• "En janvier Open AI a subrepticement fait disparaitre de ses conditions d’utilisation l’interdiction de son usage à des fins militaires. "
    Entendu dans l’émission Signes des temps de ce jour

    Nos cerveaux sont devenus l’ultime champ de bataille” impact du choc technologique sur le nouvel ordre mondial
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/signes-des-temps/nos-cerveaux-sont-devenus-l-ultime-champ-de-bataille-impact-du-choc-tech

    Marc Weitzmann reçoit la chercheuse et essayiste Asma Mhalla alors que parait Technopolitique : comment la technologie fait de nous des soldats aux éditions du Seuil.

    #big_tech #big_state #techno_industrie #complexe_militaro_industriel comme on disait jadis

  • Le #lobbying sans #frontières de #Thales
    (publié en 2021, ici pour archivage)

    Pour vendre ses systèmes de surveillance aux confins de l’Union européenne, l’entreprise use de son influence. Indirectement, discrètement, efficacement.

    Ce 23 mai 2017, au sixième étage de l’immense tour vitrée qui héberge les locaux de #Frontex à Varsovie, en Pologne, les rendez-vous sont réglés comme du papier à musique. L’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes reçoit des industriels pour des discussions consacrées à l’utilisation de la biométrie aux confins de l’Union. Leonardo, Safran, Indra… Frontex déroule le tapis rouge aux big boss de la sécurité et de la défense. Juste après la pause-déjeuner, c’est au tour de #Gemalto, qui sera racheté deux ans plus tard par Thales (lire l’épisode 5, « Thales s’immisce dans ta face »), de déballer pendant quarante-cinq minutes ses propositions. Un document PowerPoint de 14 pages sert de support visuel. L’entreprise franco-néerlandaise y développe diverses utilisations de la reconnaissance faciale aux frontières : en collectant un selfie grâce à son téléphone avant de voyager, en plein vol dans un avion ou dans un véhicule qui roule. Oubliant de s’interroger sur la légalité et le cadre juridique de cette technologie, la présentation conclut : « La reconnaissance faciale en mouvement n’a pas été testée dans les essais de “frontières intelligentes” mais devrait. » Une manière à peine voilée de dire que Frontex devrait coupler des logiciels de reconnaissance faciale aux caméras de surveillance qui lorgnent les frontières extérieures de l’Europe, afin de mieux identifier et surveiller ceux qui tentent de pénétrer dans l’UE.

    Ce document est l’un des 138 dévoilés le 5 février dernier par les « Frontex Files », enquête diligentée par la chaîne de télévision publique allemande ZDF, en collaboration avec l’ONG européenne Corporate Europe Observatory. Ce travail lève le voile sur des réunions menées par Frontex avec 125 lobbyistes, reçus entre 2018 et 2019… ainsi que sur leur opacité, puisque 72 % d’entre elles se sont tenues très discrètement, en dehors des règles de transparence édictées par l’Union européenne.

    Depuis 2016, Frontex joue un rôle dans la lutte contre la criminalité transfrontalière. Son budget atteint 544 millions en 2021

    Fondée en 2004 pour aider les pays européens à sécuriser leurs frontières, Frontex est devenue une usine à gaz de la traque des réfugiés. Depuis 2016 et un élargissement de ses fonctions, elle joue désormais un rôle dans la lutte contre la criminalité transfrontalière. Alors qu’il plafonnait à 6 millions d’euros en 2005, son budget atteint 544 millions en 2021. Pour le prochain cycle budgétaire de l’UE (2021-2027), la Commission européenne a attribué une enveloppe de 12,7 milliards d’euros à la gestion des frontières et de 9,8 milliards à la migration.

    Thales et Gemalto trônent dans le top 10 des entreprises ayant eu le plus d’entretiens avec l’agence européenne : respectivement trois et quatre réunions. Mais les deux sociétés devraient être comptées comme un tout : en rachetant la seconde, la première a logiquement profité des efforts de lobbying que celle-ci avait déployés auparavant. Pour le géant français, l’enjeu des frontières est majeur, ainsi que nous le racontions précédemment (lire l’épisode 6, « Thales police les frontières »). #Murs, #clôtures, #barbelés, #radars, #drones, systèmes de reconnaissance d’#empreintes_digitales biométriques… Chaque année, les marchés attribués se comptent en millions d’euros. L’ONG Transnational Institute parle de « business de l’édification de murs », du nom d’un de ses rapports, publié en novembre 2019. Celui-ci met la lumière sur les trois entreprises qui dévorent la plus grosse part du gâteau : l’espagnole #Leonardo (ex-#Finmeccanica), #Airbus et bien sûr Thales. Un profit fruit de plus de quinze années de lobbying agressif.

    Thales avance à couvert et s’appuie sur l’#European_Organisation_for_Security, un think tank qui regroupe ses principaux alliés et concurrents

    Flash-back en 2003. Le traumatisme des attentats du 11-Septembre est encore vif. L’Union européenne aborde l’épineuse question de la sécurisation de ses frontières. Elle constitue un « groupe de personnalités », dont la mission est de définir les axes d’un futur programme de recherche européen sur la question. Au milieu des commissaires, chercheurs et représentants des institutions s’immiscent les intérêts privés de sociétés spécialisées dans la défense : Thales, Leonardo, mais aussi l’allemande #Siemens et la suédoise #Ericsson. Un an plus tard, le rapport suggère à l’UE de calquer son budget de recherche sur la sécurité sur celui des États-Unis, soit environ quatre dollars par habitant et par an, raconte la juriste Claire Rodier dans son ouvrage Xénophobie business : à quoi servent les contrôles migratoires ? (La Découverte, 2012). En euros, la somme s’élève à 1,3 milliard par an. La machine est lancée. Les lobbyistes sont dans la place ; ils ne la quitteront pas.

    Au sein du registre de transparence de l’Union européenne, Thales publie les détails de ses actions d’influence : un lobbyiste accrédité au Parlement, entre 300 000 et 400 000 euros de dépenses en 2019 et des réunions avec des commissaires et des membres de cabinets qui concernent avant tout les transports et l’aérospatial. Rien ou presque sur la sécurité. Logique. Thales, comme souvent, avance à couvert (lire l’épisode 1, « Nice, le “little brother” de Thales ») et s’appuie pour faire valoir ses positions sur l’#European_Organisation_for_Security (EOS), un think tank qui regroupe ses principaux alliés et concurrents : #Airbus, Leonardo ou les Français d’#Idemia. Bref, un lobby. L’implication de Thales dans #EOS est tout à fait naturelle : l’entreprise en est la créatrice. Un homme a longtemps été le visage de cette filiation, #Luigi_Rebuffi. Diplômé en ingénierie nucléaire à l’université polytechnique de Milan, cet Italien au crâne dégarni et aux lunettes rectangulaires doit beaucoup au géant français. Spécialisé dans la recherche et le développement au niveau européen, il devient en 2003 directeur des affaires européennes de Thales. Quatre ans plus tard, l’homme fonde EOS. Détaché par Thales, il en assure la présidence pendant dix ans avant de rejoindre son conseil d’administration de 2017 à 2019.

    Depuis, il a fondé et est devenu le secrétaire général de l’#European_Cyber_Security_Organisation (#Ecso), représentant d’influence enregistré à Bruxelles, dont fait partie #Thales_SIX_GTS France, la filiale sécurité et #systèmes_d’information du groupe. À la tête d’Ecso, on trouve #Philippe_Vannier, également président de la division #big_data et sécurité du géant français de la sécurité #Atos… dont l’ancien PDG #Thierry_Breton est depuis 2019 commissaire européen au Marché intérieur. Un jeu de chaises musicales où des cadres du privé débattent désormais des décisions publiques.

    Entre 2012 et 2016, Luigi Rebuffi préside l’European Organisation for Security… et conseille la Commission pour ses programmes de recherche en sécurité

    Luigi Rebuffi sait se placer et se montrer utile. Entre 2012 et 2016, il occupe, en parallèle de ses fonctions à l’EOS, celle de conseiller pour les programmes de recherche en sécurité de la Commission européenne, le #Security_Advisory_Group et le #Protection_and_Security_Advisory_Group. « C’est une position privilégiée, analyse Mark Akkerman, chercheur et coauteur du rapport “Le business de l’édification de murs” de l’ONG Transnational Institute. Rebuffi faisait partie de l’organe consultatif le plus influent sur les décisions de financement par l’UE de programmes de recherche et d’innovation dans le domaine de la sécurité. »

    Ce n’est donc pas un hasard si, comme le note le site European Research Ranking, qui compile les données publiées par la Commission européenne, Thales est l’un des principaux bénéficiaires des fonds européens sur la #recherche avec 637 projets menés depuis 2007. La sécurité figure en bonne place des thématiques favorites de la société du PDG #Patrice_Caine, qui marche main dans la main avec ses compères de la défense Leonardo et Airbus, avec lesquels elle a respectivement mené 48 et 109 projets.

    Entre 2008 et 2012, l’Union européenne a, par exemple, attribué une subvention de 2,6 millions d’euros à un consortium mené par Thales, dans le cadre du projet #Aspis. Son objectif ? Identifier des systèmes de #surveillance_autonome dans les #transports_publics. Des recherches menées en collaboration avec la #RATP, qui a dévoilé à Thales les recettes de ses systèmes de sécurité et les coulisses de sa première ligne entièrement automatisée, la ligne 14 du métro parisien. Un projet dont l’un des axes a été le développement de la #vidéosurveillance.

    Thales coordonne le projet #Gambas qui vise à renforcer la #sécurité_maritime et à mieux repérer les bateaux de réfugiés tentant de rejoindre l’Europe

    À la même période, Thales s’est impliqué dans le projet #Oparus, financé à hauteur de 1,19 million d’euros par la Commission européenne. À ses côtés pour penser une stratégie européenne de la surveillance terrestre et maritime par #drones, #EADS (ancien nom d’#Airbus) ou #Dassault_Aviation. Depuis le 1er janvier dernier, l’industriel français coordonne aussi le projet Gambas (1,6 million de financement), qui vise à renforcer la sécurité maritime en améliorant le système de surveillance par #radar #Galileo, développé dans le cadre d’un précédent #projet_de_recherche européen pour mieux repérer les bateaux de réfugiés tentant de rejoindre l’Europe. Une #technologie installée depuis 2018 aux frontières européennes.

    Des subventions sont rattachées aux derniers programmes de recherche et d’innovation de l’Union européenne : #PR7 (2007-13) et #Horizon_2020 (2014-20). Leur petit frère, qui court jusqu’en 2027, s’intitule, lui, #Horizon_Europe. L’une de ses ambitions : « La sécurité civile pour la société ». Alors que ce programme s’amorce, Thales place ses pions. Le 23 novembre 2020, l’entreprise s’est entretenue avec #Jean-Éric_Paquet, directeur général pour la recherche et l’innovation de la Commission européenne. Sur quels thèmes ? Ont été évoqués les programmes Horizon 2020 et Horizon Europe, et notamment « dans quelles mesures [les] actions [de la Commission] pourraient susciter l’intérêt de Thales, en vue d’un soutien renforcé aux PME mais aussi aux écosystèmes d’innovation au sein desquels les groupes industriels ont un rôle à jouer », nous a répondu par mail Jean-Éric Paquet.

    L’European Organisation for Security s’intéresse aussi directement aux frontières européennes. Un groupe de travail, coprésidé par #Peter_Smallridge, chef des ventes de la division « #borders_and_travel » de Thales et ancien de Gemalto, poursuit notamment l’ambition « d’encourager le financement et le développement de la recherche qui aboutira à une industrie européenne de la sécurité plus forte ». Entre 2014 et 2019, EOS a organisé 226 réunions pour le compte d’Airbus, Leonardo et Thales, dépensant 2,65 millions d’euros pour la seule année 2017. Le chercheur Mark Akkerman est formel : « Toutes les actions de lobbying sur les frontières passent par l’EOS et l’#AeroSpace_and_Defence_Industries_Association_of_Europe (#ASD) », l’autre hydre de l’influence européenne.

    L’AeroSpace and Defence Industries Association of Europe a particulièrement souligné la nécessité de renforcer les liens entre les politiques de sécurité européennes et l’industrie de la sécurité.
    Sonya Gospodinova, porte-parole de la Commission chargée de l’industrie de la défense

    Dans ses derniers comptes publiés, datés de 2018, EOS déclare des dépenses de lobbying en nette baisse : entre 100 000 et 200 000 euros, un peu moins que les 200 000 à 300 000 euros de l’ASD. La liste des interlocuteurs de ces structures en dit beaucoup. Le 12 février 2020, des représentants d’EOS rencontrent à Bruxelles #Despina_Spanou, cheffe de cabinet du Grec #Margarítis_Schinás, vice-président de la Commission européenne chargé des Migrations. Le 11 juin, c’est au tour de l’ASD d’échanger en visioconférence avec Despina Spanou, puis début juillet avec un autre membre du cabinet, #Vangelis_Demiris. Le monde de l’influence européenne est petit puisque le 30 juin, c’est Ecso, le nouveau bébé de Luigi Rebuffi, d’organiser une visioconférence sur la sécurité européenne avec le trio au grand complet : Margarítis Schinás, Despina Spanou et Vangelis Demiris. Pour la seule année 2020, c’est la troisième réunion menée par Ecso avec la cheffe de cabinet.

    Également commissaire chargé de la Promotion du mode de vie européen, Margarítis Schinás a notamment coordonné le rapport sur la « stratégie de l’UE sur l’union de la sécurité ». Publié le 24 juillet 2020, il fixe les priorités sécuritaires de la Commission pour la période 2020-2025. Pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé, le texte indique que « des mesures sont en cours pour renforcer la législation sur la sécurité aux frontières et une meilleure utilisation des bases de données existantes ». Des points qui étaient au cœur de la discussion entre l’ASD et son cabinet, comme l’a confirmé aux Jours Sonya Gospodinova, porte-parole de la Commission chargée de l’industrie de la défense. « Lors de cette réunion, l’ASD a particulièrement souligné la nécessité de renforcer les liens entre les politiques de sécurité européennes et l’industrie de la sécurité », confie-t-elle. Difficile d’avoir le son de cloche des lobbyistes. Loquaces quand il s’agit d’échanger avec les commissaires et les députés européens, Luigi Rebuffi, ASD, EOS et Thales n’ont pas souhaité répondre à nos questions. Pas plus que l’une des autres cibles principales des lobbyistes de la sécurité, Thierry Breton. Contrairement aux Jours, l’AeroSpace and Defence Industries Association of Europe a décroché deux entretiens avec l’ancien ministre de l’Économie de Jacques Chirac en octobre dernier, pour aborder des sujets aussi vastes que le marché international de l’#aérospatiale, la #défense ou la #sécurité. À Bruxelles, Thales et ses relais d’influence sont comme à la maison.

    https://lesjours.fr/obsessions/thales-surveillance/ep7-lobbying-europe

    #complexe_militaro_industriel #surveillance_des_frontières #migrations #réfugiés #contrôles_frontaliers #lobby

    • Thales police les frontières

      De Calais à Algésiras, l’entreprise met ses technologies au service de la politique antimigratoire de l’Europe, contre de juteux contrats.

      Cette journée d’octobre, Calais ne fait pas mentir les préjugés. Le ciel est gris, le vent âpre. La pluie mitraille les vitres de la voiture de Stéphanie. La militante de Calais Research, une ONG qui travaille sur la frontière franco-anglaise, nous promène en périphérie de la ville. Un virage. Elle désigne du doigt un terrain poisseux, marécage artificiel construit afin de décourager les exilés qui veulent rejoindre la Grande-Bretagne. À proximité, des rangées de barbelés brisent l’horizon. Un frisson claustrophobe nous saisit, perdus dans ce labyrinthe de clôtures.

      La pilote de navire marchand connaît bien la région. Son collectif, qui réunit chercheurs et citoyens, effectue un travail d’archiviste. Ses membres collectent minutieusement les informations sur les dispositifs technologiques déployés à la frontière calaisienne et les entreprises qui les produisent. En 2016, ils publiaient les noms d’une quarantaine d’entreprises qui tirent profit de l’afflux de réfugiés dans la ville. Vinci, choisi en septembre 2016 pour construire un mur de 4 mètres de haut interdisant l’accès à l’autoroute depuis la jungle, y figure en bonne place. Tout comme Thales, qui apparaît dans la liste au chapitre « Technologies de frontières ».

      Thales vend son dispositif comme un outil pour protéger les employés, mais on voit bien que c’est pour empêcher les réfugiés de passer.
      Stéphanie, militante de l’ONG Calais Research

      Stéphanie stoppe sa voiture le long du trottoir, à quelques mètres de l’entrée du port de Calais. Portes tournantes et lecteurs de badges, qui permettent l’accès aux employés, ont été conçus par Thales. Le géant français a aussi déployé des dizaines de caméras le long de la clôture de 8 000 mètres qui encercle le port. « Thales vend son dispositif comme un outil pour protéger les employés, glisse Stéphanie, mais on voit bien que c’est pour empêcher les réfugiés de passer. » Le projet Calais Port 2015 – année initialement fixée pour la livraison –, une extension à 863 millions d’euros, « devrait être achevé le 5 mai 2021 », d’après Jean-Marc Puissesseau, PDG des ports de Calais-Boulogne-sur-Mer, qui n’a même pas pu nous confirmer que Thales en assure bien la sécurité, mais chiffre à 13 millions d’euros les investissements de sécurité liés au Brexit. Difficile d’en savoir plus sur ce port 2.0 : ni Thales ni la ville de Calais n’ont souhaité nous répondre.

      Les technologies sécuritaires de Thales ne se cantonnent pas au port. Depuis la mise en place du Brexit, la société Eurotunnel, qui gère le tunnel sous la Manche, a mis à disposition de la police aux frontières les sas « Parafe » (« passage automatisé rapide aux frontières extérieures ») utilisant la reconnaissance faciale du même nom, conçus par Thales. Là encore, ni Eurotunnel ni la préfecture du Pas-de-Calais n’ont souhaité commenter. L’entreprise française fournit aussi l’armée britannique qui, le 2 septembre 2020, utilisait pour la première fois le drone Watchkeeper produit par Thales. « Nous restons pleinement déterminés à soutenir le ministère de l’Intérieur britannique alors qu’il s’attaque au nombre croissant de petits bateaux traversant la Manche », se félicite alors l’armée britannique dans un communiqué. Pour concevoir ce drone, initialement déployé en Afghanistan, Thales a mis de côté son vernis éthique. Le champion français s’est associé à Elbit, entreprise israélienne connue pour son aéronef de guerre Hermes. En 2018, The Intercept révélait que ce modèle avait été utilisé pour bombarder Gaza, tuant quatre enfants. Si le patron de Thales, Patrice Caine, appelait en 2019 à interdire les robots tueurs, il n’éprouve aucun état d’âme à collaborer avec une entreprise qui en construit.

      Du Rafale à la grande mosquée de la Mecque, Thales s’immisce partout mais reste invisible. L’entreprise cultive la même discrétion aux frontières européennes

      À Calais comme ailleurs, un détail frappe quand on enquête sur Thales. L’entreprise entretient une présence fantôme. Elle s’immisce partout, mais ses six lettres restent invisibles. Elles ne figurent ni sur la carlingue du Rafale dont elle fournit l’électronique, ni sur les caméras de vidéosurveillance qui lorgnent sur la grande mosquée de la Mecque ni les produits informatiques qui assurent la cybersécurité du ministère des Armées. Très loquace sur l’efficacité de sa « Safe City » mexicaine (lire l’épisode 3, « Thales se prend un coup de chaud sous le soleil de Mexico ») ou les bienfaits potentiels de la reconnaissance faciale (lire l’épisode 5, « Thales s’immisce dans ta face »), Thales cultive la même discrétion sur son implication aux frontières européennes. Sur son site francophone, une page internet laconique mentionne l’utilisation par l’armée française de 210 mini-drones Spy Ranger et l’acquisition par la Guardia civil espagnole de caméras Gecko, œil numérique à vision thermique capable d’identifier un bateau à plus de 25 kilomètres. Circulez, il n’y a rien à voir !

      La branche espagnole du groupe est plus bavarde. Un communiqué publié par la filiale ibérique nous apprend que ces caméras seront installées sur des 4x4 de la Guardia civil « pour renforcer la surveillance des côtes et des frontières ». Une simple recherche sur le registre des appels d’offres espagnols nous a permis de retracer le lieu de déploiement de ces dispositifs. La Guardia civil de Melilla, enclave espagnole au Maroc, s’est vue attribuer une caméra thermique, tout comme celle d’Algésiras, ville côtière située à quelques kilomètres de Gibraltar, qui a reçu en complément un logiciel pour contrôler les images depuis son centre de commandement. Dans un autre appel d’offres daté de novembre 2015, la Guardia civil d’Algésiras obtient un des deux lots de caméras thermiques mobiles intégrées directement à un 4x4. Le second revient à la police des Baléares. Montant total de ces marchés : 1,5 million d’euros. Des gadgets estampillés Thales destinés au « Servicio fiscal » de la Guardia civil, une unité dont l’un des rôles principaux est d’assurer la sécurité aux frontières.

      Thales n’a pas attendu 2015 pour vendre ses produits de surveillance en Espagne. D’autres marchés publics de 2014 font mention de l’acquisition par la Guardia civil de Ceuta et Melilla de trois caméras thermiques portables, ainsi que de deux systèmes de surveillance avec caméras thermiques et de quatre caméras thermiques à Cadix et aux Baléares. La gendarmerie espagnole a également obtenu plusieurs caméras thalesiennes « Sophie ». Initialement à usage militaire, ces jumelles thermiques à vision nocturne, dont la portée atteint jusqu’à 5 kilomètres, ont délaissé les champs de bataille et servent désormais à traquer les exilés qui tentent de rejoindre l’Europe. Dans une enquête publiée en juillet dernier, Por Causa, média spécialisé dans les migrations, a analysé plus de 1 600 contrats liant l’État espagnol à des entreprises pour le contrôle des frontières, dont onze attribués à Thales, pour la somme de 3,8 millions d’euros.

      Algésiras héberge le port le plus important du sud de l’Espagne, c’est depuis des années l’une des portes d’entrées des migrants en Europe.
      Salva Carnicero, journaliste à « Por Causa »

      Le choix des villes n’est bien sûr pas anodin. « Algésiras héberge le port le plus important du sud de l’Espagne, c’est depuis des années l’une des portes d’entrées des migrants en Europe », analyse Salva Carnicero, qui travaille pour Por Causa. Dès 2003, la ville andalouse était équipée d’un dispositif de surveillance européen unique lancé par le gouvernement espagnol pour contrôler sa frontière sud, le Système intégré de surveillance extérieure (SIVE). Caméras thermiques, infrarouges, radars : les côtes ont été mises sous surveillance pour identifier la moindre embarcation à plusieurs dizaines de kilomètres. La gestion de ce système a été attribuée à l’entreprise espagnole Amper, qui continue à en assurer la maintenance et a remporté plusieurs appels d’offres en 2017 pour le déployer à Murcie, Alicante et Valence. Une entreprise que Thales connaît bien, puisqu’elle a acquis en 2014 l’une des branches d’Amper, spécialisée dans la création de systèmes de communication sécurisés pour le secteur de la défense.

      Ceuta et Melilla, villes autonomes espagnoles ayant une frontière directe avec le Maroc, sont considérées comme deux des frontières européennes les plus actives. En plus des caméras thermiques, Thales Espagne y a débuté en septembre 2019, en partenariat avec l’entreprise de sécurité suédoise Gunnebo, l’un des projets de reconnaissance faciale les plus ambitieux au monde. Le logiciel thalesien Live Face Identification System (LFIS) est en effet couplé à 35 caméras disposées aux postes-frontières avec l’Espagne. L’objectif : « Surveiller les personnes entrant et sortant des postes-frontières », et permettre « la mise en place de listes noires lors du contrôle aux frontières », dévoile Gunnebo, qui prédit 40 000 lectures de visages par jour à Ceuta et 85 000 à Melilla. Une technologie de plus qui complète l’immense clôture qui tranche la frontière. « Les deux vont de pair, le concept même de barrière frontalière implique la présence d’un checkpoint pour contrôler les passages », analyse le géographe Stéphane Rosière, spécialisé dans la géopolitique et les frontières.

      Chercheur pour Stop Wapenhandel, association néerlandaise qui milite contre le commerce des armes, Mark Akkerman travaille depuis des années sur la militarisation des frontières. Ses rapports « Border Wars » font figure de référence et mettent en exergue le profit que tirent les industriels de la défense, dont Thales, de la crise migratoire. Un des documents explique qu’à l’été 2015, le gouvernement néerlandais a accordé une licence d’exportation de 34 millions d’euros à Thales Nederland pour des radars et des systèmes C3. Leur destination ? L’Égypte, un pays qui viole régulièrement les droits de l’homme. Pour justifier la licence d’exportation accordée à Thales, le gouvernement néerlandais a évoqué « le rôle que la marine égyptienne joue dans l’arrêt de l’immigration “illégale” vers Europe ».

      De l’Australie aux pays du Golfe, l’ambition de Thales dépasse les frontières européennes

      L’ambition de Thales dépasse l’Europe. L’entreprise veut surveiller aux quatre coins du monde. Les drones Fulmar aident depuis 2016 la Malaisie à faire de la surveillance maritime et les caméras Gecko – encore elles –, lorgnent sur les eaux qui baignent la Jamaïque depuis 2019. En Australie, Thales a travaillé pendant plusieurs années avec l’entreprise publique Ocius, aidée par l’université New South Wales de Sydney, sur le développement de Bluebottle, un bateau autonome équipé d’un radar dont le but est de surveiller l’espace maritime. Au mois d’octobre, le ministère de l’industrie et de la défense australien a octroyé à Thales Australia une subvention de 3,8 millions de dollars pour développer son capteur sous-marin Blue Sentry.

      Une tactique rodée pour Thales qui, depuis une quinzaine d’années, profite des financements européens pour ses projets aux frontières. « L’un des marchés-clés pour ces acteurs sont les pays du Golfe, très riches, qui dépensent énormément dans la sécurité et qui ont parfois des problèmes d’instabilité. L’Arabie saoudite a barriérisé sa frontière avec l’Irak en pleine guerre civile », illustre Stéphane Rosière. En 2009, le royaume saoudien a confié la surveillance électronique de ses 8 000 kilomètres de frontières à EADS, aujourd’hui Airbus. Un marché estimé entre 1,6 milliard et 2,5 milliards d’euros, l’un des plus importants de l’histoire de la sécurité des frontières, dont l’attribution à EADS a été vécue comme un camouflet par Thales.

      Car l’entreprise dirigée par Patrice Caine entretient une influence historique dans le Golfe. Présent aux Émirats Arabes unis depuis 45 ans, l’industriel y emploie 550 personnes, principalement à Abu Dhabi et à Dubaï, où l’entreprise française est chargée de la sécurité d’un des plus grands aéroports du monde. Elle y a notamment installé 2 000 caméras de vidéosurveillance et 1 200 portillons de contrôle d’accès.

      Au Qatar, où elle comptait, en 2017, 310 employés, Thales équipe l’armée depuis plus de trois décennies. Depuis 2014, elle surveille le port de Doha et donc la frontière maritime, utilisant pour cela des systèmes détectant les intrusions et un imposant dispositif de vidéosurveillance. Impossible de quitter le Qatar par la voie des airs sans avoir à faire à Thales : l’entreprise sécurise aussi l’aéroport international d’Hamad avec, entre autres, un dispositif tentaculaire de 13 000 caméras, trois fois plus que pour l’intégralité de la ville de Nice, l’un de ses terrains de jeu favoris (lire l’épisode 1, « Nice, le “little brother” de Thales »).

      La prochaine grande échéance est la Coupe du monde de football de 2022, qui doit se tenir au Qatar et s’annonce comme l’une des plus sécurisées de l’histoire. Thales participe dans ce cadre à la construction et à la sécurisation du premier métro qatari, à Doha : 241 kilomètres, dont 123 souterrains, et 106 stations. Et combien de milliers de caméras de vidéosurveillance ?

      https://lesjours.fr/obsessions/thales-surveillance/ep6-frontieres-europe

  • Ben alors ça, je croyais que tout le monde le savait

    En Suisse, à partir des années 60, il y a eu obligation de construire un abri anti atomique dans chaque nouvelle construction puis au début des années 2010, la loi a été modifiée.

    WP spécifie

    La construction obligatoire d’abris antiatomiques durant la guerre froide serait en partie due au lobbying mené par l’industrie du ciment auprès des parlementaires.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Abri_antiatomique

    • La France compte environ 1 000 abris antinucléaire, dont 600 abris militaires et 300 à 400 abris privés. Le taux de protection nucléaire est ainsi proche de 0 %.

      Mais nul n’ignore que le génie français nous permettant d’avoir des frontières étanches aux rayonnements ionisants, il serait contre productif de penser à (et encore moins d’agir pour) s’en protéger.
      Par comparaison :

      En 2023, la Suède disposait de 7,2 millions de places protégée, soit un taux de couverture de 81 %.

      #nucléaire

    • @vazy : la différence de logique est peut-être aussi dans le fait que la France dispose elle-même de l’arme nucléaire, et donc compte plus sur l’idée de dissuasion (destruction mutuelle en cas d’attaque) que sur des abris.

    • Tout ça pour raconter que ma tante suisse (et non pas mon oncle d’amérique) avait chez elle un #abri_antiatomique.

      Mais vous oubliez qu’en France on a des pastiles d’iode, bien plus facile à trouver (comme le stock de masques)

    • @arno la définition que tu donnes de la dissuasion est tellement réaliste ! Ce qui me sidère c’est que l’humanité (une partie au moins) en soit venue à considérer que la menace « destruction mutuelle » soit la condition de l’harmonie du monde. Comme si on n’avait que ça à foutre de se mettre sur la gueule sur une planète qui se barre en sucette.
      #complexe_militaro_industriel

  •  » 1961 : Discours du président Dwight Eisenhower sur le complexe militaro-industriel américain
    Dwight Eisenhower
    https://www.les-crises.fr/eisenhower-1961

    Nous devons veiller à empêcher le complexe militaro-industriel d’acquérir une influence injustifiée dans les structures gouvernementales, qu’il l’ait ou non consciemment cherchée. Nous nous trouvons devant un risque réel, qui se maintiendra à l’avenir : qu’une concentration désastreuse de pouvoir en des mains dangereuses aille en s’affermissant. Nous devons veiller à ne jamais laisser le poids de cette association de pouvoirs mettre en danger nos libertés ou nos procédures démocratiques. Nous ne devons jamais rien considérer comme acquis. Seul un peuple informé et vigilant réussira à obtenir que l’immense machine industrielle et militaire qu’est notre secteur de la défense nationale s’ajuste sans grincement à nos méthodes et à nos objectifs pacifiques, pour que la sécurité et la liberté puissent prospérer ensemble. […]

    [Dwight Eisenhower, Discours de fin de mandat resté connu sous le nom du Discours du Complexe Militaro-Industriel, 17/01/1961]

    #complexe_militaro_industriel #Eisenhower

  • Eisenhower called it the ‘military-industrial complex.’ It’s vastly bigger now. - The Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/politics/2019/06/26/eisenhower-called-it-military-industrial-complex-its-vastly-bigger-n

    We used to call the nexus of private interests and national defense the “military-industrial complex.” But that Cold War term no longer fits. “Industrial” does not capture the breadth of the activities involved. And “military” fails to describe the range of government policies and interests implicated. Over the past two decades we’ve seen transformations that include new government reliance on private security firms, revolutions in digital technology, a post-9/11 surge in the number of veterans, and the creation of the Department of Homeland Security (DHS). What we have now could be called a “National Security Corporate Complex.”

    Here are four things you need to know about this transformation.

    #complexe_militaro_industriel
    #etats-unis

  • #Boeing names ex-US envoy Nikki Haley to board of directors
    https://thedefensepost.com/2019/02/26/boeing-names-nikki-haley-board

    Boeing on Tuesday, February 26 named Nikki Haley, the former U.S. ambassador to the United Nations, to its board of directors.

    Haley, who left the United Nations post and President Donald Trump’s administration at the end of 2018, previously served as governor of South Carolina, a southern state where Boeing has a significant manufacturing campus.

    She praised Boeing as “a cutting edge industry leader” that “also understands the importance of teamwork and building community through its network of suppliers in all 50 states and around the world,” according to a statement released by the company.

    #porte_tournante #complexe_militaro_industriel #collusion

  • Warren’s foreign policy shows she’s missing why Trump was elected | William M Arkin | Opinion | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2019/feb/11/elizabeth-warren-foreign-policy-trump-war

    The United States, Warren says, has embarked on “a series of seemingly endless wars, engaging in conflicts with mistaken or uncertain objectives and no obvious path to completion”. It’s fine rhetoric but the obvious path to completion is merely to end the wars. And yet the Bush White House couldn’t or didn’t want to. And Obama vacillated and expanded to the point where bombing and killing was being pursued in almost a dozen countries when he left office. And as for Trump? He’s done little and he’s been publicly admonished by his own secretary of defense when he decided he wanted to end just one of those conflicts.

    But “the United States”? Really? Other than Afghanistan after 9/11 – and that’s all – “the United States” didn’t embark on these wars. The national security community did. The government. Overtly, covertly, with high hopes or unwarranted self-confidence, they got their way.

    Who is the real culprit then? It isn’t Warren’s “elites”, the corporation, or Trump. It is Washington and its ability, indeed even its self-appointed duty, to stand in the way of anything that it sees as not in its interest.

    She may not think it, but Warren is merely genuflecting before this deep state, declaring her allegiance to a “muscular military” and calling for “strong yet pragmatic security policies”. She of course offers a laundry list of things that must be preserved or strengthened that’s non-military – from technological superiority to diplomacy to strong alliances. And she decries the military and civilian policymakers who “seem [in]capable of defining success”. But in her innocence as to why we are stuck in seemingly endless wars she also seems oblivious to the fact that she is already capitulating to the very forces that ensure that we can’t change anything.

    #complexe_militaro_industriel #etats-unis #guerres

  • How women took over the military-industrial complex - POLITICO
    https://www.politico.com/story/2019/01/02/how-women-took-over-the-military-industrial-complex-1049860

    From the executive leadership of top weapons-makers, to the senior government officials designing and purchasing the nation’s military arsenal, the United States’ national defense hierarchy is, for the first time, largely run by women.

    #femmes #complexe_militaro_industriel

  • Vice: A portrait of an American corporate-military gangster - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/en/articles/2018/12/29/vice-d29.html

    Vice: A portrait of an American corporate-military gangster
    By David Walsh and Joanne Laurier
    29 December 2018

    Written and directed by Adam McKay

    In May 2006, referring to #Dick_Cheney, the WSWS observed that if ever there were “an individual who personifies contempt for democratic rights, it is the American vice president.” Universally recognized as the most powerful holder of that office in US history, Cheney “has been the official most identified with the Bush administration’s policies of military aggression, domestic spying, government secrecy, and torture, and its wholesale assault on the US Constitution.”

    The WSWS article went to explain that the Bush-Cheney cabal had systematically erected “the framework for a police state in America over the past five years, while repudiating international law and asserting the right to wage unprovoked wars and kidnap, torture and murder anyone—including US citizens—whom it designates as an ‘enemy combatant’.”

    #armement #complexe_militaro_industriel

  • Our Poor, Defenseless Military Industrial Complex | FAIR
    https://fair.org/home/our-poor-defenseless-military-industrial-complex

    ... disent les #MSM étatsuniens

    Even these figures do not include military pensions and veterans’ healthcare, or nuclear weapons, and therefore the true total is possibly greater than all other countries combined. Military spending is approaching the highest in recorded history of any country, and the increase in military spending Trump approved last year alone would be enough to make public colleges and universities across the US free to all.

    Considering the problems of unemployment, poverty, climate change and infrastructure in the US, perhaps tooling up for an intercontinental war against two nuclear-armed superpowers is not the most effective use of trillions of dollars. That reducing a $716 billion war budget can be presented as a threat to the nation, and that “#defense” can refer to wars in Taiwan or the Baltic, illustrates the depth of the media’s imperial mindset, and goes to show President Dwight Eisenhower’s warning about the power of the military industrial complex went unheeded.

    «#sécurité» #complexe_militaro_industriel #Etats-Unis

  • Pour une maison de la liberté de la presse à Paris
    https://www.bastamag.net/Pour-une-maison-de-la-liberte-de-la-presse-a-Paris

    « Nous souhaitons qu’un lieu démocratique dévolu à la liberté de la presse puisse enfin voir le jour au cœur de la capitale française » : une trentaine de personnalités de tous horizons lancent un appel de soutien au projet de Maison des #Médias_libres à Paris, porté par près de 80 structures partenaires dont Basta !. Construire un lieu emblématique pour la liberté de la presse à Paris. Telle est l’ambition portée notamment par une soixantaine de médias indépendants, dont Basta ! (voir la liste ci-dessous), (...)

    #Débattre

    / Médias libres

  • 2001 :

    Bush déclare la guerre aux #taliban - Libération
    http://www.liberation.fr/evenement/2001/09/22/bush-declare-la-guerre-aux-taliban_377871

    L’objectif immédiat de la Maison Blanche semble désormais être le renversement du régime taliban. « Si le fait de faire partir des gens protège les Américains et protège #le_monde_entier du #terrorisme, alors les #objectifs seront atteints »

    17 ans (et des dizaines de milliers de victimes civiles et des centaines de milliards de dollars) plus tard :

    « Signaux très positifs » entre Américains et talibans réunis à Doha - SWI swissinfo.ch
    https://www.swissinfo.ch/fre/toute-l-actu-en-bref/-signaux-tr%C3%A8s-positifs--entre-am%C3%A9ricains-et-talibans-r%C3%A9unis-%C3%A0-doha/44288436

    La délégation américaine était conduite par Alice Wells, sous-secrétaire d’Etat adjointe chargée de l’Asie du Sud et du centre (archives).

    #complexe_militaro_industriel #criminel #etats-unis

  • #Eternal_Harvest - USAF Bombing in Laos

    Here we have a data visualization of the bombings. Between June 9, 1964, and April 26, 1973, the US carried out the largest bombing campaign, per capita, in history, in Laos. US forces dropped, on average, 1.3 million pounds of bombs a day. For 3,243 days. On a country of 2.5 million people.

    This data was originally compiled by the US Department of Defense. This video shows missions from October 1965 through April, 1973.

    This video shows most of the logged attack missions flown over Laos by the US Air Force, Navy and Marines. This does not include missions without target coordinates, non-attack missions, missions flown by other countries, or missions flown before October, 1965.

    https://vimeo.com/264174642


    #cartographie #visualisation #bombardements #bombes #Laos #guerre_du_vietnam

  • #Lockheed_Martin wins $8 billion U.S. special forces contract
    https://www.reuters.com/article/us-lockheed-pentagon-idUSKBN1AR2E3

    The contract will support the Army’s Green Berets, Rangers as well as Navy SEALs, the U.S. Department of Defense said in a statement.

    The 10-year award will extend Lockheed Martin’s current support contract which was set to expire in September 2018.

    The Pentagon said multiple companies competed for the contract.

    #complexe_militaro_industriel #etats-unis #pentagone

    • J’ai eu une discussion par mp avec un des journalistes impliqués via un journaliste à la rédac’ web qui est un de mes amis (William Audureau, rubrique jeux vidéo)

      Il a compris que la formulation sur l’embargo était mauvaise. Du coup, il va modifier le texte.

      Je lui ai dit que c’était pas suffisant, que d’autres points importants méritaient d’être revus (pour rester soft). J’espère que c’est l’ensemble qui va être remanié mais je ne me fais pas de grosses illusions.

    • En plus d’être fausse cette vidéo est aussi vraiment obscène avec leur « banzaï » et les déclarations triomphantes sur cette merveilleuse réussite française, avec la voix réjouie de la narratrice... ce n’est pas seulement l’approche du fond qui est problématique, c’est aussi la forme et le mode narratif.

      Et Le Monde essaye de nous faire croire que c’est du vrai journalisme, chaque jour un peu plus bas.

    • Pour la modification du fond, la considération du CV de l’auteure, membre distinguée du #complexe_militaro_industriel, pardon !, de la #base_industrielle_et_technologique_de_défense (#BITD) laisse peu de place à une évolution sensible…

      À propos de CMI, et de comment on en est arrivé là, on peut réécouter le discours de fin de mandat de Dwight D. Eisenhower (17/01/61) (à partir de 7:45) rappelant le rôle crucial du politique (et du secteur public) dans le pilotage de la politique de défense mais aussi, c’est moins souvent rappelé que le CMI, dans le pilotage de la recherche scientifique et technique.

      https://www.youtube.com/watch?v=OyBNmecVtdU

      À l’entendre, on a un peu de mal à imaginer qu’il appartient au même parti politique que son lointain (onzième !) successeur.

    • En même temps, Eisenhower a comme tu le dis été l’architecte de ces partenariats public/privé. J’ose espérer que les journalistes reprendront la main mais je n’y crois guère. Par contre, nous, assos, militants, on a clairement perdu en influence pour que les journalistes s’autorisent à écrire de telles choses... Impensable il y a 20 ans.

    • Commentaire …

      Ah ah ah
      Présenté comme un secteur « pas comme les autres » mais traité comme « d’habitude ».

      http://dessinemoileco.com/lindustrie-de-defense-francaise-secteur-autres

      Bonjour Philippe et merci pour votre commentaire.

      Nous avons retranscrit les informations récupérées auprès de notre experte de manière fidèle, l’idée étant d’expliquer le fonctionnement de la vente des armes au grand public et non de prendre parti sur cette question, comme d’habitude.
      Nous allons néanmoins modifier un point qui paraissait effectivement imprécis (raison pour laquelle la vidéo a été temporairement enlevée de la section des décodeurs).

      Pour le reste, nous avons suivi la ligne éditoriale qui est la nôtre depuis le début de la série Dessine-moi l’éco : les représentations graphiques ont le même style que d’habitude, la voix de la comédienne n’est ni plus ni moins enjouée que dans toutes les autres vidéos DME et la réalisation globale a pour objectif de capter l’attention des spectateurs et de vulgariser le message.

      Cordialement,

      L’équipe Dessine-moi l’éco.

      je note l’argument

      expliquer le fonctionnement de la vente des armes au #grand_public

      Donc il serait préjudiciable que le grand public apprenne la vérité ? le grand public veut de la fable, remercions les journalistes qui savent comprendre le vulgus, cet être infantile à qui il faut servir la bonne sous soupe de leur maître.

    • texte du pdf
      http://dessinemoileco.com/wp-content/uploads/2017/07/DMETexte_armements.docx.pdf

      L’industrie de défense française : un secteur pas comme les autres

      La France se situe aujourd’hui au 4e rang mondial des Etats producteurs et exportateurs d’armement, derrière les EU, la Russie et la Chine.


      L’industrie de défense française, aussi appelée Base industrielle et technologique de défense (BITD), emploie environ 165 000 personnes au sein de 4 000 entreprises dont les principales sont Dassault Aviation, Thales, Airbus Group, Safran ou encore Naval group (ex DCNS).

      La BITD française produit des armements de haut niveau technologique, notamment :
      des sous-marins ;
      des avions de combat comme le Rafale ;
      des hélicoptères ;
      des véhicules blindés ;
      des systèmes électroniques (radars ou systèmes de communication par exemple).


      L’industrie de défense n’est pas une industrie ordinaire car ses clients sont des Etats : l’Etat français tout d’abord, qui commande à sa BITD des équipements pour sa propre défense, et qui finance par ailleurs la recherche et développement.


      Les ventes d’armes à des pays étrangers sont soumises à autorisation de l’Etat français : la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG) délivre des licences d’exportation en fonction des relations stratégiques entre les pays notamment.


      Par exemple, la France ne vend pas d’armes aux pays qui font l’objet d’un embargo décrété par l’ONU et l’UE, comme la Syrie.


      L’Arabie Saoudite est son principal client ces 10 dernières années.


      La France a par ailleurs récemment vendu des Rafales à l’Inde, au Qatar et à l’Egypte et des sous-marins à l’Australie.


      Les Etats qui commandent des armements à la France souhaitent la plupart du temps que la production, voire la conception et l’entretien, se déroulent sur leur propre territoire, grâce à des transferts de compétences et de technologies.


      On parle d’offsets directs.


      Pour répondre à ces exigences, les entreprises françaises installent des filiales ou encore établissent des coentreprises (ou Joint Ventures – JV) avec des entreprises locales.


      A terme, ces Etats aspirent ainsi à se constituer une BITD nationale afin de devenir à leur tour indépendants en matière d’armement.


      Le défi pour l’Etat français et ses entreprises est donc d’éviter de favoriser l’émergence de nouveaux concurrents et de conserver une certaine avance technologique.


      Pour soutenir son industrie, l’Etat doit continuer à passer des commandes à ses propres industries et à financer leur R&D


      Cela ne l’empêche pas d’acheter des équipements à l’étranger, par exemple des drones aux Etats-Unis et des fusils d’assaut à l’Allemagne.


      Avec plus de 14 milliards d’euros de prises de commandes en 2016, la France est devenue un acteur majeur sur le marché mondial de l’armement.
      –---------


      0 Plus d’informations ici : http://dessinemoileco.com/conditions-dutilisation
      Pour nous contacter : Sydo – 13 rue Burdeau 69001 Lyon – contact@sydo.fr


      fr – +33 (0)4 26 78 32 77

    • bio d’Hélène Masson, chercheuse qui a « validé le contenu »
      Fondation pour la recherche stratégique
      https://www.frstrategie.org/frs/chercheurs/helene-masson

      Expérience professionnelle

      Maître de recherche, en charge du pôle Défense&Industries
      Rédacteur en chef de la revue Défense&Industries
      Responsable du séminaire « Stratégies industrielles et économie de la défense », Master 2 Droit Stratégies industrielles et politiques publiques de défense, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
      Intervenante à Polytechnique Palaiseau (FAMIA : Formation des ingénieurs de l’armement)
      Membre du Conseil scientifique de l’IHEDN
      Membre du Conseil scientifique de la Chaire Economie de défense, IHEDN
      Auditeur de la 47ème session IHEDN/Armement et Economie de défense

    • La vidéo a été remise en ligne en douce hier (pas d’annonce sur les fils twitter des @décodeurs ni de @lemondefr).

      Il semble que la différence tienne dans une phrase : on passe de “La france ne vend pas” à “La France n’a pas le droit de vendre” (aux pays sous embargo).

      L’ancienne version est toujours en ligne sur dessinemoileco.

  • Why Is America Using These Antique Planes To Fight ISIS?
    http://www.thedailybeast.com/articles/2016/03/09/why-is-america-using-these-antique-planes-to-fight-isis.html

    That’s right. America’s aerial bombing campaigns are also laboratories for the military and the arms industry. After all, how better to pinpoint an experimental warplane’s strengths and weaknesses than to send it into an actual war?

    #complexe_militaro_industriel

  • Sale of U.S. Arms Fuels the Wars of Arab States - NYTimes.com
    http://www.nytimes.com/2015/04/19/world/middleeast/sale-of-us-arms-fuels-the-wars-of-arab-states.html?_r=0

    Une des raisons essentielles pour lesquelles les dizaines de milliers de #victimes_civiles « valent la peine »,

    To wage war in Yemen, Saudi Arabia is using F-15 fighter jets bought from Boeing. Pilots from the United Arab Emirates are flying Lockheed Martin’s F-16 to bomb both Yemen and Syria. Soon, the Emirates are expected to complete a deal with General Atomics for a fleet of Predator drones to run spying missions in their neighborhood.

    As the Middle East descends into proxy wars, sectarian conflicts and battles against terrorist networks, countries in the region that have stockpiled American military hardware are now actually using it and wanting more. The result is a boom for American defense contractors looking for foreign business in an era of shrinking Pentagon budgets — but also the prospect of a dangerous new arms race in a region where the map of alliances has been sharply redrawn.

    The United States has long put restrictions on the types of weapons that American defense firms can sell to Arab nations, meant to ensure that Israel keeps a military advantage against its traditional adversaries in the region. But because Israel and the Arab states are now in a de facto #alliance against #Iran, the Obama administration has been far more willing to allow the sale of advanced weapons in the Persian Gulf, with few public objections from #Israel.

    “When you look at it, Israel’s strategic calculation is a simple one,” said Anthony H. Cordesman of the Center for Strategic and International Studies. The gulf countries “do not represent a meaningful threat” to Israel, he said. “They do represent a meaningful counterbalance to Iran.”

    #armes #Etats-Unis #complexe_militaro_industriel

  • Who’s Paying the Pro-War Pundits ?
    Lee Fang on September 12, 2014 - 3:40PM ET
    http://m.thenation.com/article/181601-whos-paying-pro-war-pundits

    Rappel toujours nécessaire devant la masse monumentale uniforme d’"#analyses" d’"#experts"

    ... what you won’t learn from media (...) is that many of these former Pentagon officials have skin in the game as paid directors and advisers to some of the largest military contractors in the world. Ramping up America’s military presence in Iraq and directly entering the war in Syria, along with greater military spending more broadly, is a debatable solution to a complex political and sectarian conflict. But those goals do unquestionably benefit one player in this saga: America’s defense industry.

    [Retired General Jack] Keane is a great example of this phenomenon. His #think_tank, the Institute for the Study of War (ISW), which he oversees along with neoconservative partisans Liz Cheney and William Kristol, has provided the data on ISIS used for multiple stories by The #New_York_Times, the #BBC and other leading outlets.

    (...)

    To portray Keane as simply a think tank leader and a former military official, as the media have done, obscures a fairly lucrative career in the contracting world. For the #General_Dynamics role alone, Keane has been paid a six-figure salary in cash and #stock_options since he joined the firm in 2004; last year, General Dynamics paid him $258,006.

    #MSM #complexe_militaro_industriel #manipulations #Etats-Unis

  • NATO members mull rearmament | World | DW.DE | 07.05.2014
    http://www.dw.de/nato-members-mull-rearmament/a-17616328

    Defense expert Neu (...) thinks the Russian threat to Europe is overestimated.

    “Not a single NATO country is in any way threatened,” he told DW. “It’s artificial hysteria which is used to improve the public image of NATO.” The defense alliance has lost its old bogeyman - the Soviet Union - and now Russia has to serve as bogeyman once more, he says.

    (...)

    "European NATO members alone outnumber Russia. That applies for the number of troops as well as for the size of the tank fleet and other military units."And NATO also is qualitatively superior to Russia," [SWP expert Mölling] added.

    (...)

    Not one of the experts thinks the Ukraine crisis should mark the beginning of a new arms race, as NATO Secretary-General Anders Fogh Rasmussen has requested.

    SWP expert Mölling would like to see armament “in homeopathic doses and at the right place.” He added that, “We are not talking about hundreds of billions of euros, as Rasmussen is currently dreaming of.”

    Mölling sees Rasmussen’s statement as a parting shot at the end of his time in office. NATO will have a new Secretary General by autumn.

    Alexander S. Neu goes a step further, suggesting Rasmussen is a “Washington man” who intends to transplant US military costs onto European shoulders.

    “The Europeans are increasingly having to undertake tasks which, up until now, had been managed by the US alone. That’s why [the Europeans] are supposed to beef up their defense budgets.”

    The Left politician also added that he views Rasmussem as the executive body of US policy wishes.

    #OTAN #complexe_militaro_industriel #Europe #Etats-Unis #hystérie_feinte

  • Danielle Brian on Legalized Corruption
    http://billmoyers.com/2014/02/21/danielle-brian-on-corruption

    The ideological gridlock that grips Congress might make you angry. But as Lofgren points in his professorial manner, what should really get your blood pumping are the strings being pulled by the real decision makers: the executives on #Wall_Street, in #Silicon_Valley and in the military-intelligence industrial complex surrounding the #Beltway.

    The really creepy part is that a lot of this corruption (the revolving doors, lobbying activities and campaign contributions, for instance) is legal. Mull that over: We’ve passed laws allowing the “#Deep_State” to not only exist, but also to flourish.

    #complexe_militaro_industriel #corruption_légale #Etats-Unis