épisode • 1/4 du podcast Féminicides, la guerre mondiale contre les femmes

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  • Un crime de possession : épisode • 1/4 du podcast Féminicides, la guerre mondiale contre les femmes
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/un-crime-de-possession-7888885
    https://www.radiofrance.fr/s3/cruiser-production-eu3/2024/04/59a7ae7f-0ce4-4e21-b7e3-18be98537b00/560x315_sc_ciudad-juarez.webp

    La première colonie de l’humanité, c’est le ventre des femmes. Le crime féminicidaire remonte au moins au néolithique et structure toutes les sociétés patriarcales.
    Dans ce système, les hommes considèrent les femmes, leurs corps, leurs ventres comme leurs propriétés. L’anthropologue argentine Rita Laura Segato compare le féminicide à une sorte d’écriture, de signature de ces auteurs, sous la forme du “surmeurtre” (overkilling), c’est-à-dire que ces hommes tuent au-delà de la mort, profanent, violent, démembrent les corps de ces femmes qu’ils chosifient. Son travail et ses enquêtes démontrent pour elle “la féminisation de la guerre, c’est-à-dire qu’aujourd’hui les nouvelles guerres se réalisent au travers du corps des femmes. C’est une forme de guerre où l’ennemi est vaincu sur le corps des femmes… en le détruisant, en l’utilisant, en le capturant, en le violant ou en le prostituant.”

    Car le féminicide recèle toujours le même message de possession. Qu’il s’agisse dans le cadre des féminicides conjugaux d’une menace pour la conjointe qui souhaiterait retrouver sa liberté (si tu me quittes, je te tue), ou bien encore d’une déclaration de guerre dans les conflits entre ethnies, pays ou cartels : les femmes sont le champ de bataille sur lequel les hommes marquent leur territoire. Mais c’est aussi là où les femmes résistent à l’accaparement de leurs terres, que la violence exercée contre elles est la plus forte, aboutissant aujourd’hui aux nouvelles chasses aux sorcières. Pour la chercheuse étatsunienne Silvia Federici : c’est avec la naissance de la modernité que les femmes doivent renoncer à la propriété de terres pour devenir la propriété des hommes.

    Quant à l’historienne Christelle Taraud, elle explique : “Le féminicide n’est jamais un acte spontané. Comme les génocides, ils font l’objet d’une très longue préparation. Il faut donc saisir le spectre de violences qui autorise des hommes à tuer. Pendant très longtemps, le féminicide restait impuni, donc ça acclimatait le droit du propriétaire.”

    Une série de 4 émissions exceptionnelles.
    Attention les faits relatés sont pour certains d’une violence extrème, et les témoignages plus qu’éprouvants.
    #patriarcat #féminicide