La vidéosurveillance est inutile, une étude commandée par les (...)

?lang=fr

    • Le coût de la vidéosurveillance est un facteur central de la réticence de certaines communes à s’équiper en caméras. Pour y remédier, comme nous le mentionnions précédemment (cf Article 1), l’essor des caméras de vidéosurveillance en France s’appuie sur un système avantageux de subventions, par le biais du Fond interministériel de prévention de la délinquance (FIPD). Suite à la réorientation de ce fond national, d’autres acteurs ont pris le relais à différentes échelles, démultipliant les sources potentielles de financement pour les communes et participant donc de la réduction de la part de budget à couvrir. Les incitations financières restent telles que les villes n’ont bien souvent plus que 20 à 40% du budget d’installation à couvrir. Il leur reste toutefois ensuite les frais de fonctionnement et de maintenance.

      Les collectivités territoriales peuvent obtenir jusqu’à 50% de financement de leurs projets d’installation et 100% du raccordement de leur réseau de vidéosurveillance aux centres de police ou de gendarmerie. Cette participation, ne couvrant donc ni la maintenance, ni les coûts d’utilisation, s’inspire directement, de la stratégie du Home Office britannique développée dans les années 1990. Elle porta ses fruits puisqu’en février 2014, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 2820 communes et 173 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) avaient été accompagnés pour installer 26 614 caméras, pour un montant total de 148,52 millions d’euros de subventions.

      https://linc.cnil.fr/fr/etat-regions-departements-des-incitations-financieres-multiples-la-videosu

      Même si l’évolution constante du matériel le rend difficile à chiffrer et tend aussi à faire baisser son coût, l’installation d’un système de vidéosurveillance demeure un investissement lourd pour une commune, surtout si elle désire s’équiper d’un centre de surveillance. Pour résoudre ce problème de finance-ment et pour compléter un apport en fonds propres ou un emprunt, les services
      municipaux disposent de deux solutions :
      • recourir aux aides octroyées par les autres collectivités ou l’État ;
      • conclure avec une entreprise intéressée un partenariat public-privé.
      Mais, dans l’un et l’autre cas, une fois l’infrastructure réalisée, la commune
      devra supporter un coût de fonctionnement loin d’être négligeable

      https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/coeur-de-ville/livre_blanc_les-aides-financieres-liees-a-la-videosurveillance.pdf

      Personne n’est dupe, du côté des élus locaux, de la totale inefficacité de la vidéosurveillance (officiellement renommée, en toute candeur orwellienne, « vidéoprotection ») sur le traitement de la délinquance. La motivation de ces élus procède, en partie d’une forme de clientélisme électoral ainsi que d’un acquiescement à la demande de mise en place de contrôle social de l’État. Les élus protègent leur conscience, quand on les interpelle sur les risques incroyables que cela entraîne, par la création d’une charte de bonne conduite. Un simple bout de papier. C’est totalement bidon, d’autant qu’une fois l’infrastructure en place, plus rien ne protège quoi que ce soit pour organiser la surveillance la plus féroce, y compris la reconnaissance faciale, qui arrivera tôt ou tard ; que ce soit avec les élus en place ou avec les suivants, quelle que soit la couleur politique.

      Pour rappel c’est la Grande Bretagne (et non la Chine) qui totalise le nombre le plus important de cameras de surveillance :
      https://seenthis.net/messages/986885

    • C’est quoi cet article (qui copie un autre) qui parle d’une source sans mettre de lien, du coup le soucis c’est que uniquement sur la base de copies de phrase de l’étude (j’imagine, j’espère...) on peut presque imaginer le pire : qu’en fait si ça ne fonctionne pas la vidéosurveillance à ce jour en France c’est peut-être juste qu’il faudrait multiplier le nombre de caméra !

      À ce niveau, autant mettre le lien vers l’article payant source de cet article.

    • Hello@khalyp ;-)
      Quelques liens (parmi une multitude) qui permettent de se faire une idée sur la fragilité de l’argumentaire justifiant la mise en place de la vidéosurveillance à des fins de prévention de la délinquance. J’ai choisi des sources qui apriori ne pourront pas être taxées de parti-pris :

      Extrait du résumé du rapport de la Cour des Comptes (10/02/2022 ) à propos du plan de vidéoprotection de la préfecture de police de Paris :

      L’absence d’évaluation de l’efficacité et de l’efficience du PVPP persiste depuis 2010, alors que sa répartition géographique et ses usages pourraient être améliorés. Il apparaît également urgent de réformer la réglementation relative à la vidéoprotection sur l’espace public et de renforcer fortement le contrôle interne du PVPP. La Cour formule au total six recommandations.
      https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-plan-de-videoprotection-de-la-prefecture-de-police-de-paris

      Au sénat, Rapport d’information n° 131 (2008-2009) de MM. Jean-Patrick COURTOIS et Charles GAUTIER, fait au nom de la commission des lois, déposé le 10 décembre 2008 :

      Vos co-rapporteurs estiment que beaucoup de malentendus sur l’efficacité de la vidéosurveillance s’expliquent par le fait que cette technique a été perçue abusivement comme un instrument efficace de prévention situationnelle49(*).
      Or, les études disponibles semblent indiquer que la vidéosurveillance n’a qu’un faible impact sur la délinquance dans les espaces complexes et étendus. Les vols à la tire ou une agression dans une foule sont difficiles à détecter rapidement par un opérateur et, même dans cette éventualité, il lui sera difficile de suivre à la trace la fuite du délinquant.
      En revanche, de l’avis de tous les personnes entendues, la vidéosurveillance est efficace dans les espaces clos et offrant peu d’issues comme les parkings ou les centres commerciaux.
      Surtout, la vidéosurveillance n’a qu’un faible impact sur les infractions non préméditées. Elle ne permet de dissuader que les infractions préméditées, l’auteur s’étant au préalable assuré de la présence de caméras.
      https://www.senat.fr/rap/r08-131/r08-13110.html

      Sur le site de la CNIL :

      Si les critiques de la vidéosurveillance sur les libertés individuelles se sont taries dans les médias locaux, l’efficacité de ces systèmes de vidéosurveillance fait l’objet de débats récurrents sans qu’aucune évaluation précise n’ait été menée par les pouvoirs publics déployant ces dispositifs. Leur efficacité peine à être démontrée d’autant que les objectifs assignés à cette technologie sont rarement précis. La Cour des Comptes le déplorait dans un rapport publié en 2011 : « contrairement au Royaume-Uni, la France n’a pas encore engagé un programme de recherche destiné à mesurer l’apport de la vidéosurveillance dans les politiques de sécurité publique » (p. 146). Neuf ans plus tard, son constat est identique et elle réitère sa recommandation de 2011 : « Engager une évaluation de l’efficacité de la vidéoprotection de la voie publique, notamment dans l’élucidation des crimes et délits, avec le concours de chercheurs et d’experts (SGMI, DCS, DACG) ».
      https://linc.cnil.fr/fr/comment-la-videosurveillance-se-developpe-t-elle-dans-les-villages

      Sur France-Inter :

      Pour le sociologue, Laurent Mucchielli sociologue, Directeur de recherche au CNRS l’installation de caméras de surveillance sur la voie publique est inefficace, et ne fait que déplacer la délinquance.
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview/laurent-mucchielli-la-videosurveillance-ne-resout-pas-la-delinquance-754

      Ainsi, je l’espère, sera-t-on conduit à ne pas imaginer le pire, à savoir « qu’il faudrait multiplier le nombre de caméra ».
      Bien cordialement