• Violette, on t’aime ! Et merci Libé | Libé | 22.04.24

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/pourquoi-jai-demande-lannulation-de-la-conference-hassan-melenchon-a-luni

    Tribune

    par Violette SPILLEBOUT, députée de la 9e circonscription du Nord (Renaissance)
    publié le 22 avril 2024 à 17h02

    Ils crient, s’offusquent, s’insurgent… C’est la liberté d’expression qu’on assassine ! tonnent-ils avec des accents révolutionnaires, destinés à effrayer leurs partisans et à tétaniser leurs opposants. Pour l’immense majorité des élus LFI et ceux qu’ils bernent, ce principe sacré est le nouveau credo de leurs manœuvres politiques. Peu leur importe de franchir le point Godwin, ce seuil où l’on bascule dans l’excès absolu et le ridicule, dans l’espoir de discréditer ses contradicteurs ou d’étouffer un débat. Sacré ironie n’est-ce pas ? Au nom de leur liberté, nous devrions donc tous la boucler. Telle est la conception de la liberté d’expression de Jean-Luc Mélenchon, de ses affidés et de certains de ses partenaires de la Nupes.

    Les mêmes qui réclament avec fracas l’interdiction de CNews ou autres médias dont les idées les insupportent ; les mêmes qui encouragent parfois leurs militants à perturber les meetings d’adversaires ; les mêmes qui sanctionnent à l’Assemblée nationale des élus de leurs propres partis pour leurs prises de parole dissonantes… Ces tartuffes de la liberté de parole, qui multiplient les procès en sorcellerie, ont pourtant décidé d’exploiter jusqu’à la nausée ce filon, après qu’un de leur sulfureux meeting avec Rima Hassan – sous le coup d’une enquête pour apologie du terrorisme –, ait été annulé dans une université. Celle de Lille en l’occurrence.

    Députée du Nord, je me suis opposée à cette opération d’embrigadement, présentée comme une conférence qui aurait été bien éloignée d’un moment de dialogue apaisé et pluriel. Parce que cette réunion était bel et bien un meeting, en pleine campagne des européennes. C’est précisément ce dont M. Mélenchon s’exaspère. L’un de ses meetings électoraux aurait été empêché. Mais de quelle liberté parle-t-on ?

    Dans une incroyable pirouette, et en totale hypocrisie, LFI prétend être victime de censure. Ce fracas, visant à se victimiser en diabolisant l’adversaire, doit être dénoncé avec force.
    [...]
    Le fracas organisé par LFI, qui, en réalité, a pu tenir librement son meeting à Roubaix, puis son rassemblement à Lille-Moulins, ne doit pas assourdir le débat et occulter les véritables périls démocratiques. La liberté d’expression de LFI n’est aucunement en danger. La liberté d’expression au sein des universités, elle, est bel et bien menacée. A défaut de pluralisme, elles sont le jouet des prosélytes qui rêvent d’y faire régner la terreur intellectuelle.

    Je continuerai de m’opposer de toutes mes forces au noyautage des facultés par toute pensée unique. Précisément, au nom de la liberté d’expression.

    • en français, on dit : « après qu’un de leurs meeting A été annulé »

      me semble avoir lu, par ailleurs, que contrairement à ce que prétend la dame, le meeting n’a pas pu se tenir dans une autre salle.

    • Et sinon, petit tour du propriétaire assez complet chez Mediapart hier soir : https://www.mediapart.fr/journal/france/230424/apologie-du-terrorisme-mathilde-panot-convoquee-derniere-d-une-longue-list

      la conclusion :

      « À titre personnel, je me demande quand je vais être convoquée par la police, vu le peu de bases dont elle dispose pour accuser les uns et les autres. Le seul fait de dire que tout n’a pas commencé le 7 octobre devient de l’apologie du terrorisme » - Anne Tuaillon, présidente de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS).

      et le chapo

      385 signalements pour des propos liés à la guerre au Proche-Orient ont été transmis à la justice entre le 7 octobre et le 31 décembre 2023. Une enquête a été lancée dans presque tous les cas.

    • Important, et pourtant pas commenté publiquement :

      385 signalements […] Une enquête a été lancée dans presque tous les cas.

      Ce qui signifie qu’on a 4 ou 5 personnes « connues », et derrière 380 anonymes qui sont en train de se taper une procédure pour apologie du terrorisme, et ces 380 sont seuls face au système, parce qu’on ne parle que de la poignée de personnalités politiques ou syndicales.

      Et ainsi, même si, comme pour Meurice, les procédures vont s’éteindre pour les vedettes, les 380 derrières risquent d’en prendre plein la gueule dans le silence général. Et le vraie répression sera là (comme pour les Gilets jaunes et les jeunes lors des révoltes des cités).