• Des universités françaises au bord de l’#asphyxie : « Ça craque de partout »

    Locaux vétustes, #sous-financement structurel, #pénurie d’enseignants, inégalités sociales et scolaires… Les universités de Créteil, Villetaneuse ou encore Montpellier-III cumulent les difficultés. Le fossé se creuse encore entre les établissements prestigieux et les autres.

    A l’#université_Sorbonne-Paris_Nord, sur le campus de Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis, la visite guidée se transforme immanquablement en un passage en revue du #délabrement. Tel couloir ou telle salle, inondés à chaque forte pluie, cumulent vétusté et moisissures sur les murs. Des amphithéâtres aux sièges cassés, des prises abîmées depuis des années, et des vidéoprojecteurs qui, régulièrement, ne fonctionnent pas. Les filets de fortune qui retiennent des bouts de plafond qui s’écroulent au-dessus d’une passerelle reliant plusieurs bâtiments. Cet ascenseur, également, en panne depuis la rentrée, rendant le deuxième étage du département des lettres inaccessible aux étudiants à mobilité réduite.

    De façon moins visible, une grande partie des bâtiments contient encore de l’#amiante, plus ou moins bien protégée. « Là ou encore là, le sol est abîmé, montre Stéphane Chameron, maître de conférences en éthologie, membre du comité social d’administration, encarté SUD-Education, en désignant des dalles usées dans des couloirs ou des escaliers. Donc il peut arriver que de la poussière amiantée soit en suspension dans l’air. C’est une #mise_en_danger. »

    Selon la Cour des comptes, 80 % du bâti de l’université Sorbonne-Paris Nord est aujourd’hui vétuste. Mais le constat national n’est guère réjouissant non plus, avec un tiers du #patrimoine_universitaire jugé dans un état peu ou pas satisfaisant. « Honnêtement, on a honte de faire travailler les étudiants dans ces conditions » , souligne une des enseignantes de l’établissement qui, comme beaucoup, a demandé à rester anonyme.

    En matière d’#encadrement aussi, « la situation est critique », alerte Marc Champesme, chargé du département d’informatique de Paris Nord, membre du syndicat Snesup-FSU. Dans sa composante, le nombre d’étudiants en première année a été multiplié par plus de trois entre 2010 et 2022, et par deux sur les trois années de licence. Dans le même temps, le nombre d’enseignants titulaires n’a pas bougé. « On est maintenant contraints de faire des travaux dirigés en amphi avec soixante étudiants parce qu’on manque de professeurs , réprouve-t-il. Alors même que les pouvoirs publics ne cessent de dire qu’il faut former plus d’informaticiens et de spécialistes de l’IA [intelligence artificielle] , que c’est l’avenir. »

    « Sans l’État, ce ne sera pas possible »

    Ici, comme dans d’autres facultés, les personnels ont été désespérés par le signal envoyé, en février, avec l’annonce de coupes budgétaires de près de 1 milliard d’euros dans l’enseignement supérieur – en contradiction avec la volonté affichée, fin 2023 par Emmanuel Macron, de « donner plus de moyens » pour la recherche. « On nous disait que l’université serait une priorité, mais cela a vite été oublié. C’est un #délaissement total. Et les premiers à trinquer, ce sont nous, universités de banlieue populaire ou de petites villes déjà en mauvaise forme » , s’exaspère un autre enseignant-chercheur de Sorbonne-Paris Nord.

    Cette réalité s’impose comme le signe d’une université française en crise, qui maintient sa mission de service public en poussant les murs, colmatant les brèches et serrant les dents. La conséquence de décennies pendant lesquelles les établissements ont absorbé une augmentation significative de la #population_étudiante, sans que les moyens aient suivi. Entre 2008 et 2021, le nombre d’étudiants a augmenté de 25 %, quand le #budget de l’enseignement supérieur a progressé de moins de 10 %. Quant aux fonds versés par l’Etat liés spécifiquement au #bâti, ils stagnent depuis plus de dix ans.

    Désormais, « ça craque de partout » , résume un enseignant dans un Baromètre des personnels réalisé en 2023 par la Conférence des praticiens de l’enseignement supérieur et de la recherche. A Villetaneuse, « on essaie de mettre les bouchées doubles depuis trois ans pour les travaux urgents. On a investi 6 millions d’euros sur fonds propres. Mais on ne dispose pas de ressources infinies. Sans l’Etat, ce ne sera pas possible » , souligne son président, Christophe Fouqueré. Sur tout le territoire, la pression budgétaire contraint les établissements à se contenter de rafistoler un bâti vieillissant plutôt que d’entamer des travaux de #rénovation nécessaires, ou encore à geler les embauches de #titulaires et à avoir recours à des #vacataires précaires – à présent majoritaires au sein des personnels enseignants dans les universités.

    Mais, à l’image de Sorbonne-Paris Nord, certaines se trouvent plus en difficulté que d’autres en matière de conditions d’études. « La question du bâti et de son délabrement éclaire en fait toutes les #inégalités entre élèves, et entre établissements du supérieur : d’abord entre universités et grandes écoles type Sciences Po, mieux loties, et désormais entre universités elles-mêmes, analyse la sociologue Annabelle Allouch, qui mène un projet de recherche sur le #bâti_universitaire. Mais elle renforce aussi ces inégalités, en encourageant des étudiants à adopter des stratégies d’évitement de certains campus. »

    De fait, des #écarts se sont creusés. Si certains campus ont bénéficié de belles rénovations, comme de moyens plus conséquents pour l’enseignement, d’autres universités, moins subventionnées, décrochent. « On a été oubliés du #plan_Campus de 2008, qui a permis à d’autres universités, y compris voisines, de se remettre à niveau » , regrette le président de Sorbonne-Paris Nord. « L’Etat avait fait le choix de porter les efforts sur 21 sites seulement. Cela a créé un premier différentiel, qui n’a cessé de s’accentuer puisque ces universités lauréates ont été, par la suite, mieux placées, aussi, pour répondre à des appels à projet sur le patrimoine » , explique Dean Lewis, vice-président de France Universités.

    Se sont ajoutées les diverses politiques d’ « #excellence », mises en œuvre durant la dernière décennie, et notamment les labels #Initiative_d’excellence, décernés à certains établissements prestigieux, avec des moyens supplémentaires correspondants. « On a été face à des politiques qui ont décidé de concentrer les moyens sur un petit nombre d’établissements plutôt que de les distribuer à tout le monde » , résume la sociologue Christine Musselin.

    #Violence_symbolique

    Une situation qui laisse de plus en plus apparaître une université à plusieurs vitesses. « Quand je passe de mon bureau de recherche de l’ENS [Ecole normale supérieure] aux locaux où j’enseigne, la différence me frappe à chaque fois », témoigne Vérène Chevalier, enseignante en sociologie à l’#université_Paris_Est-Créteil (#UPEC), qui subit aussi, avec ses élèves, un environnement dégradé. Dans certains bâtiments de cette université, comme celui de la Pyramide, les cours ont dû être passés en distanciel, cet hiver comme le précédent, en raison d’une défaillance de #chauffage, la #température ne dépassant pas les 14 0C. En avril, le toit d’un amphi, heureusement vide, s’est effondré sur un site de Fontainebleau (Seine-et-Marne) – en raison d’une « malfaçon », explique la présidence.

    Plongée dans une #crise_financière, avec un #déficit abyssal, l’UPEC est dans la tourmente. Et la présidence actuelle, critiquée en interne pour sa mauvaise gestion des finances. « Mais lorsqu’on voit arriver 10 000 étudiants en cinq ans, on se prend de toute façon les pieds dans le tapis : cela veut dire des heures complémentaires à payer, des locations ou l’installation de préfabriqués très coûteuses » , défend le président, Jean-Luc Dubois-Randé.

    Au sein d’un même établissement, des fossés peuvent se former entre campus et entre disciplines. « Quand mes étudiants vont suivre un cours ou deux dans le bâtiment plus neuf et entretenu de l’IAE [institut d’administration des entreprises] , dont les jeunes recrutés sont aussi souvent plus favorisés socialement, ils reviennent dans leur amphi délabré en disant : “En fait, ça veut dire que, nous, on est les pauvres ?” » , raconte Vérène Chevalier, qui y voit une forme de violence symbolique.

    Ce sont des étudiants « qu’on ne voit pourtant pas se plaindre », constate l’enseignant Stéphane Chameron. « Pour beaucoup issus de classes moyennes et populaires, ils sont souvent déjà reconnaissants d’arriver à la fac et prennent sur eux » , a-t-il observé, comme d’autres collègues.

    Dans le bâtiment Pyramide, à Créteil, une dizaine d’étudiants en ergothérapie préparent leurs oraux collectifs de fin d’année, assis au sol dans le hall, faute de salles disponibles. « Les conditions, cela nous paraît normal au quotidien. C’est quand on met tout bout à bout qu’on se rend compte que cela fait beaucoup » , lâche Charlotte (qui a souhaité rester anonyme, comme tous les étudiants cités par leur prénom), après avoir égrené les #dysfonctionnements : les cours en doudoune cet hiver, l’impossibilité d’aérer les salles, l’eau jaunâtre des robinets ou l’absence de savon dans les toilettes… « Ça va » , répondent de leur côté Amina et Joséphine, en licence d’éco-gestion à Villetaneuse, citant la bibliothèque récemment rénovée, les espaces verts et l’ « ambiance conviviale », malgré « les poubelles qu’il faut mettre dans les amphis pour récupérer l’eau qui tombe du plafond quand il pleut » .

    Dans l’enseignement supérieur, les dynamiques récentes ont renforcé un phénomène de #polarisation_sociale, et les étudiants les plus favorisés se retrouvent aussi souvent à étudier dans les établissements les mieux dotés. La sociologue Leïla Frouillou y a documenté l’accélération d’une #ségrégation_scolaire – qui se recoupe en partie avec la #classe_sociale. Favorisées par #Parcoursup, les universités « parisiennes » aspirent les bacheliers avec mention très bien des autres académies. « Se pose la question du maintien de la #mixité dans nos universités » , souligne-t-elle.

    En l’occurrence, un campus en partie rénové ne protège pas nécessairement ni d’une situation financière délétère, ni de difficultés sociales plus importantes que la moyenne du territoire. L’un des lauréats du plan Campus de 2008, l’#université_Montpellier-III, présente en majesté l’#Atrium. Une bibliothèque universitaire (BU) tout de verre vêtue, un bijou architectural de 15 000 m2 financé par l’Etat, la région et la métropole, et livré en avril à la porte de l’établissement. L’ouvrage masque un campus quinquagénaire arboré et aussi quelques classes en préfabriqué posées provisoirement à proximité du parking… il y a vingt et un ans. Montpellier-III reste l’une des universités les moins bien dotées de France.

    Un peu plus loin, derrière le bâtiment S, Jade attend patiemment son tour. En première année de licence de cinéma et boursière, comme 48 % des étudiants de son université (quand la moyenne nationale est de 36 %), elle s’apprête à remplir un panier de vivres à l’#épicerie_solidaire de l’établissement. Une routine hebdomadaire pour cette étudiante qui a fait un saut dans la #précarité en rejoignant l’université.

    « Nous avons des étudiants qui ne mangent pas à leur #faim » , regrette Anne Fraïsse, présidente de l’université. Ils sont, par ailleurs, ceux qui auraient le plus besoin d’encadrement. Quand, en 2022, l’#université_Gustave-Eiffel, implantée dans différentes régions, reçoit une subvention pour charge de service public de 13 195 euros par étudiant, Montpellier-III en reçoit 3 812. Les universités de lettres, de droit et de sciences humaines et sociales sont traditionnellement moins bien dotées que les universités scientifiques, dont les outils pédagogiques sont plus onéreux.

    Mais dans les établissements d’une même spécialité, les écarts sont considérables. Nanterre, la Sorbonne-Nouvelle, à Paris, Bordeaux-Montaigne ou Toulouse-Jean-Jaurès : toutes ces universités de #sciences_humaines ont une dotation supérieure de plus de 30 % à celle de Montpellier-III. « Si nous étions financés à la hauteur de ce que reçoit Toulouse-II, c’est 30 millions de budget annuel supplémentaire que l’on recevrait, calcule Florian Pascual, élu CGT au conseil scientifique de l’université Montpellier-III. Nous pourrions cesser de gérer la pénurie, embaucher des enseignants. »

    « Un poids pédagogique »

    En février, le conseil d’administration de l’université a voté un budget affichant un déficit prévisionnel de 5 millions d’euros. Alors que l’établissement a augmenté ses effectifs étudiants (+ 7 % sur la période 2018-2021) pour répondre au #boom_démographique, la #dotation de l’Etat par étudiant a, pour sa part, dégringolé de 18,6 % entre 2016 et 2022. Un rapport rendu en juin 2023 par l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, reconnaît « une situation de #sous-financement_chronique et un état de #sous-encadrement_structurel » . L’université doit néanmoins répondre à l’injonction du gouvernement de se serrer la ceinture. « C’est ne pas tenir compte des grandes inégalités entre établissements » , répond Anne Fraïsse.

    « Ce que nous répète l’Etat, c’est de fermer des postes, en réduisant l’administration et en remplaçant des professeurs par des contractuels ou des enseignants du secondaire. Pourtant, dans treize départements, la moitié des cours ne sont plus assurés par des professeurs titulaires, rappelle la présidente de l’université . Cela a un poids pédagogique pour les étudiants. Pour augmenter les taux de réussite, il faut créer des heures d’enseignement et mettre des professeurs devant les étudiants. »

    La pression démographique absorbée par ces universités amène avec elle une autre difficulté insoupçonnée. « Chez nous, le taux d’utilisation des amphis est de 99 %, on n’a quasiment plus le temps de les nettoyer. Alors si on devait faire des chantiers, on n’aurait tout simplement plus d’endroit pour faire cours, et c’est le cas partout » , soulève Julien Gossa, enseignant à l’université de Strasbourg. « Mais plus on attend, plus ça se dégrade et plus ce sera cher à rénover » , souligne Dean Lewis, de France Universités.

    Or, dans certaines facultés, comme en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, la démographie étudiante ne devrait pas ralentir. « Nous ne sommes pas sur un reflux démographique comme d’autres, en raison d’un phénomène d’installation des classes moyennes en grande couronne. On envisage une trajectoire d’augmentation de deux mille étudiants par an durant encore un moment. Il va falloir trouver une façon de les accueillir dignement » , souligne Jean-Luc Dubois-Randé, de l’UPEC. D’autant que, malgré les difficultés matérielles, « les profs sont passionnés et les cours très bons », assure une étudiante, en licence de psychologie à Villetaneuse.

    Conscients de cette valeur des cours dispensés et des diplômes délivrés, les enseignants contactés marchent sur des œufs. En mettant en lumière les points de craquage de l’université, ils craignent d’accélérer la fuite vers l’#enseignement_privé, qui capitalise sur l’image dégradée du public. Pourtant, « former la jeunesse est une mission de l’Etat, baisser les dépenses en direction de l’enseignement, au profit du privé, c’est compromettre notre avenir » , rappelle Anne Fraïsse.

    Le nombre de #formations_privées présentes sur Parcoursup a doublé depuis 2020, et elles captent plus d’un quart des étudiants. « Mais même si elles peuvent se payer des encarts pub dans le métro avec des locaux flambant neufs, elles sont loin d’avoir toutes la qualité d’enseignement trouvée à l’université, qui subsiste malgré un mépris des pouvoirs publics » , souligne l’enseignant Stéphane Chameron.

    La fatigue se fait néanmoins sentir parmi les troupes, essorées. « Comme à l’hôpital, on a des professionnels attachés à une idée du #service_public, gratuit, accessible à tous et adossé à une recherche de haute volée , observe le président de l’UPEC, ancien cadre hospitalier. Mais le sentiment d’absence de #reconnaissance pèse, et on observe de plus en plus de #burn-out. » De la même manière que, dans les couloirs des urgences hospitalières, les équipes enseignantes interrogent : souhaite-t-on laisser mourir le service public ?

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/05/11/des-universites-francaises-au-bord-de-l-asphyxie-ca-craque-de-partout_623255
    #ESR #France #université #facs #enseignement_supérieur #recherche

  • La #contamination des cours d’#eau par les #pesticides stagne en #Bretagne

    L’interdiction de certains #pesticides n’a pas entraîné de baisse de l’#écotoxicité des #cours_d’eau bretons entre 2012 et 2021. C’est ce que montre l’analyse statistique réalisée par Akwari Coop pour Splann !. Les molécules retirées de la vente ont été remplacées par des substances nouvelles, jusqu’à leur propre interdiction. Une stagnation qui échappera au nouveau plan #Ecophyto_2030.

    L’écotoxicité est la mesure de l’impact des #substances_toxiques sur les organismes vivants dans divers écosystèmes. L’#indice_pesticides_dans_les_cours_d’eau (#IPCE) a été développé dans le cadre du plan Ecophyto pour mesurer la #contamination chronique des cours d’eau.

    S’appuyant sur sa méthodologie, le data scientist Vincent Berionni, docteur de l’École Polytechnique dans le domaine de la modélisation en sciences physiques et fondateur de la société Akwari Coop, a analysé les données de 161 pesticides sur 7.100 stations de mesures en France, dont 463 en Bretagne (Loire-Atlantique comprise) entre 2011 et 2021.

    « Derrière cette apparente stabilité se cache un véritable chassé-croisé des pesticides », observe Vincent Berrioni, qui a accepté de réaliser pour Splann ! un zoom sur la situation bretonne.

    Ce « jeu de chaises écotoxico-musicales » est largement induit par l’évolution de la réglementation. L’#Isoproturon, #herbicide utilisé notamment sur le #blé tendre d’hiver, a été retiré du marché français en 2016. Le #Nicosulfuron, un autre herbicide, en 2022. L’#Epoxiconazole, un #fongicide connu comme #perturbateur_endocrinien, en 2019. Ce sont les trois substances dont la contribution à l’écotoxicité des cours d’eau bretons a le plus baissé.

    Mais dans le même temps, la présence de #Métolachlore s’est envolée. La présence de ses #métabolites est d’ailleurs généralisée dans les cours d’eau bretons, comme nous l’avions documenté en décembre avec l’aide d’Akwari. Or, l’autorisation de cet herbicide vient elle-même d’être retirée. « Pour que rien ne change, les labos s’empressent déjà de pousser le #Diméthénamide-P et la #Pendiméthaline à la rescousse », se désole Vincent Berionni.

    L’évolution de l’écotoxicité provoquée par les pesticides est très contrastée selon les sous-bassins hydrographiques de Bretagne. Des territoires ayant connu une hausse moyenne de 10 à 20 % sur 10 ans (de la #pointe_de_Bloscon au #Trieux) côtoient des secteurs où l’écotoxicité baisse de plus de 20 % (du Trieux à la #Rance). Il faut noter que les zones où l’écotoxicité est en forte croissance ne sont pas forcément les plus contaminées.

    De nombreux facteurs entrent en jeu, comme la #météo. Les pluies provoquent un phénomène de #ruissellement des pesticides plus ou moins important selon les secteurs et les années. Des pluies abondantes peuvent favoriser la pousse d’#adventices et un usage renforcé d’herbicide pour les éliminer.

    Les molécules dépendent aussi des cultures et des pratiques culturales. « L’augmentation de la surface cultivée en #bio, même si elle représente une proportion faible du total, peut avoir un impact tendanciel à la baisse de l’écotoxicité », relève Vincent Berionni. Pour rappel, 77 % de l’eau distribuée au robinet en Bretagne est prélevée en surface.

    Cette stagnation préoccupante de l’écotoxicité s’observe aussi à l’échelle nationale. Elle sortira pourtant bientôt des radars officiels.

    Le #plan_Ecophyto 2030 présenté par le gouvernement le 3 mai 2024 entérine en effet l’abandon du #Nodu (« #Nombre_de_doses_unités ») au profit d’un nouvel #indicateur, le #HRI-1, plébiscité par la #FNSEA mais dénoncé par nombre de scientifiques. Ce changement débouchera sur des #baisses_artificielles car il ne prendra plus en compte les doses d’usage, prévenaient dès février 14 des 18 membres du comité scientifique et technique du plan Ecophyto.

    https://splann.org/pesticides-ecotoxicite-rivieres-bretagne
    #statistiques #chiffres

  • WHO-Pandemievertrag : Schleichende Militarisierung der Pandemiepolitik
    https://www.berliner-zeitung.de/open-source/who-pandemievertrag-schleichende-militarisierung-der-pandemiepoliti

    Au sein de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) médecins, militaires et l’industrie phamaceutique fon bon ménage. Résultat : un plan de protection contre les épidémies dystopique qui ferait frémir Orwell.

    Les autrices de l’article craignent une militarisation de la médecine. En réalité les poids sont inversés et nous sommes soumis à une médicalisation des guerre et de la politique.

    On apprend par l’article comment les médecins et entreprises phamaceutiques se servent des methodes et infrastructures militaires pour exercer leur contrôle de la population mondiale. Il va de soi que cette collaboration a des répercussions sur les formes d’exercice de la profession médicale. Ce fait ne change rien au constat que le militaire est au service des médecins et suit ses ordres.

    4.5.2024 von Amrei Müller, Silvia Behrendt - Das neue Pandemieabkommen und die Reform der Internationalen Gesundheitsvorschriften folgen einer militärischen Logik. Im Zentrum steht die „Gesundheitssicherheit“.

    Ende Mai sollen ein neues Pandemieabkommen und eine Reform der Internationalen Gesundheitsvorschriften verabschiedet werden.

    Wie kürzlich in einem offenen Brief an die WHO gerügt, werden die Verhandlungen in den entsprechenden WHO-Gremien in großer Eile und wenig transparent geführt. Das untergräbt die internationale Rechtsstaatlichkeit und verhindert eine gründliche Prüfung und Diskussion in den Mitgliedstaaten.

    Genau diese erscheinen jedoch besonders wichtig, denn sowohl der Verhandlungsentwurf des Pandemieabkommens als auch die Änderungsvorschläge der Internationalen Gesundheitsvorschriften verfestigen eine seit Covid-19 intensivierte Militarisierung der Pandemiepolitik.

    Die Doktrin hinter den Reformen: die globale Gesundheitssicherheit

    Diese Militarisierung ist auf die Doktrin der globalen Gesundheitssicherheit zurückzuführen. Tatsächliche oder potenzielle Infektionskrankheiten und ihre Erreger werden behandelt und bekämpft wie ein militärischer „Feind“ – Erreger und Krankheiten, insbesondere jene mit Pandemiepotenzial, werden als „Sicherheitsrisiko“ verstanden. Folglich müssen „biologische Risiken“ minimiert werden. Sicherheitspolitische oder militärische Strategien und Abläufe zur Biogefahrenabwehr und Biokriegsführung werden mit denen der öffentlichen Gesundheit verbunden. So schleicht sich eine militärische Logik in die Gesundheitspolitik ein.

    Besonders deutlich wird das im sogenannten Allgefahrenansatz (all-hazards approach). Egal ob es sich um einen natürlichen Krankheitsausbruch, um Biokriegsführung, Bioterrorismus oder Laborunfälle handelt – man wendet die gleichen Vorsorge- und Bekämpfungsstrategien an.

    Ein Beispiel: Die Biowaffenforschung geht stets mit der (präventiven) Impfstoffforschung Hand in Hand, um sogenannte Blowbacks zu verhindern: Wenn eingesetzte Biowaffen den eigenen Truppen (oder gar der eigenen Zivilbevölkerung) nicht schaden sollen, müssen Impfstoffe für die eigene Seite vorhanden sein.

    In der globalen Pandemievorsorge- und -bekämpfungspolitik geht man nach demselben Prinzip vor: Auch wenn ein Krankheitsausbruch nicht durch Biowaffen verursacht wurde, will man doch genauso darauf reagieren. Das heißt: vorbereitet sein und schnell mit „Gegenmaßnahmen“, nämlich Impfstoffen, reagieren.

    Unter anderem über die Coalition for Epidemic Preparedness Innovation (CEPI) betreibt die WHO seit Jahren Forschung zu Erregern mit Pandemiepotenzial. CEPI ist eine privat-öffentliche Partnerschaft der WHO. Sie will in Zukunft (experimentelle) Prüfimpfstoffe (Englisch: investigational medicinal products) innerhalb von 100 Tagen entwickeln, testen, notfallzulassen, global vertreiben und verabreichen, sobald der WHO-Generaldirektor einen Gesundheitsnotstand Internationaler Tragweite ausgerufen hat.

    Normalerweise braucht die reguläre Vollzulassung von sicheren und effektiven Impfstoffen mindestens acht bis zehn Jahre. Den 100-Tage-Plan hat CEPI kürzlich internationalen Akteuren auf der Münchener Sicherheitskonferenz präsentiert.

    Die Biowaffenforschung geht stets mit der (präventiven) Impfstoffforschung Hand in Hand, um sogenannte Blowbacks zu verhindern. Kay Nietfeld/dpa

    Die militärische Denkweise erreichte während der Bekämpfung von Sars-CoV-2 einen Durchbruch. In Deutschland, Österreich, Großbritannien, Irland und anderen Staaten war das Militär stark in die Umsetzung von Covid-19-Gegenmaßnahmen eingebunden. In Frankreich verkündete Präsident Macron: „Wir sind im Krieg gegen das Virus.“ Auch Ausgangssperren wurden verhängt, eine von der Doktrin der Gesundheitssicherheit empfohlene nichtmedizinische Gegenmaßnahme.

    In vielen Ländern tragen nationale Institutionen oder Abteilungen den Begriff „Gesundheitssicherheit“ bereits im Namen. Dazu gehören die Abteilung für Gesundheitssicherheit im deutschen Gesundheitsministerium und die Health Security Agency im Vereinigten Königreich (vor Oktober 2021 noch Public Health England). Die Vereinigten Staaten von Amerika haben erst vor kurzem ihre eigene „Globale Gesundheitssicherheitsstrategie 2024“ erneuert.

    Momentan ist zu befürchten, dass die Weltgesundheitsversammlung Ende Mai Reformen beschließt, die die Militarisierung der Pandemievorsorge- und -bekämpfungspolitik weiter verfestigt.

    Ausweitung der Notstände – Machtzuwachs des WHO-Generaldirektors

    Schon heute können der WHO-Generaldirektor und ein von ihm einberufener Notfallausschuss einen sogenannten Gesundheitsnotstand Internationaler Tragweite ausrufen und daraufhin den WHO-Mitgliedstaaten diverse medizinische und nichtmedizinische Gegenmaßnahmen zur Bewältigung des Notstands empfehlen.

    Laut dem jüngsten Entwurf zur Reform der Internationalen Gesundheitsvorschriften vom April 2024 sollen diese Empfehlungen völkerrechtlich unverbindlich bleiben. Das heißt allerdings nicht, dass sie nicht trotzdem einen großen Einfluss haben werden. Bereits während des Covid-19-Notstands konnte man beobachten, welch große Autorität die WHO genießt, auch ohne über rechtlich bindende Anweisungen oder Sanktionsmöglichkeiten zu verfügen.

    Nach wie vor gilt: Einer Kontrolle durch die WHO-Mitgliedstaaten, die Weltgesundheitsversammlung, nationale oder internationale Gerichte unterliegen Entscheidungen des WHO-Generaldirektors und des Notfallausschusses nicht.

    In Frankreich verkündete Präsident Macron: „Wir sind im Krieg gegen das Virus.“ Stevens Tomas/imago&

    Tatsächlich sehen die aktuellen Entwürfe eine Ausweitung der Kompetenzen des WHO-Generaldirektors vor. Er kann leichter einen Gesundheitsnotstand ausrufen. In den Entwürfen ist auch von einem „Frühwarnzustand“ die Rede – einem Gesundheitsereignis, das noch keinen Gesundheitsnotstand Internationaler Tragweite darstellt. Hinzu kommt ein „pandemischer Notstand“, wohl als besonders schwerer Fall.

    Wenn künftig allerlei diffuse Situationen zu einem Gesundheitsnotstand erklärt werden können, erweitert sich damit auch der Anwendungsbereich der Internationalen Gesundheitsvorschriften insgesamt. Das schließt die WHO-Kompetenz ein, weitreichende Empfehlungen zu medizinischen und nichtmedizinischen Gegenmaßnahmen auszusprechen.

    Ständige Bioüberwachung

    Zweitens zielen die Reformen darauf ab, ein globales Bioüberwachungssystem aus- und aufzubauen. Dazu gehört ein globales Labornetzwerk, das „biologische Risiken“ wie Krankheitserreger mit Pandemiepotenzial identifiziert und ihre genomische Sequenzierung sicherstellt. Basierend auf dem sogenannten One-Health-Ansatz, über den die Gesundheit von Menschen, Tieren und Ökosystemen gleichermaßen ins Visier gerät, soll insbesondere die Schnittstelle Mensch-Tier-Umwelt überwacht werden, um sogenannte zoonotische Übertragungs- und Rückübertragungsereignisse schnell entdecken zu können.
    Allgefahrenansatz: Impfstoffe dominieren als „Gegenmaßnahme“

    Drittens konzentrieren sich viele der Reformvorschläge – dem Allgefahrenansatz folgend – einseitig auf biotechnologische Gegenmaßnahmen. Dazu gehören die beschleunigte Forschung und Entwicklung, Herstellung und globale Verabreichung von notfallzugelassenen Tests, Medikamenten und Impfstoffen. Derartige Gegenmaßnahmen und Empfehlungen dominierten bereits den Covid-19-Notstand. Andere Maßnahmen, wie ein Ausbau der ärztlichen und pflegerischen Versorgung, treten in den Hintergrund.

    Bereits während des Covid-19-Notstands konnte man beobachten, welch große Autorität die WHO genießt, auch ohne über rechtlich bindende Anweisungen oder Sanktionsmöglichkeiten zu verfügen.

    Bereits während des Covid-19-Notstands konnte man beobachten, welch große Autorität die WHO genießt, auch ohne über rechtlich bindende Anweisungen oder Sanktionsmöglichkeiten zu verfügen.Vincent Isore/imago
    Informationskontrolle und Zensur

    Und als letztes Beispiel für eine Militarisierung der Pandemiepolitik kann die effektive „Risikokommunikation“ (Informationskontrolle) während eines Gesundheitsnotstands genannt werden, einschließlich der Bekämpfung von Fehl- oder Desinformation.

    Ganz neu ist auch das nicht. Bereits während des Covid-19-Gesundheitsnotstands stützte sich die WHO auf ein sogenanntes Infodemieprogramm. In enger Zusammenarbeit mit den großen Technologieunternehmen (zum Beispiel Facebook/Meta und Google/YouTube) und den Regierungen wurden kritische Informationen und Fragen „prebunkt“, „debunkt“ und zensiert. Dieser Praxis will man jetzt eine stabilere Rechtsgrundlage geben.

    Durch Prebunking werden zum Beispiel gezielt Vorabinformationen verbreitet, die die angeblichen Strategien und Techniken derjenigen erläutern, die Fehl- oder Desinformationen verbreiten. Oder es werden bestimmte Quellen im Voraus als unzuverlässig und nicht vertrauenswürdig eingestuft, um so die Bevölkerung gegen Fehl- und Desinformation zu „impfen“, wie es in einem Fachartikel vom Oktober 2020 genannt wurde.

    Debunking bezieht sich auf das Hinzufügen von Hinweisen und Korrekturen zu Artikeln und Beiträgen in sozialen oder anderen Medien. Oft geschieht das durch „Faktenchecks“ oder durch die Weiterleitung an „vertrauenswürdige“ Quellen wie die Website der WHO oder die Social-Media-Konten des WHO-Generaldirektors. Eine weitere Methode ist die Drosselung der Reichweite durch Aussetzen der algorithmischen Verstärkung bestimmter Konten oder Beiträge mit vermeintlichen Fehl- und Desinformationen. Manche vermeintliche Fehl- oder Desinformation wird ganz gelöscht, manches Social-Media-Konto gesperrt.

    Wie und von wem genau bestimmt werden soll, welche Information als Fehl- oder Desinformation klassifiziert wird, legen weder die Änderungsvorschläge zu den Internationalen Gesundheitsvorschriften noch der Entwurf des Pandemievertrags fest.

    Eine breite öffentliche Diskussion ist vonnöten

    Die anvisierten Reformen können weitreichende Folgen für die Wirtschaft, die Gesundheit und den Menschenrechtsschutz haben. Diese finden kaum Beachtung in den Diskussionen der WHO-Verhandlungsgremien.

    Diverse Rechtsgüter sind in Gefahr. Dazu gehören das Recht, nicht ohne informierte Einwilligung medizinischen Behandlungen oder medizinischen Experimenten ausgesetzt zu werden, und das Recht auf Meinungs-, Informations- und Wissenschaftsfreiheit.

    Auch hart erkämpfte medizinrechtliche Standards für die Entwicklung und Herstellung wirksamer und sicherer Medikamente könnten unterminiert werden, wenn im Falle eines Gesundheitsnotstands routinemäßig neuartige Pandemieprodukte rasch notfallzugelassen und weltweit verabreicht werden.

    Weitere drängende Fragen bleiben unbeantwortet: Wie soll die Biosicherheit bei dem vorgesehenen Ausbau des globalen Bioüberwachungssystems und der vermehrten gefährlichen Forschung an Erregern mit Pandemiepotenzial sichergestellt werden? Wie soll man mit der Tatsache umgehen, dass selbst aus Laboren, die als die sichersten der Welt gelten, regelmäßig biotechnologisch hergestellte Viren entweichen? Wie lässt sich derartige Forschung überhaupt mit der UN-Biowaffenkonvention und dem Genfer Giftgasprotokoll vereinbaren?

    _Kühlcontainer für Impfstoffe. Von der Artland-Kaserne im Landkreis Osnabrück aus wurden in der Pandemie Corona-Impfdosen in Deutschland verteilt. Friso Gentsch/imago

    Die militärische Logik erweist sich nicht zuletzt für die Pharmaindustrie als äußerst lukrativ. Sie ist bereits – direkt oder indirekt, über diverse öffentlich-private Partnerschaften – sehr eng mit der WHO verbandelt.

    Nötig wäre daher, sowohl die privatwirtschaftlichen Interessen als auch die militärische Logik im Bereich der Pandemiepolitik und ihres rechtlichen Rahmens zurückzudrängen. Noch 2019 argumentierte die WHO basierend auf der Studienlage von 2018/2019 in einem Dokument gegen weitreichende Schul- und Geschäftsschließungen, Maskentragen und Kontaktverfolgung.

    Stattdessen empfahl man gezielte Schutz-, Versorgungs- und Pflegemaßnahmen für betagte Personen oder Menschen mit geschwächtem Immunsystem auf freiwilliger Basis sowie einfache Hygienemaßnahmen wie Händewaschen und das Zuhausebleiben im akuten Krankheitsfall für jüngere Personen. Namhafte Epidemiologen forderten in der Great-Barrington-Erklärung bereits im Oktober 2020 ebenfalls gezielte Schutzmaßnahmen, bei denen Nutzen und Schaden gründlich abgewogen würden.

    Es bräuchte eine Rückkehr zu diesen ganzheitlicheren Ansätzen im Umgang mit Ausbrüchen von Infektionskrankheiten, wie sie vor Covid-19 in jedem nationalen Pandemieplan gang und gäbe waren. Lockdowns, „Informationskontrolle“ und globale Massenimpfungen mit Notfallprodukten, verabreicht unabhängig von Wohnort, Alter und Gesundheitsstatus einer Person, waren ausgeschlossen. Das sollten sie auch in Zukunft (wieder) sein.

    –---

    Dr. Amrei Müller ist Assistenzprofessorin an der Sutherland School of Law, University College Dublin, Irland.

    Dr. Silvia Behrendt ist österreichische Verwaltungsjuristin und hat über die Internationalen Gesundheitsvorschriften an der Universität St. Gallen und am Georgetown University Law Center, Washington D.C., promoviert. Sie war WHO Expert Consultant und hat eng mit dem WHO-Sekretariat der Internationalen Gesundheitsvorschriften in Genf zusammengearbeitet.

    Das ist ein Beitrag, der im Rahmen unserer Open-Source-Initiative eingereicht wurde. Mit Open Source gibt der Berliner Verlag jedem Interessierten die Möglichkeit, Texte mit inhaltlicher Relevanz und professionellen Qualitätsstandards anzubieten. Ausgewählte Beiträge werden veröffentlicht und honoriert.

    #iatrocratie #dictature #épidémie #militaire #WHO