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  • Reddit lève 300 millions auprès du chinois Tencent : le loup est-il entré dans la bergerie ?
    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/reddit-leve-300-millions-aupres-du-chinois-tencent-le-loup-est-il-entre-da

    Le site web communautaire, connu pour sa grande liberté d’expression et interdit en Chine pour cela, a réussi une méga-levée de fonds de 300 millions de dollars... menée par le géant chinois Tencent. L’objectif : trouver enfin un modèle économique pérenne autour de la publicité et élargir son audience aux passionnés de jeux vidéo. Mais l’influence du nouvel investisseur sur l’esprit et le modèle économique de Reddit inquiète certains utilisateurs.

    Business is business. En quête de fonds pour se développer, la plateforme de discussions et de partage de liens Reddit, qui revendique 330 millions d’utilisateurs par mois et fait partie du Top 5 des sites les plus fréquentés aux États-Unis -derrière Google, YouTube, Facebook et Amazon-, a choisi le géant chinois Tencent pour mener une méga-levée de fonds de 300 millions de dollars (266 millions d’euros). Quitte à fâcher une partie de ses utilisateurs, très attachés à la liberté d’expression, alors que Tencent incarne la censure du gouvernement chinois sur le Net.

    Dans le détail, l’ogre chinois investit à lui seul 150 millions de dollars dans cette Série D (4e levée de fonds institutionnelle). Le reste provient des investisseurs historiques de Reddit, qui sont les fonds américains Sequoia Capital, Fidelity et Tacit, ainsi que le rappeur Snoop Dogg. L’opération fait passer Reddit d’une valorisation de 1,8 milliard de dollars à l’automne dernier, à 3 milliards de dollars aujourd’hui. Au total, le site a levé 550 millions de dollars depuis sa création, en 2005, par Steve Huffman et Alexis Ohanian. Ce dernier est aussi connu pour être le mari de la joueuse de tennis Serena Williams, ce qui a contribué à braquer les projecteurs des médias sur lui et, par effet ricochet, sur Reddit depuis deux ans.

    Depuis que le site spécialisé Techcrunch a révélé, la semaine dernière, le possible investissement de Tencent dans la plateforme, l’inquiétude monte sur Reddit. Le géant chinois est considéré comme l’un des bras armés de la censure de Pékin sur le Net. Tencent dispose d’un empire tentaculaire en étant à la fois le leader mondial du jeu vidéo (League of Legends, c’est lui) et un géant des médias et des réseaux sociaux avec sa messagerie WeChat. Celle-ci revendique plus d’un milliard d’utilisateurs actifs par mois, et s’est imposée comme une véritable porte d’entrée du web, sur laquelle on peut même effectuer des achats en ligne.

  • Au Huffington Post, la dérive de la « Radio bière foot » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120219/au-huffington-post-la-derive-de-la-radio-biere-foot?onglet=full

    La grande majorité des journalistes hommes du site étaient inscrits sur une boucle de messages où s’échangeaient des remarques à caractère sexiste, raciste ou homophobe. La direction a aussitôt décidé d’importantes sanctions disciplinaires.

    • C’est la dérive d’un entre-soi masculin, sûr de lui et finalement toxique. Avant même les dernières révélations sur la Ligue du Lol, plusieurs rédactions parisiennes ont été secouées par des affaires de boucles de mails entretenues par des hommes et polluées par des messages racistes, sexistes et/ou homophobes. C’est le cas de la rédaction de Vice, ainsi que l’a révélé L’Express, et de celle du Huffington Post.

      La déclinaison française du célèbre site américain, filiale du groupe Le Monde, a procédé en fin d’année dernière à trois licenciements et à de nombreuses mesures disciplinaires. En cause, selon des documents et des témoignages recueillis par Mediapart et déjà évoqués par CheckNews, une boucle Slack alimentée par la quasi-totalité des hommes de la rédaction, sur laquelle plusieurs d’entre eux ont publié des injures, des remarques sexistes, homophobes et racistes, et des informations personnelles sur certaines de leurs collègues.

      Une boucle Slack ou chan (une « chaîne ») est une messagerie interne qui peut se décliner en un nombre infini de groupes et de sous-groupes. En principe, ces boucles de messages servent à l’organisation du travail. Mais elles sont aussi utilisées à des fins récréatives, avec des groupes affinitaires (centres d’intérêt en commun, amitiés, etc.), aboutissant à un mélange entre les rapports professionnels et personnels et à un brouillage des frontières qui a mis le “HuffPost” dans une situation périlleuse.

      Plusieurs journalistes femmes ont en effet découvert au cours de l’été dernier que la « RBF », dont toutes connaissaient l’existence de longue date, avait violemment dérapé. La « RBF » (pour « Radio bière foot », en hommage aux Robins des Bois) a été créée il y a plusieurs années pour parler foot, s’envoyer des vidéos de but ou organiser des apéros devant des matchs.

      Mais la « RBF » a grossi au fil du temps, jusqu’à compter la quasi-totalité des hommes de la rédaction – à l’exception des principaux chefs, le directeur de la rédaction Paul Ackermann et le rédacteur en chef de l’époque Alexandre Phalippou, d’un chef de service perçu comme « vieille école », Geoffroy Clavel, et de deux rédacteurs identifiés comme homosexuels (et donc perçus comme peu sensibles au virilisme hétérosexuel).

      Selon les messages capturés au hasard par plusieurs personnes de la rédaction du HuffPost il y a quelques mois, les membres les plus actifs de la « RBF » lancent une conversation en disant : « je suis dispo pour bitcher sur quelqu’un si vous voulez » ; évoquent les motifs d’absence de leurs collègues femmes qu’ils encadrent parfois en tant que chefs de service ; parlent de collègues en utilisant les termes « bitch » (salope), « tasspé » (pétasse) et « putes », un mot qui vire parfois à l’obsession :

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      Cette conversation aboutira à la diffusion d’un émoji du Nord-Coréen Kim Jong-un avec du maquillage. Il vise l’une des journalistes métisses asiatiques, aujourd’hui partie du HuffPost. Dans un message raciste, la joueuse de tennis Serena Williams est traitée de « vigile trav » dont l’odeur doit « fouetter ».

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      Les discussions sexualisées sont fréquentes. Exemples :

      capture-huff-01

      capture-huff-03

      « T’as 5 minutes pour une sodomie accidentelle ? », lance un chef de service dans une conversation portant sur un pot organisé par des stagiaires. Les remarques homophobes polluent le fil, notamment sur les lesbiennes – deux femmes journalistes sont surnommées « bouche à fesses » dans un message ; un gif porno de deux filles était parfois utilisé, se souvient un journaliste.

      Quand elles découvrent les messages, les femmes de la rédaction sont sous le choc. « Je crois que j’aurais préféré être insultée de “pute”, de “pupute”, de “casse-couilles”, de “pétasse”, de “bitch” en vrai, dans les yeux, plutôt que d’avoir des sourires hypocrites et d’être humiliée quotidiennement dans mon dos, dans le même open space que moi », explique l’une d’elles, sous le couvert de l’anonymat.

      Elle ajoute : « Je ne souhaite à personne, pas même à mon pire ennemi, de vivre cela. » Et : « On n’aime pas les “faibles”, c’est bien connu. Certains ont senti une “fragilité” chez moi, qui a ensuite été détournée à mon encontre pour m’enfoncer, me décrédibiliser. »

      Même plusieurs mois plus tard, toutes les personnes que nous avons interrogées, hormis la direction, ont requis l’anonymat. La peur, disent-elles, d’être jugées, critiquées, y compris en interne.

      Encore aujourd’hui, « c’est un peu dur à la rédaction », dit une autre journaliste. « C’est un enfer », dit une troisième. Ces derniers mois, plusieurs d’entre elles ont été en arrêt maladie ; d’autres, même parties, sont encore traumatisées. D’autant plus que la trentaine de journalistes se voyaient (globalement et à grands traits) comme progressistes, voire féministes, antiracistes, « ouverts », selon une expression entendue à plusieurs reprises.

      « Pour moi, on était une rédaction progressiste, confie le directeur de la rédaction Paul Ackermann. J’en ai eu le souffle coupé [en découvrant les messages – ndlr]. J’étais éberlué, et choqué sur le fond. »

      Avant que les femmes de la rédaction ne s’adressent à lui, Ackermann affirme n’avoir rien soupçonné. « Il y avait des rumeurs sur des slacks où les gens disaient du mal des autres… Mais à dire vrai, je croyais qu’ils ciblaient surtout les chefs… »

      La direction a tout découvert le 16 octobre 2018 quand, après plusieurs semaines, un collectif de femmes journalistes a décidé de s’ouvrir à elle. « Elles croyaient qu’on ne réagirait pas, raconte encore Ackermann. Ça aussi, ça a été un choc. D’autant qu’on voyait bien qu’elles avaient souffert gravement. »

      Aussitôt, la direction prend des mesures aussi sévères qu’exceptionnelles. Le président du directoire du groupe Le Monde, Louis Dreyfus, écrit dès le 17 octobre aux équipes du Huff’ : « De tels propos, dont la qualification pourrait confirmer qu’ils sont contraires à la loi, sont en tout état de cause contraires à l’ensemble des valeurs que nous portons et ne seront ni admis ni même tolérés. Je vous rappelle par ailleurs que depuis cet été, la loi condamne fermement les comportements ou propos sexistes, racistes, homophobes et plus largement discriminatoires. »

      Il y annonce l’ouverture d’une enquête interne. Et ajoute : « Sans attendre ou préjuger d’éventuelles sanctions, il est important collectivement que chacun prenne la mesure des faits et s’applique à modifier immédiatement son comportement. »

      Le 3 décembre, Dreyfus s’adresse de nouveau à l’équipe : il a décidé de licencier trois journalistes particulièrement actifs sur la « RBF », dont deux chefs de service. Un quatrième a été suspendu pendant une semaine et tous les autres seront avertis formellement. Dernier point, le président du directoire annonce qu’il a demandé au cabinet de conseil spécialisé Egae « d’accompagner l’équipe dans les prochaines semaines ».

      Jamais des sanctions aussi lourdes n’avaient été prononcées dans le groupe, explique Louis Dreyfus. « Les faits sont graves. Ils le sont d’autant plus par le nombre de salariés sur cette boucle », indique le patron du groupe à Mediapart.
      « Les effets sont désastreux pour les salariées »

      Depuis, le groupe Egae, dirigé par Caroline De Haas, a entendu les femmes et les hommes de la rédaction et prépare une présentation aux salarié.e.s de ses conclusions d’ici à dix jours. « Reconstruire la confiance est très difficile », explique Paul Ackermann, qui jure vouloir faire de sa rédaction une « safe place » (une place sûre) pour les femmes.

      Le travail sera lent et difficile. Ces messages sur les “chans” sont des « violences », explique Caroline De Haas. « Les effets sont désastreux pour les salariées, à la fois en termes de santé physique et mentale, de conditions de travail, de confiance en soi et de carrière, indique-t-elle. Il faut rappeler que les propos à connotation sexiste et/ou sexuelle répétés peuvent pousser des personnes très loin dans la dépréciation de soi, y compris dans la dépression. »

      Les hommes aussi, du moins ceux qui mesurent la gravité des faits, semblent parfois hébétés. « Encore aujourd’hui, je ne comprends pas comment j’ai pu ne pas réagir à certains propos », souligne un journaliste, sous le couvert de l’anonymat. Il évoque « sans doute un effet de groupe », « intimidant », conduisant au silence. Et puis, dit-il, « les personnes qui étaient sur la RBF étaient aussi des personnes valorisées par la hiérarchie dans leur travail », explique ce trentenaire.

      « C’est assez insidieux comme phénomène, dit un de ses collègues, lui aussi en plein exercice d’introspection. On était une petite boîte qui a grandi très vite. L’ambiance était familiale, puis des tensions sont apparues petit à petit. Et des groupes se sont créés. » Une description très classique pour les TPE en forte croissance.

      « Chez nous, dit encore ce journaliste, la polarisation au sein de la rédaction s’est focalisée sur le genre, sans même qu’on le comprenne… Comme dans un boy’s club [un club de garçons — ndlr]. »

      Au HuffPost, les femmes aussi avaient créé leur boucle – « Geneviève » – mais, selon de nombreux témoignages, elles s’échangeaient surtout des articles sur les thématiques féministes et se demandaient des tampons…

      « Le boy’s club désigne pour moi simplement la socialisation masculine, du vestiaire à la salle à café, des comités de direction aux pages privées Facebook où l’on construit et entretient sa masculinité sur le dos des minorités », explique sur son blog la militante féministe Valérie Rey-Robert, qui publie Une culture du viol à la française, du “troussage de domestique” à la “liberté d’importuner” (Libertalia, 2019).

      En face, les femmes de la rédaction n’ont pas non plus toujours perçu le sexisme qu’elles disent avoir subi. Ce sont aussi les révélations de ces derniers mois qui leur ont ouvert les yeux ou qui leur ont permis de verbaliser un malaise diffus que plusieurs d’entre elles ressentaient parfois, selon les nombreux témoignages recueillis.

      « Je me disais que c’était peut-être moi qui découvrais que le monde professionnel était sexiste », explique une journaliste, partie depuis. Et puis, ajoute-t-elle, « il y avait une ambiance de cour de récré, on ne savait pas si c’était du sexisme ou du copinage… En fait, les deux se croisaient ».

      « Jamais je n’aurais imaginé ces messages sur la RBF, dit une de ses anciennes collègues, toujours au HuffPost. Sur le coup, j’étais hyper choquée. Et en même temps, je me suis dit : “Je comprends mieux.” »

      En cause, des soirées de la rédaction où filles et garçons ne se mélangent plus du tout – notamment depuis la soirée de Noël d’il y a un an –, des non-dits, l’impression que les sujets les plus « sérieux » étaient plus facilement confiés à des hommes qu’à des femmes, de jeunes femmes qui ont refusé des CDI malgré la précarité régnant dans la profession…

      Plusieurs journalistes se plaignent aussi de « blagues sexistes » au vu et au su de tout le monde. En cause, notamment, l’ancien rédacteur en chef Alexandre Phalippou, parti depuis à L’Obs (également propriété du groupe Le Monde). Mais c’était un « sexisme insidieux », dit une autre ex du site. « On se disait qu’on n’arriverait jamais à le prouver. Finalement, le machisme à la papa, on est mieux armées pour le contrer. Là, c’était limite. »

      Selon plusieurs sources, l’ancien numéro 2 du site, qui n’était pas dans la « RBF » et dont le départ n’a rien à voir avec cette boucle, aurait ainsi multiplié les blagues à connotation plus ou moins sexiste, ou sexuelle. Selon plusieurs journalistes, « il a donné, même inconsciemment, le signal aux autres », une sorte de « permission », il a « installé un climat ».

      Contacté par Mediapart, le journaliste raconte qu’il a tout découvert en même temps que le reste de la direction. « Un miroir s’est brisé. Ça a été un choc, même s’il est sans commune mesure avec ce qu’ont pu ressentir les victimes », dit-il, alors qu’il faisait partie de l’équipe du départ du HuffPost, leur « bébé ». « Voir que ça pouvait arriver chez nous, ça a été un cataclysme. Depuis, je refais le film de ces derniers mois, de ces dernières années… Si on avait su que des choses étaient mal vécues, on y aurait mis fin immédiatement. »

      Lui aussi rappelle l’atmosphère au sein d’une rédaction passée de « 7 à 35 journalistes en quelques années ». Interrogé sur les blagues jugées sexistes : « On se disait entre nous la même chose qu’au bistro, entre potes. D’ailleurs c’était le cas : on travaillait énormément, on buvait des coups après. On n’a pas vu qu’on devenait une vraie entreprise… »

      Lire aussi

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      Violences sexuelles : les médias concernés peinent à réagir Par Louise Fessard
      Violences sexuelles : la fin du silence Par La Rédaction De Mediapart

      L’ancien rédacteur en chef peut d’ailleurs compter sur le soutien de sa hiérarchie. « Je n’ai jamais entendu dans la rédaction autre chose que des blagues comme chez Canteloup le matin [sur Europe 1 – ndlr], estime Paul Ackermann. Cela n’a rien à voir avec le fait d’insulter des gens qu’on connaît et avec qui on travaille au quotidien. »

      Cibler l’ex-numéro 2, « c’est trop simple », juge aussi Louis Dreyfus, le président du directoire du Monde. « Il ne figurait pas dans cette boucle Slack et ne peut être associé à cette affaire qu’il a découverte avec la direction de la rédaction du HuffPost quelques jours avant son départ. »

      Au sein du groupe, notamment à la demande des élus du personnel, une série de formations des cadres, consacrées à la prévention des violences sexuelles et sexistes, a été mise en place il y a plus d’un an. Une première au sein du groupe Le Monde, explique Sylvia Zappi, déléguée syndicale CFDT.

  • Serena Williams scores new rules for the tennis court
    https://www.pri.org/stories/2018-12-19/finally-more-love-serena-williams-tennis-star-inspires-new-rules

    The Women’s Tennis Association put out a statement this week saying that wearing leggings and compression shorts without shorts or a skirt over them is totally acceptable. It turns out there was never a rule against it. And Myles says forget the fashion statement. It just makes sense.

    The Women’s Tennis Association updated another rule this week. And Myles says it’s about something more important than dress code. It has to do with players keeping their rankings after maternity leave.

    “So, now what they’ve done is they’ve just given the players a longer period of time in which they can use that ranking to get themselves back to where they were,” said Myles. In other words, they don’t have to start at the bottom.

    This change was also inspired by Williams. She was ranked No. 1 when she went on maternity leave. When she came back eight months later, she’d lost her ranking. And that affects when, where and who you play in tournaments.

    Myles says the old rules basically punished women for having children.

    #femme #congé_maternité #dress_code #tennis

  • Et le « bloomer » libéra le corps des sportives - Libération
    https://www.liberation.fr/sports/2018/12/08/et-le-bloomer-libera-le-corps-des-sportives_1696434

    Au XIXe siècle, la militante féministe Amelia Bloomer affronte les moqueries lorsqu’elle encourage le port d’une tenue révolutionnaire : le « bloomer », une culotte bouffante qui deviendra un vêtement sportif accompagnant l’essor de la bicyclette.

    Chaque samedi avec RétroNews, le site de presse de la BNF, retour sur un épisode de l’histoire du sport tel que l’a raconté la presse française. Aujourd’hui, comment un vêtement a permis l’émancipation sportive des femmes.

    Au milieu du XIXe siècle, un nouveau vêtement féminin fait son apparition : le bloomer, un pantalon court surmonté d’une jupe, qui donnera les shorts-culottes aujourd’hui portés par diverses sportives, en athlétisme, au volley ou au tennis. Il tient son nom de la militante féministe Amelia Bloomer qui en fut la plus grande avocate, dès 1851. Mais faire accepter ce vêtement dans les sociétés corsetées du XIXe ne fut pas sans obstacles, comme le racontent les journaux de l’époque.

    Le Constitutionnel du 2 octobre 1851 fait ainsi état d’une soirée de présentation à Londres du « nouveau costume américain pour dames » plutôt mouvementée : « Jusqu’à l’arrivée des bloomers en costume, on ne saurait décrire le désordre ni rapporter le feu roulant des plaisanteries. » Organisée par une certaine Mme Dexter, la présentation de ces bloomers n’aura pas lieu face aux railleries du public pourtant venu en nombre.

    « Le tyran : c’est la mode »

    « Encore les bloomers ! », titre le Constitutionnel quelques jours plus tard. A l’occasion d’un nouveau défilé, « les dispositions avaient été prises pour que l’ordre ne fût point troublé », précise le journal. Une Américaine de 26 ans vient présenter ces tenues : « Huit dames accoutrées d’une manière assez bizarre entrent dans la salle. […] Il est impossible au public de garder plus longtemps son sérieux. » Une nouvelle fois, les bloomers ne sont pas pris au sérieux, alors que l’Américaine se lance dans une plaidoirie féministe pour ce nouveau vêtement : « Les dames américaines ont réfléchi qu’il y avait un autre esclavage à abolir, esclavage contre lequel la religion, la morale, la loi sont impuissantes. Vous avez déjà nommé le tyran : c’est la mode. […] La toilette actuelle des dames exerce sur elles une torture physique, spirituelle et morale. » Puis, l’oratrice fait applaudir Amelia Jenks Bloomer, « l’auteur de cette innovation ».

    A cette époque, l’idée du bloomer apparaît tellement saugrenue à certains qu’une pièce comique, les Blooméristes ou la Réforme des jupes*, est mise en scène au Théâtre du Vaudeville, comme le raconte le Siècle, le 2 février 1982. Pour le journaliste du Siècle, Amelia Bloomer est même une « excentrique insulaire qui a attaché son nom à l’idée la plus saugrenue qui ait pu poindre dans une cervelle humaine, celle de masculiniser les femmes par le costume d’abord, par les habitudes ensuite ». Dans les Blooméristes ou la Réforme des Jupes, l’héroïne, Mlle Césarine, « a été élevée à la façon bloomerienne ; elle fume comme un Turc, tire le pistolet comme Lepage, manie le fleuret comme le professeur italien Raimondi ».

    Répression du bloomer

    Finalement, c’est en Californie que le bloomer se démocratise d’abord, fin XIXe : dans le Petit Parisien du 24 janvier 1898, on raconte ainsi qu’il « s’est fondé à San Francisco un club de jeunes femmes et de jeunes filles qui ont décidé d’adopter d’une façon permanente le port de la culotte bouffante américaine ». Ces centaines de « miss appartenant aux meilleures familles » s’exercent par ailleurs « à tous les sports athlétiques généralement réservés au sexe fort. La course à pied, le canotage, le cricket, le football n’ont plus de secret pour elles. […] Ajouterons-nous que ces dames font beaucoup d’équitation et montent à cheval comme les hommes, – à califourchon… N’est-ce pas un peu cavalier tout de même ? »

    Le bloomer est adopté massivement par les femmes cyclistes. Le journal parisien Gil Blas relate un fait divers survenu à Washington et lié au port du bloomer, « objet de réprobation des puritains aux Etats-Unis ». « Une maîtresse correction infligée à deux dames de Washington par le mari de l’une d’elles, M. Redman » : aperçue à bicyclette vêtue d’un bloomer dans les rues de la capitale américaine, Mme Redman reçut des « coups de cravache » de son mari, tandis que son amie se voit administrer une paire de claques. L’auteur de ces violences fut exempté de l’amende de 50 francs qu’il encourait. Pire : « Il a été hautement félicité par le juge, comme ayant bien mérité de la société en s’élevant publiquement contre une coutume déplorable. Ce magistrat a même exprimé le regret de ne pouvoir appliquer l’amende à Mme Redman pour la corriger de la mauvaise habitude de s’habiller en homme. »

    A Chicago, la répression va loin également : le port du bloomer est interdit. La bicyclette est partout aux Etats-Unis, comme le relate la Petite Gironde du 16 juin 1895 : « Rien ne manque à la gloire de la bicyclette en Amérique, pas même la persécution ! […] Ce projet est ainsi rédigé : […] il sera illégal pour toute personne de sexe féminin […] de se promener ou d’essayer de se promener en bicycle ou de se montrer dans les rues, avenues ou voies publiques habillée ou déguisée en costume à jupe courte, vulgairement connu sous le nom de bloomers. » « Il est clair qu’interdire à une femme la culotte et le jupon court pour aller à bicyclette cela équivaut à lui interdire la bicyclette », conclut le journal : « On ne peut songer pédaler avec une robe à traîne. »

    « La femme nous a pris la culotte ! »

    Le débat sur les femmes cyclistes et leur accoutrement traversera l’Atlantique : en France, le docteur Léon Petit donne une conférence pour évoquer les bienfaits de la bicyclette pour les femmes. Elle est retranscrite dans la Presse du 19 janvier 1896 : « Mères, fillettes, grands-mères, enfants, petites bourgeoises, grandes dames, accourez au sport nouveau ! » Lui aussi voit dans le vêtement qui accompagne la pratique un mélange des genres, tout en s’en accommodant : « Le costume rationnel ? La culotte, emblème de l’égalité avec l’homme, la culotte ; symbole de la force et du pouvoir, la culotte depuis si longtemps désirée et enfin conquise ! Ah ! messieurs, c’est un coup terrible porté à notre prestige ! La femme nous a pris la culotte, et il faut bien reconnaître qu’elle la porte mieux que nous ! »

    Suite et fin de l’histoire. Un siècle et quelques plus tard, les débats sur le vêtement sportif féminin ne se sont pas arrêtés, bien au contraire. Pour preuve : la polémique, fin août, autour de la combinaison noire de Serena Williams lors du dernier Roland-Garros, jugée trop excentrique, et qui a entraîné la mise en place d’un « code vestimentaire », effectif à l’occasion des prochains Internationaux de France.

    https://www.liberation.fr/sports/2018/12/08/et-le-bloomer-libera-le-corps-des-sportives_1696434

    #femmes #sexisme #mode #culotte #misogynie #histoire

    * texte complet de la pièce : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62636114.texteImage

    • Fiche Wikipédia sur Amélia Bloomer
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Amelia_Bloomer

      Histoire du port du pantalon par les femmes
      https://lemundemfinue2013.wordpress.com/2013/11/29/le-port-du-pantalon

      C’est en Perse que l’on voit les premiers pantalons féminins. Jusqu’au XVIIIème siècle les femmes ont essayé de l’adopter mais sans succès. Souvent les gouvernements leur en ont interdit l’usage, surtout pour les femmes qui travaillent. Dans certaines entreprises, les employées en contact avec la clientèle n’ont pas le droit de porter le pantalon. Par exemple les hôtesses de l’air d’Air France devaient porter des jupes jusqu’en 2005, signe d’élégance.

      –-----
      Bloomers – A Fashion Revolution
      http://www.victoriana.com/bloomer-costume

      No description of 19th century women’s fashions would be complete without some mention of the notorious lady, Amelia Jenks Bloomer, who had the courage to attempt to introduce reform in the conventional dress for women. It is said that the first man who carried an umbrella was mobbed through the streets of London because of its oddity; therefore, it is not surprising that the first woman who took on “pantalettes” as part of her public dress became at once the object of vulgar curiosity and idle gossip.


      Hand-colored lithograph of the music cover for the “Bloomer Waltz, (costume for summer)” published in 1851 showing a woman in the notorious bloomer costume walking along a path in a wooded area.

      Amelia Bloomer was an American women’s rights advocate who proclaimed her strong views regarding reform in feminine attire in her publication The Lily. In 1849 she took up the idea, previously originated by Mrs. Elizabeth Smith Miller, of wearing a short skirt and loose trousers gathered round the ankles.


      A Currier & Ives rendition of the bloomer costume, c1851.

      Reportedly, Elizabeth Smith Miller began wearing the outfit of Turkish pantaloons and a knee length skirt after seeing this type of clothing on a trip to Europe. This design was an attempt to preserve a Victorian woman’s modesty while providing freedom of movement in household activities. The name of “bloomers” gradually became popularly attached to any divided skirt or knickerbocker dress for women because of Amelia Bloomer’s strong advocacy.

      Clipping of Elizabeth Cady Stanton (left) wearing the controversial bloomer costume in 1851. Stanton’s cousin Elizabeth Smith Miller introduced the outfit and editor Amelia Bloomer publicized its healthful and liberating benefits in her newspaper The Lily.

      The costume that Bloomer advocated was sometimes referred to as the Camilla, consisting of short skirts reaching just below the knees, and long pantalettes. The bloomer costume was popular for some time by most of the leaders in the women’s rights movement.


      Glass negative portrait photograph circa 1855-1865.


      bloomer costume

      The bloomer outfit was changed numerous times but eventually discarded because of the amount of attention given to its criticism in the press. Nevertheless, the name “bloomers” survived in women’s fashion as a generic term for Turkish-style pantaloons, divided skirts, and for the knickerbockers worn by women when riding bicycles in the 1890s.

      #pantalon #bloomer #femmes #mode #histoire #historicisation

      Amelia Bloomer
      https://lacasavictoriana.com/2010/08/12/amelia-bloomer

      Aunque hoy en día muchos sólo recuerdan a Amelia Bloomer como la creadora de una moda revolucionaria en su época, los bloomers – conocidos en español como pantalones bombachos -, Bloomer fue también una incansable defensora de los derechos de la mujer en una sociedad para la que una mujer era sólo el pilar de la familia, y trataba de dejar en un segundo plano sus facetas culturales, creativas, políticas o trabajadoras.

      Merece la pena conocer un poco más sobre esta sobresaliente mujer, que no sólo luchó por las mujeres desde un punto de vista social, sino que incluso intentó cambiar la rígida moda victoriana por prendas más cómodas y apropiadas para las diferentes actividades a las que la mujer se estaba incorporando.


      La activista por los derechos de las mujeres, Amelia Jenks Bloomer nació en Homer, New York en 1818. Cuando tenía 22 años se casó con el abogado norteamericano Dexter Bloomer, quien la animó a defender sus ideas a través de su periódico The Seneca Falls Courier y a colaborar activamente en la defensa del sufragio femenino y los derechos de las mujeres a través de oranizaciones femeninas del área de Seneca Falls, llegando a participar en la famosa Seneca Falls Convention en 1848 (esta convención paso a la posteridad por ser la primera en la que se defendieron los derechos de la mujer en todos los ámbitos sociales y de la que salió el documento Declaration of Sentiments, donde se recogían los puntos fundamentales acordados en esa reunión)

      En Enero de 1849, animada por Elizabeth Cady Stanton y Susan B. Anthony – otras defensores de los derechos de la mujer, comenzó a publicar su propio periódico The Lily, una publicación completamente dedicada a la mujer y a sus intereses y desde donde intentaba enfocar los temas femeninos – educación, disciplina, moda y sufragio – desde un punto de vista reformista, reclamando un papel más destacable e igualitario de la mujer en la sociedad.

      En 1850. a través de su periódico, presentó un nuevo estilo de vestuario para las mujeres “activas” inspirado en los trajes tradicionales turcos. La presentación de sus pantalones para mujeres provocaron una oleada de indignación entre la sociedad e insultos de la prensa – de hecho existe la expresión “making a bloomer “ que podría traducirse como meter la pata, cuyo origen fue la presentación de los citados pantalones y que toma el apellido de Amelia como parte de la expresión.

      Estos pantalones eran como unas enaguas largas, flojas y ligeramente hinchadas que se estrechaban en el tobillo; sobre ellas iba una falda más corta que las habituales faldas victorianas. Aunque el diseño desde el punto de vista estético puede resultar discutible, lo cierto es que resultaban cómodos y fueron la antesala de los pantalones para uso femenino.

      Fueron muchas las mujeres que se atrevieron a usarlos, a pesar de ser ridiculizadas y de las burlas que tuvieron que soportar; algunas los usaban por el convencimiento de que representaban un avance para la comodidad de las mujeres lejos del encorsetamiento que imponía la moda victoriana; otras lo hicieron por reivindicación, usando los “bloomers” como un símbolo de la igualdad de derechos de la mujer.

      Pero fueron las feministas las primeras en dejar de usarlos, ya que pensaron que los bloomers estaban desviando la atención de sus reivindicaciones y tenían miedo no ser tomadas en serio por sus ideas.


      Así, el bloomerismo – termino acuñado en la época para denominar esta moda – fue perdiendo adeptos, pero sorprendentemente volvió para convertirse en todo un fenómeno representante de lo moderno, en 1890, con la llegada de la “fiebre de la bicicleta”, ya que era mucho más cómodo montar en bici con bloomers y no con faldas. Eso sí, su renacer trajo consigo alguna variación estética, como un tejido más adecuado, como el tweed, y la supresión de la falda superpuesta.

      Después del revuelo causado por los revolucionarios pantalones, Amelia y su marido se mudaron a Ohio, donde él publicó Western Home Visitor y ella vendió su The Lily. Un par de años después se mudaron a Iowa; pero en ambos lugares y a pesar de no tener ya su propia publicación Amelia Bloomer siguió participando activamente a favor de los derechos de la mujer y colaborando con grupos y asociaciones sufragistas. Murió el 31 de Diciembre de 1894 en Council Bluffs, Iowa.

    • J’avais pas joint l’image d’illustration que fournis libé et qui contiens une autre manifestation de la continuité de la misogynie


      Sur la droite de l’image
      « Le trottin de modiste ne pourra plus se troussé hélas ! »
      qui rappel le « troussage de domestique » et « droit d’importuné » dans lequel nous croupissons toujours.
      #culture_du_viol #humour

      Ca rappel l’importance du pantalon pour les femmes, c’est pour elle une protection contre le viol et les agressions sexuelles et ceci interdit par les hommes et les femmes de droite.

    • Je note ce paragraphe sur le #vélo et l’entrave faite aux #femmes de pratiquer la #bicyclette.

      A Chicago, la répression va loin également : le port du bloomer est interdit. La bicyclette est partout aux Etats-Unis, comme le relate la Petite Gironde du 16 juin 1895 : « Rien ne manque à la gloire de la bicyclette en Amérique, pas même la persécution ! […] Ce projet est ainsi rédigé : […] il sera illégal pour toute personne de sexe féminin […] de se promener ou d’essayer de se promener en bicycle ou de se montrer dans les rues, avenues ou voies publiques habillée ou déguisée en costume à jupe courte, vulgairement connu sous le nom de bloomers. » « Il est clair qu’interdire à une femme la culotte et le jupon court pour aller à bicyclette cela équivaut à lui interdire la bicyclette », conclut le journal : « On ne peut songer pédaler avec une robe à traîne. »

  • Vent de critiques après la publication en Australie d’une caricature de Serena Williams
    France 24 - Dernière modification : 11/09/2018
    https://www.france24.com/fr/20180911-tennis-polemique-caricature-serena-williams-australie-herald-sun-

    La publication, lundi, d’une caricature de Serena Williams dans un journal australien a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux, dont celle de l’auteure britannique J.K. Rowling.

    Un caricaturiste australien est sous le feu des critiques pour un dessin représentant la superstar du tennis Serena Williams. Il est accusé en particulier par J.K. Rowling, l’auteure de la saga Harry Potter, de racisme et de sexisme. (...)

    #racisme #sexisme.

  • At U.S. Open, power of Serena Williams and Naomi Osaka is overshadowed by an umpire’s power play - The Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/sports/tennis/at-us-open-power-of-serena-williams-and-naomi-osaka-is-overshadowed-by-an-umpires-power-play/2018/09/08/edbf46c8-b3b4-11e8-a20b-5f4f84429666_story.html

    Nobody has ever seen anything like it: An umpire so wrecked a big occasion that both players, Naomi Osaka and Serena Williams alike, wound up distraught with tears streaming down their faces during the trophy presentation and an incensed crowd screamed boos at the court. Ramos took what began as a minor infraction and turned it into one of the nastiest and most emotional controversies in the history of tennis, all because he couldn’t take a woman speaking sharply to him.

    Après Roland Garros et le tutu, la fragilité masculine de l’arbitre de l’US Open gâche le match de l’année. Chouette texte.

    #femmes #sport

  • Tennis : le président de la Fédération française « n’acceptera plus » la combinaison de Serena Williams, qui le défend face aux critiques

    https://www.francetvinfo.fr/sports/tennis/roland-garros/tennis-le-president-de-la-federation-francaise-n-acceptera-plus-la-comb

    Bernard Giudicelli justifie son point de vue par une volonté de défendre la beauté du sport. « Si je fais passer une émotion avec quelque chose qui est beau dans un endroit qui est beau, l’émotion est magnifiée », affirme-t-il.

    En enfilant cette combinaison noire, Serena Williams n’était toutefois pas uniquement préoccupée par son style : cette tenue, conçue par la marque Nike après deux ans de recherche et de design, permet à la championne américaine d’éviter les caillots sanguins. Depuis 2003, Serena Williams a en effet souffert de plusieurs embolies pulmonaires, dont une a failli lui coûter la vie après la naissance de sa fille Alexis Olympia Junior, le 1er septembre 2017.

    Certaines stars se sont également mobilisées pour défendre la tenue de Serena Williams. « Le besoin des hommes de contrôler les femmes atteint ici un niveau mesquin, a ajouté l’actrice américaine Elizabeth Banks sur Twitter. Serena Williams est la plus grande joueuse de tous les temps. C’est le jeu qui la respecte. » Et l’ancien tennisman Andy Rodick d’ajouter : « C’est tellement stupide et irréfléchi que ça fait mal. Parfois, ce serait sympa si le sport sortait de ses mauvaises habitudes. »

    Même l’équipementier de la championne et designer de la combinaison, Nike, a répondu à Bernard Giudicelli sur Twitter. « Vous pouvez enlever son costume à une super-héroïne, mais vous ne pourrez jamais lui enlever ses superpouvoirs. »

    • http://www.liberation.fr/france/2018/08/26/la-combi-de-serena-williams-a-roland-garros-le-bas-blesse_1674567

      Enfin une bonne nouvelle pour les partisans de l’ancien monde catastrophés par la vague #MeToo et le renouveau féministe collatéral : Bernard Giudicelli veille au grain. Dans un entretien accordé à Tennis Magazine, le président de la Fédération française de tennis (FFT) a annoncé que Serena Williams ne pourra plus jouer à Roland-Garros vêtue de la spectaculaire combinaison-pantalon noire, fuselée, qu’elle arborait en mai sur la terre battue. Argument de Giudicelli, qui entend instaurer un nouveau dress code dans le tournoi français à partir de 2020 : « Je crois qu’on est parfois allé trop loin. La combinaison de Serena cette année, par exemple, ça ne sera plus accepté. Il faut respecter le jeu et l’endroit. Tout le monde a envie de profiter de cet écrin. Si je fais passer une émotion avec quelque chose qui est beau dans un endroit qui est beau, l’émotion est magnifiée. » Concrètement : les joueuses doivent jouer en robe ou jupe, sinon c’est moche pour l’image de Roland-Garros et du tennis.

      Tornade américaine

      Quelle fatigue. Il va donc falloir rappeler au moins deux choses à Bernard Giudicelli. 1/ Qu’une joueuse de tennis, comme toute femme, n’est pas une plante verte, un élément de décorum. 2/ Qu’un tournoi de tennis n’est pas une fashion week mais une compétition, et les sportifs ne sont pas des mannequins mais des athlètes dont on attend qu’ils atteignent la plus haute marche du podium en faisant la différence par leur force, leur vélocité, leur agilité, leur souplesse, leur précision, leur acuité, leur résistance. Des qualités que Serena Williams incarne depuis vingt ans, avec 39 titres de grand chelem dans sa besace, ce qui fait d’elle une des plus grandes joueuses de tous les temps. Sachant que Serena y met la manière : explosivité, fougue, panache, son jeu d’attaquante est un régal. Bilan, la tornade américaine a réconcilié plus d’un spectateur avec le tennis féminin lassé par les interminables échanges du fond du court. D’ailleurs, à la place de Serena Williams, on aurait illico répondu à Bernard Giudicelli : ok, alors ce sera sans moi. Car Roland-Garros sans Serena, c’est morne plaine, le tournoi a bien plus à perdre de son absence que l’inverse.

      « Super-pouvoirs »

      Mais non. Serena, en plus, a la classe. C’est Nike, son équipementier qui a d’abord répondu, avec humour, par un tweet figurant la joueuse (vêtue de la combinaison), avec ce message : « Vous pouvez retirer le costume du super-héros mais vous ne pourrez jamais lui enlever ses super-pouvoirs. » Et tandis que la polémique enflait et que Giudicelli en prenait logiquement plein la raquette sur les réseaux sociaux, la Queen des courts a habilement déclaré ceci : « Je ne sais pas exactement ce qu’il a semblé dire ou n’a pas semblé dire. Mais on en a déjà parlé. Nous avons une excellente relation. […] Je suis sûre qu’on va parvenir à un accord et que tout sera ok. Ce n’est pas quelque chose de grave, tout va bien. »

      Serena Williams aurait pourtant pu laminer Giudicelli avec un argument massue : la fameuse combinaison (que personnellement on trouve très réussie, seyante, et rock comparée aux sempiternelles jupettes de fifilles), favorise la circulation sanguine. Or, Serena Williams a souffert par le passé d’embolies pulmonaires liées à des caillots dans le sang. La naissance de sa fille, en septembre 2017, a d’ailleurs été compliquée par des « problèmes de caillots de sang ». Ce qui ne l’a pas empêchée de reprendre, à 36 ans, le chemin des courts quatre mois plus tard… Respect. A l’inverse, Bernard Giudicelli, qui n’est pas revenu sur ses propos à l’heure où on écrit ces lignes, s’avère bien « out » sur ce coup-là. Et c’est l’image de son fameux « écrin » qui en pâtit.
      Sabrina Champenois

  • The serve | Thinkpiece | Architectural Review
    https://www.architectural-review.com/rethink/the-serve/10028281.article

    The Williams sisters’ feminist space of possibility 23m by 8m long

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    Aligning the feet

    On 9 July 2016, my little sister’s birthday: Serena Williams won the Wimbledon final, gaining her 22nd grand slam title. The semi-final had seen a showdown between Serena and her sister Venus, one reminiscent of the sibling rivalry which had defined the previous decade: on this court they had met – in 2000, 2003, 2008 and 2009. It was a reminder of the 27 times in total that Venus and Serena have met each other at the final stages of the world’s major tennis tournaments. Since 1995, I had seen these two sisters grow up in the space of the tennis court and claim it as their own.

    Holding the ball with fingers in formation

    Three months earlier, Beyoncé had released her Lemonade album. Fourth song into the album, between ‘Apathy’ and ‘Emptiness’, Serena Williams had appeared on my screen again, this time taking ownership of a different space; the domestic and the colonial. In ‘Sorry’, Serena strides and grinds through a Louisiana creole plantation house, eventually meeting Beyoncé lounging on a throne in the living room. Beyoncé appears to take back and negotiate the space of her creole ancestors, and darker-skinned Serena Williams is leading the way. ‘I ain’t sorry! I ain’t sorry!’ goes the track: unapologetic and euphoric.

    #espace #territore #féminisme #tennis #soeurs_williams

    • http://www.architectural-review.com/my-account/magazine-archive/ar-march-2018-on-women-in-architecture/10028202.article

      In the midst of the most recent smattering of high profile sexual harassment charges, the perseverance of the gender pay gap and the emergence of the #MeToo movement, this year’s Women in Architecture issue examines the relationship between architecture and sex and gender.

      Jane Rendell sketches out five principles of a feminist approach to critical spatial practice in the 21st century and Aaron Betsky argues that in a man-made world, architects must now reimagine their design methods, while artist Rosa Johan Uddoh conjures Serena and Venus Williams’ feminist space of possibility. The unbuilt house Adolf Loos designed for Josephine Baker on the other hand, was a ‘fastidiously confected Modernist peep show’ of erotic gazes and performance. From Queen Elizabeth’s podium to hidden door lock buttons, bias in design can disadvantage women and other demographics to devastating effect.

      In the centenary year of women’s suffrage in the UK, portraits of female students of the Architectural Association trace the relationship between architecture and activism through the ages. One alumnus, Rosemary Stjernsted, is featured alongside Kate Macintosh and Magda Borowiecka as we revisit the work of women in London’s local councils in the ‘60s and ‘70s.

      Beatriz Colomina argues that collaboration is the secret life of architecture, with both female and male designers consistently overshadowed by our love affair with the single master architect, perhaps none more famously than Charlotte Perriand who features in this month’s Folio.

      Winner of the Women in Architecture Jane Drew prize in 2012 and on the two-year anniversary of her death, Owen Hatherley reflects on Zaha Hadid’s ‘explosion of an absurdly fearless, impolite aggressive talent’, while the recent edition of Learning from Las Vegas, by last year’s Jane Drew prize winner Denise Scott Brown with Robert Venturi, is a long overdue reprint of one the most important books of the 20th century.

      This year’s Jane Drew prize winner, Amanda Levete is profiled alongside Dutch artist and designer Madelon Vriesendorp awarded the Ada Louise Huxtable prize. Four projects shortlisted for the Architect of the Year award include the Garden Museum nestled in the grounds of Lambeth Palace, two historic houses stitched together in Oropesa, Spain, a timber addition to the Brutalist Churchill College in Cambridge and a dusty red museum in the Peruvian desert. In addition, four exciting emerging architects have been shortlisted for the Moira Gemmil Prize for Emerging Architecture, from Spain, South Africa, Paraguay and South Korea.

  • Ma panthère noire : sexualité stéréotypée des femmes noires en Occident – Mrs Roots
    http://mrsroots.fr/2017/02/27/ma-panthere-noire-sexualite-stereotypee-des-femmes-noires-en-occident

    Ce poste est la version longue de mon intervention d’une quinzaine de minutes de la conférence Exotisme et construction blanche des sexualités non-blanches initiée par le collectif féministe Garces ; dont vous pouvez visualiser la vidéo ici. Ceci reste une large introduction, qui se limite aux relations interpersonnelles, mais le sujet de la sexualité des femmes noires est vaste et a de multiples facettes, allant du dépistage du VIH à la prostitution, en passant par la gynécologie. N’étant pas concernée, la dimension queer ne sera pas approfondie ici.

    Ca fait longtemps, pas vrai ? Disons que la réécriture de plus de 200 pages, ça occupe. Bonne année à vous, que 2017 soit moins merdique qu’elle ne s’annonce, la santé, l’argent, la mélanine poppin’ et la réussite dans vos projets ! Dans mon immense générosité, j’ai décidé vous offrir une idée pour 2017, une résolution noble. Meilleure que se mettre au sport, meilleure que de faire son budget avant les soldes : arrêter de juger les partenaires des femmes noires. Je sais, c’est dur, et comment s’en passer quand même les fiançailles de Serena Williams n’y échappe pas, mais je vous jure que vous remercierez.

    Mais d’abord, remontons au commencement. En novembre 2016, j’ai demandé à des femmes noires les remarques racistes qu’elles avaient reçues dans le cadre intime. Plus de 150 réponses jusqu’à aujourd’hui… Si vous me suivez sur Twitter, vous avez certainement vu mon appel :

    Les filles afro de ma TL, vous pouvez me dire les phrases racistes qu’ on a sorti dans le cadre intime ?(genre »j ai jms essaye une Noire,etc)

    #HisNameWasAdama (@mrsxroots) 29 novembre 2016

    Plus de 200 retweets, et tout autant de réponses. L’origine de ma demande est pour la rédaction d’un papier qui sera présenté à une conférence en février. En attendant, petit florilège de ce que certaines ont entendu :

    « Jouis dans ta langue s’il te plaît »
    « on va pas se mentir vous les blacks vous êtes de bêtes au lit, en mode sauvage comme des lionnes »
    « tu sens bon toi, d’habitude les femmes noires sentent fort »
    « j’ai un fantasme où je pourrais faire du dirty talk avec une noire et la traiter de pute et d’esclave »
    « J’ai refusée ses avances et le type me dit (IRL) : « Personne ne veut de vous tu ne peux pas te permettre d’avoir des exigences. ». »

    L’ensemble des témoignages tient en une vingtaine de pages word, et encore, je n’ai pas pu tout mettre. Ce qui ressort de ces anecdotes est l’origine coloniale de ce fantasme ; mais aussi la misogynoir qui alimente sa diffusion. Je me suis donc interrogée sur la perception de la sexualité des femmes noires en Occident et, si le sujet est large et digne d’une thèse, c’est avec mes moyens modestes et une bonne série Netflix que je vous propose une petite introduction.

    #femmes #sexualité #racisme #misogynoir #domination_masculine

  • Ce que je ressens quand un homme me demande de sourire | Sans Compromis
    https://sanscompromisfeministeprogressiste.wordpress.com/2016/01/24/ce-que-je-ressens-quand-un-homme-me-demande-de-sourire

    Il y a quelques mois, à la télé, c’est à une autre femme qu’on a fait ce reproche. Un journaliste a demandé à Serena Williams pourquoi elle ne souriait pas malgré sa victoire. Elle lui a répondu qu’elle était épuisée et que cette conférence de presse n’était pas « super agréable ». Quand bien même elle aurait trouvé cela plaisant, pourquoi devrait-elle forcément le montrer ? Il ne s’agissait pas d’un dîner qu’elle avait organisé mais d’une obligation contractuelle, à l’instar de ses collègues masculins, comme Roger Federer. Et il ne serait probablement jamais venu à l’esprit de ce journaliste de poser cette question à un homme car, contrairement à nous, les hommes n’ont pas le devoir de sourire. C’est bien cette façon de penser qui doit changer.

    #féminisme #réification #domination

  • Photographer Annie Leibovitz on the Pirelli calendar – video | Art and design | The Guardian

    http://www.theguardian.com/artanddesign/video/2015/dec/01/photographer-annie-leibovitz-on-the-pirelli-calendar-video

    For this year’s Pirelli calendar, instead of famous models, Annie Leibovitz has chosen high-octane professional women and photographed them for the most part fully clothed. Patti Smith, Serena Williams and comedian Amy Schumer are among those featured. Photograph of Amy Schumer: Annie Leibovitz

  • Amy Schumer and Serena Williams pose nude for the Pirelli calendar.
    http://www.slate.com/blogs/xx_factor/2015/11/30/amy_schumer_and_serena_williams_pose_nude_for_the_pirelli_calendar.html

    For more than half a century, Italian tire-maker Pirelli has released an annual calendar full of photos of supermodels in pin-up poses wearing skimpy lingerie or nothing at all. This year’s iteration marks a drastic departure from the form: The calendar’s models are luminaries of art, business, sports, and philanthropy, photographed by Annie Leibovitz.

    In fact, the only two women who appear in partial nudity are Amy Schumer and Serena Williams, who’ve each been targeted by body-shamers over the past year. Their gorgeous images do more to turn that shame around on their trolls than any Instagram comment war ever could.

    #femmes #corps #sexisme #beauté #body_shaming

  • “Oh, don’t try me”: On #style and salt and #Serena_Williams’s utterly astonishing breadth of utterance
    http://africasacountry.com/2015/09/oh-dont-try-me-on-style-and-salt-and-serena-williamss-utterly-aston

    This past summer I thought, again and again, about the rare range of things Serena Williams communicates on the #tennis court. Never before has an athlete, or just about any.....

    #SPORTS_PAGE #Editorial

  • Serena Williams Becomes the First Black Female Athlete on Vogue Cover - Women and Hollywood
    http://blogs.indiewire.com/womenandhollywood/serena-williams-becomes-the-first-black-female-athlete-on-vogue-cov

    Serena Williams has become the ninth black woman to grace the cover of Vogue since 1989, as well as the first black female athlete ever to do so. The tennis star’s fashion showcase comes eight months after Oscar winner Lupita Nyong’o appeared on Vogue’s July 2014 cover.

    Williams is a welcome sight on news stands, of course. As the top athlete in her sport, she deserves to be recognized for her achievements, and both her darker skin and athletic build are refreshing deviations from the Vogue norm. Role model-wise, she’s exactly the kind of hyper-accomplished woman we’d love for female-targeted publications to feature more regularly. But we also can’t help being a bit miffed that women of color like Williams or Nyong’o — or previous cover models like Beyonce, Rihanna, Oprah Winfrey, and Michelle Obama — need to be so much more successful than their white counterparts to “deserve” to be on Vogue (ahem, three-time cover model Blake Lively).

    #presse_féminine #mode #racisme