• Le débat sur l’énergie électrique porte souvent sur le type de production (nucléaire, fossile, renouvelable) mais reste dans un angle mort sur la dimension marchande et capitaliste du système électrique.

    Le réseau électrique est géré comme devant répondre à toute demande solvable d’électricité, sans discussion.

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    #réseau-électrique #batteries-électriques #pfas #perfluorés #fluoropolymères #arkema #critique_de_la_société_marchande #post-monétaire

  • Les « polluants éternels » que sont les PFAS ne sont pas les premières nuisances engendrées par l’industrie.

    Toutefois, leur ampleur a de quoi frapper l’imagination. Toute la planète, l’air, l’eau, la terre, les êtres vivants, leurs organes sont concernés.

    Dans un premier temps, c’est évidemment l’impuissance qui parle et chacun est renvoyé aux micro-décisions d’évitement de cette terrible réalité (dois-je boire cette eau ? Dois-je manger ces œufs ? Dois arroser avec cette eau ?). Puis, le quotidien reprend ses droits car on ne va pas s’arrêter de boire et de manger. Jusqu’à considérer avec détachement ce qui peut apparaître comme inévitable et dont il n’y a pas grand-chose à en dire.

    Dans un deuxième temps, c’est une tout autre démarche qui peut, on peut l’espérer, s’imposer. Comment ces pollutions scandaleuses sont-elles possibles ? Quelles en sont les causes profondes, essentielles ?

    Pourquoi y a-t-il autant de pollutions ?

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    #pfas #perfluorés #pollution #arkema #fluoropolymères #critique_de_la_société_marchande #post-monétaire

  • Un recueil de textes en anglais, par une série d’auteurs allemands (dont Ernst Lohoff) sur le thème post-monétaire.

    Society after money. A dialogue

    https://nach-dem-geld.de/2019/society-after-money-released

    Auteurs

    Everything revolves around money. No individual or collective practice of any kind, no technological or scientific development seems to be conceivable without money. True, money has long been the object of criticism, but the idea of a “post- monetary society” sparks resistance and unease. And yet historical and anthropological studies (e.g. Le Goff 2011; Graeber 2012) show that money has certainly not always occupied the role that it has today—and that it could therefore change its position again. The project “Society After Money” (“Die Gesellschaft nach dem Geld”) was proposed in 2015, and approved for funding as of January 1, 2016 in the framework of the VW funding line “Original—isn’t it?/Constellations.” The aim was, firstly, to initiate dialogue between heterogeneous areas of knowledge, allowing their theories and critiques of money to cast light on each other. The second aim was to think in an open- ended way about the possibility of post- monetary forms of organization and production (cf. also Nelson and Timmermann 2011). But why did this seem relevant to us in the first place?
    In the present time, two self- descriptions overlap: on the one hand, there is talk of a “digital revolution,” a “media society,” “networks,” “Industry 4.0.” On the other hand, the present is described as particularly prone to crises: “financial crisis,” “economic crisis,” “planetary boundaries.” So on the one hand there is the description of radical changes in technology and media, and on the other hand, that of profound social dysfunctions. The project is based on the hypothesis that there is a connection, which can be described as the collision between digital media or digital technologies and the medium of money (in addition to other, older conflicts such as that between monetary accumulation and needs). This becomes clear in two respects. Firstly, it hardly seems possible to represent digital media products in the form of commodities. Digital goods are not scarce, since they can, in principle, be reproduced at will. A knowledge or information society based on money is a contradiction in itself. Secondly, there is increasingly urgent debate about whether universally programmable and therefore versatile digital technologies are not making so much labor superfluous, in all industries, that social reproduction by means of wage labor, i.e. labor in exchange for money, is becoming problematic (these problems are discussed in the article by Peter Fleissner1). These obvious problems with monetary mediation (and older problems relating to this) have repeatedly inspired imaginative selfdescriptions of society, especially in science fiction, which envisage a postmonetary future (see the chapter by Annette Schlemm).
    (...)

    #critique_de_la_société_marchande #post-monétaire

  • Nous sommes des autoproducteurs. Qu’est-ce que ça veut dire ?

    Commençons par définir le terme. L’autoproduction est la production d’objets ou de services, par des agents qui n’ont normalement pas vocation à produire ces objets ou services. Tout est dans le « normalement ». L’autoproduction ne peut pas se comprendre sans un regard sur les normes sociales. Autoproduire est idéalement un acte incongru voire de révolte dans tel ou tel domaine, quand la majorité des gens font appel à des professionnels pour les domaines en question. A l’inverse, une production dans un domaine où la norme n’est pas de recourir à des professionnels n’est pas de l’autoproduction. Par exemple, le fait pour des parents de s’occuper de leurs enfants n’est pas de l’autoproduction car c’est normal de le faire (contrairement par exemple au type de société décrit dans le roman Le meilleur des mondes).

    Parce qu’elle est relative à des normes, l’autoproduction contient un potentiel de subversion des normes sociales touchant à la production, à l’économie. Mais dans une société marchande, ce potentiel est en permanence annulé. Ainsi, tout un pan d’une certaine « économie domestique » est pleinement articulée à l’économie marchande : cuisine, jardinage, bricolage... « L’autoproduction est l’avenir » est par exemple le slogan d’une chaîne de magasins de jardinage. Les magasins de bricolage et de jardinage sont des secteurs économiques à part entière alimentant des formes d’autoproduction, dont le potentiel subversif de la société marchande est largement neutralisé.

    Dans chaque domaine, l’autoproduction est donc tolérée par la société marchande à la condition qu’elle reste dans certaines limites.

    Une limite essentielle à percevoir est la suivante : elle conduit à réduire l’autoproduction au simple fait de faire soi-même et pour soi-même, ou pour ses proches. Tant que l’autoproduction est ainsi réduite à de l’autoconsommation, on comprend que l’acte même d’autoproduire est socialement isolé, séparé. Et c’est par cette séparation que l’autoproduction peut tout bonnement alimenter l’économie marchande la plus classique, destinée à équiper des foyers de consommation isolés les uns des autres, pour rendre possible la production par des non-professionnels à l’échelon individuel ou micro-domestique. Ces équipements non-professionnels sont dimensionnés pour correspondre à cet échelon et pour se loger dans un espace domestique de taille réduite. Car produire pour soi-même c’est nécessairement produire en petites quantités. Et donc aussi très inefficacement par rapport au même domaine quand il est pris en charge par des professionnels.

    Dans cette autoproduction réduite à de l’autoconsommation, c’est le rapport social général de la société marchande qui demeure fondamentalement inchangé, puisque c’est toujours le travail et l’argent qui restent le fondement de l’organisation matérielle. Cette autoproduction consiste à assembler, en bout de chaîne, les éléments produits par l’économie, pour obtenir à la fin un produit fini directement consommable.

    Dans une optique de critique des affres du capitalisme et de volonté d’en sortir, cette mécompréhension du rapport social aboutit à la stratégie de s’extraire de la société à une toute petite échelle (une ou quelques familles), comme s’il s’agissait de retourner à l’ancienne « économie domestique » paysanne et préindustrielle consistant à dépendre le moins possible de l’extérieur de l’espace domestique. Le foyer moderne, unité de consommation marchande équipée de diverses machines, est ainsi vu comme l’équivalent du foyer paysan de l’époque préindustrielle, sans tenir compte du fait qu’historiquement celui-ci n’a pas pu résister au déploiement du capitalisme. La vision d’une société de producteurs-autoconsommateurs indépendants, et donc séparés, n’est pas le bon levier pour imaginer comment sortir du capitalisme.

    Pour récupérer le potentiel subversif de l’autoproduction, il y a une stratégie sociale consciente à réfléchir et à construire, qui s’inspirerait de la robustesse des réalisations matérielles de l’ancienne économie domestique paysanne tout en les dégageant de l’illusion conservatrice que les formes sociales préindustrielles (ou plus, modestement, antérieures à l’époque contemporaine) peuvent servir de point d’appui pour renverser le rapport social capitaliste.

    Par exemple, une production à petite échelle et en petite quantité, tournée vers l’autoconsommation dans un cercle social restreint (la famille, le clan), ne peut pas servir de point d’appui pour contrer la marchandise. Le minimum que nous puissions faire pour subvertir l’autoproduction marchande, le do it yourself bourgeois, c’est d’autoproduire pour les autres plutôt que pour nous-mêmes. Tout en conservant bien entendu la dimension non-monétaire de l’autoproduction, puisque le paiement en argent viendrait réintroduire la logique sociale marchande, la monnaie étant « l’expression de la totalité sociale » (« Monnaie, séparation marchande et rapport salarial », André Orléan (1)) d’un monde fait de producteurs séparés.

    Pour sortir de sa dimension marchande, l’autoproduction a également intérêt à se « désembourgeoiser », dans la mesure où le fait d’autoproduire dans une société marchande relève d’un privilège, puisque cela nécessite des ressources en temps, en argent, en savoir-faire inégalement distribuées. Selon le PADES (« Autoproduction accompagnée, innovation sociale et sociétale », Guy Roustang, mars 2012(2)), ce ne sont ainsi pas les classes les plus populaires qui ont le plus recours à l’autoproduction, alors que le manque de ressources financières pourrait être une motivation à y avoir recours.

    Dans le contexte actuel où il y a des raisons de s’inquiéter de la pérennité des approvisionnements marchands en produits alimentaires ou en énergie (comme alimentant nos moyens de nous chauffer, de nous déplacer), les solutions techniques et sociétales qui se présentent spontanément vont malheureusement dans le sens d’un repli sur l’individu et la petite échelle sociale.

    On fantasme ainsi un effondrement de certaines réalisations matérielles du capitalisme, alors que son rapport social, lui, ne tend pas à s’effondrer puisqu’il n’est même pas pensé, et encore moins critiqué. Face à cela il y aurait du sens à ce que des collectifs d’autoproducteurs naissent et affirment leurs interdépendance à l’intérieur de chaque collectif et entre collectifs, échangent au minimum sur leurs expériences respectives, et dans le meilleur des cas cherchant à boucler leurs productions les unes sur les autres, à les rendre complémentaires, par delà les ancrages locaux par ailleurs évidemment nécessaires, et pour ainsi former un seul grand collectif ou une fédération partageant un même contrat social et universel (on pourrait s’inspirer du SILA de Bolo’bolo(3)).

    Pour qu’une autoproduction anticapitaliste s’épanouisse, bien des ressources sont indispensables : de grands espaces en ville, des grands terrains à cultiver, des moyens de se déplacer entre les deux, du temps libéré des contraintes au travail marchand. Elles sont plus que la société marchande peut nous donner spontanément et gentiment. Elles sont pourtant une priorité puisqu’elles conditionnent le démarrage d’une autoproduction solidaire (qui dépasse l’échelle de l’autoconsommation domestique), et donc aussi le passage d’un capitalisme qui fait semblant de s’effondrer à une autre forme de société. A défaut de produire beaucoup, faisons circuler nos productions hors de l’échelle locale et sans monnaie, afin d’expérimenter ou d’amorcer un rapport social général alternatif à la société marchande.

    Notons aussi que, aujourd’hui, la motivation à autoproduire ne rencontre évidemment pas forcément des motifs politiques, dans le sens d’une transformation sociale d’ampleur. L’autoproduction n’est pas nécessairement subversive, et cette ambivalence fait aussi son intérêt. Le fait de « faire soi-même » peut répondre à un besoin profond de confiance en soi comme de reprendre pied, dans un monde incertain, où le sens de la production à l’intérieur des professions perd de son caractère d’évidence, et où un vif sentiment d’impuissance envahit lentement l’ensemble du corps social.

    Cette recherche de sens peut évidemment prendre une forme qui la rend totalement compatible avec la société marchande, spécialement par la tendance à la sophistication et à l’excellence technique, qui sont la condition pour « vivre de sa passion », c’est-à-dire atteindre une clientèle argentée seule capable de valider économiquement des productions artisanales à faible productivité. Face à cette tendance, il sera utile d’évoquer publiquement la nature du désastre capitaliste en cours, et les consensus que l’on peut espérer voir se dégager, concernant les domaines prioritaires où nous avons le plus intérêt à développer l’autoproduction d’aujourd’hui.

    (1) http://www.touteconomie.org/sites/default/doc_bib_eco/45_272.pdf
    (2) http://www.padesautoproduction.net/Documents/APA-innovation%20societale.pdf
    (3) http://www.lyber-eclat.net/lyber/bolo/sila.html

    #autoproduction #critique_de_la_société_marchande