person:marie richeux

  • Regardez le bouleversant documentaire “Daraya, la bibliothèque sous les bombes” - Télévision - Télérama.fr
    https://www.telerama.fr/television/regardez-le-bouleversant-documentaire-daraya,-la-bibliotheque-sous-les-bomb


    (j’entends en ce moment Delphine Minoui sur FC)

    Un autre film sur la #Syrie est possible. La preuve par #Daraya, la #bibliothèque sous les bombes, épopée sensible de trois jeunes hommes qui vont exhumer des milliers de livres des décombres des immeubles de leur ville bombardée par l’armée syrienne, pour les rassembler dans une #bibliothèque_clandestine. A travers eux on assiste à l’éveil d’une génération de jeunes #activistes pacifiques qui prend conscience de la puissance des mots et du pouvoir des #livres.

    Inspiré de l’ouvrage Les Passeurs de livres de Daraya (Seuil), de #Delphine_Minoui, grand reporter et Prix Albert Londres, et coréalisé par le talentueux Bruno Joucla, ce film fait un bien fou. Le duo a l’intelligence de s’effacer derrière les personnages du #film et de le concevoir comme s’il était le leur. On entre de plain-pied dans leur vie, on a peur pour eux, on est heureux avec eux, on partage leurs craintes et leurs espoirs, on les suit dans leur exil. Pas de fioritures dans la réalisation, pas de cadrage pour faire beau ou faire sens, la vie simplement racontée comme le journal intime de jeunes gens ordinaires écrivant une histoire extraordinaire. Et si l’utopie révolutionnaire collective échoue pour laisser place à une reconstruction plus individuelle, restent une amitié indéfectible et une morale en forme d’espoir : si les livres ne peuvent pas stopper les bombes, ils peuvent aider à rester humain. C’est déjà beaucoup.

  • Un chef de renom
    Accommode les restes
    D’une fête à Bibracte

    Il rallonge une mayonnaise figée
    En ajoutant d’une huile délicieuse
    Et brasse à la main, proprement

    Il redonne quelque fraîcheur
    À des fruits de mer
    Et cuit des flans au caramel

    Emile me donne bien de la difficulté
    Se resservant sans cesse
    Sans comprendre que tout est payant, et cher

    Le Tracé provisoire
    Me donne carte blanche
    Pour organiser un concert de trio

    Sophie Agnel, piano
    Fred Frith, guitare
    Jean-Luc Guionnet, saxophone alto

    Heureusement que Zoé est là
    C’est elle qui me réveille
    Il était temps d’ailleurs

    On traverse un bois de Vincennes
    Étonnamment désert
    Et encore sous la neige, moins féérique

    J’arrive en open space
    L’autoradio ne m’a pas mis en rogne
    Je suis prêt à en découdre

    Je bute pas mal à mettre
    Le rêve de mayonnaise
    En forme. Sensations trop visuelles

    Par malheur l’open space
    Se peuple de bonne heure
    De collègues craignant la neige

    Réunion
    Réunion
    Réunions

    Entre mes deux cheffes
    Ça va
    Je ne fais pas trop le malin

    Réunion mensuelle de production
    Je repars avec des devoirs
    Ça devrait m’aider contre le laisser-aller

    Je passe chercher l’affiche de L’Étreinte au labo
    Je déjeune d’un délicieux lahmacun, œuf épinards
    Et d’un très bon fourré aux dates

    La neige tombe un peu plus dru
    (Accent québécois) nul doute nous allons avoir droit
    À une très divertissante apocalypse française

    Réfrigérateur expérience du vide
    Temple de consommation vendredi
    Expérience du trop-plein

    Chez l’ophtalmologue
    Où j’accompagne Sarah
    Je guette anxieux le déclin de sa vue

    Ça va
    Elle n’a perdu
    Qu’une demi-optrie

    Rentré à la maison
    Je trouve Zoé qui passe le balai
    Facétieuse : « je ne te félicite pas, quel désordre ! »

    En chemin pour le théâtre
    Je lui explique ma journée au travail
    EdB, Cahier des charges, maquette, prototype, tout le toutim

    Facétieuse :
    « Mais tu ne préfères pas
    Quand tu travailles avec Monsieur Genoudet ? »

    Soupe chinoise aux raviolis
    C’est bien, je me soigne
    La bouche en feu, j’adore

    Toutes clarinettes dehors
    Deux clarinettes en si bé
    Posées sur deux sièges

    Jacques DiDonato
    Xavier Charles
    Quel voyage !

    La musique c’est aussi ça
    Deux types qui soufflent
    Dans leurs tuyaux percés, doucement

    http://desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/dans_les_arbres.mp3

    Par moments
    Je pense à Back To The Trees !
    Evidemment, Xavier Charles

    Se joint un troisième souffleur de si bé
    Ça alourdit un peu le truc
    Mais c’est beau quand même

    La blague habituelle de Jacques :
    « Des questions ? »
    Nombreux enfants lèvent la main

    Réponses bienveillantes
    Des musiciens, oui, on sait aussi jouer
    Comme on t’apprend au conservatoire !

    Et joignant le geste à la parole
    Jacques, une très belle gamme ascendante
    Le troisième souffleur même gamme. Rires

    Xavier Charles :
    « Mais ce qu’on joue
    Ça reste de la clarinette ! » Rires

    Bref échange avec Jacques
    Qui me présente Xavier Charles
    Qui découvre un fan de Back To The Trees !

    Retour autoradio
    Marie Richeux et des lycéens
    Interrogent Catherine Hiegel

    Je déteste l’expression de passeur ou passeuse
    Je trouve que cela fait tare à souhait
    J. en sait quelque chose

    Marie Richeux
    Est à la radio ce qu’Alain Fabiani était au volley
    Une passeuse de génie

    Quelques pages de Cadiot
    Avant le dodo
    Deux éclats de rire. Masque

    #mon_oiseau_bleu

  • Rêve d’un retour en train depuis Garches
    Le train est bondé, détourné
    Ma mère m’accompagne et me fait des reproches

    Mécompréhension sur heure de lever
    Avec Sarah
    Je m’en veux

    Lever trop tôt
    J’en profite pour mettre
    Ma chronique en ligne pour Sarah

    Drôle d’impression
    De relever le capot du Désordre
    Bien du mal à retrouver mes petits

    Je suis un peu obligé
    De me frotter les oreilles ce matin
    France Culture à Notre Dame-des-Landes ?

    Open space gris
    Open space sombre
    Chin up, ce soir, le concert de Sarah

    Chin up
    Cheer up
    Look up

    Up you go
    Little smoke

    (Jack Kerouac)

    Je pars chez Psy
    Frôlé par un V1 sous le bras
    Et déjà dans la rame je travaille

    Je relis le passage dans lequel
    Sarah Murcia fait une apparition
    À la gare de Nevers

    Tout à ma distraction, concentré
    Je manque l’arrêt de Charonne
    Et descends à Voltaire

    À voltaire, pure distraction
    Je ne remarque pas
    Que je ne suis pas à Charonne

    Mais je fais comme si
    Et du coup j’arrive à la Comète
    Où j’ai déjeuné avec Sarah jeudi

    Acte manqué parfaitement réussi
    Je me fais une trop grande joie
    D’écouter Sarah et Kamilya ce soir

    «  - Vous auriez un dictionnaire ? »
    Tête de la serveuse
    « - Désolé, je ne me rend plus compte », absorbé

    Psy : « - c’est très labyrinthique tout ça
    Ego : - Vous trouvez ?
    Psy : - vous écrivez de façon aussi labyrinthique

    Ego (sourire) : - on peut même dire
    Que c’est mon fond de commerce
    Psy : - par exemple ?

    Ego : - C’est le royaume de la digression
    Psy : - Donnez-moi un exemple
    Ego : - Admettons que je décrive cette pièce

    Ego : - je vais décrire les proportions de la pièce (4X5)
    Puis je vais m’attaquer à la tapisserie au-dessus du divan
    Que je vais décrire en détail

    Ego : - Ce qui sera l’occasion pour moi
    De considérations à propos des tapisseries
    Dans les cabinets de psychanalyse

    Ego : - Et que je ne suis pas certain
    Qu’on puisse confier son inconscient
    À une profession aussi artistiquement indocte

    Tête de Psy. Psy : » - je vois,
    Et comment vous arrangez-vous avec la ponctuation ? « Tête d’Ego !

    Ego : - Vous n’avez vraiment pas lu mon livre ?
    Psy : - Non pourquoi cette question ?
    Ego (songeur) : - À cause de la ponctuation…

    Psy : » - des rêves ? Ego : - de retour
    En train depuis Garches, train bondé, détourné
    Ma mère m’accompagne et me fait des reproches

    Psy : « - je vois, un nouveau labyrinthe
    Ego : - oui
    Encore et toujours »

    Psy lève les mains ouvertes
    Ce qui se traduit, je commence à le connaître
    Nous allons nous arrêter sur cette idée

    Dans le métropolitain
    Je ne résiste pas, j’envoie un message à J.
    Hilares

    Retour
    En
    open space

    Retour en open space
    Quand des fois il faudrait
    Rentrer chez soi et jouer de la guitare

    Réunion
    Cinq personnes dans la pièce
    Mais je ne dirais pas que nous jouons en quintet

    Entendu, dans la Méthode scientifique
    « Et donc en un peu moins d’une minute
    À propos de la naissance de la vie sur Terre ? »

    « Que faire à manger ?
    That is the question ! »
    Wrote Philippe De Jonckheere

    Finalement
    Une quiche fourre-tout
    Avec une salade fourre-tout

    Enfants heureux
    Echanges de bons mots
    Même Émile participe

    http://desordre.net/musique/habka.mp3

    Concert de Sarah & Kamilya
    Comme hors-sol par moments
    Comme transporté

    À mes côtés Michele
    Raffaella et Catherine
    Vibrent de plaisir

    La Suite nomade
    Amplement développée
    Un long voyage pour pourrait durer, encore

    La Suite nomade
    Un voyage dont on nous rapporte
    Des images, des images déchirantes

    La Suite nomade
    Musique qui parle au cœur
    Sans passer par la tête

    La Suite nomade
    Musique qui parle au ventre
    Sans passer par les oreilles

    Je me suis trompé
    Du tout au tout, à propos de ce concert
    Pas le concert de l’année, celui du siècle

    Miracle habituel de la Dynamo
    Son hall de gare tellement hideux
    Qui devient tellement chaleureux

    Pour Sarah, je suis prêt à consentir
    Un immense effort social, lui présenter Marie Richeux
    Quand Sarah se souvient qu’elle a rendez-vous avec elle, demain

    Kamilya m’embrasse
    Et me donne du Philippe
    Long comme le bras. Conte oriental

    Je bois du vin chaud d’importance
    Avec Fred P. et Christophe L.
    Et j’accompagne les fumeurs

    Sarah me fait une proposition
    Qui va m’empêcher de dormir
    Et si aux équinoxes…

    Un collectif
    Dans lequel
    Un mort pourrait participer

    Sarah me confie la boutique
    J’échoue lamentablement
    À vendre un seul disque. Pourtant

    Je rentre prudemment
    Circulation difficile déviation
    Radio : la querelle Dalloz-Alliaud

    #mon_oiseau_bleu

    • Le vent était au nord et les avions tournaient, les magasins étaient ouverts à l’amour de toutes choses, les militaires par quatre et la police par trois patrouillaient dans la rue.

      Il n’y a pas beaucoup de poésie en ce moment, j’ai dit à mon père.

      J’ai dit ça comme une impression ou peut-être un avis et pas comme une idée, enfin rien qui s’impose, c’était pour que mon père apprécie avec moi quelque chose d’amusant dans cette ambiance nouvelle, il faut dire que j’étais sous l’influence de livres et l’empire de la drogue, j’avais fumé en lisant Klemperer et j’avais lu Kraus en mangeant des bananes et relu Klemperer en refumant pas mal, son journal en entier et surtout LTI, la langue du IIIe Reich, dans Klemperer j’avais fixé longtemps sur un seul instant de tout le IIIe Reich, dès le début, en fait, résumé par une phrase que j’ai lue et relue pour saisir l’amplitude, Il règne en ce moment quelque durcissement
      qui influe vraiment sur tout le monde.

      Mon père était dans son 4 × 4, assis noblement au-dessus de l’ordinaire, il réglait son rétro à sa hauteur de vue, il dirigeait en même temps un concerto en do dièse mineur, il codait des résultats de séquençage du génome, il discutait des fondements de la valeur, il retournait la terre avec des paysans de l’Ardèche, il rédigeait son essai sur la philosophie scholastique, il rendait visite à des enfants cancéreux, il sauvait des humains de la noyade en Méditerranée, il regardait la télé en caleçon, il donnait son sang universel, il se coupait les ongles en lisant du Sophocle, il était digne et beau, finalement il a dit

      -- Comment peux-tu savoir s’il y a de la poésie ou pas, beaucoup ou pas beaucoup ? Tu veux mesurer la quantité de poésie mais sais-tu au moins ce qu’est la poésie ?

      -- Peut-être pas, Papa

      -- Comment peux-tu savoir s’il y a de la poésie ou pas, beaucoup ou pas beaucoup ? Tu veux mesurer la quantité de poésie mais sais-tu au moins ce qu’est la poésie ?

      -- Peut-être pas, Papa

      -- Et même si des experts en poésie pouvaient évaluer un taux de poésie et constater une tendance à la baisse, comment peux-tu établir que cette baisse tendancielle du taux de poésie a un quelconque rapport avec ce qui se passe en ce moment ?

      -- Je ne peux pas, Papa

      -- Tu ne crois pas que c’est un peu déplacé de parler de poésie justement en ce moment ?

      -- Si, Papa

      -- Est-ce qu’il n’y a pas des problèmes plus urgents ?

      -- Oui Papa

      -- L’archiduc François-Ferdinand, après avoir tué pas loin de 300 000 bêtes plus ou moins féroces dont des milliers de mouettes et quelques centaines de kangourous, a emmené tout le monde à la guerre mondiale en se faisant lui-même tirer comme un lapin. Et toi tu t’inquiètes de la poésie

      -- Je ne m’inquiète pas, Papa

      -- La poésie qu’est-ce que ça peut bien faire alors que des dingues remplis de haine mondiale se font sauter le buffet en plein milieu des foules ?

      -- En effet, Papa

      -- Alors que les guerres lointaines arrivent à nos portes ? Alors que l’Europe est assaillie par le doute et les dettes de la Grèce ?

      -- Ça aussi, Papa

      -- Est-ce qu’il ne faut pas avant tout sécuriser cette Liberté dont nous avons besoin pour exercer nos droits fondamentaux, dont le droit, par exemple, de faire de la poésie si ça nous chante ?

      -- Mais c’est qui, nous, Papa ? De qui tu parles ? Des habitants d’ici ? Des amis de la patrie ? Des citoyens moyens ?

      -- Réfléchis par toi-même !

      S’il voulait dire que tout était devenu grave et que par conséquent la poésie on s’en foutait pas mal, j’étais assez d’accord vu que les poètes m’emmerdent pour la plupart, j’aurais donc préféré ne pas en discuter mais mon père commençait seulement à s’amuser avec sa mauvaise foi d’unité nationale tout en feuilletant Le Progrès de la bonne ville de Lyon.

      #livre #Noémi_Lefebvre

    • Claro embauche l’auteure de « Poétique de l’emploi », Noémi Lefebvre, sur le champ, Monde des livres

      L’air du temps est-il ­soluble dans la prose ? Pour certains écrivains, c’est une évidence, il suffit de transformer le livre en poste de radio ou en photocopieuse, de retransmettre ou de reproduire, bref, de ménager un espace aux informations qui, paraît-il, font le réel. Ce qui se passe dehors n’a qu’à passer sur la page, y déposer au mieux son ombre, quelques plis suffiront pour donner l’impression que tout n’est pas lisse alors même qu’on décalque. D’où, souvent, à la lecture des romans épris de contemporain, une impression de pénible transfusion, le sentiment d’un compromis bâclé et malhabile entre toile de fond et coup de crayon. On ressent un malaise dans l’écriture là où on espérait une écriture du malaise.

      L’air du temps ? Dira-t-on qu’il est toxique, névrotique, fasciste ? Qui le dira ? Un personnage ? Une voix soigneusement tendue entre deux guillemets ? Fabrice del Dongo ou Bardamu ? Plutôt que de trancher tout de suite, faisons comme Noémi Lefebvre dans Poétique de l’emploi et partons gaiement de la constatation suivante : « Il règne en ce moment quelque durcissement qui influe sur tout le monde. » C’est une phrase écrite par le philologue Victor Klemperer (1881-1960), extraite de son livre LTI, la langue du IIIe Reich (Albin Michel, 1996). Mais c’est désormais une phrase de Poétique de l’emploi, un énoncé qui refuse de se dissoudre, une indispensable arête coincée dans la gorge du livre. Qui n’empêche ni de rire ni de penser, loin de là. Bon, il est temps d’aller à Lyon, où un dialogue entre père et fille nous attend.

      « Il n’y a pas beaucoup de poésie en ce moment, j’ai dit à mon père. » C’est le deuxième constat, mais c’est sans doute le même que faisait Klemperer. Et ce qu’essaie de dire la narratrice à son père. Il n’y a pas beaucoup d’emploi non plus. En revanche, l’injonction à travailler plus pour gagner moins se porte bien – mais passe mal. Des gens manifestent. Ils vont dans la rue. Mais la liberté, apparemment, a changé de camp. Elle est sous la protection de l’armée et de la police. Est-ce la guerre ? Oui et non, dit le père qui a bu, et pas que de la ciguë, au cours d’un dialogue crypto-socratique destiné à obtenir le salut par le doute. « Mon père dit sans doute quand il doute, c’est une façon de me faire douter en exprimant la sobre et sage inquiétude que dégage parfois, dans une ambiance nouvelle, la lucidité des esprits rares qu’on appelle critiques. » La narratrice, elle, se méfie un peu du doute comme arme d’instruction massive. Elle aussi a sa claque de la compétence et de ses lois. Elle « souffre (…) d’une incapacité corporelle au social ». L’indifférence et le désintéressement du père, non merci. Mais le « plein épanouissement physique et moral », eh bien, ce n’est pas gagné non plus, surtout quand il est exigé par la société.

      A ce stade du livre de Noémi Lefebvre, on commence à comprendre qu’il ne s’agit pas de donner des leçons, mais de parler entre les leçons, de laisser la parole aller et venir au milieu. De rendre la liberté à sa phrase mais en la laissant s’égailler en milieu hostile, pour voir ce qui se passe. De faire flâner la phrase : « Entre novembre et mars, est-ce que c’était décembre, de Fête des lumières il n’y en avait pas ça c’était déjà sûr, je m’en foutais pas mal, les feuilles étaient mortes et les fleurs étaient moches, le marché des quais de Saône était gardé par des parachutistes, j’étais dans l’angoisse de trouver un travail pour avoir un métier parce que, comme on dit, les métiers sont refroidis et sans rapport avec la vie et véritablement une chose étrangère à la grande variété de nos aspirations, j’avais regardé les offres pour poète, j’avais eu cette idée d’un emploi dans rien sous le contrôle de personne, ça me semblait correspondre à un manque de profil difficile à cerner dans le bilan de compétences, en réponse à poète il y avait un poste de rédacteur technique e-learning pour une entreprise industrielle leader sur son marché et des annonces rédigées en vers publicitaires pour devenir humain avec le regard clair et un air solide au milieu du désert (…). » Phrase rhizome, qui décale sa propre danse pour mieux casser la coque du discours. Phrase qui se glisse dans le mode d’emploi du monde de l’emploi, tels Charlot ou Keaton dans la foule des flics, pour faire trembler les rapports de force.

      A première vue, Poétique de l’emploi semble faire la part belle à l’aveu d’impuissance. L’inquiétude d’être en porte-à-faux, et pour tout dire un léger pli dépressif, font que page après page on pourrait se croire en quête de désertions. Mais le soliloque déployé par la narratrice est tout sauf un exercice de noyade assistée. Face à la novlangue pseudo-républicaine qui joue du tonfa à tout bout de rue et voudrait que la narratrice reste « bêtement à [se] faire assommer par la sécurité au nom de la Liberté en angoissant de chercher un travail et d’en avoir un si jamais [elle] en trouvai[t] », Noémi Lefebvre fourbit une forme de résistance poétique essentielle et libère in fine, avec l’aide des grands K (Klemperer, Kraus, Kafka), un étrange animal politique et subversif, mi-orang, mi-outang. A la fois fluide et fiévreux, Poétique de l’emploi fait, littéralement, un bien fou.

    • C’est vrai que je vois du fascisme partout depuis qu’il y en a de plus en plus

      poétique de l’emploi a aussi été le nom d’une brève vidéo https://www.youtube.com/watch?v=7A9Y0idAudk

      une part des réparties et leur provenance

      « Il faut dépasser le statut littéraire du poème pour en faire un acte, un geste qui aura son efficacité propre dans le monde » Serge Pey

      La poésie est « l’expression, par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l’existence » Stéphane Mallarmé

      « Le langage contient des ressources émotives mêlées à ses propriétés pratiques et directement significatives » Charles Baudelaire

      La poésie « est une province où le lien entre son et sens, de latent, devient patent, et se manifeste de la manière la plus palpable et la plus intense » Roman Jacobson

      « La poésie c’est l’art de mettre en mouvement le fond de l’âme » Novalis

      « les mots sont assurément la révélation extérieure de ce royaume intérieur de forces » Novalis

      "Le poète se consacre et se consume donc à définir et à construire un langage dans le langage"Paul Valéry

      « Le poète nous entraîne vers un usage visionnaire de l’imagination qui nous livre le monde dans sa réalité profonde et chaque être dans sa liaison à l’unité du tout. » Emmanuel Mounier"

      « Le domaine de la poésie est illimité » Victor Hugo

      « C’est qu’un poète, ça ne se fait pas en une civilisation » Louis Calaferte

      « Le seul devoir du poëte est le jeu littéraire par excellence » Stéphane Mallarmé

      #vidéo #poésie

    • « Poétique de l’emploi » un livre ébouriffant !
      https://le-clairon-nouveau.fr/wordpress/blog/2018/02/23/la-poetique-de-lemploi-un-livre-ebouriffant

      La Poétique de l’emploi est un livre écrit au « je ». Le personnage, indéterminé, se veut poète et il dit ceci :

      « J’évitais de penser à chercher un travail, ce qui est immoral, je ne cherchais pas à gagner ma vie, ce qui n’est pas normal, l’argent je m’en foutais, ce qui est inconscient en ces temps de menace d’une extrême gravité, mais je vivais quand-même, ce qui est dégueulasse, sur les petits droits d’auteur d’un roman débile, ce qui est scandaleux, que j’avais écrit à partir des souvenirs d’une grande actrice fragile rescapée d’une romance pleine de stéréotypes, ce qui fait réfléchir mais je ne sais pas à quoi. »
      La Poétique de l’emploi commence par : Il n’y a pas beaucoup de poésie en ce moment, j’ai dit à mon père.
      Et finit par : Il y a pas mal de poésie en ce moment, j’ai dit à mon père. Il n’a pas répondu.

      Que s’est-il passé pour opérer ce changement d’appréciation sur le monde ?
      Ce début et cette fin du livre sont constitués par ces deux paroles de dialogue entre un père « établi socialement » qui possède un surmoi développé, scientifique, rationnel, mais qui assène des aphorismes quand il a bu, et un narrateur ou une narratrice – on ne sait pas – marginal(e), poète à la recherche d’un emploi.

      Pour donner une idée de ce livre de littérature inclassable, qui allie humour, charge politique, poésie et réflexion sur l’existence et la société, voici un résumé de ces dix leçons.

      Leçon numéro 1 : Poètes, ne soumettez personne à la raison du père.
      Et suit la démonstration sur La raison d’un père est de toutes les raisons la plus contraire à la poésie.
      Sachant que la sincérité est une fiction américaine, a dit mon père un jour où il avait bu…

      Leçon numéro 2 : Poètes, ne cherchez pas la sincérité en poésie, il n’y a rien dans ce sentiment américain qui puisse être sauvé.
      En vérité chaque fois que j’ai voulu être sincère, je n’ai jamais rien fait que croire à ce que je croyais depuis moi vers le monde et du monde vers moi, comme si le monde et moi c’était du même tonneau.

      Leçon numéro 3 : Poètes, écrivez des poèmes nationaux, c’est ce qu’il y a de plus sécurisé
      Commentaire : La mort dans l’âme est peut-être l’envers de la fleur au fusil (p.46).

      Leçon numéro 4 : Poètes, n’espérez pas beaucoup d’exemplaires, un seul c’est déjà trop.

      Leçon numéro 5 : Poètes, si écrire vous est défendu, essayez déjà de vous en apercevoir.
      Aphorisme : Le secteur culturel est un cimetière pour le repos de l’âme, a dit mon père un jour où il avait bu.

      Leçon numéro 6 : Poètes, écrivez si vous voulez des poèmes d’amour en simple liberté sans vous demander si c’est trop difficile.
      Aphorisme : Si on y pense trop on ne peut plus réfléchir, a dit mon père un jour où il avait bu.

      Leçon numéro 7 : Poètes, évitez de vous faire assommer au nom de la Liberté, prenez un bain ou regardez un Simpson ou si ça va pas mieux lisez la page 40 de LTI, la langue du IIIe Reich, de Victor Klemperer. « La langue ne se contente pas de poétiser et de penser à ma place, elle dirige aussi mes sentiments, elle régit tout mon être moral d’autant plus naturellement que je m’en remets inconsciemment à elle. Et qu’arrive-t-il si cette langue est constituée d’éléments toxiques ou si l’on en a fait le vecteur de substances toxiques ? » Question de Klemperer.

      Leçon numéro 8 : Poètes, ne laissez pas empoisonner les mots et tenez-vous loin de la littérature.

      Leçon numéro 9 : Poètes, si vous êtes dans une prison, dont les murs étouffent tous les bruits du monde, ne comptez pas à 100 % sur votre enfance pour vous sortir de là.
      Aphorisme : Tout est dans Platon a dit mon père un jour où il avait bu.

      Leçon numéro 10 : Poètes, laissez tomber les alexandrins, sauf si c’est pour vous payer de quoi manger.
      Aphorisme : Les alexandrins ça se vend par douzaines, a dit mon père un jour où il avait bu.

      Et pour finir, des propos de sa mère sur Schiller :

      L’utilité limite l’imagination.
      L’utile est contraire à l’idéal.
      Travail salarié au service de l’utile
      La liberté est du côté de l’idéal inutile
      L’éducation esthétique est une éducation anti-industrielle.
      Ne pas oublier que Schiller est citoyen de son temps.
      Bientôt, le mois de mars célèbre chaque année le « Printemps des poètes » ; et Noémi Lefebvre nous rappelle que :
      « Le poète se consacre et se consume donc à définir et à construire un langage dans le langage » (Paul Valéry).

      On ne saurait que trop encourager à la lecture de ce livre ébouriffant.

    • Noémi Lefebvre envoie les poètes à Pôle emploi, ERIC LORET (EN ATTENDANT NADEAU)
      https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/170318/noemi-lefebvre-envoie-les-poetes-pole-emploi

      Dans le monde dont Lefebvre nous fait rire jaune à chacun de ses livres, on n’a finalement le droit de vivre que si l’on est « employable ». La question de l’emploi renvoyant à celle de la liberté, quand il s’agit de l’emploi des poètes, Kafka n’est pas loin.

      Noémi Lefebvre écrit à partir d’un point existentiel, ce moment où l’on se transforme en objet pour soi-même, comme si l’on avait été transporté dans le regard d’un autre, comme si l’on prenait forme sous la pression de ce qui nous entoure et nous maltraite, mais aussi nous culpabilise : « Le vent était au nord et les avions tournaient, les magasins étaient ouverts à l’amour de toutes choses, les militaires par quatre et la police par trois patrouillaient dans la rue. Il n’y a pas beaucoup de poésie en ce moment, j’ai dit à mon père. »

      Ainsi s’ouvre Poétique de l’emploi, en proie à un surmoi faussement familier, dans « la bonne ville de Lyon » sous emprise policière. Il n’y a pas beaucoup de poésie et le père rétorque que c’est aussi bien, car il y a plus important : « – Tu ne crois pas que c’est un peu déplacé de parler de poésie justement en ce moment ? – Si, Papa […] – Est-ce qu’il ne faut pas avant tout sécuriser cette Liberté dont nous avons besoin pour exercer nos droits fondamentaux, dont le droit, par exemple, de faire de la poésie si ça nous chante ? » Le narrateur (sans âge et sans genre) est en butte dès le début à la censure sécuritaire du moment : pour préserver la liberté, y compris d’expression, commençons par la réduire. C’est un personnage volontairement « idiot », au sens de Clément Rosset : l’idiotie opère la « saisie comme singularité stupéfiante, comme émergence insolite dans un champ de l’existence » d’« une chose toute simple », explique le philosophe dans son Traité de l’idiotie. Il compare cette saisie à celle de l’alcoolique qui s’extasie devant une fleur comme s’il n’en avait jamais vu auparavant : « Regardez là, il y a une fleur, c’est une fleur, mais puisque je vous dis que c’est une fleur… » Or, ce que voit surtout l’ivrogne, explique Rosset, c’est que « son regard restera, comme toute chose au monde, étranger à ce qu’il voit, sans contact avec lui ».

      Ce qui, du monde capitaliste tardif, reste ici sans contact avec le personnage, c’est en particulier la question de « l’emploi » et donc celle, connexe, de la liberté. Car dans ce monde dont Lefebvre nous fait rire jaune à chacun de ses livres, on n’a finalement le droit de vivre que si l’on est « employable » – mais pas à n’importe quoi : « Ça voulait dire que les poètes avaient des devoirs nouveaux, qu’ils étaient eux aussi mis à contribution, écriraient désormais dans le cadre sacré de la défense nationale de l’Europe libérale, ça voulait dire que la poésie était priée de défendre librement la liberté de l’économie de marché et d’abord de la France dans la course mondiale du monde mondialisé. » Ce texte résonne ainsi avec une série de livres qui interrogent l’employabilité du poète (c’est-à-dire l’écrivain qui invente des textes, pas l’écrivant qui en fabrique comme on suivrait une recette de pizza) : depuis les Années 10, de Nathalie Quintane (La Fabrique, 2014), jusqu’à l’Histoire de la littérature récente, d’Olivier Cadiot (P.O.L., deux tomes parus en 2016 et 2017), en passant par Réparer le monde, d’Alexandre Gefen (José Corti, 2017), ou Le poète insupportable et autres anecdotes, de Cyrille Martinez (Questions théoriques, 2017). On trouverait chez les uns et les autres à peu près le même constat : sommé de répondre à la question productiviste « à quoi tu sers ? » (soit le niveau zéro du pragmatisme), l’écrivain n’est accepté que s’il fournit du pansement et de la consolation immédiates – en évitant surtout d’interroger les causes de la douleur et de la maladie. Faute de quoi, il est accusé de « faire de la politique » et, comme l’écrit Lefebvre, de s’« accrocher à une conception romantique et dépassée de cette non-profession inutile et sans le moindre avenir ».

      Poétique de l’emploi n’est pas pour autant, on s’en doute, un plaidoyer en faveur de l’art pour l’art. Dans la vidéo ci-dessous (visible également sur YouTube), réalisée par l’auteure et le musicien Laurent Grappe sous le label Studio Doitsu, Lefebvre y joue une conseillère de Pôle emploi et Grappe un poète au chômage qui souhaite faire du poème « un geste qui aurait son efficacité propre dans le monde ».

      Dans le dialogue de sourds qui s’instaure, on ne sait plus s’il faut rire ou pleurer car, certes, chacun de nous désire instaurer « un usage visionnaire de l’imagination qui nous livre le monde dans sa réalité profonde et chaque être dans sa liaison à l’unité du tout », mais chacun sait aussi, comme le suggère la conseillère Pôle emploi, que « gardien d’immeuble » est encore le poste le plus adapté pour réaliser ce projet. En somme, on se rappelle qu’on peut être employé (et reconnu socialement) sans travailler ou presque, mais aussi qu’on peut travailler toute sa vie très dur et, faute d’avoir un « emploi » (parce qu’on est précarisé, ubérisé, etc.), n’avoir qu’un pont pour perspective de fin de vie. Néanmoins, le livre propose dix « leçons » à l’usage des poètes, qui sont tantôt des avertissements politiques, tantôt des conseils de réussite cyniques, tels « Poètes, ne cherchez pas la sincérité en poésie, il n’y a rien dans ce sentiment américain qui puisse être sauvé » (leçon numéro 2) ou « Poètes, si écrire vous est défendu, essayez déjà de vous en apercevoir » (leçon numéro 5).

      Les alentours de cette leçon-là traitent, comme ailleurs, de l’échec, mais en réinscrivant Poétique de l’emploi plus profondément dans le reste de l’œuvre de Lefebvre, à savoir le rapport entre l’individu et l’espèce humaine : « Je voulais montrer ma conscience collective, ainsi je me lançais dans des engagements avec l’intention de dire une vérité sur l’humain qui nous concerne par notre humanité. » Mais rien à faire, le misérabilisme l’atteint quand il (elle) tente de raconter les malheurs d’autrui : « Ça me faisait pleurer d’empathie africaine, de douleur maritime, d’odyssée migratoire, de drames sanitaires. » Le personnage et son surmoi se moquent de conserve : « Fuck that fake, la misère humaine m’a filé un rhume qui m’a duré des jours, mon père se marrait. » D’ailleurs, il (elle) n’a rien su faire face à « un humain qui se fait écraser et traîner par terre et bourrer de coups de pied en pleine impunité » par des policiers. La honte recouvre son existence.

      Ce n’est qu’en lisant le récit d’une plainte pour viol, sur feminin.com, qui aboutit à l’arrestation du criminel que « ça se me[t] à bouger quelque chose » : « [C]omme si d’un coup la vulnérabilité devenait la raison même d’une souveraine beauté, ce que je me disais en lisant ce message qui m’a retourné l’âme et sa mort dedans. » Voilà la poésie, se dit-il (-elle), puis : « Je pense qu’on peut dire que j’étais un peu en dépression. Après j’ai dû passer des mois à lire Klemperer et Kraus en mangeant des bananes et relire Klemperer en refumant pas mal. […] Je lisais Klemperer pour tout exagérer, parce que la survie d’un philologue juif sous le IIIe Reich est tout de même incomparablement plus terrible que celle de no-life même sous état d’urgence dans la bonne ville de Lyon. » La dépression et l’histoire, c’était déjà le sujet de L’Enfance politique (2015), qui précède Poétique de l’emploi. L’écriture de Lefebvre met régulièrement en scène un personnage aux prises avec son surmoi, dès son premier récit, L’Autoportrait bleu (2009), publié comme les autres chez Verticales : « Il va falloir modifier ta façon de parler ma fille, je me disais en allemand, en français, puis de nouveau en allemand, puis en français et comme si j’étais ma propre mère. »

      Cette fois, c’est toute la société bien portante et pensante qui prend chair sous la forme du paternel : « Mon père était dans son 4 × 4, assis noblement au-dessus de l’ordinaire, il réglait son rétro à sa hauteur de vue, il dirigeait en même temps un concerto en do dièse mineur, il codait des résultats de séquençage du génome, il discutait des fondements de la valeur, il retournait la terre avec des paysans de l’Ardèche, il rédigeait son essai sur la philosophie scolastique, il rendait visite à des enfants cancéreux, il sauvait des humains de la noyade en Méditerranée, il regardait la télé en caleçon, il donnait son sang universel, il se coupait les ongles en lisant du Sophocle, il était digne et beau. » C’est que le malaise et la dépression dans laquelle nous sommes plongés sont le résultat, explique la narratrice de L’Enfance politique, d’un « viol politique dont [elle] ne me souvien[t] pas ». Toute la structure de la société est en jeu, aussi traite-t-on l’héroïne au pavillon de « sociothérapie » de l’hôpital psychiatrique. Poétique de l’emploi dit un peu la même chose autrement : « Je souffre par mon père d’une incapacité corporelle au social. » Il s’agit d’arriver, malgré ce social utilitariste et violeur, à travailler sans être employé. À la fin, le personnage lit la Lettre au père, de Kafka et conclut : « Il est excellent, ce Kafka, personne n’est comme lui dans toute l’humanité de ce grand peuple outang auquel j’appartiens. » Sans doute a-t-il lu aussi Communication à une académie, où un humain anciennement singe a renoncé à la liberté : « Je le répète : je n’avais pas envie d’imiter les hommes, je les imitais parce que je cherchais une issue. »(2)

  • http://www.desordre.net/musique/habka.mp3

    Conte oriental (non, pas si loin)

    Il était une fois. Il était une fois un instrument ventru joué par une toute petite fée, très mignonne la toute petite fée. Il était une fois une mandoline qui venait de loin, de très loin, de l’Orient, non peut-être pas de si loin. Et la joueuse de mandoline était une autre fée, très mignonne aussi et pas très grande non plus ? et d’ailleurs sa mandoline n’était pas une mandoline mais un oud, une mandoline orientale, non, pas si loin, et pas vraiment une mandoline. Ces deux fées ne parlaient pas la même langue mais avaient inventé une manière bien à elles de se raconter des histoires, des charades et se réciter des poèmes. En fait elles n’étaient pas vraiment des fées ? mais elles étaient vraiment mignonnes et vraiment pas très grandes ? non pas des fées. Ça va bien comme ça, les contes, tout le monde sait que rien n’est vraiment vrai dans un conte. C’est juste que j’avais envie, une fois, une toute petite fois, de commencer une histoire par Il était une fois , comme si je la racontais à une petite fille, parce que cette histoire est une histoire de filles (très mignonnes) et une affaire de femmes (pas très grandes). Non, l’histoire que je voudrais raconter est une histoire vraie, mais parfois les histoires vraies ressemblent à des contes, elles se déguisent, sans compter que parfois aussi les contes aimeraient bien qu’on croit en eux et se déguisent, eux aussi, en histoires vraies. Donc je reprends, deux fées pas très grandes : les deux musiciennes qui n’étaient pas des fées, étaient, en revanche des femmes puissantes, deux femmes puissantes, qui avaient de sacrés-satanés pouvoirs aux bouts des doigts ? c’est pour cela que j’ai pu les confondre, un moment, avec des fées. Avaient-elles des armes ? Oui. Des arcs. Des arcs sans flèches. Elles ouvraient ces arcs qui n’envoyaient pas de flèches, non, de vrais arcs, des arcs qui maintiennent les assaillants à bonne distance. L’archère orientale, non pas de si loin, un peu avant, et son oud tout doux se servait, en plus, de cordes secrètes, des cordes invisibles et en jouait redoutablement. Avec ses cordes, invisibles-vocales, elle électrisait, immobilisait ou, plus exactement, elle enveloppait les assaillants et ces derniers devenaient doux, tout doux dis donc, on a même vu, un soir, une armoire à glace fondre, bouleversée ? ça fait toujours un drôle d’effet une armoire à glace qui pleure, mais parfois les armoires à glace sont sensibles, faut pas croire ?, au premier rang. Parce que les foules qui voulaient s’approcher des deux petites (et mignonnes) archères devenaient plus nombreuses et plus touffues, les deux musiciennes ont levé une armée, une petite armée, un trio, d’archers, mais des archers très forts, très puissants, notamment le plus petit des trois archers qui, lui, venait de loin, de vraiment très loin, de plus loin encore. Ces puissants archers se sont assis avec leurs arbalètes à la droite ? à jardin ? des deux musiciennes et le pouvoir de ces deux dernières a été décuplé, mais elles n’en abusaient pas, il est même possible, c’est même sûr, que tel le grand magicien, le plus grand magicien de tous les temps, elle aient tout ignoré de leurs immenses pouvoirs, parce qu’ils sont vraiment immenses ? Les Pouvoirs de la parole tels que René Daumal a tenté de les décrire, tout en sachant qu’il échouerait, parce que René Daumal ( http://desordre.net/textes/bibliotheque/daumal.html ) était, lui-même, sans le savoir, un puissant magicien, ignorant de ses pouvoirs, comme les grands magiciens, astuce suprême des pouvoirs magiques que de se cacher chez des hôtes qui ignorent tout de la magie, mon comptable est un magicien, il l’ignore, mais je dévie, c’est souvent que je dévie. La magicienne à cour a même ouvert la mer en deux, sur ses partitions la musique courait de gauche à droite, mais la poésie de ses paroles, en arabe, elles, les paroles, courait, elle, la poésie, de droite à gauche et c’est sans doute dans cette gouttière, là où les notes ne sont plus accrochées à leur portée, que coule cette magie de pouvoirs qui s’ignorent. Tel le capitaine Haddock, pas plus malin, dans Les Sept boules de cristal , je suis allé plusieurs fois au music-hall pour tenter de percer à jour tant de magie. Hier soir la lame est passée à ça... Mais que croyez-vous ? que l’on puisse percer à jour les plus grandes magiciennes qui soient ? Caramba ! encore raté !

    La musique de Kamilya Jubran et Sarah Murcia échappe, élude, et résiste à la description, elle se dérobe à l’étreinte, on voudrait la capturer, notre main se refermerait sur du vent, le vent d’un air marin, d’un air poisseux et méditerranéen, et dans votre paume, le souvenir du sel, pas n’importe quel sel d’ailleurs. La musique de Kamilya Jubran et Sarah Murcia est comme le silence, elle disparait dès que l’on murmure son nom.

    Comme le capitaine Haddock, pas plus malin, chaque fois que j’ai tenté de comprendre le mystère de tout ceci, j’ai reçu des décharges qui me maintenaient loin, non pas si loin, et qui me disaient : « mais enfin, écoute, écoute avec ton cœur, pas avec ta tête, et peut-être, enfin, tu auras l’intuition, tu ne résisteras pas, plus, tu laisseras les poils sur tes avant-bras se dresser, tu te laisseras envelopper sans étreindre toi-même, tu te laisseras toucher, là même où peu de mains finalement se sont aventurées, du côté de toi qui n’existe que par intermittence et enfin, tel Saint Thomas, tu verras (entendras), toucheras (te laisseras toucher) et tu pourras croire et cesser au contraire de croire que tu peux tout décrire, et in fine tout décortiquer-expliquer. Au risque de tout casser et de tout détruire dans des tentatives dégoûtantes de vivisection. »

    J’étais guéri. Enfin. Comme par magie. Il était temps. Merci.

    Ce soir Kamilya Jubran et Sarah Murcia jouent à la Dynamo de Pantin : le concert de l’année.

  • Par les temps qui courent par Marie Richeux
    Shulem Deen : « N’accordez pas trop d’importance à la vérité, car tout peut être remis en question »
    https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent/shulem-deen


    Shulem Deen : « N’accordez pas trop d’importance à la vérité, car tout peut être remis en question »
    07/12/2017

    Celui qui va vers elle ne revient pas
    Shulem Deen , Globe, 2017

    http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13954-07.12.2017-ITEMA_21516969-0.mp3 Shulem Deen (2017)• Crédits : Agence Anne & Arnaud

  • Pas la plus petite queue
    D’anguille à se mettre
    Sous la dent ce matin

    Petit déjeuner avec Zoé
    Je l’emmène au collège
    Tous les deux cossards. Râleries

    Au travail, c’est vendredi
    Ennui. Je me distrais
    En regardant les Sillons sur Désordre

    C’est assez dépaysant
    De voir sa vie défiler
    Tout en étant en open space

    Enième café
    Et c’est enfin l’heure
    Du déjeuner avec J.

    Nos gentilles moqueries
    Nos marques d’amitié
    Nos seiches poivre et sel

    Ce sont de tels rituels
    Qui font le sel
    De ma vie finalement

    Fut un temps
    Ce que je préférais
    Travailler dans le garage

    Désormais
    Bavarder avec amis
    Dans des cafés

    Ai-je
    Fini
    De travailler ?

    En chemin, une femme apeurée
    Sort de chez elle poursuivie
    Par son mari, tentative d’interposition

    Je n’en mène pas large
    Mais je tiens bon
    Parce qu’il le faut

    Est-ce parce que je viens d’échanger avec J.
    Je me dis que ferait J. à ma place ?
    Elle aurait peur mais cela ne se verrait pas

    Que ferait J. à ma place ?
    Elle resterait calme
    Et parlerait doucement

    Je me fais traiter de tous les noms
    Notre agresseur n’a pas beaucoup
    De vocabulaire, ça va

    Il m’accuse d’être le vieux
    Qui baise sa femme
    Je tente de faire valoir qu’avec l’andropause…

    Mon ironie est mal comprise
    Il me pousse, je ne bouge pas (un peu)
    Il doit être en train de calculer ma masse

    La femme voudrait que je monte l’aider
    À rassembler ses affaires et appeler le 17
    Le mari me soupçonne d’être un tueur en série

    Et dire que tout à l’heure
    Il faudra que je m’intéresse
    À des trucs d’ingénieur informatique

    J’ironise auprès du mari
    Sa femme a peur de lui
    Et pas d’un inconnu (moi)

    Il est vexé et il s’en va
    Je n’en reviens pas
    La femme ne veut plus que j’appelle

    Vous êtes sûre Madame ?
    Oui, il est parti
    Mais il va revenir ?

    Si vous voulez j’appelle
    J’attends l’arrivée de la police
    Et je témoigne du peu que j’ai vu

    Et
    Elle
    S’en va

    Des voisins passent
    Presque hilares
    Suis seul à ne pas rire ?

    En bon anarchiste propriétaire
    Je me demande
    Si je ne devrais pas appeler le 17

    J’ai une réunion dans 15 minutes
    Pour définir une stratégie de sauvegarde
    Des items obsolètes d’une application

    J’ai le temps non ?
    J’appelle
    Vous avez demandé la police

    Je décris la situation
    D’une façon très claire
    Qui me surprend moi-même

    Je suis mis en relation
    Avec un gardien de la paix
    Quand on y pense

    Le gardien de la paix
    Me géolocalise et d’après mes coordonnées
    Décrit la dame et son mari, apparemment connus

    Je demande si c’est une blague
    Non, Monsieur et il me complimente
    Sur mon sens civique. S’il savait…

    J’arrive juste à temps pour la réunion
    « Philippe, quelles sont tes préconisations
    De Maîtrise d’Ouvrage ? » me demande-t-on

    De retour en open space
    Les sillons du Désordre
    Poursuivent leur course infinie

    La voix de Jack Kerouac
    Se mélange avec le bruit
    De ma vaisselle et …

    Ma vaisselle, de la flute, Jean-Luc
    Bruits de café, un train siffle
    Et de nouveau les roaches de Kerouac

    Un éléphant barrit
    Michele et Dominique s’accordent
    On entend Marie Richeux puis …

    Une sirène dans le port de Portsmouth
    Un orchestre s’échauffe
    Marie s’interroge, Kerouac répond

    Up you go
    Little Smoke
    Up you go

    Un téléphone sonne
    Je reprends pied, c’est l’heure
    De l’exode hebdomadaire au temple

    J’ai quand même réussi à voler
    Une caisse de vin, deux cartouches
    D’encre, un DVD et des pignons de pin

    Je dépose Zoé au théâtre
    Je fais des pâtes
    Pour Emile et moi

    On file au multiplexe
    Souhait d’Emile
    Comportements invraisemblables

    Les seuls au monde
    Prennent le pouvoir
    Émile se tient, lui, à carreau

    Je me demande
    Si Charlotte Gainsbourg
    N’est pas la plus pitoyable des actrices

    Même boire un verre d’eau
    Naturellement semble
    Au-delà de ses compétences

    En sortant nous tombons nez-à-nez
    Avec un pauvre mendiant dans le froid
    Sur son visage, je jurerais lire la mort

    Il me demande d’appeler les secours
    Je donne deux euros à Émile
    Va chercher un café pour le monsieur

    Je compose le 115
    Par habitude, pendant l’attente
    Je questionne le monsieur

    Vous savez, ils vont me demander
    De vous passer le téléphone
    Ça va prendre du temps

    Le monsieur ne parle pas bien français
    Il s’appelle Stephano, Phil, je lui réponds
    On se serre la main, présentations faites

    Emile revient avec le café
    En faisant attention
    De ne pas en renverser

    Tiens Emile, prends la clef de la voiture
    Il y a une grosse couverture
    Dans le coffre, tu la prends et tu refermes

    Messages d’attente interminables
    Je m’excuse auprès de Stephano
    Il sait, il me remercie

    Passent devant nous les amateurs de cinéma
    C’est bien ce que vous faites monsieur
    Me disent des jeunes qui sortent d’une comédie

    Je leur mendie une cigarette
    Ils me donnent ce qui leur reste de paquet
    Stephano est ravi

    Émile revient avec la couverture
    Du coup c’est presque une chaîne
    Qui s’organise, on donne du popcorn

    Le 155
    Comme le Manitoba
    Ne répond pas

    Le 155
    Comme le Manitoba
    Ne répond toujours pas

    Le 155
    Comme le Manitoba
    Promet mais ne répond pas

    Émile et moi sommes gelés
    Mais on ne voudrait pas se plaindre
    Emile retourne à la voiture

    Le 115
    Comme le Manitoba
    Ne répond pas

    Le 115
    Comme le Manitoba
    Ne répond toujours pas

    Le 115
    Comme le Manitoba
    Promet mais ne répond pas

    Je retourne voir Émile
    Émile, tu sais je crois
    Qu’on va héberge Stephano

    Le 115
    Comme le Manitoba
    Ne répond pas

    Le 115
    Comme le Manitoba
    Ne répond toujours pas

    Le 155
    Comme le Manitoba
    Promet mais ne répond pas

    Je retourne voir Stephano
    Qui est en train de plier ses gaules
    Stephano, ils ne répondent pas

    Je retourne voir Stephano
    Qui est en train de plier ses gaules
    Venez, vous allez dormir à la maison

    Tête de Stephano
    Qui prend peur
    C’est chauffé chez moi

    Tête de Stephano
    Qui prend peur
    Je ne vous veux aucun mal

    Stephano m’explique
    Qu’ici c’est un peu chez lui
    Et que chez moi c’est trop loin

    Mais si vous voulez demain matin
    Je vous raccompagne
    Chez vous allais-je dire

    Il me remercie
    Prend ma main
    Et la baise

    Je m’accroupis
    Il voudrait m’étreindre
    J’accepte volontiers

    Vous êtes sûr
    Dormir au moins cette nuit
    Dans une maison chauffée ?

    C’est apparemment l’heure
    Du rassemblement
    Des compagnons viennent le chercher

    Je comprends
    Que c’est le moment
    De lui foutre la paix

    Une dernière poignée de main
    Une dernière étreinte (décidément)
    Et je retrouve Émile

    Dans le rétroviseur
    Je regarde Stephano s’éloigner
    Enveloppé dans notre couverture

    C’était une très bonne couverture
    Cela fait une douzaine d’années
    Que cette couverture est dans le coffre

    Je me suis souvent servi
    De cette couverture pour la sieste
    En Auvergne

    Quand les enfants étaient petits
    Je les recouvrais entièrement avec
    Pour les voyages nocturnes hivernaux

    Avant cela cette couverture
    M’a longtemps servi de couvre-lit
    A Portsmouth

    Avant cela elle faisait
    Le couvre-lit
    Avenue Daumesnil

    Avant cela elle servait
    A recouvrir un vieux canapé
    Récupéré avec Cynthia

    Désormais
    C’est la couverture
    De Stephano

    J’explique à Émile
    Que Stephano a préféré
    Rester avec ses amis

    Émile :
    « Il doit avoir ses repères
    Avec nous il n’a plus ses repères »

    Émile
    Des
    Fois

    Émile
    C’est toi qui as raison
    Bien sûr

    Nous conduisons
    Silencieusement
    Je suis tellement fier

    Les pouvoirs d’Émile
    Sont invisibles
    Mais ils sont immenses

    En rentrant
    Je trouve le courriel
    D’Hélène : Hamish Fulton !

    Morts hérisson renard, écureuil fouine
    Rat oiseau souris chauve-souris
    Serpent papillon grenouille libellule

    Souris hérisson oiseau souris oiseau
    Chauve-souris écureuil renard serpent
    Hérisson oiseau fouine souris oiseau

    Serpent souris hérisson oiseau
    Papillon grenouille souris
    Libellule oiseau hérisson

    Zones blanches
    Je préférais
    Perdre le Nord

    Gardons l’idée
    De déplacements
    Et ne perdons pas le Nord

    Hâte-toi lentement
    Ne pas foncer sur la première idée
    Hamish Fulton, tout de même

    #mon_oiseau_bleu

  • Une omelette aux œufs d’autruche
    Du Vosne-Romanet hors d’âge
    Un riz à l’impératrice

    On rêve de drôles
    De choses
    Quand on est au régime

    Les matins qui font suite
    À ceux dont je n’ai pas retenu les rêves
    Sont des matins anxieux : vais-je rêver ?

    C’est la fin de l’été
    Je me lève
    Avant le jour

    Il me semble
    Que tout redevient industrieux
    Dans la ville, même les matins

    Je joue sur deux tableaux ce matin
    Les Anguilles les mains mouillées
    Et Mon Oiseau bleu

    Le matin, de bon matin
    J’écoute du free jazz
    Ça fait sourire ma voisine

    Ma voisine me connait
    Sûrement très bien, à la fois
    L’ours et le père de famille nombreuse

    On me relance, je dois suivre la formation
    De sensibilisation au blanchiment d’argent
    Soudain, je me cabre et refuse (à suivre)

    Réforme du code du travail :
    Macron gagne
    La première manche

    Orban veut faire payer
    Par Bruxelles
    La moitié de sa clôture anti-migrants

    Kenya :
    La Cour suprême annule
    L’élection présidentielle

    Cela faisait deux mois presque
    Que je n’étais plus retourné
    Dans mon temple de consommation

    Ce soir j’ai rendez-vous
    Avec un vieil ami
    Solaris d’Andreï Tarkosvki

    L’orage gronde
    Laisse espérer
    Une économie d’eau

    Mais, non, cet orage
    Est un orage de plaine
    De ville, à peine s’il crache

    https://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=8c535114-2a8d-40f0-a338-37aa1424cd02

    Marie Richeux
    S’entretient
    Avec Mathieu Pernot

     ? Vous devriez analyser le sang de votre femme
     ? Pour quelle raison ?
     ? Cela vous dégriserait !

    Je me souvenais tellement bien
    De l’autoroute de Tokyo
    Moins de son passage en couleurs

    Je me souvenais parfaitement
    Des guirlandes accrochées aux ventilateurs
    Pour produire le bruit du vent

    Je me souvenais des chambres
    De celle du suicidé, de son désordre
    Et de sa très grande beauté, une installation

    Je me souvenais que le second
    Et l’avant-dernier plan
    Etaient la même image

    Je me souvenais de l’image
    Du cheval, je me souvins l’avoir évoquée
    Avec Sandy sur l’Île de Wight

    Je me souvenais des blousons
    En cuir des cosmonautes
    Et même de leur slip

    Je me souvenais des couloirs
    En désordre qui ressemblaient
    À une salle informatique en travaux

    Mais je n’avais plus aucun
    Souvenir du visage
    De Natalia Bondartchouk

    Je ne me souvenais
    Pas du petit film-souvenir
    Que Chris emporte avec lui

    Je me souvenais des trucages
    Et des effets spéciaux avec
    De la ficelle, mais pas à quel point !

    Et je ne me souvenais plus du tout
    Des mouvements des personnages
    Disparaissant à cour pour reparaître à jardin

    Mais la guirlande-peuplier
    C’était presque la raison
    De revoir Solaris de Tarkovski

    Dans la salle
    Un public cinéphile
    Silencieux, ébahi

    Il y a des années j’ai rêvé
    D’être parmi ce public
    Je voyais Solaris à Chicago

    #mon_oiseau_bleu

  • https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent/mathieu-pernot

    Très remarquable entretien de Mathieu Pernot par Marie Richeux (nouvelle émission, Par Les Temps qui courent , qui, à mon sens est bien meilleure que Les Nouvelles Vagues ), vous le recommande absolument. Sans parler pour celles et ceux qui sont près de l’une des plus belles villes du Monde, Arles, de l’exposition de Mathieu Pernot aux ateliers de peinture, une très très belle exposition, sans doute une des plus belles des Rencontres cette année.

  • http://www.inculte.fr/catalogue/une-fuite-en-egypte

    J – 62 : J’y suis. Une fuite en Egypte sort aujourd’hui en librairie. Chez Inculte . La classe. Je marche cinq centimètres au-dessus du sol. Le roi n’est pas mon cousin. Je suis sur le nuage numéro neuf.

    Du coup je tente de mettre les petits plats dans les grands. Les petites iframes dans les grands frames .

    Vous ne pensiez tout de même pas que je ne faisais plus rien dans le garage ces derniers temps ? quand même ? si ?

    Dans la page de garde d’ Une fuite en Egypte , il y a la mention d’une URL (http://www.desordre.net/egypte/index.htm ) qui donne accès à toutes sortes de ressources relatives au récit, des extraits, des échanges de mail avec mon éditeur pour, notamment, la construction de la quatrième de couverture, sans parler de la couverture en elle-même, tous les morceaux de musique mentionnés dans le récit et Dieu sait si je ne peux jamais me retenir de dire quel est le disque que le narrateur écoute au moment où se déroule le récit, pareil avec toutes sortes d’œuvres, Cy Twombly, Lucian Freud, Weegee, etc… bref, les coulisses. Ne pas le faire cela aurait été se désavouer. Plus tard, dans un an ou deux, peut-être que je penserai à une version hypertexte de ce récit.

    Mais ce n’est pas tout ce que j’ai fait dans le site pendant tout ce temps.

    Il y a trois ans j’ai tenté de donner une nouvelle forme au Désordre , ce n’est pas un succès, mais ce n’est pas entièrement raté non plus. C’est la forme Ursula (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/index.htm). En 2014 j’ai accumulé tout ce que je pouvais accumuler de textes, de sons d’images fixes et d’images en mouvement, et tout un tas d’autres petites constructions, notamment en html, que j’ai réunies dans une manière de bouquet, plus exactement de collection de coquillages d’Ursula (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/bouquets/index.htm). Parmi ces coquillages, il y avait le Jour des innocents ( file :///L :/phil/sites/desordre/bloc/ursula/2014/cinquantaine/index.htm ) , le récit de cinquante souvenirs de faits historiques, pas tous importants d’ailleurs, s’étant produit pendant les cinquante dernières années, et cela vu à ma hauteur au moment des faits, autant dire à hauteur d’enfant pendant les années 60, à hauteur d’adolescent pour ce qui est des années septante, de jeune homme pour ce qui est des années 80, de jeune adulte pour les années nonante, d’adulte pour les années 2000 et d’homme vieillissant pour les années 10 de notre ère. En 2015, j’ai tenté de tenir le journal de l’année en utilisant toujours cette séparation des contenus selon leur nature, chaque jour donnait lieu à une page qui contenait un triptyque photographique, un texte, un extrait sonore, un extrait vidéo, quelques images, un lien vers une page antérieure du site, tout cela sous la forme de blocs déplaçables à l’intérieur de la page pour faciliter, ou pas, la lecture et renforcer, ou pas, le plaisir du lecteur : Février (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/index.htm). Début 2016, j’ai bricolé un récit en hommage à Pierre Boulez dont la disparition m’a beaucoup ému, de façon plus ou moins compréhensible, il s’agissait d’un récit à la manière de ceux produits par les invités de Marie Richeux pour la séquence Au Singulier de son émission les Nouvelles vagues sur France Culture, émission à laquelle j’avais été moi-même invité à participer ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/accessoires/artistes/nouvelles_vagues/index.htm ), Pierre Boulez et le bricolage ( http://www.desordre.net/bloc/ursula/2016/boulez.htm ) . Surtout pendant toute l’année 2016 j’ai construit, pour mieux le déconstruire sans doute, mon propre récit de la nuit du 13 novembre 2015, au cours de laquelle mon amie Laurence et moi sommes passés tout près de la catastrophe, il s’agit d’ Arthrose (spaghetti) (http://www.desordre.net/bloc/ursula/arthrose/index.htm), un récit très hypertextuel pour tenter de retrouver toutes les radicelles qui conduisent à ce qui aurait pu être la fin de nos existences. Et puis, dernière tentative reprenant cette forme inventée en collaboration avec Pierre Hanau dans le cadre éducatif des stages de formation à l’école du doc de Lussas, la forme Ursula (http://www.desordre.net/invites/lussas/2010/journal/index.htm) , une manière de journal que je tiens en ligne depuis la fin du mois d’août l’été dernier, depuis que j’ai pris la décision ferme et définitive de vouloir tout ignorer de la catastrophe électorale en cours, Qui ça ? (http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/index.htm)

    Remarquant que tous ces projets contenaient en eux une sorte de dimension supérieure au Désordre , que le site tel qu’il avait existé jusqu’à maintenant était une sorte de toile de fond, j’ai fini par admettre que c’était désormais la nouvelle direction du Désordre , vos ascenseurs ont intérêt à ne pas tomber en panne. La page d’accueil du Désordre est désormais un tirage au sort entre ces différents projets que l’on peut par ailleurs visiter à l’intérieur même de chaque projet, on peut, par exemple, lire Arthrose à l’intérieur de Qui ça ? et inversement, tout en continuant de visiter le Désordre , mais je ne sais pas si je dois recommander une telle lecture. Vous verrez.

    Si, après de tels efforts je ne parviens pas à semer les derniers visiteurs du Désordre c’est à désespérer de tout.

    Et sinon, vous avez Une Fuite en Egypte qui reprend un mode de navigation et de lecture qui a fait ses preuves, je crois que l’on appelle cela un livre.

    #qui_ca #shameless_autopromo
    #une_fuite_en_egypte

  • « La #politique je n’y connais rien » : Pourquoi la #compétence politique n’existe pas – FRUSTRATION
    http://www.frustrationlarevue.fr/?p=968

    « Moi je n’y connais pas grand-chose en politique ». Qui n’a pas déjà entendu cette réaction de la part de parents, d’amis, de collègues, lorsqu’une discussion sur les grands problèmes du pays ou du monde est lancée ? Beaucoup de gens se censurent et s’estiment trop incompétents pour avoir un avis sur notre #système économique, nos institutions, nos lois en général. Si l’on côtoie des gens diplômés ou des militants politiques, on entend également ce genre de constat mais pour les autres cette fois-ci : « les gens ne sont pas compétents » pour décider sur telle ou telle question, et il ne faudrait pas multiplier les référendums car non seulement nos concitoyens ne comprendraient pas toujours les enjeux mais en plus ils risqueraient d’y exprimer leurs plus bas instincts.

    Il faut dire que nous sommes tous élevés avec l’idée que la politique est une affaire de grands esprits et que le peuple se trompe souvent. Notre classe politique nous le rappelle régulièrement : encore dernièrement, lorsque les citoyens britanniques ont voté pour la sortie de l’Union européenne (le brexit), une grande partie du personnel politique et des #éditorialistes français s’est récriée d’une même voix : il ne fallait pas leur demander c’était bien trop sérieux ! Alain Minc, conseiller du pouvoir français depuis des décennies, a exprimé franchement le préjugé : « le Brexit, c’est la victoire des gens peu formés sur les gens éduqués ». Cette croyance en la #supériorité de quelques-uns sur la masse est un argument massue pour notre #élite, qui peut faire passer en force de nombreuses lois contre l’opinion de la majorité des gens sous prétexte que ceux-ci n’y connaîtraient rien et ne seraient pas aptes à penser le long terme. À Frustration, nous défendons depuis notre premier numéro l’idée que nous sommes tous à égalité face à la politique et que « les gens éduqués » ne sont en rien supérieurs aux « gens peu formés » pour prendre les décisions. Pour que ceux qui se sentent incompétents arrêtent de se censurer et qu’on cesse de suivre aveuglément les « gens cultivés » de tout bord, nous montrons ici que la compétence politique, ça n’existe pas.

    #hiérarchie

  • Grande traversée : Sur les routes de l’exil : podcast et réécoute sur France Culture. Marie Richeux .
    Retour sur dix heures d’émissions consacrées à la « crise des migrants ».

    Les récits et images de personnes quittant leur pays sur des embarcations précaires ayant été pour beaucoup le début d’une prise de conscience, les émissions que nous réécoutons ce jour évoquent ces périlleuses - voire meurtrières - traversées.


    http://www.franceculture.fr/emissions/grande-traversee-sur-les-routes-de-l-exil ( en savoir plus)
    #migration #émigration #immigration #exil #crise_migratoire #migrant #Europe #intégration #géopolitique #parole_de_migrants #Mer

  • Décès de la photographe franco-marocaine Leïla Alaoui après l’attaque au Burkina
    http://information.tv5monde.com/terriennes/deces-de-la-photographe-franco-marocaine-leila-alaoui-apres-l-

    Blessée par balles dans l’attaque terroriste à Ougadougou, Leïla Alaoui est décédée lundi 18 janvier au Burkina Faso. Au Maroc, en France ou encore au Liban, le travail de cette photographe et vidéaste franco-marocaine engagée était très remarqué. Portrait. Source : Terriennes

  • http://gaite-lyrique.net/sites/default/files/styles/slider/public/armegood.jpg?itok=e3la-niJ

    http://www.franceculture.fr/emission-les-nouvelles-vagues-des-armes-35-du-bruit-et-de-la-fureur-20

    @syntone @intempestive Ben faut pas faire sa timide : drôlement bien cet entretien avec Marie Richeux pour les Nouvelles vagues sur France Culture (juste pour faire la fine bouche, le haka n’est pas une manoeuvre d’intimidation des rugbymen australiens, mais néo-zélandais, mais on comprend quand même ce qui est dit)

  • Grâce à @mona Chollet

    j’ai écouté la première émission de la série "les nouveaux territoires de la carte" proposé cette semaine sur France culture (du 5 au 9 octobre)

    http://www.franceculture.fr/emission-les-nouvelles-vagues-des-cartes-15-cartes-sensibles-2015-10-0

    Marie Richeux lit en introduction de cette première émission l’extrait d’un livre. La citation est très intéressante en ce qu’elle compare et associe l’auteur d’un livre et l’auteur d’une carte (le statut d’auteur du cartographe n’étant pas quelque chose qui va de soit) , et revient avec une belle évocation sur ce dialogue entre l’imaginaire et le réel dont je parle souvent en atelier (« ... l’artifice et le naturel s’alimentent l’un l’autre, s’interpénètrent, se confondent ... ») :

    « La cartographie transmue en texte et en image une lecture du monde qui jamais n’est univoque. Le cartographe n’est pas une instance anonyme, hors du monde, comme on l’estime tacitement quand il invente une carte : il est un auteur, un artisan, parfois un artiste qui modélise une vision rêvée de l’environnement humain, une manière d’alchimiste qui couvre de dorures les territoires inconnus. Il livre une œuvre au même titre que l’écrivain. Apparemment, il se fixe l’objectif de couler le monde dans son produit : il vise à le transposer tel quel, selon un référant naturel, alors que l’écrivain, comme tout artiste élaborant une représentation imaginative, le transfigure. Mais en vérité, le cartographe enclenche une dynamique globale ou l’artifice et le naturel s’alimentent l’un l’autre, s’interpénètrent, se confondent quelquefois, tout en prétendant reproduire un modèle supposé — le réel objectif — que la vision géographique sublime. Il crée un territoire »

    Bertrand Westphal, Le Monde plausible. Espace, lieu, carte , éditions de minuit, 2011

    Cette première session était consacrée à Emmanuel Ruben qui revient sur on expérience de "géographe/écrivain/dessinateur" et qui parle de deux de ses livres.

    http://www.franceculture.fr/oeuvre-jerusalem-terrestre-de-emmanuel-ruben

    et cet autre ouvrage au titre légèrement énigmatique : "Dans les ruines de la carte"

    http://www.franceculture.fr/oeuvre-dans-les-ruines-de-la-carte-de-emmanuel-ruben

    Titre qui fait sans aucun doute référence au célèbre texte de Borges et qui est cité par le géographe cartographe Gilles Palsky dans cet article mémorable :

    Borges, Carrol et la carte au 1/1
    https://cybergeo.revues.org/5233

    DE LA RIGUEUR DE LA SCIENCE

    En cet empire, l´Art de la Cartographie fut poussé à une telle Perfection que la Carte d´une seule Province occupait toute une ville et la Carte de l´Empire toute une Province. Avec le temps, ces Cartes Démesurées cessèrent de donner satisfaction et les Collèges de Cartographes levèrent une Carte de l´Empire, qui avait le Format de l´Empire et qui coïncidait avec lui, point par point. Moins passionnées pour l´Etude de la Cartographie, les Générations Suivantes réfléchirent que cette Carte Dilatée était inutile et, non sans impiété, elle l´abandonnèrent à l´Inclémence du Soleil et des Hivers. Dans les Déserts de l´Ouest, subsistent des Ruines très abimées de la Carte. Des Animaux et des Mendiants les habitent. Dans tout le Pays, il n´y a plus d´autre trace des Disciplines Géographiques. (Suarez Miranda, Viajes de Varones Prudentes, Livre IV, Chapitre XIV, Lérida, 1658.)

    .

    L’entretien avec Emmanuel Ruben est passionnant. Vous n’êtes plus "sur la carte", mais avec lui, vous rentrez dans la carte et dans un univers qui est à la fois de l’art, de la poésie, de l’imaginaire et un tout petit peu de géographie

    #imaginaire #géographie #cartographie #borges #bertrand_westphal #perception #réalité #cartoexperiment

  • L’intérieur (1/5) : Vivre, écrire, penser, travailler... chez soi -Les Nouvelles vagues - par Marie Richeux - France Culture
    http://www.franceculture.fr/emission-les-nouvelles-vagues-l%E2%80%99interieur-15-vivre-ecrire-pens

    Aujourd’hui, l’espace est intime, domestique et politique. Nous sommes avec Mona Chollet , essayiste et journaliste au Monde Diplomatique. Elle publie Chez soi, une odyssée de l’espace domestique (Zones, 2015). Les nouveaux modèles de travail, les enjeux contemporains du logement, l’emprise du numérique sur l’intimité, la suspicion envers les « casaniers » sont au centre de ses réflexions.

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/index.htm

    Du 60 au 90 février, j’ai vu des tas et des tas de belles et petites choses, j’ai été en colère contre Yasmine Youssi en défense d’Eric Rondepierre, je m’étonnerais toujours, j’ai découvert Here de Richard Mac Guire, je me suis bricolé une journée-type pour les jours sans, J’ai emmené les enfants à un mur d’escalade, j’ai lu le Tort du soldat d’Erri de Luca, j’ai fêté les 75 ans de ma mère, j’ai fini de lire une Jeunesse américaine d’Annie Dillard, que j’ai beaucoup aimé, aussi pour ce que cela me disait de l’amie qui me l’avait offert, @mona, je me suis remis en colère en écoutant une petit chronique de rien du tout sur France Culture , du coup je me suis bricolé un petit programme pour les mettre en grève, même quand ils n’y sont pas, je me suis rendu compte que j’inventais absolument tout ce que j’écrivais dans Février , et cela m’a beaucoup plu, j’ai photographié @mona, le portrait officiel pour le livre à venir, je suis hyper fier, je me suis réveillé avec la Lune, un matin, j’ai traité des sujets au boulot, je suis allé à Autun, j’y ai moulé un nouvel aileron de requin et j’ai joué avec dans le jardin et dans les ateliers d’Isa et Martin, je suis tombé malade comme un chien à Autun, mais cela n’a pas gâché mon week-end au contraire presque, j’ai pouffé de rire dans la salle d’attente du Centre Médico Psychologique dans lequel j’emmène Adèle une fois toutes les deux semaines, j’ai envoyé une cinquantaine de collages photographiques à @l_l_de_mars, pour qu’il les accueille dans le Terrier , j’ai eu une chouette discussion avec Madeleine dans la voiture, j’ai rêvé que j’interviewais Marie Richeux pour la sortie de son dernier livre, Achille , j’ai passé des radios de mes genoux et les nouvelles ne sont pas bonnes, il va sans doute falloir opérer, je me suis fait l’habituelle réflexion que si j’étais un homme de Cromagnon il y a longtemps que je serais mort, suis nettement moins solide que l’on ne croit, j’ai enregistré un rêve de Madeleine, je suis retourné sur le chemin de la piscine, j’ai voté, j’ai répondu à la question à quoi tu penses ? , et décidé d’y rejouer, j’ai lu Eric Chevillard au réveil, je n’ai pas répondu à une invitation à venir rejoindre une personne de ma connaissance dans le club de rencontres où elle venait de s’inscrire, je suis allé voir le dernier film de Quentin Dupieux, Réalité , ce qui a lavé mon humeur d’écran noir, ce jour-là, je me suis inventé une invraisemblable histoire sentimentale avec la voisine de Julien, j’ai eu une discussion extraordinaire avec Nathan, un peu dans le goût de celles que j’avais, adolescent, avec mon père, je suis allé voir les Enfants-phares de Loran Chourrau et Erik Damiano et j’ai brièvement échangé avec deux mères admirables, j’ai retrouvé le brouillon de mon grand article sur l’autisme que mon ami @fil m’avait commandé pour @mdiplo et que je n’ai jamais réussi à terminer. Bref j’ai bouclé mon journal de Février , avec une ponctualité qui me stupéfie, le 90 février à minuit, sharp .

    #shameless_autopromo

    • « Radio France : une émission pour expliquer la grève »
      http://www.telerama.fr/radio/radio-france-une-emission-pour-expliquer-la-greve,124693.php

      Alors que les salariés de Radio France sont en grève pour le douzième jour consécutif, le principe d’une émission transchaînes a été lancé par la toute jeune SPARF (Société des producteurs et associés de Radio France, qui regroupe les cachetiers des stations du groupe). Préparée et réalisée bénévolement par des personnels grévistes, cette heure devrait être animée par Mathieu Vidard (La tête au carré sur Inter), Marie Richeux (Les nouvelles vagues sur Culture) et Alex Dutilh (Open jazz sur Musique). La direction n’ayant pas autorisé une diffusion à l’antenne, ce lundi 30 mars, l’émission sera proposée à 19h sur Internet, avec un accès via les réseaux sociaux. « Pas question de tirer la couverture à nous », assure la SPARF. Qui proposera, à l’écoute, un édito de Philippe Meyer, des sons et reportages sur les assemblées générales des derniers jours, des extraits des concerts donnés par l’Orchestre National de Radio France dans le hall de la Maison ronde, et des interventions de sociologues et artistes autour de la notion de radio de service public.

    • Le coefficient d’utilisation du triangle

      Auditeurs sachant auditer, la sagesse populaire pense que le mieux est l’ennemi du bien ; nous l’allons montrer tout à l’heure par une parabole sur les excès de zèle à quoi peuvent conduire les chocs de productivité et de simplification. Le président d’une entreprise mécène d’un orchestre symphonique, ayant reçu une paire d’invitations pour un concert de cette formation au programme duquel figuraient la Symphonie inachevée de Schubert et le concerto pour piano de Grieg se trouva empêché de s’y rendre lui-même. Il fit profiter de ses places le directeur des ressources humaines de sa société qui n’avait jamais eu l’occasion d’assister à un concert.

      Le lendemain, ce DRH lui fit parvenir la note suivante :

      L’orchestre que nous soutenons financièrement pourrait être utilement réorganisé. J’ai observé que les quatre joueurs de hautbois demeurent #inactifs pendant de longues périodes. Il conviendrait de réduire leur nombre et de répartir leurs interventions sur l’ensemble de la symphonie, de manière à réduire les pics d’inactivité. Les douze premiers violons jouent à l’unisson. Pour éviter cette duplication, tout en continuant à produire un volume sonore élevé, il conviendrait de procéder à une réduction des effectifs de ce pupitre et de recourir à des moyens d’amplification aujourd’hui très performants.

      Le coefficient d’utilisation du triangle est extrêmement faible. On aurait intérêt à utiliser plus largement cet instrument et même à en prévoir plusieurs. Son prix d’achat étant bas et sa fiabilité excellente, l’investissement serait hautement rentable.

      Dans le concerto pour piano, l’utilisation d’un piano droit permettrait une utilisation plus rationnelle de l’aire de stockage du magasin de rangement. Dans les deux œuvres qui ont été données, l’orchestre consacre une énergie considérable à la production de triples croches. C’est un raffinement que l’on pouvait se permettre à une époque de forte croissance, mais, dans une période d’#austérité comme celle que nous traversons, en arrondissant à la double croche la plus proche, il serait possible d’employer des musiciens moins qualifiés et d’alléger ainsi le budget général des concerts.

      La répétition par les cors de nombreux passages déjà exécutés par les cordes ne présente pas d’#utilité véritable. J’ai calculé que si tous les passages redondants de ce type étaient éliminés, il serait possible de réduire la durée du concert de deux heures à vingt minutes, ce qui réduirait massivement les frais généraux. En appliquant de façon concomitante ces recommandations, il serait possible de réaliser un gain en effectif de 90%, soit sur les 82 personnes participant à cette manifestation de n’en conserver que 8,2. On voit par là que s’il avait eu quelques notions de #gestion, Schubert aurait certainement réussi à achever sa symphonie.

      Un texte déjà cité en par Éve Chiapello en 1997, en exergue d’un article sur l’organisation du travail artistique http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1997_num_15_86_3113
      repris par Podalydes en 2003, puis par Meyer ces temps ci.

  • Une semaine sur les #communs
    Les Nouvelles vagues, par Marie Richeux

    Toute cette semaine, nous parlons du commun.

    Aujourd’hui, nous sommes avec le philosophe #Pierre_Dardot, auteur avec Christian Laval de Commun, Essai sur la révolution au XXIème siècle (La Découverte, 2014) . Dans cet essai, les deux auteurs tentent de refonder le concept de commun pour en faire un principe réel d’action permettant de « sortir du capitalisme ».

    http://rf.proxycast.org/997994207819866112/13954-23.02.2015-ITEMA_20726501-0.mp3

    http://www.franceculture.fr/emission-les-nouvelles-vagues-le-commun-15-le-commun-comme-principe-re

    #biens_communs #biens_privés #biens_publics
    @hlc @romaine

  • Il faut se méfier de Marie Richeux. Elle a cette façon bien à elle de vous demander de lui raconter ceci ou cela et ce sont vraiment des histoires que vous finissez par lui raconter, jusqu’à cette petite amie allemande rencontrée, adolescents, dans les Cévennes, il y a bien plus de trente ans, Ursula.

    C’est la séquence Au singulier ( http://www.franceculture.fr/emission-au-singulier ) de l’émission des Nouvelles vagues ( http://www.franceculture.fr/emission-au-singulier ) de Marie Richeux sur France Culture , cela dure cinq minutes, ce sont les moments singuliers de basculement d’une existence , il faut n’en choisir que cinq, pour moi, ce sera toute cette semaine aux alentours de 16H45. Cela n’a pas été facile d’en choisir cinq, quand j’aurais pu en raconter cinquante. De quoi le reste de l’émission, qui démarre à 16 heures, sera fait, je ne suis pas dans le secret divin pour vous le dire. Un thème sera décliné toute la semaine, mais je ne sais pas encore lequel.

    Et donc le premier épisode : http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4988103 #photographie #robert_heinecken

    Second épisode : http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4988413 #cinema #documentaire #orson_wells

    Troisième épisode
    http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4988423 #autoroutes_de_l_information #don_foresta
    #shameless_autopromo

    Quatrième épisode
    http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4988749
    #zalmen_gradowski #auschwitz

    Cinquième épisde
    http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4988759
    #diego_velazquez

  • Le racisme en ligne est-il un racisme comme les autres ?
    http://www.internetactu.net/2014/03/24/le-racisme-en-ligne-est-il-un-racisme-comme-les-autres

    Il y a quelques jours, Romain Becdelièvre, collaborateur de Marie Richeux dans l’émission Pas la peine de crier est entré dans mon bureau en trombe “j’ai une histoire dingue à te raconter”. Et en effet, son histoire est assez dingue. Un copain à lui joue à DayZ (Wikipédia). DayZ c’est un jeu en ligne très populaire où il s’agit en…

    #culture #humanités_numériques #jeunes #jeux #psychologie #réseaux_sociaux

  • Le racisme en ligne est-il un racisme comme les autres ?
    http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-sur-la-toile-le-racisme-en-ligne-est-il-un

    Dates/Horaires de Diffusion : 


    21 Mars, 2014 - 08:45 - 08:50



    Il y a quelques jours, Romain Becdelièvre, collaborateur de Marie Richeux dans l’émission “ Pas la peine de crier ” est entré dans mon bureau en trombe “ j’ai une histoire dingue à te raconter ”. Et en effet son histoire est assez dingue. Un copain à lui joue à DayZ. DayZ c’est un jeu en ligne très populaire où il s’agi […]