• https://blogs.mediapart.fr/valerie-gay-corajoud/blog/031216/autisme-lettre-ouverte-monsieur-fasquelle

    Une femme merveilleuse, courageuse et intelligente, une mère d’un enfant autiste, Valérie Gay-Corajoud, a écrit exactement, à la virgule près, le texte que j’aurais voulu écrire (mais pas la force en ce moment sur le sujet) à propos de la proposition de loi de Fasquelle visant, entre autres choses épouvantables à interdire la prise en charge de l’autisme par les psychanalystes et qui est discuté à l’Assemblée la semaine prochaine.

    Vous ne pouvez pas interdire la psychanalyse en France, mais vous voulez l’interdire pour les autistes ? Est-ce à dire que pour vous, Monsieur Fasquelle, les autistes n’ont pas les mêmes droits que les autres ? De quelle autorité vous munissez-vous pour scinder ainsi une population dans son accès à un accompagnement psychanalytique ?

  • Boulots de merde : « On revient à une économie de type féodale, une économie de la domesticité »
    http://www.bastamag.net/Intensification-du-travail-Le-patronat-et-ses-relais-politiques-sont-prets

    Produire ou servir plus, avec moins : c’est l’injonction faite à tous les travailleurs, des chaînes de montage automobiles aux couloirs des hôpitaux, en passant par les salles de classe ou les bureaux de poste. A la souffrance de ces boulots dégradés, s’ajoute la précarité grandissante de travailleurs qui quittent le salariat pour la « liberté » de l’auto-entrepreunariat. Une violence sociale féroce dans laquelle les journalistes Julien Brygo et Olivier Cyran ont plongé pour écrire leur ouvrage Boulots de (...)

    #Décrypter

    / #Entretiens, #Conditions_de_travail, #Capitalisme, #Transformer_le_travail, #Luttes_sociales, #Inégalités, A la (...)

    • Ouah, meilleure analyse de ce film que j’ai pu lire.

      Une question se pose alors : peut-on, au sein d’un monde spectaculaire qui met toutes les images au service sa propre reproduction, retrouver un usage conséquent de l’image ? Peut-on par l’image pallier à l’impuissance du langage ?

      C’ets assez rafraichissant par rapport à tout ce que j’ai pu lire ailleurs et qui fait de Bertrand Bonnello au mieux un idiot, alors que c’est un cinéaste tellement remarquable et surtout tellement réfléchi.

  • Où va donc la colère ? Du bon usage de l’insurrection, par Georges Didi-Huberman (mai 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/05/DIDI_HUBERMAN/55440

    En 1795 parut chez Jacquot, à Paris, un fascicule de cinq pages intitulé Insurrection en faveur des droits du peuple souverain. Il portait en exergue cet article, le trente-cinquième, de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1793) : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » Au même moment — soit en 1792 et 1793 —, les Enragés de la Révolution française publiaient leurs écrits, adresses ou pamphlets qui ont été, finalement, réunis sous le titre Notre patience est à bout. Bien plus tard, au Congrès anarchiste international d’Amsterdam de 1907, on vit se lever Emma Goldman lors de l’avant-dernière séance. Elle proposait à l’assemblée l’adoption d’un texte en faveur du droit de révolte.

  • Vincennes, l’université perdue
    Virginie Linhart (2016)
    http://www.arte.tv/guide/fr/059529-000-A/vincennes-l-universite-perdue

    https://www.youtube.com/watch?v=vatGohswBBI

    Dans le bois de Vincennes, jadis, il existait une université révolutionnaire. Là-bas, les fils de bonne famille pouvaient s’instruire aux côtés d’étudiants venus du monde entier, le bachelier studieux côtoyait des femmes et des hommes aux parcours sinueux. Là-bas, on expérimentait : suppression des cours magistraux, des limites d’âge, ouverture aux paysans, aux ouvriers et aux non diplômés, naissance d’un département de psychanalyse, de cinéma, création de cours du soir pour les salariés, d’un souk, d’une crèche... Autant de choses impensables pour un pouvoir gaulliste à bout de souffle, protecteur d’un monde ancien. Mai-68 est passé par là et pendant douze ans, Vincennes vit, s’agite, dérange, attirant les meilleurs professeurs du pays, marqués (très) à gauche : Michel Foucault, Gilles Deleuze, Hélène Cixous, François Châtelet, Jean-François Lyotard, Madeleine Rebérioux, Jacques Rancière ou encore Robert Castel. « La forêt pensante » devient le lieu de référence mélangeant militantisme et apprentissage. Les luttes sont quotidiennes. La castagne aussi, entre gauchistes et communistes, étudiants et policiers, anarchistes et démocrates... Mais ce joyeux chaos se trouve notamment miné par des affaires de drogue. Le prétexte idéal pour détruire Vincennes à l’été 1980.

    Que reste-t-il de ces douze années bouillonnantes ? Physiquement, rien, pas même une plaque. Vincennes a tout simplement été effacée de la surface de la terre, telle une pustule défigurant le visage lisse de la France giscardienne. Mais Vincennes reste vivante dans les esprits de ceux qui la fréquentèrent. Leurs souvenirs, associés à des images d’archives rares, nourrissent ce superbe documentaire tout à la fois touchant et politique. À travers son film, la réalisatrice Virginie Linhart - fille de Robert, qui enseigna la philosophie à Vincennes - rappelle qu’une autre façon d’enseigner, moins compétitive, moins discriminante, a existé en France.. Et que ce modèle a fonctionné.

    #France #Université #Histoire #Documentaire #Vincennes #Virginie_Linhart

  • Enfin une bonne nouvelle, pour 2016, la naissance d’une nouvelle maison d’édition de bande dessinée qui ne ressemble à rien de connu : Adverse.
    Alexandre Balcaen tient seul sur ses épaules cette maison naissante, après un paquet d’années chez The Hoochie Coochie, au service de ce qui se fait de mieux dans la bande dessinée contemporaine. Il lance donc, pour commencer, une campagne de pré-achat / souscription pour les 6 premiers livres à son catalogue dont on peut déjà voir les premiers exemplaires en ligne. Je vous copie ici une présentation de sa main des éditions Adverse, dont vous trouverez, à la fin, l’adresse en ligne et le facebook.
    Amis lecteurs, c’est le moment ou jamais de rendre enfin utile la naissance de Jésus en l’an zéro d’avant, ou après lui.

    (et si les gros comptes pouvaient relayer, ce serait gentil à eux, amis gros comptes, merci et kikoo) :

    Chères, chers,

    Certains sont au courant, d’autres pas.
    Je lance ces jours-ci une nouvelle maison d’édition de bande dessinée, Adverse.
    Ce lancement se fait sans aucun financement extérieur, uniquement sur mes fonds propres (quasi inexistants...).
    Aussi, la souscription est absolument nécessaire pour que vive ce merveilleux projet.
    Les coûts ont été réduits au maximum, c’est à dire que je vais travailler en direct pour un achat de gros avec un papetier, puis imprimer, massicoter et façonner les six premiers titres moi-même avec l’aide d’une poignée de belles âmes (tirage pour chacun d’entre eux : 500 exemplaires), afin de constituer au plus tôt la trésorerie nécessaire à envisager des projets plus conséquents (en termes de pagination et de coût).
    Les quatre premiers livres seront imprimés et façonnés au mois de janvier (dans trois semaines), l’avant-première aura lieu au Festival d’Angoulême à la fin de ce même mois (stand Espace bande dessinée alternative, Le Nouveau Monde), les souscripteurs récupèreront leurs exemplaires en février (pour les quatre premiers titres) ou en mai (pour les deux suivants) par voie postale ou en direct.
    Les premiers titres seront disponibles en librairies à partir de mars 2016.
    Vous pouvez d’ores et déjà souscrire en ligne en utilisant les boutons « souscrire » (via paypal) sur la page web de la maison :
    adverse.livre-avenir.org
    (seul manque à cette heure le bouton pour le premier titre mais il sera être ajouté sous peu)
    Je joins également un bulletin imprimable à renvoyer par voie postale accompagné d’un chèque pour celles et ceux qui ne souhaitent ou ne peuvent pas utiliser paypal.
    Vous pouvez encore me payer en cash directement, je noterai alors vos coordonnées et la liste de vos achats (à noter que j’ai à disposition des prototypes des premiers livres si certaines ou certains souhaitent les consulter « en vrai »).
    J’ai besoin de 4500 € au total pour réaliser ce lancement (c’est à dire pour publier les quatre premiers livres), soit un montant à la fois très faible étant donné l’ambition du projet et la qualité des objets finis, mais bien trop conséquent par rapport à mes moyens.
    Cette somme comprend le coût du papier et des consommables pour l’impression des quatre premiers livres, une avance forfaitaire sur droits d’auteurs de 200 € par titre, la location d’un stand au festival d’Angoulême, l’achat des droits d’utilisation de la fonte utilisée pour les ouvrages, quelques frais annexes (déplacements) et les frais de création de la structure (publication au Journal Officiel). Mon travail personnel est entièrement bénévole et le restera pour une durée indéterminée.
    J’ai choisi de ne pas utiliser les plate-formes de crowdfunding traditionnelles (Kickstarter, Kisskissbankbank ou Ulule) pour différentes raisons (notamment parce qu’ils prennent une marge conséquente, parce que leur réseau ne me servira à rien, parce qu’ils orientent les opérations selon des logiques marketing selon moi sans intérêt, que l’opération est annulée si le montant fixé n’est pas atteint, etc.) et leur ai préféré Livre Avenir, projet de plate-forme collaborative pour la réinvention des pratiques liées aux métiers du livre (de la création à la diffusion) et pour laquelle je continuerai à m’impliquer dans le futur.

    Vous aurez compris que j’ai éminemment besoin de soutien.
    Je vous sollicite sans honte, dans la mesure où il ne s’agit « que » de préacheter des livres évidemment exceptionnels à mes yeux.
    (Au cas où, je précise quand même au passage que les dons sont aussi acceptés).

    Adverse est un projet éditorial particulièrement ambitieux en terme de fond et de forme, cherchant notamment à repousser les limites communément admises de la bande dessinée. À ce titre, sa réussite commerciale n’est envisageable dans un premier temps que selon une économie très raisonnée (les coûts de production pour chaque livre seront amortis à partir de 200 exemplaires vendus).
    Pour autant, l’objectif est évidemment de figurer rapidement parmi les éditeurs qui comptent dans le champ de la création contemporaine, autant dans l’intérêt des auteurs publiés que pour la bande dessinée en général.
    Salons, festivals, expositions, conférences, diffusion nationale et internationale sont quelques-uns des moyens que nous mobiliserons pour que ces ambitions se réalisent.
    À ce jour, le programme éditorial prévisionnel est constitué d’une douzaine d’ouvrages et de nombreuses pistes sont déjà à l’étude pour la suite.
    Toute personne intéressée est bien entendue encouragée à revenir vers moi pour toute question ou proposition.

    Sur ce, je vous encourage donc à consulter le site internet et la page facebook tout juste créés (cette dernière sera alimentée tout au long des semaines qui viennent par des extraits des ouvrages et des photos révélant l’avancée des travaux).

    Merci d’avance de relayer à toute personne que vous supposez pouvoir être intéressée.

    Et merci aussi pour les souscriptions que j’espère nombreuses et idéalement rapides (pour me rassurer sur la pérennité de l’entreprise, aussi pour pouvoir verser les arrhes à mon fournisseur papier dès début janvier).

    Vous souhaitant bonne consultation,
    et bientôt bonnes lectures,

    Alexandre
    Éditions Adverse

    http://adverse.livre-avenir.org
    https://www.facebook.com/editionsadverse

    #éditions #bande_dessinée #éditions_Adverse #Alexandre_Balcaen #Jésus

  • Ébriété guerrière
    http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2015-11-16-Paris

    Le 13 novembre 2015, une série de fusillades et d’explosions ont endeuillé Paris et Saint-Denis, provoquant la mort d’au moins 130 personnes. Les auteurs de ces attentats, souvent des jeunes Français musulmans, ont motivé leur acte en invoquant l’intervention militaire de leur pays en Syrie contre l’Organisation de l’Etat islamique (#OEI). Deux jours plus tard, Paris a procédé à de nouveaux bombardements contre les positions de l’OEI en Syrie, principalement dans la « capitale » de l’Organisation, à Rakka. Et, dorénavant, le gouvernement français comme l’opposition de droite s’accordent sur la nécessité de multiplier les « frappes » en Syrie. L’urgence de mener sur le front intérieur une « guerre » implacable ne les distingue pas davantage.

  • Une fois n’est pas coutume, je viens vous parler d’une nouvelle publication issue de notre atelier de Bruc, le sixième numéro de la revue Pré Carré

    Sous une belle couverture « betterave oubliée dans son jus de cantine », c’est Julien Meunier qui habille notre sixième numéro de Pré Carré.

    Encore un numéro très copieux, qui vous occupera pour les cinq mois nous séparant du suivant, et dont voici le beau menu :

    Dans « Les cases érogènes » Gwladys Le Cuff aborde l’oeuvre déjà considérable de Bertoyas par son origine, « L’Internationale mutique », plongeant son nez de chercheuse dans tous les trous les moins ragoûtants de ses premières bandes.

    « Avenir colon » de Docteur C. traque les signes qui colonisent et, graphiquement, font symptôme du récit-colon dans « Arsène Schrauwen » d’Olivier Schrauwen

    Par « Une lecture de Renée de L. Debeurme », Cathia Engelbach rejoint notre équipe en se penchant sur les incarnations paradoxales de Debeurme et sa tératologie des grands espaces lacunaires.

    « Le contour, le vecteur » de L.L. de Mars poursuit l’étude à la fois historique et conceptuelle des notions qui accompagnent le dessin comme mode de compréhension et de traversée du monde depuis Xenocrate, en se penchant cette fois-ci sur la « circonscription » d’Alberti.

    « Le récitatif contre le récit » de Jean-François Savang poursuit son beau travail sur les liaisons et déliaisons de la bande dessinée et du langage à travers leurs différents cadres théoriques.

    « Autrement dit la guerre » de Aurélien Leif consacre un dense travail de spéléologue aux sillages et cartographies en toutes dimensions de Loïc Largier.

    Cinq pages de magnifiques PALIMPSESTES de Jérôme LeGlatin (sur The Flash & Lulu ), et de Nicolas Zouliamis (sur Petite terrienne ).

    Retour de deux de nos rubriques « MOINS LA MAIN » et « LIEUX COMMUNS » mettant en avant l’une le travail d’écriture de F’murr, Doury, Bukulin et Altan et l’autre tout ce qui résiste à la « pure fonction » dans l’usage qui est fait du lieu commun.

    Encore une belle série des « Tricoter » de Guillaume Chailleux , qui viennent pointiller le texte de J.-F. Savang.

    Et notre « atome d’herméneugène » a pour objet, cette fois-ci, le
    « Carnation » de Mussat qui fait, en quelque sorte, l’unanimité.

    Toujours 48 pages, toujours 7 euros, ce sixième numéro est commandable
    par Paypal ou par chèque ici :

    http://www.le-terrier.net/concerts/precarre6/index.htm

  • Michel Vachey - Trou Gris
    http://www.le-terrier.net/vachey/trougris/index.htm

    « Trou gris » est une série de collages de 1978, sous titrée « impropriétés, faux mouvements ». Ces collages minutieux sont chaînés de façon progressive, invitant à une lecture narrative par un paysagisme allusif ou connotatif.
    Un an plus tard, « Trou gris » réapparait sous une forme inattendue, sur de plus larges feuilles, dans une série de 16 feuilles blanches tiquetées de trous d’aiguilles : ce sont ces deux séries restées invisibles pendant 37 ans que vous découvrez aujourd’hui.

    bonne découverte,

    L.

    #archives #littérature #bande_dessinée #avant-garde

    • C’est superbe, d’une infinie délicatesse comme tout le reste de son travail. C’est chouette d’avoir exhumé ces planches (les éditeurs feraient bien d’en faire autant avec ses livres). J’aurais juste une question, un peu en l’air, peut-être idiote : est-ce que c’est branché à un travail d’écriture, lointain ou pas ? Parce que ça semble toujours plus ou moins « Toil » ses oeuvres, texture texte-graphe en même temps. Du coup je me demande si ça marche tout seul. Et si oui comment ça se fait.

    • @aurelien
      on envisage d’en faire un livre, avec un ami éditeur, mais c’est un peu tôt pour en dire plus. Ces séries de travaux ne s’assemblent pas à proprement parler à un travail d’écriture, mais enrichissent chacune le jeu des modalités d’un travail dans lequel toute coupure entre écriture et plasticité serait arbitraire. « Trou gris » résonne avec « La langue slave » à quoi il emprunte les manières de découpes par gabarits, mais son continuum tient plutôt de « Calme plat » (que je montrerai bientôt dans le Terrier) . Ce que je pourrais te dire du travail de M.V., c’est tout simplement que rien ne s’y perd, jamais, et que toute apparition se déclinera, se corrompra, se parodiera, s’atomisera, de la rature du manuscrit de Balzac prise un jour comme objet d’un essai et devenue machine à caviarder et construction d’images, à la découpe d’une paire de lunette de soleil devenue un jour pochoir et retournée ensuite à la peinture comme motif (dernière pièce peinte de 1984). Même les lézardes des caviardages peuvent se solidifier et devenir sculpture, moulage de brique, puis imprimants ("machines à lézardes"). Va et viens des désassemblages apparents, qui font des montages comme résidus, concrétions.

  • Amici - numéro Yeux - 02
    http://www.le-terrier.net/amici/02_yeux/index.htm

    AMICI n°YEUX : dernière publication de l’atelier de Bruc, le second numéro du collectif Amici est sorti de notre presse ; ont participé cette fois-ci Karine Bottega, C. de Trogoff, Emmanuel LeGlatin, Jérôme LeGlatin, Muzotroimil, Franky Bartol, Docteur C., et moi-même. Même modestie des moyens de production pour le même orgueil de faire de belles choses. Merci à Pierre Masseau pour le coup de main au tirage (le type perplexe sur la photo à coté de C. de Trogoff).

  • Le cinquième numéro de Pré Carré vient de sortir, et ce printemps, la BD se porte bleue :

    Ci-dessous, le texte de présentation de la rédac’ présentant ce nouveau numéro :

    Hé bien le voilà, nous sommes les premiers étonnés de livrer, déjà, ce cinquième volume du magazine « Pré Carré » et plutôt fiers de l’allure qu’il prend numéro après numéro ; chacun d’entre eux vient graduellement rendre plus complexe, plus fécond et plus inattendu aussi le singulier assemblage d’écritures qui s’unissent autour de notre objet, la bande dessinée.
    Ce numéro est particulièrement excitant et bigarré :
    – Julien MEUNIER, à propos du travail de Gilbert Hernandez, tente une approche inédite de la critique, par la déception.
    – Un premier texte consacré au dessin (qu’est-ce que « dessiner » ?), de L.L. de MARS, tente de dénouer les différents modèles théoriques qui, à travers l’histoire, en ont imposé une approche platonicienne.
    – « Bande dessinée et communication : une idéologie de la pensée occidentale », permet à Jean-François SAVANG de poursuivre son travail critique féroce sur la sémiotique, à partir de Peirce puis McCloud.
    – Guillaume MASSART se perd dans « Intermezzo » de Tori Miki.
    – Jérôme LEGLATIN se penche, pour une série de textes consacrés aux « Naufragés du temps » de Forest et Gillon, sur la nature inévidente des figures qui croissent sous l’apparente clarté du dessin de Gillon.
    – Aurélien LEIF continue à prendre prétexte de l’inépuisable corne d’abondance de Massimo Mattioli pour établir, l’air de rien, une théorie de la bande dessinée en corps troué...
    Nous sommes très heureux de recevoir pour notre rubrique « palimpseste » les travaux de François HENNINGER et de Helge REUMANN ; ce dernier est également notre invité pour une superbe série de strips dans la rubrique « Planche sur planche ».
    Notre hôte, cette fois-ci, n’est pas un auteur mais Alexandre BALCAEN de Hoochie Coochie, qui vient nous parler de son métier, celui d’éditeur et du panorama dévasté dans lequel il le pratique.
    Vous retrouverez la grammaire déréglée des « Tricoter » de Guillaume CHAILLEUX, et l’objet de notre « Atome d’herméneugène », dans ce numéro, est l’incroyable « Je détruirai toutes les planètes civilisées » de Fletcher HANKS
    La revue est toujours vendue 7 euros pour ses 48 pages bien tassées, et vous pouvez en découvrir la belle couverture gravée de Benoit Préteseille [et la maquette de l.l. de Mars] ainsi que les moyens de la commander en ligne à cette adresse :
    http://www.le-terrier.net/concerts/precarre5/index.htm

    ou à celle de notre site : http://precarre.rezo.net où vous pouvez également trouver les numéros 2 à 4

    https://fbcdn-sphotos-d-a.akamaihd.net/hphotos-ak-xap1/v/t1.0-9/s526x395/10676158_425262897639656_8215386862744189053_n.jpg?oh=bc

    #revue #théorie_critique #Pré_carré #BD

    • Pardonnez-moi, mais plutôt que glisser des tags à la dérobée et pilonner à la massue catégorielle ce travail théorique (que vous avez sûrement lu pour le coup), vous pourriez peut-être au moins lancer une accusation un peu plus franche du collier tant qu’à faire (et au passage en profiter pour jeter un œil sur les précédents sommaires) ?

    • J’ai tendance à partager ce constat de mad meg, de ce problème de mixité dans Pré Carré, enfin je me suis déjà posé plusieurs fois la question. On peut nuancer en disant que C. de Trogoff a fait la couverture du premier numéro et qu’on la voit souvent sur les photographies des tirages et façonnages des exemplaires, que Gwladys Le Cuff a fait un bel article dans le numéro 4, que des femmes sont citées dans la revue (Arn Saba par exemple), qu’il y a des travaux d’écriture collective dont l’anonymat des rédacteurs rend leur identité sexuelle heureusement indéchiffrable, enfin que d’autres femmes ont été invité à écrire dans la revue et que cela n’a pas encore abouti, il n’empêche que le constat demeure (pour ce sommaire et pour le moment).

    • "Oui, tous les devenirs sont moléculaires ; l’animal, la fleur ou la pierre qu’on devient sont des collectivités moléculaires, des heccéités, non pas des formes, des objets ou sujets molaires qu’on connaît hors de nous, et qu’on reconnaît à force d’expérience ou de science, ou d’habitude. Or, si c’est vrai, il faut le dire des choses humaines aussi : il y a un devenir-femme, un devenir-enfant, qui ne ressemblent pas à la femme ou à l’enfant comme entités molaires bien distinctes (quoique la femme ou l’enfant puissent avoir des positions privilégiées possibles, mais seulement possibles, en fonction de tels devenirs). Ce que nous appelons entité molaire ici, par exemple, c’est la femme en tant qu’elle est prise dans une machine duelle qui l’oppose à l’homme, en tant qu’elle est déterminée par sa forme, et pourvue d’organes et de fonctions, et assignée comme sujet. Or devenir-femme n’est pas imiter cette entité, ni même se transformer en elle. On ne négligera pourtant pas l’importance de l’imitation, ou des moments d’imitations, chez certains homosexuels mâles ; encore moins, la prodigieuse tentative de transformation réelle chez certains travestis. Nous voulons seulement dire que ces aspects inséparables du devenir-femme doivent d’abord se comprendre en fonction d’autre chose : ni imiter ni prendre la forme féminine, mais émettre des particules qui entrent dans le rapport de mouvement et de repos, ou dans la zone de voisinage d’une micro-féminité, c’est-à-dire produire en nous-mêmes une femme moléculaire. Nous ne voulons pas dire qu’une telle création soit l’apanage de l’homme, mais au contraire que la femme comme entité molaire a à devenir femme, pour que l’homme aussi le devienne ou puisse le devenir. Certainement il est indispensable que les femmes mènent une politique molaire, en fonction d’une conquête qu’elles opèrent de leur propre organisme, de leur propre histoire, de leur propre subjectivité : « nous en tant que femmes... » apparaît alors comme sujet d’énonciation. Mais il est dangereux de se rabattre sur un tel sujet, qui ne fonctionne pas sans tarir ou arrêter un flux. Le chant de la vie est souvent entonné par les femmes les plus sèches, animées de ressentiment, de volonté de puissance et de froid maternage. Comme un enfant tari fait d’autant mieux l’enfant qu’aucun flux d’enfance n’émane plus de lui. Il ne suffit pas davantage de dire que chaque sexe contient l’autre, et doit développer en lui-même le pôle opposé. Bisexualité n’est pas un meilleur concept que celui de la séparation des sexes. Miniaturiser, intérioriser la machine binaire, est aussi fâcheux que l’exaspérer, on n’en sort pas ainsi. Il faut donc concevoir une politique féminine moléculaire, qui se glisse dans les affrontement molaires et passe en dessous, ou à travers.
      Quand on interroge Virginia Woolf sur une écriture proprement féminine, elle s’effare à l’idée d’écrire « en tant que femme ». Il faut plutôt que l’écriture produise un devenir-femme, comme des atomes de féminité capables de parcourir et d’imprégner tout un champ social, de contaminer les hommes, de les prendre dans ce devenir. Particules très douces, mais aussi dures et obstinées, irréductibles, indomptables. La montée des femmes dans l’écriture romanesque anglaise n’épargnera aucun homme : ceux qui passent pour les plus virils, les plus phallocrates, Lawrence, Miller, ne cesseront de capter et d’émettre à leur tour ces particules qui entrent dans le voisinage ou dans la zone d’indiscernabilité des femmes. Ils deviennent-femme en écrivant. C’est que la question n’est pas, ou pas seulement, celle de l’organisme, de l’histoire et du sujet d’énonciation qui opposent le masculin et le féminin dans les grandes machines duelles. La question est d’abord celle du corps - le corps qu’on nous vole pour fabriquer des organismes opposables."
      Deleuze et Guattari, Mille Plateaux, p.337-8

    • Je le fait tout le temps @nicolasm, je doit avoir un programme interne de ce genre de naissance. Depuis toute petite j’ai toujours été sensible a l’invisibilité des femmes dans les arts et ca m’a toujours révolté. En plus même quant elles sont visible on fait semblant de ne pas les voire. Et elles se cachent aussi derrière des pseudo (y compris moi) puisqu’elles ne sont pas les bienvenus et que de toute façon elles portent déjà un patronyme alors autant se faire un nom à soi. Par exemple le vieux sujet des femmes écrivaines. Il y a toujours eu des femmes écrivaines, depuis Christine de Pisan pour la France et les femmes ont été nombreuses à écrire des romans, du théatre etc... pourtant à chaque femme écrivaine on fait mine de découvrir qu’il y a des femmes qui écrivent et de ce questionner sur le fâmeux style féminin comme le font Deleuze et Guattari et d’autres avant et après eux comme un vieux marronnier lassant. Il y a toujours eu des femmes écrivaines et pas que dans le roman naturaliste anglais et dire que H.P Lawrence « deviens-femme » quant il écrit c’est de la grosse insulte misogynie aussi affreuse que les mecs qui me parlent fièrement d’accepter leur part de féminité quant ils chialent devant un téléfilm ou veulent se mettre du rouge à lèvre.

      Sur le sujet des écrivaines lire ceci http://www.fabula.org/lht/7/touret.html

      Une double raison explique la minorisation du rôle des femmes : une conception de la littérature comme corpus d’œuvres ignore leur position sociale déterminante , mais marginale par rapport aux œuvres produites et leur nombre restreint dans l’ordre littéraire les fait paraître comme négligeables. Alors que si l’on s’intéresse à la façon dont se construisent les carrières des écrivains, il est indispensable de porter la plus grande attention aux formes de la sociabilité littéraire.

    • Ça me fait penser à « JK » Rowling :

      Joanne Rowling, better known by her initials J K, does not have a middle name, according to her birth certificate. The use of the author’s initials instead of her full name was a marketing ploy designed to make her work acceptable to boys, who actively choose not to read books by women.

      http://www.telegraph.co.uk/news/uknews/1349288/Harry-Potter-and-the-mystery-of-J-Ks-lost-initial.html

    • Oui je savais pour JK Rowling mais tu as raison de rappeler qu’en 2000 on en est toujours là.
      Le texte que j’ai mis en lien dans mon message précedent commence par dire que les femmes utilisent beaucoup de pseudonyme souvent masculin et cela est vrai mais juste après il est précisé que l’inverse n’existe pas ou ne sont pas connu.
      Pourtant j’en connais un, « Rrose Sélavy » qui est un pseudo utilisé par Duchamp pour faire des calambours et des contrepèteries et qui prétendait que les femmes étaient privilégiés dans les arts et que n’importe quelle production signé par une femme serait l’objet de l’attention médiatique (rire nerveux). Sous ce pseudonyme il collectionnait les objet en rose, parceque les femmes c’est Eros et le Rose comme à la manif pour tous. On retrouve aussi le travestissement d’un homme en femme comme ressort comique, un classique de la misogynie ordinaire.


      #pseudonyme #travestissement

    • Le premier numéro de la revue Pré Carré donne un autre exemple d’auteur homme sous pseudonyme féminin : Cathy Millet.
      Mais je crois comprendre que la revue ne sera pas lue par mad meg ou Nicolas (qui se contentera de faire tourner un programme de décodage des signes univoques). Admettre la critique politique du manque de mixité visible dans Pré Carré ne me fera pas pour autant adhérer à la confusion entre Deleuze & Guattari et des journalistes (cf. le marronnier etc.), car ce sont vraiment des pratiques de l’écriture antinomiques, j’en donnerai pour seul exemple que le concept de déterritorialisation a précisément été inventé dans Capitalisme & Schizophrénie, concept si généreux qu’il est repris par Françoise Collin citée dans le numéro d’Axelle que mad meg promeut par ailleurs. Bref car là j’ai eu ma dose de pensée binaire pour la journée.

    • Je dois préciser que quand il s’est agit de contacter Reumann pour son travail, je ne savais pas si Helge était un prénom masculin ou féminin. En fait, je m’en foutais absolument.
      Je dois préciser que quand Gwladys a été invitée à bosser dans la revue, ça n’a pas été une seule seconde en tant que femme. Je m’en foutais éperdument.
      Je doute franchement qu’elle écrive à un seul moment sur Lotto ou Bergognone « en tant que femme », pas plus que je n’écris sur Aristote « en tant que vieux pédé » ni Jean-François sur Peirce « en tant que laotien », tout ça est aussi ridicule que franchement douteux.
      Je dois ajouter que si le prochain numéro présente 77% de paragraphes d’une féminité pure et irréprochable, il n’y aura qu’une seule conclusion à en tirer : l’appareil de mesure de Mad Meg s’est encore affiné, nom d’un chien.
      Les lignes ci-dessus, Aurélien, Doc, qui m’ont conduit à écrire cette intervention sans aucun doute inutile (parce qu’elles ne changeront rien à la sanctification des catégories que je lis ici) sont une parodie de conversation. Laissez Mad Meg faire ses comptes et lire les seules publications présentant un taux acceptable de dieu-sait-quelle-typologie-étouffante-appelée-femme dans laquelle, au passage, il serait assez sains qu’elle ne congèle pas nos collaboratrice qui sont bien autre chose que des femmes, de la même manière que je suis bien autre chose qu’un homme.

    • C’est justement en ne faisant pas attention qu’on se retrouve entre soi. Faire semblant d’être dans une monde égalitaire dans lequel les différences causée par les discriminations n’existent pas. C’est cela qui fait que les personnes privilégiés gardent leurs privilèges. Les groupes d’hommes ne remarquent pas qu’ils sont entre hommes, les groupes de blancs ne sont pas attentifs à leur blancheur, par contre les femmes et les noirs remarquent ces choses. Ca les frappes car illes n’ont pas le luxe de s’en foutre vu que sans faire attention on les effaces. Et quant illes le font remarquer cet effacement, cette absence, même sobrement, c’est impossible de se faire entendre.
      Je remet encore une fois le texte de Christiane Rochefort
      http://lmsi.net/Rupture-anarchiste-et-trahison

      « Il y a un moment où il faut sortir les couteaux. C’est juste un fait. Purement technique. Il est hors de question que l’oppresseur aille comprendre de lui-même qu’il opprime, puisque ça ne le fait pas souffrir : mettez vous à sa place. Ce n’est pas son chemin. Le lui expliquer est sans utilité. L’oppresseur n’entend pas ce que dit son opprimé comme langage mais comme un bruit. C’est la définition de l’oppression [....] L’oppresseur qui fait le louable effort d’écouter (libéral intellectuel) n’entend pas mieux. Car même lorsque les mots sont communs, les connotations sont radicalement différentes. C’est ainsi que de nombreux mots ont pour l’oppresseur une connotation-jouissance, et pour l’opprimé une connotation-souffrance.

      Ou : divertissement-corvée. Ou loisir-travail. Etc.

      Aller donc communiquer sur ces bases.[...]

      C’est ainsi que la générale réaction de l’oppresseur qui a »écouté" son opprimé est, en gros : mais de quoi diable se plaint-il ? Tout ça c’est épatant.

      Au niveau de l’explication, c’est tout à fait sans espoir. Quand l’opprimé se rend compte de ça, il sort les couteaux. Là on comprend qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Pas avant.
      Le couteau est la seule façon de se définir comme opprimé. La seule communication audible.[...]"

      Dans votre monde merveilleux d’égalité entre les sexe déjà acquise au pré-carré, il se trouve que c’est tellement acquis que sans faire attention vous avez fait un numéro tout bleu 100% masculin jusqu’à la moindre référence, comme à la manif pour tous. Et en plus vous avez le culot de me sortir le sexisme inversé et de prétendre que c’est moi la vilaine qui fait du sexisme anti-hommes. C’est aussi obscène et idiot que de parler de racisme anti blanc. Bravo vraiment et surtout ne vous demandez pas comment ca se fait qu’il y ai si peu de femmes dans votre super magazine.

    • Pour ma part, et en tant que membre du comité éditorial de cette foutue revue, je ne balaie pas la critique de mad meg d’un revers de manche, d’autant que je suis et apprécie son travail depuis des années (elle avait d’ailleurs participé à un numéro du fanzine Gorgonzola avec L.L. de Mars en couverture). Oui deux contributrices sur cinq numéros c’est trop peu, non le sexe ou autre typologie identitaire des participant-e-s n’est jamais le critère pour les inviter, pas plus que pour juger de leurs écritures, de là à dire que tout va bien, que je m’en fous, qu’on est dans le pur dialogue de sourd, non. Je ne crois pas l’imaginaire politique de Pré Carré sexiste, hein, mais la sous-participation des femmes y est frappante. Si j’ai cité Arn Saba précedemment ce n’est pas pour rien, je profite de cette intervention inepte pour envoyer un lien vers ce texte malheureusement en anglais : https://ladydrawers.wordpress.com/2010/05/14/a-letter-from-katherine-collins

    • Je vais essayer de répondre avec le plus de douceur possible avant de me taire pour de bon, par fatigue. J’espère juste que tout ça ne va pas virer au frontal, à une économie de violence et de contre-violence, à l’OK Coral de la zigounette et du pilou-pilou, mais je ne me fais pas trop d’illusion devant cette grosse machine à trier qui a pour modèle analytique une signalétique de WC publics. Il est bien dommage que cette simple annonce pour une revue apparemment si peu exigeante et généreuse qu’en faire la lecture est une économie indispensable à sa compréhension soit devenue un lit de Procuste catégoriel, un théâtre de marionnettes où se débattent de tristes épouvantails sociologiques, des caricatures de spectres, des fragments d’ombres, l’Homme, la Femme, un signifiant adversatif d’un signifiant, un universel antipodique d’un autre, deux Idées platoniciennes toutes mortes et toutes pelées quelque part dans l’empyrée dialectique. Si je puis me permettre, livrer une revue aussi minoritaire dans son fonctionnement même aux Gémonies de la positive action étatique, c’est pas de la critique, c’est de la molarisation ministérielle. Alors je crains malheureusement d’être inaudible puisque le dialogue lui-même semble être devenu une machine d’assignation binaire que l’Etat ne désavouerait pas et qui décalque exactement toute son axiologie, puisque les positions discursives sont devenues des positions même pas sexuelles, mais biologiques (en toute rigueur il faudrait dire : c’est une revue de mâles, le seul problème étant aussitôt que ce sont socialement des mâles dominés, et c’est tout le politique qui revient avec). Il était question de théorie, de BD, de critique, et de philosophie, mais voilà que la parole est subitement devenue un attribut chromosomique, voilà que la pensée a des organes, et fort peu ragoutants. Je ne pensais pas un jour être témoin d’une kénose aussi littérale, mais voilà bien que des gonades parlent, écrivent et théorisent, voilà que le signifiant est pour de bon devenu un phallus au-delà de tous les rêves lacaniens imaginables. Traité de gonadologie générale, premier paragraphe : la classification organique comme paradigme théorique.
      Il est toujours possible de rabattre à l’infini l’énonciation, toujours réenfermer dans les schèmes les plus binaires qui soient, rabattre les situations énonciatives, critiques, sur des conditions individuelles, sur notre bon gros corps organicisé, oui, c’est toujours possible, ça s’appelle le libéralisme statistique (Deleuze et Guattari, encore eux, diraient segmentarité dure) et ça englobe bien plus que la question du féminisme, et une critique cohérente aurait au moins étendu ça à toutes les catégories qui font le partage du pouvoir et de la domination ( mais exit l’individuation, exit le sujet collectif, exit le communisme, bonjour la personnologie, bonjour l’indexation, bonjour, surtout, la reconduction éternelle d’un seul et même partage du monde où la machine à compter les couilles et les ovaires va nous faire un beau panoptique. Voilà ce que ça donne la schématisation molaire du moléculaire : un boulier conceptuel à deux termes).
      Deleuze et Guattari ne disent tout simplement pas ce que vous leur faites dire (et qui est un cliché). Docteur C. a raison, les théoriciennes et théoriciens plus récent-e-s du féminisme et du genre ne s’y trompent pas en piochant abondamment dans leur généreuse machine conceptuelle, ainsi que chez Derrida, Sartre, Foucault et même chez Heidegger, alors les accuser de misogynie est au mieux de l’humour, au pire de la malveillance. Je préfère vous prêter de l’humour. Et si je puis me permettre d’ailleurs, il serait bon de lire ce texte (tout le plateau sur les devenirs) avec « Pour en finir avec le jugement », dans Critique et clinique, parce que c’est exactement ce qui se rejoue ici : cette machine d’assignation, signifiante et organique à la fois, ça ne produira jamais que du jugement, du verdict, de la dette infinie, de l’identité, et du gros moi molaire, ça ne créera jamais que de l’énonciation de prétoire de la vieille culpabilité chrétienne, du ressentiment et de la réaction impuissante -j’y suis, et pas seulement ma petite personne, en ce moment même réduit, et c’est justement cette position dont je ne voudrais même pas pour mes ennemis, ils méritent mieux que ça, et je ne l’endosse pas. J’ajouterai aussi Dialogues, parce que c’est une merveilleuse machine à décoder ces assignations non seulement sexuelles mais plus largement identitaires qui transforment toute politique en petit parti et en dispositif de classement : Deleuze et Parnet produisent, là, bien sur la page, du sujet collectif d’énonciation. On peut toujours essayer d’y retrouver la femme, l’homme, le vieux professeur, la jeune élève, mais on s’y cassera fort heureusement les dents et l’encéphale avec. Ce qui a lieu dans Dialogues a lieu dans n’importe quel texte ou oeuvre digne de ce nom, sauf à penser que ce sont des ego qui écrivent, avec tous leurs attributs, sexuels, genrés, sociaux, attributs dont on ne peut guère comprendre un seul sans convoquer en même temps les autres (ce qu’il faut faire ici en toute logique, mais ça éclate alors aussitôt ce cadre restrictif d’analyse). Misère de lire depuis son moi, avec tout ce que ça implique ensuite, et seulement ensuite.
      Nous pourrions parler de phallogocentrisme et de Geschlecht et nous serions alors vraiment au nerf de la question quant à cette revue même (un numéro intégralement rédigé par des femmes laisserait-il d’ailleurs la pensée à l’abri du phallogocentrisme et du virilisme ? Ou bien cette question là est-elle plus large et transversale qu’une simple question d’organes ou de genre ? Est-ce que ça n’implique pas une sexualisation non sexuée, pour le dire à la derrida ? ) mais Derrida était un homme, nous pourrions parler de dispositifs énonciatifs d’assignation, mais Foucault était un homme, de sexuation non sexuelle, mais Sartre et Heidegger étaient des hommes, quant à Judith Butler, à Irigaray, à Beauvoir, à bien d’autres, la pire violence à leur faire serait de ne les lire que parce qu’elles sont des femmes, et pas d’abord des sujets politiques d’énonciation. Personne ne nie la massivité de la domination masculine, sa violence, pour tout le monde, personne non plus ne niera le virilisme, et qu’il transperce allègrement les frontières hommes/femmes pour empoisonner tout ce qui lit, tout ce qui peinture et musique dans ce bas monde, quelque soit la configuration topologique de son entrejambe.
      Quant à présumer des auteures, des plasticiennes, des musiciennes que je lis, écoute, regarde, qui m’enchantent avec lesquelles je pense et avec lesquelles j’aime -he oui- rien ne vous en donne le droit, et il serait sans doute avisé de ne pas interpoler trop vite ce que peut signifier « lecture » pour vos interlocuteurs-trices. Alors parlons d’Harry Potter ou des sinistres petites autofictions bien franchouillardes et académiques, plutôt que de Monique Wittig, de Louise Labé, d’Emilie Dickinson, d’Hannah Arendt, de Virginia Woolf, de Sapho, de Mary Shelley, des soeurs Brontë, de Marianne Moore ou de Quintane (s’il faut traquer des identités auctoriales derrière les oeuvres, nous voilà réduits à la radioscopie sociologique, biologique, ethnologique, et à un bien triste et plat Sainte-Beuvisme), voilà qui nous offre une sérieuse et solide modalisation politique et théorique du féminisme. Des baguettes magiques et des calculettes sexuelles. C’est le moment sans doute où politique commence à vouloir dire quota.
      Une dernière chose, car il serait juste trop facile d’abandonner le terrain à un partage aussi brutal, molaire et identitaire et de voir ainsi pilonné, amalgamé au virilisme le plus crasse cette revue, Deleuze et Guattari, et toute la philosophie avec eux (forcément, ce sont des hommes, certains eurent même des barbes et se baladaient les joujoux à l’air, dans les zéphyrs, sans slip dessous la toge) : je suis féministe, et l’appendice encombrant disgracieux et malodorant qui me ballotte entre les cuisses ne m’empêchera pas plus de l’être que la fortune d’Engels ne l’a empêché d’être, lui aussi, un prolétaire. Je suis féministe, et pas un des contributeurs de Pré Carré, je pense, ne refuserait l’heur d’y souscrire à son tour, même si on peut toujours surobjectiver par-dessus la tête et d’un beau paradoxe qui traîne depuis deux siècles dans tout texte de marxisme un peu frotté de Diamat en faire la marque même de la domination retournée, dans un monde réellement renversé le vrai etc, eh bien là comme partout, peu importent les éventuelles et sinistres prétentions à autoriser ou non des attributions statutaires (ce qu’on transforme en statut, et qui est d’abord du politique). J’imagine avec joie le niagara de fou rire que Gwladys Lecuff, qui a écrit un foutu bordel de bon texte dans le numéro 4, pousserait en voyant qu’elle n’est plus historienne d’art, plus théoricienne, plus Gwladys, mais femme de la façon la plus platonicienne qui soit, une femme qui ne serait que femme, une pure Idée, qui arrive encore bizarrement à rire et même à boire des bières avec ses camarades). Ce féminisme là, il ne passe pas par ce partage binaire qui fait, d’ailleurs, allègrement l’économie du genre, du sujet, du désir, de l’énoncé, pour tout replâtrer dans la statistique du poil. Je ne suis pas un homme, je ne suis même pas ce que le XIXème siècle a baptisé un humain, je ne travaille pas, et personne ne le fait, à partir de ma petite égologie qui n’est rien d’autre qu’une répression, et la réflexivité sur elle et ses attributs une répression plus imagée : je me contretamponne l’esgourde des assignations subjectives de quelque type qu’elles soient, et savoir si un auteur-e est une femme, un homme, un-e trans, un-e homo, un-e hétéro, un-e noir-e, un-e blanc-he, un-e jaune, un-e bleu-e, vert-e, mauve à pois cyan, s’il ou elle ou ille ou el est papou, allemand, australopithèque, schizo, croyant, obèse, cinglé, mystique, maso, a autant d’importance pour un-e lecteur-e authentique que les slips sales de Tino Rossi. Le prochain pré carré pourrait être intégralement fait par des femmes, des eskimos, des Nambikwaras, des intersexes, ça ne me ferait ni chaud ni froid, car je ne lis pas des femmes, des eskimos, des Nambikwaras, des intersexes, je lis des textes. Dans Pré Carré rien d’autre n’est sélectionné que ça, des textes, de vrais bons textes, longtemps fourbis, chiants et rechiants pour une bonne partie de lecteurs probablement, et savoir qui les écrit est un problème de flic. Je ne sais pas quel taxinomiste absurde pourrait s’intéresser de savoir si leur auteur est une femme, un homme, un androgyne, une boule aristophanesques, s’ile ou el a un tourlourou sous l’aisselle et un zobi pour gros orteil, je sais par contre que la seule chose à savoir c’est si ce texte est viriliste ou non (un autre type de regard sur le sommaire permet de le voir en deux-deux : charge contre la sémiotisation, critique du contour, théorie du mélange et du corps troué, c’est là que se décorpore ou non le virilisme). Mais apprendre à lire prend du temps, et ne se satisfait d’aucune petite bricole herméneutique, d’aucune planche -anatomique- à découper.

      Je le redis : j’espère que ça sera lu sans violence, et je signe aurélie. La seule chose à retenir est : le Pré Carré numéro 5 est de sortie, et il est bon. Il est bleu effectivement. Le 4 était rose. Je n’oserais pas dire que la dialectique est ici sur la tête, pas même la rhétorique, alors sans doute encore est-ce de l’humour quand je lis que ce bleu là est celui des garçons, des coucougnettes et des soldats, pourquoi pas le bleu des vosges, du drapeau, des képis, car à part Pampers, Joué-Club et la manif pour tous justement, qui voit encore du masculin quand il voit du bleu, qui donc convoque négativement cette crétinerie bistrotière pour projeter gaiement mâle sur bleu pour mieux rétro-accuser ensuite de retrouver le mâle dans le bleu et de s’en étonner que tiens, dites-donc, et comment faire, surtout, de quel passe-passe pas trop grossier user pour imputer à d’autres le postulat de cette prédication sans faire un beau triple-salto dans l’absurdité attributive, comment cacher que quelqu’un a d’abord dû voir, dans le bleu, de l’homme, et ce que c’est que ce vieux machin là, déconstruit depuis un bon moment déjà ?
      Socrate est une carotte.
      Or les carottes sont cuites.
      Donc Socrate est cuites.
      Personne ne vous a parlé de sexisme inversé, de sexisme anti-hommes, le mot n’y est pas, personne ici ne se vit comme un homme ni ne désire en être un (on en a plutôt honte au quotidien d’être un Mensch, au-delà du fait de se sentir ou non un Mann) c’est vraiment pas le genre de catégorie dont on s’encombre en général (le isme inversé, laissons ça aux débats présidentiels et aux éditorialiste en mal de sensation). C’eût été un cliché, bas, dégueulasse, minable, et c’eût été surtout reconduire cette mouture molaire du sujet que critiquent Deleuze et Guattari -c’eût donc été une pure faute de logique en plus d’une injure. Personne ne vous accuse de quoi que ce soit, relisez bien : l’accusation, c’est étymologiquement une catégorisation, catégoriser est aussi inintéressant qu’accuser, le tribunal et les assignations, dans tous les sens du terme, c’est bon pour les procureurs, judiciaires ou pas.

      Tout ça est juste infiniment dommage, c’est juste un beau gâchis, voilà ce numéro couvert de tags infamants, et autant de rencontres, de lectures éventuelles probablement foutues en l’air. On devrait transposer toute cette non-discussion en changeant homme/femme par n’importe quelle autre forme binaire de domination occidentale, et surtout les mélanger, toutes ces déterminations, faire une bonne crase enfin homologue au politique réel, aux sujets pour de bon, ça nous mettrait enfin dans le coeur du problème, celui des dominations et des pouvoirs incorporés dans des sujets. Ne compte que la décorporation qui s’ensuit, et ça, ce n’est pas passible d’un schème, (celui qui organise tous les partages identitaires, du biologique jusqu’au social) puisque c’est la congédiation des schèmes.

      Maintenant je me tais, et vous souhaite le bonsoir, et je vous claque la bise, et ça m’empêchera même pas d’aller me balader encore parmi vos dessins. Les épouvantails sont à disposition, les personnes peu importe, mais la revue -ce sujet, ce sujet collectif, ce sujet collectif d’énonciation- n’est pas un paillasson.

      « C’est que la question n’est pas, ou pas seulement, celle de l’organisme, de l’histoire et du sujet d’énonciation qui opposent le masculin et le féminin dans les grandes machines duelles. La question est d’abord celle du corps - le corps qu’on nous vole pour fabriquer des organismes opposables. »

      #féminisme

    • Je ne comprend pas tout le mépris que vous me balancez à la figure pour le simple fait que je vous fait remarquer que votre revue manque de femmes. J’attire seulement votre attention et LL de Mars dit lui même qu’il ne fait pas attention à ce genre de « détails ». C’est un fait vous manquez de femmes, pourquoi c’est un sujet qui ne pourrais pas être débattu. Je travail sur la visibilité des femmes alors oui ca m’interesse de le faire savoire à des personnes que je croyait respectables mais qui me traitent avec condecendance. Je n’ai jamais traité votre revue comme un paillason, je ne parle que du problème de manque de femmes et pour le reste de ton long texte hautain et illisible je ne vais pas perdre plus de temps avec ce fiel. Je vous joint tout de même une belle vidéo de messieurs economistes qui ont exactement le même problème que vous et réagissent tout pareil comme vous.

      https://www.youtube.com/watch?v=CmLz2khAFGA

    • Ben oui, Aurélien, c’est dommage. Si vous aviez simplement noté comme l’a fait votre camarade Docteur C que c’était un problème et qu’il fallait y penser tout de même, on aurait pu parler aussi d’autre chose, comme par exemple du contenu de ce numéro. Mais là du coup, on a plus tellement envie.

    • @Aurélien Bordel, Aurélien, c’était dit d’emblée en t’abonnant MICRO blogging, foutu bavard impénitent !
      @baroug s’il y avait eu quelque chose comme un désir de lecture, on pourrait feindre d’en déplorer la chute, et ce n’est pas le cas.
      @docteur C libre à toi d’y barboter avec la honte au front (en faisant à ton tour les comptes, empétré), mais je ne me reconnais dans aucun des stéréotypes de genre véhiculé par le décompte des femmes dans un casting de revue de recherche. Je ne me reconnais dans aucune des typologies masculines dans lesquelles depuis l’enfance on cherche à m’enfermer avec plus ou moins de brutalité. Je suis féministe, la personne avec la quelle je partage ma vie est féministe, mes camarades de la MG, indifféremment à ce que leur carte d’identité prétend dire de ce qu’ils sont, sont féministes, de toutes sortes de féminismes, et je ne me reconnais en aucun cas dans la forme comptable de féminisme qui s’agite ici.
      Il m’intéresserait de savoir ce qui se maintient encore de violence dans l’éducation des petites filles pour que si peu d’entre elles s’autorisent à écrire de la critique, qu’elle soit de bande dessinée ou pas. Il m’intéresse de savoir ce qui persiste de cloisons invisibles pour qu’elles ne s’y adonnent pas plus adultes, et d’abattre ces cloisons (on notera que le texte de Gwladys ne prend pas non plus la position critique , au sens polaire qu’on donne à ce terme ; dans son champ comme dans tant d’autres champ de la recherche, je note que cette prise-là, la prise critique, est quasi désertée par les chercheuses).
      D’autres questions, relatives aux formes que prend la critique selon la polarité sexuelle dans laquelle, momentanément (car je crois, comme Butler ou Preciado, qu’elle se déplace dans une vie) on se reconnait, y travaille également (critique du corps normé par la danse, par exemple, majoritairement formulée par des femmes, la où les grands danseurs masculins me semblent encore danser « en esthète » , mais tout ça mériterait d’écrire, d’écrire, et on a bien compris que quand c’est trop long, on lit pas)
      Quand je dis « je m’en fous », ça dit juste : là, dans ce contexte, avec un interlocuteur aussi certain de « savoir déjà » avant toute question , oui, bon sang, qu’est-ce que je m’en fous.
      Mon travail artistique à plusieurs mains s’est partagé avec Karine Bottega, Docteur C., Jérôme leGlatin, Albane Moll, Marie Florentine Geoffroy, JuHyun Choi, Jampur Fraize, Benoit Preteseille, Catherine de Trogoff, Emmanuel LeGlatin, si je n’oublie personne. Est-ce assez comptable de ma vie partagée loin de ces séparations, est-ce que ça porte un témoignage assez satisfaisant de mixité ? On doit en conclure quoi, dans cette épicerie des corps ?
      Pré Carré est une excellente revue de critique et de théorie de bande dessinée, comme il n’en a jamais existé de ce type, ouverte à une forme d’invention rare. On peut choisir de la faire s’arrêter là où elle commence, à son sommaire.

    • @l_l_de_mars

      Mon travail artistique à plusieurs mains s’est partagé avec Karine Bottega, Docteur C., Jérôme leGlatin, Albane Moll, Marie Florentine Geoffroy, JuHyun Choi, Jampur Fraize, Benoit Preteseille, Catherine de Trogoff, Emmanuel LeGlatin, si je n’oublie personne.

      Ben je ne voudrais pas faire pencher la balance du mauvais côté hein ?, du poids de mes plus de 120 kilos, mais si, L., vous m’oubliâtes.

    • Récemment, on m’a fait remarquer, qu’en tant que selecta (radio ou autre), je ne passais quasiment jamais de musique de femmes. (je l’ai évoqué ici : http://seenthis.net/messages/445440).

      J’ai du reconnaître que c’était vrai, alors même que si je m’exprime aujourd’hui aussi aisément c’est parce que des femmes (je pense aux Lunachicks en musique par exemple, ou plus seenthissement parlant à @magnan ou aux pénélopes) m’ont donné confiance et donné des coups de pied au cul ou des claques artistiques (Les Chantal (Montellier dès mon adolescence et Akerman, plus tard, par exemple.).

      Ce qui me frappe, c’est la sècheresse des groupes ou personnes à qui l’ont fait remarquer ce problème de sous-représentation du groupe majoritaire (il y a plus de femmes que d’hommes sur terre) : défense indigente et en général dénigrement des personnes qui pointent le manquement. (Et je ne parle pas des groupes minoritaires où là quand tu fais remarquer qu’ils sont absents, tu te fais traiter encore plus de tous les noms).

      Je ne comprends pas pourquoi ne simplement pas reconnaître le problème et réfléchir à comment contribuer à changer les choses. On peut tous le faire individuellement, mais il est encore plus important de le faire collectivement.

    • Je ne comprends pas pourquoi ne simplement pas reconnaître le problème et réfléchir à comment contribuer à changer les choses.

      Tu part du principe qu’ils veulent changé les choses. Mais les choses leur vont très bien à eux. Leur problème c’est pas l’absence de femmes artistes dans la culture, leur problème c’est seulement moi qui leur gâche leur petite fête entre potes.

      #mananarchisme #macho_gaucho

    • Leur problème c’est pas l’absence de femmes artistes dans la culture, leur problème c’est seulement moi qui leur gâche leur petite fête entre potes.

      J’ai de plus en plus de mal à comprendre cet archarnement à faire de Pré Carré l’antichambre de je ne sais quelle forme de domination, ça devient franchement ridicule. Faut regarder un minimum de quoi on cause avant d’appliquer des catégories prémâchées à une production culturelle. Pré Carré a certes une petite réputation dans le milieu de la bande dessinée, elle reste une revue confidentielle (tirée à 150 ex) façonnée dans sa cave par un vieux pédé et fait avec ses trois potes eux-mêmes plus ou moins pédés (je m’inclue dans le lot même si je me suis barré de la revue et qu’on est plus si potes). Et avec les conditions de productions de la revue (économiques, techniques, etc.), parler de fête, petite ou grande, est franchement comique. Une belle brochette de gais lurons machistes que tu as levé là... Si Pré Carré est une fête je suis Kim Jong-Un...
      #couteaux_dans_le_vide

    • Ah ben bravo, je pense qu’effectivement tu dois être au moins Kim Jong pour vouloir pareillement réécrire l’histoire.

      C’est curieux mais par le plus grand des hasards (vraiment !), j’étais de passage lors du travail sur le huitième numéro à la remarquable couverture en bois gravé par Emmanuel Le Glatin, et le soir, on poussait les copeaux de bois pour qu’ils ne viennent pas polluer l’empire céleste d’une partie de Mah Jong, tout en écoutant de la très belle musique, François Bayle, discutant entre les tours de vents à propos de toutes sortes de sujets notamment politiques, et pendant les périodes de pause, nous sommes allés nous promener dans la campagne environnante, qui n’est pas aussi belle que les Cévennes chères à mon coeur, plus faite de légendes et de contraste, rentrés bien crottés de chemins de boue, un petit café et une bonne session de musique dans le salon de musique et puis de nouveau au boulot, tu peux appeler cela comme tu veux, moi j’appelle cela une fête, et c’est d’ailleurs sans doute l’idée que tu t’en faisais avant de te disputer avec Laurent. D’autant plus curieux que finalement la seule fois où j’ai vu une image de toi c’était filmé par Laurent au milieu de toutes sortes de personnes, ça dessinait de partout, peignait, jouait de la musique, j’aurais juré une fête, dans laquelle tu n’avais pas l’air malheureux.

      Si l’insulte renseigne peu sur la personne à laquelle elle est adressée, en revanche elle est éloquente sur la personne qui la profère : l’homophobie donc, tu tombes bien bas.

      N’empêche, cette gay partie, cher @l_l_de_mars , m’a beaucoup plu, j’aimerais bien recommencer avec mes nouveaux amis homosexuels

    • Je m’inclue dans les pédés disais-je, auto-désignation plus haut dans le fil, pour l’étiquette d’homophobe (qui tombe bien bas).

      Quant aux sessions de travail elles sont trop pleines de tensions pour les qualifier de « fêtes », loin de moi l’homo festivus que pointe Muray (entre autres, vieux réac me dira-t-on, bref), mais je n’en dénie pas la joie.

    • Pour qui le mot pédé est-il une insulte ?
      Peut-être cher Philippe as-tu chaussé les mauvaises lunettes pour lire mon texte agacé défendant la revue Pré Carré face à l’énième accusation de manarchisme de Mad Meg. Or tel était son intention. Mais peut-être vas-tu nous livrer la véritable histoire de la revue, comme célébration de la domination masculine par des cis en goguettes.
      Enfin je n’ai pas mentionné le tirage comme critère de la valeur de la revue (valeurs ?), mais comme élément objectif de son impossible domination économique et culturelle.

    • Pour citer les Marx Brothers de mémoire, « je ne ferai jamais partie d’un club qui m’accepterait comme membre » ! Mon départ de la revue n’a en tout cas rien à voir avec ces accusations de sexisme, qui me fatiguent, parce qu’elles sont fausses, que cela te plaise ou non.

    • je découvre ce fil repris et je pense qu’il y a un malentendu qui plane : je ne pige pas ce qui vous choque dans la déclaration de Cédric, Phil ; j’aurais été le premier, comme je le fais régulièrement, à parler de moi comme d’un vieux pédé et je vois très bien pourquoi Cédric y a recours, coupant court à toutes ces conneries caricaturales sur notre incarnation potentielle d’une masculinité que, très littéralement, je me fous au cul. Et que lui aussi, sans doute moins littéralement, mais quand même.
      Incarner (le mâle, son contraire imaginaire, le maréchal ou la gauche) est un petit problème de zozos hantés par les positions de pouvoir, de représentation, de légitimité etc. J’ai l’orgueil de me déplacer aussi bien dans ces catégories (je ne suis pas gelé dans une position qui serait assignée par la grande clarté de la biologie, pas plus que que je ne suis gelé dans une catégorie sociosexuelle à la con dans laquelle notre ridicule petite guerrière comptable voudrait tant nous voir naître vivre et mourir) que dans mon travail quotidien.
      Et je ne vois pas plus dans le rappel de Céd de notre tirage (250 - pas 150 - petit à petit, par retirages) autre chose qu’une autodérision nécessaire pour nous rappeler - et c’est important de le faire - tout le dérisoire de notre travail. Ce dérisoire n’est pas contradictoire avec l’importance qu’il a à nos yeux.

    • Oui, bon, cette intervention n’était pas parfaite et je peux comprendre que Phil l’ait lu comme acrimonieuse. Il faut dire que le texte de mad meg a déboulé inopinément dans ma boîte aux lettres par le jeu d’une alerte seenthis (la désactivation des alertes ne concerne que les messages postérieurs à celle-ci, curiosité technique). Je peux entendre que certaines luttes féministes doivent se passer de l’avis des « hommes », néanmoins caractériser Pré Carré comme lieu de pouvoir, archétypal de surcroît, me paraît se tromper d’ennemi à un point qui balance entre tristesse et ridicule, tant cette revue ne contient pas de récits majoritaires, d’histoire majoritaire, par quelque bout qu’on la prenne, tant son pouvoir politique est faible, et sa symbolique éclatée. Il y a mille et mille autres assemblées d’hommes à critiquer avant celle-ci. Mais ce dérisoire de la revue n’exclut en effet pas les formes de puissance qui s’y investissent.

  • Amici - numéro rein - 01
    http://www.le-terrier.net/amici/01_rein/index.htm

    Bonjour à tous,

    Je vous annonce la naissance de « Amici », la nouvelle publication de
    la Principauté du Commandant Charcot à Bruc sur Aff. Il s’agira d’un
    trimestriel dont ses fondateurs feront le terrain d’expériences
    propres, ils l’espèrent, à produire des nouvelles conditions
    d’invention pour chacun, se prolongeant dans la revue elle-même
    comme lieu de nouage possible de leurs pratiques ensemble.

    Les auteurs participant à ce numéro Rein de Amici sont

    Blex Bolex
    Karine Bottega
    Docteur C.
    Guillaume Chailleux
    Tim Danko
    Loïc Largier
    J. LeGlatin
    L.L. de Mars
    C. de Trogoff
    ______________________________

    Amici est un fascicule de 40 pages imprimé sur cyclus 115gr, agrafé,
    couverture deux passages couleurs de gravure sur un beau Rives Linear
    180gr, ouvert et fermé par un calque 90gr vignetté et estampillé. Il
    est vendu 5 euros.

    Tout ce que vous devez savoir sur la petite équipe d’une quinzaine
    d’auteurs qui y travaillera ainsi que le moyen de commander cette
    jolie petite chose est à découvrir là, :

    http://www.le-terrier.net/amici/01_rein/index.htm

    L.L.d.M., pour Amici

    #bande_dessinée #autopublication

    • Je précise tardivement que les textes que j’ai lu de ce numéro sont très décevants, j’étais enthousiaste de découvrir des historiens de l’art se réclamant de Warburg et Didi-Huberman, mais aucun des textes n’arrive à la cheville ni de l’un ni de l’autre, faute d’acuité de regard sur les œuvres et les théories, ces articles sont autant d’esquisses malhabiles qui n’arpentent jamais la durée de l’analyse, et dont la seule ambition serait la poudre aux yeux que peut jeter leur résumé (leur abstract comme on dit en publication scientifique internationale), alors autant, encore une fois, inviter à la lecture directe d’Aby Warburg, de ses Essais florentins par exemple, et à celle de Georges Didi-Huberman, de L’image survivante, sur Warburg, pour commencer, peut-être.

  • La galère financière des éditions Hoochie Coochie, suite : j’en remets une petite couche suite à un message plus précis que je reçois de leur part et vous copie hic et nunc :

    "L’éditeur de bande dessinée indépendante que nous sommes a bâti son catalogue au cours des douze dernières années sur la recherche ininterrompue de talents, de formes de narrations, d’histoires jamais contées et d’humours jamais explorés.
    Mais aujourd’hui, la crise du livre et de la bande dessinée nous place dans une situation de trésorerie plus que délicate et nous oblige à prendre les devants pour que les livres de The Hoochie Coochie perdurent et continuent à être représentés en librairies et festivals.
    C’est donc à vous, lecteurs et admirateurs, que nous nous adressons pour nous aider à continuer cette aventure collective et publier des livres dans lesquels vous aimez vous plonger.

    Les fêtes de fin d’années approchent, et à cette occasion nous organisons quelques initiatives qui vous permettront d’offrir des cadeaux exceptionnels tout en soutenant notre structure.

    Vente de Noël
    Tout d’abord, nous aurons le plaisir de vous accueillir à l’Atelier du 8 rue du Repos à Paris les samedi 13 et dimanche 14, ainsi que les jeudis 4, 11 et 18 décembre pour une vente de noël exceptionnelle. Outre repartir avec de beaux cadeaux pour vous et vos proches, ce sera également l’occasion de discuter avec les membres de l’association et ses auteurs. (The Hoochie Coochie, 8 rue du Repos 75020 Paris. Code porte : B9632 puis fond de cour en haut des marches, sonnette « atelier »).

    Catalogue
    Nous avons également pensé à vous qui n’êtes pas en région parisienne, en éditant un catalogue spécial de vente par correspondance contenant toutes nos références ainsi que des estampes réalisées par nos auteurs. [aucun lien sous la main mais je l’ai en pièce jointe pour les intéressés, je peux transmettre sans problème].

    Ulule DMPP
    Afin de financer l’impression du 11ème numéro de la revue DMPP qui sortira en février, nous avons mis en place un financement participatif sur le site ulule.com. Les gratifications sont nombreuses et pour toutes les bourses, allant du badge au dessin original d’auteur participant à la revue"

    http://fr.ulule.com/dmpp-n11

    Si vous ne connaissez pas cette superbe petite maison d’édition, c’est l’occasion de découvrir, vous verrez, ça vaut son pesant de cacahuètes. Et si vous connaissez déjà, Noël approche, et pour une fois ça pourrait bien servir à quelque chose cette foutue fête de truffes.

    Leur site est ici : http://thehoochiecoochie.com

    (ce serait sympa aux gros comptes avec plein d’abonnés de faire tourner, j’ai rien à y gagner personnellement, c’est juste pour éviter que le monde de la BD en France se réduise à Casterman et Dargaud, Tintin et Fantasio, Spirou et Milou)

    #the_hoochie_coochie #flouze #librairie_indépendante #BD #help

  • ENCORE PLUS NOMBREUX

    Encore plus nombreux que lors des deux dernières manifestations contre les violences policières, ce sont plus de 3000 personnes qui aujourd’hui ont démontré de façon autonome qu’elles n’avaient plus peur de la stratégie de la tension de l’État et de sa terreur médiatique.

    Le 2 Novembre dernier, nous affirmions que cette stratégie de la tension menée par l’État ne pouvait qu’amplifier la mobilisation populaire. A entendre la colère de la population qui s’élevait dans les rues de la ville à la vue d’un dispositif de répression extrêmement coûteux (hélicoptère, canon à eau, 500 policiers mobilisés ......), qui est évalué à un coût de 1,5 millions d’euros pour un mois de manifestation à Toulouse, devant la fermeture scandaleuse des transports en commun, face au gazage des habitants de st Cyprien et de la clinique des Teinturiers, nous réaffirmons que tant que justice ne sera pas rendue à toutes les victimes de cette répression étatique, cette mobilisation populaire et autonome ne pourra que s’amplifier.

    #CNT-AIT, #Toulouse le 22 Novembre 2014