• Le temps de l’œuvre, le temps de l’acte : Entretien avec #Bernard_Aspe
    http://www.inflexions.org/n5_t_bordeleauhtml.html

    Il me semble en effet que, plus que jamais, le sujet de l’économie capitaliste est soumis à une injonction contradictoire : on attend de lui qu’il vive le temps de sa vie comme étant celui de son accomplissement (le seul qui lui soit donné : « le temps qui lui reste », en ce sens) et qu’en même temps il se soumette à l’accélération généralisée qui caractérise l’état présent du monde du capital (je pense ici au livre important de Hartmut Rosa : Accélération. Une critique sociale du temps, La découverte, 2010), et qui ne cesse de contrarier, en le retardant indéfiniment, cet accomplissement. Une accélération qui obstrue simultanément toutes les dimensions du temps : l’avenir ne doit pas être accueilli en son impensabilité propre, mais géré ; le rapport au passé n’est plus entretenu par un art de la mémoire (qui pourrait par exemple restituer leur présence absente à ceux que Simondon appelait « les vivants du passé »), mais objet d’une commémoration (ou d’un refoulement) ; et le présent, qui semble plus que jamais privilégié (les sociologues parlent même de « présentisme » pour désigner l’incapacité du sujet à se rapporter à un horizon qui excède l’expérience du moment) est en réalité esquivé, contourné, conjuré. Car il n’y a pas de présent sans une résolution (je sais que c’est là un motif heideggérien, mais nous trouvons son origine dans la lignée Schelling–Kierkegaard) qui nous fait être exactement là où nous sommes, et surtout qui nous y fait être sans réserve. Or, le sujet de l’économie ne peut « jouir du présent », comme il ne cesse de le clamer, que s’il sait qu’il lui reste plusieurs possibilités de vie en réserve, et qu’il maintient ainsi plusieurs portes ouvertes — dans la mesure où il sait bien que ce qu’il expérimente pourrait quelque jour ne plus lui convenir. Il a besoin de se rassurer en se disant que la vie qu’il a n’est pas la seule possible, qu’il lui sera toujours possible de « changer ». Ainsi fait–il confiance à ce qu’il lui reste encore à expérimenter, comme d’autres en d’autres temps plaçaient leur foi en un autre monde, dont ils n’avaient pas encore l’expérience. Le monde est devenu intégralement immanent, la fausse transcendance est restée : elle n’est plus guère celle de l’outre–monde, mais bien plutôt celle des expériences de vie qui restent encore à explorer. Etre quelque part — être situé dans le monde — est pour notre contemporain un objet de panique.

    Disons que le sujet de l’économie a mal lu Spinoza : il croit qu’il doit se laisser diriger par la question « qu’est–ce que je désire ? » Au besoin, il va chez le psychanalyste pour demander conseil. Mais il n’a pas compris que la question de ce qu’il désire ne pouvait trouver à se résoudre que depuis la compréhension d’une nécessité. C’est lorsque je suis en adéquation avec ce que l’on pourrait appeler une nécessité subjective (car je ne parle pas ici de nécessités qui seraient imposées par « l’ordre des choses ») que je peux enfin m’y retrouver dans ce que j’appelle « mon désir ».

  • Où l’on lit, entre les lignes, que c’est quand même moins simple que ce que raconte #Chamayou.

    Une interview de l’auteur du Guide de survie aux drones | VICE France
    http://www.vice.com/fr/read/guide-de-survie-drones-par-ruben-pater
    #vice #drones #insurrection

    Ruben Pater, un designer des Pays-Bas, a récemment établi un guide de survie aux drones, disponible dans 27 langues différentes. Le guide dresse notamment une liste des drones les plus communs – du Reaper au KillerBee – ainsi que quelques informations cruciales pour les éviter et les détourner.

    « La plupart des gens sont intrigués par les drones, m’a expliqué Ruben. Mais ils ignorent les capacités et les faiblesses de ces technologies. Quand on aura enfin compris ce que peut faire un drone, on cessera de les craindre et on pourra réfléchir à des moyens de protection. » Le Guide de survie aux drones est divisé en deux sections principales : Se cacher des drones et Hacker les drones. On retrouve notamment les conseils de type : « Disséminer des morceaux de verres réfléchissant sur un toit brouillera la caméra du drone », ou encore : « La diffusion massive sur plusieurs fréquences peut couper la liaison entre pilotes et drone ». Ruben tient à préciser que son travail relève plus d’un projet artistique à valeur éducative que d’un vrai guide pratique pour abattre les drones Predator. Il a également fait tout ce qui était en son pouvoir pour que son guide ne présente aucun danger : « J’ai pris soin de ne rassembler que des informations disponibles sur des sites acessibles à tous, a-t-il ajouté. Pour ce guide, j’ai choisi des techniques qui permettent d’esquiver les dispositifs de surveillance et de tromper les capteurs des drones – mais je n’ai pas expliqué comment les abattre. »

  • De la révolte comme d’un art appliqué aux barricades / Hazan, Kamo, Zizek, Horvat

    http://strassdelaphilosophie.blogspot.fr/2013/09/de-la-revolte-comme-dun-art-applique.html

    La rentrée se décline sur le mode croisé de la révolte appelée par #Eric_Hazan, #Kamo, #Slavoj_Zizek et #Srecko_Horvat. La #barricade en serait comme une scène possible, celle de toute #insurrection : un #objet #rebelle à nos savoirs, à nos catégories de rangement. Elle n’entre en aucune classe, hors classe et hors #genre. Si d’habitude un objet s’inclut dans un #ensemble qui le collecte ou qui prend le nom d’une collection, la barricade se compose de choses tout à fait #réfractaires à une mise en ordre de ce qui se laisse #ordonner selon un #concept. Elle est faite de barriques autant que de futilités, futilis étant la fente, la fuite qui ouvre la barrique à des usages multiples. La barricade selon Eric Hazan est un amas, un tas, une composition d’objets disparates qui témoigne de la #lutte, de ce qui passe entre les #classes, faisant appel à des clous autant que des moellons, pavés, planches, cerceaux métalliques dans une disproportion qui appelle tous ceux qui ne jouissent d’aucune reconnaissance. Elle les ouvre à une forme commune, un #communisme qui n’est pas celui du genre ou de l’#espèce ni d’ailleurs de la classe #sociale.

    La lutte est #interstice, fusion des classes en une #Commune qui témoigne de l’espace d’une véritable cité, d’une cité bouleversée. Y naissent des histoires d’amours et des pactes d’alliance, des chevauchements affectifs et des figures de l’enfance que la littérature elle-même pourra s’approprier en faisant de tous les misérables un foisonnement de singularités rebelles. Et comment la barricade peut-elle fendre l’#ordre_établi et lui inoculer des grains de sables capables d’enrayer la machine du #pouvoir ? Quelles mesures décider dans la disparités des barricades, placées hors l’autorité des sciences politiques ? Un ensemble de questions qui pousseront Hazan et Kamo à adopter les Premières mesures révolutionnaires. L’immonde du monde d’aujourd’hui qui ne répond plus à rien, cet ordre #mondial qui confine à l’équivalence de tout, sans aucune #dignité ni aucune forme de #subjectivité, cet #immonde réclame une #critique capable de rompre l’éternel retour du même, la #restauration de l’ordre toujours reconstitué par-delà le #désordre des barricades. L’insurrection ne peut s’insurger vraiment, devant l’ordre mondial, qu’en prenant la forme d’une #insurrection irréversible et irrespectueuse des principes moraux qui protègent les nantis. Elle advient au nom d’un ailleurs et d’un incommensurable, d’un monde qui soit avant tout un monde autre, inventif, créatif, contrant le ressassement de la même organisation.

    #Sciences_Politiques #Philosophie #Histoire #Livres

    • Littérature romantique ; la dignité se trouve partout, elle se pratique et se vit chez nombreux. La subjectivité est certes prisonnière mais pas chez tous.
      L’ insurrection ? quelle nouvelle violence cache ce mot échevelé ?
      L’ autre monde ? cela se crée quotidiennement.

  • #Madagascar se souvient de l’insurrection de 1947 et des massacres du corps expéditionnaire français | africamix
    http://africamix.blog.lemonde.fr/2012/03/29/madagascar-se-souvient-de-linsurrection-de-1947-et-des-massac

    oui bon, j’ai pas vu avant

    Ce jeudi 29 mars, les Malgaches commémorent le 65e anniversaire du début de l’insurrection. Indépendante depuis le 26 juin 1960, après près de 65 années de colonisation française, l’Ile Rouge se souvient d’une « pacification » faite de tortures, d’incendies de villages, d’exécutions sommaires... et d’un corps expéditionnaire français, composé pour l’essentiel de troupes coloniales. Quelque 18 000 militaires débarquent en avril 1947. Ils seront jusqu’à 30 000 en 1948.

    Tabataba, du Malgache Raymond Rajaonarivelo, raconte l’insurrection vue à travers les yeux de Solo, jeune garçon témoin de la guerre que se livrent insoumis et militaires du corps expéditionnaire français. Ce film, tourné en malgache et sous-titré en français, a été couronné au Festival de Carthage et à Cannes, dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs.

    Apparemment ce film connaît un meilleurs sort que la pièce de théâtre de Jean-Luc Raharimanana « 47 » censurée en 2008 par le Quai d’Orsay. Ah mais bon sang mais c’est bien sûr, la diffusion n’est pas la même du tout (et peut-être la teneur mais pas vu, je ne peux pas dire) !

    Mais ainsi en a décidé le « bureau politique » de la DGCID1 [direction générale de la coopération internationale et du développement du ministère français des Affaires étrangères, ndlr]. Coopération et développement ? Silence sur « 47 ». Censure sur le spectacle. Interdiction d’emmener cette parole dans les centres culturels africains et alliances françaises. Etouffer les mémoires pour perpétuer quelle tradition ? Quelle domination ? La France grande et rayonnante ? Mère du progrès et de la civilisation ?

    http://www.rue89.com/2008/12/05/madagascar-1947-censure-d-etat-pour-une-piece-de-theatre

    #insurrection #théâtre #histoire #colonialisme #censure

    • Il m’a fallut avoir une autorisation spéciale pour une bibliothèque universitaire du centre d’études juives pour avoir accès à des documents parlant de ces événements. J’étais extrêmement surprise de découvrir l’ampleur de ce vide historique et c’est à partir de ce moment que j’ai commencé à pensé qu’il était fort probable que je ne sois pas née dans le camp des gentils.
      En creusant un peu, je me suis rendue compte que TOUT le monde sur cette planète est convaincu d’être né dans le camp des gentils. Là, je pense qu’il n’y a probablement pas de gentils.

      C’est aussi à partir de là que j’ai enfin commencé à comprendre le concept de relativisme historique de Claude Lévi-Strauss, alors que c’était la lecture de Races et histoire qui m’avait poussé dans des études de sociologie et dans un mémoire bâtard en psychologie sociale-histoire sur l’antisémitisme.

  • Révolte aux USA, 70 000 manifestants dans les rues au #Wisconsin. Bon courage mister Obama.... - Résistance Inventerre
    http://inventerre.canalblog.com/archives/2011/02/25/20483959.html

    Les événements du Wisconsin se développent d’une façon organisée et particulièrement impressionnante dans leurs effets. Après une semaine de protestations, de manifestations et d’actions diverses, la capitale du Wisconsin, Madison, est devenue le centre bouillonnant d’une crise nationale US. (Pour Noam #Chomsky, il s’agit d’une #insurrection démocratique, la révolte qu’on attendait aux USA.) Vendredi 17 février, les membres démocrates du Sénat de l’Etat avaient quitté le Wisconsin pour l’Ohio contigu, hors de la juridiction de leur Etat, créant par leur absence une impossibilité d’atteindre le quorum pour un vote (prévu ce 17 février) de la loi du gouverneur Walker restreignant très fortement les dépenses publiques et mettant en cause l’existence des syndicats des services publics ; ces parlementaires ont annoncé qu’ils resteraient “en exil” dans l’Ohio, toujours pour la même raison du blocage du vote, tant que le gouverneur Walker ne céderait pas, – alors que Walker réaffirmait dimanche qu’il ne céderait pas. Samedi, la manifestation, quotidienne depuis 5 jours à Madison, rassemblait une foule impressionnante de plus de 70.000 personnes. L’intention des protestataires de Madison est d’occuper et de “tenir” le Capitole, à la façon que les Cairotes ont “tenu” la place Al Tihrir, dans le but d’empêcher le fonctionnement du “gouvernement” du gouverneur Walker et de paralyser l’Etat du Wisconsin.