long de l’Euphrate et plus loin vers le sud, à travers laquelle un « isthme » pourrait potentiellement relier Damas à Téhéran via Bagdad. Par conséquent, tant en termes économiques que pour des raisons géopolitiques, les USA (encouragés par Israël) font une course contre la montre dans cette phase finale du conflit afin d’établir une présence militaire dans les régions orientale et sud-orientale de la Syrie.

    Ces raisons géopolitiques sont triples : a) Les USA chercheraient à avoir « leur mot à dire » dans quelque règlement syrien que ce soit ; b) Les USA espèrent défier l’influence en cascade de l’Iran en Syrie et au Liban ; et, c) Les USA se sentent obligés d’être des pourvoyeurs de sécurité pour Israël. Ces trois facteurs sont liés. Le fait est, comme le souligne un reportage du Times of Israel, qu’Israël reconnait ses limites pour combattre militairement l’Iran par ses propres moyens. Le général Yair Golan, ancien chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne aurait dit, jeudi dernier, dans un discours étonnant devant le Washington Institute of Near East Policy [1] :

    Nous [Israël] vivons dans un monde où nous ne pouvons pas opérer seuls, pas seulement parce que nous n’avons aucune force expéditionnaire en Israël […] Et tandis que nous pouvons remporter une victoire décisive contre le Hezbollah […] et tandis que nous pouvons vaincre toute milice chiite en Syrie […] nous ne pouvons pas nous battre seuls contre l’Iran […] Donc, sans doute, peuvent-ils nous affecter, et nous pouvons les affecter. Mais tout cela n’est qu’une question d’usure […] Si l’on veut remporter quelque chose de plus profond, nous ne pouvons le faire seuls. Et c’est une réalité. Il vaut mieux l’admettre. Nous devons connaître nos limites.

    Il est inutile de dire qu’Israël ne permettra pas à l’administration Trump d’approuver un retrait total de Syrie des troupes nord-américaines. Autrement dit, une sorte de présence étasunienne le long des rives orientales de l’Euphrate est dans les tuyaux, à l’insistance d’Israël. On lira avec intérêt un article d’opinion intitulé Trump’s Big Decision in Syria, de David Ignatius et publié dans le Washington Post la semaine dernière à propos du débat à Washington.(...)

  • La Russie met en garde les US au sujet de l’Afghanistan – Le Saker Francophone
    Par M.K. Bhadrakumar – Le 22 août 2017 – Source Russia Insider - Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone.
    http://lesakerfrancophone.fr/la-russie-met-en-garde-les-us-au-sujet-de-lafghanistan

    (...) À partir de ce qui précède, il apparaît que des sections des forces armées afghanes et le commandement de l’OTAN – qui contrôle l’espace aérien afghan – agissent main dans la main dans ces opérations secrètes. Sans aucun doute, c’est une allégation très sérieuse. L’attaque contre les chiites Hazara doit être considérée comme un message destiné à Téhéran.

    Historiquement et culturellement, l’Iran a des affinités avec la communauté chiite Hazara en Afghanistan. Peut-être, l’administration Trump, qui a juré de renverser le régime iranien, ouvre-t-elle un « deuxième front » par État islamique contre l’Iran sur sa frontière de l’est.

    Fait intéressant, le ministère russe des Affaires étrangères a également publié vendredi une déclaration sur la situation alarmante en matière de drogue en Afghanistan. Il a souligné que :

    Une forte augmentation de la production de drogues est prévue en Afghanistan cette année et un tiers de la population du pays est actuellement impliqué dans la culture du pavot pour l’opium.
    La géographie du trafic de drogue afghan s’est élargie et atteint maintenant le continent africain.
    Des tonnes de produits chimiques pour le traitement des stupéfiants sont importées illégalement en Afghanistan – avec l’Italie, la France et les Pays-Bas « parmi les principaux fournisseurs ».
    Les États-Unis et l’OTAN ne veulent pas ou sont incapables de freiner l’activité illégale.

    La Russie et l’Iran ne peuvent pas fermer les yeux sur les activités hostiles des États-Unis (et de l’OTAN) dans leur arrière-cour, transformant la guerre anti-Taliban en une guerre par procuration. Ils ne peuvent que voir le conflit afghan à travers le prisme de leurs tensions approfondies avec les États-Unis.

    Quelles sont les options de la Russie ? Le ministre russe de la Défense, Serguei Shoigu, a déclaré lors d’une réunion avec la crème des militaires à Moscou, le 18 août, que le conflit afghan constitue une menace pour la stabilité de l’Asie centrale. Il a déclaré que la Russie envisageait d’organiser des exercices militaires conjoints, en fin d’année, avec le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. La Russie a des bases militaires au Tadjikistan et au Kirghizistan.

    Encore une fois, l’ambassadeur Zamir Kabulov, envoyé présidentiel russe en Afghanistan, a récemment déclaré que si le gouvernement afghan et les États-Unis ne pouvaient pas contrer la menace de État islamique, la Russie recourrait à la force militaire.

    Kabulov a révélé que la Russie a dévoilé au Conseil de sécurité de l’ONU le parachutage de fournitures pour les combattants d’État islamique dans au moins trois provinces du nord de l’Afghanistan par des aéronefs non identifiés.

    Bien sûr, il est inconcevable que la Russie mette des « bottes sur le terrain » en Afghanistan. Mais si État islamique franchit les frontières des États d’Asie centrale, il s’agira d’une « ligne rouge », et la Russie répliquera.(...)

    #Afghanistan

  • Pour Poutine, le Japon c’est pas encore ça…
    Par M. K. Bhadrakumar – Le 22 décembre 2016 – Source Russia Insider
    http://lesakerfrancophone.fr/pour-poutine-le-japon-cest-pas-encore-ca

    À Tokyo, il y a une ombre de tristesse, à propos des résultats de la visite tant attendue au Japon du président russe Vladimir Poutine la semaine dernière (15-16 décembre). L’amère déception est en fait auto-infligée, dans la mesure où le battage publicitaire à l’approche de la visite – comme si Poutine venait avec une formule magique pour régler le différend territorial sur les îles Kouriles – était complètement irréaliste. (...)

    #Russie_Japon

  •  » Ça ose tout : juger Poutine pour crimes de guerre… Par M.K. Bhadrakumar
    http://www.les-crises.fr/ca-ose-tout-juger-poutine-pour-crimes-de-guerre-par-m-k-bhadrakumar
    traduction de : Kerry’s sorrows are unspeakable
    http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2016/10/08/kerrys-sorrows-are-unspeakable
    By M K Bhadrakumar – October 8, 2016

    Les États-Unis ont appelé à traduire la Russie en justice pour avoir commis des crimes de guerre en Syrie. Le secrétaire d’État John Kerry a déclaré vendredi à Washington : « La Russie et le régime (syrien) doivent au monde plus qu’une explication […] Ce sont des actes qui demandent une enquête appropriée pour crimes de guerre. Et ceux qui les commettent devraient être tenus pour responsables […] Nous avons également besoin de maintenir la pression sur la Russie, par rapport à la mise en œuvre de l’accord de Minsk (sur l’Ukraine). Et nous […] rendons clair, publiquement, que si nous ne pouvons pas mettre en œuvre Minsk dans les prochains mois ou arriver à un plan clair pour savoir exactement comment cela va être mis en œuvre […] alors il sera absolument nécessaire d’imposer des sanctions (contre la Russie). »

  • Syrie : la Russie installe une base navale militaire permanente à Tartous
    RFI - Publié le 10-10-2016 Modifié le 10-10-2016 à 20:21
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20161010-syrie-russie-installe-une-base-navale-militaire-permanente-tartous

    La Russie va bientôt disposer de deux bases permanentes en Syrie. En plus de la base aérienne de Hmemin, elle va transformer les instatllations portuaires de Tartous en base maritime permanente.

    Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne

    C’est le vice-ministre de la Défense Nikolaï Pankov qui en a fait l’annonce devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre haute du Parlement : « Nous aurons de manière permanente une base militaire à Tartous ».

    La ratification de l’accord pourrait avoir lieu prochainement, dès le mois d’octobre d’après certaines sources. Tartous est situé au nord-ouest de la Syrie, des batteries de défense anti-aérienne S300 y ont récemment été déployées.

    Cette annonce intervient au lendemain de la ratification par la Douma de l’accord russo-syrien sur le caractère permanent et gratuit de la base aérienne Hmemin, installée par les Russes en août 2015. Cette base est située près de Lattaquié dans le fief de Bachar el-Assad. La Russie y a déployé des batteries de défense anti-aérienne S 400 depuis novembre dernier.

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    Par M. K. Bhadrakumar
    Asia Times Online, le 15 décembre 2012
    https://seenthis.net/messages/103022

    Ce qui reste à voir est si à la fin de tout cela, la Russie parviendra à conserver sa base navale à Tartous, qui est sa seule présence [dans la région] en dehors de la Mer Noire. Mais l’état actuel des relations américano-russes devrait exclure cette éventualité. La Secrétaire d’Etat Hillary Clinton n’a affirmé que la semaine dernière qu’un processus de « re-soviétisation » est en cours en Eurasie et que les Etats-Unis se tiennent prêts à la contrecarrer. Elle se référait aux projets de la Russie d’une Union Douanière et d’une Union Eurasiatique.

    avec en bonus la commotion cérébrale de H. Clinton en 2012

  • The fog of war thickens in Syria – Indian Punchline
    By M K Bhadrakumar – August 9, 2016
    http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2016/08/09/the-fog-of-war-thickens-in-syria

    The meeting between Russian President Vladimir Putin and his Turkish counterpart Recep Erdogan later today at St. Petersburg will be keenly watched in world capitals. One point of immediate concern will be as regards the situation in Syria. Over the weekend, Erdogan acknowledged the importance of Turkey harmonising with Russia.
    The diplomatic channels have been active, too. The Turkish side expressed the desire to “synchronize the watches” ahead of the summit in St. Petersburg and Deputy Foreign Minister Umit Yalicn travelled to Moscow to meet with Russian president’s envoy for the Middle East and African countries Mikhail Bogdanov on Monday.(...)

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    Who stands to gain as Aleppo battle rages?
    By M.K. Bhadrakumar on August 8, 2016
    http://atimes.com/2016/08/fighting-escalates-in-aleppo-who-stands-to-gain

    • Lorsque le Sultan rencontre le Tsar
      par Robert Fisk | 9 août 2016 – The Independent – Traduction : Lotfallah
      http://chroniquepalestine.com/lorsque-sultan-rencontre-tsar

      Ainsi, le Sultan se déplace pour aller voir le tsar au siège royal de Saint-Pétersbourg. Et le calife de Damas assiste à la scène depuis la Syrie, avec la conviction que la politique du parti Baas a encore une fois prouvé sa valeur. La politique ? Attendez… C’est juste attendre et encore attendre.

      Alors que la puissance de la Turquie sur la Syrie – son rôle du type de celui du Pakistan [avec l’Afghanistan] pour transmettre l’argent et les armes des pays du Golfe pour la guerre civile, ses itinéraires de contrebande pour le compte d’Isis, d’al-Qaïda (ou Jabhat al-Nusra ou Fatah el-Sham ou encore d’autres) – semblait une menace écrasante pour Damas… un mystérieux putsch raté se produit en Turquie, son armée se retrouve émasculée et le Sultan Erdogan se précipite à Saint-Pétersbourg pour déplacer son pays de l’OTAN vers la Mère Russie.

      Et tout cela alors que les armées rebelles en Syrie encerclent des troupes gouvernementales à Alep, dans le but de rouvrir leurs routes d’approvisionnement vers la Turquie.

  • La Turquie retourne à Mossoul en conduisant une nouvelle « révolte arabe »
    Par M. K. Bhadrakumar | AsiaTimesOnline, le 7 décembre 2015 | traduction [JFG-QuestionsCritiques]
    http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Turquie-Mossoul_Irak_071215.htm

    (...) C’est sans surprise que la Turquie se coordonne avec l’Arabie Saoudite et le Qatar — avec le soutien tacite de Washington — étant donné l’élan anti-iranien et anti-russe de sa manœuvre en vue d’établir un contrôle militaire sur la région de Mossoul, hautement stratégique.

    Le Roi Salman d’Arabie Saoudite, avec une suite de 20 princes de premier rang à son service, dont le Prince héritier Mohammed ben Nayef et le vice-Prince héritier Mohammed ben Salman, a reçu Barzani pour un déjeuner royal, le 1er décembre, juste quatre jours avant que la Turquie n’envoie des centaines de soldats et de chars à Mossoul. Certes, le grand banquet offert par Salman à Barzani était un gros signal pour Téhéran (et Moscou) que les Saoudiens s’introduisent dans la politique turque.

    Erdogan a l’intention de saper la capacité de la Russie et de l’Iran à utiliser la carte séparatiste kurde contre la Turquie, ce qui à son tour donnerait à Ankara une liberté d’action pour faire accepter le programme d’un « changement de régime » en Syrie, prendre le contrôle des vastes réserves d’hydrocarbures de la région (que la Grande-Bretagne impériale s’était accaparées en vertu de l’Armistice de Moudros en 1918) et de rallier les pays arabes sunnites sous son leadership.

    Certes, Erdogan va devoir batailler. Téhéran a réagi furieusement à l’annonce turque concernant l’installation d’une base militaire à Mossoul, disant que cela « menace la sécurité de la région », laquelle, au lieu d’aider à combattre le terrorisme, ne fera qu’« accroître le chaos et l’insécurité » dans la région.

    Le ministre irakien des affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur turc pour protester contre cet « acte hostile » ; le Premier ministre Haïder al-Abadi a dit que c’était une « grave violation de la souveraineté irakienne » ; le Président Fouad Massoum a dit que ce mouvement est « une violation des normes et des lois internationales et de la souveraineté de l’Irak » et exigé que la Turquie retire ses troupes « immédiatement ». (...)

    #Turquie #Mossoul #pétrole

    • À quoi Erdogan joue-t-il en Syrie et en Irak ?
      Par Pepe Escobar
      Sputnik News, le 8 décembre 2015 | traduction [JFG-QuestionsCritiques]

      (...) Le Premier ministre Ahmet Davutoglu jure qu’Ankara a été « invité » par le gouvernement de la province de Ninive, avec l’approbation de Bagdad (un mensonge flagrant). Un porte-parole du Gouvernement régional du Kurdistan (KRG) semi-autonome, au nord de l’Irak, dit que tout est légal.

      Le quotidien turc Hurriyet débite qu’Ankara occupe une base militaire permanente à Bashiga, près de Mossoul, pour entraîner les forces Peshmergas, un accord signé le mois dernier entre le président du KRG, Massoud Barzani, et le ministre turc des affaires étrangères Feridun Sinirliogu.

      Eh oh ! Ankara ! Il y a un (énorme) problème ! Mossoul et Bashiga ne font même pas partie du KRG. Cela n’a donc rien à voir avec l’entraînement des Peshmergas — autant qu’Erdogan et l’AKP cuirassent lourdement leur haine des Kurdes : les trafiquants du KRG et les Peshmergas sont les « bons Kurdes », tandis que le PYD/YPG et le PKK sont les « mauvais Kurdes ».

      Si vous avez un doute, suivez le pétrole. La mafia de Barzani vend — illégalement — à la Turquie le pétrole qui appartient à Bagdad. Ils possèdent littéralement le trafic de pétrole dans le KRG ; et ils font un malheur, grâce aux bonnes relations avec leur « associé », Genel Oil, dont le président est Tony « Deepwater Horizon » Hayward.

      Il a été largement prouvé que le gendre d’Erdogan et ministre de l’énergie Berat Albayrak détient le droit exclusif de déplacer le pétrole du KRG en Turquie. Suivant les preuves collectées par le ministère russe de la défense, le pétrole volé de Daech pourrait bien être mélangé en chemin au pétrole du KRG. Et l’un des principaux bénéficiaires de tout ce système est le fils d’Erdogan, Bilal, alias Mini Me, à travers sa compagnie maritime BMZ, qui livre ce pétrole essentiellement à Israël. Mini Me est à présent exilé à Bologne, en Italie, où il gère des montants intraçables de cash, bien au chaud dans des comptes bancaires suisses.(...)

    • Paralysée en Syrie, la Turquie vise à créer un Sunnistan en Irak
      Par Pepe Escobar | RT, le 9 décembre 2015
      http://questionscritiques.free.fr/edito/Pepe_Escobar/syrie_turquie_sunnistan_irak_091215.htm

      L’« incursion » de la Turquie en Irak est une manœuvre froide et calculée. Et, une fois encore, le nom de ce jeu est — quoi d’autre ? — Diviser pour Régner.

      La Turquie a envoyé au Kurdistan irakien — qui fait partie de l’Etat irakien — un bataillon constitué de pas moins de 400 soldats, soutenu par 25 chars d’assaut M-60A3. A présent, le nombre de bottes turques sur le sol au camp de Bachika, au nord-est de Mossoul, atteindraient désormais un total d’environ 600. Pour faire court, ce n’est pas un « camp d’entraînement » — comme Ankara le débite. C’est une véritable base militaire, peut-être permanente.

      Cet accord louche a été passé le mois dernier, à Erbil, entre le Gouvernement Régional du Kurdistan (KRG) ultra-corrompu et le ministre turc des affaires étrangères d’alors, Feridun Sinirlioglu.

      Des torrents de propagande turque jurent qu’il ne s’agit que « d’entraîner » les Peshmergas pour combattre L’Etat Islamique/Daech. Foutaises ! Le fait crucial est qu’Ankara est terrifié par l’alliance « 4+1 » qui combat l’Etat Islamique, alliance qui unit l’Iran, les Chiites irakiens et l’Armée arabe syrienne (AAS), de même que le Hezbollah, à la Russie.

      En Syrie, Ankara est quasiment paralysé, après le « coup de poignard dans le dos » en abattant le Su-24 : révélations russes de complicité entre la première famille turque et le pétrole syrien volé (Bilal Erdogan, alias « Mini Me », nie tout en bloc) ; forces aériennes russes qui pilonnent sans relâche la cinquième colonne turkmène de la Turquie. Sans mentionner le déploiement des S-400 et même d’un sous-marin de troisième génération équipé de missiles de croisière Kalibr.

      Ankara détourne donc l’attention vers l’Irak avec une « contre-alliance », faite de la Turquie, du KRG (qui vend — illégalement — du pétrole à la Turquie) et de Sunnites au nord de l’Irak, sous le prétendu leadership de la tribu tentaculaire Nuceyfi à Mossoul.

      C’est le néo-ottomanisme dans toute sa grandeur en action. Nous ne devrions jamais oublier que pour l’AKP, au pouvoir à Ankara, le nord de la Syrie et le nord de l’Irak ne sont rien d’autre que des provinces de l’ancien empire ottoman, une extension orientale de la province turque du Hatay. Le phantasme (inavoué) du « Sultan » Erdogan est d’annexer tout cet ensemble.

      Pendant ce temps, Daech contrôle toujours Mossoul. Mais les Sunnites irakiens — de même que l’Armée irakienne — préparent lentement une offensive. Donc, ce qu’Ankara veut avec sa base militaire à proximité de Mossoul, est d’être de la partie, et venant s’ajouter à cela deux programmes « invisibles » : protéger leur cinquième colonne turkmène, où qu’elle se trouve, et avoir plus de bottes sur le terrain pour combattre — qui d’autre ? — les Kurdes du PKK qui ont pris refuge dans le Kurdistan irakien.

      Toute la logique du Sultan Erdogan est que Bagdad ne gouverne plus le nord de l’Irak (là, il a raison). Mais le problème, pour Ankara, est que les puissances réelles dans cette région pourraient s’avérer être les Chiites et le PKK (c’est tiré par le cheveux, mais c’est le raisonnement d’Erdogan).

  • Les tensions entre la Russie et la Turquie sont utiles pour Obama
    Par M. K. Bhadrakumar on November 28, 2015 in Asia Times | traduction JFG QuestionsCritiques 30 nov
    http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/tensions_entre_la_turquie_et_la_russie_obama_281115.htm

    La Turquie a peut-être réussi à saborder l’idée d’une coalition internationale, sous les auspices des Nations Unies, pour combattre l’Etat Islamique (EI). Les discussions qui se sont déroulées vendredi à Moscou entre Vladimir Poutine et François Hollande laissent une drôle d’impression.

    Bien sûr, Hollande a présenté ses condoléances pour la mort, mardi dernier, du pilote russe. C’est un geste important qui contraste nettement avec le choix calculé du Président américain Barack Obama d’exprimer sa solidarité avec la Turquie. Hollande a ouvertement soutenu la détermination de la Russie à perturber les liens entre la Turquie et l’EI dans le commerce [illégal] de pétrole. Il a juré de faire ce que la Russie est elle-même en train de faire, à savoir, bombarder sans relâche les convois transportant le pétrole de l’EI qui se dirigent vers la frontière turque.
    (...)
    Dit simplement, Washington peut trouver autant d’alibis que possibles pour maintenir les Russes à l’extérieur de la structure, en observateurs. Les tensions entre la Turquie et la Russie qui ont éclaté la semaine dernière se présentent comme une formidable occasion d’enterrer, d’une façon ou d’une autre, la proposition russe d’une coalition internationale pour combattre l’EI sous les auspices des Nations Unies.

    Inutile de dire qu’il y a même une théorie de la conspiration selon laquelle la Turquie s’est sentie obligée de descendre l’avion russe, pour la simple raison qu’elle était sûre que frapper Moscou satisferait le programme américain en Syrie. Bien qu’Erdogan ne soit pas exactement un personnage populaire à Washington, Obama s’est démené pour exprimer sa solidarité avec lui et a même cherché à légitimer l’action de la Turquie, mardi dernier, après avoir été informé que l’avion russe avait été en realité abattu dans l’espace aérien syrien.

    Poutine a fait remarquer lors de sa conférence de presse conjointe avec Hollande que le camp russe avait partagé avec les Américains, de façon confidentielle, les coordonnées de leur vol fatal de mardi dernier (ainsi que le récent protocole bilatéral avec le Pentagone le prévoyait). Poutine a minutieusement choisi ses mots :

    « Nous échangeons des informations avec eux [les Etats-Unis], mais nous sommes très préoccupés par la nature des échanges et des résultats de notre travail conjoint. Voyez un peu : nous avons prévenu nos partenaires américains à l’avance sur la localisation des opérations de nos pilotes, quand [elles auraient lieu] et à quelle altitude. Le camp américain, qui dirige la coalition incluant la Turquie, connaissait l’heure et la localisation de ces vols. Et c’est précisément là et à ce moment que nous avons été frappés.

    « Soit ils [les Etats-Unis] ne peuvent pas contrôler ce que font leurs alliés, soit ils ont passé cette information à droite et à gauche, sans en mesurer les conséquences. Naturellement, nous devrons avoir des consultations sérieuses avec nos partenaires à ce sujet. » (...)

  • Poutine renforce le pouvoir d’Assad avant les pourparlers de paix sur la Syrie
    Par M.K. Bhadrakumar. Article publié le 22 octobre dans AsiaTimesOnline : Putin strengthens Assad’s hands ahead of Syria peace talks |
    traduit le 22 octobre 2015 | Par Jean-François Goulon
    http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-francois-goulon/221015/poutine-renforce-le-pouvoir-d-assad-avant-les-pourparlers-de-paix-su

    (...) D’un autre côté, les conversations entre Poutine et les dirigeants turc et arabes, visant à les informer en détail de sa discussion avec Assad, transmettent un puissant message que, selon les estimations russes, Assad reste un chef d’Etat à part entière et en fonction, qu’il figure comme un protagoniste clé de tout processus politique et que ses intérêts ne peuvent pas être ignorés dans quelque processus politique que ce soit. Il ne fait aucun doute que la réalité de fond est également que les frappes aériennes russes ont renforcé le gouvernement syrien.

    En attendant, la Turquie regardera avec un malaise croissant les derniers rapports qui suggèrent que les Kurdes syriens pourraient ouvrir un « bureau » à Moscou. Un expert de très haut niveau sur le Moyen-Orient, Vitaly Naumkin, le directeur de l’Institut des Etudes Orientales à l’Académie des Sciences russe, a dit mercredi que les Kurdes syriens espèrent avoir une entité à eux sur leurs terres natales dans la partie septentrionale du pays, mais que le véritable problème est que les parties syriennes arabes préserveront à tout prix l’unité du pays et que, par conséquent, le rôle de la Russie sera celui de « médiateur ».

    Toutefois, on ne peut échapper à l’impression que Moscou se sent exaspéré par la duplicité de la position de la Turquie sur la question syrienne. Il se pourrait que la Turquie finisse aussi par recevoir le message et qu’elle réajuste prudemment sa position concernant Assad.

    Un haut responsable turc a déclaré à Ankara, lundi, que la Turquie veut bien accepter une transition politique dans laquelle Assad reste au pouvoir pendant six mois avant de se retirer. Manifestement, la Turquie s’est mise dans une impasse, étant donné qu’elle a parfaitement conscience qu’une confrontation directe avec la Russie est bien trop risquée.

    Quant à l’Arabie Saoudite, elle est déjà suffisamment dispersée au Yémen et il est peu probable qu’elle ennuie Moscou en changeant de vitesse pour étoffer les groupes rebelles opposés à Assad. Elle pourrait tout au plus leur accorder de généreuses liquidités. En tout cas, spéculer que l’Arabie Saoudite passerait à la vitesse supérieure pour rejouer en Syrie, dans les mois à venir, le « Djihad afghan » des années 80, va bien au-delà du domaine du possible.(...)

  • Syrie : les efforts de paix de la Russie prennent de l’envergurePar M.K. Bhadrakumar. Article publié le 26 octobre 2015 dans AsiaTimesOnline : Syria : Russia’s peace efforts acquire gravitas. traduit par Jean-François Goulon - 26 octobre 2015
    http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-francois-goulon/261015/syrie-les-efforts-de-paix-de-la-russie-prennent-de-l-envergure

    La soudaine visite, dimanche, du Secrétaire d’Etat américain John Kerry en Arabie Saoudite et sa rencontre avec le Roi Salman dans son ranch à l’extérieur de Riyad peuvent être considérées comme une suite rapide de la conversation téléphonique qu’il a eue la veille avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

    Lavrov a pris l’initiative d’appeler Kerry au téléphone, suite à la réunion de vendredi qu’ils ont eue à Vienne, en compagnie de leurs homologues turc et saoudien. Lavrov s’est également entretenu au téléphone, samedi, avec ses homologues iranien et égyptien.

    Il est évident que Lavrov et Kerry sont engagés dans ce qui semble de plus en plus un effort combiné qui se renforce mutuellement en vue d’étayer un plan de paix qui puisse être accepté par les acteurs extérieurs alignés avec eux, même si tous ne sont pas en phase par rapport à eux, ainsi que par les parties syriennes concernées. Il se pourrait que ce soit Lavrov le cerveau dans cette affaire, mais la priorité de Moscou est de travailler autant que possible avec Washington dans la mesure où les Américains y sont prêts – le terrain d’entente s’élargit progressivement – plutôt que de vouloir à tout prix démontrer sa supériorité.

    Les contours d’un plan de paix, aujourd’hui en lambeaux, pourraient émerger de ces consultations mouvementées. Prenez en considération les déclarations suivantes faites par le Président Vladimir Poutine, jeudi dernier à Sotchi (à la veille de la réunion de Vienne entre Kerry et Lavrov) :

    Je suis sûr que les opérations militaires russes [en Syrie] auront l’effet positif nécessaire sur la situation, en aidant les autorités syriennes à créer les conditions des actions ultérieures pour parvenir à un règlement politique.
    Voici ce que nous croyons devoir faire pour soutenir un règlement à long-terme […] Tout d’abord, libérer les territoires syrien et irakien des terroristes […] Et pour le faire, nous devons joindre toutes les forces – les armées syrienne et irakienne, la milice kurde, divers groupes d’opposition qui ont vraiment apporté une contribution réelle dans la lutte contre les terroristes – et coordonner les actions des pays, à l’intérieur comme à l’extérieur de cette région, contre le terrorisme.
    Deuxièmement, une victoire militaire contre les seuls partisans de la lutte armée […] créera les conditions pour la chose principale, à savoir le commencement d’un processus politique avec la participation de toutes les forces patriotiques saines de la société syrienne […] L’effondrement du gouvernement syrien ne fera que mobiliser les terroristes. Dans l’immédiat, au lieu de saper les autorités syriennes, nous devons les renforcer, les raviver, en renforçant les institutions de l’Etat dans la zone de conflit.
    Bien sûr, les dirigeants syriens doivent établir des contacts de travail avec ces forces de l’opposition qui sont prêtes au dialogue. Telle que je comprends la réunion [que j’ai eue mardi] avec le Président Assad […], il est prêt à un tel dialogue. »

    #Russie #Lavrov #Poutine #Kerry

  • Caractère de Poutine et l’âme de fer de la Russie
    http://www.dedefensa.org/article/caractere-de-poutine-et-lame-de-fer-de-la-russie

    Caractère de Poutine et l’âme de fer de la Russie

    21 octobre 2015 – Notre ami ambassadeur-chroniqueur M.K. Bhadrakumar est présentement à Sotchi, à la réunion annuelle du Club-Valdaï, où il doit intervenir aujourd’hui. Il est arrivé lundi dans la ville fameuse pour notre époque des JO qui précédèrent immédiatement le “coup de Kiev” des étranges “stratèges” occidentaux, – successivement l’UE et les USA en l’occurrence ; fameuse également pour ses superbes paysages qui mêlent d’une façon si radicale la station balnéaire de la Mer Noire toute proche et les paysages de haute montagne des premiers contreforts du Caucase se précipitant directement de 2.000 à 3.000 mètres jusqu’au plages et dans les flots.

    Le même jour, le 19 octobre, Bhadrakumar s’est mis à la table de sa chambre d’un hôtel luxueux où s’installent les (...)

  • Il faut tenir la France à bonne distance de la guerre syrienne — M.K. BHADRAKUMAR – September 28, 2015 – Traduction : Dominique Muselet
    http://www.legrandsoir.info/il-faut-tenir-la-france-a-bonne-distance-de-la-guerre-syrienne.html

    Il n’y a pas le moindre signe de malaise à Washington ni dans aucune capitale occidentale sur le fait que, dimanche dernier, la France ait lancé ses premières frappes aériennes en Syrie. Ce fut un moment poignant. N’oubliez que la France a « créé » avec la Grande-Bretagne, la Syrie moderne.

    Utiliser la violence contre sa progéniture n’est pas inhabituel pour la France – elle n’arrête pas de le faire en Afrique – néanmoins elle a manifesté, dans ce cas précis, une insensibilité particulièrement répugnante, compte tenu de la honte qui entoure encore le pacte Sykes-Picot. (Le centenaire de ce chapitre honteux de l’histoire coloniale de l’Europe tombe en mai prochain.)

    Ce que la France vient de faire est répréhensible pour une autre raison. Elle est un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies qui a le droit de veto, et elle a violé l’intégrité territoriale d’un pays membre de l’ONU sans même prendre la peine de le consulter. Les interventions françaises à l’étranger sont dénuées de principes et de moralité. La Libye est le dernier exemple d’un pays qu’elle a envahi et détruit, ainsi que son gouvernement établi, et elle s’est ensuite tout simplement lavée les mains du chaos qu’elle a laissé derrière elle.

  • Un président-poire s’en va-t-en-guerre
    http://www.dedefensa.org/article/un-president-poire-sen-va-t-en-guerre

    Un président-poire s’en va-t-en-guerre

    3 octobre 2015 – Il se trouve que j’avais oublié de vous le dire, les Russes, – non, pardon, les Français ont donc décidé d’entamer une “campagne” de frappe contre Daesh, frappant exactement là où il faut au “millimètre rouge” près (transaction cartésienne de “ligne rouge”, too much vague pour leur esprit précis) pour ne porter strictement aucune aide à l’effroyable Assad. (Lequel soit dit en passant assez vite pour ne pas déflorer l’impeccable réputation d’indépendance proverbiale de la justice française, s’est trouvé placé par la susdite indépendante justice dans le cadre rigoureux d’une enquête pour “crimes contre l’humanité” le jour même de l’intervention tonitruante à l’ONU de Poutine, – non, pardon, de Hollande. Cette investigation est dans la grande tradition légaliste de (...)

  • Un virage à 180° dans la crise ukrainienne ? - LE SAKER FRANÇAIS
    25 septembre 2014 / Jean-Paul Baquiast
    http://www.vineyardsaker.fr/2014/09/25/virage-180-crise-ukrainienne

    Hier 24 septembre, notre vieil ami le chroniqueur et ancien diplomate indien M. K. Bhadrakumar a publié dans Indian Punchline un article bien intéressant [1]. S’il se trouvait vérifié, et généralement l’auteur est très bien informé, il annoncerait une nouvelle de grande importance.

    En effet, alors qu’Obama vient de présenter la Russie à l’ONU comme la deuxième menace existentielle contre la paix du monde [2], sil e serait engagé parallèlement dans un colossal rétropédalage. L’Ouest, c’est-à-dire en fait Obama, viendrait de décider de ne plus soutenir le gouvernement de Kiev et son président Porochenko dans leur lutte homérique contre Moscou.

    Avant-hier, mardi 23 septembre, à Washington, lors d’une réunion conjointe, Obama aurait déclaré qu’il recommandait à Porochenko de rétablir de bonnes relations avec Moscou, sur les plans tant diplomatique qu’économique. Pour (ré)conforter l’infortuné (c’est le cas de le dire) Porochenko dans cette nouvelle voie, Obama ne lui aurait promis que $50 millions, pour faire face aux dettes de l’Ukraine, alors que celles-ci avaient été estimées au bas mot à $55 milliards, sinon $100 milliards. Autant dire seulement de quoi permettre au roi du chocolat d’acheter quelques tonnes de sa production pour nourrir le peuple ukrainien durant l’hiver prochain. (...)

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    West beats retreat in Ukraine
    By M K Bhadrakumar – September 24, 2014
    http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2014/09/24/west-beats-retreat-in-ukraine

    Obama is a smart politician who can make a retreat appear a victory. He’s done it in Afghanistan. Is he doing it in Ukraine? Consider the following. Obama who poured scorn at the Minsk dialogue has now become its votary.
    He is also advocating that Ukraine should have “good relations with all of its neighbors, both east and west,” and he recommends that Ukraine should continue its strong economic links and people-to-people relations with Russia. This is vintage Obama.
    Are we seeing the signs of Obama all but counseling Poroshenko to sort out issues directly with Moscow? It seems so. On returning to Kiev, Poroshenko disclosed today that US will only supply “non-lethal” military items to Ukraine, which of course falls far short of his wish list.

  • La Turquie fixe une ligne rouge à la stratégie étatsunienne contre l’État islamique -
    par M. K. Bhadrakumar.
    Traduit par Daniel pour vineyardsaker.fr
    Turkey draws red line on US’ ISIL strategy, Indian Punchline, 13-09-2014 http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2014/09/13/turkey-draws-red-line-on-us-isil-strategy
    http://www.vineyardsaker.fr/2014/09/17/turquie-fixe-ligne-rouge-strategie-etatsunienne-contre-letat-islamique

    (...) Mais le véritable enjeu se trouve ailleurs. Il s’agit de savoir si Ankara a confiance en l’efficacité de la stratégie du président Barack Obama, qui est accueillie avec incrédulité même dans l’opinion publique étatsunienne (comme Jim Lobe le souligne dans l’article indiqué en note [2]), mais surtout de savoir ce que la Turquie peut en tirer.

    Les diplomates turcs et les pachas sont assez malins pour voir que leur rôle au sein de la « coalition des volontaires » sera totalement différent de celui de l’Arabie saoudite, du Qatar ou du Bahreïn. Il se trouve que s’il y a un pays du Moyen-Orient qui est susceptible aujourd’hui d’assumer un rôle de combat en Irak et (ou) en Syrie, c’est bien la Turquie. Puis, si la stratégie d’Obama exige essentiellement la présence de troupes sur le terrain, comme la plupart des analystes le prévoient, ce devrait être des troupes turques.

    Il est tout simplement inconcevable que les puissances européennes (même les « nouveaux Européens ») ou les États-Unis assument un rôle de combat. Ce n’est pas non plus dans les gènes de l’Arabie saoudite, du Qatar et consorts, de s’engager dans des batailles de rue. C’est donc à la Turquie qu’il incombe d’agir, une Turquie qui se voit mal tenir ce rôle, l’histoire ottomane étant encore trop présente dans la conscience collective de la région.

    D’ailleurs, la Turquie a assez de jugement pour savoir que nous n’en sommes qu’aux premiers jours. Obama est toujours ouvert à des idées étranges. Quand il dit que le gouvernement syrien est un paria dans la lutte contre l’EI, qu’est-ce qui prouve que c’est définitif ? Ankara sait plus que quiconque que la soi-disant Armée syrienne libre n’est qu’une fumisterie.

    Rappelons aussi la carte kurde, toujours imprévisible. La Turquie aimerait voir comment les États-Unis vont jouer cette carte, qui concerne ses intérêts fondamentaux. À cela s’ajoute la Syrie, l’Irak et l’Iran, trois pays « rivaux » de la Turquie, d’une façon ou d’une autre, sur l’échiquier politique régional. Soit dit en passant, la Turquie possède aussi une population assez importante d’Alevis (la secte qui constitue le pilier du régime syrien). (...)

    #EIIL #ISIS

  • Modi conduit l’Inde sur la Route de la Soie
    Par M. K. Bhadrakumar, rediffNEWS, le 08 août 2014 Traduction [JFG-QuestionsCritiques]
    http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Inde_Modi_Route_de_la_Soie_Chine_Etats-Unis_Russie_070814.ht

    A première vue, la Chine a été jusqu’à présent réticente à l’admission de l’Inde en tant que membre à part entière de l’Organisation de la Coopération de Shanghai (OCS) [=Chine, Russie, Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan et Tadjikistan].

    Selon les dernières informations, Pékin aurait revu sa position de fond en comble.

    Lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OCS, jeudi dernier à Douchanbe, au Tadjikistan, il a été décidé que le groupe invitera officiellement l’Inde, le Pakistan, l’Iran et la Mongolie, en tant que membres, lors du prochain sommet de l’OCS en septembre prochain.

    On peut être sûr que la Russie s’en réjouira. Un expert à Moscou a rapidement estimé que l’admission de l’Inde dans l’OCS ouvrira la voie au groupe pour qu’il tienne bon en tant que « centre de pouvoir de la politique mondiale ».

    Ne vous y trompez pas, ces plaques tectoniques de la géopolitique d’un pan immense de la planète, s’étendant de l’Asie-Pacifique à l’Asie occidentale, se déplacent de façon spectaculaire, et ce crissement dans les steppes d’Asie Centrale se fera entendre très fort dans le lointain - jusqu’en Amérique du Nord.

    Une grande question reste en suspens : Qu’est-ce qui a poussé la Chine à revoir sa position ?

    Nous savons que lors de la rencontre d’une heure et demie entre le Premier ministre (indien) Narendra Modi et le Président chinois Xi Jinping, à Fortaleza au Brésil, en marge du récent sommet des BRICS, la question du rôle de l’Inde dans l’OCS a été abordée.

    Plusieurs raisons pourraient être attribuées à la « nouvelle réflexion » de Pékin. Avant tout, la Chine a peut-être le sentiment que sous la direction de Modi, l’Inde est prête à poursuivre une politique étrangère véritablement indépendante.

    L’idée d’une « politique étrangère indépendante » a été un cliché dans le discours indien, que les gouvernements successifs ont fait circuler de façon cavalière.

    Mais la vérité crue est que depuis que l’Inde s’est embarquée dans des réformes économiques, il y a une vingtaine d’années, le monde occidental industrialisé - les Etats-Unis en particulier - s’est arrogé la situation centrale dans le calcul indien.
    (...)

    John Kerry à gauche sur la photo, en compagnie du Premier ministre Modi et de sa ministre des Affaires Sushma Swaraj
    (...)
    L’adhésion de l’Inde à l’OCS avance à grand pas avant la toute première rencontre entre Modi et Obama [en septembre prochain]. Le point important est que l’OCS prend également une décision calculée d’inviter l’Inde à devenir membre à part entière.

    La toile de fond de cette décision de l’OCS est extrêmement pertinente. Les Etats-Unis poursuivent une double politique d’endiguement vis-à-vis de la Russie et de la Chine, les deux principaux acteurs de l’OCS. Les Etats-Unis, d’un autre côté, ont courtisé assidûment l’Inde en tant qu’alliée stratégique.

    Du point de vue des Américains, l’adhésion de l’Inde à l’OCS impactera inévitablement la trajectoire future du partenariat stratégique indo-américain, alors même que l’Inde sera indisponible comme « contrepoids » contre la Chine ou comme complice pour « isoler » la Russie.

    L’inde étant une puissance majeure en Asie, sa politique de « non-alignement » fait grincer la stratégie de rééquilibrage des Etats-Unis.

    Sur un plan plus fondamental, il faut comprendre que si l’OCS a souvent été appelée « l’Otan de l’Est », ce n’est pas sans raison - bien que ce regroupement soit loin d’être une alliance militaire au sens classique du terme.

    L’OCS a refusé le vide de sécurité apparaissant en Asie Centrale, que l’OTAN a peut-être saisi comme alibi pour y mettre les pieds. Formulé différemment, tant que l’OCS est là, l’expansion de l’OTAN vers l’Est au-delà du Caucase reste bloquée.

    En attendant, il faut aussi prendre en compte que l’OCS et l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) travaillent main dans la main sur la sécurité régionale.

    Ces deux organisations défient la stratégie des Etats-Unis de projeter l’Otan comme une organisation mondiale de sécurité.

    L’admission de l’Inde, du Pakistan, de l’Iran et de la Mongolie constitue un revers majeur pour les stratégies des Etats-Unis dans cette région.

    Pour une bonne raison, une OCS élargie apporte une « profondeur stratégique » à la Russie. Les sanctions des Etats-Unis et de l’Union européenne contre la Russie seront rendues encore plus impuissantes.

    L’OCS affaiblit l’emprise américaine dans les négociations sur l’Iran, alors que le régime de sanctions destiné à isoler l’Iran devient non viable.

    Elle paralyse la stratégie américaine de « pivot » en Asie et réduit la capacité des USA à dicter ses conditions à l’Afghanistan (ou au Pakistan).

    En termes stratégiques, la réalité frappante est que d’ici la fin de l’année, l’OCS comptera parmi ses membres quatre puissances nucléaires plus une « puissance au seuil du nucléaire ».

    En termes géopolitiques, l’OCS sortira d’Asie Centrale et ira tremper ses orteils dans l’Océan Indien et le Golfe Persique.(...)

    #OCS #Narendra_Modi #Inde #non-alignement #multipolarité

  • Inconnaissance d’Erdogan
    http://www.dedefensa.org/article-inconnaissance_d_erdogan_10_06_2013.html

    • Dix jours après le début de la crise turque, confusion sur les uns et les autres. • Une question posée par certains concerne la véritable position d’Erdogan. • Le commentateur M.K. Bhadrakumar vole à son secours : Erdogan est victime d’une manœuvre, ou disons même complot, de certains hommes politiques turcs avec le soutien des USA. • Erdogan n’en reste pas moins le chef délégitimé par sa politique syrienne. • Une seule position pour saisir le sens de la crise : l’inconnaissance, plus que (...)

  • La Russie et la Chine se collettent avec l’avenir du Mali
    Par M. K. Bhadrakumar
    Asia Times Online, le 24 janvier 2013
    Traduction [JFG-QuestionsCritiques]
    http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Mali_Chine_Russie_minerais_intervention_occidentale_240113.h

    (...)
    Nous n’en sommes qu’au début et ce que pensent Moscou et Pékin pourrait bien être d’attendre de voir quelles sont les nouvelles. Les experts russes et chinois estiment que la mission française sera prolongée et improductive.

    En attendant, Paris a soutenu de façon étonnante que Moscou « avait proposé de fournir des moyens de transport » pour les troupes françaises qui doivent être déployées au Mali. La Russie n’a ni confirmé ni infirmé l’affirmation française, qui a fait suite à une conversation téléphonique, samedi, entre les deux ministres des Affaires étrangères.

    Certes, l’intervention occidentale au Mali a des implications pour la politique des grandes puissances et pour la coordination entre la Russie et la Chine sur les questions régionales. Il y a assurément des implications pour le « Printemps arabe » - et aussi à court terme pour la Syrie.

    La France soutient avoir répondu à un appel au secours d’un gouvernement officiel au Mali. Mais alors, en mars dernier, le Mali connaissait un coup d’Etat militaire, qui a été fomenté par un officier militaire entraîné par les Américains, le Capitaine Amadou Haya Sanogo.

    Bien qu’il fût un modeste capitaine, Sanogo se rendait fréquemment aux Etats-Unis - pas moins de sept fois au cours des huit dernières années. Sanogo avait très certainement des soutiens étrangers puissants. Depuis mars, le Mali a connu tant de coups et de contre coups d’Etat qu’on en perd le fil, mais tous ont été fomentés par des militaires armés et entraînés par les Etats-Unis.

    Donc, la France émet une revendication qui sonne creux à propos d’une invitation officielle de la part d’un gouvernement légitime. La France ne s’est même pas donnée la peine de rechercher un mandat des Nations Unies. La résolution du Conseil de sécurité de décembre dernier était un mandat spécifique pour une force africaine conduite par des Africains et prévoyait une expédition aux alentours de septembre 2013, une fois qu’une telle force aurait été entraînée et équipée par l’ONU.
    (...)

    Pourtant, le spectre d’al-Qaïda est exagéré. Le conflit au Mali ressemble plus à une guerre civile enracinées dans des griefs de longue date et ne peut être pris de front que par un gouvernement légitime et stable par des moyens de gouvernance locale, de décentralisation et un programme soutenu de développement économique.

    Un expert de premier plan sur la région, Evgueni Korenddyasov, qui a servi en tant qu’ambassadeur de la Russie au Mali et qui dirige actuellement le Centre des Relations Russo-Africaines à l’Académie russe des Sciences à Moscou, a dit : « La solution ne peut être trouvée qu’au moyen de pourparlers sur une plus grande autonomie et une plus grande représentation pour les Touaregs ».

    Les institutions régionales - l’Union Africaine et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest [CEDEAO] - ont vraiment cherché auprès de l’ONU un ensemble complet de mesures pour répondre à la crise politique au Mali, et le Conseil de Sécurité a dûment reconnu le besoin d’une réconciliation politique, mais l’accent s’est déplacé du jour au lendemain vers une action militaire occidentale.

    Des doutes sont soulevés à propos des motivations réelles. Il est vrai que les groupes d’al-Qaïda, qui ont été armés par les puissances occidentales et qui ont servi de fantassins durant le « changement de régime » en Libye, se sont évaporés vers les pays voisins. En plus de l’Algérie et du Mali, au moins cinq autres pays de l’Afrique de l’Ouest pourrait être affectés - la Mauritanie, le Ghana, le Niger, le Burkina Faso et le Nigeria.

  • La Russie change de tactique sur la Syrie
    http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Russie_Etats-Unis_Syrie_rebelles_Tartous_armes_chimiques_141
    Par M. K. Bhadrakumar
    Asia Times Online, le 15 décembre 2012

    Par conséquent, ce qui émerge, tout compte fait, est qu’il pourrait encore y avoir une convergence significative entre les Etats-Unis et la Russie, émanant des « préoccupations communes » des deux pays quant à ce qu’il se produira au lendemain d’un changement de régime en Syrie, et cette convergence pourrait très bien atteindre une masse critique sur une voie politique dans les jours ou les semaines à venir.

    Du point de vue des Etats-Unis, le meilleur résultat en Syrie aurait été une prise de pouvoir militaire, qui aurait laissé les structures de l’Etat intactes - comme en Egypte - et ouvert la porte à l’expansion de l’influence américaine à Damas pour diriger le pays vers une issue démocratique acceptable. La Russie exerce une grosse influence sur l’armée syrienne.

    C’est là que se trouve le fondement de quelque optimisme pour la diplomatie russe. L’administration Obama vient juste d’inviter le chef de la coalition syrienne d’opposition, Moaz al-Khatib, à se rendre à Washington pour des consultations. Moscou a fait également une ouverture cette semaine en direction du Qatar, le maître du dynamitage de la Syrie, avec l’annonce que son entreprise d’énergie Gazprom ouvrira un bureau à Doha.

    Ce qui reste à voir est si à la fin de tout cela, la Russie parviendra à conserver sa base navale à Tartous, qui est sa seule présence [dans la région] en dehors de la Mer Noire. Mais l’état actuel des relations américano-russes devrait exclure cette éventualité. La Secrétaire d’Etat Hillary Clinton n’a affirmé que la semaine dernière qu’un processus de « re-soviétisation » est en cours en Eurasie et que les Etats-Unis se tiennent prêts à la contrecarrer. Elle se référait aux projets de la Russie d’une Union Douanière et d’une Union Eurasiatique.

    Le Président Poutine s’est senti provoqué et a réagi fermement en disant que Clinton racontait des « balivernes » . Washington vient juste d’imposer des restrictions humiliantes sur les visites de responsables russes impliqués dans des violations des droits de l’homme.

    L’un dans l’autre, il est par conséquent très probable que Washington mette un terme à la présence navale russe à Tartous dans la phase post-Assad, et pourrait penser à évincer la Russie de la Méditerranée orientale. Les Etats-Unis ont déjà bloqué la proposition de la Russie de collaborer avec Israël dans le développement du champ gazier massif Léviathan.

    En tout cas, la Turquie veut également voir la Russie hors de la Méditerranée orientale. Ainsi, le changement de régime en Syrie devient un sérieux revers pour la Russie. Il ne fait aucun doute que la capacité de Moscou d’influencer la transformation historique du Moyen-Orient a été sérieusement affaiblie.

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    Clinton raconterait des « balivernes » ?

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    Hillary Clinton en convalescence après une commotion cérébrale
    http://www.romandie.com/news/n/_Hillary_Clinton_en_convalescence_apres_une_commotion_cerebrale_RP_1512201

    Hillary Clinton en convalescence après une commotion cérébrale

    WASHINGTON - La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, 65 ans, souffre d’une commotion cérébrale après s’être évanouie et récupérait chez elle, a annoncé samedi son conseiller, une semaine après avoir révélé qu’elle avait attrapé un virus gastrique.

    Les ennuis de santé de Mme Clinton l’empêcheront de témoigner comme prévu jeudi devant le Congrès pour l’attaque terroriste islamiste du 11 septembre contre le consulat américain de Benghazi en Libye.

    En raison de ce virus gastrique, qui lui interdit toute activité publique depuis le 7 décembre, Mme Clinton s’est déshydratée et s’est évanouie, subissant une commotion cérébrale, a écrit dans un bref communiqué son plus proche conseiller, Philippe Reines, sans préciser à quand remonte cet incident de santé.

  • Quick SoTic (kikhote) sur Twitter
    https://twitter.com/kikhote

    #tahrir 19.05 pic.twitter.com/KOHXOPlE

    #Tahrir overview 16.00
    http://www.youtube.com/watch?v=WtA2FG4rOIA&feature=youtu.be&a

    L’Egypte tremble, un nouveau Pharaon émerge
    Par M. K. Bhadrakumar
    Indian Punchline, le 27 novembre 2012
    http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Mohamed_Morsi_Egypte_nouveau_Pharaon_constitution_271112.htm

    Le problème est apparemment la passe autoritaire qui marquerait le dernier décret de Mohamed Morsi, lui conférant l’immunité contre la cour constitutionnelle, alors que l’Égypte s’apprête à s’embarquer dans la phase capitale de l’adoption d’une nouvelle constitution. La grande crainte est que les islamistes forcent la majorité silencieuse à rentrer dans le rang.

    Ce danger existe vraiment. Même un libéral comme Mohamed el Baradei s’est exprimé pour dire que Morsi était un « nouveau Pharaon ». Mais Morsi ne montre aucun remords. C’est un vieux renard, qui a débordé les militaires et les vestiges de l’ère Moubarak par sa dernière performance sur Gaza, démontrant à Washington qu’il peut servir les intérêts occidentaux dans la région plus efficacement et de façon plus crédible que n’importe qui d’autre en Egypte.

    Le conflit de Gaza a été transformé par Morsi en jeu d’échecs politico-diplomatique de première classe. Il a accouché d’un accord qui soulage les Etats-Unis et Israël. Mais tandis que le fer est encore chaud, il a également frappé pour consolider son emprise sur le pouvoir en émettant ce décret fatidique, calculant qu’il n’a désormais rien à craindre des militaires et des institutions de sécurité pro-américains.

    Pour l’administration de Barack Obama, Morsi est devenu un cadeau de Dieu : il est un dirigeant légitime, démocratiquement élu, qui est prêt à favoriser l’agenda des Etats-Unis. Et, pour couronner le tout, il est aussi un islamiste. L’exemple de Morsi, en tant que collaborateur secret, encourage Washington à pousser les Frères à prendre également le pouvoir en Syrie - ainsi qu’en Jordanie, Inch Allah !

    Morsi a vraiment excellé. Il a même conclu avec le FMI un ensemble de mesures de sauvetage de 4,2 milliards de dollars pour l’économie égyptienne - avec les compliments d’Obama, bien sûr ! En outre, il a dans sa cagnotte 2 milliards de dollars de la part du Qatar et de la Turquie, chacun. Seuls les Saoudiens gardent une distance prudente.

    Mais pour s’affermir, Morsi doit d’abord se défaire du défi bruyant que pose la Nouvelle Gauche. Comment il y parviendra reste à voir ! Aura-t-il du sang sur les mains lorsque tout cela sera fini ?

    Cela laisse aussi l’administration Obama avec des moments angoissants à venir. Obama a besoin une fois encore de comprendre quel est le « bon côté de l’histoire » en Egypte. Morsi est une prise de premier choix - trop rare pour la laisser filer. D’un autre côté, s’il remporte de façon décisive cette tranche de révolution à Tahrir, l’islamisme sera irrésistiblement en marche dans la région. Et l’ironie est que Morsi aura amoché de façon irréparable le groupe électoral qui aurait dû constituer les « alliés naturels » des Etats-Unis - les libéraux, les centristes, les laïcs, etc.

  • La Russie enjambe les divisions au Moyen-Orient
    Par M. K. Bhadrakumar / Asia Times Online, le 10 octobre 2012 / Traduction [JFG-QuestionsCritiques]

    http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Nouri_al-Maliki_Vladimir_Poutine_Irak_Russie_contrats_armeme

    Un contrat d’armement de plusieurs milliards de dollars avec l’Irak, une réunion au sommet avec la Turquie, un exercice de réconciliation avec l’Arabie Saoudite, des débuts avec les Frères Musulmans égyptiens qui font penser au Sphinx - tout ceci a de fortes chances de se produire au cours d’un mois turbulent au Moyen-Orient.

    Mardi, Moscou a annoncé que le Premier ministre irakien, Nouri al-maliki, se trouvait dans la capitale russe et que les deux pays avaient signé des contrats d’armement « supérieurs à » 4,2 milliards de dollars, qui incluent l’achat par l’Irak de 30 hélicoptères d’attaque Mi-28 et 42 systèmes de missiles sol-air Pantsir-S1 qui peuvent également être utilisés pour la défense contre des avions d’attaque.

    La déclaration conjointe russo-iraquienne, faite à Moscou, a révélé que des discussions ont été en cours durant les cinq derniers mois sur ce contrat d’armement et que des discussions supplémentaires sont en cours concernant l’achat par l’Irak de jets MiG-29, de véhicules lourds blindés et autres armes. Une annonce du Kremlin a dit que Maliki doit rencontrer le Président Poutine ce mercredi et que leur discussion se concentrera sur la coopération énergétique entre la Russie et l’Irak.

    Cette information sensationnelle va mettre les politiciens nord-américains dans tous leurs états. Il a été rapporté que le téléphone n’a pas arrêté de sonner au cabinet de Maliki, à Bagdad, dès que son voyage à Moscou a été révélé et que quelque chose de gros pouvait être dans les tuyaux. Des questions sont arrivées du Département d’Etat et de la NSA [National Securité Council] pour savoir ce qui justifiait un tel voyage à ce moment précis.

    Le fait est que Maliki reste une énigme pour Washington. Il est sans aucun doute un ami des Etats-Unis, mais il est peut-être également un meilleur ami de l’Iran. A présent, il semble qu’il soit aussi un ami de la Russie - comme l’était Saddam Hussein.

    Washington et Ankara l’ont contrarié à plusieurs reprises, croyant qu’il était à leur service et allant même jusqu’à enterrer son avenir politique, en s’accordant avec le Kurdistan, au Nord, au sujet de contrats pétroliers lucratifs et en ignorant ses protestations disant que l’Irak était un Etat souverain et que Bagdad est sa capitale et que le pays avait une constitution empêchant les pays étrangers de négocier directement avec ses régions en passant au-dessus de la capitale et du gouvernement central.
    (...)

    Telles que sont les choses, la Turquie et l’Arabie Saoudite sont confrontées à une situation particulièrement difficile vis-à-vis de ce qu’il se passe en Syrie. Aucun de ces deux pays n’a pensé que le régime syrien disposerait d’une telle base sociale et politique pour s’accrocher ; tous deux sont contrariés qu’un « changement de régime » en Syrie sera un long chemin lourd de conséquences incertaines, non seulement pour la nation syrienne, mais également pour la région dans son ensemble - et même pour eux.

    Une fois encore, tandis qu’il n’y a aucune accalmie dans l’opposition obstinée à une intervention extérieure en Syrie, que Moscou et Pékin ont largement exposée, un mandat du Conseil de Sécurité de l’Onu pour une intervention doit être écarté. D’un autre côté, sans mandat de l’ONU, une intervention occidentale est improbable, et en tout cas, les Etats-Unis restent désintéressés tandis que les attitudes européennes seront guidées par leurs priorités économiques. Selon la dernière estimation du FMI, l’Europe glisse vers une récession prolongée de laquelle un rétablissement à court-terme semble hautement improbable.

  • Poutine ouvre la porte de Benghazi à Obama
    Par M. K. Bhadrakumar
    Asia Times Online, le 14 septembre 2012, Traduction [JFG-QuestionsCritiques]
    http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Poutine_attaque_de_Benghazi_Chine_Moyen-Orient_Obama_140912.

    En fait, Poutine a résumé sa déclaration de jeudi dans un esprit de totale solidarité avec le Président Barack Obama :

    J’espère vraiment que cette tragédie - c’est certainement une tragédie, une de celles, veux-je souligner, qui nous concerne tous, alors que nous-mêmes et nos partenaires occidentaux, y compris les partenaires américains, combattons ensemble le terrorisme - j’espère vraiment que cette tragédie nous motivera tous pour intensifier notre lutte conjointe - j’insiste sur conjointe - contre le terrorisme et les menaces terroristes.

    (...)

    La déclaration de Poutine devient naturellement le dernier mot sur la position russe vis-à-vis du revers que les Etats-Unis ont essuyé au Moyen-Orient, peu importe ce que les organes de presse à Moscou peuvent dire. De la même manière, la qualité première qui saute aux yeux est que Moscou a adopté une approche étonnamment différente en comparaison de la réaction de Pékin sur l’attaque terroriste libyenne.

    Le ministre chinois des Affaires étrangères a réagit officiellement en exprimant son indignation et en condamnant ces « actes violents » et a souligné l’impératif de respecter les normes de la Convention de Vienne sur les relations Diplomatiques. Ce fut bref, proprement formulé et très correct, mais dénué de toute empathie.

    Une nouvelle partie prenante...

    De leur côté, les principaux quotidiens chinois ont lancé une quasi-attaque cinglante contre la politique des Etats-Unis au Moyen-Orient, les tenant pour responsables de la tragédie de lundi dernier.

    (...)

    Dans un autre commentaire, le Global Times a fait remarquer :

    Les Arabes exigent que les Etats-Unis respectent leur culture. Mais les navires de guerre, canons chargés, ne serviront pas ce but. [...] Les navires de guerre américains ne peuvent que générer plus de haine de la part du monde islamique [...] Les Américains éprouvent un sentiment profond de supériorité culturelle. Ils considèrent que beaucoup d’autres cultures sont marginales, avec un côté exotique. Si d’autres cultures se dressent contre l’Ouest, elles seront étiquetées comme bizarres et dangereuses.

    La culture islamique est susceptible à cause de sa position relativement désavantageuse dans le monde. Le monde devrait respecter leurs sentiments [...] Des provocations contre la foi islamique ont régulièrement lieu à l’Ouest [...] Les Américains doivent apprendre sincèrement sur les autres cultures. Ils devraient être capables de découvrir les mérites des autres cultures qui ont aidé de nombreux pays émergents à se développer rapidement [...] Un grand nombre de personnes dans le monde retiennent leur mécontentement à l’égard des Etats-Unis. Washington doit également exercer de la retenue pour mieux communiquer avec les autres parties du monde.

    La réaction chinoise est motivée, du moins en partie, par sa colère croissante contre la stratégie américaine d’isolement [de la Chine] dans la zone Asie/Pacifique. Ceci dit, la réalité géopolitique stupéfiante est aussi que la Chine devient progressivement partie prenante dans les changements marquants qui se produisent au Moyen-Orient, y compris l’attraction progressive de la région vers l’islamisme en tant qu’idéologie dominante.

  • Traduction de mon cru d’un article du blog de l’ex-diplomate M.K. Bhadrakumar, ancien ambassadeur indien en Turquie notamment, et journaliste à Asia Times commentant et citant un article du Council on Foreign Relations faisant ouvertement la promotion d’une stratégie d’instrumentalisation d’al-Qaïda en Syrie. Comme le poids du CFR dans la définition de la politique étrangère américaine est notoirement important, on peut y voir clairement l’expression des arrière-pensées d’un partie au moins de l’establishment politique US.

    http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar

    Al-Qaïda pour remplir le vide de Kofi [Annan] en Syrie

    Pour tous ces experts de notre communauté stratégique qui écoutent religieusement les paroles du Council of Foreign Relations à New York comme s’il s’agissait de la Bhagavad Gita, ce doit être un choc terrible – un argumentaire d’un senior fellow du CFR justifie la logique de l’utilisation de combattants salafistes comme un instrument de la politique des États-Unis pour provoquer un « regime change » en Syrie. L’argument fonctionne comme ceci :
    Malgré tous les sujets du roi et tous les chevaux du roi [référence à une comptine anglaise], les rebelles syriens ne sont pas en mesure de l’abattre. Ils sont démoralisés (comme n’importe quelle armée hétéroclite de mercenaires le serait). Donc les combattants d’Al-Qaïda sont nécessaires. "L’afflux des jihadistes apporte la discipline, la ferveur religieuse, l’expérience du combat de l’Irak, le financement de sympathisants sunnites dans le Golfe, et surtout, des résultats en termes de morts."
    "En bref, l’ASL [les rebelles syriens] ont besoin d’Al-Qaïda aujourd’hui". Bien sûr, les combattants d’Al-Qaïda auraient leur propre ordre du jour dans le renversement du régime syrien - la mise en place d’un "quartier général dans la région où les moudjahidines pourraient profiter d’un refuge sécurisé"
    Mais, ne vous inquiétez pas. Parce que, "Le calcul politique tacite entre les décideurs politiques [US] est de se débarrasser d’Assad en premier - affaiblir la position de l’Iran dans la région -. Puis de faire face à Al-Qaïda ensuite."
    C’est compris ? C’est aussi simple que cela. N’était-ce pas l’agenda que Zbigniew Brzezinski avait également épousé - avec la cohorte d’un autre roi d’Arabie saoudite et d’un dictateur militaire pakistanais - pour l’Afghanistan vers 1980 et qui avait été réalisé avec succès ? Les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et le Pakistan ayant ainsi obtenu un « regime change » réussi à Kaboul, enfin. Ça n’est qu’un détail mineur qu’Oussama ben Laden et Jalaluddin Haqqani en ait pourvoyé le cadre en acier à cette époque.
    Ce que soutient cet expert du CFR est en fait la politique [réelle] des États-Unis sur la Syrie. Il suffit de lire et méditer la dépêche d’aujourd’hui dans le Washington Post [1] . L’estimation des Etats-Unis est que l’agenda du « regime change » en Syrie est enlisé dans la boue. Le régime syrien est intact [2] .
    Par conséquent, une poussée militaire est nécessaire. Le nom de ce jeu est parvenir à un « atterrissage en douceur » à Damas sans effusion de sang américain - comme Wapo dit. Maintenant que les Etats-Unis et leurs alliés se sont débarrassés de la nuisance de Kofi Annan, le chemin à parcourir est clair. Lire le commentaire du CFR ici :
    http://www.cfr.org/syria/al-qaedas-specter-syria/p28782#

    [1] : http://www.washingtonpost.com/world/middle_east/us-official-says-defection-of-syrian-prime-minister-more-evidence-assad-regime-is-crumbling/2012/08/06/365cafc8-dfcd-11e1-8d48-2b1243f34c85_print.html

    [2] : http://www.csmonitor.com/layout/set/print/content/view/print/555948

    • « faisant ouvertement la promotion d’une stratégie d’instrumentalisation d’al-Qaïda » ne me semble pas aussi évident que ce qu’en dit l’auteur.

      Merci pour la traduction, évidemment, mais à mon avis le billet du CFR, qui n’est pas très long, aurait été plus intéressant que le commentaire du blog.

    • C’est vrai, vous avez raison (pour les deux remarques).
      Le point de vue du type du CFR pourrait n’être effectivement qu’un pis aller qu’il endosse et qu’il prête à certains dirigeants de Washington.
      Reste que ça relativise les inquiétudes exprimées publiquement sur la présence d’al-Qaïda en Syrie par des officiels américains, inquiétudes plus ou moins feintes qui par ailleurs servent paradoxalement de justificatif à un accroissement de l’interventionnisme US dans la crise syrienne.

      http://www.cfr.org/syria/al-qaedas-specter-syria/p28782#
      LE SPECTRE D’Al-QAÏDA EN SYRIE

      Les rebelles syriens seraient infiniment plus faibles aujourd’hui sans al-Qaïda dans leurs rangs. En gros, les bataillons de l’Armée Syrienne Libre (ASL) sont fatigués, divisés, chaotiques et inefficaces. Se sentant abandonnés par l’Occident, les forces rebelles sont de plus en plus démoralisées car ils affrontent l’armement supérieur du régime d’Assad et son armée professionnelle. Les combattants d’al-Qaïda, cependant, peuvent aider à améliorer le moral. L’afflux de jihadistes apporte la discipline, la ferveur religieuse, l’expérience du combat en Irak, le financement de sympathisants sunnites dans le Golfe, et surtout, des résultats en termes de morts. En bref, l’ASL a besoin d’al-Qaïda aujourd’hui.
      En Syrie, les soldats d’al-Qaïda s’intitulent Jabhat al-Nusrah li-Ahli Al-Sham (Front pour la protection du peuple du Levant). La puissance du groupe et son acceptation par l’ASL sont mises en évidence par leur activité croissante sur le terrain [1] - de sept attaques en mars à soixante six "opérations" en juin. En particulier, le Jabhat a aidé à porter le combat dans les deux plus grandes villes : dans la capitale Damas, où 54 pourcents de ses activités ont eu lieu, et à Alep. En effet, al-Qaïda pourrait devenir la force de combat la plus efficace en Syrie, si les défections de l’ASL vers le Jabhat persistent et si les rangs des combattants étrangers (cf Guardian [2]) continuent de gonfler.
      Al-Qaïda ne sacrifie pas ses « martyrs » en Syrie simplement pour renverser Assad. La libération du peuple syrien est un bonus, mais l’objectif principal est de créer un état islamiste sur tout ou partie du pays. A défaut, ils espèrent au moins d’établir une base stratégique pour les restes de l’organisation de l’autre côté de la frontière en Irak, et créer un quartier général dans la région où les moudjahidine pourraient profiter d’un refuge sûr. Si Al-Qaïda continue de jouer un rôle de plus en plus important dans la rébellion, alors un gouvernement post-Assad aura une dette envers les tribus et les régions alliées à au Jabhat. Au cas où ne seraient pas honorées les demandes futures du Jabhat, en supposant qu’Assad chute, cela pourrait mener à une continuation du conflit en Syrie.
      Jusqu’à présent, Washington a semblé réticent à peser lourdement sur cette question. En mai 2012, le secrétaire à la Défense des États-Unis, Leon Panetta, a reconnu publiquement la présence d’Al-Qaïda en Syrie (The Guardian [3]). Et en Juillet, le chef du contre-terrorisme du Département d’Etat, Daniel Benjamin, plutôt incrédule a suggéré que les États-Unis demandent simplement à l’ASL de rejeter Al-Qaïda [4]. Le calcul politique non-dit entre les décideurs politiques est de se débarrasser d’Assad en premier – affaiblissant ainsi la position de l’Iran dans la région - puis de faire face à Al-Qaïda plus tard.
      Mais la planification pour minimiser l’emprise probable d’Al-Qaïda sur les tribus syriennes et les combattants doivent commencer dès maintenant que l’administration Obama élève le niveau de son soutien à des groupes rebelles (Reuters [5]). Bien sûr, ces préparatifs doivent également inclure des efforts pour localiser et contrôler les armes chimiques d’Assad. Les mois à venir ne seront pas faciles.

      [1] : http://www.bbc.co.uk/news/world-middle-east-19091400
      [2] : http://www.guardian.co.uk/world/2012/jul/30/al-qaida-rebels-battle-syria
      [3] : http://www.guardian.co.uk/world/video/2012/may/11/al-qaida-syria-leon-panetta-video
      [4] : http://www.state.gov/j/ct/rls/rm/2012/195898.htm
      [5] : http://www.reuters.com/article/2012/08/02/us-usa-syria-obama-order-idUSBRE8701OK20120802