• Vers un #tournant_rural en #France ?

    En France, la seconde moitié du XXe siècle marque une accélération : c’est durant cette période que la population urbaine progresse le plus fortement pour devenir bien plus importante que la population rurale. À l’équilibre jusqu’à l’après-guerre, la part des urbains explose durant les « trente glorieuses » (1945-1973).

    Dans les analyses de l’occupation humaine du territoire national, l’#exode_rural – ce phénomène qui désigne l’abandon des campagnes au profit des centres urbains – a marqué l’histoire de France et de ses territoires. En témoigne nombre de récits et d’études, à l’image des travaux de Pierre Merlin dans les années 1970 et, plus proches de nous, ceux de Bertrand Hervieu.

    Ce long déclin des campagnes est documenté, pointé, par moment combattu. Mais depuis 1975, et surtout après 1990, des phénomènes migratoires nouveaux marquent un renversement. Le #rural redevient accueillant. La #périurbanisation, puis la #rurbanisation ont enclenché le processus.

    La période actuelle marquée par un contexte sanitaire inédit questionne encore plus largement. N’assisterait-on pas à un #renversement_spatial ? La crise en cours semble en tous cas accélérer le phénomène et faire émerger une « #transition_rurale ».

    Si cette hypothèse peut être débattue au niveau démographique, politique, économique et culturel, elle nous pousse surtout à faire émerger un nouveau référentiel d’analyse, non plus pensé depuis l’#urbanité, mais depuis la #ruralité.


    https://twitter.com/afpfr/status/1078546339133353989

    De l’exode rural…

    Dans la mythologie moderne française, l’exode rural a une place reconnue. Les #campagnes, qui accueillent jusque dans les années 1930 une majorité de Français, apparaissent comme le réservoir de main-d’œuvre dont l’industrie, majoritairement présente dans les villes a alors cruellement besoin. Il faut ainsi se rappeler qu’à cette époque, la pluriactivité est répandue et que les manufactures ne font pas toujours le plein à l’heure de l’embauche en période de travaux dans les champs.

    Il faudra attendre l’après-Seconde Guerre mondiale, alors que le mouvement se généralise, pour que la sociologie rurale s’en empare et prenne la mesure sociale des conséquences, jusqu’à proclamer, en 1967 avec #Henri_Mendras, « la #fin_des_paysans ».

    L’#urbanisation constitue le pendant de ce phénomène et structure depuis la géographie nationale. Dans ce contexte, la concentration des populations à l’œuvre avait déjà alerté, comme en témoigne le retentissement de l’ouvrage de Jean‑François Gravier Paris et le désert français (1947). Quelques années plus tard, une politique d’#aménagement_du_territoire redistributive sera impulsée ; elle propose une #délocalisation volontaire des emplois de l’#Ile-de-France vers la « #province », mais sans véritablement peser sur l’avenir des campagnes. Le temps était alors surtout aux métropoles d’équilibre et aux grands aménagements (ville nouvelle – TGV – création portuaire).

    https://www.youtube.com/watch?v=JEC0rgDjpeE&feature=emb_logo

    Pour la France des campagnes, l’exode rural se traduisit par un déplacement massif de population, mais aussi, et surtout, par une perte d’#identité_culturelle et une remise en cause de ses fondements et de ses #valeurs.

    Le virage de la #modernité, avec sa recherche de rationalité, de productivité et d’efficacité, ne fut pas négocié de la même manière. Les campagnes reculées, où se pratique une agriculture peu mécanisable, subirent de plein fouet le « progrès » ; tandis que d’autres milieux agricoles du centre et de l’ouest de la France s’en tirèrent mieux. L’#exploitant_agricole remplace désormais le #paysan ; des industries de transformation, notamment agroalimentaires, émergent. Mais globalement, le rural quitta sa dominante agricole et avec elle ses spécificités. La campagne, c’était la ville en moins bien.

    Ce référentiel, subi par les populations « restantes », structurait la #vision_nationale et avec elle les logiques d’action de l’État. Cette histoire se poursuivit, comme en témoignent les politiques actuelles de soutien à la #métropolisation, heureusement questionnées par quelques-uns.

    … à l’exode urbain !

    Le recensement de 1975 marque un basculement. Pour la première fois, la population rurale se stabilise et des migrations de la ville vers ses #périphéries sont à l’œuvre.

    Le mouvement qualifié de « périurbanisation » puis de « rurbanisation » marquait une continuité, toujours relative et fixée par rapport à la ville. La « périurbanisation » exprimait les migrations en périphéries, un desserrement urbain. La « rurbanisation », la généralisation du mode de vie urbain, même loin d’elle. Le processus n’est pas homogène et il explique pour une grande part la #fragmentation contemporaine de l’#espace_rural en y conférant des fonctions résidentielles ou récréatives, sur fond d’emplois agricoles devenus minoritaires. Ainsi, la banlieue lyonnaise, l’arrière-pays vauclusien et la campagne picarde offrent différents visages de la ruralité contemporaine.

    Parallèlement, dans les territoires les plus délaissés (en Ardèche, dans l’Ariège, dans les Alpes-de-Haute-Provence par exemple), un « #retour_à_la_terre » s’opère. Si le grand public connaît ces nouveaux résidents sous l’appellation de « #néo-ruraux », des moments successifs peuvent être distingués.

    La chercheuse Catherine Rouvière s’intéressa à ce phénomène en Ardèche ; elle le décrypte en 5 moments.

    Les premiers, avec les « #hippies » (1969-1973), marquèrent culturellement le mouvement, mais peu l’espace, à l’inverse des « néo-ruraux proprement dits » (1975-1985) qui réussirent plus largement leur installation. Plus tard, les « #travailleurs_à_la_campagne » (1985-1995) furent les premiers à faire le choix d’exercer leur métier ailleurs qu’en ville. Enfin, les politiques néolibérales engagèrent dans ce mouvement les « personnes fragiles fuyant la ville » (1995-2005) et mirent en action les « #altermondialistes » (2005-2010). Le départ de la ville est donc ancien.

    https://www.youtube.com/watch?v=NcOiHbvsoA0&feature=emb_logo

    Jean‑Paul Guérin, voit déjà en 1983 dans ce phénomène d’exode urbain une opportunité pour les territoires déshérités de retrouver une élite. Ce qu’on qualifie aujourd’hui d’émigration massive avait ainsi été repéré depuis près de 30 ans, même si l’Insee l’a toujours méthodiquement minoré.

    Vers une transition rurale ?

    Présenter ainsi l’histoire contemporaine des migrations françaises de manière symétrique et binaire est pourtant trompeur.

    Tout comme l’exode rural est à nuancer, l’exode urbain engagé il y a des décennies mérite de l’être aussi. Les relations ville-campagne sont bien connues, la ruralité se décline dorénavant au pluriel et de nouveaux équilibres sont souvent recherchés. Malgré cela, la période actuelle nous oblige à poser un regard différent sur cette histoire géographique au long cours. La crise de la #Covid-19 marque une accélération des mouvements.

    Aujourd’hui, quelques auteurs s’interrogent et proposent des ajustements. En appelant à une Plouc Pride, une marche des fiertés des campagnes, Valérie Jousseaume nous invite ainsi collectivement à nous questionner sur la nouvelle place de la ruralité.

    https://www.youtube.com/watch?v=agAuOcgcOUQ&feature=emb_logo

    Et si, au fond, cette tendance témoignait d’un basculement, d’une transition, d’un tournant rural, démographique, mais aussi et surtout culturel ?

    La période rend en effet visible « des #exilés_de_l’urbain » qui s’inscrivent clairement dans un autre référentiel de valeurs, dans la continuité de ce qui fut appelé les migrations d’agrément. Celles-ci, repérées initialement en Amérique du Nord dans les années 1980 puis en France dans les années 2000, fonctionnent sur une logique de rapprochement des individus à leurs lieux de loisirs et non plus de travail.

    L’enjeu pour ces personnes consiste à renoncer à la ville et non plus de continuer à en dépendre. Dans la ruralité, de nombreux territoires conscients de ce changement tentent de s’affirmer, comme la Bretagne ou le Pays basque.

    Pourtant ils versent souvent, à l’image des métropoles, dans les politiques classiques de #compétitivité et d’#attractivité (#marketing_territorial, politique culturelle, territoire écologique, créatif, innovant visant à attirer entrepreneurs urbains et classes supérieures) et peu s’autorisent des politiques non conventionnelles. Ce phénomène mimétique nous semble d’autant plus risqué que dès 1978, Michel Marié et Jean Viard nous alertaient en affirmant que « les villes n’ont pas les concepts qu’il faut pour penser le monde rural ». Mais alors, comment penser depuis la ruralité ?

    https://www.youtube.com/watch?v=YOEyqkK2hTQ&feature=emb_logo

    Il s’agit d’ouvrir un autre référentiel qui pourrait à son tour servir à relire les dynamiques contemporaines. Le référentiel urbain moderne a construit un monde essentiellement social, prédictif et rangé. Ses formes spatiales correspondent à des zonages, des voies de circulation rapides et de l’empilement. Ici, l’#artificialité se conjugue avec la #densité.

    Le rural accueille, en coprésence, une diversité de réalités. Ainsi, la #naturalité se vit dans la #proximité. Ce phénomène n’est pas exclusif aux territoires peu denses, la naturalisation des villes est d’ailleurs largement engagée. Mais l’enjeu de l’intégration de nouveaux habitants dans le rural est d’autant plus fort, qu’en plus de toucher la vie des communautés locales, il se doit de concerner ici plus encore qu’ailleurs les milieux écologiques.

    Le trait n’est plus alors celui qui sépare (la #frontière), mais devient celui qui fait #lien (la #connexion). La carte, objet du géographe, doit aussi s’adapter à ce nouvel horizon. Et la période qui s’ouvre accélère tous ces questionnements !

    L’histoire de la civilisation humaine est née dans les campagnes, premiers lieux défrichés pour faire exister le monde. La ville n’est venue que plus tard. Son efficacité a par contre repoussé la limite jusqu’à dissoudre la campagne prise entre urbanité diffuse et espace naturel. Mais face aux changements en cours, à un nouvel âge de la #dispersion, la question qui se pose apparaît de plus en plus : pour quoi a-t-on encore besoin des villes ?

    https://theconversation.com/vers-un-tournant-rural-en-france-151490
    #villes #campagne #démographie #coronavirus #pandémie

    –—

    ajouté à la métaliste « #géographie (et notamment #géographie_politique) et #coronavirus » :
    https://seenthis.net/messages/852722

  • #CAMIGRI

    CAMIGRI est un programme de recherche financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et la Région Nouvelle-Aquitaine. Il entend revisiter l’étude des #campagnes françaises au prisme des migrations internationales et de la diversification croissante des formes de mobilité. Le projet a démarré le 01/10/2016.

    Ce carnet de recherche a vocation d’interface entre les mondes scientifique, associatif et professionnel intéressés par les questions de développement rural et de migrations internationales dans les espaces ruraux. Il permet de :

    – faire connaître les travaux de l’équipe et de suivre l’actualité du programme (comptes rendus de terrain, de séminaires, de présentations),

    – faciliter les liens et les échanges entre les différents acteurs intéressés par ces questions (construction d’un répertoire-réseau en ligne),

    – publier des supports produits par les chercheurs sur les terrains d’enquête (monographies de lieux, photographies commentées, portraits et entretiens d’acteurs socio-économiques).

    https://camigri.hypotheses.org/a-propos
    #accueil #asile #migrations #réfugiés #espace_rural #espaces_ruraux #campagne #France #Loire_Anjou_Tourraine #Périgord_Limousin #Pyrénées_Ariégeoise

    • Lettre d’information n°1

      Camigri édite sa première lettre d’information trimestrielle. Elle s’adresse à tout public soucieux de poser un nou-veau regard sur les « mondes ruraux ». Confrontées à la diversification croissante de mobilités internationales plus ou moins visibles et reconnues, les campagnes françaises connaissent en effet des changements socio-économiques et territoriaux parfois inaperçus, silencieux, sous-étudiés. L’équipe entend ici partager ses travaux à travers certaines activités menées dans le cadre de son programme de recherche financé par l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) et la Région Nouvelle-Aquitaine. Il est ainsi question de livrer, de manière élargie, le fruit de nos réflexions engagées dans plusieurs localités rurales de la France de l’ouest et qui trouveront certainement un écho plus lointain, au sein d’autres territoires. Actuellement lancée dans des opérations d’enquête et d’observations sur plusieurs terrains (Ariège, Dordogne, Vienne, Maine-et-Loire), l’équipe souhaite transmettre quelques principes fondateurs de son approche : proximité mesurée avec les territoires étudiés et ses habitants, production et commu-nication dans des réseaux scientifiques, usage réflexif de l’image comme outil de travail, de communication et de réflexion.

      https://f-origin.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/3777/files/2018/09/Web_Sept2018_Journal_CAMIGRI-compressed.pdf
      #agriculture #fraises #Pays_Vernois #mineurs #MNA #mineurs_non_accompagnés #Ariège #marginalité #millieu_rural

    • Lettre d’information n°2

      L’installation des populations migrantes dans les campagnes de l’Ouest français peut prendre des formes très différentes, s’inscrire dans une tradition d’accueil ancienne parfois réactivée par des initiatives indivi-duelles plus récentes. Comment les populations installées ou celles qui se sont succédé ont-elles pu contribuer à l’évolution démographique des territoires ruraux étudiés ? L’équipe CAMIGRI vous propose, dans la deuxième édition de sa newsletter, quelques exemples illustrés à partir de ses travaux de recherche en cours

      https://sharedocs.huma-num.fr/wl/?id=DD6uCq2mdZue9rVdu5tG6Z24ZbspMlj7
      #campagnes_hospitalières #Carla-Bayle #CADA #innovation_sociale #Saint-Just-Le-Martel #agriculture #maraîchage #développement_local

  • Demain, les Suisse·sses votent pour/contre l’ #initiative appelée "Initiative pour la #souveraineté_alimentaire" .

    Le site de l’initiative :

    En Suisse, 2 à 3 exploitations agricoles ferment leurs portes chaque jour. En 30 ans, le #revenu_paysan a baissé de 30% et plus de 100’000 emplois ont disparu. La #Suisse dépend de plus en plus des #importations en matière d’alimentation, et notre santé se dégrade face à la perte en qualité de notre #nourriture, toujours plus chargée en intrants chimiques. En outre, la nature pâtit d’une exploitation trop agressive des sols. Même les institutions officielles le disent : en 2008, un rapport de 400 experts, mandatés par la Banque Mondiale, se positionne face au modèle agricole productiviste actuel : « business as usual is not anymore possible ». Face à ce constat alarmant, un changement de cap de nos politiques agricole et alimentaire est indispensable.

    L’initiative pour la souveraineté alimentaire soutient une #agriculture qui, dans un espace rural vivant et créateur d’emplois, produit une #alimentation_saine et de proximité permettant des prix, des conditions de travail et des salaires justes ; elle participe par ailleurs à un commerce international équitable et une exploitation durable des ressources.

    Pour une une alimentation saine et de proximité
    Aujourd’hui, quelques grandes entreprises dominent le système alimentaire et mobilisent des terres agricoles, avec pour seul objectif le prix le plus bas, sans tenir compte des aspects sociaux et environnementaux. L’accès aux ressources (terre, eau, semences et biodiversité) est la base d’une agriculture paysanne qui produit une alimentation socialement juste et écologique : naturellement sans OGM !
    Pour une agriculture diversifiée et sans #OGM !
    Le rôle premier de l’agriculture est de nourrir la population avec une alimentation saine tout en préservant les ressources naturelles. La souveraineté alimentaire place les besoins de l’être humain au centre des enjeux alimentaires et agricoles plutôt que de répondre aux seules attentes du marché.
    Pour des #prix, des #salaires et des #conditions_de_travail justes
    Depuis 2000, les prix des produits agricoles ont diminué de 12% pour les paysan·ne·s alors qu’ils ont augmenté de 5% pour les consommateurs·trices. Plus de transparence dans la formation des prix, des marges et dans la gestion des quantités produites, permettra d’obtenir des prix rémunérateurs pour les paysan·ne·s, des conditions de travail justes et harmonisées pour les salarié·e·s agricoles et des prix accessibles à la consommation.

    Pour un commerce international équitable !
    Les changements climatiques, l’augmentation du prix du pétrole, la spéculation sur les aliments et les crises politiques affecteront de manière croissante le marché global. La souveraineté alimentaire contribue à la réduction de la dépendance aux marchés internationaux en valorisant l’agriculture locale, au Nord comme au Sud. Les importations doivent respecter les critères sociaux et environnementaux et les exportations ne doivent pas nuire aux marchés agricoles d’autres régions.
    Pour la santé, la nature et le climat !
    Pour garantir une alimentation diversifiée et un système alimentaire durable, il faut des fermes en nombre et de toutes tailles. Elles doivent fournir une large gamme de produits, selon des modes de production variés. L’équilibre doit être conservé tant dans nos champs que dans nos assiettes. Moins de viande mais plus locale, issue d’animaux bien traités et nourris avec de l’herbe et des fourrages locaux. Moins de transports inutiles et de gaspillage alimentaire et plus de produits frais !

    Pour la création d’#emplois dans un espace rural vivant
    #Paysannerie, artisanat de transformation, commerce et consommation de proximité font vivre l’#espace_rural. Les structures locales de production, de transformation, de stockage et de distribution doivent être encouragées, favorisant un tissu social et économique fort. La traçabilité des produits est ainsi garantie tout en créant des places de travail. Un gage d’avenir pour les jeunes générations !


    https://initiative-souverainete-alimentaire.ch

    Curieuse de voir les résultats des urnes demain...

    • Les Suisses balaient les deux initiatives alimentaires, mais plébiscitent le vélo

      - Les deux initiatives agricoles ont été nettement rejetées dimanche dans les urnes. Selon les résultats définitifs, l’initiative pour des aliments équitables est refusée à 61,30% et l’initiative pour la souveraineté alimentaire à 68,37%.

      – Seuls quatre cantons romands ont accepté ces textes, Neuchâtel, Genève, Vaud et le Jura, alors que Fribourg, le Valais, Berne et toute la Suisse alémanique ont dit non.

      https://www.rts.ch/info/suisse/9861213-les-suisses-balaient-les-deux-initiatives-alimentaires-mais-plebiscitent

    • La peur au ventre

      Le verdict est net et sans appel. Avec respectivement 61% et 68% de non, les deux initiatives pour des aliments équitables et pour la souveraineté alimentaire ont été rejetées par le peuple. En clair : ces textes ont fait le plein de voix dans le camp progressiste, mais ont peiné à dépasser le clivage politique gauche-droite. On continuera à avoir sur nos étals des tomates récoltées en Espagne ou en Italie dans des conditions semi-esclavagistes, qui enrichissent des circuits mafieux, et autre céréales qui sentent le glyphosate.

      On relèvera tout d’abord la présence d’un énorme #Röstigraben. Car quatre cantons romands ont accepté ces textes : Genève, Vaud, Jura et Neuchâtel. A des majorités souvent plus que confortables. Ce qui s’explique sans doute par le fait qu’Uniterre, le syndicat paysan alternatif qui avait lancé le second texte, est présent surtout dans la partie francophone de la Suisse. Le discours d’une agriculture plus durable a pu se frayer un chemin porté par ces milieux qui ont su incarner une alliance entre producteurs et consommateurs. Un résultat d’autant plus remarquable que ce sur ce genre de sujets de société, on était habitué à un vote plus progressiste outre-Sarine. En l’occurrence, en Suisse alémanique, les lobbies agroalimentaires dominants ont pesé, seuls, de tout leur poids.

      Deuxième facteur : un électorat urbain plus marqué en terres romandes. Le fameux clivage villes-campagne a sans doute aussi joué : on voit qu’en ville de Zurich, ce sont près de 47% de oui qui sortent des urnes, et même 52% en ville de Berne.

      On regrettera à cet égard que le Parti socialiste ne se soit guère investi dans la campagne, assurant un service que l’on peut qualifier de minimum et ait laissé aux Verts le soin de défendre leur texte maison. Dommage, cela aurait pu contribuer à infléchir le résultat en contrant la propagande populiste distillée par leur conseiller fédéral Alain Berset qui – sans aller jusqu’à brandir la pénurie de foie gras, comme l’a fait le PLR – a tout de même feint de s’inquiéter pour le panier de la ménagère, arguant que les pauvres n’ont pas les moyens de manger bio, alors que le problème est peut être davantage à chercher du côté des revenus trop bas. Bref, à emboucher les trompettes de la peur dans lesquelles soufflaient à pleins poumons des milieux de l’économie soucieux des bénéfices engrangés par les géants de l’agroalimentaire.

      Mais ce n’est que partie remise. Les formations bourgeoises ont assuré la bouche en cœur que la législation actuelle serait suffisante. Reste que l’article constitutionnel largement adopté l’an passé sur la sécurité alimentaire sera sacrifié plus souvent qu’à son tour sur l’autel du dieu Mo-loch libre-échangiste. L’Union suisse des paysans – déjà échaudée par les frasques de l’inénarrable Johann Schneider-Ammann – n’avait d’ailleurs pas donné de mots d’ordre.

      Rendez-vous est donc pris : la question d’une agriculture durable et moins industrielle reviendra inéluctablement sur le tapis. Le vote de ce week-end a montré que la question du mode de production agricole est une préoccupation centrale des Suisses.

      https://lecourrier.ch/2018/09/23/la-peur-au-ventre

  • Les figures de migrants paysans en Chine
    http://sms.hypotheses.org/4107

    Si l’on s’en tient aux informations distillées par les médias occidentaux, la Chine ne semble guère être confrontée à la « question migratoire ». Et pourtant… En 2014, la Chine compte 245 millions de migrants à l’intérieur de son territoire, du moins si l’on entend par « migrants » ceux qui ne vivent pas dans leur lieu de résidence enregistré. Ils représentent 17% de la population chinoise, et la grande majorité d’entre eux sont des paysans.

    #Géographie #Migrants #Migrations #Géographie_des_Migrations #Paysans #Paysans_Chinois #Chine #Géographie_Agricole #Géographie_Rurale #Géographie_Agraire #Espace_Rural #Population_Chinoise #Exode_Rural #Migration_Féminine #Femmes_et_Migrations #Femmes #Econmie_Urbaine #Exode_Agricole #Géographie_de_la_Chine

  • Les recompositions de l’exploitation agricole familiale
    http://sms.hypotheses.org/4148

    L’exploitation agricole française est-elle toujours familiale ? Voilà une question qui ne cesse de resurgir dans les débats sur l’évolution des modes agricoles et ruraux. Elle s’est posée déjà à la fin des années 1980, puis ces dernières années, avec la loi d’orientation de 2006 et en 2014, à l’occasion de l’Année internationale de l’agriculture familiale.

    #Géographie #Systèmes_Productifs #Mutation_des_Systèmes_Productifs #Exploitation_Agricole #Agriculture #Géographie_Agricole #Géographie_Agraire #Géographie_Rurale #Espace_Rural #Géographie_de_la_Famille

  • Parution en ligne La campagne, autrement (Géographie et cultures, n°87, 2013)
    http://gc.revues.org/2932

    Un clocher cul par-dessus tête… Il suffit de peu pour regarder autrement la campagne, la dé-normaliser sans l’exotiser. Changer de perspective pour observer ce qu’on n’y voit plus. Retrouvons sa banalité et donnons-lui le haut du pavé !
    Ce numéro est une invitation à explorer le dedans d’un monde, autrement que depuis la ville – si c’est encore possible. Un hommage, peut-être, à celles et ceux qui vivent à la campagne, la vivent et la font vivre.
    Au hasard de quelques campagnes parcourues en France, les auteurs cherchent moins à rendre compte de l’espace rural que de petits mondes ruraux, de sociétés qui ont leur propres valeurs, référents et ambitions et qui proposent encore des alternatives.
    Peu, modeste, ordinaire. Entre habitudes, aspirations et contraintes, les expériences de vie abordées ici interrogent le temps, l’intimité, la frustration – et bien sûr le désir.

    #Géographie #Géographie_Rurale #Géographie_Agricole #Géographie_Agraire #Paysages_Ruraux #Campagne #Espace_Rural #Géographie_et_Cultures #Revue_Géographie_et_Cultures #Monde_Rural