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Production de médias urbex - photographies vidéos et rédaction web

  • Urbex – Une maison au Puy-en-Velay

    Voici un documentaire sur une maison abandonnée qui a révélé de sacrées surprises. C’est un lieu localisé sur Le Puy, au sein d’une petite route qui ne mène à rien, donc une tendance affirmée à ne jamais y passer. Du coup elle est particulièrement préservée.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/25/cyril.htm

    Routes enneigées sur les hauteurs, j’entre dans l’habitation et je sursaute. Au fil des pièces, je me rends compte qu’il y a tout, même les bières de garde et les Orangina sont dans le frigo. Est-ce abandonné ? C’est la péremption en 2013 qui seule me rassure. Plus loin, j’expliquerai les raisons de l’abandon.

    Les recherches vont révéler une large part de l’histoire de ce lieu : un changement de nom de famille, un traumatisme familial, un enfant protégé par son oncle.

    Henri, le grand-père, était militaire de carrière. Si l’on peut rencontrer des confusions au sujet d’un éventuel métier de médecin militaire, il s’avère après étude qu’il était responsable d’un bureau de recrutement de l’armée au Puy. Il a mené ce métier durant 18 ans avec une passion et une intégrité dévorantes.

    Au jour de ses 40 ans et au début de la seconde guerre mondiale, le bureau de recrutement a été démantelé et dans cette période troublée, il a été mis subitement à la retraite. Il habitait au n°30 du Boulevard Maréchal Fayolle, peu de temps après le n°33 devenait la Kommandantur. Il s’est retiré dans une petite rue de Clermont-Ferrand.

    Il est né en novembre 1900 et décédé en février 1989. Il s’est marié avec Maria et a eu deux enfants, Josette et Jean. Les photos d’Henri évoquent un homme qui inspire un respect immédiat par sa haute stature et sa rigidité évoquant une personnalité riche et intègre.

    Les enfants d’Henri étaient Josette et Jean. Josette est née en septembre 1923 et décédée en septembre 2005. Jean est né en octobre 1925 et décédé en août 2000. De Jean nous savons relativement peu et là encore émergent des confusions au sujet d’un métier de médecin ou de psychologue pour enfant. Les recherches nous mèneraient en tout contraire à un travail de cheminot, c’est une hypothèse bien consolidée désormais.

    Josette a un parcours tumultueux.

    Elle se marie avec Cyrille et divorce, se marie avec Yves et divorce, se marie avec Jacques et divorce. Yves était médecin pédiatre. Il porte un nom typique et bien particulier de la Martinique. Au vu de l’abondante documentation sur les Dom-Tom dans la bibliothèque, il ne serait pas forcément étranger que Josette y fasse des séjours. La période avec Yves est de toute clarté traumatisante. Des notes carrément confuses d’un probable psychologue évoquent le nécessaire changement de nom de famille.

    Dans la journée, je reçois l’acte de propriété de la maison : je commence à comprendre la nécessité impérieuse que nous la refermions nous-mêmes pour la protéger du vandalisme. Dehors sur la terrasse, des canards en plastique baignent dans un bassin, ils sont encastrés dans une gangue de mousse verdâtre. Un karcher est encore branché pour faire le nettoyage. C’est pétrifié, un petit monde fragile.

    Josette a pour enfants Joselyne et Cyril. Cyril est né en mai 1949 et décédé en février 2021. Il fut le dernier habitant de la maison, avant qu’elle ne plonge en plein abandon. Reste que nous pouvons préciser qu’en ses derniers jours, il logeait dans une petite rue discrète du Puy, la rue Saulnerie.

    Des lettres enfantines de Cyril s’adressent à son père Jean avec les termes « mon cher tonton ». Les actes d’état civil vont pleinement nous le confirmer, c’est Jean qui s’est occupé de son neveu, le fils de Josette. Sur le registre de condoléances de Jean, il est mentionné des termes mentionnant « une famille emplie d’une telle générosité », ça je m’en souviens avec acuité.

    Pourquoi cela s’est-il passé ? Le mystère reste entier. Josette traversait probablement des épreuves.

    Cyril fut architecte. Il s’est marié avec Monique et a eu pour enfant Florence. Elle habite actuellement à l’étranger. La famille est inhumée au cimetière du Puy-en-Velay dans un caveau familial de bonne facture. Henri, Maria, Josette, Jean, Cyril, tous s’y trouvent. Nous avons honoré cette sépulture comme s’ils étaient des nôtres. Normal, c’est humain…

    L’abandon est dû au fait que les deux descendantes habitent très loin. Le jour de mon dernier passage, j’ai refermé carrément abruptement la maison. Cela nous empêche nous-mêmes d’y retourner, c’est un loquet qui claque derrière la porte. Le lieu est scellé dans l’oubli. Décision difficile à prendre, mais en respect de la famille, il fallait protéger l’habitation.

    Dans l’instant même où vous lisez, la maison est silencieuse, refermée farouchement sur cette histoire. Les canards barbotent dans le bassin, une bergeronnette batifole le long du ruisseau. Ça fait bizarre tant d’abandon. C’est une histoire fragile, un peu comme toutes les nôtres en fin de compte.

  • Voici la visite d’un poulailler abandonné situé en plein cœur du Massif-Central, dans un recoin de campagne éloigné de tout. Je l’ai découvert totalement par hasard, seulement intrigué par quelques végétations folles un peu anormales pour un tel site industriel.

    Allez je lance les chiffres qui donnent le tournis : un gérant qui s’occupait chez Carlier de 2,5 millions de poules, un poulailler de 114.000 poules, une bête livraison anecdotique de 145.000 œufs : le carnet est rempli de ça… Voilà la démesure !

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/25/poulailler.htm

    Un terrible conflit est apparu entre les deux associés en 2015 ; un jugement a mené à l’éviction de l’un d’eux en 2016. Les comptes ont été arrêtés en 2019 et la liquidation judiciaire a été prononcée en 2020. Voilà pour un survol de l’histoire, je vous passe l’ultra-obscur texte du jugement.

    Bien que les lieux soient totalement vides, j’ai bien aimé l’originalité. C’est sûr qu’avec toute l’installation, ça aurait été mieux.

  • 82 ans d’abandon. C’est la valeur folle à laquelle on pourrait éventuellement s’attendre pour ce lieu. Imaginer, se poser, là, juste un instant, tout ça de nombre d’hivers, d’épisodes cévenols, de renards ou de souris ; c’est toute une vie humaine, belle et longue d’ailleurs. Mais là, en cette maison, l’attente vide, c’est une gigantesque absence, un temps de plus-rien-du-tout, terriblement long. Je vous fais récit de la découverte.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/25/arthur.htm

    Remarquée par hasard, je me suis rendu sur cet urbex en juillet. Je suis tombé sur une MONTAGNE de ronces (et pourtant je précise d’office que je n’aime pas écrire en capitales). C’est très pentu en sens descente et qui plus est ébouleux, alors le sécateur ? C’est un lance-flamme qu’il faudrait ! J’y reviens en janvier. Essai n°1, essai n°2… je renonce… retourne à la voiture… et puis non flute, je ramperai sous la toile d’épines !

    Une demi-heure plus tard, bobo au dos mazette, un autre écueil, l’escalier n’existe plus, il faut escalader. La porte est obturée par une table, placée depuis l’intérieur. A peine de l’effleure, elle tombe en poussière et en lambeaux pourris.

    L’intérieur de la maison est une ruine. C’est d’une très grande fatigue. Je cherche frénétiquement des papiers pour essayer de comprendre l’historique de l’endroit, ne trouve que des journaux de 1911. Le dernier calendrier, mourant au mur, lui date de 1942. Autrement il n’y a rien. Ah tiens si, sous le lit, un vieux cahier d’école rongé. Il comporte un unique nom : Arthur Naussac. L’enquête peut commencer.

    La maison appartenait à Adrien et Eulalie. Ils sont parents d’Arthur en 1897. Laissons-nous rêver à ce jeune en 1916 : il mesure 1m63, a les cheveux châtains, les yeux marrons, le front moyen, le nez busqué, le visage long. Maçon, il devait probablement être costaud, sec et rude. Il est incorporé en cette année là, puis tué au front le 7 octobre 1918 à Morcourt dans l’Aisne, un mois avant l’armistice… 21 ans. Pauvre jeune, avalé par la guerre, comme tant d’autres.

    Dans cette maison, les parents ont reçu la lettre, ont eu l’immense chagrin. Son nom est désormais gravé dans le marbre du monument aux morts au centre du vaste cimetière.

    Adrien fut conseiller municipal en 1936, puis par la suite plus rien ne filtre, aucune information. Pas même la sépulture, le temps a certainement dû emporter les noms dans le silence. Dès lors les portes se referment peu à peu. La voisine d’en face évoque que les fenêtres se sont vues closes avec des planches en 1991, des gamins jouaient dans la bâtisse. Puis voilà, arrive le déluge de ronces, les fissures, les automnes et les hivers. Les murs lézardés vont imploser. Que cela peut-il faire ? Ça ne dérange personne.

    Très exceptionnellement, je me suis assis et je n’ai rien fait. Juste attendre, imprégné du silence, l’humilité, comme un hommage dû à ce lieu, à ces gens.

    Entrer dans ce sanctuaire m’a donné une curieuse impression. C’était vide depuis si longtemps, c’est tout de même assez peu fréquent. Même si la bâtisse est modeste (mais encore jolie), même si le parcours historique est pauvre, j’ai eu l’impression de bénéficier de beaucoup de chance. Immense respect pour l’endroit, qui retrouve désormais sa solitude totale.

  • Voici la visite d’un foyer pour femmes seules. Curieuse dénomination ; c’est pourtant comme ça qu’on l’appelle dans le village. Après une rencontre avec la direction, j’ai appris plus précisément qu’il s’agissait d’un foyer pour mères isolées devant fuir leur logement pour cause de violences. Donc les conditions : une maman, un enfant, des coups qui pleuvent, une situation d’urgence : un accueil même la nuit. C’est tout de suite nettement plus précis.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/24/foyer.htm

    L’accueil était réalisé sur le champ, au vu des situations critiques. Les mamans restaient entre un jour, quelques semaines, jusqu’à six mois. Jamais plus. Le but était de protéger et de restructurer. Très malheureusement, l’établissement était la plupart du temps plein à craquer. Un grand succès formant un triste palmarès.

    Le bâtiment a été abandonné du fait que les briques ont été coulées en laitier, provenant de la fonderie localisée juste à côté. En effet avant d’être foyer, c’était le château d’un des fondateurs de l’usine. Les briques en laitier étaient certes super bon marché puisqu’il s’agissait ni plus ni moins de déchet de fonderie, mais la direction m’a révélé que c’était horriblement poussiéreux et tout à la fois instable. Une horreur donc.

    Dès lors, le foyer a déménagé dans un bâtiment flambant neuf, situé une petite centaine de mètres plus bas. Petit c’est un fait, mais radicalement plus fonctionnel. Dans l’ancien bâtiment trainent de vieilles poussettes, des trotteurs, puis d’autres bazars voués à une disparition inéluctable. Et surtout ces histoires se dirigeaient vers un oubli de toute force.

    Les femmes arrivaient là après des parcours turbo-chaotiques : violence, alcool, drogue, radicalisme ; c’était une pause le temps de sortir de là, un instant pour réaliser de la protection de l’enfance, de protéger des recherches actives aussi, du coup un anonymat et une protection étaient octroyés. Il y eut des bagarres quelquefois.

    Avec Claudie, nous avions profité de l’abandon pour aller chercher un essaim tout en haut dans une gouttière – il était haineux : la grande échelle, quelle galère de malade, je faisais essuie-glace avec mes gants sur la grille de la vareuse !

    Triste de se dire que notre société contemporaine a besoin de lieux comme ça. Voici donc quelques photos de souvenirs. C’est une urbex toute petite comme un pipi de kiwi, à défaut d’un grand château grandiloquent, mais tout du moins les pas se posent dans un endroit en fin de compte très particulier et indispensable. Que savons-nous si l’une ou l’autre lectrice a rencontré un jour ce parcours de vie ?

  • Urbex - La gare nordique : un lieu menacé

    Qu’est-il arrivé à cet endroit pour subir un tel effet de malédiction ? Pourquoi faut-il à ce point que le sort s’acharne ? C’est pour moi un petit coup de cœur – je ne m’attendais pas du tout à cet aspect intérieur, ni à cette beauté étonnante. Cependant cet endroit est en danger, une menace latente qui ne cesse de se renforcer.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/24/gare.htm

    C’est une petite gare tout ce qu’il y a de plus banal : érigée en pleine révolution industrielle sur les trajectoires du charbon, elle suit un modèle architectural à l’anglaise. Elle est classée monument historique, rien de transcendant à vrai dire. Et lorsque j’ouvre la porte (c’était un court détour entre deux projets), quelle surprise !

    L’intérieur est entièrement boisé, on se croirait dans un chalet de Laponie. Il ne manque que le froid, les caribous et le feu qui crépite dans la cheminée. Bon oui, d’accord, ça fait beaucoup d’éléments manquants. Reste que j’ai été séduit par cette ambiance chaleureuse toute boisée, de grosses poutres massives si anciennes. Pour le moins surprenant dans une gare !

    Si ce n’est qu’il y a carrément danger pour ce beau patrimoine. Le lieu est squatté, le mobilier pillé, des traces de feu pour se réchauffer. J’ai tenté en novembre un dossier d’urgence auprès de France Bleu et du Midi Libre, pour sauver un minimum. Réponse : c’est à vendre. La quatrième fois en deux ans. Une annonce, laquelle donc ? Le Bon Coin qu’on me dit. C’est introuvable ; ailleurs il en est de même.

    C’est se battre contre des moulins et des fois, honnêtement ça peut être fatigant. D’inlassables constats répétitifs : c’est si dommage de laisser ça à l’abandon, etc. etc. ? Non il ne faut pas lâcher l’affaire. Un lieu aussi étonnant doit être sauvé d’un stupide incendie.

  • Urbex - Département de l’Allier - Le manoir japonais

    Le manoir japonais, voilà un lieu de l’urbex qui a été très connu – trop d’ailleurs puisqu’il a rencontré un vandalisme forcené. Tout y est retourné. Depuis 2019, il est devenu l’ombre de lui-même. Le lieu est désormais totalement refermé depuis octobre-novembre 2023.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/24/japonais.htm

    Du côté de l’esthétisme, mes photos sont réduites à la purée de panais sauce fade. Manque de lumière, locaux saccagés, ce n’est pas gratifiant. Par contre après une recherche entrainante, j’ai la chance de pouvoir vous présenter aujourd’hui l’histoire de ce lieu.

    Il s’agit d’un endroit qu’on appelait, dans le temps, le château carré. Propriété de Louis, un notaire influent, il a été transmis à sa sœur, Lucienne. Cette dernière, au gré d’une histoire mouvementée, n’a pas été reconnue à la naissance. Ce n’est qu’à sa majorité qu’elle trouve le nom de son père ; la mère quant à elle reste inconnue.

    Aisée, Lucienne évolue dans une vie rurale plutôt monotone. Elle se dédie assez tôt à l’art, elle en a les moyens, le temps disponible aussi, et trouve un succès local.

    Lucienne est née le 11 février 1902 et décédée le 4 janvier 1964. Informations recueillies auprès de la mairie, elle n’a même pas été inventoriée à l’insee. Un fantôme cette dame. Dingue. Elle est partie avant son grand frère, il est décédé en 1967.

    Dans les dernières années de sa relativement courte vie, elle se passionne pour la sorcellerie, l’ésotérisme, les contes et les légendes, la puissance des pierres. C’est ce qui explique l’aspect très particulier du lieu, éclectique, à savoir une décoration multiculturelle d’un goût précieux, de la géologie, de l’Egypte antique, des tonnes de livres.

    Elle se passionne très fort pour un sujet puis passe à autre chose, sans cesse en effervescence, sans cesse plongée dans un puits sans fin (un puits sans heures d’ailleurs) de sujets variés. Elle tient des conférences, excentrique, elle sort systématiquement avec un chapeau bizarre. Elle est curieuse, attire l’attention, la presse s’intéresse à elle.

    Le manoir a été abandonné durant 55 ans sans que rien ne bouge. L’urbex est venue démolir le sanctuaire en 4 ans. Fait curieux, il ne subsiste pas le moindre gramme de manuscrit. D’aucune valeur marchande ces papiers…, cela me fait penser qu’ils ont été sauvés, et c’est tellement tant mieux.

    Aujourd’hui à peu près plus personne ne se souvient d’elle, cette petite Lucienne, hormis quelques historiens locaux. Elle a la croix de Chevalier du Mérite National. Elle est inhumée en totale discrétion au cimetière de la ville. Nom effacé sur le marbre, de l’usure c’est tout, c’est grâce à la mairie que la sépulture a été retrouvée. Merci à Pierre Ville pour la recherche et la photo de la tombe. Voilà donc la petite histoire de ce lieu dont les volets viennent probablement de se refermer pour très longtemps.

  • Le château Hélix, un château abandonné qui donne le vertige. Comment peut-on laisser à l’abandon un endroit aussi beau, aussi grand ? Ce genre de question revient à chaque fois. On ère de détours en rêves, se l’approprier, rénover, mais à vrai dire le manque de réponse reste criant. On ne sait pas.

    Derrière à la radio ou dans les journaux, le manque de logement se fait criant – hurlant presque, des gens des enfants dehors : et voilà un château de plus livré à la déréliction.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/24/helix.htm

    Ce château est surtout connu pour la beauté de ses escaliers en spirales. Légèrement asymétriques, elles donnent un aspect de volute, comme une fumée évanescente qui tourbillonne. On pourrait l’appeler aussi le château escargot du fait de l’enroulement de la coquille. Se promener dans ce lieu à la dimension infinie donne le vertige.

    C’est un lieu qui se visite avec lenteur, tant la vue majestueuse sur les alpages est splendide. Son histoire est jalonnée de mystère, mais tout du moins ce fut un centre de vacances (d’où les skis et les alignements de chambres) puis un centre de désintoxication pour toxicomanes. Activité plus discrète, il ne subsiste de cette dernière que quelques papiers moisis et éparpillés dans je ne sais quels recoins de greniers.

    Ce château est une échappée hors du temps, dans les colimaçons des escaliers un enivrement ; on en repart dans la sérénité et le manque : déjà se quitter. Nul doute que ça n’a pas été abandonné par choix délibéré. Les frais faramineux ont dû conduire à cela. Il serait très grand temps de le reprendre.

  • La colonie des avions, c’est une ancienne colonie de vacances qui accueillait les enfants depuis un peu plus de trente ans. Tout ça de bonheur accumulé, pour des jeux et randonnées de fou en montagne l’été, du ski en hiver, de l’escalade au beau milieu de tout ça. Cette colonie ultra-solitaire attend avec nonchalance que les heures passent, elle se dore au soleil.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/24/colonie.htm

    Les lieux sont presque exempts de vandalisme, tout est intact : le sens du détail est poussé jusqu’à ce que les tables soient dressées avec le nécessaire de petit-déjeuner. La grande salle de barbecue était taguée, elle ne l’est plus ; c’est rénové. Cela m’intrigue et c’est après une recherche opiniâtre que je me rends compte que le bâtiment est à vendre. Pas cher pour le magique que cela représente.

    Les dernières photos que j’en trouve, c’est en 2018. Qu’est-il arrivé ensuite ? Moins d’activité, plus d’activité du tout ? Pourtant une collaboration avait été établie avec l’ONF pour la gestion du parc arboré et des découvertes de la faune et la flore avec les enfants. Peut-être trop de colonies, la société en possède 27 dans le monde. Ou des ennuis administratifs ? Des échanges de courriers très secs ont lieu avec le préfet en 2019.

    De nombreuses personnes sont revenues vers moi, reconnaissant le site. Très nostalgiques de ces moments d’enfance : c’était du merveilleux en tout et pour tout. Cet endroit a regroupé des mémoires très bénéfiques. Les témoignages mériteraient d’être collectionnés. En attendant, je vous promène dans une ambiance tellement chaleureuse, qui appelle si tant à une petite sieste rassérénante, bercé d’un soleil bienfaiteur – et plein de rêves d’enfance !

  • Urbex Lyon – La Ficelle des Morts

    La Ficelle des Morts, en voilà un nom curieux. Il s’agit d’une urbex localisée à Lyon, dont l’accès est des plus compliqués. Retour sur cet endroit étonnant et quelques explications historiques.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/24/ficelle.htm

    Au tout départ, peu avant 1900, il est décidé de construire un funiculaire reliant la gare Saint-Paul au cimetière de Loyasse. C’est en réalité une histoire à la Lyonnaise, c’est-à-dire une géographie compliquée de coteaux bien pentus et d’escaliers interminables. Sur le papier, le funiculaire s’annonce comme une histoire semi-miraculeuse : c’en est fini de ces pentes abruptes sur Fourvière, un transport s’organise.

    Le but est de transporter les passagers, tout en gardant à l’idée qu’un wagon reste destiné à de la marchandise et surtout… aux morts en direction du cimetière de Loyasse. Toutefois, la population n’est pas au rendez-vous et la ligne de funiculaire se voit déficitaire dès la première année.

    La Ficelle des Morts, c’est un tunnel aux dimensions pharaoniques, traversant des terrains de mauvaise qualité, gorgés d’eau ou de trous. Il ne faut que peu de temps pour que des éboulements aient lieu dans le tunnel.

    Chaque année calamiteuse qui passe prend de plus en plus le goût amer de la faillite. Plus grave encore est la déstructuration des sols à proximité de la basilique de Fourvière, celle-ci étant déjà sous-minée par la galerie du Rosaire. La basilique est non-loin de bouger, aujourd’hui encore. Un pan entier du jardin du Rosaire est fermé à toute fréquentation.

    Quand c’est un désastre, c’est un désastre. La Ficelle des Morts ferme en 1937, cumulant à son compteur pas mal d’années de cessation d’exploitation. Aujourd’hui, il s’agit d’un tunnel qui totalise 514 mètres de longueur, radicalement difficile à visiter, en état d’abandon complet. Un plaisir que cela représente, aujourd’hui, celui de pouvoir vous présenter ce lieu insolite et méconnu.

  • La clinique de la Vigne

    Cette clinique abandonnée figurait sur la liste d’attente depuis si longtemps… Elle a été déménagée puis abandonnée en 2012. La structure était vieillissante. Pour améliorer les soins, il a été décidé de tout regrouper dans un bâtiment flambant neuf.

    Le reportage complet est disponible ici : https://tchorski.fr/24/cliniquevigne.htm

    Le bâtiment est dans un état de ruine alarmant et ce n’est un mystère pour personne. La structure a subi d’innombrables strates de vandalisme : la casse, les tags, les ordures, l’incendie. Comment peut-on en arriver à un tel degré d’ignominie ? Reste que la structure hospitalière reste bien visible, c’est agréable à parcourir.

    Lorsque j’ai commencé à en parler sur les forums, j’ai été contacté par de très nombreuses personnes, qui m’ont appris que la clinique a été rachetée récemment. Elle sera transformée en salle de spectacle d’une capacité de 1000 personnes, avec une vocation pluridisciplinaire : bar, restaurant. Le bâtiment ne sera pas démoli mais réhabilité.

    Le voisin direct possède deux American Bully XL. Lorsque l’on passe la très bruyante palissade en métal (elle ballotte et elle claque), ça gueule sévère ! Ce voisin m’a contacté, il est épuisé par le vandalisme et on peut sincèrement le comprendre. A l’annonce des travaux, il a dit : ça va prendre du temps. Mais rien que le fait d’avoir les travaux à côté, on est vraiment heureux, à tel point que ma femme en a pleuré. On n’y croyait plus.

    Je vous invite donc à une visite de dernière-dernière minute. L’ouverture de la salle de spectacle est envisagée pour fin 2024.

  • Une demeure abandonnée qui m’a carrément marqué, la maison de Jeanine. Honnêtement ce n’est pas tant pour la maison, qui a été retournée pour du vol, mais plus pour ses habitants. Un bon gros paquet de courriers a mené à comprendre quelques passages de vie ; un petit tas de photos a permis de voir les regards d’antan : percevoir, ressentir.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/24/jeanine.htm

    Jeanine c’est pour ainsi dire une petite part enfouie de nous tous. Elle est la petite grand-mère qui n’a pas le moral et qu’on croise au supermarché tous les samedis, elle est cette petite dame enfermée dans une grosse solitude mélancolique. Elle est de ces gens : on passe devant, on ne s’arrête pas, on ne se parle pas, surtout on ne savait pas.

    L’historique est retracé dans le documentaire, enfin, ce que l’on sait – c’est peu de choses à vrai dire. On serait vite amené à imaginer ce qui manque, de fausses pistes parfois. Certaines recherches prennent longtemps. En urbex la plus longue pour moi, 17 ans.

    Nous irons au cimetière pour fleurir sa tombe. C’est devenu un indispensable. Bref comme quelqu’un de la famille ou presque. C’est bizarre, c’est incongru, mais ce n’est pas abject. C’est un peu comme un { stupide } sentiment de justice. Je l’ai tenu en main, ce courrier relatant la détresse au téléphone, les pleurs qui ne cessent plus. Tu aimais les chiens, plein de lettres décrivent ta gentillesse, ta gaieté aussi.

    Sur un mur du salon, il est écrit en grand : Fuir aussi vite que possible, cette maison est encore habitée par des âmes sombres. Et si au contraire, on prenait le temps d’un moment de bienveillance ? Aujourd’hui avec toi, demain avec des vivants qui en ont besoin. Jeanine, voilà deux inconnus qui débarquent, onze ans après ta disparition. Âme en errance, puisse cela contribuer à apaiser.

  • J’ai eu la très grande chance d’être invité par la Radio RCF, afin de présenter l’urbex dans sa globalité et plus précisément en Auvergne. L’émission dure 23 minutes.

    https://www.rcf.fr/culture/linvite-du-1112?episode=422776

    Dans la seconde partie de l’émission, qui est moins généraliste, j’ai l’occasion de présenter la démarche qui consiste à rechercher la tombe au cimetière, lorsque la maison abandonnée concernée comporte des lettres, des factures, donc l’essentiel : un nom.

    Je vous encourage tellement à aller déposer quelques fleurs des champs sur la sépulture, ça donne un sentiment de reconnaissance, de respect, de complétude, d’appartenir quelques instants à la famille.

    La démarche est à contre-courant, c’est peu habituel j’ai l’impression. Pourtant ça donne de la bienveillance à la société, et je crois intimement qu’en ce moment plus que jamais, on en a besoin.

  • Urbex : L’église du Bon Secours, un reportage sur cette grande église abandonnée au cœur de la Croix Rousse.

    Lorsque j’arrive sur place, comme tout le monde je m’interroge quant à l’accès aux lieux. Il s’avère, sans nul doute, que ce sera difficile ; c’est d’ailleurs réputé pour cela.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/24/bonsecours.htm

    En toute première logique, je m’oriente sur la petite rue en escalier à droite. Cela parait tellement évident. Là je tombe avec surprise sur un groupe de pompiers, s’interrogeant sur l’église. Cela augure du très-très mauvais me concernant, bouh pas de chance.

    Mine de rien, je m’assois sur les marches de l’escalier et commence à écouter les conversations. Les pompiers discutent sans discrétion, ce qui est bien là pour m’arranger pardi.
    – Allez, j’aimerais quand même bien rentrer là-dedans !
    – Oui mais comment faire ? Je n’ai trouvé aucune sonnette, à qui pourrait-on demander ?
    – Tu te rends compte qu’il y a des gars qui entrent dans s’t’église comme des sauvages, ils escaladent les façades, c’est incroyable. Moi ça me révolte.
    – N’empêche que j’aimerais bien voir l’intérieur, mais comment faire, comment faire ? Y’aurait pas un curé à qui demander ?
    – On a déjà fait le tour deux fois, c’est fermé.

    Ils repartent de leur emplacement, sans trop savoir que faire, essaient de téléphoner, puis finalement comme diraient Les Inconnus : ils sont broucouille.

    Mon heure arrive, et dès lors je continue d’explorer. L’église est localisée juste devant une école d’art, avec un vis-à-vis plus que flagrant. Cette école artistique m’embête beaucoup. Nous sommes en période de canicule, les fenêtres sont toutes ouvertes. Adossés au mur, nonchalants, deux élèves sont en train de dessiner le fronton de l’église. Je râle ! Je peste ! Je me dis, il faut justement que ces types soient là maintenant, peuchère ! Le temps passe, vais-je devoir abandonner ?

    L’un des deux élèves me regarde et me demande avec spontanéité : eh, tu voudrais rentrer dans l’église toi ! Je rends un sourire qui ne répond pas, mais qui en dit long sur mes intentions. C’est alors que je me rends compte de la qualité de leur dessin. Je crois que ma petite fille de 2 ans, Ava, ferait mieux qu’eux ! En réalité, ces deux personnes espionnaient les pompiers, et en toute discrétion, attendaient que le temps passe afin de rentrer eux-mêmes dans l’église ! Un vrai travail d’artiste.

    L’heure des seins (ahah c’est de la reconnaissance vocale !). Leur dessin, donc !, m’a fameusement fait rire. C’est alors que vient le moment le plus difficile, entrer devant tout le monde. Pas évident.

    C’est une très belle église qui mérite d’être mise en valeur, cependant il est à déplorer le nombre de graffitis hideux et d’insultes taguées sur les murs. Après un reportage qualifiable d’assez rapide, nous prenons la poudre d’escampette, chacun de notre côté. Ce fut une rencontre formidablement amusante. C’est que cela devait arriver !

    C’est avec plaisir que je partage quelques photos avec vous, ainsi que cette belle histoire, qui rajoute tout autant du charme à cette église. L’église des deux beaux artistes !

  • Est-ce une urbex, est-ce une promenade ? Le lieu se révèle un curieux entre deux. Le portail d’entrée laisse à penser à une urbex rurale plutôt classique, l’intérieur du site témoigne d’une promenade carrément agréable avec les enfants. Tout le long, cet endroit va prendre ces deux visages.

    Alors une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’urbex avec les enfants.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/24/marguerite.htm

    La promenade dont on parle aujourd’hui est une ancienne usine d’embouteillage d’une eau minérale naturellement gazeuse, localisée à Saint-Maurice-ès-Allier dans le Puy-de-Dôme. Certes c’est isolé, ce n’est pas Le Louvre. Pourquoi pas enregistrer le point et y aller au gré d’un passage par là, des vacances un de ces jours ?

    L’usine a été abandonnée au profit d’une installation neuve ultra-moderne de l’autre côté de la route. Il y est produit la Sainte-Marguerite pour Intermarché.

    Dans le site abandonné, on trouve une myriade de sources amusantes : elles font des bulles. C’est fortement minéralisé, donc ça sent de curieuses odeurs puissantes. Et puis le caractère franchement amusant, c’est que dans une petite mare aux grenouilles, toutes les 20 minutes se forme un geyser de 4 minutes. Splitch splach splosh, de l’eau partout, c’est beau, c’est original, on s’amuse.

    Pour les plus grands, la maison comporte une belle quantité de papiers. Immédiatement la passion a monté dans mon corps, j’ai tout fouillé-trié-photographié, c’est mon activité préférée... Il s’agit de nombreux courriers échangés entre un père et son fils, au sujet de la gestion des eaux minérales. Georges Humbert y signe la direction durant de nombreuses années. Je n’ai pas retrouvé sa tombe, où est-il ?

    D’un point de vue pédagogique, ça permet de montrer les sources, les résurgences, les pompes. Aussi, ça permet d’expliquer d’où vient l’eau de la bouteille. Attention malgré tout que le lieu est bourré de résurgences, donc il y a de l’eau partout ! C’est une urbex qui permet de retourner en enfance ; c’est très simple, pas forcément fou-fou, mais en tout cas ça fait du bien.

  • Le saviez-vous ? Privas est une termitière. En sous-sol de Privas s’étend une immense mine de fer, divisée par quartiers. Elle émane de travaux anciens, datant principalement de la révolution industrielle. Le minerai y est incroyablement rougeoyant, c’est de toute beauté.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/16/rouge-01.htm

    A l’époque, nous disposions d’un accès pour la visiter, mais à la suite de travaux, nous ne possédons plus d’aucune entrée. C’est une mine qui a été creusée avec soin, ça se voit d’ailleurs ; elle est en très bon état.

  • Les thermes roses

    Les villes thermales ont souvent un petit quelque chose de particulier qui les rend formidablement attachantes ; seraient-ce les casinos, les hôtels fastueux, cette impression de luxe ou chaque petit détail compte ? En cela Vichy figure dans les têtes de liste.

    C’est de la sorte que j’ai commencé à m’intéresser aux bâtiments de thermes abandonnés, tout en ayant l’étonnement qu’il y en ait un sacré paquet : verts, roses, bleus, trois établissements de jaunes, le multicolore, deux établissements de blancs. Et encore, chaque mois viennent s’ajouter de nouvelles découvertes.

    Il est de fait que certains centres thermaux ne se portent pas forcément bien, certaines faillites attendent au coin de la rue. Rennes-Les-Bains semble quelque peu haï par son public, cela n’augure rien de bon.

    Aujourd’hui je vous amène dans un lieu très connu, mais qui pour autant témoigne d’un faste somptueux : ce bâtiment est une pure merveille d’architecture, les thermes roses.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/24/thermesroses.htm

    Aussi étonnant que ça soit, la construction de ces thermes n’est pas ancienne, il s’agit du tout début du XXème siècle. Il existait une station thermale en lieu et place, elle a été rasée afin d’implanter ce bâtiment. Il est établi sur les résurgences d’eau chaude, de manière à capter les sources.

    La fermeture de l’établissement date d’il y a 20 ans. La mairie a alors racheté la structure à l’euro symbolique, afin de la protéger des dégâts qui progressent à toute vitesse. Les bâtiments ont été vendus il y a quelques années pour plus de 700.000 euros. La société immobilière qui a acheté est conspuée par les clients pour le fait de ne tenir aucun délai, ce qui peut expliquer que le bâtiment soit toujours nulle part aujourd’hui. Le projet consiste à la construction d’un hôtel de luxe, de chambres avec balnéo, piscine, spa, restaurant, salle de séminaire.

    Les thermes roses sont parmi les plus beaux de France, sans exagération aucune. Ils sont la mémoire vivante de ce que furent les cures thermales en début du XXème siècle, notamment cette exubérance de faste et de richesse. La ville elle-même semble tout droit sortie d’un Claude Lelouch grandiloquent.

    L’extérieur est basé sur une architecture inspirée de l’antique, notamment avec les grosse colonnades imposantes. L’intérieur me fait penser à du rococo italien, avec le déluge de marbres, de stucs, de moulures.

    Le bâtiment est composé d’un vaste hall d’accueil appelé promenoir, qui témoigne d’un style très affirmé sur le faste : marbre rouge pour les colonnes, stucs à foison, toiture en moulures. Le tout, même s’il est exubérant, témoigne d’un bon goût équilibré. Derrière se trouve un vaste atrium couvert d’une verrière, c’est le patio.

    Les thermes sont étagés sur deux niveaux, formant un vaste rectangle autour de l’atrium, avec un côté dames et un messieurs. Les locaux qui réceptionnent les sources sont à ce jour glauques : ça souffre d’humidité. L’ensemble est sinon composé de vestiaires et de cabines de soins. Tout est en mosaïque de faïence, ce qui est d’une extraordinaire beauté.

    Les lieux sont actuellement visitables lors de certaines journées du patrimoine. Le site est classé à l’inventaire supplémentaire, ce qui est plutôt positif. Il est seulement à espérer que la transformation ne soit pas trop destructrice quant à cet exceptionnel reliquat du passé.

  • Le couvent abandonné

    Très connu dans le milieu de l’urbex, il s’agit d’un lieu possédant une histoire relativement muette. La plus grande problématique quant à l’historique des lieux, c’est que nous n’avons pu obtenir que du non sourcé. Il est aisé de deviner combien de simples vérités banales peuvent devenir des ponts au-dessus de l’Atlantique. Somme toute méfiance donc, c’est essentiel.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/23/couvent.htm

    Sa création remonte à 1835, période de laquelle les terrains sont légués à titre gracieux selon toute vraisemblance, du châtelain local vers une congrégation de sœurs ursulines. Il s’agit de moniales se vouant à la contemplation et l’enseignement. En 1837, l’établissement religieux est établi et permet d’installer une vingtaine de religieuses. C’est en tout cas ce que la structure du bâtiment peut laisser à penser. Site discret bien sûr, une vocation d’enseignement et de bienfaisance ; il ne ressort pas l’impression d’une vocation de dureté à l’égard des enfants (tout du moins je n’ai pas ressenti ça).

    En 1904, la laïcité s’installe graduellement en France, la loi contre les congrégations est passée, ce qui empêche les moniales d’enseigner. Au gré d’une violence qui s’exacerbe, elles seront chassées du village et dispersées du jour au lendemain. Certaines se voient exilées dans une congrégation plus reculée, lieu duquel ressort quelque peu de fantaisie (il s’agit surtout que l’on en sait rien) : en 1927, il parait qu’une épidémie de choléra a décimé les dernières moniales, c’en est fini de l’ordre.

    C’est en cette année, cause de vacance définitive peut-être, que le site des ursulines est converti en colonie pour enfants d’ouvriers. On pressent déjà les premiers frémissements qui seront chers à Léon Blum à peine une décennie plus tard. Dans cet ordre d’idée, ce lieu d’accueil ira grandissant, en toute logique. De la longue période qui suit, on ne sait rien.

    La plongée reprend en 1970, avec la fermeture de la colonie de vacances. En ces temps alors, c’est transmis de main en main, des privés qui font des travaux, mais trop peu, puis délaissent le site à son triste sort. Le bâtiment se voit totalement abandonné, la situation actuelle étant un paroxysme d’absence de gestion.

    Du coup, on y observe la toute grande déglingue des lieux par trop négligés. Les tags hideux ont défiguré la chapelle, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Devant le bâtiment se trouve un tel dépôt sauvage de pneus, c’est une déchetterie inacceptable. Le site sert à l’airsoft, mais au moins eux ne détruisent quasiment rien. Quel avenir pour un tel endroit ? Bâti de galets et de pisé comme cela se veut en cette région, probablement aucun. La ruine.

    La végétation a terriblement envahi les lieux, nous sommes bien-sûr trop tard pour visiter – ne pouvant être partout. C’est déjà pas mal après tout. Voici quelques photos de ce qu’il en reste.

  • Encore un hôtel trouvé par hasard, par une encore-déviation ! Peuchère, c’est à croire qu’il faudrait quasiment s’obliger à des inhabitudes et des déviations ubuesques, parce que là cet hôtel comme dirait mon frère : il dépote sa mémé (ça ne se dit pas, ah bon, allez…) Bon bref c’était un jour de retour ; je faisais les courses de dernière minute pour ma petite Ava, le lieu inhabituel, vraiment. Retour au plus court, une campagne isolée à tel point que les toponymies me sont même inconnues, et là… il se dresse seul sur son croisement routier : l’hôtel désaffecté sur aucune carte. Ah mais non j’ai un rendez-vous… Tant pis j’y vais !

    L’intérieur révèle un hôtel très-très à l’ancienne, tel qu’on peut l’imaginer dans les terres les plus reculées de l’Aubrac ou du Cézallier. Ce qui m’a le plus choqué, c’est la présence d’un poêle à charbon dans chaque chambre, comme si l’on se projetait dans une curieuse période de l’après-guerre, un monument figé comme ça, une petite magie étoilée de bonheur.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/23/joseph.htm

    Nous ne possédons aucune documentation solide – comme bien souvent dans les petites structures civiles – mais par contre des suppositions solides. L’hôtel appartenait à Joseph. Il a pris sa retraite en 1968. Un courrier du Maire du village, s’excusant par avance de son absence, en témoigne. Par la suite, tout laisse à penser que Joseph a habité au rez-de-chaussée, l’étage s’est par contre retrouvé pétrifié, plus rien n’a bougé. Donc les chambres… dernier voyageur, il y a 55 ans… D’accord, il se trouve une certaine forme de logique à voir ce que l’on voit.

    Joseph pourrait être décédé en 1996, cela reste à vérifier. Je dois encore me rendre au cimetière du village pour honorer sa tombe de quelques fleurs des champs. Les volets de la maison ont été fermés et puis voilà, plus rien durant très longtemps, quelques souris affairées sous les toitures, jusqu’au jour inévitable où a eu lieu le classique pillage. Ils n’ont pas dû trouver grand-chose ; idiotie habituelle, on ne changera pas le monde d’un coup de baguette magique.

    Dans le grenier, des papiers en pagaille sont éparpillés dans les monceaux de poussière. Je dispose d’une photo de Joseph, mais celle-ci est récente, je ne la poste pas. Par contre, il se trouvait un album comportant quelques collodions humides, vous voyez cette méthode bon marché de 1920 – 1930, qui donne ces photos assez pâles. Les portraits, sans nul doute de Joseph enfant et sa petite sœur. On ressent tout de suite la dureté âpre de ce lieu de campagne reculée (je ne vous raconte pas l’hiver là-haut), le côté un peu rêche, frustre, des visages : pauvreté banale d’une paysannerie de l’arrière-France, des gens de grande valeur.

    C’est de la sorte que je referme la porte de l’hôtel, ah bah non il n’y en a plus, elle est brisée. Je suis en retard à mon rendez-vous, un inévitable grand classique ; est-ce là ce qui me fait tant aimer cette vie débridée ? Dehors nous sommes en 2023, dedans, juste derrière cinquante ans en arrière et ce lieu que je quitte avec beaucoup de respect. Nous sommes au printemps, les bergeronnettes envahissent la route sans se préoccuper de quoi que ce soit. J’arrive, Ava est là toute belle, les chèvres se sont barrées, Taïro a bouffé deux lapereaux. Une autre vie, un saut : dès lors sautons vite, mais avant de partir, merci.

  • Encore un hôtel trouvé par hasard, par une encore-déviation ! Peuchère, c’est à croire qu’il faudrait quasiment s’obliger à des inhabitudes et des déviations ubuesques, parce que là cet hôtel comme dirait mon frère : il dépote sa mémé (ça ne se dit pas, ah bon, allez…) Bon bref c’était un jour de retour ; je faisais les courses de dernière minute pour ma petite Ava, le lieu inhabituel, vraiment. Retour au plus court, une campagne isolée à tel point que les toponymies me sont même inconnues, et là… il se dresse seul sur son croisement routier : l’hôtel désaffecté sur aucune carte. Ah mais non j’ai un rendez-vous… Tant pis j’y vais !

    L’intérieur révèle un hôtel très-très à l’ancienne, tel qu’on peut l’imaginer dans les terres les plus reculées de l’Aubrac ou du Cézallier. Ce qui m’a le plus choqué, c’est la présence d’un poêle à charbon dans chaque chambre, comme si l’on se projetait dans une curieuse période de l’après-guerre, un monument figé comme ça, une petite magie étoilée de bonheur.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr/23/joseph.htm

    Nous ne possédons aucune documentation solide – comme bien souvent dans les petites structures civiles – mais par contre des suppositions solides. L’hôtel appartenait à Joseph. Il a pris sa retraite en 1968. Un courrier du Maire du village, s’excusant par avance de son absence, en témoigne. Par la suite, tout laisse à penser que Joseph a habité au rez-de-chaussée, l’étage s’est par contre retrouvé pétrifié, plus rien n’a bougé. Donc les chambres… dernier voyageur, il y a 55 ans… D’accord, il se trouve une certaine forme de logique à voir ce que l’on voit.

    Joseph pourrait être décédé en 1996, cela reste à vérifier. Je dois encore me rendre au cimetière du village pour honorer sa tombe de quelques fleurs des champs. Les volets de la maison ont été fermés et puis voilà, plus rien durant très longtemps, quelques souris affairées sous les toitures, jusqu’au jour inévitable où a eu lieu le classique pillage. Ils n’ont pas dû trouver grand-chose ; idiotie habituelle, on ne changera pas le monde d’un coup de baguette magique.

    Dans le grenier, des papiers en pagaille sont éparpillés dans les monceaux de poussière. Je dispose d’une photo de Joseph, mais celle-ci est récente, je ne la poste pas. Par contre, il se trouvait un album comportant quelques collodions humides, vous voyez cette méthode bon marché de 1920 – 1930, qui donne ces photos assez pâles. Les portraits, sans nul doute de Joseph enfant et sa petite sœur. On ressent tout de suite la dureté âpre de ce lieu de campagne reculée (je ne vous raconte pas l’hiver là-haut), le côté un peu rêche, frustre, des visages : pauvreté banale d’une paysannerie de l’arrière-France, des gens de grande valeur.

    C’est de la sorte que je referme la porte de l’hôtel, ah bah non il n’y en a plus, elle est brisée. Je suis en retard à mon rendez-vous, un inévitable grand classique ; est-ce là ce qui me fait tant aimer cette vie débridée ? Dehors nous sommes en 2023, dedans, juste derrière cinquante ans en arrière et ce lieu que je quitte avec beaucoup de respect. Nous sommes au printemps, les bergeronnettes envahissent la route sans se préoccuper de quoi que ce soit. J’arrive, Ava est là toute belle, les chèvres se sont barrées, Taïro a bouffé deux lapereaux. Une autre vie, un saut : dès lors sautons vite, mais avant de partir, merci.

  • Le village vacances abandonné - Au tout départ, j’avoue que je n’aurais pas spécialement imaginé qu’il y en ait autant. Abandonnés, je veux dire, pour toute précision utile ! Qu’est-il arrivé à celui-ci ? L’histoire ne nous l’écrit pas dans un recoin de texte enfoui dans le passé, les témoignages n’ont pas plus afflué à nous ; comme souvent, on découvre au gré de recherches, une fois sur place c’est le paquet-surprises, puis après c’est le grand vide du silence qui hurle son absence d’information.

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr

    C’est par un grand détour dans les prés qu’on accède à ce village vacances. Les herbes sont hautes, il est vite fait de mettre le pied dans un ruisseau formant marécage, le coin est humide. On croise la très vieille ferme de Fernande, laquelle sombre et étouffante n’offre pas grand chose d’attachant, puis voilà enfin émergent les bâtiments du village vacances.

    Les bâtiments portent les noms des continents, ils ne sont pas tous accessibles. En contrepartie, ils sont tous identiques. Au départ on aurait bien cru que tout était archi-clos, toutefois certains sont grand-ouverts. Ce qui frappe avant tout, c’est la très très très mauvaise qualité de la construction : que des matériaux à bas coût là-dedans. En-deça de tout ce qu’on peut imaginer, les toitures en bardeaux goudronnés se sont avérées on ne peut plus catastrophiques. Désormais c’est un vaste univers d’infiltrations, de moisissures, de champignons. Est-ce cela qui a précipité la fermeture, rénovation casse tête ? Est-ce un point de rupture économique qui a été atteint ? Mystère. Quoi qu’il en soit, la mairie a mis le lieu à vendre ; c’est courageux honnêtement, fardeau qu’un tel barda de bicoques.

    A un moment je suis appelé : ça va te plaire, j’entends ! En effet, par deux fois sur des murets, des paquets de photographies sont soigneusement déposés, datant de la grande époque où ça devait tourner à fond. Jeux des enfants, chevaux, piscine, salle de danse, ça sent l’été, ça sent les cris des enfants, ça sent les foins. Tous ces inconnus sur les photos, ça date de 1989, ils ont quel âge aujourd’hui ? Combien de villages vacances tournent cet été, maintenant, puis seront les visites de nos vieux jours dans 25 ans ?

    Elle fait partie des inattendues, cette colo. Sympathique visite rurale laissant un souvenir diffus d’un moment simple et plaisant.

  • La piscine tournesol - Pour tous ceux qui, lorsqu’il s’agit de dire leur âge, sont dans les 4 ou les 5, ça signifiera sans faille la réminiscence des souvenirs d’enfance ; on y a tous été ! Les cours à l’école pour apprendre à nager, le mardi soir avec maman ou du genre, tout ça en vrac. D’ailleurs c’était un peu nul, mais on se marrait quand même bien à pousser les copains dans l’eau. Cette putré de flotte trop froide, peuchère on se gelait en février !

    Le documentaire complet est disponible ici : https://tchorski.fr

    Les piscines tournesol ont toutes été bâties vite-fait, grasse mélodie plastifiée des années 70. A l’époque, les huiles politicardes avaient la volonté d’augmenter drastiquement le nombre de piscines en France, pour une dépense faible. Du coup, la Tournesol est un objet industriel préfabriqué. Elles sont toutes les mêmes, sauf quelques détails : la couleur de la coque, quelques détails de fenêtres, etc... Mais donc oui, un objet identiquement conçu à l’arrache, qu’on monte vite : charpente-métal copié-collé et plastique à tout va, de l’eau là-dedans, des tickets d’entrée et plouf-basta !

    L’histoire est belle, mais ça barde directement. Il en est attendu 1000, seules 250 seront montées en quatre ans, toutes un peu à l’extérieur de villes moyennes. Les dysfonctionnements apparaissent aussi vite que des mouches grasses sur une bouse de vache, paf ! Matériaux plastique : on crève de froid l’hiver, sans isolation ça migre vite sur la débâcle du pétrole à tout va pour chauffer le bassin. Les matériaux crament sous le soleil estival, ça se dégrade – surface du plastique comme poudreuse – infiltrations aux premières pluies venues ; les bassins sont petits, la population en vient graduellement à s’en désintéresser. Le plastique c’est fantastique, sauf que les rénovations / adaptations sont impossibles ou seulement à très haut coût. Bon et bien voilà la fin de l’histoire : faillite systémique : clap de fin la Tournesol est cuite.

    Celle que nous visitons ne fait pas exception. Elle sera démolie. Peut-être même à l’heure de ces lignes, c’est déjà le cas. Il sera construit le siège social d’une grosse société à la place, pour des gros légumes administratifs qui cracheront du papier inutile à longueur de journée. Plus que jamais, nos photos tiennent lieu d’une volonté de préservation de la mémoire, à la limite on pourrait dire du patrimoine, puisque cela représente après tout un petit morceau de nos histoires collectives, à nous tous j’en suis convaincu.

    J’ai eu un mal de chien à entrer dedans, ils referment très régulièrement. Fallait pas être gros si l’on puis dire ! Et comme je ne casse rien, j’ai joué le jeu, expiration max et hop-hop faut que ça passe (comme papa dans maman diraient certains). Bon un peu la petite souris qui passe dans la fente sous la porte... Dedans, chaleur énorme, une serre ! C’est le jeu. C’était bien chouette en tout cas.