• Retour sur la visite de François Hollande : Alger-Paris : le soutien et la contrepartie

    http://www.liberte-algerie.com

    Sans sa flatterie poussée à l’égard de Bouteflika, la visite de Hollande à Alger passerait certainement mieux aux yeux des observateurs, tant au niveau des deux pays que sur le plan international.
    Le chef de l’État français a, toutefois, préféré défendre les intérêts économiques de son pays, faisant fi des réactions que pourrait provoquer sa démarche.
    “Le président Bouteflika m’a donné une impression de grande maîtrise intellectuelle (…) c’est rare de rencontrer un chef d’État qui a cette capacité de jugement. Bouteflika a toutes ses capacités pour apporter sa sagesse et son jugement pour régler les crises dans le monde.”
    C’est par cette flatterie pour le moins surprenante, que le chef de l’État français, François Hollande, a tenu à réaffirmer, avant-hier à Alger, son onction à son homologue algérien. Pourquoi autant d’éloges exprimés à la faveur d’un président grabataire dont la faculté à exercer ses fonctions est pourtant sérieusement mise en doute depuis, notamment, l’AVC l’ayant contraint, en 2013, à 88 jours d’hospitalisation à l’hôpital militaire français du Val-de-Grâce ? Pour quel prix ? La caution de Hollande à Bouteflika se justifie par quelques éléments essentiels aussi bien pour la France que pour le régime algérien.
    Pour ce dernier, il s’agirait surtout de donner une meilleure image du président Bouteflika qui a quasiment disparu des écrans ces derniers temps.
    Pour la France, il s’agit d’abord de protéger et de renforcer ses intérêts économiques en Algérie. Ensuite, il y a l’incontournable coopération sécuritaire avec le voisin du Sud dont “le combat commun” mené par Paris et Alger contre la menace terroriste, comme l’a rappelé Hollande à l’occasion de sa visite de lundi dernier. Les questions économiques et de sécurité ont d’ailleurs constitué l’objet principal de cette deuxième visite du locataire de l’Élysée, après sa première visite en décembre 2012. Hollande n’a pas tardé à annoncer la couleur en affirmant dès son arrivée à l’aéroport d’Alger que le constructeur automobile de son pays, Peugeot serait sur la bonne voie pour l’implantation, prochainement en Algérie, d’une unité de montage de voitures. Il a, en effet, révélé qu’un projet d’implantation en Algérie d’une usine du constructeur de véhicules Peugeot était “en discussion avancée et que les deux parties algérienne et française travaillent pour faciliter l’installation de cette unité”.
    Le chef de l’État français a dit avoir aussi évoqué avec Sellal d’autres projets de partenariat avec le groupe pétrolier Total dans les domaines énergétique et d’industrialisation. “Nous voulons attirer des investisseurs français en Algérie et même des investisseurs algériens en France. Les PME (françaises) particulièrement sont les bienvenues en Algérie”, a estimé Hollande dont le pays est, selon lui, “le premier partenaire économique de l’Algérie”. “Les relations algéro-françaises étaient fructueuses notamment sur le plan économique”, résume-t-il. Sur le plan sécuritaire, le locataire de l’Élysée a, par ailleurs, beaucoup insisté sur la nécessité de renforcer la coopération franco-algérienne pour faire face à la menace terroriste et aux crises affectant les pays de la région. A priori, toutes ces questions économiques et sécuritaires préoccupent les deux pays. Mais force est de constater que Hollande a pris quelques risques, du moins vis-à-vis de la communauté occidentale, en poussant sa flatterie à l’égard de Bouteflika. Une flatterie qui cache bien des “non-dits”. Côté algérien, les observateurs soupçonnent la volonté des décideurs de soigner l’image du Président à travers cette visite du chef de l’État français.
    Le politologue, Rachid Grim, affirmait, la veille même de cette visite, que la rencontre entre les deux chefs d’État allait constituer “ une opération de communication, qui vise à montrer qu’Abdelaziz Bouteflika est toujours aux manettes, qu’intellectuellement il a encore toutes ses facultés, même s’il est diminué physiquement”. Et d’ajouter : “ Ce sera une victoire pour le pouvoir s’ils arrivent à faire dire à François Hollande qu’il a rencontré quelqu’un d’intellectuellement valide”. Hollande n’a fait que confirmer l’hypothèse.