person:serge aurier

  • L’indicible homophobie ordinaire - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2016/02/16/l-indicible-homophobie-ordinaire_1433701

    Que les dirigeants du club essaient de minorer la gravité des propos mis en cause en les cantonnant à un « dérapage » individuel, cela n’est pas très surprenant. Mais que la quasi-totalité de la presse généraliste refuse d’admettre le caractère homophobe et sexiste des tirades de l’arrière droit, voilà qui était un peu plus inattendu. Ainsi, dans Libération même, on a pu lire que, certes, les phrases prononcées « manquaient de délicatesse », mais que l’accusation d’homophobie relèverait de la « malhonnêteté intellectuelle », puisque, « hélas, c’est parfois ainsi que les gens s’expriment ».
    Des terrains de foot aux rédactions, l’homophobie normalisée

    En effet, les gens s’expriment parfois – et même souvent – ainsi. Parce que l’homophobie est, comme le sexisme, un phénomène socialement parfaitement acceptable. Humilier, caricaturer, ironiser sur les femmes et les homosexuels, en faire le cristallisoir de nos sentiments les plus vils, sont des habitudes largement partagées. Cela peut même faire partie de ces petites connivences qui soudent un vestiaire ou une salle de rédac. Tout cela n’est pas si grave au fond, tant que cela ne s’ébruite pas et que la « fiotte » désignée est extérieure au groupe.

    Ainsi, dans le cas d’Aurier, ce qui a suscité l’émoi n’est pas l’homophobie (entendre ici l’utilisation de l’homosexualité pour déconsidérer ses partenaires et son entraîneur) mais seulement le fait que Serge Aurier ait publiquement dénigré les membres de son équipe. S’excuser ou s’offenser de l’insulte sans remettre en cause le registre sémantique auquel elle appartient, c’est pourtant entériner l’idée que le féminin et l’homosexuel valent moins que l’hétérosexuel masculin. C’est cautionner encore et toujours l’homophobie et le sexisme ordinaire au prétexte qu’ils sont… ordinaires. « C’est ainsi que les gens parlent » et ainsi va le monde, qui se satisfait de valider des discriminations au prétexte qu’elles sont communes !

    #homophobie #sexisme #deni

    • une seule remarque : il est toujours plus facile de dénoncer l’homophobie des #garçons_noirs et #garçons_arabes, en France (cf. Travail de Nacira Guénif, il y a déjà... 12 ans.), que le sexisme et l’homophobie structurelle d’un groupe social, ou d’un milieu (ici le foot) ou de personnes dominantes. (Ce qui n’enlève rien à la connerie de la sortie susmentionnée). Après tout, Laurent Blanc n’est pas obligé de prendre mal de se faire « traiter de fi(ll)otte ».

  • Affaire Serge Aurier : ici, c’est Paris ? Non, ici, c’est Sevran ! | Slate.fr

    http://www.slate.fr/story/114135/affaire-serge-aurier-paris-sevran

    l aurait pu être pire encore, savez-vous, ce #Auriergate qui pimente l’avant-Chelsea. Vers la trente-neuvième minute de ce Periscope, désormais fameux web-dialogue entre une star du football et ses admirateurs rigolards, un internaute, @hamouarno de son pseudo (on lit mal à mon âge sur les copies d’écran), demande à Serge Aurier de faire une décidace « à Hitler ». Le message passe plusieurs fois. Le footballeur le voit enfin et s’amuse :

    « Franchement toi, chuis un renoi, crari je vais dédicacer à un mec qui s’appelle Hitler ? T’es chelou toi frérot. »

    Et puis il passe à autre chose. « Dédicace à Paul, on est ensemble ! »

    Sauvé poto, tu imagines, sinon ?
    Dewaere version Periscope

    Crari, c’est « genre », chez les jeunes. C’était au coeur de la nuit de son destin, Serge Aurier avait déjà, à ce moment, parlé de « fiotte » à propos d’un coach plus habitué à être surnommé « le Président », et qui embrassait jadis le crâne lisse d’un gardien de but au temps de notre gloire.

    Aurier n’aurait pas du. On était dans un monde suspendu. Il ne le savait pas. Il était bien et tout relâché, il rigolait avec son copain devant la webcam, sans se prendre le chou, tel Dewaere avec Depardieu dans Les Valseuses, décontractés du gland, ils banderaient quand ils auraient envie de bander. Il avait rappé, il montrait le logo de son maillot PSG, « ça bouge pas poto, on est ensemble », il rapperait encore, il allait juste se fâcher contre un autre internaute dont le message s’affichait sur l’écran : « Si tu refais le beau au stade vélodrôme, on TENCULE. » C’était du marseillais. « Oh eh ferme ta gueule toi marseillais de mes couilles, tu vas baiser qui toi ? Tu fais le malin derrière ton écran, tu vas baiser personne cousin, enculé toi ! »

    Cette vulgarité, quand même ! Je parle de la mienne bien sûr, juste un peu plus haut. Là, « bander », « le gland décontracté »... On a noté ? Mais ça passe, n’est-il pas, puisque celle-ci porte nos codes. On bandera quand on aura envie de bander, c’est du Blier, Blier, c’est du cinoche, c’est à nous, ce n’est plus sale. « Fiotte », en revanche, ou « enculé », dans la bouche d’un noir du football, ça vous sonne comme une agression culturelle, une barbarie sémantique, une invasion. On n’est pas loin des théorisations sur l’ennemi qui monte. Elle a déjà du venir, par-ci par-là. Il y avait aussi des « Mach a allah » dans les rires du joueur, et autres musulmaneries... Vous voyez ? L’avantage du milieu du ballon, c’est qu’il élimine par principe les digressions aventureuses. On dit « Aurier a mis en danger l’équipe », on dit « Aurier a déstabilisé le PSG avant un match important », ça réintègre l’affaire dans une compréhension laïque et on évite beaucoup de saloperies.

    #PSG #média #banlieue