• À Saint-Avé, des cours d’école repensées pour limiter les conflits | Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/morbihan/saint-ave-56890/a-saint-ave-des-cours-decole-repensees-pour-limiter-les-conflits-656361
    https://media.letelegramme.fr/api/v1/images/view/661a0b9e237f284c4d165727/web_golden_xxl/661a0b9e237f284c4d165727.1

    En Belgique, elles sont nombreuses ; en Bretagne, elles commencent à essaimer. Saint-Avé (56) a équipé ses deux écoles publiques de cours régulées. Des aménagements pensés pour que chacun trouve sa place.

    « Avant, il y avait tout le temps des disputes autour des histoires de ballon, maintenant c’est fini », confie Emmanuel, l’un des 150 élèves de l’école Anita-Conti, à Saint-Avé. La cour de cet établissement, comme celle de l’autre école publique de cette ville de 12 000 habitants, est désormais régulée. Elles ont été inaugurées cette semaine.

    Derrière ce terme, un principe simple : à chaque espace de la cour, ses règles d’usage. La zone bleue est dédiée au ballon, la zone jaune constitue une zone dynamique où les enfants ont le droit de courir, la zone verte est devenue un lieu réservé aux activités calmes, pour s’asseoir, lire et discuter. Des signalétiques de couleurs ont été apposées.

    « Plus de place aux filles »
    L’idée s’est développée dans des pays du nord de l’Europe, notamment en Belgique. C’est justement une conférence de Bruno Humbeeck, psychopédagogue, de l’université de Mons, en 2018, qui avait suscité de l’intérêt pour ce concept chez les élus avéens. « La question de l’évitement des conflits grâce à la délimitation des zones nous avait intéressés », raconte Julie Magdelaine-Le Tailly, adjointe chargée de la politique éducative. « L’intérêt est de faire en sorte que tous les enfants trouvent leur place ».

    On pensait qu’à la récréation, les enfants avaient surtout envie de courir et se défouler. Mais il est aussi légitime qu’ils puissent se poser.


    Le foot, en star des cours de récréation, a toujours sa place dans la cour régulée, mais circonscrit à un périmètre défini et entouré de barrière, il laisse de la place aux autres activités. « On ne prend plus de ballons sur la tête », se réjouit une enseignante.
    (Le Télégramme/Fanny Coconnier)

    Quand les cours classiques s’organisent souvent autour du ballon, les cours régulées délimitent son usage. « Ce type de cour donne plus de place aux filles », souligne l’élue. À Anita-Conti, le terrain de foot a été délimité par des barrières. Et les propositions d’activités se sont multipliées. Une slackline (une sangle pour jouer les funambules), des modules d’escalade ont été installés. Mais aussi des bancs et des chaises, pour les zones plus calmes. « Le midi, on peut dessiner, jouer au Uno, discuter tranquillement entre amies », apprécie Laly, élève de CM2. Certaines propositions émanent des enfants. Ils ont eu voix au chapitre lors des réunions préparatoires, demandant des hamacs ou des nichoirs. « On pensait qu’à la récréation, ils avaient surtout envie de courir et se défouler, se remémore Marine Vinson, enseignante et directrice de l’école par intérim. Mais il est légitime aussi qu’ils puissent se poser ». Des malles de jeux calmes sont ainsi mises à disposition des écoliers. « On amène plus de propositions d’activités », souligne Marine Coué, directrice générale adjointe en charge du pôle services aux habitants à la mairie de Saint-Avé.


    L’aménagement de la cour de l’école Anita-Conti a été facilité par sa taille. Avec le retour du soleil, Emma, Thalia, Gabriel et Norane profitent des espaces naturels pour jouer avec des bâtons dans la terre.
    (Le Télégramme/Fanny Coconnier)

    « Des récréations plus apaisées »
    Ce vendredi matin, un groupe de filles discute - et règle un conflit - autour d’une table en bois, des filles et des garçons jouent les acrobates sur la slackline, un autre groupe partage un colin-maillard et un autre, mixte, joue au ballon dans la zone réservée. « C’est plus facile à surveiller, estime Marine Vinson. Il y a moins de chahut, les récréations sont plus apaisées ». Les enseignants espèrent que ces zones permettent aussi des rencontres entre des enfants qui se trouvent des centres d’intérêt communs.

    L’ambition du dispositif est aussi d’éviter les situations de harcèlement. Les cours régulées s’inscrivent ainsi dans le programme Phare, programme de lutte contre le harcèlement à l’école. Saint-Avé a obtenu 80 000 € de financements du ministère de l’Éducation nationale, pour des aménagements à hauteur de 175 000 €. Le rectorat accompagne plusieurs écoles bretonnes sur ce type de projets. Un seul regret pour Djulian : « On ne peut plus faire de loup géant dans toute la cour ».