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  • A l’encontre » Histoire. En 1961, « Monsieur H » n’est pas mort dans un accident
    le 30 - avril - 2019, Par Colette Braeckman, source : le soir
    http://alencontre.org/societe/histoire/histoire-en-1961-monsieur-h-nest-pas-mort-dans-un-accident.html

    Voilà un livre qui démarre lentement. Qui ressemble, en ses premières pages, au rapport d’un contrôleur aérien. D’ailleurs, c’est bien de cela qu’il s’agit : d’une histoire d’avion, d’un crash comme il s’en produit si souvent sur les pistes peu balisées des brousses africaines. Bref un accident, un coup du sort.

    A l’époque, il était question d’une erreur de pilotage, où un équipage peu familier de l’Afrique aurait confondu Ndola en Zambie avec Ndolo, qui était à l’époque l’aéroport de Léopoldville (Kinshasa aujourd’hui). A ceux qui doutaient de cette confusion qui se jouait sur une seule lettre, on ajoutait que, volant trop bas, le DC-6 avait percuté une colline, ou une termitière. Bref, il fallait circuler, il n’y avait rien à voir.

    L’ennui, c’est que le crash du 17 septembre 1961 allait secouer la planète entière et que, près de soixante ans plus tard, alors que disparaissent les derniers témoins, les enquêtes ne sont pas terminées à propos de l’un des plus graves crimes politiques de l’après-guerre.

    Car à bord de l’Albertina, piloté par un équipage suédois, se trouvait le Secrétaire général des Nations unies Dag Hammarskjöld, un homme politique vénéré en Suède comme un héros national. Celui que l’on appelait alors « Monsieur H » – et qui a donné ce titre au livre que vient de publier notre correspondant aux Etats-Unis, Maurin Picard – était un homme engagé.

    En ces temps de guerre froide, le diplomate voulait que l’ONU soit un instrument de paix ; et que lui-même en soit plus le général que le secrétaire.

    C’est pour cela qu’un dimanche de septembre, neuf mois après l’assassinat de Patrice Lumumba [le 17 janvier 1961, à Lumumbashi], Dag Hammarskjöld avait embarqué à Léopoldville pour une mission en principe secrète. Désireux de préserver l’unité du Congo, qui faisait face à la sécession du Katanga et du Kasaï, le Suédois souhaitait s’entretenir personnellement avec le leader katangais Moïse Tshombe dans la petite ville de Ndola, en Rhodésie du Nord (Zambie aujourd’hui), espérant le convaincre de mettre fin à une sécession condamnée par l’opinion internationale et lui permettant d’annoncer que le Congo avait retrouvé son unité. (...)

    https://plus.lesoir.be/221381/article/2019-04-30/congo-la-mort-de-monsieur-h-netait-pas-un-accident

  • Février 1885, les puissances colonisatrices se partagent l’#Afrique | L’Humanité

    https://www.humanite.fr/fevrier-1885-les-puissances-colonisatrices-se-partagent-lafrique-566861

    Réunis à Berlin en 1884 et 1885, les pays européens colonisateurs du Continent noir ont codifié les règles qui devaient présider à leur occupation. À l’issue de cette conférence, Britanniques, Français, Allemands, Belges, Portugais, Italiens se partageaient l’Afrique.

    La #conférence_de_Berlin, qui s’est tenue de novembre 1884 à février 1885, fut organisée à l’initiative du chancelier Bismarck afin de codifier les règles qui devaient présider à la colonisation de l’Afrique. Depuis la fin de la décade précédente, les rivalités et les tensions se multipliaient dangereusement entre les nations d’Europe engagées dans une concurrence systématique pour le dépeçage du continent noir. Bismarck, qui avait engagé l’Allemagne avec retard dans ce processus de prédation, entendait imposer des règles, en particulier le libre accès commercial aux grands bassins fluviaux (liberté de navigation sur le Congo et le Niger, liberté du commerce dans le «  bassin conventionnel  » du Congo) et l’obligation d’occuper effectivement un territoire avant d’en revendiquer la possession. Ce dernier point eut pour conséquence ce que les historiens britanniques appellent «  scramble for Africa  » (ruée vers l’Afrique), les francophones utilisant plutôt l’expression en apparence plus anodine de «  course au clocher  » : Britanniques, Français, Allemands, Belges, Portugais, Italiens se lancèrent dans l’intérieur de l’Afrique, qui fut partagée par les Européens en moins de quinze ans, au prix de plusieurs guerres contre les royaumes africains et d’incidents diplomatiques entre les États européens, dont le plus significatif fut l’accrochage franco-britannique de Fachoda, en 1898.

    #congrès_de_Berlin #colonies #colonialisme

  • #fusion orientale
    http://www.radiopanik.org/emissions/le-gant-de-toilette/fusion-orientale

    Le Gant de Toilette, parfois, vous transporte dans d’autres sphères musicales, dans d’autres contrées linguistiques. Un voyage sonore, là où nos oreilles curieuses, aimeraient bien se laisser inonder de notes et de rythmes. La Bulgarie. Le Congo. La Pologne. La Lettonie. L’Argentine. La Tchéquie. L’Arménie. Le Danemark. L’Albanie.

    Et aujourd’hui, plus qu’un pays. Le monde #arabe. Et plus qu’un genre. La fusion. En compagnie de Rebecca.

    Playlist :

    Apo & the Apostles : Bidi Masari Ramy Essam : Balaha Massar Egbari : Cherophobia Soap Kills : Enta Fen Soap Kills : Aranis Yasmin Hamdan : La Mosh Ana Mashrou’ Leila : Habib 47SOUL : Intro To Shamstep 47SOUL : Mo light 47SOUL : Every Land Jadal : Ana Bakhaf Min El Commitment (...)

    #orient #arabe,orient,fusion
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/le-gant-de-toilette/fusion-orientale_06136__1.mp3

  • https://www.revuepolitique.be/elections-en-rdc-tshisekedi-kabila-et-larithmetique-du-pouvoir/#comment-1235

    ou

    https://www.youscribe.com/BookReader/Index/3034915/?documentId=3421374

    Il est certain que l’Afrique est aux africains . Seulement voilà, nous sommes dans un monde où la multiplicité des alliances font en sorte que chacun intervient et s’immisce dans les affaires internes de l’autre.

    Tchisekidi a gagné ,à tort ou à raison, les élections présidentielles, est un fait accompli. Que sa présidence soit faible ou forte est un autre débat qui ne peut être débattu que sur le concret , sur un ensemble de point que le président élu entame.

    En tout cas avec ce changement de donne ,l’Afrique et certes ,une hirondelle ne fait pas le printemps ,donne un nouveau regard politique , tout au moins pour l’instant. Il ne faut pas oublier non plus pourquoi l’armée est silencieuse.

    J’aurai aimé voir aussi l’Égypte de Sissi se démocratise et passe le flambeau comme Kabila vient de le faire. Et il est incontestable ,Tshisekidi a l’appui de Kabila pour pouvoir gouverner le Congo Kinshasa, sinon Kabila a les moyens de l’empêcher.

    Reste à savoir pourquoi Kabila a donné ce feu vert. Certainement pas pour rétablir la démocratie car son règne après son père et après Moubutu n’était pas en mesure de lutter contre la corruption et les fraudes électorales... Pour la simple raison, le peuple congolais comme le peuple africain en général, n’ a pas encore appris les bases fondamentales ,de la démocratie et pour cause, les occidentaux ne laisseront jamais installé une démocratie véritable en Afrique !!et pourtant le peuple en demande mais pas les gouvernants !!!.

    Sur exemple du Maroc, un peuple rifain qui se manifeste pour des infrastructures dans la région, pour du travail, ...Zefzefi comme leader écope 20 ans de prison ferme et pourtant il était toujours pacifique dans sa lutte. L’Algérie est aussi dans cette obscurité politique ; aucun observateur ne pourrait dire qui gouverne ce beau pays ? ! l’armée est aussi silencieuse comme au Maroc ,comme en Égypte,...car seule cette institution pourrait rétablir l’ordre démocratique étant donné le chemin le plus court est une ligne droite.

    Et puis les gouvernants modélisent une philosophie qui donne naissance à une politique dite de ’’bergague’’(délateur potentiel et omniprésent et qui influe sur la société) qui dira qui pourra se balader dans les rues et qui a besoin d’une autorisation pour se faire ; les cafés, les commerces, les rues,...il y a une omniprésence de cette politique ...Finalement, Tshisekidi issue aussi de ce monde est un changement qui pourrait être radicale si Tshisekidi est entouré d’une équipe forte pour lutter contre la corruption, contre l’exploitation des mines de diamant et d’or par des étrangers (des contrats douteux avec le pouvoir en place, pas de transparence...) ,contre l’analphabétisme et l’illettrisme qui favorise l’existence de ’’bergague’’, de donner du travail qui soit rémunéré en fonction d’un pouvoir d’achat afin de contrer les périples de l’immigration, …

    Sinon Tshisekidi est aussi dans cette tanière comme Kabila ,autrefois et, donc il manque aussi d’une ’’acquaintance’’ pour aborder le dur du pouvoir . J’entends d’ici me dire comment ? Eh bien , si Tshisekidi est un politique chevronné qui a une conscience politique ; il arrivera à ’’surfer’’ sur les grandes vagues à faire survivre le Congo dans une véritable démocratie. Sinon c’est le cas de Macron, président français, issu des lobby et des grands groupes de pression où les gilets jaunes ,fleurissent de plus en plus(et ils ont raison) et où les syndicats du travail appellent à une ou des gréves générales ,où toute une société est bloquée,sclérosée ; où les groupes de pressions comme le système de Mink défendent bec et ongles Macron car ils font ce qu’ils veulent dans la société française et où les officiers militaires français commencent à bouger vers un coup d’État militaire comme cela fut le cas ,autrefois , avec le général De Gaulle.

    Si l’armée congolaise favorise Tshisekidi c’est que ce dernier a présenté pattes blanches mais reste encore à voir s’il existe un concret ou juste un phénomène de passage.

    Faut-il à Tshisekidi de redéfinir la politique extérieure du Congo, y compris les alliances et les exportations des richesses minières du Congo. Ou faut-il être comme Patrice Lumumba un anti colonialiste convaincu ou faut-il ajouter de l’eau pour avoir un certain équilibre . Le pouvoir que compte Tshisequidi est tout cela à la fois donc ’’wait and see’’.

    L’union européenne comme l’union africaine comme les américains comme les russes comme les chinois... attendent avec impatience de saboter Tshisekidi pour un retour à la case de départ à savoir l’Afrique n ’est que l’arrière cour ,une jungle, un ensemble des illettrés, des non politiques qui sont aux doigt et à l’œil des puissances de ce monde .

    Au Gabon le lieutenant Killy avait compris mais sa hiérarchie est imbibée dans la corruption et préfère donc la dictature des Bangos . Le peuple africain est victime potentielle et parfois , on entend ici est là ; un autre colonialisme pour se débarrasser de ce colonialisme des pouvoirs dictatoriaux en place qui ne chignent pas devant la volonté de tout un peuple ;où la diplomatie étrangère est faible comme celle du Maroc concernant le Sahara occidental qui est aux aboies pour faire un contre poids avec une visite d’un Netanyahou ,un ancien sniper qui n’a rien avoir avec la politique et comme preuve les palestiniens qui souffrent au quotidien,que le peuple musulman marocain n’en veut pas et personne ne peut éviter une guerre Maroc vs Algérie qui est doublement plus puissante militairement que le Maroc ou encore influencer Bolton car ce dernier à une équipe très soudée ce que Tshisequidi doit avoir pour gouverner convenablement le Congo Kinshasa...

  • Le massacre de l’Union Minière à Lubumbashi (9 décembre 1941) Ludo De Witte - 9 Décembre 2018 - Congo Indépendant - Investigaction
    https://www.congoindependant.com/le-massacre-de-lunion-miniere-a-lubumbashi-9-decembre-1941/#_edn5
    https://www.investigaction.net/fr/le-massacre-de-lunion-miniere-a-lubumbashi-9-decembre-1941

    L’Africa Museum de Tervuren rénové, rouvre ce 9 décembre 2018 : voilà l’occasion ou jamais de revenir sur le massacre par l’armée coloniale belge (la « Force Publique »), de travailleurs noirs de l’Union Minière partis en grève en 1941. Ces ouvriers avaient arrêté le travail pour réclamer des salaires décents. Si l’on veut vraiment décoloniser notre espace public et notre histoire collective, on se doit de dire ce qu’a représenté et représente toujours cette entreprise, joyau à l’époque de la Société générale de Belgique, multinationale stratégique toujours en activité aujourd’hui sous le nom d’Umicore. Il convient de parler de l’énormité des profits accumulés par l’Union Minière/Umicore au Congo, et de rappeler que des dizaines de milliers de Congolais les ont payés de leur sueur et de leur sang, parfois de leur vie. Ce devrait être l’une des finalités du musée de Tervuren.

    Avant de raconter l’histoire de ce bain de sang, une suggestion me paraît ici de mise. Il est bon d’écrire l’histoire et encore mieux de la transposer sous une forme adaptée dans un musée, mais pour ancrer durablement dans la mémoire collective des événements autrement révélateurs et symboliques, il est nécessaire de la rendre visible dans l’espace public. A l’époque où l’identification de cadavres de soldats tombés pendant les deux guerres mondiales de 1914-18 et 1940-45 se poursuit et où se poursuit le repérage des fosses communes des victimes de la guerre civile Espagnole (1936-39), pour ne mentionner que ces cas d’espèce, le temps n’est-il pas venu qu’on exige de l’Etat belge et de l’Umicore qu’ils mettent tout en œuvre pour que soient retrouvées les cadavres des ouvriers massacrés dans l’ancien Elisabethville de 1941, et qu’on érige à leur martyre, un monument digne de leur mémoire ? Un lieu de mémoire qui, partant de ce massacre, immortalise le calvaire du peuple congolais au cours de ces années sombres et pénibles ?
    – - - - - -

    Ce que la Belgique et ses alliés durant la Deuxième Guerre ont exigé comme effort de la part des Congolais fut impitoyable. Comme je l’écris ailleurs, « Pendant ces années de guerre l’Afrique centrale s’était transformée en un immense camp de forçats au service de l’industrie de guerre alliée[ii]« . Dès le départ, le travail forcé a été à la base de la colonisation, d’abord sous le régime de l’Etat indépendant du Congo, propriété de Léopold II, mais ensuite encore lorsque cet Etat devint une colonie belge en 1908. Le Père Le Grand déclarait au Congrès colonial de 1926 : « La façon dont se font les recrutements dépassent toutes les bornes. On a vu des groupes entiers de Noirs se diriger la corde au cou vers les chantiers et on a vu des chefs médaillés [chefs à la solde de la Colonie] à l’occasion du recrutement faire la chasse à l’homme. Bientôt ils essayeront de s’évader quitte à mourir en hommes plutôt que d’avoir l’impression d’être esclaves[iii]« .

    Durant la guerre, cette situation s’est aggravée. Le nombre de Congolais astreints au travail forcé, est passé de 480.000 à 850.000 doublant donc quasiment. Mais le durcissement de l’exploitation prit encore d’autres formes, impactant la population toute entière. Ainsi le nombre de jours ouvrables durant lesquels chaque Congolais mâle adulte devait se consacrer à des « tâches de la communauté » passa de 60 à 120 jours par an. Quant à la superficie de la culture forcée (coton, manioc, riz, noix de palme), elle se vit tripler de 300.000 à 900.000 ha. Le Père Hulstaert écrit que l’ordre donné par les autorités de gagner la forêt en vue d’y récolter le caoutchouc provoqua » une vague de peur et d’horreur dans les régions de la forêt tropicale, tant la mémoire de la période terrible de la récolte du caoutchouc dans l’Etat indépendant du Congo était restée vive chez beaucoup de gens[iv]«  . La pénurie et la dévaluation du franc congolais, lié au franc belge diminua considérablement le pouvoir d’achat des salariés. C’est ici qu’il convient d’évoquer les événements sanglants de décembre 1941 à l’Union Minière du Haut Katanga.


    Colonie belge 1941 – Gouverneur Maron aux martyrs de l’UMHK à Lumumbashi

    Le premier qui ait étudié ce dossier est Jules Marchal, ancien administrateur colonial belge puis ancien ambassadeur et, à sa retraite, historien-amateur et chercheur. Il se mit à fouiller les archives de son ancien employeur. Jules Marchal découvrit, à sa grande surprise, dans des documents officiels, que la colonisation belge se fondait sur une série de crimes contre les populations qui lui étaient soumises. Scandalisé par ses découvertes, il dépensa tout son temps et toute son énergie à l’étude de centaines de milliers de documents conservés aux Archives Africaines du Département des Affaires Etrangères à Bruxelles. Une bonne douzaine d’ouvrages sont issus de ces recherches, tous couvrant la période 1885-1945. Ils rassemblent les données de base qui permettent de comprendre l’exploitation coloniale, sous Léopold II puis sous l’administration belge.

    Je vais ici largement puiser dans le récit que fait Jules Marchal des évènements de 1941 dans son Travail forcé pour le cuivre et pour l’or[v]. Pour les reconstituer, il se fonde sur le journal d’Amour Maron, gouverneur du Katanga à l’époque. Il en a trouvé une copie dans les archives du Consulat belge à Lubumbashi. J’y ajoute quelques autres données tirées de mes archives personnelles. L’intérêt de tout ceci ne se limite pas à l’année 1941. La gravité du massacre de cette année-là marque à ce point les travailleurs de l’Union Minière, elle les terrorise tant que cela permet d’expliquer pourquoi, dans les décennies qui suivent, ils n’ont joué aucun rôle de premier plan, même pas au temps de la décolonisation, même pas pour organiser des arrêts de travail de quelque envergure. Le texte qui suit est de Jules Marchal, le mien est en italique.

    PRÉLUDE
    A partir de 1928 l’Union Minière fit figure au Congo et en Europe d’employeur modèle, développant pour les travailleurs ses services médicaux et prenant en charge leur formation professionnelle au maniement de l’outillage et à son entretien. [Le directeur général en Afrique de l’Union Minière] Léopold Mottoulle, s’évertua à stabiliser la main d’œuvre africaine. Il s’appliqua à en faire, à travers des services sociaux de pointe, un réservoir d’ouvriers dévoués et industrieux. Il considérait les travailleurs comme de grands enfants, qu’il fallait diriger en bon pater familias, décidant de ce qui était bon pour eux et de ce qui ne l’était pas, fixant le niveau des salaires selon son bon plaisir.

    [Bien que le logement et l’alimentation de base étaient fournis en nature par l’UM, le niveau de ces rémunérations en nature était celui d’un salaire de famine] et il se conçoit que les « grands enfants » n’étaient pas très heureux des décisions dans ce domaine du « père de famille ». Ce fut tout particulièrement le cas à la fin 1941. Le salaire de base (c’est-à-dire celui d’un manœuvre débutant), avait retrouvé, après la chute observée au cours de la crise des années 1930, son niveau de 1930 : 2 francs par jour. A la même époque, depuis le commencement de la Seconde Guerre mondiale, le coût de la vie s’était considérablement élevé. Comme lors de la Première Guerre, la monnaie nationale s’était fortement dépréciée.

    Le 6 novembre 1941, l’administration coloniale du Katanga et la direction de l’Union Minière et de la Sermikat se réunissent à Elisabethville (Lubumbashi). Monseigneur Jean-Félix de Hemptinne, évêque du Katanga, est présent. A l’ordre du jour, une enquête de l’administration coloniale qui démontre que le minimum vital pour un travailleur célibataire, de 939 francs par an au 10 mai 1940, s’est élevé à 1.503 F au 1er août 1941, soit une augmentation de 71%. Le salaire moyen en ville est de 700 F, à comparer au chiffre de 1.503 F de l’enquête. Ceci « peut expliquer dans une certaine mesure la recrudescence des vols », affirme un des participants à la réunion. Sans augmentation de salaires, « des troubles graves » sont à craindre, opine l’évêque de Hemptinne. On se met d’accord sur la nécessité d’une augmentation des salaires de 30 à 40%[vi]. Mais rien n’est mis en œuvre pour la faire appliquer.

    Des années plus tard le journal katangais L’Informateur décrit le caractère explosif de la situation en ces termes : « En avril 1941, l’attention de l’administration est attirée sur l’incidence du renchérissement permanent du coût de la vie, sur l’esprit des indigènes. A cette date, les salaires et traitements des Européens ont été revalorisés dans d’acceptables proportions, tandis que les travailleurs indigènes, à quelques exceptions près, vivent toujours sous le régime du temps de paix. A la Cité comme dans les camps d’organismes tels que l’Union Minière et le BCK, les esprits sont remontés, les meneurs, qui ne sont encore que des péroreurs de carrefour, s’agitent. Les autorités qui sont en contact direct et permanent avec le travailleur doivent consigner dans leurs rapports que les revendications des indigènes sont justifiées. Mais l’administration supérieure continue à faire la sourde oreille »[vii].

    DES GRÈVES ÉCLATENT
    Shituru, situé près de Jadotville (Likasi), avec ses usines de production de cuivre électrolytique et la fonderie de Panda toute proche, constituent à cette époque le complexe industriel le plus important de l’Union Minière. Au mois d’octobre 1941 les ouvriers blancs y avaient débrayé et rapidement eu gain de cause. A l’exemple de cette grève des Blancs, dans la nuit du 2 au 3 décembre, des Africains du camp de Shituru, auxquels se sont joints leurs camarades de Panda, décident de faire grève le 4 au matin pour obtenir une augmentation de leurs salaires. Le 3, au matin, Léon Mutamba, le porte-parole des grévistes, en informe le chef du camp de Shituru. Celui-ci alerte immédiatement la direction générale de la société à Elisabethville, laquelle avise le gouverneur Maron. La direction se déclare dans l’impossibilité de céder face à la menace et obtient du gouverneur qu’il maintienne l’ordre et la discipline chez les travailleurs.

    Se fondant sur la législation par temps de guerre, Maron promulgue le même jour un arrêté réquisitionnant tous les travailleurs, sous peine de cinq ans de prison pour les récalcitrants (…) Le jeudi 4 décembre, avant l’aube, des camions de l’Union minière transportent les soldats de la Force Publique, l’armée de la colonie, jusqu’aux camps. A l’entrée du camp de Shituru, la troupe se heurte à 500 travailleurs, en route pour Panda. Elle les maintient sur place puis les refoule. A Panda elle entoure un groupe massé près de l’école.

    Le directeur général de l’Union Minière, Léopold Mottoulle, tente d’établir le contact avec des groupes de grévistes. Il promet une augmentation de salaire à ceux qui reprendront le travail à 11h, alors que les autres n’obtiendraient rien. Il n’est pas entendu, on lui lance des pierres. Furieux et écœuré par l’attitude de ses « grands enfants », il est accueilli à Panda par les clameurs et les protestations des femmes. Elles se plaignent de l’insuffisance des rations de viande et de poisson. Parmi les équipes de jour de Shituru et Panda, soit 1.800 personnes, 1.400 ouvriers sont en grève. Seuls les recrues et les ouvriers spécialisés travaillent.

    Les officiers blancs de la Force publique, craignant d’être débordés par les grévistes, ordonnent à leurs hommes de faire preuve de sang-froid et de ne pas répondre aux provocations. Ils réclament l’envoi urgent de renforts de Lubumbashi. Le bilan des échauffourées est relativement léger : cinq blessés dont un soldat.

    Il n’y a qu’un seul incident qui tourne au drame lorsque le commandant du bataillon de la Force Publique Cardoen tue un gréviste d’une balle de revolver. Les renforts arrivent par train en début de soirée. Les soldats patrouillent la nuit. Le 5 décembre tout est calme à Shituru et Panda. 85% des membres du personnel se présentent au travail, mais le cœur n’y est pas ; il y a partout de vifs échanges. Au cours des deux journées suivantes, menaces ou rumeurs de grève se multiplient dans plusieurs sièges d’exploitation de l’Union Minière.

    GRÈVE DANS LA CAPITALE DU KATANGA
    Le lundi 8 décembre, les travailleurs débraient à Kambove et à la mine voisine de Shanguluwe. Ils réclament une augmentation de 1,50F par jour au lieu des cinquante centimes proposés. A Kambove les femmes se joignent aux hommes pour se plaindre des rations alimentaires. Le même jour, les menaces de grève se précisent à Luishia et à Kipushi. Deux pelotons sont envoyés à Kipushi. Par ailleurs, le même lundi à la Lubumbashi, la situation se dégrade d’heure en heure à la fonderie et aux camps avoisinants. Mottoulle tient personnellement le gouverneur Maron au courant, après lui avoir dit au matin regretter qu’on n’ait pas agi avec plus de fermeté à Jadotville.

    Le gouverneur prie le major Michel Vincke, le commandant militaire d’Elisabethville, d’envoyer des troupes sur place, afin de disperser les manifestants et d’arrêter les meneurs. Le procureur du roi, Paul Van Arenbergh, et le procureur général, Jean-Marie Devaux, se rendent sur les lieux, de même que le commissaire de district. Van Arenbergh fait arrêter deux meneurs, ce qui fait monter la tension. Les ouvriers se massent devant le bureau du chef de camp et, de la foule, montent des invectives. A 23h Mottoulle téléphone à Maron que la troupe se prépare à faire usage de ses armes. A minuit, les manifestants sont dispersés, après qu’un soldat ait été blessé par le jet d’une brique.

    AU STADE DE FOOTBALL
    Le mardi 9 décembre, à 6h du matin, le gouverneur Maron se rend au camp central de Lubumbashi. Il ordonne aux travailleurs de se rassembler au stade de football et met en place à la tribune un peloton de soldats— démonstration de force. René Marchal, l’administrateur du territoire, est aussi sur place. Confronté aux souffrances des travailleurs, il avait décrété en juin 1941 que tous les employeurs devaient fournir gratuitement le bois de chauffage à leurs travailleurs. Cette initiative, qui équivalait en quelque sorte à une augmentation mensuelle des salaires des travailleurs de 15F, n’avait pas été appréciée par l’administration provinciale. Plus tard, on l’avait obligé à revenir sur cette décision.[viii]

    Selon René Marchal, ce 9 décembre une foule de 1.500 à 2.000 Noirs, hommes, femmes et enfants, est rassemblée sur le terrain de football. L’administrateur territorial, qui parle la langue locale et connaît bien la population noire, est formel : « Les grévistes n’avaient aucune intention belliqueuse. Il s’agissait d’une manifestation pacifique contre la non-adaptation des salaires au coût de la vie. Par contre, l’air résolu de la troupe, et surtout des officiers, de même que l’état de surexcitation du gouverneur Maron me firent appréhender le pire. (…) Maron paraissait avoir perdu le contrôle de ses nerfs. A chaque clameur de la foule, il levait les bras et secouait ses poings en signe de colère. Il ne tenait pas en place ».[ix]

    Après un entretien de Maron avec le numéro 1 de l’Union Minière Jules Cousin, Marchal reçoit du gouverneur cet ordre : « Vous pouvez aller parler aux grévistes, mais je vous défends de leur faire la moindre promesse. Faites-les rentrer chez eux et dites leur qu’après cela on examinera leur problème. Le capitaine De Milde va vous accompagner avec sa compagnie »[x]. Il n’y avait rien de mieux à faire pour que la situation ne dégénère et, pire : envoyer le message aux grévistes qu’ils n’obtiendraient rien, après avoir été sommés de se rassembler au stade de football, accompagnés de leurs familles (la chose avait manifestement suscité des espoirs chez les grévistes), et cela sous la menace de soldats lourdement armés— non avec des fusils, mais des mitraillettes—, dans une ambiance de suspicion réciproque entre travailleurs (dont certains leaders avaient été arrêtés) et soldats (l’un d’eux avait été blessé la veille).

    Maron, Cousin et Mottoulle, l’administration coloniale et les sociétés coloniales : tous voulaient maintenir les ouvriers noirs dans le carcan du paternalisme, pilier de la colonisation belge. Dans l’univers colonial, on ne négocie pas avec ces grands enfants. Plus encore : on ne discute pas avec eux de leurs revendications même si on les considère comme légitimes. Les Noirs devaient se taire, se satisfaire de ce qu’on leur donnait et s’incliner devant les refus qu’on leur opposait. Toutes les tentatives de rébellion — et même la simple expression d’un mécontentement — devaient être réprimées, jamais reconnues !

    « SI L’ON M’AVAIT DONNÉ LE POUVOIR DE NÉGOCIER… »
    L’administrateur de territoire Marchal et son adjoint sont bien reçus par la foule : « Les grévistes s’étaient respectueusement écartés pour nous laisser passer. Tout le monde observa un silence respectueux pour m’écouter ». Les travailleurs avaient ôté leur chapeau : « la foule faisait preuve d’un respect parfait à mon égard », note Marchal. Il leur dit « qu’ils avaient des raisons de n’être pas tout à fait satisfaits, étant donné que le coût de la vie avait augmenté dans de telles proportions qu’il ne leur était plus possible, avec le taux ancien des salaires, de faire face à tous leurs besoins de famille », mais, vu l’état de guerre « que nous avons tous des sacrifices à consentir, que les Européens avaient à supporter des restrictions aussi bien qu’eux (…) Je leur donnai l’assurance que le gouvernement ferait tout son possible pour eux et que l’Union Minière était disposée à leur accorder une augmentation générale »[xi].

    Marchal va plus loin que ce qu’on lui avait permis de dire, mais le résultat est —momentanément — là : « Je terminai en les exhortant tous à rentrer chez eux directement et en les prévenant de l’état de surexcitation de la troupe… » La foule commence à quitter les lieux. Sauf plusieurs leaders qui, croyant que l’administrateur territorial a le mandat pour négocier, insistent. Marchal écrit : « plusieurs meneurs réclamèrent tout d’abord la libération de leurs camarades arrêtés la veille. D’autres réclamèrent une promesse formelle d’augmentation ». Un ouvrier propose une augmentation de 5 francs par jour, une revendication jugée par Jules Marchal comme « pas tellement exagérée ». Cet ouvrier, c’est peut-être Léonard Mpoy, qui est identifié par Jules Marchal dans son livre comme le leader de la grève. L’administrateur territorial conclut : « J’eus l’impression en tous cas qu’une solution rapide du conflit eût pu être réalisée aisément si l’on m’avait donné le pouvoir de négocier avec eux »[xii]. Malheureusement, ce n’est pas le cas…

    LE MASSACRE
    Le Gouverneur Maron s’approche à son tour de la foule et parle aux grévistes. René Marchal observant la scène écrit : « J’eus la conviction qu’il n’existait aucun danger pour personne. Encore une demi-heure de patience et, j’en suis convaincu, les grévistes seraient rentrés chez eux ». C’est alors que le capitaine De Milde, officier de la Force Publique, s’adresse aux grévistes puis leur fait trois sommations. Elles sont énoncées en lingala, la langue officielle de l’armée coloniale ; une langue, dit René Marchal, « que pas un gréviste sur 100 ne comprenait. Les sommations restèrent sans effet. Le capitaine ordonna alors à ses hommes d’avancer baïonnette au canon. Pas un gréviste ne broncha. Les soldats hésitèrent à entrer en action, puis au lieu de piquer avec leurs baïonnettes, ils voulurent faire circuler à coup de crosses de fusils. Aussitôt un des grévistes a voulu s’emparer d’un fusil. Au même instant un coup de feu partit qui déclencha instantanément une fusillade générale qui dura 8, 10, 15 secondes, je ne sais au juste »[xiii].

    La scène est horrible : « Une trentaine de cadavres jonchaient la tribune, des blessés se tortillaient dans les fils de fer barbelés, d’autres agonisaient dans une mare de sang. Une fuite éperdue des rescapés s’ensuivit. (…) la plaine de football se vida rapidement, à l’exception de quelques dizaines d’indigènes qui, sans souci du risque, se précipitèrent au secours des victimes. Des femmes surtout étaient accourues, et jetaient des cris de désespoir en reconnaissant leur mari parmi les tués ». La compagnie se retire, pendant que des infirmiers emportent les blessés sur des brancards vers une ambulance.[xiv] Bilan officiel du massacre : 45 hommes, 2 femmes et 1 enfant tués, 74 blessés. Une cinquantaine de blessés mourront le lendemain, selon le syndicaliste belge Georges Lievens, sympathisant des grévistes[xv]. A midi, à Luishia la troupe se prépare à disperser à nouveau un rassemblement de grévistes. Au même moment les travailleurs de la mine de l’Etoile, descendant sur Elisabethville pour se plaindre également de leur ravitaillement, font demi-tour à la nouvelle de ce qui vient de se produire.

    Devant l’hôpital indigène 3 à 400 personnes attendent dans le calme les nouvelles des blessés. Entre-temps, « le personnel blanc de l’Union Minière décide de protester contre le massacre en organisant une grève de quelques heures ». L’administrateur territorial écrit plus tard : « J’eus l’occasion par la suite de me rendre compte combien les travailleurs indigènes avaient apprécié cette manifestation de sympathie à leur égard »[xvi]. Mais les autorités sont d’un autre avis, car la ségrégation entre Noirs et Blancs est un des piliers du système colonial. Le syndicaliste belge Georges Lievens va faire les frais de cet acte de solidarité.

    LE JOUR D’APRÈS
    Que faire des corps ? Mottoulle propose de les inhumer dans une fosse commune, mais l’administration refuse. Une cinquantaine de détenus de la prison locale sont réquisitionnés pour creuser des tombes individuelles au cimetière de la ville. On désire faire vite, sans les rites habituels des funérailles, loin des familles, parce qu’on craint que cette cérémonie ne provoque de nouveaux désordres. Il fait encore nuit – la nuit du 9 au 10 – quand environ 45 cadavres sont jetés dans deux camions et transportés vers le cimetière, où les détenus achèvent de creuser les dernières tombes. Un détachement de soldats prend position autour des tombes. Le jour se lève — un jour qui « restera sans doute le jour le plus horrible de ma vie », écrit l’administrateur territorial Marchal, qui est présent. « Des miasmes repoussants empestaient l’atmosphère. Des liquides fétides ruisselaient des deux véhicules. Les cadavres gluants glissaient des mains des prisonniers et dégringolaient au sol avec un bruit sourd. Spectacle d’une horreur indescriptible »[xvii]. Sans cérémonie aucune, sans un dernier hommage, et pour les proches et survivants, sans identification de l’endroit où ils sont enterrés : « le mystère règne autour de la sépulture clandestine des cadavres déchiquetés de ces victimes »[xviii].


    Le 9 décembre 1941 à Lubumbashi, martyrs de L’UMHK (Gouverneur Maron)

    Pendant que les corps sont inhumés, le travail reprend dans tous les chantiers et usines de I’Union Minière. La plus grande grève de l’histoire coloniale belge se termine. L’UMHK alloue une somme de 300 francs à la famille de chacune des victimes, se fondant sur le montant semblable habituellement versé en cas de décès d’un travailleur, alors que, en juillet 1941, le tribunal de première instance d’Elisabethville avait accordé une indemnité de 1.000 francs à la famille d’un travailleur de la Gécomines, tué dans un accident de travail. Le bain de sang terrifie les esprits : l’Union Minière en sera quitte avec les grèves de travailleurs africains jusqu’à la fin du Congo Belge.

    LES SUITES
    Le 11 décembre l’Union Minière décide une hausse générale des salaires de 25% et de 50% par rapport à ceux d’octobre. Ainsi le salaire de 2 francs passe à 3 francs, celui de 12 francs à 15 francs. Deux semaines plus tard la hausse est communiquée aux capitas de l’Union Minière. L’administrateur territorial Marchal écrit : « Cette décision n’était que trop justifiée depuis longtemps. Elle arriva malheureusement un peu tard. Ce que je n’ai pu m’expliquer, c’est la mauvaise grâce avec laquelle l’Union Minière se résigna à concéder un réajustement si manifestement impérieux. (…) Il y eut surtout une faute psychologique impardonnable de la part de l’Union Minière et du gouvernement se refusant nettement de mettre quoi que ce soit en œuvre pour rechercher sur place une solution pacifique du conflit, alors que celle-ci eût certainement été trouvée immédiatement par une concession de la plus élémentaire justice ; dans le domaine du réajustement des salaires. (…) la répression de cette grève [fut menée d’une façon] inconsidérée, stupide et criminelle »[xix].

    Il reste à la Justice de condamner nombre de gens appréhendés comme meneurs aux différents sièges d’exploitation et à la Sûreté et au Parquet d’enquêter sur le rôle des syndicalistes blancs, impliqués dans la grève selon Cousin. Les ouvriers blancs avaient cessé le travail immédiatement après le massacre, « pour protester contre l’assassinat dont venaient d’être victimes nos frères noirs », en affirmant « que c’était la Société Générale qui avait fait tirer le gouvernement et que, si la Générale avait fait tirer sur les Noirs, elle le ferait un jour sur nous ». Un groupe d’ouvriers européens avait, en passant devant le bureau de la direction générale de l’UMHK crié « Nous ne voulons plus travailler avec des assassins »[xx]. Le syndicaliste belge Georges Lievens est accusé d’avoir fomenté la grève. Licencié par l’Union Minière, il est condamné le 31 décembre 1941 à 8 jours de prison et à 25 francs d’amende pour injures au procureur Van Aerenbergh, qu’il a accusé d’être vendu à l’administration coloniale et à l’Union Minière. De 1941 à 1944, il erre à travers tout le Congo, pour retourner fin 1944 à Elisabethville, où il se fait engager par le Service des Finances de la ville. Il continue de dénoncer les responsabilités belges dans le massacre, ce qui provoque son licenciement[xxi].

    Près d’une année après le massacre, Maron est promu inspecteur d’État, tout en conservant son poste de gouverneur du Katanga. De très hautes distinctions honorifiques étaient réservées à Amour Maron : commandeur des Ordres du Lion et de Léopold II, officier de l’Ordre de Léopold et de l’étoile africaine, commandeur de l’Ordre du Christ du Portugal, et porteur de l’étoile des services en or[xxii]. Il n’est pas le seul à ne pas avoir pâti du rôle qu’il a joué dans les événements : « Quelques mois après la grève, dans le salon de réception de la résidence du gouverneur, quelques minutes après l’annonce d’une très haute promotion [accordée au capitaine De Milde] par Mr. le ministre [Albert] de Vleeschauwer », écrivit l’administrateur Marchal, j’entendis cette réflexion de la bouche même d’un magistrat : « Tel est le prix du sang de cinquante martyrs »[xxiii].

    ORGANISER L’OUBLI
    Depuis, l’oubli s’organise. L’angoisse d’une population terrorisée par les événements y aide. Cette brutale démonstration de force est complètement occultée par la presse coloniale. Le Courrier d’Afrique, sous le titre « Désordres graves à I’Union Minière », parle « de graves menaces sur la troupe appelée à intervenir pour maintenir l’ordre dans certains centres de l’UMHK ». Un jour, à l’anniversaire de la boucherie, des fleurs sont déposées sur le lieu du drame. Ce geste est très mal vu de l’Union Minière, qui décide de détruire le stade de football. Depuis lors, « le lieu est devenu un terrain inoffensif ; un terrain vague hérissé de quelques herbes où les gosses s’adonnent volontiers à des parties de jeux », peut-on lire dans le journal katangais Mwango-Hebdo, à la fin de l’année 1973.[xxiv]

    La population n’a que de vagues souvenirs des événements, bien que le massacre ait retenti dans la conscience collective. Dans la peinture populaire et dans des récits assez vagues on impute la responsabilité du massacre au gouverneur Maron, qui aurait déclenché le bain de sang en tuant un leader des grévistes[xxv]. Lors d’un séjour à Lubumbashi en 2008, j’ai parlé avec d’anciens ouvriers de l’Union Minière qui n’avaient pas vécu le drame, mais qui furent engagés plus tard par cette société. Jean Munonga (1939) estimait que de 20 à 30 travailleurs avaient été tués ; Kamanda Ngongo (1930) me parla de 30 à 40 morts. Dans Mwango-Hebdo le commis Mulongoi, un survivant du massacre, parle de 120 morts.Plus tard, sous Mobutu, l’ancien PDG de la Gécamines, Mulenda Mbô, voulut ériger un monument aux morts à l’ancien emplacement du stade de football. Une fondation avait été constituée, et un projet de monument élaboré : un ensemble de statues devaient représenter un ouvrier qui travaille, trois autres en grève, et un policier ou un soldat qui les frappe. Mais le projet n’a pas été mené à bonne fin. A l’endroit de la fusillade il y a eu d’abord un dépôt d’immondices. Ensuite on y a installé un atelier de pierres tombales.[xxvi]L

    Notes
    [i] Auteur de L’assassinat de Lumumba (Karthala, Paris, 2000) et de L’ascension de Mobutu (Investig’Action, Bruxelles, 2018). Cet article, qui doit beaucoup au livre de Jules Marchal Travail forcé pour le cuivre et l’or (1999), a donc été rédigé en français par deux Néerlandophones, Marchal et moi-même. José Fontaine a bien voulu en corriger la langue et je l’en remercie infiniment.
    
[ii] L. De Witte, « Congolese oorlogstranen : Deportatie en dwangarbeid voor de geallieerde oorlogsindustrie (1940-1945) », DeWereldMorgen, 9/1/2016.

    [iii] F. Buelens, Congo 1885-1960. Een financieel-economische geschiedenis, p. 239.

    [iv] G. Hulstaert, dans ARSOM, Le Congo belge durant la Seconde Guerre Mondiale, p. 588.

    [v] La grève et le massacre de 1941, dans J. Marchal, Travail forcé pour le cuivre et pour l’or (1999), pp. 196-199.

    [vi] Sous-commission de la main d’œuvre indigène du Katanga, « Compte-rendu de la réunion du 6 novembre 1941 », dact., 4 p., s.d., Archives LDW.
    
[vii] « La tuerie de la Lubumbashi », l’Informateur, 23 février 1946.

    [viii] René Marchal, « La grève indigène du camp de la Lubumbashi et le massacre du 9 décembre 1941 », le 7 janvier 1946, dact., 9 p., Archives LDW.

    [ix] Ibid.

    [x] Ibid.
    
[xi] Ibid.

    [xii] Ibid. Sur Léonard Mpoy, voir Donatien Dibwe dia Mwembu et Bogumil Jewsiewicki, « De la surpolisation à l’antipolitique, quelques remarques en marge de l’histoire du mouvement ouvrier à l’Union minière du Haut-Katanga (UMHK) et à la Gécamines, 1920-1996 », Brood en Rozen, p. 195.

    [xiii] René Marchal, « La grève indigène du camp de la Lubumbashi et le massacre du 9 décembre 1941 », le 7 janvier 1946, dact., 9 p., Archives LDW.

    [xiv] Ibid.
    
[xv] G. Lievens, « Lettre ouverte à Monsieur Rolus, dirigeant de la Main-d’Oeuvre Indigène de l’Union Minière du Haut Katanga », Elisabethville, tract de 2 p., 9 décembre 1947, Archives LDW.
    
[xvi] René Marchal, « La grève indigène du camp de la Lubumbashi et le massacre du 9 décembre 1941 », le 7 janvier 1946, dact., 9 p., Archives LDW.

    [xvii] Ibid.
    
[xviii] G. Lievens, « Lettre ouverte à Monsieur Rolus, dirigeant de la Main-d’Oeuvre Indigène de l’Union Minière du Haut Katanga », Elisabethville, tract de 2 p., 9 décembre 1947, Archives LDW.

    [xix] « Biographie de Lievens G.P. Ses démêlés avec l’Union Minière », Manuscrit, 2 p., Archives LDW.
    
[xx] Info dans G. Lievens, « Lettre ouverte à Monsieur Rolus, dirigeant de la Main-d’Oeuvre Indigène de l’Union Minière du Haut Katanga », Elisabethville, tract de 2 p., 9 décembre 1947, Archives LDW.
    
[xxi] « Biographie de Lievens G.P. Ses démélés avec l’Union Minière », Manuscrit, 2 p., Archives LDW.

    [xxii] Biographie Amour-Emile-Valentin Maron, Biographie Belge d’Outre-Mer, Ac. Royale des Sciences d’Outre-Mer, T. VI, 1968, col. 692-694.

    [xxiii] René Marchal, « La grève indigène du camp de la Lubumbashi et le massacre du 9 décembre 1941 », le 7 janvier 1946, dact., 9 p., Archives LDW.

    [xxiv] Mwango-Hebdo, « Massacre de 1941. Témoignages de rescapés », fin 1973, doc. Archives LDW. Le 30 novembre 1973, le président Mobutu avait évoqué le massacre dans un discours, ce qui était l’occasion pour Mwango-Hebdo de consacrer quelques articles au drame.

    [xxv] « XXXIV. Maron Alphonse, Governor of Katanga. When he massacred the people of the UMHK », in André Yav (compiled and written), « Vocabulaire du ville de Elisabethville : A history of Elisabethville from its beginnings to 1965 », Archives of Popular Swahili, Vol. 4, Issue 4, 2001. Voir aussi « The history of Zaire as told and painted by Tshibumba Kanda Matulu in conversation with Johannes Fabian », First Session, Part 1, Archives of Popular Swahili, Vol. 2, Issue 2, 1998. Dans ces récits le leader tué serait Léonard Mpoy, mais Mpoy a survécu le drame : en 1974 il est interviewé comme témoin du drame dans la revue Mwango : J. Fabian, « Commenting Kalundi’s comments : Notes on the ethnography of translating the ‘Vocabulary of the town of Elisabethville’ », Journal of Language and Popular Culture in Africa, Volume 1, Issue 3, 2001.
    
[xxvi] « La place a servi… » : Donatien Dibwe Dia Mwembu, communication par email, le 16 novembre 2018.

    #Congo #Tervuren #belgique #colonies #esclavage #massacre #terreur #Katanga #mine #minerai #Union_Minière #Umicore #caoutchouc #Jules_Marchal

  • The Ghost of King Leopold II Still Haunts Us – Media Diversified

    https://mediadiversified.org/2015/04/20/the-ghost-of-king-leopold-ii-still-haunts-us-belgium-colonization-

    Merci Meta pour le signalement !

    In an article entitled “The Early Spread and Epidemic Ignition of HIV-1 in Human Populations” in the magazine Science in October 2014, Nuno Faria and his fellow researchers revealed the location of Ground Zero for one of the world’s most deadly infectious diseases—HIV. They discovered that HIV-1 originated in Kinshasa, the capital city of the Democratic Republic of Congo (DRC) and explain that the deadly virus spread throughout the Congo via the railroad network. HIV-1 was subsequently transmitted by Haitian professionals back to Haiti and then to the United States (1).

    Faria and colleagues presented their research findings as follows:

    Our estimated location of pandemic origin explains the observation that Kinshasa exhibits more contemporary HIV-1 genetic diversity than anywhere else. It clarifies why the oldest known HIV-1 sequences were sourced from this city and why several early cases indicative of AIDS are linked to Kinshasa (p. 57).

    #congo #léopold #massacre #génocide #colonialisme

    • ça me rappelle le livre « Les fantômes du roi Léopold » que j’avais lu il y a 20 ans...
      Les Fantômes du Roi Léopold, un #holocauste oublié

      « Le remarquable document d’Hochschild dépasse toutes les autres études sur le Congo. Il montre comment l’Europe entière - et les États-Unis - s’est rendue complice de l’holocauste perpétré par le roi Léopold sur le peuple congolais. », Nadine Gordimer.
      « Un ouvrage exceptionnel, profondément stimulant, qui m’a bouleversé comme l’avait fait en son temps Au cœur des ténèbres, et pour la même raison : parce qu’il révèle les horreurs cachées commises au Congo. Passé obscur, sur lequel Hochschild fait la lumière, c’est notre passé à tous. », Paul Theroux.
      Dans les années 1880, alors que l’Europe se lance dans la colonisation de l’Afrique, le roi #Léopold_II de #Belgique s’empare, à titre personnel, des immenses territoires traversés par le fleuve Congo, afin de faire main basse sur ses prodigieuses richesses. Réduite en esclavage, la population subit travail forcé, tortures et mutilations, au point qu’on estime à 10 millions le nombre d’Africains qui périrent. Tandis que Léopold II continue de cultiver sa réputation d’humaniste, des voix commencent à dénoncer ce crime de masse, donnant naissance au premier mouvement international de défense des droits de l’homme du XXe siècle…
      Avec une force d’évocation exceptionnelle, Adam Hochschild peint le portrait d’un roi mégalomane et décrit les combats de ses opposants, la vie des témoins - explorateurs, missionnaires - et celle des victimes. S’il révèle un épisode tragique de l’histoire contemporaine, il dissèque aussi l’ensemble du système colonial, offrant des clés indispensables à la compréhension d’une actualité dramatique.


      https://www.librairiedialogues.fr/livre/852912-les-fantomes-du-roi-leopold-un-holocauste-oublie-adam-hoch

      Ce livre m’avait profondément marquée...
      #livre

    • Et ce reportage passé sur arte sur la question #sida et #HIV, en lien avec le #colonialisme et la #colonisation :
      Sida, un héritage de l’époque coloniale

      Des scientifiques mènent une enquête au coeur de l’Afrique, à la recherche des origines du VIH. Un documentaire captivant, diffusé à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre.

      Il est l’un des plus grands tueurs de la planète. Avec plus de 36 millions de morts et près de 37 millions de personnes infectées, le sida constitue à ce jour la pandémie la plus destructrice de l’histoire contemporaine. Afin de mieux la connaître, une équipe de scientifiques part sur les traces de son origine, au cœur de l’Afrique, dans l’ancien Congo belge. En parvenant à mettre la main sur d’anciens prélèvements humains contenant le virus, ils arrivent à la conclusion que la première transmission du sida – du chimpanzé à l’homme – se situe autour de l’an 1908, des décennies avant les premiers cas connus.

      Catastrophe en germe
      Les chercheurs ne s’arrêtent pas là. Ils se plongent dans l’histoire coloniale du Congo pour comprendre comment le VIH a pu se propager. Au début du XXe siècle, soucieuses de ne pas perdre la main-d’oeuvre indigène qu’elles exploitent, les autorités coloniales lancent des campagnes massives de vaccination contre la maladie du sommeil, où l’on a souvent recours à des seringues mal stérilisées. De même, la syphilis, qui se répand alors, augmente considérablement les risques de transmission du sida entre les hommes. Parallèlement, le chemin de fer se développe dans le pays car Kinshasa est une plaque tournante de l’industrie minière. Le virus devient mouvant. Lors de l’indépendance du Congo, en 1960, la pandémie couve. Dans les années 1970, les ravages successifs de la guerre civile, puis les errements du régime prédateur de Mobutu, qui ruine l’économie, créent les conditions chaotiques d’une propagation fulgurante du virus...
      Carl Gierstorfer signe un documentaire passionnant, où l’enquête scientifique se mêle à des images d’archives, parfois dures, témoignant de la cruauté et des ravages de la colonisation. Il rappelle également qu’à l’heure où les maladies infectieuses se développent dans le monde entier, les conditions d’une nouvelle pandémie sont peut-être à nouveau réunies.

      https://www.arte.tv/fr/videos/051599-000-A/sida-un-heritage-de-l-epoque-coloniale

      #film_documentaire #documentaire #film #épidémies #santé #maladie

    • Je viens de voir qu’il y a une « Avenue Léopold II » dans le 16e arrondissement et je me demande « quelle est la date limite » : on aurait pas idée de nommer une rue Pol Pot, Pétain, Staline ou Hitler, mais Léopold II ne pose pas de problème. Date limite, vers 1900 ?

      

      Il y a des exceptions comme Robespierre qui a ses rus en province ou en banlieue mais pas à Paris parce que c’était un personnage « assoiffé de sang » :

      Une rue Robespierre dans la capitale, par Alexis Corbière

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/06/27/une-rue-robespierre-dans-la-capitale_1541487_3232.html

      ❝Une rue Robespierre dans la capitale, par Alexis Corbière

      Robespierre n’était pas au sein du Comité de salut public le personnage « assoiffé de sang » qu’un vulgaire révisionnisme historique a dépeint par la suite.

      Publié le 27 juin 2011 à 13h35 - Mis à jour le 27 juin 2011

    • @cdb_77 c’est peut-être un autre pétin ? si c’est la bonne orthographe sinon c’est Pétain

      https://www.france24.com/fr/20130409-france-derniere-rue-marechal-petain-debaptisee-belrain

      Le petit village de Belrain, dans la Meuse (Est), possédait la dernière rue en France dénommée en hommage au Maréchal-Pétain. Sur décision de ses élus, le lieu a été débaptisé et attend son nouveau nom. La dernière « rue du Maréchal-Pétain », en France, a été débaptisée.

      Seulement en 2013 !

    • • il y a une rue de Petin à Baileux, juste à côté des bières de Chimay dans le Hainaut belge,

      • il y a une rue du Petin à Verchin, sur les bords de la Lys dans le Pas-de-Calais

      • il y a un Henri Pétin (et quelques autres cf. les homonymes en haut de page)

      Henri Pétin — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_P%C3%A9tin

      Henri Pétin est un homme politique français né le 16 avril 1870 à Paris et décédé le 20 janvier 1911 à La Seyne-sur-Mer (Var).

      Biographie
      Auteur de théâtre et de chansons sous le pseudonyme d’Henri de Mamers, il est aussi à la tête d’une maison de commerce en métaux à La Seyne-sur-Mer et se lance dans la construction navale. Maire de La Seyne-sur-Mer de 1904 à 1911, conseiller général, il est député du Var de 1909 à 1910, siégeant au groupe radical-socialiste.

  • Premier épisode : Les débuts de la #colonisation du Congo | Flandre Info
    https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2018/11/20/premier-episode-les-debuts-de-la-colonisation-du-congo

    Au fil de la série documentaire "Les enfants de la colonisation" de Canvas (sous-titrée en français), une vingtaine de témoins en Belgique et en RDC évoquent le Congo à l’époque coloniale et la manière dont l’héritage colonial a influencé leur propre vie. Le premier épisode revient sur l’histoire de la colonisation du Congo depuis la Conférence de Berlin sur les colonies de 1885. — Permalink

    #histoire

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      « Le prix Nobel de la paix encourage un consensus mondial pour arrêter les viols mais continuer la guerre. »

      Le discours profondément politique imposé par le Comité Nobel vise à renforcer, et non à perturber, l’ordre dominant. Cela fait partie de la volonté occidentale d’écrire l’histoire officielle, où l’important est de construire un discours sur la femme, sur les brutalités qu’elle a à subir. C’est un discours entièrement accepté dans les sociétés occidentales à cause des luttes féministes. Dans ce discours, le Dr Mukwege est l’homme entre deux mondes, un homme noir qu’on destine à devenir blanc. Il est comme l’homme blanc qui sait défendre les droits des femmes contre la #barbarie des hommes non civilisés – les Noirs dans ce cas – qui sont essentiellement définis par leur sauvagerie.

      AG : Le #viol d’hommes est aussi une arme de guerre au Congo et ailleurs. Il est rarement rapporté, bien qu’il ait fait l’objet d’une certaine attention dans Le comité Nobel met l’accent sur le viol dans les conflits, un rapport de l’« Economist » du 11 octobre qui dit qu’il est difficile d’estimer sa fréquence parce que tant d’hommes craignent de le rapporter parce qu’ils sont si humiliés et peuvent craindre d’être accusés du crime d’homosexualité. Le Refugee Law Project de l’Ouganda [un projet de sensibilisation communautaire au sein de l’école de droit de Makerere à Kampala, NdT] l’a expliqué en profondeur dans son film Gender Against Men [Le genre contre les hommes, NdT], que je recommande à quiconque lit ceci. Le viol d’hommes et de femmes comme arme de destruction de la communauté montre plus clairement qu’il y a un #génocide en cours contre le peuple congolais, pas seulement un « féminicide ». Pourriez-vous nous dire en quoi l’accent particulier mis sur la violence faite aux femmes cache cela ?

      BKN : J’ai toujours été troublée par le discours de Margaret Wallström, l’ancienne Envoyée spéciale des Nations unies pour la violence contre les femmes et les enfants dans les conflits. En 2010, après un séjour au Congo, elle a affirmé que ce pays était la capitale mondiale du viol et a exhorté le Conseil de sécurité à agir pour y mettre fin. Cette déclaration associait le crime de viol à une nation spécifique, le #Congo, et à tous les hommes qui s’y trouvaient. Le mot “capitale” désigne généralement le lieu le plus central, le cerveau et le cœur d’une nation, porteur des valeurs culturelles. L’une des valeurs culturelles du Congo serait donc le viol ?

      . . . . .

  • Après la Guinée Bissau, nouvelle extension d’APC dans le palmier à huile au Congo | Commodafrica
    http://www.commodafrica.com/09-05-2018-apres-la-guinee-bissau-nouvelle-extension-dapc-dans-le-palm

    L’américain African Palm Corp (APC) a ajouté 3 millions d’hectares supplémentaires de palmier à l’huile en Afrique de l’Ouest à son portefeuille avec la signature d’un accord avec la Société et les représentants de Ngalipomi, groupe local basé au Congo. Cet accord conférera à APC un accès à trois millions d’hectares supplémentaires de palmiers en Afrique de l’Ouest, en #Guinée_Bissau et au #Congo.

    « C’est le deuxième accord que nous concluons en seulement quelques mois, et nous sommes ravis d’inclure le Congo dans notre nouvelle phase d’exploitation. Ceci renforce notre vision consistant à créer un modèle d’affaires durable, capable d’autonomiser économiquement les communautés locales africaines via la culture de fruits de palmier », a expliqué Oscar A. Faria, président et PDG d’African Palm Corp. En avril dernier le groupe américain a annoncé le lancement de ses activités en Guinée Bissau sur 1,5 million d’hectares (cf. nos informations ).

    #industrie_palmiste

  • Ebola en RDC : des guérisons grâce à la vaccination | Euronews
    http://fr.euronews.com/2018/05/30/ebola-en-rdc-des-guerisons-grace-a-la-vaccination

    L’épidémie d’Ebola s’est déclarée à Bikoro, à 600 km de Kinshasa, à la frontière avec le Congo-Brazzaville. Le dernier bilan fait état de 54 cas, dont 25 décès.

    Plus de 400 personnes ont été vaccinées jusqu’à présent, la majorité d’entre elles à Mbandaka, a-t-il indiqué, précisant que les premières opérations de vaccination ont démarré à Bikoro et « vont démarrer cette semaine à Iboko », un village de la région de Bikoro.

    Un haut responsable de l’OMS a affirmé que le vaccin avait été bien accepté et que jusqu’à présent « il n’y a pas eu d’augmentation explosive de cas ». « Nous avons des raisons de faire preuve d’un optimisme prudent ».

    Aucune mention de la société ou de l’organisme qui a mis au point le vaccin utilisé. C’est secret ? (je me doute de la réponse, mais je me contente de l’interrogation candide, le journaliste ne s’est peut-être lui même pas posé la question).

  • Reportage depuis nulle part | John Wessels
    https://making-of.afp.com/reportage-depuis-nulle-part

    Des souffrances à une échelle massive. Qui n’ont jamais la couverture médiatique qu’elles méritent. Et la frustration. La frustration que personne ne paraisse vraiment s’intéresser au sujet. Ce n’est qu’une impression, mais c’est celle que je garde après mes récentes missions dans l’est du Congo, en tant que photographe. Source : Making-of/AFP

    • Que faire / dire / transmettre du passé colonial congolo-belge ?
      https://mailchi.mp/loeuvrette/table-ronde-historique-et-dfil-performance-futuriste-aux-halles-saint-gry?e=

      Chers amateurs d’Histoire postcoloniale, d’Art décolonial et de Vérités anticoloniales,

      1/2. Dans le cadre de l’exposition Kongo Poker http://sintgorikshallen.be/event/kongo-poker-la-bibliotheque-lumumba-sexpose aux Halles Saint-Géry depuis le 9 avril, le Collectif MANIFESTEMENT prendra part le vendredi 4 mai à 18h au débat historique Que faire / dire / transmettre du passé colonial congolo-belge ?

      Concept : 7 intervenants (collectifs ou personnalités) sont invités à répondre en 10 minutes maximum aux 3 questions suivantes, et à nulle autre :

      (1) Que transmettre du passé colonial congolo-belge dans les cours d’histoire à l’école ?
      (2) Par-delà la violence de la (néo)colonisation, celle-ci aboutit à une situation de dettes réciproques entre le Congo et la Belgique. À l’heure actuelle, ces dettes s’annulent-elles parfaitement / presque / pas du tout ?
      (3) Quelle politique adopter envers les nombreuses traces en Belgique, directes ou indirectes, de l’époque coloniale dans l’espace public ?


      L’idée n’est pas de fédérer ou de créer des ponts entre les positions défendues par les 7 intervenants, mais de démontrer la richesse et la variété, fussent-elles peu conciliables voire opposées, des réponses aux 3 questions. L’ambition du débat est d’attester du foisonnement de la réflexion portée sur les questions du passé colonial et de dégager des propositions qui visent à appréhender de manière critique et prospective l’enjeu de la mémoire selon des paradigmes différents.

      À l’issue du tour de table, un débat s’engage entre les intervenants, puis avec le public.

      Les 7 intervenants :

      Joseph Anganda (Fondateur de la Bibliothèque de la Mémoire du Congo)
      Karel Arnaut (Professeur d’anthropologie à la KUL et rédacteur en chef de la revue African Diaspora)
      Balufu Bakupa-Kanyinda (cinéaste)
      Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations (sous réserve)
      Philip Buyck (Bibliothèque Lumumba)
      Laurent d’Ursel (Collectif MANIFESTEMENT)
      Pitcho Womba Konga (Artiste Slam/comédien et metteur en scène)

      Modératrice : Bambi Ceuppens (Musée royale de l’Afrique centrale)

      La table ronde est filmée par Marco Zagaglia et son archive, une fois montée, est postée sur Youtube.

      2/2. À la faveur du finissage de l’exposition le dimanche 6 mai à 18h, le Collectif MANIFESTEMENT procèdera à un défilé-performance Le Rattachement par les preuves, en guise d’ouverture vers l’avenir des 12 années de la folle aventure du Rattachement de la Belgique au Congo https://manifestement.be/manifestations/2007

      Adresse : Halles Saint-Géry, Place Saint-Géry 1, 1000 Bruxelles

      A bientôt donc !

      Le Collectif MANIFESTEMENT

  • Comment le groupe Total a aidé le Congo à berner le FMI

    http://www.lemonde.fr/evasion-fiscale/article/2018/04/10/comment-le-groupe-total-a-aide-le-congo-a-berner-le-fmi_5283316_4862750.html

    « Le Monde » révèle comment le groupe a imaginé un opaque montage offshore pour permettre au Congo d’échapper à la vigilance du Fonds monétaire international.

    Caniculaire été 2003. Alors que le mercure dépasse allègrement les 30 degrés, les avocats d’un cabinet de Jersey échangent avec le gendarme financier de l’île anglo-normande. Il s’agit d’obtenir un accord de principe de la part de la commission des services financiers pour s’assurer de la légalité d’un montage opaque qui est en train d’être échafaudé dans la plus grande discrétion. « Ce dossier est extrêmement urgent », plaident-ils.

    C’est le point de départ d’une nébuleuse histoire liant le géant pétrolier Total à la République du Congo, qui peine à se relever financièrement après une guerre civile meurtrière. Avec l’aide de la banque BNP Paribas, la multinationale et le Congo ont cherché à contourner des engagements pris par Brazzaville envers le Fonds monétaire international (FMI). Ce dernier joue un rôle décisif dans l’allégement des dettes souveraines et ne doit en aucun cas être mis au courant de ce qui se trame : contre des promesses de transparence comptable, le FMI doit annoncer l’accession du Congo au statut très convoité de « pays pauvre très endetté », qui garantirait une annulation substantielle de la dette d’Etat.

    Total, de son côté, vante l’irréprochabilité de sa charte éthique, établie après l’absorption d’Elf, en mars 2000. Impossible dès lors de dévoiler aux instances internationales ou même à ses actionnaires le micmac financier qui se mijote dans les paradis fiscaux.

    L’étendue de cette tentaculaire affaire, qui s’étend sur trois continents différents, à l’insu du FMI, des créanciers congolais et du public, a été découverte par Le Monde en enquêtant sur des centaines de documents des « Panama Papers » et « Paradise Papers », deux fuites de données massives issues de cabinets d’avocats offshore, révélées en 2016 et 2017 avec le consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et ses partenaires.

    Passer l’éponge sur l’historique d’Elf

    Il faut donc remonter à 2003 pour comprendre l’histoire. Si l’avocat de Jersey se fait pressant, en ce 9 juillet, c’est qu’il s’agit d’une affaire de la plus haute importance pour son client, Total. La multinationale française vient de mettre la touche finale à un épineux problème qu’elle traînait comme un boulet depuis le tournant du siècle. Après plusieurs années de négociations, Total est enfin parvenu à un accord avec Brazzaville, qui permet au géant français des hydrocarbures de passer l’éponge sur le passif litigieux de son prédécesseur, Elf, dont les dirigeants sont alors en procès. A couteaux tirés avec Total, dans un climat de Françafrique qui ne dit pas son nom, le gouvernement congolais réclamait notamment réparation pour le rachat par la compagnie pétrolière, à prix bradé, des parts de l’Etat congolais dans Elf-Congo.

    C’est chose faite, le 10 juillet 2003, avec l’adoption d’un « accord général transactionnel », négocié par Denis Gokana, conseiller spécial du président congolais… et ancien ingénieur chez Elf. En quelques signatures, tous les contentieux sont effacés. Lavé des péchés d’Elf, Total obtient même les droits d’exploitation d’un nouveau champ pétrolifère. La multinationale française a dû pour cela consentir à un geste financier ; mais plutôt que de verser au Congo des espèces sonnantes et trébuchantes, elle lui cède pour 1 franc symbolique ses parts dans une concession pétrolière maritime en fin de vie, située au large des côtes africaines.

    Estimé à 160 millions de dollars (129 millions d’euros), ce « cadeau » n’est pas une si bonne nouvelle pour le Congo. Etranglé par ses dettes, le pays a besoin de liquidités plutôt que de champs pétroliers. L’une des solutions consisterait à vendre par anticipation le pétrole qui sera extrait du champ dans les prochaines années, pour empocher immédiatement des devises. Impossible ! Le FMI interdit de tels préfinancements pétroliers aux pays qui sollicitent son aide et le Congo s’est publiquement engagé à se passer de telles pratiques.

    Le 7 octobre 2003, le président Denis Sassou-Nguesso signe donc une loi pour vendre le champ à Likouala SA, une société congolaise fraîchement créée, ce qui lui permet de récupérer immédiatement une première tranche de 80 millions de dollars ainsi que la promesse d’une seconde tranche, d’un montant identique, dans quelques années. « La nécessité pour la République du Congo de monétiser au plus vite ses intérêts dans le champ de Likouala s’est avérée déterminante dans la logique de l’opération qui a ensuite été mise en place, avec la cession de ses droits à la société Likouala SA », explique au Monde un porte-parole de Total. Voilà pour la version officielle.

    La création du montage

    En coulisses se trame une histoire bien plus complexe. Les éléments rassemblés par Le Monde permettent de penser que Likouala SA, loin d’être une compagnie pétrolière comme les autres, était en réalité un faux nez de la République du Congo. La société a été créée en septembre 2003, quelques semaines avant d’obtenir la concession sur le champ pétrolier.

    Ses actionnaires ne sont ni des investisseurs congolais ni de grandes multinationales occidentales, mais une société-écran baptisée Montrow International Limited, enregistrée aux îles Vierges britanniques un mois plus tôt. Les autorités de ce territoire des Caraïbes sont très peu regardantes sur les modalités des montages offshore et permettent un enregistrement extrêmement rapide des sociétés-écrans.

    Pour rajouter une couche d’opacité, Montrow International Limited est elle-même logée dans un trust tout juste créé à Jersey, le Montrow Trust. Ce type de structure de droit anglo-saxon présente un avantage incomparable pour les entreprises en quête d’opacité : les propriétaires officiels sont les avocats du cabinet Nautilus, qui ne sont en réalité que de simples gestionnaires (trustees). Les bénéficiaires du trust restant invisibles, les véritables détenteurs de la concession pétrolière sont donc protégés par un double verrou de confidentialité.

    Pour s’offrir la concession, la mystérieuse Likouala avait besoin de 70 millions de dollars. Difficile d’obtenir de tels montants pour une société sortie de nulle part, dotée d’à peine 15 000 euros de capital et détenue par des actionnaires inconnus. Cette somme lui a pourtant été prêtée par la banque française BNP Paribas.

    Likouala SA, une coquille vide

    C’est ce prêt qui expliquerait pourquoi le Congo s’est donné tant de mal pour ériger un mur étanche avec le champ pétrolier : frappé de l’interdiction de s’endetter lui-même pour des projets pétroliers, l’Etat congolais n’aurait en aucun cas pu effectuer la même opération avec sa société pétrolière publique, sous peine de s’attirer les foudres du FMI. Grâce à ce montage habile, Brazzaville a donc pu obtenir l’argent frais de la BNP sans éveiller les soupçons de l’institution internationale. Sollicité par Le Monde, le FMI n’a pas souhaité commenter ces révélations.

    Total a toujours affirmé n’avoir gardé qu’un intérêt subalterne dans le champ pétrolier après en avoir cédé sa participation, en 2003. Des documents montrent au contraire que la multinationale française a continué à y jouer un rôle de premier plan. C’est Total qui a élaboré le montage offshore impénétrable permettant de dissimuler les propriétaires du champ pétrolier, avec l’aide du cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel et de Nautilus, un prestataire offshore basé à Jersey. Total, toujours, qui a payé les avocats de Gide Loyrette Nouel pour rédiger le contrat de prêt entre Likouala et la BNP. Total, encore, qui est resté à l’époque le seul maître à bord dans Likouala, comme en attestent les contrats confidentiels épluchés par Le Monde. Total, enfin, qui a prévu de racheter pour seulement 1 500 euros les actions de la société Likouala afin de les rétrocéder gracieusement à Brazzaville, après le remboursement du prêt bancaire.

    Likouala SA, gérée par un cadre congolais de Total, n’est en réalité qu’une coquille vide sans dépenses ni revenus, sans personnel ou compte en banque à son nom. En vertu d’un « contrat d’“operating délégué” », elle a en effet transféré « tous les aspects techniques, administratifs, légaux, comptables et financiers » à Total, qui continue d’exploiter les puits pétroliers.

    Omniprésence de Total

    C’est également Total qui règle l’intégralité des frais administratifs des sociétés offshore et se charge de rembourser l’emprunt à la BNP, comme le confirme une source proche du dossier : « La BNP n’a qu’un seul interlocuteur dans ce deal : Total. D’ailleurs, la créance est garantie par Total. » La banque française récupère au passage un nouveau client de poids. « La contrepartie, c’est qu’il ne fallait pas trop poser de questions… »

    Pourtant, dans l’entourage du pétrolier, on affirme au contraire que toutes les conditions du prêt étaient posées par la banque. En substance, pour que le prêt soit accepté par la banque, la BNP aurait imposé à Total un certain nombre de garanties, notamment que la République du Congo n’apparaisse jamais dans le cadre du montage offshore. Et pour cause : à la même époque, la BNP préside le comité rassemblant les créanciers privés du Congo. Elle connaît donc l’étendue de la dette congolaise et ne peut pas prêter directement au Congo dans ces conditions.

    L’omniprésence de Total est telle que, dès la création du montage, l’un des gestionnaires de Jersey met en garde le géant des hydrocarbures. Dans un mail envoyé à Gide Loyrette Nouel, le fiscaliste écrit : « Avec autant de garanties (…) envers Total, si jamais cela devait pour une quelconque raison atterrir devant les tribunaux, je pense que le juge pourrait décider que Total est le véritable gestionnaire » du montage… ce qu’évidemment Total veut absolument éviter. D’autant que son prédécesseur, Elf, avait déjà fait l’usage de montages peu ou prou identiques dans les années 1990, de l’aveu même du PDG de l’époque, Loïk Le Floch-Prigent.

    L’attaque des vautours

    Ce secret aurait pu s’oublier dans les placards de Total sans l’entrée en jeu d’Elliott Management, un fonds d’investissement américain spécialisé dans l’achat de dette souveraine, considéré comme un « fonds vautour » pour ses méthodes très agressives.

    L’une de ses filiales aux îles Caïmans, Kensington International Limited, détient une partie de la dette congolaise, rachetée au rabais. Elle cherche à obtenir le paiement de sa créance depuis quelques années déjà, mais faute d’obtenir le remboursement intégral des 93 millions de dollars qu’elle réclame encore à l’Etat congolais, Kensington s’est tournée vers Likouala, qu’elle soupçonne d’être une « façade » du Congo-Brazzaville.

    Représenté par Appleby – le cabinet d’avocats au cœur des « Paradise Papers » –, le fonds assigne l’actionnaire unique de Likouala, Montrow, devant un tribunal aux îles Vierges britanniques, après avoir obtenu des jugements favorables à Jersey, en Angleterre et aux Etats-Unis. Cherchant notamment à établir une volonté de dissimulation et de fraude de la part du Congo, les plaignants se livrent à une bataille légale féroce et très coûteuse durant la période d’instruction, qui s’étale sur toute l’année 2007. L’un des acteurs va jusqu’à assigner Gide Loyrette Nouel et la BNP en justice en France dans le but d’obtenir des documents permettant de prouver la fictivité du montage offshore, mais les plaintes sont jugées irrecevables.

    Le règlement secret

    Ce procès aux îles Vierges, prévu pour février 2008, est l’occasion pour la justice de déterminer une bonne fois pour toutes qui est le véritable propriétaire de Likouala. Mais la vérité judiciaire n’éclatera pourtant jamais au grand jour. Les avocats de Kensington et du Congo parviennent in extremis à un règlement à l’amiable. Dans l’accord paraphé le 15 janvier 2008, le Congo se résout à payer « une somme d’argent (…) en règlement des revendications découlant des jugements au Royaume-Uni ».

    En échange, Kensington renonce à toute prétention supplémentaire sur « les dettes souveraines qu’elle a achetées ». Le fonds d’investissement abandonne aussi toutes ses procédures judiciaires, y compris contre Total et la BNP. En professionnels respectueux du secret des affaires, les cabinets d’avocats représentant Kensington s’engagent même à effacer les milliers de pages de documentation utilisées durant le préprocès. Aucune publicité n’est faite de l’accord, ou du contenu des discussions.

    La société Likouala n’existe plus depuis janvier 2011. Quelques mois auparavant, elle avait cédé pour 130 millions de dollars sa concession pétrolière à CongoRep, une coentreprise détenue par la République congolaise et la compagnie franco-britannique Perenco. Une fois les dettes à la BNP et à Total soldées, Brazzaville devait récupérer au moins 52,2 millions de dollars dans l’opération. Les pudiques comptes publics congolais empêchent pourtant toute vérification.

    Total a assuré dès 2003 avoir « cédé son intérêt de 65 % dans la concession » Likouala sans jamais plus s’appesantir sur la question. Contactée à de multiples reprises, la société s’est contentée de justifier, par le biais d’un porte-parole du groupe, que « cette opération s’est inscrite dans un cadre légal et n’a causé de préjudice à personne. » Les autres protagonistes n’ont pas souhaité commenter les informations du Monde, et pour cause : la plupart sont liés à une clause de confidentialité qui leur interdit de « publier des communiqués de presse à des fins de divulgation de l’accord » signé aux îles Vierges britanniques.

  • C’est qui Voltaire ? | Négrier ?
    http://societe-voltaire.org/cqv/negrier.php

    Une lettre apocryphe

    C’est la création et la diffusion d’une fausse lettre attribuée à #Voltaire qui va jouer le rôle décisif de catalyseur dans cette substitution des rôles. On la voit apparaître pour la première fois dans l’ouvrage de Charles Levavasseur intitulé Esclavage de la race noire aux colonies françaises, publié en 1840, qui se présente comme une défense argumentée de l’#esclavage et une réfutation de ceux qui ont alors pour projet de l’abolir. Son auteur, armateur, député de 1840 à 1848, fervent opposant à l’abolition, y défend la cause des colonies et des planteurs à l’aide d’un impressionnant déploiement de considérations d’ordre moral, social, économique, géopolitique et anthropologique. Cherchant à montrer l’existence d’un double langage chez les défenseurs de la « race nègre » que sont les abolitionnistes, il en vient à rappeler que Voltaire tenait lui aussi un discours contraire à ses actes. Après avoir cité le passage du nègre de Surinam, il affirme que Voltaire « avait pris une action de cinq mille livres sur un bâtiment négrier armé à Nantes, par M. Michaud », avec à l’appui cette lettre imputée à Voltaire, preuve irréfutable, à l’en croire, puisqu’écrite de sa main même : « Je me félicite avec vous du succès du navire le Congo, qui est arrivé fort à propos sur la côte d’Afrique pour soustraire à la mort tous ces malheureux noirs. Je sais, d’ailleurs, que les nègres embarqués sur vos bâtiments sont traités avec autant de douceur que d’humanité, et, dans cette circonstance, j’ai à me réjouir d’avoir fait une bonne affaire, en même temps qu’une bonne action. »

    Voltaire fut brièvement en correspondance avec Jean-Gabriel Montaudouin de La Touche, membre de la plus importante famille négociante de la ville de Nantes et dont la fortune s’est en partie construite sur la traite des Noirs. En 1768, il avait baptisé l’un de ses navires du nom du philosophe qui, informé, l’en avait remercié. L’échange s’est arrêté là, et aucun élément de sa correspondance n’indique que Voltaire connaissait la famille Montaudouin, encore moins ses activités. L’épisode a sans doute été anecdotique dans la vie de Voltaire, mais l’échange entre les deux hommes a certainement contribué à renforcer l’idée que Voltaire avait investi à Nantes dans la traite et rendu plausible la fausse lettre mentionnée dans l’ouvrage de Levavasseur.

    Si nous ne pouvons pas identifier avec certitude l’auteur de cette lettre apocryphe, il est presque certain que c’est dans le milieu des opposants à l’abolition qu’elle a été fabriquée[9]. Son impact sera suffisant pour émouvoir le camp adverse, puisqu’on en trouve des citations partielles entre 1840 et 1848, année de la seconde abolition, dans les écrits des leaders du courant abolitionniste, comme Victor Schoelcher et Henri Wallon. Ainsi, en ce milieu du XIXe siècle, il paraît déjà naturel d’affirmer que Voltaire a investi dans la traite nantaise, même si cette vérité reste confinée dans le cercle restreint des individus directement concernés par la question politique de l’esclavage, qu’ils soient favorables ou non à l’abolition.

    La fonction des accusations n’est cependant pas la même, car la cible a changé. Ce n’est plus, comme au XVIIIe siècle, la philosophie des Lumières, mais le mouvement abolitionniste que Levavasseur entend mettre face à ses contradictions. Voltaire n’est plus évoqué comme figure majeure et représentant d’une philosophie des Lumières à combattre, mais comme simple métaphore de l’humanisme bon ton et hypocrite dont se parent, d’après lui, les discours abolitionnistes, comme simple instrument au service de la cause esclavagiste.

    L’appropriation de Voltaire par l’histoire révolutionnaire et son héroïsation ont certainement contribué à asseoir sa popularité au XIXe siècle, popularité dont l’intense activité commémorative qui entoure la vie et l’œuvre de l’écrivain tout au long du siècle est un évident symptôme. En façonnant un mythe, elles ont aussi façonné toute une littérature contre-révolutionnaire pamphlétaire d’inspiration catholique qui a pris Voltaire pour cible privilégiée au moment de la Restauration.

    Restait encore à populariser l’idée, à la rendre acceptable par le plus grand nombre, ce qui sera fait dans la seconde moitié du siècle, par l’intermédiaire de pseudo-biographes du philosophe qui se chargeront de diffuser cette « vérité » à grande échelle, au travers de leurs pamphlets, avec une intensité accrue dans les années qui ont entouré le centenaire de sa mort en 1878, fêté en grande pompe par la toute jeune IIIe République. Parmi ces écrivains plus soucieux de l’effet recherché que d’authenticité, les plus connus sont sans doute Jean-Félix Nourrisson, auteur de Voltaire et le voltairianisme, publié en 1896, et Louis Nicolardot avec son Ménage et finances de Voltaire, dans son édition de 1887. Si le premier cite dans son intégralité la fausse lettre attribuée à Voltaire, le second ne fait qu’une vague allusion au fait qu’il soit « intéressé dans la traite des nègres ». Il apporte cependant un témoignage essentiel sur la rapide diffusion de cette idée à la fin du XIXe siècle. En effet, dans une première édition de son ouvrage, datée de 1854, il est bien fait mention de « bénéfices sur des vaisseaux négriers », mais c’est de Raynal et non de Voltaire qu’il s’agit alors. Quelque trente ans plus tard, Raynal a disparu du texte, remplacé par Voltaire, entérinant dans les milieux littéraires, avec un décalage de quelques années, ce qui s’était produit dans le milieu abolitionniste.

  • "Le FN n’est pas « islamophobe ». Il est raciste.
    Les athées ne sont pas « islamophobes » : ils sont théophobes (ou ils s’en foutent).
    Les universalistes athées combattent les croyances, ils respectent les croyants."

    Je sais, tout ça, c’est de l’enfonçage de portes ouvertes et du rappel d’évidences mais, dans la confusion idéologique actuelle, cela vaut la peine de rappeler des évidences et ce texte le fait très bien.

    http://www.gaucherepublicaine.org/combattre-le-racisme/de-la-laicite/7401223

    #laïcité #intégrisme #religion

    • Lamentable ce texte ! Bon j’ai pas le courage de déconstruire tout cet argumentaire de gauche prolétarienne athée, persuadée que le véritable bouc émissaire dans notre société c’est l’athée universaliste loool. Rien que de l’écrire les bras m’en tombent !

      Ces mêmes catégories de paralogisme sont utilisées par les inventeurs du concept douteux d’islamophobie et ceux qui prétendent la combattre. La France est terre de mission pour l’islam et la religion devient le symbole identitaire d’une population reléguée et d’une jeunesse qui se sait privée d’avenir. L’illusion d’égalité républicaine, qui est démentie par les faits, peut faire place à l’illusion religieuse. Pain bénit pour les tenants de l’islam politique, les fondamentalistes de tout poil, les marchands de paradis. La liberté de conscience fonde la philosophie des Lumières. La laïcité l’inscrit dans la loi. Bien que ce concept soit peu compatible avec des dogmes qui criminalisent l’apostasie, il va être exploité jusqu’à la corde. Vous combattez la religion ? Vous êtes donc anti-laïque ! Vous vous opposez à la loi coranique ? Vous voilà islamophobe. Vous êtes islamophobe ? Vous êtes donc raciste.
      Image inversée de la propagande raciste, ce terme d’islamophobie repose lui aussi sur l’amalgame entre une religion et ceux qui la pratiquent, entretient la confusion entre le refus d’une doctrine sociale réactionnaire et la haine d’une religion particulière. Il permet, par association déshonorante, ou si on préfère, de « réduction à Le Pen », de disqualifier les athées universalistes.

      La France est terre de mission pour l’Islam ? C’est quoi ce délire ? Tout ça en plus pour porter aux nues les philosophes des Lumières (esclavagistes pour beaucoup n’oublions pas…). La Grande France, celle qui guide le monde, la déclaration des droits de l’Homme blablabla…
      Sur le voile c’est tout en finesse également

      Autre objet de métonymie : le voile islamique. S’il s’agit d’un voile, c’est un morceau d’étoffe. Ça peut être bien pratique pour se protéger du froid ou du soleil. S’il s’agit d’un voile islamique, c’est autre chose, c’est un objet dont le port est conforme à une injonction religieuse. Il véhicule un sens, et sans doute plusieurs sens : allégeance à une religion, dissimulation de l’impudeur supposée de la chevelure féminine, revendication identitaire, pression sociale exercée sur celles qui n’en portent pas, ou subie par celles contraintes de le faire, protection contre le harcèlement sexuel, ….

      Le voile islamique n’est donc pas un vêtement. L’analogie avec la minijupe, les talons hauts, ou toute autre fantaisie vestimentaire, est donc parfaitement fausse et relève du sophisme. Critiquer le port du voile, c’est critiquer une religion, pas une personne, ni un groupe humain.

      L’auteur s’empresse de préciser ensuite qu’il ne faut pas pour autant interdire le port du voile.

      Faut-il pour autant réglementer le port du voile ? Pas plus qu’il ne faut zigouiller les curés.

      Nous voilà rassuré·e·s Pfff !!!!
      J’insiste pourtant, le voile, quel qu’il soit, est un vêtement et le sens que la femme qui le porte lui confère lui appartient.
      Enfin, en réponse aux phrases en exergue, le FN est islamophobe ET raciste. Les athées peuvent être islamophobes mais pas forcément. Quant aux universalistes athées, en lisant ce texte, j’ai un peu de mal à me dire qu’ils respectent les croyants.

    • "Le FN n’est pas « islamophobe ». Il est raciste.
      Les athées ne sont pas « islamophobes » : ils sont théophobes (ou ils s’en foutent).
      Les universalistes athées combattent les croyances, ils respectent les croyants."
      Mais tout ça est tout simplement Faux !
      Charlie le journal est athée mais athée prosélyte !
      Soit ils sont athées, mais dans leurs écrits ils considèrent pas normal d’être croyant, pour eux être athée est une évidence et croyant une erreur, ils professent leur athéisme, donc ils sont loin de "s’en foutre".
      Alors que les croyants savent que tous le monde ne croient pas et que croire est une liberté.
      Croyant, je pense même que la liberté de croire pour les humains est fondamentalement possible grâce à Dieu.
      Dieu est capable de miracle il pourrait en faire tous les jours de biens retentissants qui obligeraient de facto les gens à croire, en trouvant cela aussi normal qu’une pomme mûre tombe d’un arbre. Mais le bon Dieu ne veut pas de "spectacle", à mon avis il recherche plutôt l’authenticité de l’intérêt pour son message, donc il laisse la marge de manœuvre aux gens de ne pas croire. Donc les croyants ne peuvent qu’admettre qu’il y ait des athées.

    • @citoyenlambda

      Alors que les croyants savent que tous le monde ne croient pas et que croire est une liberté.

      Certes les croyants savent que tout le monde ne croit pas mais il existe quand même des croyants qui refusent d’accepter que ne pas croire est une liberté fondamentale.
      Comme il est dit dans le Coran, nulle contrainte en religion.

    • « Alors que les croyants savent que tous le monde ne croient pas et que croire est une liberté. » Absolument, d’ailleurs, il est prouvé historiquement que les guerres de religion n’ont jamais existé, que l’intégrisme religieux est une invention de la propagande athée, et que la persécution des Rohingyas en raison de leur religion est une fake news.

      « Comme il est dit dans le Coran, nulle contrainte en religion » Comme tous les textes religieux, on peut lui faire dire tout et son contraire. « Tuez-les partout où vous les trouvez et chassez-les d’où ils vous ont chassés, car la subversion est pire que le meurtre. Ne les combattez pas, cependant, auprès de la Mosquée sacrée, à moins qu’ils ne vous y attaquent les premiers. Dans ce cas, n’hésitez pas à les tuer. Ce sera la juste récompense des infidèles. » « Combattez-les sans répit jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de subversion et que le culte soit rendu uniquement à Dieu. S’ils cessent le combat, ne poursuivez les hostilités que contre les injustes récalcitrants. » (sourates 191 et 193) Je vous laisse faire le même exercice pour la Bible.

      Bon, quand je lis les commentaires, je vois que le texte que je citais à l’origine est encore plus nécessaire que je ne le pensais.

    • Tout ça en plus pour porter aux nues les philosophes des Lumières (esclavagistes pour beaucoup n’oublions pas…).

      @ninachani vous auriez des sources svp car c’est plutôt le contraire qui est réputé (Montesquieu, Olympe de Gouge, Voltaire, Rousseau, Diderot, Grégoire, Condorcet, de Jaucourt entre autres)

    • De manière plus simple, il est assez facile de compiler les articles de presse parlant de la religion (et une Une n’a pas la même valeur que des petites notulettes en intérieur !), et de quantifier qui parle de quelles religions, dans quelles proportions.

      Or, ces dernières décennies, que ce soit Charlie ou des journaux plus « sérieux » (haha), la tendance c’est clairement de ne critiquer quasiment que l’Islam, et en bonne partie parce que par derrière c’est arabe/afrique (le fond anti-arabe français est clairement immensément présent encore de nos jours).

      C’est donc quand même assez hypocrite de se retrancher derrière « non mais en fait c’est toutes les religions qu’on critique, c’est le fait religieux lui-même hein » quand il y a une disproportion très nette depuis des années. Quand bien même ce serait le cas pour une minorité de gentil⋅les athé⋅es, mais faut se baser sur l’ensemble, sur la réalité de ce qui est édité dans la presse papier ou internet et dans les discours des représentant⋅es politiques.

      (Ce qui ne change rien au fait que pour moi, aucune religion ne peut être la base d’une émancipation à long terme. Cela peut être un refuge et une émancipation réelle temporaire, à court terme, pour certains groupes sociaux, mais ça ne peut pas servir à le construction d’une meilleure société à plus long terme, en ce qui me concerne.)

    • @rastapopoulos si critiquer toutes les religions aujourd’hui (islam y compris) c’est être islamophobe, si « aucune religion ne peut être la base d’une émancipation à long terme » alors vous êtes islamophobe à long terme !

    • @crapaud concernant la position pro esclavagiste de certains philosophes des Lumières voir les travaux de Louis Sala-Molins.
      Ici une petite interview : http://1libertaire.free.fr/LSalaMolins15.html
      Extrait :

      Prenez le cas de Diderot et de Raynal. Malgré leurs belles paroles, ils ne sont pas les derniers à toucher des dividendes sur l’esclavage. Ils montrent par leur pratique qu’on peut pleurer sur le triste sort fait aux esclaves noirs tout en engageant de l’argent dans les compagnies négrières et en touchant des bénéfices.

      Un peu des macronistes avant l’heure en fait. Je dis que l’esclavage c’est pas bien d’un côté et en même temps je lui permets de prospérer ou comme Montesquieu je le justifie.
      Le cas de Voltaire est du même ordre : http://www.contreculture.org/AG%20Voltaire.html
      Je citerais ici :

      Tous les élèves français du secondaire sont persuadés que Voltaire était antiesclavagiste, et on leur fait lire sa compassion pour l’esclave du Surinam. Notre philosophe est un bel hypocrite : il a en effet spéculé en association avec les armateurs nantais, et avec la compagnie des Indes, dans les opérations de traite des esclaves (par exemple dans l’armement du bateau négrier Le Congo). Dans la citation ci-après, il est plus sincère ; il défend ses intérêts.

      « Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l’acheteur.
      Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir. »
      (tome 8, page 187)

      Lettre à Michaud de Nantes, son associé dans l’armement du Congo (Cité par César Cantu, Histoire universelle, 3ème édition, Tome XIII, p 148. Accessible sur Google books)
      « Je me félicite avec vous de l’heureux succès du navire le Congo, arrivé si à propos sur la côte d’Afrique pour soustraire à la mort tant de malheureux nègres... Je me réjouis d’avoir fait une bonne affaire en même temps qu’une bonne action. »

      2 fervents anti-esclavagistes sont des religieux, le prêtre capucin Francisco José de Jaca et le missionnaire Epiphane de Moirans.
      Bon je m’arrête là parce que c’est tout un sujet en soi qui est suffisamment documenté pour qui s’y intéresse.
      J’ajouterai le texte de https://www.cases-rebelles.org/lettre-ouverte-a-monsieur-yann-moix au cas où certain·e·s auraient envie de faire intervenir la notion d’anachronisme pour défendre les positions de ces soi-disant grands hommes des Lumières.
      @rastapopoulos

      Ce qui ne change rien au fait que pour moi, aucune religion ne peut être la base d’une émancipation à long terme.

      du coup ça décrédibilise beaucoup de mouvements émancipateurs non blancs qui ont marqué l’histoire. Seuls les athées auraient la capacité de penser et œuvrer à construire une société juste et égalitaire. J’en suis toute retournée de savoir que ma foi m’empêche à ce point d’avoir une pensée politique, moi qui me croyait sincèrement révolutionnaire.

    • @stephane je ne suis pas d’accord, d’autant plus pour Charlie (mais ça vaut pour de nombreux titres de presse et évidemment pour tous les discours politiques qui comptent dedans, dans les idées médiatisées). Sans avoir pu accéder à tous les Charlie, il est intéressant de lire le vrai travail journalistique qu’a fait l’écrivain Marc-Édouard Nabe, qui, au milieu d’un magazine pro-Daesh (Patience 2) a quand même décrit sur 41 pages l’intégralité de TOUS les dessins de Charlie post-Choron de 1992 à aujourd’hui. En allant tout relire pendant des mois au microfilm à la BNF. Quoiqu’on pense du reste du contenu, ces 41 pages sont un travail journalistique important et réellement exhaustif qui va justement à l’inverse de celleux qui commentent sans avoir lu.

      @crapaud tu mélanges un truc de l’article avec un truc que j’ai dit moi. Moi j’ai dit que ce ne sont justement pas toutes les religions qui sont critiquées, mais que depuis des années/décennies il y a une disproportion majeure en faveur d’une critique essentiellement de l’Islam (et parfois plus directement des arabes en général). Je ne dis pas que les autres religions ne sont pas évoqués, mais qu’il y a une disproportion quantitative et qualitative majeure.

      @ninachani il semblerait que tu mélanges des choses dans ce que j’ai dit et que tu me fasses aussi dire des choses que je n’ai pas dite. Je n’ai pas dit que les gens croyants ne peuvent pas réfléchir penser à des choses justes et égalitaires, j’ai dit qu’à mon sens aucune religion ne peut servir de base à une société émancipatrice. Aucun rapport donc. Quant à des mouvements émancipateurs passés qui auraient marqué l’histoire, ta phrase est flou, et on ne sait pas si tu parles de mouvement dont le contenu de la pensée était basé sur une religion, ou si ce sont ces personnes non blanches et religieuses qui par ailleurs avait une pensée politique émancipatrice, mais dont la pensée politique n’a pas pas spécialement de rapport très lié à leur religion. Et je redis que je pense aussi qu’une partie de ces mouvements ont pu produire une émancipation ainsi qu’un refuge à une époque donnée, par rapport à comment tel groupe était dominé voire persecuté mais que ça n’en fait pas forcément une base utile pour une société plus libre et égalitaire à long terme SI on parle de pensée lié à leur religion.

      Je reformule peut-être : on peut être croyant et avoir une pensée politique dont le contenu n’a pas forcément de lien fort avec la croyance en question et/ou on peut aussi être inspiré de sa croyance pour avoir une pensée politique émancipatrice mais si d’autres peuvent arriver aux mêmes conclusions par d’autres croyances ou d’autres raisonnements, alors c’est que cette pensée politique n’a pas de lien direct avec la croyance de la personne dont on parle au départ.

      Par ailleurs, et c’est important, « la croyance » ça ne veut pas dire grand chose, et je ne pense pas qu’on puisse sérieusement mettre sur le même plan un état d’esprit animiste, avec des monothéismes, etc. Pas très sérieux anthropologiquement parlant. (Et je crois encore moins qu’une pensée basée sur un monothéisme puisse aboutir à une organisation sociale intéressante.)

    • oui @ninachani c’est tout un sujet en soi qui est suffisamment documenté pour qui s’y intéresse.

      Prenez le cas de Diderot et de Raynal. Malgré leurs belles paroles, ils ne sont pas les derniers à toucher des dividendes sur l’esclavage. Ils montrent par leur pratique qu’on peut pleurer sur le triste sort fait aux esclaves noirs tout en engageant de l’argent dans les compagnies négrières et en touchant des bénéfices.

      De quoi parle-t-on ?

      Constitution d’une rente viagère par Pierre Jacques Le Moine et Jean François de Méry, directeurs de la Compagnie des Indes, à Denis #Diderot, membre des Académies de Prusse et de Russie, et à Anne Antoinette Champion, son épouse.
      https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/multimedia/Galerie.action?mediaParam==?UTF-8?B?RlJBTl8wMTU

      Ce document signale effectivement une rente viagère de 20 livres de cette Compagnie des Indes. Avouons que ces 20 livres n’étaient pas de nature à faire de Diderot un « pensionné » en un temps où le minimum d’aisance, selon Turgot, se chiffrait à 10 000 livres par an. L’acte d’accusation est des plus minces et confine à l’argument ad hominem .

      Sur #Louis_Sala-Molins : Les Misères des Lumières. Sous la raison, l’outrage. 1992
      https://seenthis.net/messages/671621

      Concernant Voltaire et la lettre #apocryphe à M. Michaud :

      C’est la création et la diffusion d’une fausse lettre attribuée à #Voltaire qui va jouer le rôle décisif de catalyseur dans cette substitution des rôles. On la voit apparaître pour la première fois dans l’ouvrage de Charles Levavasseur intitulé Esclavage de la race noire aux colonies françaises, publié en 1840, qui se présente comme une défense argumentée de l’#esclavage et une réfutation de ceux qui ont alors pour projet de l’abolir. Son auteur, armateur, député de 1840 à 1848, fervent opposant à l’abolition, y défend la cause des colonies et des planteurs à l’aide d’un impressionnant déploiement de considérations d’ordre moral, social, économique, géopolitique et anthropologique.

      https://seenthis.net/messages/671744

      Sur #Jean_Ehrard, Lumières et esclavage. L’Esclavage colonial et l’opinion publique en France au xviiie siècle
      https://seenthis.net/messages/671622
      https://seenthis.net/messages/671631
      https://seenthis.net/messages/671634
      https://seenthis.net/messages/535622

    • @crapaud En fait tu demandais des sources juste par principe lol tu sembles en fait bien renseigné.
      Je ne vois pas ce que change le fait que Diderot n’ait pas fait de profit par l’argent placé. Il y a eu également des études pour remettre en question l’ironie supposée des textes de Montesquieu et les écrits de Voltaire sont assez explicites. Mais pas de souci, je ne suis pas là pour faire tomber les icônes des non croyants lol

  • Un monde sous perfusion métallique (4/4) : Multinationales versus Etats : à qui revient la rente ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/cultures-monde-jeudi-1-fevrier-2018


    Cuivre, or, cobalt, zinc... le Congo - Kinshasa est une mine à ciel ouvert mais cette richesse des sols profite rarement à la population congolaise malgré les réformes du #code_minier. Alors, entre #multinationales, Etats et population, comment se répartissent les bénéfices de l’extraction ?

    #RDC #extraction_minière

    • 1

      Un monde sous perfusion métallique (1/4) : Terres rares : le nouvel instrument de domination de la Chine
      29 janvier 2018 à 11:53
      durée : 00:58:17 - Cultures monde - par : Florian Delorme - L’industrie chinoise produit 83 % des terres rares du monde, ces métaux devenus indispensables à la fabrication de produits de hautes technologies et plus encore de technologies vertes. Alors à quel point ce monopole permet-elle à la Chine de s’imposer sur la scène mondiale ? - réalisé par : Luc-Jean Reynaud

      http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11701-29.01.2018-ITEMA_21570376-0.mp3

      2

      Un monde sous perfusion métallique (2/4) : Le marché des métaux sous tension
      30 janvier 2018 à 11:53
      durée : 00:59:00 - Cultures monde - par : Florian Delorme - Depuis les années 2000, le cours des métaux (cuivre, aluminium, nickel, zinc, cobalt, or...) ne cesse d’augmenter en bourse. Métaux industriels, métaux précieux, voitures électriques, demande chinoise, comment fonctionne le marché des métaux ? - réalisé par : Luc-Jean Reynaud

      http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11701-31.01.2018-ITEMA_21572845-0.mp3

      3

      Un monde sous perfusion métallique (3/4) : Amérique latine : désastre écologique et luttes sociales
      31 janvier 2018 à 11:53
      durée : 00:58:21 - Cultures monde - par : Florian Delorme - Au Chili, au Pérou, en Argentine, les conflits se sont multipliés ces dernières années entre les populations locales et les multinationales minières, accusées de violences et de dégâts environnements. Alors quelles sont ces revendications environnementales et sociales ? - réalisé par : Luc-Jean Reynaud

      http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11701-31.01.2018-ITEMA_21572845-0.mp3

      4

      Un monde sous perfusion métallique (4/4) : Multinationales versus Etats : à qui revient la rente ?
      1 février 2018 à 11:53
      durée : 00:58:47 - Cultures monde - par : Florian Delorme - Cuivre, or, cobalt, zinc... le Congo - Kinshasa est une mine à ciel ouvert mais cette richesse des sols profite rarement à la population congolaise malgré les réformes du code minier. Alors, entre multinationales, Etats et population, comment se répartissent les bénéfices de l’extraction ? - réalisé par : Luc-Jean Reynaud

      http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11701-01.02.2018-ITEMA_21574032-0.mp3

  • Sikitiko La Main Du Roi léopold II Sous titré en Français

    https://vimeo.com/62599018

    mad meg : Je viens de découvrir avec horreur « les petites mains d’Anvers ». Probablement en référence des mains coupées des Congolaises et Congolais.

    https://seenthis.net/messages/654102

    Reka Le Congo belge de Léopold II : les origines du massacre – Le Comptoir

    la fin du XIXe siècle, le système colonial établi au Congo par Léopold II, roi de Belgique, atteint un degré de brutalité telle qu’il sera à l’origine d’un des plus grands massacres de l’Histoire. On parle de dix millions de morts, même si l’affaire est très discutée. Malgré la polémique, ce triste chapitre de la colonisation est pourtant encore peu étudié aujourd’hui. Certains universitaires, certains journalistes, congolais, belges, en parlent, mais c’est souvent vite lu et oublié dans les sous-sols des bibliothèques ou dans les bennes à papier. Afin de mieux comprendre les affres de la question congolaise, qui préfigure certains problèmes de la globalisation actuelle, nous nous baserons en grande partie sur les travaux d’un des spécialistes de la colonisation en Afrique aux XIXe et XXe siècles, Elikia M’Bokolo, directeur d’études à l’EHESS.

    https://seenthis.net/messages/489367

    #belgique #colonialisme #colonisation #Congo #léopold_II #Ostende ( C’est à Ostende qu’a vécu James_Ensor . Il y a un peu de lui dans cette vidéo ) #Vidéo #Artivisme #Activisme #Caoutchouc #mains-coupées #génocide #RDC

    Source : http://docwerkers.be

  • Je viens de découvrir avec horreur « les petites mains d’Anvers ». Probablement en référence des mains coupées des Congolaises et Congolais.


    #racisme #colonialisme #la_gerbe

    La fiche wikipédia mentionne un biscuit qu’on fabrique encore avec une date de création qui rend peu crédible leur explication sur le péage et le fleuve. En 1934 quand le confiseur Jos Hakker de la Société royale du maître pâtissier d’Anvers a fait cette recette le Congo était toujours colonisé par la Belgique.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Mains_d%27Anvers

  • RD Congo : Le nouveau ‘Baromètre sécuritaire du Kivu’ cartographie les violences dans l’est | Human Rights Watch
    https://www.hrw.org/fr/news/2017/12/07/rd-congo-le-nouveau-barometre-securitaire-du-kivu-cartographie-les-violences-da
    https://www.hrw.org/sites/default/files/styles/open_graph/public/multimedia_images_2017/201712africa_drc_kst_french_0.png?itok=IaE3uoMq

    Le nouveau #Baromètre_sécuritaire du #Kivu cartographiera les #violences exercées par les #groupes_armés et les forces de #sécurité étatiques congolaises dans les provinces du Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, ont fait savoir aujourd’hui Human Rights Watch et le Groupe d’étude sur le Congo de l’Université de New York. Le projet conjoint rendra compte des pires violences commises dans les provinces du Nord et du Sud Kivu à l’aide de cartes, de graphiques et de rapports analytiques.

    Selon les premiers résultats du Baromètre, de juin à novembre 2017, au moins 526 civils ont été tués dans les Kivus, au moins 1 087 personnes ont été enlevées ou kidnappées pour obtenir une rançon, et il y a eu au moins 7 incidents de viols massifs.

    « Alors que les civils font l’objet d’attaques alarmantes dans l’est de la RD Congo, le Baromètre sécuritaire du Kivu fournira aux décideurs politiques, aux journalistes, aux activistes et autres personnes concernées un nouvel outil innovant permettant de mieux comprendre les violences », a déclaré Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Nous espérons que le Baromètre sera utilisé pour s’attaquer plus efficacement aux causes profondes du conflit en RD Congo, pour soutenir les communautés affectées et demander des comptes aux responsables. »

    #RDC #cartographie

  • #Tourbière Bassin du Congo : un énorme puits de #carbone | adiac-congo.com : toute l’actualité du Bassin du Congo
    http://www.adiac-congo.com/content/tourbiere-bassin-du-congo-un-enorme-puits-de-carbone-71726

    Un énorme puits de carbone, contenant 30 milliards de tonnes de dioxyde de carbone piégé dans une tourbière, dans la partie centrale du Bassin du Congo, entre le Congo et la République démocratique du Congo (RDC) a été découvert récemment. L’information a été publiée en février 2017, dans la revue « Nature ». Ce stock de carbone piégé équivaut à trois ans d’émissions mondiales liées aux énergies fossiles, ou à vingt années des émissions des Etats-Unis liées aux énergies fossiles ou autant que l’ensemble du carbone stocké au-dessus du sol dans les 228 millions d’hectares des forêts du Bassin du Congo.

    Selon les analyses isotopiques menées par Greta Dargie, géographe à l’université de Leeds, et ses collègues, la tourbe a commencé à s’y accumuler il y a 10 600 ans. Elle forme désormais une couche épaisse de 2,4 mètres en moyenne (jusqu’à 5,9 mètres par endroits), sur une superficie de 145 500 km2.

    Mais, les forêts du Bassin du Congo sont soumises à des pressions croissantes qui pourraient, à terme, entraîner une très forte dégradation et accroître la #pauvreté de la population, très nombreuse, qui dépende encore étroitement des ressources spontanées qu’offre la forêt. La transformation des tourbières à des fins agricoles, pétrolières ou minières aurait des conséquences environnementales très lourdes, selon les experts.

    « 13h15 le samedi ». La bombe carbone - France 2 - 2 décembre 2017 - En replay
    https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/13h15/13h15-du-samedi-2-decembre-2017_2485137.html

    Le magazine « 13h15 le samedi » (Facebook, Twitter, #13h15) a suivi Simon Lewis, qui a participé à une expédition lancée fin octobre 2017 par Greenpeace pour évaluer cette découverte. Il s’est notamment rendu dans le village pygmée le plus proche de la tourbière.

    Jean-Sébastien Desbordes et Nicolas Berthelot sont également allés à la rencontre de Valentin, le chef de la tribu avec qui le chercheur veut tout mettre en œuvre pour protéger le marécage. Il s’agit de l’empêcher de libérer les milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’#atmosphère

  • #Gunvor au #Congo. #Pétrole, cash et détournements : les aventures d’un négociant #suisse à #Brazzaville.

    Public Eye a enquêté sur des contrats très lucratifs obtenus par Gunvor en République du Congo. Les ingrédients de cette affaire sont explosifs : or noir, politique et soupçons de #corruption. Cette histoire est emblématique des problèmes qui gangrènent le secteur du négoce. Elle montre la responsabilité de la Suisse dans la malédiction des ressources dont sont victimes les populations des pays riches en matières premières, qui restent prisonnières de la #pauvreté.

    https://www.gunvoraucongo.publiceye.ch
    #matières_premières #Guennadi_Timtchenko #Torbjörn_Törnqvist #Russie #République_du_Congo

    • Comme une odeur de pétrole

      Des soupçons de corruption pesaient depuis 2012 sur le négociant genevois en pétrole Gunvor. Mardi, le groupe a été inculpé par le Ministère public de la Confédération tandis qu’un rapport de l’ONG Public Eye retrace l’historique des contrats douteux passés entre Gunvor et le Congo-Brazzaville. Bonne nouvelle : les enquêtes de la justice et des observateurs de ce secteur aux rouages opaques ont un effet !

      https://www.lecourrier.ch/152507/comme_une_odeur_de_petrole

  • Gros plan sur les images du Congo
    (CEGESOMA - Articles dépubliés 2014)
    http://www.cegesoma.be/cms/archivage2014_fr.php?article=310&truv=coloniaux

    Dans le cadre du projet d’enquête sur la mémoire sociale des anciens coloniaux belges mené par le CEGESOMA ces quatre dernières années, plusieurs fonds d’archives photographiques sur le Congo ont été récoltés. Ces clichés sont venus enrichir notre banque d’images du 20ème siècle. Leur particularité réside dans le fait qu’il s’agit de photos originales, prises par des particuliers, qui concernent donc principalement la vie quotidienne dans les colonies dans les années cinquante ainsi que la vision des coloniaux sur les principaux événements politiques de la période.


    Foule qui tourne le dos à la statue de Léopold II à Léopoldville lors des fêtes de l’indépendance en 1960. (Fonds André Cauvin)

  • RDC : à Lusanga, les fantômes d’Unilever au Congo-Zaïre - La Libre

    http://www.lalibre.be/dernieres-depeches/afp/rdc-a-lusanga-les-fantomes-d-unilever-au-congo-zaire-59059aa2cd70812a65bafd9

    Souvenirs douloureux des travaux forcés et des brimades, mais aussi nostalgie d’une prospérité perdue s’entrechoquent à Lusanga, ancien foyer de l’empire disparu de la multinationale anglo-néerlandaise Unilever en République démocratique du Congo.

    De l’ex-Leverville, à environ 570 km à l’est de Kinshasa, subsistent aujourd’hui des vestiges de villas envahis par des herbes hautes, des bureaux abandonnés, et des usines en ruine.

    La cité est apparue après l’attribution, en 1911, dans ce qui était alors le Congo belge, d’immenses concessions de forêts de palmiers sauvages Elaeis à l’entrepreneur anglais William Lever, dont la société Lever Brothers donnera naissance moins de deux décennies plus tard à Unilever, aujourd’hui mastodonte international de l’industrie agroalimentaire et cosmétique.

    #rdc #huile_de_palme #forêt #unilever

  • Le cobalt, le Congo & les coûts socio-écologiques de la High-Tech (par le Washington Post) – Le Partage
    http://partage-le.com/2016/11/le-cobalt-le-congo-les-couts-socio-ecologiques-de-la-high-tech-par-le-wa


    Article en VO : https://www.washingtonpost.com/graphics/business/batteries/congo-cobalt-mining-for-lithium-ion-battery

    Mayamba est un mineur de cobalt. La terre rouge de la savane, devant chez lui, recèle une richesse en cobalt et autres minerais si stupéfiante qu’un géologue la qualifia un jour de « scandale géologique ».

    Ce paysage isolé du Sud de l’Afrique est au cœur de la folle ruée mondiale vers le cobalt bon marché, un minerai indispensable aux batteries lithium-ion rechargeables qui alimentent les smartphones, ordinateurs portables et véhicules électriques fabriqués par Apple, Samsung et les grands constructeurs automobiles.

    Mais Mayamba, âgé de 35 ans, ne savait rien du rôle qu’il tenait dans la gigantesque chaîne d’approvisionnement mondiale. Il se saisit de la pelle en métal et du marteau à l’extrémité endommagée entreposés dans un coin de la pièce qu’il partageait avec sa femme et son enfant. Puis il enfila une veste couverte de poussière. En homme fier, il aime à revêtir une chemise boutonnée même lorsqu’il descend à la mine. Justement, il comptait y travailler à la main toute la journée et toute la nuit. Il ferait un somme dans les tunnels souterrains. Pas d’outils industriels. Pas même un casque. Le risque d’éboulement est permanent.

    « As-tu assez d’argent pour acheter de la farine aujourd’hui ? » Demanda-t-il à sa femme.

    Elle en avait. Mais voilà qu’un agent de recouvrement se présentait à la porte. Ils s’étaient endettés pour du sel. La farine attendrait.