Le camping familial du Goviro, à Quiberon (56), est-il sauvé ? Le projet de transformation en camping 5 étoiles, que combattent les habitués, pourrait avoir du plomb dans l’aile, avec l’avis de la Société polymathique du Morbihan qui rappelle que le site archéologique est remarquable, et qu’il nécessite de longues fouilles. La Drac pourrait y regarder de plus près…
Depuis le début de l’été, ils ont donné de la voix et fait savoir leur opposition au projet de transformation du camping familial du Goviro en camping de luxe 5 étoiles. Les habitués du camping familial de Quiberon sont toujours là, après le baisser de rideau de la saison estivale. Certes, ils ne sont plus aussi nombreux que dans les premières semaines, mais leur détermination ne semble pas fléchir. Ils ont déjà promis de revenir chaque samedi et de s’opposer jusqu’au bout au projet validé par les élus, lors du vote du conseil municipal du 11 juillet. La cession de l’emplacement du camping à une société privée, Odalys plein air, pour la transformation du camping municipal du Goviro, d’ici à 2021, avait été actée. Mais un courrier, arrivé en fin de semaine dernière sur le bureau du maire Bernard Hilliet, est de nature à changer le calendrier des travaux de transformation…
Ce site du Goviro « est un secteur archéologique remarquable à l’échelle du département », annonce Christophe Le Pennec, conservateur des collections de la Société polymathique du Morbihan (†). « Depuis le XIXe siècle, on sait que c’est l’un des secteurs les plus riches en découvertes archéologiques, sans doute sans équivalent dans le secteur. Seulement, depuis les années 50, il est difficile de mener des fouilles après la bétonisation de Quiberon et d’autres communes ».
Le site du camping du Goviro est différent, car son sous-sol est encore accessible. « Ce camping devrait être une réserve archéologique. Qu’il soit occupé par un camping familial ne pose pas de problème, mais si des travaux de terrassement importants devaient y être menés, ce n’est plus la même chose », explique Christophe Le Pennec. « La presqu’île était un site religieux chrétien important depuis mille ans. Il s’y trouve encore certainement des sépultures, peut-être sous 5 m d’épaisseur de sable ».
Une copie du courrier a été adressée à la Drac (Direction régionale des affaires culturelles). « C’est l’État qui doit intervenir », pense Christophe Le Pennec. « Il y a une procédure de diagnostic archéologique qui devrait être lancée ». L’affaire n’est pas simple car les fouilles peuvent s’étaler sur de nombreuses années. « À titre d’exemple, le village gaulois de Goulvars, non loin du Goviro, a été l’objet de fouilles sur une surface de 2 000 m²…. pendant quatre ans ! ». La décision de la Drac pourrait donc considérablement ralentir le projet. Voire l’annuler. « À la polymathique, nous ne sommes pas contre un projet de camping 5 étoiles, mais c’est simplement le pire endroit pour le faire ».
Contacté, ce lundi, le maire de Quiberon, Bernard Hilliet, n’a pas donné suite à nos sollicitations.
† société savante qui mène des recherches sur l’histoire, l’archéologie et le patrimoine morbihannais