Pourquoi partir à l’étranger pour chercher de « l’authenticité » ne sert à rien

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  • @raspa A balancer à tes pioupious juste avant qu’ils fassent leur jeu de la barge rousse (ou du puffin fuligineux as you want) ? :-D
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Puffin_fuligineux
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Barge_rousse

    Pourquoi partir à l’étranger pour chercher de « l’authenticité » ne sert à rien - VICE
    https://www.vice.com/fr/article/a3dqk8/authenticite-voyage-mythe

    Le « voyageur de l’authentique » s’émerveille de ceux qui, « alors qu’ils n’ont rien, vous donnent tout », de l’hospitalité généreuse et gratuite – mais ne s’interroge presque jamais sur le pourquoi nous en serions arrivés à cette société que, souvent, il méprise. S’il est enclin à dénoncer l’égoïsme de sa terre natale, en contraste avec la générosité du pays visité, il rentre plus fréquemment avec « les batteries chargées » qu’avec l’ambition de rejoindre une organisation politique, ou syndicale. Son attitude a, alors, tout du consommateur qui prend – et ne donne pas.

    Or, là se trouve la clé du problème : si le voyageur va admirer superficiellement des sociétés, comme on va au zoo observer des espèces en voie de disparition, il n’en extraira jamais le suc révolutionnaire – seulement une petite satisfaction individuelle. Pis : il ne sera, le plus souvent, qu’un agent actif de la libéralisation du monde et de la généralisation de la transaction marchande comme mode relationnel principal.

    (Franchement, ça attaque dur, mais sur cette problématique de "revenir citoyen du monde", ça pose de vraies questions... sans apporter de réponse miracle, évidemment. On a encore du boulot à faire !)

  • Pourquoi partir à l’étranger pour chercher de « l’authenticité » ne sert à rien
    https://www.vice.com/fr/article/a3dqk8/authenticite-voyage-mythe
    Alors que l’on oppose souvent le touriste au voyageur, on oublie que ce dernier est avant tout un consommateur de clichés.

    Dans ces temps où chacun a l’arrogance d’être plus malin que les autres, il est de bon ton, en matière de voyage, de mépriser « les touristes ». Dans les petits jeux de distinction où s’ébroue l’individu qui croit exister quand il rabaisse autrui, il importe de distinguer le touriste du voyageur. Au touriste, le goût grégaire de choix sans originalité, le besoin de sécurité dans une consommation « conformiste » qui ne laisse aucune place à la rencontre hors transaction marchande ; au voyageur, la singularité d’improviser son parcours au gré des rencontres et des envies. Au touriste, le camping, le Club Med, les offres « all inclusive » et les resorts – soit l’artificialité d’un imaginaire vulgaire de paradis en toc, construit par la publicité ; au voyageur, la « quête de l’authentique », la prétention à toucher l’altérité – comme s’il était possible d’y parvenir lors d’un parcours de quelques semaines, ou de quelques mois. Comme si, d’ailleurs, les autochtones n’avaient pas compris quel bénéfice ils pouvaient retirer à tromper le désir d’authentique d’un voyageur-pas-touriste qui, quoi qu’il en dise, reste d’abord un consommateur – et notamment, un « consommateur de clichés », comme l’écrit Paul Ariès.

    #exotisme @mona (ps : je savais pas que c’était un de vos collègues, sorry)

    • Cette dialectique entre un individualisme libéral et une nostalgie diffuse pour un idéal placé dans un ailleurs fantasmé est, selon nous, le résultat même de la mondialisation. Elle prend d’ailleurs divers visages. Le jihadiste qui assassine au nom d’Allah, le Français juif qui émigre en Israël, le nationaliste qui aspire à débarrasser son pays des impurs, les sympathiques « voyageurs de l’authentique » disposés à monnayer une séance de chamanisme : tous disent, d’une façon très diverse, la grande détresse de sens de l’individu dans une société qui se refuse à produire et affirmer de la valeur, de reconnaître comme fertiles ses « gisements culturels », comme les nommait Cornélius Castoriadis.

      #anomie