Découverte historique de la plus ancienne structure en bois, vieille de 476 000 ans

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  • La découverte de la plus ancienne structure en bois en Zambie bouleverse notre connaissance des premiers hommes
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    Cette découverte change notre regard sur les premiers hommes. Des archéologues ont mis au jour la plus ancienne structure en bois jamais façonnée par des humains. Cette construction complexe suppose des capacités techniques avancées, selon l’étude publiée mercredi 20 septembre dans la revue Nature . Exceptionnellement bien préservée, la pièce a été découverte sur le site préhistorique des chutes de Kalambo dans l’actuelle Zambie, et date d’au moins 476 000 ans. C’est bien avant l’apparition supposée de notre propre espèce, Homo sapiens. En effet, l’homme moderne est apparu il y a environ 300 000 ans.

    La pièce en bois qui a été découverte consiste en deux rondins emboîtés, reliés transversalement par une entaille pratiquée intentionnellement. Elle devait servir à construire une structure, probablement la fondation d’une plate-forme surélevée, d’un passage ou d’un habitat. Une collection d’outils en bois, dont un bâton de fouille, a également été mise au jour sur le site. Des photos des différents éléments sont visibles sur le site de Nature.

    L’utilisation du bois par l’homme à des âges aussi anciens avait déjà déjà prouvée, mais pour un usage limité : faire du feu, ou tailler en pointe des bâtons pour la chasse ou la cueillette.
    La précédente plus ancienne structure en bois remontait à 9 000 ans

    La plus ancienne structure en bois connue à ce jour remonte, elle, à seulement 9 000 ans, précise Larry Barham, professeur à l’Université britannique de Liverpool, premier auteur de l’étude. L’archéologue ne s’attendait pas à trouver un tel trésor en fouillant le site préhistorique de Kalambo, situé au bord sur la rivière du même nom, au-dessus de chutes d’eau hautes de 235 mètres. « Il est rare de trouver du bois dans des sites aussi anciens car généralement il pourrit et disparaît. Mais aux chutes de Kalambo, des niveaux d’eau élevés en permanence l’ont préservé », expliquent les auteurs dans un communiqué.

    Les nouvelles pièces, découvertes en 2019, ont livré leur âge avec la datation par luminescence des dépôts entourant les objets. Cette méthode permet de déterminer quand ils ont été exposés pour la dernière fois à la lumière du Soleil avant d’être enfouis, détaille le professeur Geoff Duller de l’Université d’Aberystwyth au Pays de Galles, co-auteur.
    Capacité d’abstraction

    Larry Barham confie que la découverte a « changé sa vision » de nos premiers ancêtres. « Ils ont utilisé leur intelligence pour transformer leur environnement et se faciliter la vie, ne serait-ce qu’en fabriquant une plate-forme pour s’asseoir en bord de rivière », décrypte l’archéologue.

    Les auteurs de cette structure ont réussi à fabriquer « quelque chose qu’ils n’avaient jamais vu auparavant » : contrairement à la taille d’un bâton, facilement observable et imitable, la création de deux pièces en vue de leur assemblage montre selon lui des facultés d’abstraction. « Le fait qu’ils aient pu travailler le bois à grande échelle suppose des capacités cognitives comme la planification, la visualisation du produit fini avant sa conception, le déplacement des objets mentalement dans l’espace », observe la préhistorienne Sophie Archambault de Beaune, professeure à l’Université Jean Moulin Lyon 3, qui n’a pas participé aux travaux.

    • Découverte des restes d’une construction en bois vieille de 476 000 ans, un record - Le Parisien
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      Cette découverte remettrait en cause l’idée que nos ancêtres de l’âge de pierre étaient forcément nomades. L’environnement propice des chutes de Kalambo, avec une eau disponible en permanence et une forêt grouillant de nourriture, aurait incité certains à poser leurs baluchons à cet endroit.

      Les chercheurs ne s’aventurent pas à dire quelle espèce homo serait à l’origine de la construction en bois. « Comme pour de nombreux sites anciens, il n’y a aucun reste humain associé, les auteurs ont donc tout à fait raison de ne pas nommer d’espèce d’hominidés pour les chutes de Kalambo », approuve Annemieke Milks, archéologue à l’université de Reading (Royaume-Uni).

      Ces travaux suggéreraient, en outre, de réécrire l’histoire de l’utilisation des arbres. Dans un communiqué, Larry Barham, l’auteur principal de l’étude, professeur à l’université de Liverpool, s’enthousiasme : « Cette découverte a changé la manière dont je vois nos lointains ancêtres. Oubliez l’étiquette Âge de pierre, regardez ce que ces gens ont fait : ils ont fabriqué quelque chose de nouveau, et massif, avec du bois. Ils ont utilisé leur intelligence, leur imagination, et leurs compétences pour créer quelque chose qu’ils n’avaient jamais vu avant, quelque chose qui n’avait jamais existé auparavant. »

    • Découverte historique de la plus ancienne structure en bois, vieille de 476 000 ans
      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/09/20/decouverte-historique-de-la-plus-ancienne-structure-en-bois-vieille-de-476-0

      C’est donc presque un demi-million d’années dans le passé que nous catapulte cette structure en bois. Mais à quoi pouvait-elle bien servir ? « Le dire n’est pas si évident car seule une petite partie a été préservée, répond prudemment Veerle Rots. Une hypothèse que nous avons émise s’appuie sur ce que l’on voit souvent dans les zones humides, où les humains utilisent des plates-formes pour rester au sec quand la rivière déborde. » L’étude évoque également la possibilité d’une passerelle ou d’une structure liée à l’habitat. Dans tous les cas, cela remet en partie en cause l’idée de populations complètement nomades : « Comme il s’agit de chasseurs-cueilleurs, soit ils structurent un habitat et ne sont pas aussi nomades qu’on le croyait, soit ils aménagent une zone où ils reviennent régulièrement », avance la préhistorienne.
      Lire aussi notre archive de 2017 : La découverte qui bouleverse l’histoire d’« Homo sapiens »

      Mais qui sont ces « ils » ? « Les traces les plus anciennes d’Homo sapiens datent de 300 000 ans, au Maroc, rappelle Veerle Rots. Au-delà, on est dans les hommes archaïques ou bien dans l’espèce Homo heidelbergensis, mais c’est difficile à dire car plusieurs espèces humaines étaient présentes en Afrique à cette époque et aucun reste anatomique n’a été retrouvé aux chutes du Kalambo. Les contextes humides ne sont pas forcément favorables à la conservation des os… »

      En plus de l’assemblage de deux rondins, les auteurs de l’étude ont exhumé d’autres éléments ou outils en bois, un peu plus récents puisque leur datation est comprise entre 324 000 et 390 000 ans. Il y a là ce que les chercheurs interprètent comme un coin, un bâton fouisseur doté d’une pointe, une bûche et une branche entaillée. Tout cela est moins étonnant car d’autres exemples existaient déjà, comme les épieux vieux de 300 000 ans découverts à Schöningen (Allemagne) dans les années 1990. Cela enrichit néanmoins la panoplie des objets en bois tout en soulignant en creux à quel point les industries préhistoriques en matériaux périssables échappent aux archéologues.

      Pour Christelle Lahaye, la découverte effectuée aux chutes du Kalambo « fait passer un seuil car on est dans quelque chose qui semble être une structure. Cela s’inscrit dans la lignée d’études sur les capacités cognitives et les compétences de nos ancêtres ou de nos cousins. Cela montre des compétences et un savoir-faire qu’on n’avait pas imaginés pour des périodes aussi anciennes. »

      Premier signataire de l’étude publiée par Nature, Larry Barham, professeur d’archéologie à l’université de Liverpool, se trouve dans le même état d’esprit : « Cette découverte a changé ma vision de nos premiers ancêtres, déclare-t-il dans un communiqué. Oubliez l’étiquette “âge de pierre”, regardez ce que ces gens faisaient : ils fabriquaient quelque chose de nouveau, et de grand, à partir du bois. Ils ont utilisé leur intelligence, leur imagination et leurs compétences pour créer quelque chose qu’ils n’avaient jamais vu avant, quelque chose qui n’avait jamais existé auparavant. »

      Le chercheur conclut ainsi : « Ils ont transformé leur environnement pour se faciliter la vie, ne serait-ce qu’en fabriquant une plate-forme sur laquelle s’asseoir au bord de la rivière pour accomplir leurs tâches quotidiennes. Ces gens nous ressemblaient plus que nous le pensions. »

  • Découverte historique de la plus ancienne structure en bois, vieille de 476 000 ans
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    L’âge de pierre était aussi l’âge du bois. Mais, jusqu’à présent, nous ne le voyions pas. Car si les outils lithiques ou les coquillages utilisés par les humains de la préhistoire traversent le temps sans encombre, il n’en va pas de même pour les objets en matière organique, qui nécessitent des conditions bien spécifiques pour éviter la décomposition. C’est donc une découverte exceptionnelle à plus d’un titre qu’annonce, mercredi 20 septembre, dans Nature, une équipe internationale : celle de la plus ancienne structure en bois jamais mise au jour. Vieille, qui plus est, de 476 000 ans, une époque reculée où les humains modernes n’étaient pas encore apparus.