• Oui, Gaza est toujours en état de siège
    Vendredi, 31 Mai 2013 18:04 Ali Abunimah / Traduction : JM Flémal
    http://www.pourlapalestine.be/index.php?option=com_content&view=article&id=1568:-oui-gaza-est-touj

    L’économie souterraine

    En dépit de la violence gratuite que subissent les travailleurs des tunnels, si les autorités égyptiennes voulaient réellement fermer les tunnels pour de bon, elles savent où ils se trouvent et la zone dans laquelle ces tunnels fonctionnent est relativement limitée.

    Et, dans ce cas, pourquoi l’Égypte ne laisse-t-elle pas tout simplement les marchandises circuler en surface ? Longtemps, le but d’Israël a été d’isoler Gaza économiquement, de se débarrasser de ce qu’il considère comme un fardeau (encore qu’on ne l’imaginerait pas en voyant les importantes quantités de biens de consommation israéliens dont Gaza est forcé de dépendre – au grand bénéfice des producteurs israéliens).

    L’Égypte refuse manifestement de permettre à Israël de lui faire endosser la responsabilité de Gaza. Les Palestiniens non plus ne veulent pas voir Gaza isolé politiquement et économiquement du reste de la Palestine (bien qu’ils veulent que soit mis un terme au siège et à la dépendance forcée vis-à-vis d’Israël !)

    Et le nouveau gouvernement égyptien des Frères musulmans a poursuivi la politique de Moubarak consistant à agir comme un sous-traitant des États-Unis et d’Israël quand il s’agit des Palestiniens.

    Tout cela empêche la frontière entre l’Égypte et Gaza de se muer dans un proche avenir en important carrefour commercial. Les tunnels, semblerait-il, sont un compromis qui coûte cher en vies humaines : les importations si désespérément nécessaires entrent, elles soutiennent l’économie, mais sans légitimité officielle ou sans céder aux intentions israéliennes d’isoler Gaza en permanence.

    Sans aucun doute, les tunnels aident Gaza à survivre au siège en cours mais, selon Hamdi Shaqurra, du Centre palestinien des droits de l’homme (PCHR), le secteur privé de Gaza, l’épine dorsale de son économie, déjà fortement diminué par les restrictions et sanctions israéliennes, périclite de plus en plus.

    « Nous sommes passés d’une économie formelle à une économie souterraine », nous a expliqué Shaqurra lorsque nous sommes allés lui rendre visite à son bureau à Gaza City.

    Les conséquences à long terme de cette situation peuvent comprendre une aggravation de la régression et de la désinstitutionnalisation de l’économie de Gaza, tout en remettant des pans importants de cette même économie dans les mains d’organisations clandestines intallées de l’autre côté de la frontière.

    Un siège contre le peuple et contre le savoir

    Quand nous avons quitté Gaza mercredi, les participantes au Festival palestinien, l’écrivaine américano-palestinienne Susan Abulhawa et les journalistes égyptiennes Lina Atallah et Nora Younis, ont eu un aperçu de la réalité cruelle et arbitraire sévissant au carrefour de Gaza et décrite par Ayah Bashir.

    « Plus de deux ans après le soulèvement en Égypte, le carrefour de Rafah reste une porte de prison », écrit Bashir, alors que les Palestiniens doivent mendier et implorer de façon humiliante pour pouvoir sortir à quelque fin que ce soit et, parfois même, pour pouvoir bénéficier d’un traitement qui leur sauvera la vie.

    L’Égypte se montre la plus sévère à l’égard des hommes de moins de 40 ans, qui sont souvent refoulés sans raison. Cette politique, apparemment, est copiée sur celle d’Israël qui limite sévèrement les mouvements des Palestiniens de moins de 40 ans entre Jérusalem et d’autres parties de la Cisjordanie occupée.

    Pendant que nous avons dû attendre trois heures – ce qui est relativement peu – dans le hall de départ égyptien, sale et plein de monde, avant de pouvoir quitter Gaza, j’ai parlé avec plusieurs Palestiniens qui attendaient, très nerveux, ne sachant pas si l’appareil sécuritaire, qui n’a toujours pas changé depuis l’époque de Moubarak, allait les laisser sortir.

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    Gaza, Palestine 1862-1863 (Photo: Francis Frith /Source: New York Public Library’s Digital Library under the strucID 111264)

    in http://mondoweiss.net/2013/05/city-gaza-part.html