Passionnant (et très long) billet d’Ibn Kafka sur Abraham Serfaty :
►http://ibnkafkasobiterdicta.wordpress.com/2010/11/23/adieu-abraham-notre-frere
« Ce qui reste d’Abraham Serfaty, et qui survivra probablement aux péripéties et rebondissements politiques de l’histoire politique marocaine de ces dernières trois ou quatre décennies, c’est le symbole. Le symbole du refus de la dictature makhzénienne, du refus de l’exploitation économique, sociale et culturelle des Marocains, du refus du chauvinisme, du colonialisme, du post-colonialisme et du sionisme, le refus de l’humiliation, de la résignation et de la faiblesse.
Ce refus est inscrit dans le parcours personnel d’Abraham Serfaty, qui est fondamentalement un homme contre : petit-bourgeois casablancais sous le Protectorat, il rejoint le parti communiste ; juif, il devient anti-sioniste ; francophone, il devient résistant nationaliste contre le colonialisme français ; haut fonctionnaire, il rejoint l’opposition radicale au makhzen ; Marocain viscéralement attaché à son pays, il s’oppose publiquement, et à quel prix, à l’union nationale largement réalisée sur la question du Sahara ; non-berbère, il sera un des premiers hommes politiques à reconnaître les revendications identitaires berbères ; non-musulman, il dialogue en détention avec les islamistes radicaux de la Chabiba islamiya. Allant contre son intérêt personnel, ou celui de sa famille, de son groupe social, voire ethnique, il a agi en conscience, en individu libre, courageux et altruiste. C’est le symbole du refus de la tyrannie, de l’oppression, de l’occupation et de la misère qui restera dans la conscience collective du Maroc, bien plus que les objectifs spécifiques qu’il se proposait d’atteindre. »
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