• Le castor, un allié face au #changement_climatique

    Les barrages des castors ont des effets bénéfiques contre les #incendies et les #inondations. De quoi en faire un parfait allié face au réchauffement climatique.

    Le #Gardon s’écoule paresseusement dans la tiédeur automnale. Le long de la rivière, des bosquets de jeunes peupliers se parent de teintes dorées. Au bord de l’eau, les arbres paraissent des buissons touffus, leurs racines entremêlées au limon. « Ces berges ne seraient pas comme ça si des castors ne vivaient pas là », dit le naturaliste Gilles Larnac. Une famille — six individus — habite en effet sur les rives de Collias. Ici comme ailleurs, ils ont façonné leur territoire à coup de dents. Avec des effets inattendus : les rongeurs nous protègent ainsi contre les inondations et aident à lutter contre les incendies.

    M. Larnac attrape une branche dérivant dans le courant. Elle est nue, sans écorce ni feuille, coupée en biseau aux extrémités : un reste de repas. « Un individu ingère 2 kilos de végétaux par nuit », explique-t-il. Pour ce faire, il croque les feuilles, ronge l’écorce, savoure les baies… en grande quantité. « L’écosystème est jardiné par le castor », poursuit notre guide. Sur les rivages « cultivés » du Gardon, point de troncs massifs, mais un parterre de jeunes arbres aux multiples rejets. « Quand il y a des crues, cette végétation arbustive permet de lisser la vague, de ralentir l’écoulement, avec un effet de peigne. »

    Autre atout anti-inondations : les barrages. Animal nocturne, « le castor passe la journée dans des terriers creusés dans les berges, dont l’entrée doit être sous l’eau, pour qu’ils se sentent en sécurité », détaille M. Larnac. Afin que cette précieuse ouverture se retrouve sous les ondes, l’animal peut faire monter le niveau de la rivière, en construisant de petits seuils à l’aide de branchages et de brindilles enchevêtrés.

    « C’est un animal génial »

    De telles retenues d’eau — moins néfastes pour l’environnement que nos ouvrages en béton — atténuent la violence des crues. Une étude menée en Angleterre, aux abords de la rivière #Otter, a ainsi montré que les six barrages construits par les rongeurs avaient réduit le débit de l’#eau et fait baisser les inondations dans les villages situés en aval. D’autres travaux scientifiques ont également pointé des effets bénéfiques contre les incendies : la végétation en amont du seuil, plus arrosée et donc plus humide, s’enflammerait moins vite.

    « Attention, le castor ne peut pas tout faire, notamment quand il y a des crues importantes, comme lors de nos gros épisodes cévenols », rappelle le naturaliste. Malgré tout, cet architecte des cours d’eau pourrait bien être un allié face au dérèglement climatique. « C’est un animal génial, qu’il est important de redécouvrir. »

    Natif des gorges du Gardon, Gilles Larnac s’est pris de passion pour ce curieux mammifère il y a une trentaine d’années. « Les vieux du coin ne savaient pas qu’il y avait des castors, ils les prenaient pour des ragondins [1], se rappelle-t-il. Il s’agit d’un patrimoine oublié. »

    Ce mammifère des rivières revient en effet de loin : omniprésent en Europe au Moyen-Âge, il a peu à peu été décimé par la chasse. « Sa fourrure épaisse, sa viande, mais aussi ses glandes à castoréum [2] étaient très prisées, raconte le naturaliste. On s’en servait pour faire du parfum, car la substance sécrétée est très persistante. » Au début du XXe siècle, il ne restait que quelques dizaines de familles en France, dans le Gard et l’Ardèche principalement, et guère plus dans le reste du continent.

    « Le castor a été la première espèce protégée, interdite de chasse en 1909, et c’est ce qui l’a sauvé, poursuit M. Larnac. Il y a eu par la suite des opérations de réintroduction, et aujourd’hui, on compterait environ 20 000 individus à travers le pays, dans cinquante départements. » Il n’est désormais pas rare de croiser le nageur, à la tombée du jour, en train de grignoter ou de faire sa toilette. « Pour l’observer, repérez d’abord les lieux en journée, en vous promenant aux bords de la rivière, conseille M. Larnac, qui organise des sorties découvertes dans la région. Si vous apercevez dans l’eau des branches dénudées et rongées, vous êtes certainement dans une zone réfectoire, où les animaux viennent s’alimenter. Revenez de nuit, ou au crépuscule, restez discrets et ouvrez l’œil ! »

    Le castor en quelques chiffres :

    -- 2 000 castors vivraient actuellement dans le #Gard.
    -- On compte environ 20 000 poils par centimètre carré de peau du castor, une densité qui empêche l’eau de pénétrer, même après une plongée.
    -- 7 km/h, voici la vitesse qu’un castor atteint en nageant sous l’eau, soit aussi vite que les nageurs olympiques. Sa queue, plate et écaillée, ainsi que ses pattes arrières, palmées, lui permettent de se propulser.
    -- Chaque année, la femelle peut mettre bas à deux petits. Après deux ans passés auprès de leurs parents, les enfants partiront en quête de nouveaux territoires.
    -- Un animal adulte mesure 1,20 mètre, du museau jusqu’au bout de sa queue, ce qui en fait le plus gros rongeur d’Europe.

    https://reporterre.net/Le-castor-un-allie-face-au-changement-climatique

    #castor #castors #climat

  • The Secret Movement Bringing Back Europe’s Wildlife
    https://www.noemamag.com/the-secret-movement-bringing-back-europes-wildlife

    Rubbers is part of a secretive, underground network of wildlife enthusiasts who are returning species back into the landscape without asking permission first. It’s not just beavers: There are boar bombers, a “butterfly brigade” that breeds and releases rare species of butterfly and a clandestine group returning the pine marten — one of Britain’s rarest mammals — to British forests.

    On croise des #naturalistes amateurs souffrant de #species_loneliness et des milliardaires pratiquant l’#écocolonialisme en #Ecosse.
    #castors #biodiversité #réensauvagement_sauvage

  • #Baptiste_Morizot, philosophe : “Parler d’anthropocène est historiquement faux et politiquement paralysant”

    Après avoir côtoyé le loup, cet observateur attentif de la nature s’intéresse dans son dernier ouvrage, “L’Inexploré”, à l’activité des #castors. Un modèle dont nous devrions nous inspirer pour rendre notre planète plus habitable.

    (...)

    "je travaille actuellement sur les #rivières, et sur le meilleur ambassadeur pour activer leur #guérison, à savoir le castor. Loin d’être un nuisible ou un animal mignon à fourrure, le castor a transformé la plupart des milieux de plaine depuis des millions d’années : il crée des barrage et, ce faisant, ralentit l’eau sur la terre, la stocke dans les sols et la partage avec toutes les formes de vie. Il se trouve que les sciences hydrologiques contemporaines, confrontées aux sécheresses du changement climatique, défendent l’idée qu’il faut changer de paradigme dans notre gestion des rivières : passer d’une ère du drainage, où l’on a évacué l’eau vers la mer pour assécher les zones humides, à une ère de la réhydratation des continents, pour garder cette eau précieuse sur les terres. La beauté de cette affaire, c’est que ce programme d’action scientifique est ni plus ni moins que ce que fait le castor depuis sept millions d’années- quand on le laisse revenir et activer sa médecine spontanée. Les nuisances qu’il génère en mangeant quelques arbres et en inondant quelques parcelles apparaissent comme dérisoires (et par ailleurs évitables) au vu des enjeux climatiques. Le rapport du Giec 2022 pointait d’ailleurs l’importanée du castor dans nos milieux. Et les chercheurs Emily Fairfax et Chris jordan ont publié l’an passé un article fascinant et convaincant : ils assurent qu’un pan décisif du « plan d’action climat » pour lutter contre sécheresses, inondations et mégafeux aux États-Unis consiste en une alliance avec Je castor."

    –—

    Question : S’allier avec le peuple castor, vraiment ?

    Cela implique une métamorphose philosophique, puisque le propre de la modernité est d’avoir revendiqué pour les seuls humains le privilège d’aménager le territoire - parce que nous avons un gros cerveau ... Si des scientifiques très sérieux, bardés de diplômes et de savoirs, estiment aujourd’hui que la meilleure manière de guérir les rivières est de s’inspirer d’un animal dont le cerveau n’est pas plus gros qu’une .noix, c’est parce qu’il est notre aîné : il transforme les rivières, à leur bénéfice, depuis des millions d’années, quand nous n’avons commencé à les aménager que depuis quelques siècles. Et dans notre seul intérêt. Nous sommes en quelque sorte le jeune prodige de la biodiversité, persuadé, en Occident, de tout savoir. Or ce monde est telle~ent plus ancien que nous, et peuplé de puissances qui savent le guérir~ qu’il faut accepter de se libérer de nos préjugés narcissiques. Et de nous allier avec des forces non humaines.

    https://www.telerama.fr/debats-reportages/baptiste-morizot-philosophe-le-meilleur-ambassadeur-pour-activer-la-gueriso
    #castor #rivières

    • L’inexploré

      « Ce livre n’est pas un livre, c’est une carte. Et ce n’est pas une carte, c’est un atelier de carto­graphe, dans lequel, sous vos yeux, sont dessinées des ébauches de cartes. Et ce n’est pas un atelier, puisque nous sommes chaque fois sur le chemin : c’est le récit fait en direct des parcours d’exploration trébuchants d’un nouveau continent inexploré – qui n’est autre que la Terre vivante, mais qui a brusquement changé de #nature sous nos pieds. »

      Pour la première fois depuis l’avènement de la #modernité, la nature des êtres non humains nous échappe. À notre époque d’extinction et de crise climatique, nos relations aux êtres vivants sont déstabilisées.

      Nous sommes sortis de l’illusion moderne selon laquelle « la #science » aurait stabilisé nos relations au monde. Nous ne savons plus ce que veut dire « nature » et ce que veut dire « #politique ».

      Nous sommes entrés dans le temps de la #métamorphose, dans le temps mythique : ce temps, en-deçà du temps, dans lequel se renégocient nos relations au monde. Entre nature et politique, il nous faut avancer par petits pas errants en quête de l’entre-deux : le continent englouti.

      Cet espace de relations dont on avait occulté l’existence même et nié la possibilité, cet espace d’égards ajustés envers les vivants non humains.

      L’enjeu : recommencer ce monde.

      https://wildproject.org/livres/l-inexplore
      #livre

  • Nous ne ferons pas barrage | Grise Bouille
    https://grisebouille.net/nous-ne-ferons-pas-barrage

    L’hyper-concentration des richesses n’est pas une « dérive », ce n’est que la conséquence logique des mécanismes d’héritage, mais nous n’en parlerons pas, ce serait de la jalousie anti-riches ; la disparition du travail par l’automatisation et la robotisation généralisée n’est un problème qu’en l’absence de redistribution des profits et que par le caractère sacralisé de la propriété privée, mais nous n’en parlerons pas, car la dictature communiste ne serait pas loin, URSS hier et Vénézuela aujourd’hui ; les burn-outs ne sont que la conséquence d’un besoin d’augmentation constant des taux de profits répercuté par un accroissement constant de la pression sur les salariées et salariés, mais nous n’en parlerons pas, il ne faudrait pas freiner la croissance ; le désastre écologique annoncé n’est pas le résultat d’une nature humaine destructrice mais bien d’un système capitaliste inique qui ne peut survivre que par un accroissement infini dans un environnement fini, mais nous n’en parlerons pas, arrêtons plutôt les pailles en plastiques, trions nos déchets et oublions qui nous envoie joyeusement dans le mur.

    De manière générale, l’analyse de la société par rapports de force entre intérêts de classes s’avère de plus en plus pertinente à mesure que le capitalisme se totalitarise et que se précisent les risques d’effondrement systémiques, mais nous n’en parlerons pas, car voyez-vous, la lutte des classes c’est ringard, ça sonne vachement xixe siècle (alors que les CDI de chantier, le paiement à la tâche et la sous-traitance généralisée pour contourner les droits du salariat, ça ne sonne pas xixe siècle mais ça nous y ramène carrément, soit dit en passant). Non seulement c’est ringard, mais en plus, c’est dangereux : CENT MILLIONS DE MORTS, qu’on vous répète sur tous les tons9. Car chacun sait que la seule alternative au capitalisme débridé, c’est la barbarie, barbarie contre laquelle ce même capitalisme est d’ailleurs immunisé, merci bien, fermez le ban et surtout vos gueules.

    Il était d’ailleurs assez gonflé de venir gueuler sur les Insoumis10 qui refusaient d’aller faire barrage à Le Pen, quand on imagine assez bien qu’en cas de second tour Macron-Mélenchon, un appel général aurait été lancé pour faire barrage… à la France Insoumise.

    Eh bien nous ne ferons pas barrage.

    • La fête à Macron ne sera ni une kermesse ni la marche d’un parti
      https://paris-luttes.info/la-fete-a-macron-ne-sera-ni-une-10144
      https://paris-luttes.info/home/chroot_ml/ml-paris/ml-paris/public_html/local/cache-vignettes/L455xH1280/img_20180502_115514_200-89614.jpg?1525359089

      Mais, société du spectacle oblige, le Black Bloc prend médiatiquement le pas sur les autres modes d’actions. Si cela se produisait le 5, nous craignons que les luttes que nous ferons apparaître en tête de notre cortège « pot-au-feu » soient invisibilisées, que nos armes, l’humour et la dérision soient neutralisés. Nous refusons que la violence répressive s’ajoute à la violence sociale et physique que vivent déjà les personnes qui formeront, à notre demande, le carré de tête (gens des luttes, grévistes, chômeurs, sans domiciles, sans papiers...).

      C’est pourquoi nous souhaitons que ce 5 mai soit respecté pour ce qu’il veut être. Nous avons besoin de joie, de renforcer nos liens, et aussi de solidarité avec celles et ceux qui sont en grève depuis longtemps. On est là pour soutenir le moral des troupes, prenant le pari de faire baisser le moral de nos ennemis communs. Nous aimerions pouvoir nous charger de l’animation pour cette fois et montrer qu’une troisième voie peut exister pour tous, dans un cortège débordant de créativité, irrévérencieux, debout et le poing levé.

      Vous êtes tout.e.s fraternellement invité.e.s !

  • Beavers Emerge as Agents of Arctic #Destruction - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2017/12/20/climate/arctic-beavers-alaska.html

    “Beavers are these agents of disturbance that come from outside of the ecosystem and impose their construction, their activities on this landscape,” said Dr. Tape. “Probably the best analog for beavers in the Arctic are mankind.”

    #arctique #castors #climat