Lyes Benyoussef

J’écris sur l’Algérie, le Monde arabe, l’Islam.

  • #Algérie. Régime autoritaire et médias indépendants sont incompatible. Les milliardaires algériens achètent les chaînes privées en difficultés financières aussitôt qu’elles « adoucissent » leur ligne éditoriale.

    http://analysedz.blogspot.com/2016/03/main-basse-des-oligarques-algeriens-sur.html

    Dans sa première année à la présidence, Abdelaziz Bouteflika avait affirmé être le vrai ministre de l’information, le rédacteur en chef de l’APS, etc. Dire l’obsession affichée de tout contrôler. Ce que le Printemps arabe, si décrié par ailleurs, a permis de changé.
    (....)
    Toutefois, il semble que le pouvoir est en train de se rattraper.
    (...) les chaînes privées les plus regardées d’Algérie sont en train d’être achetées par des milliardaires proches du régime.
    La seule chaîne qui ne vit pas des difficultés financières est Ennahar TV, et pour cause. « Elle est la télévision attitrée du clan présidentiel qui l’utilise pour faire passer tous ses messages. Les caisses d’Ennahar TV sont toujours renflouées et pas besoin d’un milliardaire pour la financer. »
    Les autres chaînes, connaissant des difficultés financières, tombent l’une après l’autre dans les mains des oligarques. Louise Dimitrakis écrit : « Tout commence à l’été 2015 lorsque la vente de la chaîne de la télévision El-Djazaïria, l’une des trois premières télévisions privées lancées en Algérie, à l’homme d’affaires discret Ayoub Ould Zmrili impose le règne des oligarques sur le petit écran algérien. Inconnu du grand public, ce richissime businessman qui a fait fortune dans l’immobilier à Alger où il a vendu pendant des années des appartements à prix d’or dans le quartier chic d’Alger, Hydra, a fait une entrée fracassante dans le monde des médias algériens. (…) Il s’empare d’El-Djazaïria à la suite d’une longue et harassante négociation avec Karim Kardache et les deux autres anciens actionnaires de cette télévision qui a révolutionné le paysage médiatique algérien à travers des émissions satiriques très critiques comme Journane El Gosto ou El-Djazaïria Week-end. Au départ, les premiers propriétaires demandent pas moins de 8 millions d’euros. Mais l’homme d’affaires fait appel à des lobbyistes pour faire baisser le prix. À 4 millions d’euros, le marché est conclu. El-Djazaïria change diamétralement de ligne éditoriale et le nouveau propriétaire fait appel à Hamraoui Habib Chawki, l’ancien patron de l’ENTV, et l’un des communicants d’Abdelaziz Bouteflika lors de ces quatre dernières campagnes électorales. Divertissement et zèle politique, El Djazaïria change de look et d’identité. Le pouvoir de l’argent a pris le dessus sur l’indépendance éditoriale. »
    Isaad Rebrab s’intéresse à « la chaîne KBC, la télévision du groupe de presse El-Khabar (…). KBC pourrait encaisser prochainement un chèque de l’équivalent de 5 millions d’euros de la part de Rebrab. Mais la télévision d’El-Khabar risque de perdre énormément de son Indépendance. Et pour cause, les intérêts économiques de l’empire Rebrab en Algérie sont immenses et ses accointances avec les anciens leaders du DRS risquent de peser sur les choix éditoriaux de KBC... »
    « (...) L’autre puissant groupe médiatique algérien qui possède deux chaînes de télévisions très regardées : Echorouk TV et Echorouk News TV. Dirigé par Ali Fodil, ce groupe qui a prospéré grâce au soutien indéfectible du DRS au temps du général Toufik connaît aujourd’hui des difficultés structurelles qui menacent sa survie depuis la chute de ses revenus publicitaires et le départ de plusieurs hauts gradés du DRS, ses principaux soutiens. Pour sortir de l’ornière, Ali Fodil avait fait la danse du ventre à l’homme d’affaires Ahmed Mazouz, un puissant oligarque très proche de Sellal et du palais d’El-Mouradia. De la concession automobile jusqu’à l’agro-alimentaire, Mazouz fait une percée remarquable dans le business ces dernières années avec à la clé des projets très stratégiques. Mazouz s’apprêtait à racheter 40 % des parts du groupe d’Echorouk. La transaction a failli se conclure, mais un revirement à la dernière minute a gelé la décision finale. Mazouz aurait exigé des concessions politiques importantes. Et Echorouk qui a déjà adouci sa ligne éditoriale prend le temps de réfléchir. Mais Ali Fodil n’a pas le choix et il le dit haut et fort à son entourage. »
    « (…) Ali Haddad impose aussi ses marques dans le paysage audiovisuel algérien. Ses deux chaînes de télévision, Dzaïr TV et Dzaïr News TV, résistent à la crise financière, s’équipent même d’un siège flambant neuf et améliorent sans cesse leur grille de programmes. Toutefois, l’audience n’est pas au rendez-vous car la ligne éditoriale très ‘‘servile’’ repousse les téléspectateurs. Seuls les programmes sportifs et la diffusion des matches de football offre une certaine visibilité aux deux chaînes de télé d’Ali Haddad… »
    Il s’agit donc d’une domestication des médias audiovisuels algériens, le contrôle de l’information étant une constante du système politique algérien.
    Le mécanisme de cette domestication est fort simple : les revenus de ces chaînes dépendent des recettes publicitaires, lesquelles recettes dépendent de leur servilité puisque le secteur de la publicité est monopolisé par L’État. Être critique — en fait faire du journalisme professionnel — signifie recevoir moins de publicité et connaître des difficulté financières. À moins d’avoir un milliardaire pour propriétaire. Et comme les milliardaires sont proches du système... Les médias audiovisuels sont donc dans l’impossibilité d’être réellement indépendants. Si c’est le cas, c’est parce que l’État algérien est aujourd’hui comme hier autoritaire et entend le rester aussi longtemps que le système politique continue à exister.
    (...)

    #Médias #Bouteflika #DRS #Haddad #Rebrab #Oligarchie #Télévision

  • Nous ne revendiquons rien, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, La pompe à phynance, 29 mars 2016)
    http://blog.mondediplo.net/2016-03-29-Nous-ne-revendiquons-rien

    Au point où nous en sommes, il faut être épais pour ne pas voir qu’il en va dans les mouvements sociaux actuels de bien plus qu’une loi et ses barèmes d’indemnités. Mais l’épaisseur, en tout cas en ce sens, c’est bien ce qui manque le moins à ceux qui nous gouvernent et à leurs commentateurs embarqués. Aussi tout ce petit monde continue-t-il de s’agiter comme un théâtre d’ombres, et à jouer une comédie chaque jour plus absurde, les uns affairés à peser au trébuchet leurs concessions cosmétiques, les autres leurs gains dérisoires, les troisièmes à faire l’éloge du raisonnable ou à préparer gravement « la primaire ». Et tous se demandent quelle est la meilleure couleur pour repeindre la clôture du jardinet qu’ils continuent d’entretenir sur les flancs du volcan déjà secoué de grondements.

  • Lire Edwad Said actuellement est un exercice sain.
    In these times, reading Edward Said is healthy.
    http://analysedz.blogspot.com/2011/11/impossible-histories-why-many-islams.html

    (...) When Bernard Lewis’s book was reviewed in the New York Times by no less an intellectual luminary than Yale’s Paul Kennedy, there was only uncritical praise, as if to suggest that the canons of historical evidence should be suspended where “Islam” is the subject. Kennedy was particularly impressed with Lewis’s assertion, in an almost totally irrelevant chapter on “Aspects of Cultural Change,” that alone of all the cultures of the world Islam has taken no interest in Western music. Quite without any justification at all, Kennedy then lurched on to lament the fact that Middle Easterners had deprived themselves even of Mozart! For that indeed is what Lewis suggests (though he doesn’t mention Mozart). Except for Turkey and Israel, “Western art music,” he categorically states, “falls on deaf ears” in the Islamic world."
    "Now, as it happens, this is something I know quite a bit about, but it would take some direct experience or a moment or two of actual life in the Muslim world to realize that what Lewis says is a total falsehood, betraying the fact that he hasn’t set foot in or spent any significant time in Arab countries. Several major Arab capitals have very good conservatories of Western music: Cairo, Beirut, Damascus, Tunis, Rabat, Amman—even Ramallah on the West Bank. These have produced literally thousands of excellent Western-style musicians who have staffed the numerous symphony orchestras and opera companies that play to sold-out auditoriums all over the Arab world. There are numerous festivals of Western music there, too, and in the case of Cairo (where I spent a great deal of my early life more than fifty years ago) they are excellent places to learn about, listen to, and see Western instrumental and vocal music performed at quite high levels of skill. The Cairo Opera House has pioneered the performance of opera in Arabic, and in fact I own a commercial CD of Mozart’s Marriage of Figaro sung most competently in Arabic. I am a decent pianist and have played, studied, written about, and practiced that wonderful instrument all of my life; the significant part of my musical education was received in Cairo from Arab teachers, who first inspired a love and knowledge of Western music (and, yes, of Mozart) that has never left me. In addition, I should also mention that for the past three years I have been associated with Daniel Barenboim in sponsoring a group of young Arab and Israeli musicians to come together for three weeks in the summer to perform orchestral and chamber music under Barenboim (and in 1999 with Yo-Yo Ma) at an elevated, international level. All of the young Arabs received their training in Arab conservatories. How could Barenboim and I have staffed the West-Ostlicher Diwan workshop, as it is called, if Western music had fallen on such deaf Muslim ears? Besides, why should Lewis and Kennedy use the supposed absence of Western music as a club to beat “Islam” with anyway? Isn’t there an enormously rich panoply of Islamic musics to take account of instead of indulging in this ludicrous browbeating?

    #Islam #Islamisme #Modernité

  • Pourquoi les caricaturistes israéliens ne dessinent pas le Prophète / Why Israeli cartoonists don’t draw Muhammad http://seen.li/a4x9 - Al Monitor

    http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2015/02/israel-cartoonists-interview-charlie-hebdo-islam-democracy.html

    Israeli cartoons have a storied legacy, but in Israel the limits on cartoonists are more restrictive from the outset than those in France. Criminal law in Israel forbids insulting the sensibilities of religion and ethics. While there are ways of skirting these prohibitions, it’s hard to believe that a senior cartoonist in Israel would want to directly insult Prophet Muhammad and that there would be an Israeli publisher who would agree to publish such a cartoon.
    (...)
    Yonatan Wachsmann (...) says that “in democratic countries cartoonists will always play a marginal role. In countries that are more dictatorial and with less freedom of expression, the role of the cartoonist will be more important and more central. From the standpoint of the audience as well as the government.”

    “I wouldn’t draw cartoons about Muhammad,” declares Biderman, “not because I’m afraid or because of violent threats from radical Islam, but because the most basic rule in cartooning is to criticize your own tribe. Allah doesn’t interest me and Jesus doesn’t interest me. It’s not my business. If I have complaints, it’s toward the rabbis, some of whom are racist, outmoded, homophobic, corrupt. I also think there’s something strange about Charlie Hebdo’s cartoonists fixating on Muhammad. Of course I’m afraid, because my life is more important to me than a cartoon, but beyond that I don’t get the obsession. (...)”

    Sur @OrientXXI « Charlie : Une aubaine pour Benyamin Nétanyahou » http://orientxxi.info/lu-vu-entendu/charlie-une-aubaine-pour-benyamin-netanyahou,0794

    « Les caricaturistes arabes se battent pour créer leur propre espace » http://orientxxi.info/lu-vu-entendu/les-caricaturistes-arabes-se-battent-pour-creer-leur-propre-espace,0839

    • Je pense qu’il faut essayer de penser à le préciser quand on poste un article qui date.
      C’est exiger un effort de vigilance extrême, et c’est peu réaliste, que de se reposer sur le lecteur pour vérifier la date d’édition de tout ce qu’il lit.
      amicalement

    • @wardamd c’est dommage, tu devrais prendre les quelques secondes nécessaires pour le faire. De mon point de vue, et dans un cadre participatif comme l’est seenthis, la date comme la source est un élément important à avoir sus le yeux quand défilent les billets. Quand je l’oublie, je la rajoute toujours.

      C’est cette attention en général, et aux autres en particulier qui fait aussi la richesse et l’eficacité de seenthis autant comme transmetteur que comme producteur de connaissance.

    • Mes deux grains de sel :

      – on est sur Seenthis, on peut toujours compter sur les amis pour ajouter la précision en commentaire… (de mon côté, je compte beaucoup sur les amis de Seenthis pour la thématisation des articles via l’ajout de hashtags pertinents :-)) Donc ce n’est pas très grave si l’auteur initial a oublié de le faire (surtout quand il s’agit d’un flux d’excellente qualité comme le tien, Warda).

      – En même temps, je pense vraiment important de mentionner quand il s’agit d’« archives » quand il ne s’agit pas de documents récents, parce que le format du flux se prête énormément aux confusions : comme sur Twitter par défaut on considère que c’est un article récent, et on assiste vraiment très régulièrement à des vagues d’indignation autour d’articles plutôt anciens. Par ailleurs, comme les excellents contenus de Seenthis passent habituellement automatiquement sur Twitter, on accentue la difficulté – Twitter étant encore plus dans l’immédiateté que Seenthis, avec en plus l’impossibilité d’ajouter l’info pertinente en commentaire.

      – Perso (mais vraiment on fait comme on veut), quand c’est un article ancien, je l’introduis directement, tout au début (juste avant le titre), par une mention du genre « Archive novembre 2012 :… », pour être certain que la reprise automatique du billet Seenthis vers Twitter conservera l’information. Si j’oublie de le faire, je modifie mon billet d’origine, parce que ça me semble important. (Même si vraiment, sur Seenthis, on peut compter sur un ami pour le signaler en commentaire. Et justement : sur Seenthis j’aime bien amender un billet après une précision fournie en forum, ça fait partie de l’ambiance sympa et constructive ici.)