Quand le gouvernement et la FNSEA redessinent la carte des cours d’eau

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  • Des points d’eau ont été effacés des cartes IGN pour ne pas avoir à les protéger des pesticides
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/06/comment-des-points-d-eau-proteges-des-pesticides-ont-disparu-des-cartes-ign_

    Des sources intermittentes ou petits ruisseaux, autour desquels il est interdit d’épandre des pesticides, ont été gommés à la faveur d’une révision du réseau hydrographique.
    De plus, à l’occasion d’une mise à jour du réseau hydrographique menée depuis 2015 sous la houlette des préfets, des sources intermittentes, des cours d’eau – même dotés d’un nom –, des rus de fond de parcelle ont été gommés ou requalifiés en fossés – qui eux ne nécessitent qu’une protection d’un mètre, voire de 30 centimètres par endroits.

    Je rappelle qu’il existe https://www.openstreetmap.org où_vous pouvez modifier les cartes et remettre les cours d’eau.

    #carto #triche #agricole #pollution #paywall

    • "Un nouveau moyen de réduire les superficies sans pesticides est en effet récemment apparu : recenser officiellement moins de points ou de cours d’eau."

      Un rapport sur la protection des points d’eau, commandé par le gouvernement en septembre 2018, publié sur le site du Conseil général de l’environnement et du développement durable le 1er juillet, lève une partie du voile sur les mécanismes qui conduisent à cette absence de progrès. Un nouveau moyen de réduire les superficies sans pesticides est en effet récemment apparu : recenser officiellement moins de points ou de cours d’eau.
      Depuis 2005, en effet, rivières et ruisseaux sont protégés des pollutions diffuses par une zone d’au moins cinq mètres enherbée ou plantée de haies, exempte de tout pesticide. Actuellement, les autorisations de près de 500 produits exigent une bande sans épandage plus large (de 10, 50, 100 mètres ou plus). Mais les règles sont loin d’être respectées. De plus, à l’occasion d’une mise à jour du réseau hydrographique menée depuis 2015 sous la houlette des préfets, des sources intermittentes, des cours d’eau – même dotés d’un nom –, des rus de fond de parcelle ont été gommés ou requalifiés en fossés – qui eux ne nécessitent qu’une protection d’un mètre, voire de 30 centimètres par endroits.

      Possibilité d’interprétations locales

      C’est ce que constatent Bruno Cinotti et Anne Dufour, les deux inspecteurs mandatés par le ministère de la transition écologique et solidaire et par celui de l’agriculture et de l’alimentation pour prendre la mesure d’une situation particulièrement conflictuelle. En moins de deux ans, la nouvelle carte de l’eau a suscité des protestations dans 45 départements où les associations de défense de la nature ont formulé 38 recours gracieux, les organisations agricoles 14, les fédérations de pêche 6 ; de plus 39 recours contentieux ont été déposés devant les tribunaux administratifs de 28 départements.
      Le travail de recensement a entraîné une mobilisation importante, « en particulier des services de l’Etat et des organisations agricoles », selon les deux inspecteurs. Mais « dans de nombreux départements, le jeu d’acteurs et les rapports de force locaux ont conduit à une réduction, parfois forte par comparaison au nouveau référentiel national, du réseau hydrographique protégé par des zones non traitées », observent-ils. Autrement dit, des cours d’eau figurant sur les cartes de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) ont tout bonnement disparu.

      Les services de l’Etat devaient tenir compte des documents de l’IGN, mais également d’autres cartes départementales établies à partir de 2015, en réponse aux « demandes insistantes » de la profession agricole qui voulait exclure de la réglementation les fossés creusés par l’homme, relatent les inspecteurs. Le gouvernement a alors arrêté une nouvelle définition légale du point d’eau. Il s’agit d’un « écoulement d’eaux courantes dans un lit naturel à l’origine, alimenté par une source et présentant un débit suffisant la majeure partie de l’année », sans être forcément permanent.
      Depuis, l’arrêté interministériel du 4 mai 2017 a introduit la possibilité d’interprétations locales, ouvrant la voie à des pressions renouvelées sur le terrain. Cet arrêté, qui remplaçait un précédent de 2016 abrogé pour vice de forme, a lui-même été en partie annulé par le Conseil d’Etat le 26 juin, jugé insuffisamment protecteur à l’égard des riverains et des points d’eau…

      Finalement, les rapporteurs soulignent la grande disparité des arrêtés préfectoraux départementaux. Au moins 44 départements ont à présent « une protection des points d’eau au moins équivalente » à celle d’avant l’arrêté de 2017, tandis que d’autres ont perdu 29 %, voire davantage, de leurs linéaires par rapport aux cartes IGN. Le Pas-de-Calais, Mayotte et la Réunion ne sont pas parvenus à accomplir ce travail. Les inspecteurs décernent, au passage, un bon point à la Bretagne pour le relevé très complet de son réseau hydrographique.

      #pesticides #eau #falsification #Pravda_partout_géographie_nulle_part

  • La nouvelle cartographie des cours d’#eau menace l’intérêt général
    https://reporterre.net/La-nouvelle-cartographie-des-cours-d-eau-menace-l-interet-general

    Comme Reporterre vous le racontait hier, près d’un cours d’eau sur cinq pourrait être déclassé en fossé ou ravine… et ainsi sortir du cadre protecteur de la #loi sur l’eau. « C’est principalement le cas des têtes de bassin, notamment celles des petites rivières », précise Bernard Rousseau, spécialiste de l’eau à France nature environnement (FNE). Ces têtes de bassin sont constituées de rus, de ruisseaux et d’aubettes qui représentent l’arborescence — le chevelu — en amont des rivières et des fleuves.

    Ce #chevelu, bien qu’épars et instable, joue un rôle écologique fondamental. Refuge de #biodiversité, il détermine, de par sa position en amont, la qualité de l’eau en aval. C’est pourquoi « l’enjeu principal est par rapport aux zones de #traitement : au bord des cours d’eau, les traitements phytosanitaires sont très réglementés, ce n’est pas le cas auprès des simples fossés », résume Bernard Rousseau. La directive #nitrates de 1991, l’arrêté de 2006 sur l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, puis le Grenelle de l’environnement préconisent ainsi des zones non traitées et des bandes enherbées de cinq mètres minimum aux abords des points d’eau. Loin d’être symboliques, ces bandes sans pesticide permettent de maintenir un filtre vert, une « zone tampon », afin de limiter les transferts de produits phyto vers les eaux de surface. Ce sont de petites stations d’épuration. L’équation est donc simple : sans zone libre d’épandage, les cours d’eau déclassés vont voir la concentration en pesticides augmenter. « Si l’on se met à traiter en amont, ça se retrouvera en aval. C’est la qualité de notre chevelu qui fait la qualité des cours d’eau », conclut Henri Delrieu, de l’association environnementale Le Chabot.

    #permis_de_polluer comme des #gorets #FNSEA
    Premier épisode https://seenthis.net/messages/573478
    Deuxième épisode https://seenthis.net/messages/573892

  • La #FNSEA veut faire disparaître les petits cours d’#eau de nos cartes
    https://reporterre.net/La-FNSEA-veut-faire-disparaitre-les-petits-cours-d-eau-de-nos-cartes

    Les situations varient de département en département selon les rapports de force locaux. En Bretagne, par exemple, des inventaires des zones humides et des cours d’eau ont été engagés depuis vingt ans par les collectivités locales. « Il y a donc eu peu de conflits lors de la #cartographie, car il existait déjà un inventaire relativement exhaustif, et élaboré de manière collective, explique Gilles Huet. Par contre, dans certains départements, notamment ceux où les associations sont peu actives, les agriculteurs ont fait ce qu’ils voulaient. »
    Résultat, de nombreux cours d’eau pourraient purement et simplement perdre leur statut protecteur à l’issue de la procédure. Il est à ce jour très difficile de chiffrer le nombre de déclassements, car la plupart des cartes départementales ne sont pas finalisées, faute d’accords entre les parties prenantes. La date limite de fin 2016, donnée par le ministère de l’Environnement, n’a donc pas été respectée. Mais les données disponibles sont déjà éloquentes.

    La nouvelle carte (provisoire) des cours d’eau de Seine-et-Marne, communiquée aux associations en juillet 2016.
    D’après nos sources, le déclassement pourrait toucher jusqu’à 20 % des cours d’eau dans certains territoires. Dans beaucoup de cas, par commodité, l’inventaire comprend essentiellement les cours d’eau de la carte IGN au 25.000e, qui représente « une sous-estimation considérable de la réalité de terrain », qui peut atteindre d’après Gilles Huet jusqu’à 30 % suivant les lieux. « L’Institut géographique national n’a pas pour mission de cartographier de manière systématique les cours d’eau, explique-t-il. Résultat, il n’intègre que des éléments du réseau hydrographique évident. Mais tout le petit chevelu, qui correspond aux zones les plus sensibles — les têtes de bassin versant, les zones humides — risque de disparaître. »