person:marine turchi

  • La plupart des policiers violents étaient des sympathisants d’extrême-droite (Franck Juin, Blog Mediapart, 24.05.19)
    https://blogs.mediapart.fr/franck-juin/blog/240519/la-plupart-des-policiers-violents-etaient-des-sympathisants-d-extrem

    Sur les 240 enquêtes ouvertes par l’#IGPN pour des #violences de la part de fonctionnaires de #police, la grande majorité d’entre elles concerneraient des sympathisants d’#extrême-droite.

    Information non-sourcée (si quelqu’un trouve une source ?), mais qui n’aurait rien de surprenant dans la mesure où :

    Forces de l’ordre liées à l’ultra-droite violente : la DGSI s’inquiète (Matthieu Suc & Marine Turchi, Mediapart, 09.04.18)
    https://www.mediapart.fr/journal/france/090418/forces-de-l-ordre-liees-l-ultra-droite-violente-la-dgsi-s-inquiete

    Les services de renseignement s’inquiètent de la proportion grandissante de membres des forces de sécurité ayant rejoint des groupuscules d’#autodéfense. Parmi les « objectifs de la #DGSI » suivis pour leurs liens avec « l’extrême droite violente », on recense une cinquantaine de policiers, gendarmes et militaires. Les autorités de tutelle ont été alertées à l’automne dernier.

  • Pitié-Salpêtrière : le collectif des 34 interpellés livre sa version
    4 mai 2019 Par Marine Turchi - Mediapart

    Réunis dans un collectif baptisé « des 34 de la Pitié », une partie des interpellé·e·s de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière a livré samedi sa version des faits des événements du 1er Mai, lors d’une conférence de presse. Ils disent avoir été victimes d’« abus de pouvoir » et de « violences psychologiques » lors de leur trente heures de garde à vue.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/040519/pitie-salpetriere-le-collectif-des-34-interpelles-livre-sa-version

    (...) Arrivé au dépôt du Quai des Orfèvres, leurs feuilles d’interpellations leur ont été distribuées avec différents motifs : « intrusion », couplé pour certains à « rassemblement en vue de violences » ou « violences » ou « dégradations ». « Tout le monde était choqué, nous ne comprenions pas d’où sortaient ces accusations », assure le collectif.

    Ils affirment que certains ont « subi des violences dès l’arrivée » : « fouilles abusives en public, port des menottes injustifié, dégradation des biens personnels ». Ils ont ensuite relaté les conditions difficiles de leurs « 28 à 30 heures » de garde à vue, émaillées selon eux d’« une pression morale violente et inadmissible ». « Trois femmes ont été isolées dans une cellule de dégrisement d’environ huit mètres carrés avec caméra pendant trente heures. D’autres étaient en cellules partagées mais ne disposaient que de deux matelas pour quatre, ou n’ont pas pu manger de repas avant le lendemain 13 heures. Certains ont eu leurs lunettes de vue retenues lors de la fouille et ont dû signer des papiers sans savoir à quoi ils s’engageaient. Ils nous ont mis dans des cellules surchauffées ou glaciales, à même le sol. Certains n’ont pas eu accès à leurs médicaments pendant la durée entière de la garde à vue, ont demandé un médecin qu’ils n’ont jamais eu », ont-ils énuméré.

    Ils dénoncent également des « violences psychologiques » : « Il s’agissait de nous faire croire tout et n’importe quoi quant à l’issue de notre garde à vue, entre une sortie au bout de deux heures et une défération au dépôt pour passer au tribunal de grande instance, qui peut se suivre d’une comparution immédiate. (...) Dans la nuit, de nouveaux chefs d’accusation sont apparus sur les feuilles d’interpellation de certains nous : bande armée et utilisation d’objets explosifs. Tout cela n’avait aucun sens. Nous n’avons pas tous pu voir nos avocats avant de réaliser nos dépositions. (...) Certains d’entre nous ont été appelés en pleine nuit pour leur déposition », affirment-ils. Pour certains, les questions étaient posées de façon à nous inculper, tandis que d’autres se faisaient amadouer pour témoigner. Certains se sont fait insulter et humilier lors de ces dépositions, étant menacés d’être renouvelés de garde à vue pour 24 heures et de finir au dépôt le vendredi soir. (...) Tout était mis en place pour nous forcer à témoigner malgré notre droit de garder le silence. »

    Ils estiment avoir été « victimes d’un engrenage politique dont [ils n’étaient] pas responsables », voyant leur garde à vue prolongée à 16 heures jeudi 2 mai, pour les besoins de l’enquête, dans un contexte de forte médiatisation. Ils ont finalement été libérés à partir de 20 h, « sous le choc » après « 30 heures d’incompréhension, d’injustice et de peur », soulignent-ils. (...)

    #Pitié-Salpêtrière

  • Révélations sur des « patriotes » qui projetaient des attentats islamophobes

    En France, 350 militants de l’ultradroite possèdent légalement, comme le terroriste de Christchurch, des armes à feu. Tenant des propos similaires à ceux de Brenton Tarrant, certains membres du site Réseau libre ont cherché à perpétrer des attentats visant la communauté musulmane. Emportés par leur haine, ces nostalgiques de l’OAS exprimaient aussi leur mépris à l’encontre… des victimes du 13-Novembre ou du colonel Beltrame.

    Au lendemain du deuxième anniversaire du massacre du 13-Novembre, Merlin (un pseudo) « persiste et signe » : « Je m’engage à buter tout ce qui peut être musulman, hommes, femmes, enfants. Et ce sans pitié et sans remords. » Au cours de l’été 2018, Glock 17 bat le rappel des troupes : « Nettoyez vos canons, graissez vos culasses, et tirez dans le tas ! »
    Mais, le 30 septembre 2018, Anonyme se languit toujours : « Vivement la première salve patriotique ! J’ai la détente qui me démange, je commence à avoir une crampe à l’index… » À l’approche du troisième anniversaire du 13-Novembre, Povbête regrette : « Si j’étais calé, j’irais bien faire sauter une petite mosquée, histoire de me remonter le moral et de faire comprendre à ces saloperies de muzz [abréviation de musulmans] qu’on ne veut pas d’eux. »
    Entre deux imprécations haineuses, ils s’échangent des conseils techniques, dissertent sur la meilleure façon de commettre ce qu’ils ne nomment jamais comme un attentat, préférant parler d’« insurrection anti-islamique brutale et spontanée ». Glock 17 préconise des « tirs à l’affût et [de] reprendre le cours des choses de la vie sans JAMAIS revendiquer et se vanter ». Zardoz propose de « buter l’ambassadeur du Qatar pour l’exemple » tandis que Bjorn milite pour des actions visant à « monter les communautés muzz les unes contre les autres en alternant les cibles. Jamais au même endroit avec, si possible, des modes opératoires différents. Le but est de distiller la peur chez les muzz. Et bon safari à tous ! »
    Ces échanges ont lieu sur le site reseaulibre.org, sabordé en novembre dernier et sur lequel Mediapart enquête depuis près d’un an. Au fil des discussions entre les quelque 800 membres actifs du site s’esquisse le tableau d’une communauté de suprémacistes blancs, obsédés par la peur de l’autre, n’attendant qu’une étincelle pour passer à l’acte et perpétrer leurs propres attentats islamophobes.
    Les thèses véhiculées par ce site sont celles qui ont inspiré le terroriste australien de Christchurch, qui a tué, le 15 mars, cinquante personnes dans deux mosquées, en Nouvelle-Zélande : la théorie du « grand remplacement » élaborée par l’essayiste d’extrême droite Renaud Camus, l’échec d’un Front national jugé trop modéré, l’attentat islamophobe prôné pour défendre la race blanche.
    Dans son manifeste, intitulé lui aussi « Le grand remplacement » et posté sur les réseaux sociaux une heure avant les attentats, Brenton Tarrant, le terroriste de Christchurch, justifiait sa volonté de s’en prendre à des musulmans et évoquait la France et son « invasion par les non-Blancs ». Le manifeste donne pour point de bascule de son auteur le fait que Marine Le Pen ne soit pas parvenue à s’opposer à Emmanuel Macron, le candidat du « mondialisme » lors de la dernière élection présidentielle.
    Selon nos informations, les services de renseignement estiment à 350 le nombre de membres de l’ultradroite qui, comme l’Australien Tarrant, possèdent légalement une ou plusieurs armes à feu. Parmi eux, 147 font l’objet d’une fiche sûreté de l’État, la fameuse fiche S. La DGSI s’inquiète de l’émergence au sein de la mouvance traditionnelle d’extrême droite radicale de groupuscules qualifiés de « populo-patriotes » réunissant des « guerriers de claviers », le plus souvent jusque-là inconnus des services et n’excluant plus de recourir à l’action violente. Comme l’expriment au quotidien les membres de Réseau libre.

    D’abord sous l’intitulé d’ EuroCalifat , puis de Réseau libre, l’autoproclamé « réseau des Patriotes » a vu le jour en réaction à la vague migratoire de l’été 2015. « L’invasion musulmane en Europe a débuté il y a quelques semaines », écrivent ses administrateurs le 10 septembre de cette année-là. Des administrateurs qui, d’emblée, annoncent la couleur : « Le combat ne sera pas virtuel, il sera dans la rue de vos villes et campagnes, dans vos maisons. Préparez-vous-y ! »
    Le serveur étant hébergé en Russie, aucune donnée de connexion ne peut être communiquée aux autorités françaises. Du moins « sans un ordre judiciaire d’un tribunal russe », comme s’en gargarisent les administrateurs. Pour achever le dispositif de sécurité, les membres ne peuvent communiquer entre eux que s’ils ont installé sur leurs ordinateurs un logiciel de cryptage des messages. L’anonymat de chacun ainsi préservé, la parole se lâche.
    L’islamophobie et le racisme s’y expriment sans filtre. On y parle de « crouilles », de « singes », de « bougnoules »… On s’assume membre de « la fachosphère ». Comme le terroriste australien de Christchurch, on idolâtre le Norvégien Anders Breivik qui a tué 77 personnes le 22 juillet 2011, d’abord en faisant exploser une bombe à Oslo puis en ouvrant le feu sur la petite île d’Utoya, où se tenait un camp de la jeunesse travailliste.
    « Tant qu’à aller en taule, il vaut mieux y aller pour une action à la Anders Breivik », assume Beretta. Un administrateur de Réseau libre prophétise à propos de la France : « Attention, un Breivik qui n’a plus rien à perdre pourrait surgir… » Ce qui provoque l’assentiment de Francky la Tabasse : « Oui, il était en avance sur son temps, il y en aura d’autres ! »
    Les concerts du rappeur Médine prévus au Bataclan à l’automne 2018 leur font voir rouge, comme l’a relevé à l’époque Le Journal du dimanche. « La Saint-Barthélemy [référence au massacre des protestants en 1572 – ndlr] se fêtera en 2018 les 19 et 20 octobre », pouvait-on lire sur la page d’accueil du site. « Il y a, c’est évident, des opérations prévues par divers groupes de patriotes, pour les concerts orduriers des 19 et 20 octobre au Bataclan. […] Pour info, nous pensons qu’aucune action “légale” ne pourra empêcher ces concerts. Réseau libre travaille donc sur un autre type d’action, sans s’inquiéter des probables dommages collatéraux, partant du principe que tous les spectateurs sont des ordures… », écrit l’un des administrateurs le 8 septembre.
    Un membre se porte volontaire « pour abattre cette ordure de Médine », un autre plaide pour une série d’assassinats de musulmans dans diverses villes de l’Hexagone, des tracts de revendication épinglés sur les cadavres au moyen « de brochette à barbecue agrémentée d’une saucisse pur porc »… L’annulation par Médine de ses concerts coupe l’herbe sous le pied des plus velléitaires. Même si Réseau libre conseille « très, très fortement » au rappeur de renoncer à se produire en public et ce quelle que soit la salle de concert : « Considérant que ses spectateurs sont tous des envahisseurs de notre pays, il n’y aura pas de dommages collatéraux, seulement des ennemis éliminés. »

    Les « Bisounours » du 13-Novembre et la « supercherie » Beltrame

    C’est une constante chez les membres du site, tout le monde est mis dans un même sac : les musulmans, les terroristes et même leurs victimes. Ainsi les survivants et les familles des défunts des massacres du 13-Novembre sont catalogués « Bisounours », « victimes de leur lâcheté et de leur soumission ». Les associations qui les représentent « nagent dans la bien-pensance ». « Un bon nombre des refroidis des attentats parisiens étaient certainement des vivre-ensemblistes de première », estime Gary.
    Le 28 avril 2017, le compte Twitter EuroCalifat, vestige du site qui avait précédé Réseau libre, lance le hashtag #JeSuisNiNi : « Face aux attentats musulmans en Europe, Ni fleurs Ni bougies ! Que les ‘‘victimes’’ assument leurs choix politiques ! »
    Même le gendarme Arnaud Beltrame, qui donna sa vie en échange de celle d’une otage lors de l’attentat de Trèbes, ne trouve pas grâce à leurs yeux. Son héroïsme ne serait que « supercherie ». Une femme ne supporte pas qu’« un ex du GIGN se fasse si lamentablement doublé » par « une merde de musulman » parvenant à l’égorger.
    Le sacrifice de Beltrame ne serait, selon elle, que le suicide « d’un loser, d’un perdant ! ». Un autre s’indigne qu’un lieutenant-colonel en activité se soit proposé en otage à la place d’un civil. « Cela ne se fait pas en temps de guerre, il y a une échelle de valeur. […] Un officier est plus utile au combat qu’un civil, DONC il doit passer en priorité ! »

    Le billet de Réseau Libre visant Pierre Serne avait été posté sur Twitter le 27 janvier 2018.
    Plusieurs personnalités politiques, journalistes ou militants, sont aussi vilipendées sur le site. C’est le cas du conseiller régional d’Île-de-France (EELV) Pierre Serne, ciblé parce qu’homosexuel et défendant les droits des sans-papiers. En janvier 2018, l’élu, qui venait d’obtenir gain de cause devant le tribunal administratif de Paris après son recours contre la décision de Valérie Pécresse de supprimer l’aide au transport pour les bénéficiaires de l’Aide médicale d’État (AME), a été violemment attaqué dans un billet homophobe et xénophobe intitulé « Z’êtes clando ? 75 % de réduction ! ».

    Le texte, assorti d’une photo montrant son visage tuméfié « après une saine correction », lors d’une manifestation pour les droits LGBT à Moscou en 2006, le qualifiait de « vermine de souche » et de « petite fiotte gay ». Réseau libre se réjouissait de cette « raclée prise alors qu’il prétendait forcer les autorités russes à autoriser une ‘‘marche des tarlouzes’’ à Moscou », et spéculait sur des violences plus importantes qui pourraient « prochainement lui tomber dessus en francarabia ».
    Les représentants politiques de l’extrême droite ne sont pas beaucoup mieux considérés. Ainsi Marine Le Pen se retrouve dans le « Racailloscope » qui réunit les personnages publics supposés complaisants vis-à-vis de l’islam, mais aussi de l’étranger. La patronne du Rassemblement national, représentée en boubou, se voit reprocher son « renoncement à toutes les valeurs nationalistes et patriotiques du FN à son origine ». Le terroriste de Christchurch décrira lui aussi dans son manifeste Marine Le Pen comme une incapable.

    Deux personnages retranchés derrière des anonymats relatifs ont le droit à d’autres égards. Il faut dire qu’ils sont des contributeurs réguliers de Réseau libre.
    À chaque question qu’on lui pose, il commence ses réponses par un « Réfléchissez ! » péremptoire, des « Vous êtes naïf » et « Soyons sérieux » moqueurs ou, au mieux, un « Il ne vous a pas échappé » complice. Sur Réseau libre, les interviews de Monsieur X oscillent entre connivence et mégalomanie. « Il serait dommage de priver vos lecteurs de mes lumières », « C’est toujours intéressant avec Monsieur X », fanfaronne-t-il. L’homme est présenté par le site comme « un officier français des Services », un « contact dans les services antiterroristes ». À ce titre, il est interrogé après chaque attentat et n’hésite pas à évoquer « une guerre de civilisation ».
    Concernant le sort à réserver aux djihadistes, il résume, dans un entretien en mars 2016, les deux options à ses yeux : « La première, on fait tout pour récupérer les individus vivants en espérant qu’ils parlent et pour les traduire devant un tribunal. La seconde, on identifie la menace et on procède à son élimination au moment opportun. Je vous laisse deviner quelle est mon option préférée… »
    En juin de cette même année, il annonce « un attentat imminent », d’après « des informations crédibles, recoupées » avec des services étrangers. Il s’agirait d’une attaque d’envergure contre une petite ville entière qui serait ciblée par plusieurs dizaines de terroristes armés. Un seul moyen de se protéger, selon lui : constituer « des milices citoyennes, puissamment armées » qui patrouillent dans les villes. Et, bien sûr, un arsenal pour se défendre. « Dites-vous bien qu’avoir une arme non autorisée peut vous conduire en prison, mais ne pas en avoir peut vous conduire au cimetière », conclut ce jour-là Monsieur X.
    D’autres fois, il dénonce « des agents dormants à l’intérieur de nos systèmes de sécurité », il y aurait des « des barbus, fussent-ils sans barbe » parmi les policiers chargés d’assurer la protection du président de la République, des barbus au sein des aéroports. Il voit l’œuvre d’une « cinquième colonne musulmane » un peu partout et espère « un ordre clair pour nettoyer » les banlieues. Des propos bien peu républicains pour un supposé fonctionnaire.
    Tant et si bien qu’un membre interroge les administrateurs : « Serait-il possible que vous vous fassiez balader par un mytho ? »
    Réseau libre et certains membres prennent la défense de Monsieur X : tout ce qu’il a dit se serait vérifié par la suite. C’est plus compliqué que cela. Ses propos dénotent quelques connaissances en matière de terrorisme, mais ses bouffées paranoïaques dévoient ses analyses.
    Mediapart n’a pas pu identifier qui se cachait derrière Monsieur X. En revanche, les services de renseignement s’inquiètent depuis plus d’un an de connivences entre certains membres des forces de l’ordre et l’ultradroite. D’après nos informations, un commissaire occupant un poste central dans la lutte antiterroriste s’est vu récemment reprocher par sa hiérarchie directe les propos complotistes qu’il tenait lors de réunions stratégiques.
    De son côté, Monsieur X semble trahir, au moins à une occasion, le secret d’enquêtes en cours. Dans un entretien publié sur le site le 23 septembre 2018 et intitulé « Exclusif : les vraies raisons de l’annulation du concert au Bataclan », il affirme que le rappeur Médine aurait été contraint d’annuler ses concerts à cause d’un projet d’attentat détecté par un informateur de la DGSI (et par Mediapart, lire notre Boîte noire).
    Monsieur X assure que l’indicateur était l’administrateur d’un forum de jeu sur lequel les membres du complot échangeaient. « Si les intéressés lisent ça (et ils le liront sans doute) ils vont cesser de communiquer sur ce forum, assure Monsieur X. Franchement, ces activistes ont eu une excellente idée, ils semblent d’un excellent niveau opérationnel et méritent en quelque sorte de ne pas être identifiés ! Vous savez, je ne suis pas le seul dans les Services à être de votre côté… Ou du leur… »
    Dans la foulée de cet entretien, Réseau libre explique avoir décidé de diffuser cet entretien « pour que les gars sachent qu’ils ont été balancés et qu’ils agissent en conséquence ».Un ancien de l’OAS « avec pas mal d’années de tôle derrière lui, mais qui ne regrette rien »
    La paranoïa, déjà galopante dans les rangs des habitués du site, est à son paroxysme depuis l’été 2018 et la vague d’interpellations ayant visé des membres du groupe Action des forces opérationnelles (AFO) qui préparait des attaques contre des musulmans. L’un d’eux s’était constitué dans son domicile un laboratoire de fabrication d’explosifs. Plusieurs armes à feu avaient également été découvertes en perquisition. Les services de renseignement suspectent que plusieurs caches d’armes auraient été disséminées dans les onze régions où cette cellule clandestine est présente.
    Sur Réseau libre, le coup de filet fait réagir. Anonyme et Beretta évoquent « les copains d’AFO », « des copains résistants qui se mouillent pour nous et ce pays de merde », des copains qui n’avaient encore rien fait mais « en avaient peut-être l’intention »… Le 14 août, Vidocq, qui se revendique comme un membre du groupe ayant échappé aux interpellations, cherche à rassurer tout le monde : « Quelques groupes, comme nous l’AFO, s’organisent en prévision du grand chaos. Notre devoir est de défendre la MÈRE PATRIE de tous envahisseurs […]. Depuis cette affaire, nous engrangeons beaucoup d’adhésions. »

    AFO engrange également la caution du criminologue Xavier Raufer qui, quelques jours après le coup de filet, donne une interview au site complotiste Boulevard Voltaire. Celui qui aime à se définir comme « un expert » considère qu’on a là une affaire montée de toutes pièces par un renseignement intérieur obsédé par de « fantomatiques terroristes d’extrême droite ».
    En appui de sa démonstration, l’âge des interpellés : « On ne passe pas au terrorisme au moment de la ménopause ou au moment de la retraite. » Et leur volubilité sur les réseaux sociaux. « Quand des gens ont des projets terroristes, ils évitent de tout raconter sur un site internet ou sur un blog. On sent donc un peu la conspiration des branquignols avec des gens qui peut-être parlaient beaucoup, s’échauffaient les uns les autres », juge-t-il. Des propos étonnants car, au moment où Xavier Raufer s’exprime, personne n’a évoqué de communications des membres d’AFO sur « un site internet »…
    De son vrai nom Christian de Bongain, Xavier Raufer, après avoir milité au sein du mouvement d’extrême droite Occident, s’est fait connaître par ses nombreux ouvrages, certains coécrits avec Alain Bauer, consacrés à la criminalité et au terrorisme. Après avoir eu son rond de serviette dans les médias, il a peu à peu disparu des écrans et accorde désormais l’essentiel de ses entretiens à sa propre chaîne YouTube, à Atlantico, ou à des publications d’extrême droite (Boulevard Voltaire, Éléments, Breizh Info, TV-Libertés).
    Toutes ses productions sont en revanche reprises sur Réseau libre où il est, outre Monsieur X, l’expert le plus cité et la seule personnalité, hormis le collectif depuis interdit Les Brigandes, à voir ses prises de parole publiques reproduites. On y retrouve notamment la vidéo de son intervention aux Estivales de Marine Le Pen en septembre 2016, où il analyse « l’invisible désastre sécuritaire » de la France et affirme que « chacun sait que la plupart du temps, j’espère ne pas avoir un procès en disant cela, ce sont rarement des Berrichons qui cambriolent ».
    Si le fond choque, la forme reste toujours policée, le criminologue continue d’enseigner au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), à des fonctionnaires qui passent « une licence professionnelle d’analyste criminel opérationnel, mention renseignement ».

    Sur Réseau libre, un certain XR emploie un ton beaucoup moins feutré. Au lendemain des attentats du 13-Novembre, XR délivre une analyse acidulée : « La rafalade des melons, n’importe qui aurait pu la faire ! » ; s’impatiente : « Les banlieues qui ont fêté les attentats seront-elles nettoyées ? » ; stipendie « les gouvernements successifs […] qui ont acheté une paix sociale illusoire dans les cités en finançant les racailles ». Un dernier thème, exprimé publiquement en des termes moins crus, par Xavier Raufer qui aime insister sur « ces politiques de la ville, qui financent les émeutiers ». À l’occasion de la première commémoration du 13-Novembre, XR se lamente contre « les zélites de la francarabia » ; lors de l’éclatement de l’affaire Benalla, il se gausse de « toutes ces putes de la ripoublique ».

    « XR », le pseudo peut évoquer bien sûr les initiales de Xavier Raufer. Le criminologue l’utilise en tout cas officiellement comme nom de son mail personnel et de sa chaîne YouTube « XR Vidéos ». Les membres de Réseau libre ne s’y trompent pas. Ainsi, lorsque Patriote commente la vidéo de Xavier Raufer aux Estivales de Marine Le Pen, il le nomme « XR ». Alors qui se cache derrière le XR, contributeur privilégié de Réseau libre, qui s’exprime de manière grivoise et haineuse ? Le criminologue lui-même, ou un animateur du site cherchant à faire croire qu’il a le soutien du criminologue et offrant une copie bien plus vulgaire que l’original ?
    Contacté, Xavier Raufer conteste formellement connaître jusqu’à l’existence de Réseau libre : « Je n’ai jamais entendu parler de ces gens-là, je ne sais pas qui c’est. Je n’ai jamais correspondu avec eux. » De lui-même, il décrit en tout cas la sociologie des membres de Réseau libre, parlant d’une « mouvance de conspirateurs du midi de la France qui se la jouent en préparant des trucs qui n’auront jamais lieu », d’« anciens conspirateurs Algérie française » qui, « après avoir bu trois litres de Cahors », vont « mettre une tête de cochon devant une mosquée ».
    Pour lui, il s’agirait d’inoffensifs « mythomanes, cinglés, alcooliques ». Être la référence de ce site ne l’inquiète pas : « C’est un hommage que le vice rend à la vertu, balaie-t-il. Les gens me citent parce qu’ils ont envie de me citer, et je ne suis en aucun cas responsable ».
    Questionné sur son interview sur Boulevard Voltaire dans laquelle il évoque des membres d’AFO qui s’échaufferaient sur un site internet – ce qui n’a jamais été mentionné jusqu’ici dans les médias, ni dans la procédure –, Xavier Raufer s’énerve. « Je suis criminologue depuis trente ans, ça se passe toujours de la même façon, et en gros ça ne pouvait s’être passé que comme ça. Vous savez, quand un médecin a vu cent bronchites, à la 101e il est capable d’expliquer comment ça se passe ! »

    Lorsque Monsieur X et XR prennent la parole sur Réseau libre, ils s’adressent à un public âgé de « papys font la résistance », « plus proche de sucer les pissenlits par la racine que de téter le biberon », résume un de ces principaux contributeurs. Corneliu est « un vieux soldat », Vidocq « un vétéran des troupes de marine ». « J’ai 64 ans, je suis malade, célibataire et sans enfants, sans famille », se décrit Patriote. À 65 ans, Merlin, autoproclamé « soldat du Christ, comme soldat pour ma Patrie », considère que « bordel ! Puisque vous êtes plus prêt de la mort, comme je le suis, que de la naissance, qu’est-ce que ça peut foutre de crever les armes à la main ? »
    Contacté, cet ex-contributeur très actif précise avoir quitté le site à cause de certains désaccords de fond, mais ne renie rien. Pour ce sexagénaire retraité, il s’agissait « de redonner espoir à tous les vrais patriotes », « de réveiller les moutons sur ce qu’il advenait de notre nation » et de « renier tout ce qui caractérise la gauche caviar, les gauchos en général et les collabos sous toutes leurs formes ». Il affirme qu’« aucun d’entre [eux] » ne serait passé « de la parole aux actes ».
    Souvent pointe une nostalgie pour la France d’avant. Ulysse raconte « les sirènes d’usine d’autrefois » qui le réveillaient tous les matins à l’aube, regrette « l’école sous Pétain » où « on ne faisait pas tant d’histoires », la discipline était sévère et les maîtresses en blouse grise. ARNT, « un ancien de l’OAS, avec pas mal d’années de tôle derrière lui, mais qui ne regrette rien », invite les membres voulant s’inspirer du passé à aller au préalable sur Google « à la rubrique ‘‘victimes de l’OAS’’, en termes d’efficacité meurtrière, c’est autre chose que le SAC ! ». Le Touriste, ayant « un peu connu le côté obscure (sic) de la vie », rappelle ce qui lui semble l’essentiel de la clandestinité : « Si vous êtes en retard à un rendez-vous vous n’avez que trois excuses : la police, l’hôpital ou la mort ! »

    Une figure d’ultradroite ressurgit en Russie

    Réseau libre compte pas moins de 1 500 abonnés à sa newsletter et 2 600 commentateurs uniques. Parmi eux, 800 sont des membres actifs (dont 390 sont présents sur Twitter). Le premier billet du site explique que ses « rédacteurs » sont « de diverses origines » que « certains ont milité et/ou militent dans des organisations diverses, en général très discrètes », que certains « ont déjà à leur actif une importante expérience de l’information en ligne » sur des sites d’ultradroite et « participent bien souvent à d’autres blogs et sites sous divers pseudonymes ».
    Sur Réseau libre se côtoient des membres des réseaux Rémora (fondés par un ancien inspecteur des Renseignements généraux, les ex-RG, et appelant la société civile à se substituer aux soldats, aux policiers et aux gendarmes en cas d’attaque des « islamo-terroristes »), l’administrateur d’un cercle de tir belge, un président de club de karaté francilien, un chef d’atelier mécanicien poids lourds, un dirigeant d’une société de sécurité incendie du sud de la France, un sexagénaire belge conseiller en alimentation bio et témoin de Jéhovah, un abbé dont le site a fermé pour « incitation au terrorisme », ou encore des contributeurs d’un blog de réinformation russe ou de sites de la « fachosphère » français tels que Riposte laïque (un site islamophobe dont l’animatrice a écrit, au sujet du terroriste de Christchurch, que « quoi qu’il ait fait, Brenton Tarrant est des nôtres »).

    Les adresses mail des membres de Réseau libre renvoient en France, Belgique, Suisse, Allemagne, Canada, Russie. Mais s’agissant de l’administration et l’animation du site, tout converge vers un Français réfugié au pays de Vladimir Poutine : Joël Michel Sambuis, 59 ans. Contacté par Mediapart, il n’a pas donné suite.

    Grillé en France à cause d’une série de condamnations (« détention d’armes » en marge d’un groupe paramilitaire effectuant des virées armées, « escroquerie », « faux et usage de faux »), ce diplômé en mathématiques de l’université de Grenoble s’était exilé en 1998 à Moscou grâce à un passeport contrefait. Avec sa femme russe, cet admirateur du régime poutinien menait grand train dans la capitale.
    Un vétéran des services de renseignement français se souvient de ce personnage perçu comme un « mythomane » : « Il se présentait comme un ancien des services de renseignement, mais aussi comme un ancien du service d’ordre du RPR, puis du Front national. En avançant, on s’est rendu compte qu’il n’était peut-être pas si mythomane... Notre hypothèse, c’était qu’il avait été récupéré par les services russes. »
    Sur Réseau libre, Joël Sambuis jongle avec divers pseudonymes, mais signe ses textes majeurs du nom SOS-R, en référence à SOS-Racaille, ancêtre de ce « réseau des patriotes ». Tout a commencé à la fin des années 1990 : Sambuis investit les forums en ligne Usenet avec des commentaires racistes sous le pseudonyme de Caméléon. L’année suivante, il lance un site du même nom, spécialisé dans la revente de faux papiers, comptes bancaires, internet ou téléphoniques anonymes, qui propose aux internautes le kit du parfait anonyme. En 2001, la plateforme Liberty-web est créée, qui hébergera une trentaine de sites islamophobes : SOS-Racaille, Libertyvox, Euro-Reconquista, Canal-Résistance, etc.
    Site phare de cette nébuleuse, SOS-Racaille voit converger islamophobes et néonazis. On y discute des moyens d’amener la France à la guerre civile, on attaque violemment des internautes jugés « trotsko-UMPistes », qui sont la cible de rumeurs et d’usurpations d’identité.
    En 2001, le site annonce le lancement d’un groupe d’action, les Comités Canal Résistance (CCR), présenté comme une « organisation clandestine » créée « au cœur du dispositif d’État », comptant des « fonctionnaires de police ou de justice », et voulant « retrouver la racaille et la châtier ». Menés par un certain « Colonel X », les CCR annoncent une dizaine d’attaques et prédisent un « 9 septembre de la vermine pro-musulmane de France ». Leur seule action revendiquée sera l’attaque à la peinture, en janvier 2003, d’une quinzaine de mosquées dans l’Hexagone.
    Face à l’inaction des policiers et à l’inaboutissement des plaintes pour cyberharcèlement du fait de l’anonymat des auteurs, une dizaine de victimes du réseau SOS-Racaille, passionnées d’informatique, décident d’enquêter elles-mêmes, regroupées dans un groupe baptisé V8.
    Ce petit cercle remonte une filière russe et identifie Joël Sambuis, puis transmet ses trouvailles aux autorités. Les policiers ne prêtent pas attention au travail de ces « cyberenquêteurs ». Jusqu’à ce que la galaxie SOS-Racaille, où fleurissaient des appels à « abattre Ben Shirak », n’inspire le militant d’extrême droite Maxime Brunerie dans sa tentative d’assassinat de Jacques Chirac, le 14 juillet 2002. Toute la nébuleuse Liberty-web disparaît subitement, puis Joël Sambuis est arrêté à Moscou par les polices française et russe, sans être extradé.
    S’appuyant sur des « messages » apparus dans les investigations menées à l’époque par la section antiterroriste de la brigade criminelle, qu’il dirigeait, Amaury de Hauteclocque avait affirmé aux auteurs du livre La Fachosphère, que Maxime Brunerie « avait pris ses instructions de la part de (...) Joël Sambuis ». Mais faute d’identification formelle, Sambuis sera libéré six mois plus tard et bénéficiera d’un non-lieu. S’estimant « à l’abri » à Moscou, il reconnaîtra être « le dirigeant de la plateforme de Liberty-web » et le « webmaster de SOS-Racaille ».

    Quinze ans plus tard, l’histoire se répète. Le 26 avril 2018, le conseiller régional Pierre Serne dépose une plainte avec constitution de partie civile des chefs d’« injure publique en raison de l’orientation sexuelle » et de « provocation à la haine, à la violence ou à la discrimination à raison de l’orientation sexuelle ». L’enquête, ouverte en août 2018, est close un mois et demi plus tard, les investigations menées n’ayant pas permis d’identifier l’auteur et le directeur de publication de Réseau libre…

    Fin 2018, l’élu, s’appuyant sur « plusieurs indices graves et concordants », dépose une requête pour demander à la juge d’ordonner une série d’actes permettant, selon lui, de confirmer l’identité de l’auteur et animateur du site. Joint, Pierre Serne souhaite que la justice agisse contre « ce genre d’injures et de menaces, qui préfigurent parfois aussi des passages à l’acte » : « Les auteurs de ce site anonyme et caché, pourtant assez aisés à identifier, sévissent depuis des années en toute impunité, s’en sortent sans souci. […] Il est temps qu’ils soient eux aussi pourchassés, condamnés, affichés, mis hors d’état de nuire. Y compris quand ils sont bien camouflés et vivent officiellement des vies bien rangées de bons pères de famille, notables locaux ou cadres respectés »
    Est-ce dû à la plainte du conseiller régional, au démantèlement d’AFO ou à la conjonction des deux ? Toujours est-il que les administrateurs de Réseau libre prennent au sérieux la pression qui pèse sur eux.
    Dans un billet stupéfiant d’audace publié le 30 septembre 2018, ils menacent à leur tour… les « collabos de la DGSI ». Ils préviennent que « si nous nous sentons un peu trop étouffés par leur surveillance », « si Réseau libre devait être mis hors ligne ou ses admins inquiétés », les identités de certains agents « actifs » de la DGSI « dont nos contacts en haut lieu nous ont communiqué photos, adresses et numéros de téléphone » seront diffusées « automatiquement sur plusieurs réseaux sociaux, sites de réinformation, médias français et étrangers ! ».
    Mais, moins d’un mois plus tard, Réseau libre, dans un article intitulé « Clap de fin : le rideau tombe », annonce « fermer définitivement ses portes ». « La raison ? Non point les procédures judiciaires avérées ou non, les menaces diverses et variées. Non, tout simplement un constat réaliste qu’il n’y a en francarabia et probablement dans la plupart des pays occidentaux plus rien à sauver », se justifie l’administrateur en remerciant au passage « l’inestimable XR et Monsieur X ».

    Avant de renvoyer vers le site de Léon (un ancien contributeur très virulent) – qui affiche pour profession de foi « Vous vous préparez à un affrontement sans pitié dans vos villages et vos villes pour libérer notre pays ? Vous êtes Léon ! » –, Réseau libre offre à ses membres « un cadeau d’adieu » : les adresses mail d’un « ami de la Grande Serbie » qui permet « de s’équiper » et fournit une prestation « honnête, discrète et fiable ».
    Douze jours plus tard, Anonyme dépose l’un des derniers commentaires laissés sur Réseau libre. Il est très heureux. Il vient de recevoir sa commande. « Une arme de poing et une d’épaule, je n’en dis pas plus. Merci encore à Réseau libre d’avoir permis ceci ! »

    Matthieu Suc & Marine Turchi

    https://www.mediapart.fr/journal/france/010419/revelations-sur-des-patriotes-qui-projetaient-des-attentats-islamophobes

  • Après la tentative de #perquisition, conférence de presse à 16h, en direct de Mediapart | Le Club de #Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/la-redaction-de-mediapart/blog/040219/apres-la-tentative-de-perquisition-conference-de-presse-16h-en-direc
    #benalla #pitch #sais_4

    A partir de 16h, retrouvez en direct et en vidéo (sur Facebook Live et dans ce billet) la conférence de presse avec Edwy #Plenel, notre avocat Emmanuel Tordjmann et nos journalistes travaillant sur l’affaire Benalla (Marine Turchi, Antton Rouget et Fabrice Arfi)

  • Destal (Marianne) : « Mes difficultés face au FN ? La dissimulation et la menace »
    http://www.davduf.net/destal-marianne-mes-difficultes-face-au-fn-la

    Avec le FN, pour Mathias Destal, ça commence par des rapport cordiaux, ça finit glacial. Faut dire que le jeune journaliste a une drôle de manie : follow the money. Pour lui, le FN est une PME Familiale, où les comptes comptent. Destal révèle ici comment son livre, « Marine est au courant de tout » (co-écrit avec Marine Turchi), pourtant sous X, s’est retrouvé dans les mains du FN deux jours avant sa sortie. Il raconte aussi le tournage de leur fameux Envoyé Spécial, rare exemple de télé (...)

    #médiArmes

    / Presse & FN, Une

    #Presse_&_FN
    "http://www.marineestaucourantdetout.fr"

  • Turchi (Mediapart) : « La jeune génération du FN est beaucoup plus intolérante avec les journalistes qu’une partie de la vieille génération »
    http://www.davduf.net/turchi-mediapart-la-jeune-generation-du-fn-est

    Marine Turchi est la co-auteure de « Marine est au courant de tout » (Flammarion) avec Mathias Destal, et l’une des investigatrices les plus en pointe sur le Front National. Pour Mediapart - exclu de toute communication officielle avec le FN - Marine Turchi enquête. Décrit. Et révèle. Les financements russes, la GUD Connexion, les petites affaires d’arrière-boutique. C’est un combat à distance, entre deux Marine. La Le Pen, tout en force, en puissance ; et la Turchi, tout en discrétion, et en (...)

    #médiArmes

    / Une, #Paris, #Extrème_Droite, Presse & FN

    #Presse_&_FN
    "http://www.marineestaucourantdetout.fr"
    "https://www.mediapart.fr/journal/france/290417/face-aux-medias-le-fn-entre-censure-et-tentative-d-instrumentalisation"
    "https://blogs.mediapart.fr/marine-turchi/blog/121116/la-campagne-du-front-national-sous-la-loupe-des-chercheurs"
    "http://www.marineestaucourantdetout.fr/documentaire"
    "http://www.marineestaucourantdetout.fr/documents"

  • Face aux médias, le FN entre censure et tentative d’instrumentalisation | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290417/face-aux-medias-le-fn-entre-censure-et-tentative-d-instrumentalisation

    Pendant cette campagne, le Front national a élargi sa « liste noire » des médias interdits de suivre Marine Le Pen, confortant son attitude paradoxale : d’un côté il effectue un tri des journalistes, de l’autre il mène une stratégie de « dédiabolisation » qui passe beaucoup par l’utilisation des médias. Récit de deux journalistes ayant couvert le FN, Caroline Monnot (Le Monde) et Marine Turchi (Mediapart).

    #Linfiltré #PhoneStories #FN #Fachosphere

  • Face aux #médias, le #FN entre censure et tentative d’instrumentalisation
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290417/face-aux-medias-le-fn-entre-censure-et-tentative-d-instrumentalisation

    Marine Le Pen en déplacement à Nice, le 13 février 2017. © Reuters Pendant cette campagne, le #Front_national a élargi sa « liste noire » des médias interdits de suivre #Marine_Le_Pen, confortant son attitude paradoxale : d’un côté il effectue un tri des #journalistes, de l’autre il mène une stratégie de « dédiabolisation » qui passe beaucoup par l’utilisation des médias. Récit de deux journalistes ayant couvert le FN, Caroline Monnot (Le Monde) et Marine Turchi (Mediapart).

    #France #Liberté_de_la_presse

  • VIDÉO – Quand Marine Le Pen « appelle les dauphins » : « hihihi » - Le Lab Europe 1
    http://lelab.europe1.fr/video-quand-marine-le-pen-appelle-les-dauphins-hihihi-3313196

    Et si cette séquence était en fait un gros clin d’œil à l’extrême droite ? De ce côté de l’échiquier politique, le dauphin n’est pas qu’un animal. Pour certains initiés, il renvoie également à… Adolf Hitler.

    Explication : pour certains, le cétacé est un clin d’œil caché au Führer, surnommé par ses admirateurs « Tonton Dolfi ». Adolf -> Dolfi -> Dauphins.

    Le livre-enquête des journalistes Marine Turchi et Mathias Destal Marine est au courant de tout (éd. Flammarion) y fait référence. « J’ai l’impression que ce n’est pas la semaine des dauphins » avait d’ailleurs réagi sur Facebook Frédéric Chatillon, après la publication du livre. Frédéric Chatillon, ancien du GUD, ce mouvement d’extrême droite, est proche de Marine Le Pen.

    #Linfiltré #PhoneStories #FN #Fachosphere

  • Qui est Axel Loustau, le sulfureux trésorier de Marine Le Pen ?
    http://www.europe1.fr/politique/qui-est-axel-loustau-le-sulfureux-tresorier-de-marine-le-pen-3234926

    L’homme qui en savait trop ? "Pourquoi Marine Le Pen a-t-elle évincé son père si c’est pour conserver, voir mettre en avant, des personnages aussi radicaux ?", interroge également la journaliste. Axel Loustau, interpellé en 2013 lors d’échauffourées en marge d’un défilé de la Manif pour tous, rompt en effet avec la politique de dédiabolisation du FN mise en œuvre depuis une dizaine d’années, et dont Florian Philippot a été le principal artisan. « D’ailleurs, il y a une sorte de paix froide entre les deux hommes », souligne Marine Turchi. « À Florian Philippot la main sur les médias, à Axel Loustau d’organiser les coulisses financières de la campagne ». Pour la journaliste, en trente ans d’amitié, Axel Loustau et ses proches pourraient avoir sous le coude « des dossiers contre Marine Le Pen ». Interrogé mi-mars par les équipes d’Envoyé Spécial, Aymeric Chauprade, eurodéputé qui a quitté le FN en 2015, abondait également en ce sens : « Ce sont les secrets de Marine Le Pen. Elle n’est pas libre. Si elle arrive au pouvoir, ces gens seront le pouvoir ! »

    #Linfiltré #PhoneStories #FN

  • La « GUD connection », l’équipe bis
    https://www.mediapart.fr/journal/france/150317/la-gud-connection-l-equipe-bis

    Mediapart publie un chapitre de Marine est au courant de tout…, le livre enquête de Marine Turchi et Mathias Destal, consacré aux dérives et à l’ascension du premier cercle de #Marine_Le_Pen. Composé d’anciens activistes du GUD, il tire aujourd’hui toutes les ficelles financières du FN.

    #France #Chatillon #Loustau #Marine_est_au_courant_de_tout...

  • Les assistants du #FN et Macron tel César
    https://www.mediapart.fr/journal/france/220217/les-assistants-du-fn-et-macron-tel-cesar

    Avec François Bonnet, Marine Turchi revient sur son enquête à propos des assistants de Marine Le Pen au Parlement européen et Fabien Escalona décrypte #Emmanuel_Macron et le parti qu’il a créé, sorte de firme dévouée à sa seule personne. Vidéo dans l’article. © Mediapart

    #France #assistants_parlementaires #élection_présidentielle_2017 #Front_national #politique

    • L’agression d’un journaliste repose la question de la dissolution de la Ligue de défense juive
      23 octobre 2015 | Par Marine Turchi
      http://www.mediapart.fr/journal/france/231015/lagression-dun-journaliste-repose-la-question-de-la-dissolution-de-la-ligu

      Un journaliste de Buzzfeed a été pris pour cible jeudi soir, alors qu’il couvrait la manifestation de la Ligue de défense juive (LDJ), devant le siège de l’AFP. Le débat sur la dissolution de cette organisation juive d’extrême droite revient sur la table. « J’aurais été lynché si les policiers n’avaient pas fait une brèche », explique à Mediapart notre confrère, qui va déposer plainte ce vendredi.

      (...)

      Joint vendredi par Mediapart (lire notre "boîte noire"), David Perrotin raconte : « C’était très calme au début, puis la situation a dégénéré au moment de la dispersion. Le groupe où j’avais aperçu plus tôt des drapeaux de la LDJ sont restés, une trentaine de personnes, certaines étaient cagoulées. Ils ont insulté des journalistes de l’AFP qui étaient aux fenêtres. Des pétards ont été lancés, un projectile sur le bâtiment de l’AFP. Je me suis mis sur le côté, j’ai pris des photos. Une manifestante est venue vers moi en disant : "C’est pas bien de prendre des photos" ; "Je sais qui vous êtes, j’ai des informations sur vous. Vous êtes David Perrotin. Attendez, je préviens la LDJ que vous êtes là". Elle s’est dirigée vers ce groupe où j’avais vu plusieurs fois des drapeaux de la LDJ ».

      Le journaliste se dirige alors vers un fourgon de policiers pour les alerter. « 
      Le policier m’a dit "prenez le premier métro", mais j’ai expliqué qu’ils m’avaient reconnu et allaient me suivre. Un type casqué et une femme se sont approchés de moi. J’ai re-tapé à la fenêtre du fourgon pour demander de rentrer. Il a prévenu par radio ses collègues. Pendant ce temps-là, une dizaine de jeunes, avec des casques ou des cagoules, se sont postés devant moi. Le policier m’a dit de courir vers le cordon de sécurité devant l’entrée de l’AFP. J’ai couru, j’ai entendu des cris, "Perrotin tapette", etc. Je suis arrivé devant les policiers en levant les mains, j’ai hurlé "je suis journaliste", j’ai sorti ma carte. J’ai pris des coups dans le dos de la part de personnes derrière moi. Dans la confusion, les policiers m’ont donné quelques coups en pensant que je les attaquais, puis ils m’ont aidé. Ensuite j’ai frappé à la porte de l’AFP, qui était fermée, j’ai montré ma carte, j’ai attendu à l’intérieur un moment. D’après un policier, ils étaient encore 24 dehors. Pour me faire sortir, les policiers ont ramené un fourgon devant une autre issue de l’AFP en me disant de m’allonger dedans. Les journalistes étaient la cible du jour, pour eux j’étais avec l’AFP. J’étais leur cible. J’aurais été lynché si les policiers n’avaient pas fait une brèche. J’étais clairement pourchassé ».

    • Jewish Defense League mob attacks Paris journalists | The Electronic Intifada
      https://electronicintifada.net/blogs/asa-winstanley/jewish-defense-league-mob-attacks-paris-journalists
      https://electronicintifada.net/sites/electronicintifada.net/files/styles/medium/public/pictures/picture-1057-1385819060.jpg?itok=GqMnIKwA

      Founded in the United States, JDL militants were convicted of a string of bombing attacks, and are thought to be behind the 1985 assassination of Palestinian American civil rights activist Alex Odeh.

      The group was listed in the Federal Bureau of Investigation’s annual terrorism report for 2001.

      Although its Israeli affiliate was eventually banned, the JDL is still active and legal in France, Canada and the UK.

      The French JDL – the Ligue de Défense Juive – is probably the most well-organized and violent radical Zionist group outside Israel.

      It is notorious for violent and relatively sophisticated street-level attacks against Palestine solidarity campaigners in France.

      There have been several calls to outlaw the JDL in France. But talk of a ban by interior minister Bernard Cazeneuve (who once condemned their actions as “excessive”) has so far come to nothing.

      In June last year two JDL members in Paris were found guilty of placing a bomb under the car of an anti-Zionist journalist. They were given prison sentences, but one absconded to Israel.

      Armed members were also involved in a riot in the Bastille area of Paris in summer 2014, as they attacked Palestine solidarity demonstrators during rallies against the Israeli offensive in Gaza.

  • Crimea, Russian loans and the Le Pens: the Kremlin’s intriguing SMS messages | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/040415/crimea-russian-loans-and-le-pens-kremlins-intriguing-sms-messages

    Secret text messages hacked from a senior official at the Kremlin highlight an intriguing coincidence between the Front National’s support for the annexation of Crimea and the payment in subsequent months of 11 million euros in Russian bank loans to its president Marine Le Pen and her father Jean-Marie for party funding. SMS messages between two Russians refer to Marine Le Pen’s recognition of the results of the Crimean referendum on March 17th, 2014, and the fact that she should be “thanked” in some way for it. The following month Jean-Marie Le Pen’s micro party received a 2-million-euro loan from the offshoot of a Russian state bank subsidiary, while in September 2014 the Front National borrowed 9 million euros from the Moscow-based First Czech Russian Bank. Marine Le Pen has dismissed any link between the party’s policy on Crimea and the loans. Agathe Duparc, Karl Laske and Marine Turchi investigate.

    Le reste derrière #paywall

    • Pardon Médiapart. suite (fr)

      La présidente du Front national est mentionnée à plusieurs reprises dans les textos d’un responsable du Kremlin révélés mardi. Rendus publics par un groupe de hackers russes, ces messages datés de mars 2014 évoquent des contacts entre les Russes et le Front national pour obtenir une prise de position officielle du parti d’extrême droite en faveur du rattachement de la Crimée à la Russie. Ils font aussi état de discussions financières.

      Le 17 mars, Marine Le Pen prend effectivement position sur le sujet et son conseiller international se rend en Crimée en qualité d’« observateur ». Selon les documents hackés, les Russes ne cachent pas leur satisfaction et envisagent comment « d’une manière ou d’une autre remercier les Français ». Dans les mois qui suivent, Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen obtiennent tous deux des prêts russes pour leur financement politique à hauteur de 11 millions d’euros.
      Lire aussi

      Le Front national décroche les millions russes

      Par Marine Turchi
      Le FN attend 40 millions d’euros de Russie

      Par Marine Turchi
      La Russie au secours du FN : deux millions d’euros aussi pour Jean-Marie Le Pen

      Par Fabrice Arfi et Karl Laske et Marine Turchi
      L’argent russe du Front national

      Par Marine Turchi
      Au Front national, le lobbying pro-russe s’accélère

      Par Marine Turchi
      Argent du FN : les hommes de la filière russe

      Par Agathe Duparc et Karl Laske et Marine Turchi
      Les réseaux russes de Marine Le Pen

      Par Marine Turchi

      En février, les « Anonymous International » ont annoncé sur leur site Shaltaï Baltai avoir lancé une attaque contre Timur Prokopenko, chef-adjoint du département de politique intérieur au Kremlin. Ce jeune homme, ancien du mouvement pro-poutinien « Molodoya Gvardia » (la branche junior de Edinaïa Rossia, le parti de Vladimir Poutine), était de l’automne 2012 à décembre 2014 en charge des médias et d’Internet, travaillant sous les ordres de Viatcheslav Volodine, chef-adjoint de l’administration présidentielle russe. Son portable et sa boîte e-mail ont été hackés, et une partie de leur contenu publié. Les fuites portent sur la période 2011-2014.

      Le 5 février 2015, sous le titre « Trois ans de la vie au sein d’un département politique de l’administration présidentielle : provocations, articles commandités, contrôle sur les médias et autres », 9 500 courriels ont été rendus publics, sans que le principal intéressé, Timur Prokopenko, ne réagisse ni ne démente. Lancé en décembre 2013, le site Shaltaï Baltaï est à l’origine de nombreuses révélations. Si le groupe de hackers fait parfois payer ses services, instrumentalisé par les uns et les autres, le sérieux des documents et photos publiés n’a jamais été mis en cause.
      Timur ProkopenkoTimur Prokopenko © DR

      Dans les courriels de M. Prokopenko, on découvre la manière dont le Kremlin met toutes ses forces pour reprendre le contrôle d’Internet et des réseaux sociaux. Comment les activités du blogueur Alexeï Navalny, devenu l’une des principales figures de l’opposition en Russie, sont en particulier suivies pas à pas. Comment la pression est mise pour discréditer tel ou tel site d’opposition, bloquer certains accès, s’acheter la connivence de certains journalistes. Prenant très au sérieux ces révélations, le journal en ligne Meduza en a fait un long un résumé.

      Le 31 mars, Shaltaï Boltaï a publié une seconde salve de fuites. Il s’agit cette fois-ci de 40 000 SMS échangés, toujours entre 2011 et 2014. C’est là que l’on trouve les passages concernant Marine Le Pen. L’authenticité des textos ne semble pas mise en doute. L’un des interlocuteurs de Timur Prokopenko, le directeur du journal et de la télévision RBK Nikolaï Molibog, a déjà confirmé sur sa page Facebook que ces échanges avaient bien eu lieu. Plusieurs médias ont repris cette information, se demandant qui serait le prochain visé par les KremlinLeaks.

      Dans la masse de e-mails piratés, le Front national, son soutien à la Russie sont mentionnés à 66 reprises, mais ce sont surtout trois échanges de textos qui intriguent (lire notre traduction sous l’onglet "Prolonger"). Ils ont été écrits en mars 2014, alors que le référendum pour le rattachement de la Crimée à la Russie se préparait activement (il s’est tenu le 16 mars). L’interlocuteur de Timur Prokopenko est un certain « Kostia ». Selon les « Anonymous International », il s’agit de Konstantin Rykov, l’un des plus actifs blogueurs, utilisateur de twitter et concepteur de sites Internet pro-Poutine. Il a été député de la Douma d’État pour le parti Edinaïa Rossia de 2007 à 2012.

      Premier échange

      Le 10 mars 2014, Timur Prokopenko écrit à « Kostia ». Il lui demande s’il peut faire venir Marine Le Pen en Crimée, « comme observatrice » du référendum qui doit se tenir six jours plus tard. « On en a extrêmement besoin. J’ai dit à mon chef que tu étais en contact avec elle ???? », lui écrit Prokopenko. « Oui j’essaye de savoir demain », répond « Kostia ».

      Deuxième échange

      Le lendemain, Prokopenko relance « Kostia », qui revient avec de bonnes nouvelles :
      – 15h17 : Kostia, réponds.
      – 15h20 : À propos de Marine. C’est la campagne électorale pour les municipales. Elle est en tournée. Aujourd’hui ou demain, le Front national prendra officiellement position sur la Crimée. On saura alors si elle est prête (ce qui est peu probable) à venir en Crimée ou si l’un de ses adjoints viendra.. J’aurai des détails ce soir..
      – 15h22 : Oh ! c’est super. On peut les convaincre..
      – 15h22 : À propos des financements non.
      – 15h23 : Merci beaucoup, le ministère des affaires étrangères va encore discuter avec elle.
      – 15h23 : Elle a parlé à Philippo (Florian Philippot, vice-président du FN - ndlr). Il réfléchit )))
      – 15h23 : Quelqu’un du fonds t’a contacté sur les financements ?
      – 15h24 : Oui le vice-ministre des affaires étrangères lui téléphonera.
      – 15h25 : Nous avons aussi le soutien des Danois, mais je ne peux pas m’expliquer avec eux. Je ne parle pas leur langue ;(

      Troisième échange

      Le 17 mars, nouvel échange de textos entre les deux hommes :
      – 15h49 : Marine Le Pen a officiellement reconnu les résultats du référendum en Crimée !
      – 15h51 : Elle n’a pas trahi nos attentes ;)
      – 15h57 : Il faudra d’une manière ou d’une autre remercier les Français.. C’est important.
      – 16h09 : Oui, super !

      « Je pense que c’est Aymeric Chauprade qui s’est engagé »

      Ce 17 mars, Marine Le Pen, en déplacement à Saint-Gilles (Gard) pour les municipales, s’exprime en effet sur la Crimée lors d’une conférence de presse. « À mon sens, les résultats du référendum sont sans contestation possible », déclare-t-elle, en ajoutant que la Crimée ne faisait partie de l’Ukraine que depuis 60 ans. La présidente du FN demande à l’Union européenne « de ne pas rester dans l’incohérence » vis-à-vis de cette région. Sa déclaration est reprise sur plusieurs sites et réseaux sociaux frontistes (notamment le compte Facebook de Marion Maréchal-Le Pen), mais aussi des sites de propagande russes à l’étranger.
      Marion Maréchal-Le Pen relaye sur son compte Facebook la déclaration de Marine Le Pen sur la Crimée, le 18 mars 2014.Marion Maréchal-Le Pen relaye sur son compte Facebook la déclaration de Marine Le Pen sur la Crimée, le 18 mars 2014.

      La veille, son conseiller international Aymeric Chauprade, pilier des réseaux russes du FN, était en Crimée comme « observateur » du référendum, à l’invitation d’une organisation pro-russe. Il livre un « témoignage » abondamment relayé sur les sites frontistes et pro-russes, et « loin de la propagande médiatique des médias de l’Ouest », dit-il. À quel titre s’est-il rendu en Crimée ? Le 13 mars, son porte-parole avait fait savoir qu’il irait « en tant que géopolitologue », mais aussi « en tant que conseiller spécial de Marine Le Pen », car le Front national « a été invité de son côté ».

      Mais la présidente du FN avait démenti dans la foulée à l’AFP : « Le FN officiellement n’envoie pas d’observateur. » Selon le journal d’extrême droite Minute, Florian Philippot aurait « bombardé d’appels » Marine Le Pen « pour lui faire part de ses craintes et de l’aspect négatif de ce voyage », et l’aurait convaincue de n’envoyer personne officiellement.

      Le 12 avril, Marine Le Pen se rend en revanche elle-même à Moscou, en visite privée, pour y revoir le président de la Douma Sergueï Narychkine, un très proche de Poutine qu’elle avait déjà rencontré en juin 2013. Quelques jours plus tard, un premier financement russe arrive. Comme l’a révélé Mediapart, l’association de financement Cotelec, présidée par Jean-Marie Le Pen, reçoit le 18 avril deux millions d’euros d’une société chypriote alimentée par des fonds russes. C’est Aymeric Chauprade, l’observateur frontiste en Crimée, qui sert d’intermédiaire pour ce premier prêt, signé par Jean-Marie Le Pen le 4 avril. Cet argent a permis à Cotelec d’avancer des fonds aux candidats aux européennes.

      En septembre 2014, c’est au tour de la présidente du FN de décrocher un prêt de 9 millions d’euros de la First Czech Russian Bank (FCRB), une banque basée à Moscou. Grâce à un autre intermédiaire cette fois-ci : l’eurodéputé frontiste Jean-Luc Schaffhauser.
      Marine Le Pen, Louis Aliot et Thierry Légier reçus par Sergueï Narychkine, un proche de Vladimir Poutine, le 19 juin 2013.Marine Le Pen, Louis Aliot et Thierry Légier reçus par Sergueï Narychkine, un proche de Vladimir Poutine, le 19 juin 2013. © dr

      Y a-t-il eu des contreparties politiques à ces prêts russes ? Quel est ce "remerciement" à adresser « aux Français », évoqué dans les textos à propos du référendum en Crimée ? Sollicitée via son cabinet et le directeur du service de presse du FN, Marine Le Pen n’a pas donné suite. Joint par Mediapart, le trésorier du FN Wallerand de Saint-Just, qui avait signé le prêt de 9 millions d’euros, explique qu’il n’est « pas du tout au courant de ce qui s’est passé en amont [de la signature] ». « Je ne sais pas qui est M. Prokopenko. Je n’ai rien à voir avec les positions internationales de Marine Le Pen. Je n’ai vu que les techniciens de la banque. On m’a dit : "Tu vas voir ces techniciens, tu signes". »

      De son côté, l’intermédiaire Jean-Luc Schaffhauser affirme à Mediapart qu’« il n’y a pas eu d’interventions politiques ». S’il connaît Timur Prokopenko « parce qu’on m’a fait une fiche sur lui », il assure qu’en mars 2014, « on n’était pas en négociations » avec les Russes, « enfin pas moi en tout cas », précise-t-il. « Les négociations ont commencé en avril, après l’échec avec une banque d’Abou Dhabi (Émirats arabes unis - ndlr), qui devait nous prêter de l’argent. »

      L’eurodéputé raconte par ailleurs avoir lui-même renoncé à se rendre en Crimée lors du référendum : « On m’avait invité aussi, Marine m’a dit : "Tu n’y vas pas". Elle ne sentait pas le truc, elle m’a dit : "Imagine qu’il y ait un bain de sang". J’ai obéi aux ordres. Aymeric [Chauprade] y est allé, à titre personnel. » Alors comment expliquer les échanges de textos des Russes ? « Je pense que c’est Aymeric qui s’est engagé », répond M. Schaffhauser. Sollicité, Aymeric Chauprade n’a pas donné suite.
      Le site de Konstantin Rykov, grand fan de Marine Le Pen.Le site de Konstantin Rykov, grand fan de Marine Le Pen.

      Konstantin Rykov est-il en contact direct avec Marine Le Pen comme il le laisse entendre dans les textos piratés ? Il ne cache en tout cas pas son admiration pour la présidente du FN, élevée au rang d’icône sur son site. Le grand manitou des réseaux sociaux pro-poutiniens suit les moindres faits et gestes de la présidente du Front national.

      Celui qui se présente comme l’un des plus grands patriotes de la blogosphère russe a des liens étroits avec la France. En août 2014, Alexei Navalny a révélé que Rykov était propriétaire, avec ses parents, d’une luxueuse villa à Mougins près de Cannes, acquise pour 2 millions d’euros en décembre 2013. Certains documents relatifs à cette transaction ont été publiés (voir ici l’acte de constitution de la SCI). On y découvre que le Russe paie ses impôts en France, enregistré comme « résident au sens de la réglementation fiscale ». Pour obtenir ce statut, certaines conditions sont nécessaires : soit résider la plupart du temps en France, soit y exercer son activité, soit faire du pays son centre d’intérêt économique (investissements, business, etc.).

      Nos demandes concernant Konstantin Rykov sont restées sans réponse.

  • La #violence du #FN contre la #liberté_de_presse

    « Je vais te tuer » : c’est ainsi qu’un proche de Marine Le Pen s’est adressé, en la menaçant physiquement, à notre consœur Marine Turchi, qui suit l’extrême droite à Mediapart. Loin d’être anecdotiques, ces faits ne sont pas sans rapport avec l’interdit proclamé par le Front national à l’encontre de notre journal en ligne, au mépris du respect du pluralisme de la #presse.

    http://blogs.mediapart.fr/blog/edwy-plenel/060215/la-violence-du-fn-contre-la-liberte-de-la-presse
    #liberté_d'expression #Front_national

    • FN : un communiqué de la SDJ de Mediapart

      La Société des journalistes de Mediapart condamne l’agression de deux de ses journalistes par des responsables du micro-parti de Marine Le Pen, alors qu’ils faisaient leur travail d’enquête dans des conditions tout à fait claires et transparentes. Des menaces de mort ont été proférées. C’est inadmissible. Cela s’ajoute à l’exclusion systématique par le Front national de nos journalistes de ses événements politiques et militants. La SDJ de Mediapart, solidaires de ses journalistes, en appelle à la vigilance démocratique face à de telles atteintes aux libertés publiques.

      http://blogs.mediapart.fr/blog/la-sdj-de-mediapart/060215/fn-un-communique-de-la-sdj-de-mediapart

  • Sur fond d’antisémitisme, Soral et Dieudonné lancent leur parti | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/211014/sur-fond-d-antisemitisme-soral-et-dieudonne-lancent-leur-parti?onglet=full

    Sur fond d’antisémitisme, Soral et Dieudonné lancent leur parti

    21 octobre 2014 | Par Karl Laske et Marine Turchi

    En rupture avec la récente prise de position « pro-israélienne » du conseiller international de Marine Le Pen, Alain Soral a décidé de créer un parti politique avec Dieudonné. Mediapart s’est procuré les statuts de la future organisation qui doit s’appeler Réconciliation nationale. Les deux hommes préparent déjà une demande d’agrément auprès de la commission des comptes de campagne.

    On devrait savoir assez vite lequel est la marionnette de l’autre, même si l’on s’en doute un peu. Le pamphlétaire antisémite Alain Soral et l’humoriste Dieudonné ont décidé de créer leur propre parti politique. Cette organisation doit s’appeler Réconciliation nationale, selon les statuts obtenus par Mediapart.

    Déjà proches, les deux hommes ont leurs raisons. Dieudonné ne cache pas qu’il veut désormais répondre « aux larbins du Congrès juif mondial », « cette organisation mafieuse et sataniste », qui a « fait plier le conseil d’État » en faveur de l’interdiction de son spectacle. Alain Soral a, quant à lui, annoncé, dès le 6 septembre, son projet de « se dissocier totalement du Front national », et de « rouler pour lui-même, en tant que parti politique », à la suite des prises de position « pro-israéliennes » du conseiller international de Marine Le Pen, Aymeric Chauprade, cet été. Ce qu’il a appelé « la trahison de Chauprade ».
    Alain Soral et Dieudonné en mai 2009 lors du dépôt de leur liste aux européennes.Alain Soral et Dieudonné en mai 2009 lors du dépôt de leur liste aux européennes. © Reuters

    Créée en 2007 pour servir le parti de Marine Le Pen – auquel Soral appartenait à l’époque –, l’association Égalité et Réconciliation (E&R) devrait être mise au service du futur parti politique. Selon les documents en notre possession, le parti Réconciliation nationale a été domicilié 3, rue du Fort de la Briche, à Saint-Denis (93), où sont déjà installées Égalité et réconciliation et la maison d’édition Kontre Kulture, mise en cause pour avoir publié, en 2013, plusieurs livres antisémites.

    Alain Bonnet, dit Soral, et Dieudonné M’bala M’bala seront tous deux co-présidents du parti. Ils ont simultanément créé une Association de financement du parti Réconciliation nationale ayant « pour objet exclusif de recueillir des fonds » et pour bénéficier des aides publiques en cas d’élection, et préparent leur demande d’agrément auprès de la commission des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Mais le tandem ne souhaite pas communiquer sur sa future formation. « Nous avons nos propres médias, nous ne communiquons pas à l’extérieur, nous avons des consignes très strictes », a répondu Julien Limes, numéro deux d’E&R, questionné par Mediapart au sujet de la création du parti.

    Selon une source interne, les deux hommes envisagent avec gourmandise l’éventualité d’une dissolution de l’Assemblée nationale, qui leur permettrait de concourir avant 2017 et de recevoir une part des financements dévolue aux partis en mesure de présenter des candidats dans 50 circonscriptions – à condition de dépasser 1 % des suffrages exprimés. En 2009, Dieudonné et Soral avaient déjà tenté une incursion en politique, en se présentant sur la liste d’Île-de-France du Parti antisioniste aux européennes. Dans l’une de ses nombreuses vidéos, Alain Soral a révélé depuis avoir obtenu « l’argent des Iraniens » pour « faire la liste antisioniste », qui n’avait pas eu d’élus.

    L’association de financement de Réconciliation nationale projette déjà de confier sa communication à son propre réseau de prestataires – la société Culture pour tous, façade de la maison d’édition de Soral, les Productions de la plume, qui gèrent les spectacles de Dieudonné, et les sites partenaires d’E&R –, et de lui faire bénéficier des remboursements légaux. Depuis quelques mois, cette nébuleuse profite d’une vague d’adhésions à l’association de Soral qui compterait aujourd’hui 12 000 personnes inscrites. Le pamphlétaire, qui diffuse ses interventions par vidéos sur internet, a depuis juillet choisi de les rendre payantes, via Dailymotion, moyennant une part très avantageuse des rentrées publicitaires.

    La création du parti coïncide avec une série de poursuites judiciaires visant les contenus antisémites des publications et des vidéos de Soral, et le déclenchement d’enquêtes financières sur la nébuleuse Dieudonné. Le 17 octobre, alors qu’il comparaissait à Paris pour « incitation à la haine et la discrimination » après ses propos sur le journaliste Frédéric Haziza, le site d’Alain Soral recensait avec fierté ses litiges judiciaires – une quinzaine – en chiffrant à 476 792 euros les dommages et intérêts réclamés par ses adversaires. Il vient d’être condamné en appel pour ses injures contre l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë.

    Le mois prochain, Alain Soral doit aussi comparaître en appel pour la publication de cinq livres antisémites par sa maison d’édition Kontre Kulture. Le tribunal correctionnel de Bobigny a interdit L’Anthologie des propos contre les juifs, Le Judaïsme et le Sionisme de Paul-Éric Blanrue, et ordonné le retrait de passages de quatre autres livres parmi lesquels La France juive d’Édouard Drumont. De son côté, Dieudonné, déjà condamné pour des propos antisémites, a été mis en examen en juillet pour fraude fiscale et abus de biens sociaux. Le juge Renaud Van Ruymbeke s’interroge en particulier sur les fonds envoyés par l’humoriste au Cameroun (400 000 euros depuis 2009).
    « Aujourd’hui, E&R se dissocie totalement du Front national et va rouler pour lui-même »

    La première annonce de la création du futur parti par Alain Soral est passée presque inaperçue, le 6 septembre. Dans une vidéo intitulée « La trahison de Chauprade », le patron d’Égalité et Réconciliation a dénoncé avec violence un texte publié en août par le conseiller international de Marine Le Pen, Aymeric Chauprade, « face à la question islamique ». « Il s’est permis au mois d’août, dans le dos de tout le monde et visiblement aussi du Front national, de produire un texte de soumission au sionisme », a dénoncé Soral, traitant au passage le conseiller de « fils de pute » et « d’ordure ». « Je le dis bien clairement, Chauprade est responsable du fait que ER aujourd’hui se dissocie totalement du Front national, et va rouler pour lui-même, en tant que parti politique. Et vous verrez que ça ne va pas vous aider. »

    Le patron d’Égalité et Réconciliation se plaint d’avoir été « sollicité » par Chauprade, en amont de la campagne européenne, puis d’avoir été « trahi totalement » par celui-ci, alors qu’il avait conduit « des patriotes musulmans » à le soutenir. Il l’accuse aussi de le « mettre en danger de mort » par son revirement. Chauprade a expliqué qu’il se sentait « plus proche d’un Israélien que d’un membre du Hamas », tout en appelant à « éliminer in situ » les 1 000 djihadistes français en Syrie…
    Alain Soral dans sa vidéo consacrée à Aymeric Chauprade, en septembre.Alain Soral dans sa vidéo consacrée à Aymeric Chauprade, en septembre. © Capture d’écran de la vidéo d’E&R.

    Réconciliation nationale risque fort d’être le nouveau vecteur de l’obsession antisémite des deux compagnons de route. Dans sa dernière vidéo, le 18 octobre, Dieudonné s’est lancé dans une longue tirade contre le Congrès juif mondial, et son président Ronald Lauder, digne des pires feuilles antisémites du début du XXe siècle. « Ronald Lauder. Ouais, ouais l’odeur. Ouais, il porte bien son nom. Quand il ouvre la bouche, c’est vrai (…) même une mouche à merde, s’est évanouie… Alors vous imaginez l’odeur… C’est un multi milliardaire Lauder. Il achète des tableaux à 140 millions comme toi tu achètes un Pif gadget. Il met ça au-dessus de sa cheminée, il regarde ouais, je suis content, et quand il a plus de feu, il met ça au feu. Ils ont du pognon… Il chie le fric. » Dieudonné s’en est pris au passage au président (PS) du conseil général de l’Essonne, Jérôme Guedj, qui a préconisé de « pourrir la vie » de l’humoriste, en donnant l’adresse et le numéro de téléphone personnel de l’ancien député, et en l’invitant à partir en Israël.

    Ces derniers mois, le mouvement Égalité et Réconciliation a surfé sur les mesures d’interdiction des spectacles de Dieudonné. Il a enregistré une vague importante d’adhésions, et s’est réorganisé en interne. E&R semble désormais en mesure de mobiliser des militants radicaux pour renforcer sa présence lors des manifestations de rue et y faire le coup de poing en cas de besoin. Lors des mobilisations pro-palestiniennes de cet été, l’un des proches de Soral, Mathias Cardet, a été identifié parmi les animateurs du groupe « Gaza firm », venu « sécuriser » le cortège ou plutôt ses débordements (lire notre enquête). Ce groupe issu pour partie des supporters ultras du PSG – anciens du « K-soce team » de la tribune d’Auteuil – a été présenté par cette mouvance comme une « ligue de défense goy ». Il est apparu pour la première fois lors de la manifestation d’extrême droite « Jour de colère », en janvier.

    Certains de ces gros bras sont visibles autour d’Alain Soral lors de ses apparitions publiques. Le 17 octobre, le pamphlétaire est venu au tribunal entouré d’une demi-douzaine de gardes du corps, de plusieurs caméras, et de plusieurs dizaines de militants venus chanter la Marseillaise. À l’image des partis existants, E&R est parvenu à structurer son association en « antennes » régionales et en « sections » locales, comprenant des « pôles de compétences » (militantisme, événement, localisme-écologie, communication, idées et formation théorique, relations extérieures).

    L’adhésion elle-même fait l’objet d’un étroit filtrage. « Le membre s’attachera à être humble, honnête, discipliné, poli, ponctuel et respectueux de l’ensemble de ses camarades et de sa hiérarchie, stipule l’un des règlements internes obtenus par Mediapart. Il n’y a donc dans la section aucune place envisageable aux notions de profit personnel, d’égocentrisme intéressé, de manigance, d’arrivisme hypocrite, de mensonge ou de trahison. »

    Le « protocole de recrutement » d’E&R (ci-dessous), qui préfigure celui du parti Réconciliation nationale, précise même la « gestion de la prise de contact ». Le responsable de section doit s’assurer de l’identité « réelle » des demandeurs, afin d’effectuer « des recherches préventives » pour obtenir des éléments « d’ordre professionnel ou personnel ». Deux courriels types sont impératifs pour filtrer les demandes, afin « de faire réfléchir à deux fois les éventuels infiltrés ». Le premier rendez-vous est aussi important : il « devra être fixé dans un lieu public, fréquenté, et facilitant le contrôle visuel de la zone », « où l’on se rendra un quart d’heure en avance afin de surveiller tout élément suspect ».

    L’entretien est cadré. Le chef de section confronte ses recherches à la présentation du demandeur : « situation familiale, vie professionnelle, type de lectures, connaissance d’ER et des ouvrages d’Alain Soral, (…) expériences politiques, casier judiciaire ». Le futur adhérent est briefé sur la sécurité et la confidentialité : « insister lourdement sur ce point en imposant une certaine pression au membre afin qu’il soit tout de suite dans le bain », préconise le « protocole de recrutement ».

    Les consignes de base sont assez strictes : « création obligatoire d’un boîte mail anonyme réservée à l’activité ER, aucun enregistrement de nom dans les contacts internet, interdiction du Facebook militant, non divulgation de tout type d’infos (lieu de réunion coordonnées, projet) ». Les adhérents sont priés d’utiliser des pseudonymes ou des prénoms.
    « J’espère que demain il ne faudra pas aussi vous payer des droits pour être antisémite »

    En septembre 2013, le matériel militant utilisé par Égalité et Réconciliation a fait l’objet d’une dispute entre Alain Soral et la compagne de Dieudonné, Noémie Montagne, qui dirige plusieurs sociétés de la galaxie Dieudonné. Dans une série de mails, mis en ligne ici, cette dernière a vivement reproché à E&R d’utiliser « la quenelle et l’ananas (référence à la chanson « Shoah nanas » - ndlr) » sur un autocollant E&R. « Je comprends que nous puissions être des alliés face au sionisme, mais une association complète avec Égalité et réconciliation ne saurait être judicieuse pour l’image de Dieudonné », avait-elle écrit.

    Noémie Montagne assurait ne pas vouloir « s’immiscer dans la relation politique » entre Soral et son mari. « ER et mes sociétés avons des intérêts communs mais nous ne dépendons pas l’un de l’autre, écrit-elle aussi. Tout ce qui touche à l’image de Dieudonné et qui est commercialisé me concerne. » « Vous nous reprochez quoi ? De profiter un peu de la dynamique de la quenelle ?! lui a répondu Soral. Il ne manquerait plus que ça, que nous n’en profitions pas à E&R, alors que nous mouillons le maillot avec vous depuis bientôt 10 ans ! (...) J’espère que demain il ne faudra pas aussi vous payer des droits pour être antisémite. »

    La création du parti Réconciliation nationale ouvre une nouvelle page entre eux. Elle sera aussi une pierre dans le jardin du Front national, alors qu’une partie des militants d’E&R sont encartés au parti lepéniste. Au moment de la création d’Égalité et Réconciliation, Alain Soral était lui-même membre du comité central du FN – qu’il quitte en 2009 –, et plusieurs proches de Marine Le Pen l’ont accompagné dans cette association destinée à lui servir de vivier en banlieue : l’ex-avocat Philippe Péninque, présent depuis de nombreuses années dans le premier cercle des Le Pen et l’ancien du GUD (Groupe Union défense) Jildaz Mahé O’Chinal, animateur avec Frédéric Chatillon, du réseau d’entreprises prestataires de services du parti lepéniste. Chatillon lui-même a introduit Soral auprès de ses réseaux en Syrie et au Liban.
    Marine Le Pen et Alain Soral dans l'émission de Frédéric Taddéï.Marine Le Pen et Alain Soral dans l’émission de Frédéric Taddéï. © Capture d’écran de l’émission.

    Depuis lors, la progression des thèses de Soral inquiète une frange du Front national, engagée dans une stratégie de « dédiabolisation ». En octobre 2013, le numéro 2 du FN, Louis Aliot, s’en est pris à « ceux qui sont obnubilés par des événements passés et des communautés particulières » et qui « n’ont rien à faire chez nous ! ».

    Marine Le Pen, de son côté, peine à maintenir l’équilibre précaire du parti, traversé par plusieurs tendances. D’un côté, elle a pris ses distances avec le texte de son conseiller international, qui n’a d’après elle exprimé que « sa vision personnelle de la situation ». Mais de l’autre, la présidente du FN a justifié, cet été, l’existence de la Ligue de défense juive (LDJ), le groupuscule d’extrême droite habitué aux affrontements de rue avec les pro-palestiniens : « S’il existe une Ligue de défense juive, c’est qu’il y a un grand nombre de juifs qui se sentent en insécurité. Ils ont le sentiment que monte un nouvel antisémitisme en France et qui est le fait de confrontations communautaires. »

    Alain Soral dispose encore de réseaux au sein du FN, notamment parmi ses cadres. Lors de son départ du parti, en 2009, il avait salué, dans une vidéo, « la confiance et l’amitié que (lui) accordait le président (Jean-Marie Le Pen - ndlr), le respect et la neutralité courtoise d’un Bruno Gollnisch ». Ce même Gollnisch qui a jugé, dans Marianne, « un peu angélique la manière qu’a Chauprade de reprendre le discours officiel des autorités israéliennes ».

    En septembre, après « la trahison Chauprade », Alain Soral s’est plaint d’avoir eu aussi « Aliot sur la gueule » : « Aujourd’hui, je le dis à ceux qui me regardent, ne votez pas pour le Front national, ça c’est clair, on va attendre et on va faire autrement. » Jean-Marie Le Pen aurait pris l’initiative d’aller discuter avec Soral pour désamorcer le conflit. Visiblement en vain.

    #Dieudonné #Soral #Front_National

  • L’impossible ménage du Front national
    http://lahorde.samizdat.net/2013/12/16/limpossible-menage-du-front-national

    Un nouvel article de Médiapart sur le Front National version Marine Le Pen, proposée en intégralité par le site L’Armurerie L’impossible ménage du Front national Posté le décembre 11, 2013 par larmurerie Par Marine Turchi À cinq mois des municipales, Marine Le Pen tente de contrôler l’expression de ses candidats et se félicite du « [&hellip

  • Le Pen, les médias et le « #FN new look »
    http://lahorde.samizdat.net/2013/09/16/le-pen-les-medias-et-le-fn-new-look

    Article de Médiapart http://larmurerie.antifa-net.fr/le-pen-les-medias-et-le-fn-new-look Le Pen, les médias et le « FN new look » Par Marine Turchi, Médiapart, 16.09.13 Reportages sur le « nouveau FN » et sa « dédiabolisation », interviews de « Marine », éditos consacrés à la « vague bleu marine » d’élections municipales qui n’ont pas encore eu lieu. Depuis trois ans, Le [&hellip

    #Extrême_droite_institutionnelle #Christian_Bouchet #Front_National #Front_National_de_la_Jeunesse #Gauthier_Bouchet #GUD #Julien_Rochedy #Marine_Le_Pen