person:zeev sternhell

  • Les assassins de la mémoire
    https://www.cetri.be/Les-assassins-de-la-memoire

    Pierre Vidal-Naquet a utilisé cette expression contre les faussaires et les négationnistes qui niaient ou minimisaient l’ampleur et la préméditation de l’extermination perpétrée par les Nazis contre les Juifs, les Roms, les communistes, les homosexuels … Je l’utilise contre ceux qui se sont approprié l’histoire, la mémoire et les identités juives pour bâtir, au nom des Juifs, un État d’apartheid qui rappelle sur bien des plans, selon l’historien Zeev Sternhell, l’Allemagne des années 1930. #Israël, une (...)

    #Le_Sud_en_mouvement

    / #Le_Sud_en_mouvement, Israël, #Palestine, #UJFP

  • Sylvain Cypel démonte l’idée de Jean-Pierre Filiu selon laquelle il aurait existé un sionisme des origines humaniste et non raciste.

    Benyamin Nétanyahou. Fin ou accomplissement du rêve sioniste ?
    https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/benyamin-netanyahou-fin-ou-accomplissement-du-reve-sioniste,2856

    Lorsque Filiu, en clôture de l’ouvrage, juge que « la rupture [de Nétanyahou] avec les pères fondateurs est historique », et lorsqu’il conseille « d’oser l’espoir et de renouer avec l’esprit des pionniers sionistes », il octroie au sionisme des fondateurs une attitude qu’il idéalise. Car non seulement le sionisme s’est bâti sur deux piliers : l’un dit « socialiste » et l’autre nationaliste, mais les deux ont, de tout temps, fonctionné autant dans le conflit que dans l’alliance. De fait, l’ethnicisme leur était, à tous deux, constitutif, comme l’a magistralement montré Zeev Sternhell dans Aux origines d’Israël. Entre nationalisme et socialisme (Fayard, 1996).

    Ce n’est pas le sionisme révisionniste qui a tenu le premier rôle dans la Nakba palestinienne (même s’il y a amplement participé), mais bien le sionisme qui se disait socialiste. C’est ce même sionisme socialiste qui dès la naissance d’Israël a repris dans son code législatif les « internements administratifs », mis en place par les autorités britanniques durant le mandat, cette possibilité d’emprisonner quiconque sans motif ni limite dans le temps et auxquels les Palestiniens sont soumis jusqu’à ce jour. C’est le sionisme travailliste qui, à la tête du Fonds national juif, a inscrit dans ses règlements l’interdiction de la vente de terre à des non-juifs — en d’autres termes l’impossibilité pour des citoyens palestiniens d’Israël d’acquérir des terres. La liste est longue des discriminations ethniques qu’Israël a imposées à sa minorité palestinienne restée vivre dans ses frontières dès les premières années de son existence, lorsque le sionisme travailliste dominait. Enfin, c’est sous le sionisme socialiste, dans les années 1960, que fut théorisée la légitimité de la « guerre préventive », contraire aux principes du droit international, que revendiquera Israël pour lancer la guerre dite « des Six-Jours » en juin 1967 (et en de multiples autres occasions). Bref, « l’esprit des pionniers » était moins reluisant que ne l’affirme Jean-Pierre Filiu. Et dans ses actes, Nétanyahou n’est pas toujours en rupture ; il est aussi, souvent, le continuateur de la geste sioniste, en plus exacerbée.

    Mon Dieu, on est 2019, et Filiu en est encore à ce genre d’élucubrations sur le gentil sionisme « socialiste » des origines…

  • Des universitaires et des artistes israéliens mettent en garde contre une mise en équation de l’antisionisme et de l’antisémitisme
    22 novembre | Ofer Aderet pour Haaretz |Traduction J.Ch. pour l’AURDIP
    https://www.aurdip.org/des-universitaires-et-des-artistes.html

    Une lettre ouverte de 34 éminents Israéliens, dont des chercheurs en histoire juive et des lauréats du Prix Israël, a été publiée mardi dans les média autrichiens appelant à faire une différence entre critique légitime d’Israël, « aussi dure puisse-t-elle être », et antisémitisme.

    Cette lettre a été émise avant un rassemblement international à Vienne sur antisémitisme et antisionisme en Europe.

    L’ événement de cette semaine, « L’Europe par delà l’antisémitisme et l’antisionisme », se tient sous les auspices du Chancelier autrichien Sebastian Kurz. Son homologue israélien, Benjamin Netanyahu, devait y prendre part, mais est resté en Israël pour s’occuper de la crise dans sa coalition gouvernementale.

    « Nous adoptons et soutenons totalement le combat intransigeant [de l’Union Européenne] contre l’antisémitisme. La montée de l’antisémitisme nous inquiète. Comme nous l’a enseigné l’histoire, elle a souvent été l’annonce de désastres ultérieurs pour toute l’humanité », déclare la lettre.

    « Cependant, l’UE défend les droits de l’Homme et doit les protéger avec autant de force qu’elle combat l’antisémitisme. Il ne faudrait pas instrumentaliser ce combat contre l’antisémitisme pour réprimer la critique légitime de l’occupation par Israël et ses graves violations des droits fondamentaux des Palestiniens. » (...)

    #antisionisme #antisémitisme

    • La liste des signataires:
      Moshe Zimmerman, an emeritus professor at Hebrew University and a former director of the university’s Koebner Center for German History; Moshe Zukermann, emeritus professor of history and philosophy of science at Tel Aviv University; Zeev Sternhell, a Hebrew University emeritus professor in political science and a current Haaretz columnist; Israel Prize laureate, sculptor Dani Karavan; Israel Prize laureate, photographer Alex Levac; Israel Prize laureate, artist Michal Naaman; Gadi Algazi, a history professor at Tel Aviv University; Eva Illouz, a professor of Sociology at the Hebrew University in Jerusalem and former President of Bezalel Academy of Art and Design; Gideon Freudenthal, a professor in the Cohn Institute for the History and Philosophy of Science and Ideas at Tel Aviv University; Rachel Elior, an Israeli professor of Jewish philosophy at the Hebrew University of Jerusalem; Anat Matar, philosophy professor at Tel Aviv University; Yael Barda, a professor of Sociology at the Hebrew University in Jerusalem; Miki Kratsman, a former chairman of the photography department at the Bezalel Academy of Arts and Design; Jose Brunner, an emeritus professor at Tel Aviv University and a former director of the Minerva Institute for German History; Alon Confino, a professor of Holocaust Studies at the University of Massachusetts at Amherst; Israel Prize laureate, graphic designer David Tartakover; Arie M. Dubnov, Chair of Israel Studies at George Washington University; David Enoch, history, philosophy and Judaic Studies professor at Israel’s Open University; Amos Goldberg, Jewish History and Contemporary Jewry professor at the Hebrew University of Jerusalem; Israel Prize laureate and vice-president of the Israel Academy of Sciences and Humanities David Harel; Hannan Hever, comparative literature and Judaic Studies professor at Yale University; Hannah Kasher, professor emerita in Jewish Thought at Bar-Ilan University; Michael Keren, emeritus professor of economics at Hebrew University of Jerusalem; Israel Prize laureate, Yehoshua Kolodny, professor emeritus in the Institute of Earth Sciences at Hebrew University of Jerusalem; Nitzan Lebovic, professor of Holocaust studies at Lehigh University; Idith Zertal, Hebrew University of Jerusalem; Dmitry Shumsky, professor of Jewish History at Hebrew University; Israel Prize laureate David Shulman, professor emeritus of Asian studies at Hebrew University of Jerusalem; Ishay Rosen-Zvi, Jewish philosophy professor at Tel Aviv University; Dalia Ofer, professor emerita in Jewry and Holocaust Studies at Hebrew University of Jerusalem; Paul Mendes-Flohr, professor emeritus for Jewish thoughts at the Hebrew University; Jacob Metzer, former president of Israel’s Open University; and Israel Prize laureate Yehuda Judd Ne’eman, professor emeritus at Tel Aviv University arts faculty

      #Palestine

  • Israeli academics and artists warn against equating anti-Zionism with anti-Semitism
    Their open letter ahead of a conference in Vienna advises against giving Israel immunity for ‘grave and widespread violations of human rights and international law’

    Ofer Aderet
    Nov 20, 2018

    https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-israeli-professors-warn-against-equating-anti-zionism-with-anti-se

    An open letter from 35 prominent Israelis, including Jewish-history scholars and Israel Prize laureates, was published Tuesday in the Austrian media calling for a distinction between legitimate criticism of Israel, “harsh as it may be,” and anti-Semitism.
    To really understand Israel and the Middle East - subscribe to Haaretz
    The letter was released before an international gathering in Vienna on anti-Semitism and anti-Zionism in Europe.
    The event this week, “Europe beyond anti-Semitism and anti-Zionism: Securing Jewish life in Europe,” is being held under the auspices of Austrian Chancellor Sebastian Kurz. His Israeli counterpart, Benjamin Netanyahu, had been due to take part but stayed in Israel to deal with the crisis in his coalition government. 
    “We fully embrace and support the [European Union’s] uncompromising fight against anti-Semitism. The rise of anti-Semitism worries us. As we know from history, it has often signaled future disasters to all mankind,” the letter states. 
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    “However, the EU also stands for human rights and has to protect them as forcefully as it fights anti-Semitism. This fight against anti-Semitism should not be instrumentalized to suppress legitimate criticism of Israel’s occupation and severe violations of Palestinian human rights.” 

    The signatories accuse Netanyahu of suggesting an equivalence between anti-Israel criticism and anti-Semitism. The official declaration by the conference also notes that anti-Semitism is often expressed through disproportionate criticism of Israel, but the letter warns that such an approach could “afford Israel immunity against criticism for grave and widespread violations of human rights and international law.”
    The signatories object to the declaration’s alleged “identifying” of anti-Zionism with anti-Semitism. “Zionism, like all other modern Jewish movements in the 20th century, was harshly opposed by many Jews, as well as by non-Jews who were not anti-Semitic,” they write. “Many victims of the Holocaust opposed Zionism. On the other hand, many anti-Semites supported Zionism. It is nonsensical and inappropriate to identify anti-Zionism with anti-Semitism.”
    Among the signatories are Moshe Zimmerman, an emeritus professor at Hebrew University and a former director of the university’s Koebner Center for German History; Zeev Sternhell, a Hebrew University emeritus professor in political science and a current Haaretz columnist; sculptor Dani Karavan; Miki Kratsman, a former chairman of the photography department at the Bezalel Academy of Arts and Design; Jose Brunner, an emeritus professor at Tel Aviv University and a former director of the Minerva Institute for German History; Alon Confino, a professor of Holocaust Studies at the University of Massachusetts at Amherst; and graphic designer David Tartakover.

    Ofer Aderet
    Haaretz Correspondent

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    • La liste des signataires:
      Moshe Zimmerman, an emeritus professor at Hebrew University and a former director of the university’s Koebner Center for German History; Moshe Zukermann, emeritus professor of history and philosophy of science at Tel Aviv University; Zeev Sternhell, a Hebrew University emeritus professor in political science and a current Haaretz columnist; Israel Prize laureate, sculptor Dani Karavan; Israel Prize laureate, photographer Alex Levac; Israel Prize laureate, artist Michal Naaman; Gadi Algazi, a history professor at Tel Aviv University; Eva Illouz, a professor of Sociology at the Hebrew University in Jerusalem and former President of Bezalel Academy of Art and Design; Gideon Freudenthal, a professor in the Cohn Institute for the History and Philosophy of Science and Ideas at Tel Aviv University; Rachel Elior, an Israeli professor of Jewish philosophy at the Hebrew University of Jerusalem; Anat Matar, philosophy professor at Tel Aviv University; Yael Barda, a professor of Sociology at the Hebrew University in Jerusalem; Miki Kratsman, a former chairman of the photography department at the Bezalel Academy of Arts and Design; Jose Brunner, an emeritus professor at Tel Aviv University and a former director of the Minerva Institute for German History; Alon Confino, a professor of Holocaust Studies at the University of Massachusetts at Amherst; Israel Prize laureate, graphic designer David Tartakover; Arie M. Dubnov, Chair of Israel Studies at George Washington University; David Enoch, history, philosophy and Judaic Studies professor at Israel’s Open University; Amos Goldberg, Jewish History and Contemporary Jewry professor at the Hebrew University of Jerusalem; Israel Prize laureate and vice-president of the Israel Academy of Sciences and Humanities David Harel; Hannan Hever, comparative literature and Judaic Studies professor at Yale University; Hannah Kasher, professor emerita in Jewish Thought at Bar-Ilan University; Michael Keren, emeritus professor of economics at Hebrew University of Jerusalem; Israel Prize laureate, Yehoshua Kolodny, professor emeritus in the Institute of Earth Sciences at Hebrew University of Jerusalem; Nitzan Lebovic, professor of Holocaust studies at Lehigh University; Idith Zertal, Hebrew University of Jerusalem; Dmitry Shumsky, professor of Jewish History at Hebrew University; Israel Prize laureate David Shulman, professor emeritus of Asian studies at Hebrew University of Jerusalem; Ishay Rosen-Zvi, Jewish philosophy professor at Tel Aviv University; Dalia Ofer, professor emerita in Jewry and Holocaust Studies at Hebrew University of Jerusalem; Paul Mendes-Flohr, professor emeritus for Jewish thoughts at the Hebrew University; Jacob Metzer, former president of Israel’s Open University; and Israel Prize laureate Yehuda Judd Ne’eman, professor emeritus at Tel Aviv University arts faculty

  • En Israël, les trois dimensions d’une dérive fascisante | Dominique Vidal
    https://orientxxi.info/magazine/en-israel-les-trois-dimensions-d-une-derive-fascisante,2542

    Les dérives autoritaires et fascisantes de l’État d’Israël sont largement sous-estimées par les médias et les responsables politiques européens. Pourtant, elle sont réelles et porteuses de dangers pour tout le Proche-Orient. Beaucoup de lecteurs du Monde auront été surpris de découvrir, sous la plume de l’historien Zeev Sternhell, spécialiste éminent du fascisme, une comparaison entre l’Israël d’aujourd’hui et l’Allemagne des débuts du nazisme. C’est que la plupart des grands médias ont peu couvert (...) Source : Orient XXI

  • L’avenir d’Israël. Peuple juif, État juif et démocratie – Mondes Sociaux
    https://sms.hypotheses.org/11675

    On se souvient de l’exceptionnel succès éditorial du livre de Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, publié en 2008. Dans cet ouvrage, l’historien israélien analyse la théorie sioniste de l’exil et du retour comme une construction idéologique. Il heurte ainsi frontalement les principes constitutifs du sionisme. Dix plus tard, c’est un autre historien israélien, Zeev Sternhell qui, dans un article du quotidien Le Monde (18/02/2018), met l’accent sur le danger que la société israélienne puisse devenir un régime d’apartheid.

    Avec, au passage, cette remarque qui me semble pouvoir s’étendre à d’autres «  nations  ».

    Dans une société démocratique pluraliste, l’appartenance nationale ne saurait être réservée aux seuls membres de la culture majoritaire. Elle doit être proposée à tous ceux qui font le choix de la citoyenneté, indépendamment de leurs origines. Ce nationalisme civique est de nature à concilier préservation de l’« ethos national » et attention à la diversité des composantes de la société politique israélienne.

  • En Israël, il n’existe qu’une seule droite, la droite extrême nationaliste et raciste
    Zeev Sternhell, Le Monde, le 12 mars 2018
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/03/12/zeev-sternhell-en-israel-il-n-existe-qu-une-seule-droite-la-droite-extreme-n

    Dans une tribune au « Monde », l’historien revient sur la comparaison, qu’il avait lui-même faite dans nos colonnes, entre le sort des juifs avant la guerre et celui des Palestiniens aujourd’hui.

    Suite de :

    En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts
    Zeev Sternhell, Le Monde, le 18 février 2018
    https://seenthis.net/messages/670131

    #Palestine #Zeev_Sternhell #racisme #nazisme#fascisme #nationalisme #histoire #paywall

  • Zeev Sternhell : « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts »
    LE MONDE | 18.02.2018 à 06h35
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/18/zeev-sternhell-en-israel-pousse-un-racisme-proche-du-nazisme-a-ses-debuts_52

    Dans une tribune au « Monde », l’historien spécialiste du fascisme, se lance dans une comparaison entre le sort des juifs avant la guerre et celui des Palestiniens aujourd’hui.

    “““““““““““““““““““““““““““““
    Dans les journaux de 7h30 et de 8h00 du 19/02/2018 France-Culture reprend cette article du Monde et le prolonge par un entretien avec Marine Vlahovic, en ouverture du journal de 7h30
    https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-7h30/journal-de-7h30-du-lundi-19-fevrier-2018

    et dans le journal de 8h00 à partir de 9:06 https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-8-h/journal-de-8h-du-lundi-19-fevrier-2018

  • Zeev Sternhell : « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts »

    Dans une tribune au « Monde », l’historien spécialiste du fascisme, face à la dérive du nationalisme israélien, se lance dans une comparaison entre le sort des juifs sous les nazis avant la seconde guerre mondiale et celui des Palestiniens en Israël aujourd’hui.

    LE MONDE | 18.02.2018 à 06h35 |

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/18/zeev-sternhell-en-israel-pousse-un-racisme-proche-du-nazisme-a-ses-debuts_52

    Tribune. Je tente parfois d’imaginer comment essaiera d’expliquer notre époque l’historien qui vivra dans cinquante ou cent ans. A quel moment a-t-on commencé, se demandera-t-il sans doute, à comprendre en Israël que ce pays, devenu Etat constitué lors de la guerre d’indépendance de 1948, fondé sur les ruines du judaïsme européen et au prix du sang de 1 % de sa population, dont des milliers de combattants survivants de la Shoah, était devenu pour les non-juifs, sous sa domination, un monstre ? Quand, exactement, les Israéliens, au moins en partie, ont-ils compris que leur cruauté envers les non-juifs sous leur emprise en territoires occupés, leur détermination à briser les espoirs de liberté et d’indépendance des Palestiniens ou leur refus d’accorder l’asile aux réfugiés africains commençaient à saper la légitimité morale de leur existence nationale ?

    La réponse, dira peut-être l’historien, se trouve en microcosme dans les idées et les activités de deux importants députés de la majorité, Miki Zohar (Likoud) et Bezalel Smotrich (Le Foyer juif), fidèles représentants de la politique gouvernementale, récemment propulsés sur le devant de la scène. Mais ce qui est plus important encore, c’est le fait que cette même idéologie se trouve à la base des propositions de loi dites « fondamentales », c’est-à-dire constitutionnelles, que la ministre de la justice, Ayelet Shaked, avec l’assentiment empressé du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, se propose de faire adopter rapidement par la Knesset.

    Shaked, numéro deux du parti de la droite religieuse nationaliste, en plus de son nationalisme extrême, représente à la perfection une idéologie politique selon laquelle une victoire électorale justifie la mainmise sur tous les organes de l’Etat et de la vie sociale, depuis l’administration jusqu’à la justice, en passant par la culture. Dans l’esprit de cette droite, la démocratie libérale n’est rien qu’un infantilisme. On conçoit facilement la signification d’une telle démarche pour un pays de tradition britannique qui ne possède pas de Constitution écrite, seulement des règles de comportement et une armature législative qu’une majorité simple suffit pour changer.

    « IL S’AGIT D’UN ACTE CONSTITUTIONNEL NATIONALISTE DUR, QUE MME LE PEN N’OSERAIT PAS PROPOSER »
    L’élément le plus important de cette nouvelle jurisprudence est une législation dite « loi sur l’Etat-nation » : il s’agit d’un acte constitutionnel nationaliste dur, que le nationalisme intégral maurrassien d’antan n’aurait pas renié, que Mme Le Pen, aujourd’hui, n’oserait pas proposer, et que le nationalisme autoritaire et xénophobe polonais et hongrois accueillera avec satisfaction. Voilà donc les juifs qui oublient que leur sort, depuis la Révolution française, est lié à celui du libéralisme et des droits de l’homme, et qui produisent à leur tour un nationalisme où se reconnaissent facilement les plus durs des chauvinistes en Europe.

    L’impuissance de la gauche

    En effet, cette loi a pour objectif ouvertement déclaré de soumettre les valeurs universelles des Lumières, du libéralisme et des droits de l’homme aux valeurs particularistes du nationalisme juif. Elle obligera la Cour suprême, dont Shaked, de toute façon, s’emploie à réduire les prérogatives et à casser le caractère libéral traditionnel (en remplaçant autant que possible tous les juges qui partent à la retraite par des juristes proches d’elle), à rendre des verdicts toujours conformes à la lettre et à l’esprit de la nouvelle législation. Mais la ministre va plus loin encore : elle vient juste de déclarer que les droits de l’homme devront s’incliner devant la nécessité d’assurer une majorité juive. Mais puisque aucun danger ne guette cette majorité en Israël, où 80 % de la population est juive, il s’agit de préparer l’opinion publique à la situation nouvelle, qui se produira en cas de l’annexion des territoires palestiniens occupés souhaitée par le parti de la ministre : la population non-juive restera dépourvue du droit de vote.

    Grâce à l’impuissance de la gauche, cette législation servira de premier clou dans le cercueil de l’ancien Israël, celui dont il ne restera que la déclaration d’indépendance, comme une pièce de musée qui rappellera aux générations futures ce que notre pays aurait pu être si notre société ne s’était moralement décomposée en un demi-siècle d’occupation, de colonisation et d’apartheid dans les territoires conquis en 1967, et désormais occupés par quelque 300 000 colons. Aujourd’hui, la gauche n’est plus capable de faire front face à un nationalisme qui, dans sa version européenne, bien plus extrême que la nôtre, avait presque réussi à anéantir les juifs d’Europe. C’est pourquoi il convient de faire lire partout en Israël et dans le monde juif les deux entretiens faits par Ravit Hecht pour Haaretz (3 décembre 2016 et 28 octobre 2017) avec Smotrich et Zohar. On y voit comment pousse sous nos yeux, non pas un simple fascisme local, mais un racisme proche du nazisme à ses débuts.

    Comme toute idéologie, le racisme allemand, lui aussi, avait évolué, et, à l’origine, il ne s’en était pris qu’aux droits de l’homme et du citoyen des juifs. Il est possible que sans la seconde guerre mondiale, le « problème juif » se serait soldé par une émigration « volontaire » des juifs des territoires sous contrôle allemand. Après tout, pratiquement tous les juifs d’Allemagne et d’Autriche ont pu sortir à temps. Il n’est pas exclu que pour certains à droite, le même sort puisse être réservé aux Palestiniens. Il faudrait seulement qu’une occasion se présente, une bonne guerre par exemple, accompagnée d’une révolution en Jordanie, qui permettrait de refouler vers l’Est une majeure partie des habitants de la Cisjordanie occupée.

    Le spectre de l’apartheid

    Les Smotrich et les Zohar, disons-le bien, n’entendent pas s’attaquer physiquement aux Palestiniens, à condition, bien entendu, que ces derniers acceptent sans résistance l’hégémonie juive. Ils refusent simplement de reconnaître leurs droits de l’homme, leur droit à la liberté et à l’indépendance. Dans le même ordre d’idées, d’ores et déjà, en cas d’annexion officielle des territoires occupés, eux et leurs partis politiques annoncent sans complexe qu’ils refuseront aux Palestiniens la nationalité israélienne, y compris, évidemment, le droit de vote. En ce qui concerne la majorité au pouvoir, les Palestiniens sont condamnés pour l’éternité au statut de population occupée.

    POUR MIKI ZOHAR, LES PALESTINIENS “SOUFFRENT D’UNE LACUNE MAJEURE : ILS NE SONT PAS NÉS JUIFS”
    La raison en est simple et clairement énoncée : les Arabes ne sont pas juifs, c’est pourquoi ils n’ont pas le droit de prétendre à la propriété d’une partie quelconque de la terre promise au peuple juif. Pour Smotrich, Shaked et Zohar, un juif de Brooklyn, qui n’a peut-être jamais mis les pieds sur cette terre, en est le propriétaire légitime, mais l’Arabe, qui y est né, comme ses ancêtres avant lui, est un étranger dont la présence est acceptée uniquement par la bonne volonté des juifs et leur humanité. Le Palestinien, nous dit Zohar, « n’a pas le droit à l’autodétermination car il n’est pas le propriétaire du sol. Je le veux comme résident et ceci du fait de mon honnêteté, il est né ici, il vit ici, je ne lui dirai pas de s’en aller. Je regrette de le dire mais [les Palestiniens] souffrent d’une lacune majeure : ils ne sont pas nés juifs ».

    Ce qui signifie que même si les Palestiniens décidaient de se convertir, commençaient à se faire pousser des papillotes et à étudier la Torah et le Talmud, cela ne leur servirait à rien. Pas plus qu’aux Soudanais et Erythréens et leurs enfants, qui sont israéliens à tous égards – langue, culture, socialisation. Il en était de même chez les nazis. Ensuite vient l’apartheid, qui, selon la plupart des « penseurs » de la droite, pourrait, sous certaines conditions, s’appliquer également aux Arabes citoyens israéliens depuis la fondation de l’Etat. Pour notre malheur, beaucoup d’Israéliens, qui ont honte de tant de leurs élus et honnissent leurs idées, pour toutes sortes de raisons, continuent à voter pour la droite.

  • Une importante tribune de l’histoirien Zeev Sternehll
    In Israel, growing fascism and a racism akin to early Nazism

    They don’t wish to physically harm Palestinians. They only wish to deprive them of their basic human rights, such as self-rule in their own state and freedom from oppression

    Zeev Sternhell 19.01.2018

    I frequently ask myself how a historian in 50 or 100 years will interpret our period. When, he will ask, did people in Israel start to realize that the state that was established in the War of Independence, on the ruins of European Jewry and at the cost of the blood of combatants some of whom were Holocaust survivors, had devolved into a true monstrosity for its non-Jewish inhabitants. When did some Israelis understand that their cruelty and ability to bully others, Palestinians or Africans, began eroding the moral legitimacy of their existence as a sovereign entity?
    The answer, that historian might say, was embedded in the actions of Knesset members such as Miki Zohar and Bezalel Smotrich and the bills proposed by Justice Minister Ayelet Shaked. The nation-state law, which looks like it was formulated by the worst of Europe’s ultra-nationalists, was only the beginning. Since the left did not protest against it in its Rothschild Boulevard demonstrations, it served as a first nail in the coffin of the old Israel, the one whose Declaration of Independence will remain as a museum showpiece. This archaeological relic will teach people what Israel could have become if its society hadn’t disintegrated from the moral devastation brought on by the occupation and apartheid in the territories.
    The left is no longer capable of overcoming the toxic ultra-nationalism that has evolved here, the kind whose European strain almost wiped out a majority of the Jewish people. The interviews Haaretz’s Ravit Hecht held with Smotrich and Zohar (December 3, 2016 and October 28, 2017) should be widely disseminated on all media outlets in Israel and throughout the Jewish world. In both of them we see not just a growing Israeli fascism but racism akin to Nazism in its early stages.
    Like every ideology, the Nazi race theory developed over the years. At first it only deprived Jews of their civil and human rights. It’s possible that without World War II the “Jewish problem” would have ended only with the “voluntary” expulsion of Jews from Reich lands. After all, most of Austria and Germany’s Jews made it out in time. It’s possible that this is the future facing Palestinians.
    Indeed, Smotrich and Zohar don’t wish to physically harm Palestinians, on condition that they don’t rise against their Jewish masters. They only wish to deprive them of their basic human rights, such as self-rule in their own state and freedom from oppression, or equal rights in case the territories are officially annexed to Israel. For these two representatives of the Knesset majority, the Palestinians are doomed to remain under occupation forever. It’s likely that the Likud’s Central Committee also thinks this way. The reasoning is simple: The Arabs aren’t Jews, so they cannot demand ownership over any part of the land that was promised to the Jewish people.
    According to the concepts of Smotrich, Zohar and Shaked, a Jew from Brooklyn who has never set foot in this country is the legitimate owner of this land, while a Palestinian whose family has lived here for generations is a stranger, living here only by the grace of the Jews. “A Palestinian,” Zohar tells Hecht, “has no right to national self-determination since he doesn’t own the land in this country. Out of decency I want him here as a resident, since he was born here and lives here – I won’t tell him to leave. I’m sorry to say this but they have one major disadvantage – they weren’t born as Jews.”

    From this one may assume that even if they all converted, grew side-curls and studied Torah, it would not help. This is the situation with regard to Sudanese and Eritrean asylum seekers and their children, who are Israeli for all intents and purposes. This is how it was with the Nazis. Later comes apartheid, which could apply under certain circumstances to Arabs who are citizens of Israel. Most Israelis don’t seem worried.

    Zeev Sternhell
    Haaretz Contributor

  • Israel: Apartheid under the law

    If a genuine opposition existed in Israel with a worthy leader, it would shout from every platform that the policy of theft and dispossession is destroying whatever chance remains of a two-state solution

    Zeev Sternhell Nov 23, 2017
    read more: https://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.824732

    In the past, a story was famously told in Israel about a clash between Golda Meir and Justice Minister Haim Tzadok, who disagreed with her in a cabinet meeting. At the end of the meeting, she went over to him and told him she thought they were friends. Yes, he replied, but I’m also the justice minister of Israel.
    His words reflected the governmental culture of yore, a culture that current Justice Minister Ayelet Shaked and her post-fascist party deem infantile. But the crude violence she propagates is much more dangerous than the primitive vulgarity of Likud’s Miri Regev, David Amsalem or Oren Hazan.
    This is all nothing new. What’s new is the way the attorney general is kowtowing to the will of the justice minister and her party. Shaked wanted Avichai Mendelblit from the beginning, apparently because she knew from what cloth the former cabinet secretary was cut regarding issues critical to the government – the occupation, the settlements and Palestinian rights.
    And now he’s supplying the goods. How is the heir to Haim Cohen, Aharon Barak and Yitzhak Zamir not embarrassed to revoke his professional opinion concerning the “illegal outposts” – as if the rest were legal – while brazenly sanctioning the minister’s request to steal Palestinian land, both private and public, for the “public need” of the settlers; i.e., to pave roads for Jews only? This is what the rule of law has come to in Israel.
    Based on the figures reported by Nahum Barnea in Yedioth Ahronoth last Friday, an extensive amount of territory is to be expropriated and, for the convenience of the occupiers, construction will be prohibited “only” on some of it. This isn’t the first intolerable act of an apartheid system that receives a legal seal of approval. High Court petitions against the move will surely be filed, but they may not be enough to bring this policy to an enduring halt. Settlement advocates dominate in the government and the army, so there’s no real way to stop it.
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    So there is no recourse but to call on public opinion, the media and the universities to apply pressure. There is an urgent need for a broad campaign on American and European campuses, and in EU institutions, against this apartheid. The Israeli public is an equally important target, and in the absence of an active opposition party, the social justice organizations must reach this audience.

    If a genuine opposition existed in Israel with a worthy leader, it would be shouting from every possible platform that the policy of theft and dispossession is destroying whatever remains of the possibility of separating from the Palestinians via the establishment of a Palestinian state. Who will fight this government? Certainly not someone who thinks that groveling and ideological kowtowing to the right are the recipe for getting elected.
    It’s important to stress that there’s a big difference between appealing to groups that, for historical reasons, can’t identify with Labor, and signing on to the right’s crude nationalism. This nationalism is a violent and destructive European phenomenon that has nothing to do with the culture of North African Jewry, any kind of Jewish identity or the Jewish religion. To win the hearts of the people who live in the country’s outskirts, it’s not necessary to support the occupation and settlements, which does nothing to redress social injustice – just the opposite.
    Thus a party that wants to replace Likud in power must first convince people that it has an alternative national policy. This goal will not be achieved by making foolish statements about how peace can be reached with the Palestinians without evacuating a single settlement, or by being complicit in turning Judaism into a means of control and oppression of people who had the misfortune not to be born Jews.

    Zeev Sternhell
    Haaretz Contributor

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    • jaune devant, marron derrière !

      Le « syndicalisme jaune » (connu également sous les noms de : #Mouvement_jaune, Syndicats jaunes, #les_Jaunes ou « #Droite_prolétarienne ?? », selon l’expression de Zeev Sternhell) est un mouvement syndicaliste français, mais connu sous cette dénomination dans d’autres pays, comme les pays francophones, mais aussi anglophones (yellow unions). Cette forme de syndicalisme (constitué en opposition aux syndicats « rouges », c’est-à-dire socialistes ou communistes) refuse certains modes d’action comme la grève et l’affrontement contre le patronat. Ce terme vient du mouvement créé par Pierre Biétry le 1er avril 1902, la « Fédération nationale des Jaunes de France ». Pour les grévistes, les jaunes étaient les non grévistes. Ce qualificatif s’est généralisé et a pris un sens péjoratif, désignant les « traîtres ».

      Le premier syndicat jaune est fondé en novembre 1899 à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) par un petit groupe de mineurs qui refusent de participer aux mouvements de grève. Dès 1900, des anarchistes analysent aussi la volonté d’utiliser le jaune qui est la #couleur_papale, par les catholiques et chrétiens voulant investir le monde social. Son audience s’étend à partir de 1901 avec la création de l’ « Union fédérative des syndicats et groupements ouvriers professionnels de France et des colonies » qui se veut l’organisation nationale des jaunes. Elle est dirigée par Paul Lanoir. Le nom de « jaunes » viendrait aussi du fait que les vitres du local de réunion sont sans arrêt brisées, et remplacées par du papier huilé de couleur jaunâtre, ou encore du fait des œufs que les syndicalistes et ouvriers rouges lançaient sur leurs homologues du syndicat jaune.
      Selon Biétry lui-même, dans son ouvrage Le socialisme et les jaunes, son but est de « réaliser la renaissance nationale en créant la réconciliation des classes sur un programme de justice sociale ».

      Dans les faits, ce mouvement s’oppose vigoureusement au mouvement socialiste et il cesse d’y faire référence en 1904. Ce mouvement est alors soutenu par les nationalistes jusqu’à certains organes radicaux qui pensent tenir là une force nouvelle capable de faire face à la gauche marxiste. Il est soutenu financièrement par de grands industriels, le duc d’Orléans ou la duchesse d’Uzès. Présent vers l’Est, le Nord de la France ou à Paris, on estime que le mouvement a atteint les 100 000 adhérents.

      En mai 1908, Biétry scinde son mouvement en un parti politique, le Parti propriétiste et un syndicat la Fédération syndicaliste des Jaunes de France. Aux socialistes, Biétry oppose la participation des ouvriers à la propriété des moyens de production (le « #propriétisme »). À la lutte des classes, les jaunes opposent collaboration des classes au sein de « la grande famille du travail », unie dans une « inséparable communauté d’intérêts ».

      Les jaunes après 1945

      Les syndicats héritiers des Jaunes sont dispersés et changent souvent de nom : Condédération générale des syndicats indépendants, Confédération française du travail, Confédération des syndicats libres, Union française du travail, etc.

      Au nom de la productivité, la CGSI s’oppose aux nationalisations. Cette logique l’a poussée à dénoncer les fonctionnaires assimilés parfois à « une bureaucratie fainéante et gaspilleuse » (Travail et liberté, 29 octobre 1949) et à proclamer la nécessité de l’#économie_de_marché et du #libéralisme. En décembre 1974, la CFT préconise « la concertation permanente à tous les niveaux en instituant une décentralisation et une large délégation des pouvoirs ».

      http://www.cheminots.net/forum/topic/22505-un-peu-dhistoire-do%C3%B9-vient-le-terme-syndicat-de-jaunes
      http://wikirouge.net/Syndicats_jaunes
      https://seenthis.net/messages/600079
      #Ouest_Torch'

  • Les #anti_Lumières, une tradition du XVIIIe siècle à la Guerre Froide

    Dans les précédents numéros d’ @anarchosyndicalisme , j’ai pu lire des présentations et analyses tout à fait intéressantes relatives au courant des Lumières, mais aucune d’elle ne s’est arrêtée sur le courant opposé, celui des anti-Lumières. Or, il me semble intéressant de décrire ce courant, nommé par Nietzche, et je me propose de le faire ici à partir de l’étude documentée et soigneuse de Zeev Sternhell dans « Les anti-Lumières, une tradition du 18ème siècle à la guerre froide » (2006). Ce livre, volumineux et précis, présente les contours et les principaux acteurs d’un courant idéologique qui, selon lui, a eu une importance capitale dans la vie des idées.

    Démarrant avec Vico (un auteur italien) qui critique le rationalisme en 1725 dans son ouvrage « La science nouvelle » , le courant anti-Lumières se poursuit avec des auteurs aussi variés que Burke et Carlyle, Meinecke, Maistre, Renan ou Sorel.

    Comme c’est le cas pour les auteurs des Lumières, il n’y a pas d’unité idéologique entre ces auteurs, mais plutôt un fond commun de pensée qui se base sur plusieurs présupposés et positions : refus du rationalisme et des droits naturels, mise en avant de la valeur des préjugés, inégalité fondamentale des hommes entre eux, caractère nocif de la démocratie et enfin, nationalisme. Ces positions ne se trouvent pas toutes chez tous les auteurs, mais elles tissent une tradition qui est cohérente et qui a fortement influencé tant les débats d’idées que l’histoire des XVIIIe, XIXe et XXe siècles.

    Les anti-Lumières affirment tout d’abord la valeur des traditions et s’insurgent contre leur remise en causes par la philosophie des Lumières. Ainsi, pour Burke, il faut critiquer la Révolution Française parce qu’elle a remis en cause, non pas l’ordre existant, mais bien le meilleur ordre possible ! D’après lui, l’ordre de l’ancien régime, basé sur les traditions et la chrétienté, est celui qui permet à la société de fonctionner au mieux. Le Moyen-âge est idéalisé, et les valeurs telles que l’héroïsme mises en avant. Quant à la Révolution Française elle n’aurait été que le résultat d’un processus de décadence. La raison et l’universalisme sont considérés comme des abstractions nivellatrices qui font perdre aux hommes leur singularité.

    Ce corpus théorique ne sert pas une antimodernité, nous dit Zeev Sternhell, mais est bien à l’origine d’une autre modernité, parallèle à celle issue des lumières et qui a vocation à la supplanter. A une époque où l’idée de nation n’est pas encore formée complètement, les anti-lumières en font une notion transcendante, vivante et organique. Vico, repris par Herder et ses héritiers, considère que

    « la marche des affaires humaines est conditionnée non par le hasard ou par des choix arbitraires, mais par leur contexte historique et social. [...] Mais ce qui gouverne en dernière analyse la vie des hommes, que ce soit en famille ou dans le cadre de l’Etat, c’est la providence [...] » (1).

    C’est alors que Manneicke crée l’historicisme : l’historien doit examiner les faits sans émettre de jugement de valeur, dans un complet relativisme et en évitant la systématisation. Le rejet de l’universalisme par ce courant entraîne le fait que chaque nation et chaque époque doit être étudiée indépendamment, en cherchant la cause immédiate de chaque fait. C’est après cette élaboration intellectuelle que Herder produit le concept de « destin » , appliqué à la nation. Celle-ci est unique, et doit être étudiée comme telle. Pour les anti-Lumières l’universalisme et le rationalisme empêchent d’atteindre les particularismes qui expliquent l’histoire de chaque groupe humain.

    Zeev Sternhell s’emploie à démontrer que les anti-lumières sont dans une lutte extrêmement violente contre la raison et son corollaire, les droits naturels. Selon Herder et Burke, la raison ne peut saisir les particularités de l’histoire d’une nation. Pour ce faire, il faut faire appel à l’empathie et à l’intuition, au sentiment. Soit le contraire de l’analyse et de l’abstraction.

    « [...] Les émotions, l’inconscient, les sentiments, l’intuition et finalement la foi remplacent l’intellect. [...] Pour Herder, le doute, le scepticisme, la philosophie, les abstractions, la pensée éclairée tuent les forces vitales dans les hommes » (1).

    Cet appel constant aux forces émotionnelles et religieuses a pour conséquence l’affirmation de la dangerosité du concept de droits naturels. En effet, pour les anti-Lumières, la raison n’ayant aucune capacité à saisir l’être humain dans son essence, elle ne peut être efficiente dans la détermination des règles de droits dirigeant les communautés. La seule cause première acceptable est donc par voie de conséquence « la toute puissance du créateur » (1). Les anti-lumières considèrent donc que la dissolution de l’ordre existant, rendu possible par la Révolution Française, est inacceptable et constitue une véritable abomination.

    Pour eux, en plus de la Providence, la société doit être bâtie sur des préjugés. Loin de les condamner comme le font les Lumières, les anti-Lumières leur reconnaissent une valeur de premier plan. Selon Taine, chaque génération n’est que

    « la gérante temporaire et la dépositaire responsable d’un patrimoine précieux et glorieux qu’elle a reçu de la précédente, à charge de la transmettre à la suivante. ».

    Dans toute société, on retrouve « un résidu de justice, reliquat petit mais précieux que la tradition conserve. » . Voilà ce que sont les préjugés : une règle de bon sens, transmise de génération en génération, qui fait sens car elle intègre en elle des siècles d’expérience. « Le préjugé est une raison qui s’ignore » (Taine). C’est aussi une raison collective. Toujours pour Taine, il est le fondement de la civilisation, qui permet de sortir de l’état sauvage. Il y a donc une dépendance et une subordination de l’individu à la société, car celui-ci doit se soumettre à la tradition. La société, elle, est une « fondation à perpétuité » , que chaque génération se doit de laisser intacte. Et la société comprend « les structures du pouvoir, le régime, les institutions et en dernière analyse la nation. » (1). L’Etat et les préjugés sont une forme de « garde-fou » , qui empêchent l’individu de redevenir un sauvage. Dans ce contexte, il ne saurait être question de liberté. La société et sa conservation priment sur tout. La démocratie est aussi à rejeter, étant contraire à « l’ordre de la nature » (Burke). Quant à l’égalité, elle est une uniformité et un appel au pluralisme, donc forcément destructrice de l’ordre existant et de la société que l’on doit protéger.

    C’est sur cette base qu’Herder modernise la notion de nationalisme. Pour les auteurs des Lumières, la nation n’est qu’une collection d’individus réunis par la raison, par leurs intérêts et par la défense de leurs droits. Herder, au contraire, en fait une communauté culturelle, ethnique et linguistique. La nation est une individualité inaccessible à la raison, pour les motifs exposés plus haut. Si l’on suit Ziev Sternhell, il est évident que le nationalisme est une conséquence directe et inévitable de la lutte contre les idées des Lumières et de la création de cette nouvelle modernité qui en découle. Ce cadre implique que la nation est considérée comme un être vivant et une totalité. Celle-ci s’exprime « de la manière la plus parfaite » (Z.S.) dans la langue.

    « La question se pose donc : si chaque langue constitue le réservoir de pensée propre à une nation, la pensée peut-elle encore avoir une signification et une vocation universelle ? » (1).

    Pour les anti-Lumières, la réponse est évidemment non. S’ils tentent de déclarer toutes les nations égales entre elles, très vite, dans leurs écrits, la nation à laquelle ils appartiennent se voit attribuer un rôle supérieur, un destin (souvent de guide des autres nations).

    S’ajoute à cette modernisation de la notion de nation, la théorisation du « déclin » , notamment par Spengler. Celui-ci considère que l’histoire est faite d’une variété de cultures grandioses, qui ont chacune « une croissance et une vieillesse » . Ces cultures sont biologisées par l’emploi de qualificatifs végétaux, et de comparaisons à des arbres et des fleurs. Les cultures se succèdent sans se prolonger, et sont l’émanation d’une certaine « âme » selon l’interprétation de Spengler par Sternhell. Spengler fustige le cosmopolitisme et le sens froid des réalités qui ont entraîné la mort de l’empire Romain, et qui entraîneront la mort de toutes civilisations. Cette mort passera par une phase d’impérialisme, « symbole typique de la fin » . Pour la civilisation occidentale, le déclin est marqué par l’émergence de la raison, qui « arrache l’homme à son enracinement dans les forces du sang et du sol » (1). Il pense aussi que chaque civilisation passe par un moment de « Lumière » au début de sa décadence. L’époque de Spengler marque aussi la disparition de la foi chrétienne comme support qui empêche l’idéologie anti-Lumière de sombrer dans le nihilisme. Spengler, Croce et Sorel sont les principaux représentants de cette chute dans le nihilisme qui aboutira au culte de la mort ( « Viva la muerte » ) et du sacrifice dans les années 30. La suite, nous la connaissons. C’est le développement des idées fascistes, dont la genèse est très bien démontrée dans les autres ouvrages de Zeev Sternhell : Maurice Barrès et le nationalisme français - la droite révolutionnaire - Ni droite ni gauche et enfin la naissance de l’idéologie fasciste.

    C’est un travail considérable qu’a effectué Zeev Sternhell. Il permet de battre en brèche certaines idées reçus sur les idéologies d’extrême-droite. Non, celles-ci ne sont pas incohérentes, ou bien folles. Elles sont cohérentes avec une tradition intellectuelle vieille de trois siècles qu’on aurait tort d’ignorer. Bien évidemment, tous les héritiers des anti-Lumières ne sont pas des fascistes. Mais la cohérence de cette pensée trouve son accomplissement dans les divers mouvements fascistes. Pour ceux-ci, au christianisme a été substitué un socialisme anti-marxiste, vitaliste et moral, qui a pour vocation d’unir les classes dans l’intérêt de la Nation, devenue remplaçante du prolétariat dans l’imaginaire révolutionnaire des fascistes.

    Un aspect peu abordé dans « Les anti-Lumières… » , mais développé dans ses autres ouvrages, est la place prépondérante de l’antisémitisme dans l’expression de l’idéologie des anti-Lumières. Les nationalistes français ont remarqué que l’antisémitisme était un facteur profond d’unification des milieux populaires, et ils l’ont donc rénové pour en faire un outil politique puissant. Pour eux, les « Juifs » sont des cosmopolites trafiquants d’argent, qui détruisent les nations de l’intérieur. Cet antisémitisme se développe de concert avec un racisme plus général mais virulent. Par exemple, pour Taine, une civilisation n’est que le résultat de ces « trois forces primordiales : la race, le milieu et le moment » . Ce qui lierait les hommes entre eux, c’est avant tout la « communauté de sang et d’esprit » . Les Juifs sont, dans cette idéologie, des corrupteurs des races avec lesquelles ils sont en contact. Ils sont les propagateurs du rationalisme, et donc du déclin des civilisations.

    Sternhell nous offre un imposant outil critique de cette modernité alternative, dont on a vu les conséquences dans le fascisme, mais dont on mesure aussi l’influence aujourd’hui auprès de toutes les idéologies postmodernes, promotrices d’un relativisme culturel généralisé et d’un antirationalisme violent. Les multiples passerelles qui se créent depuis des années entre les mouvements postmodernes et les mouvements réactionnaires, voire fascistes, ne sont pas seulement le fait d’un calcul stratégique. Ils résultent aussi d’une proximité idéologique radicale sur des bases nationalistes, différencialistes et antiscientifiques. C’est pourquoi les militants identitaires de « gauche » , tels que ceux PIR et ses avatars ont une dette intellectuelle immense vis-à-vis de penseurs européens profondément racistes (2).

    (1) : Citations de Zeev Sternhell.

    (2) : Voir par exemple « L’islamophobie, une invention du colonialisme français » , @Anarchosyndicalisme !, n°149 http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article810

    Article d’@Anarchosyndicalisme ! n°152 déc 2016 - Janv 2017
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article844

    • Les anti-Lumières sont un mélange des plus gros réactionnaires de droite et de gauche. Sur Seenthis on en trouve quelques-uns (de gauche) qui, comble de l’ironie accusent les autres d’être similaire à l’extrême droite. @mad_meg @apichat @unagi . Ils ne réagissent pas à ce genre de post. On peux se rassurer en pensant qu’ils n’ont aucune influence dans la société.

    • Je ne suis pas anti lumière. Je dit juste que ces vieux hommes blancs ne disent rien qui me soit utile en 2016 et les militant·e·s racisé·e·s disent la même chose.

      La pensée des « lumières » je l’ai appris à l’école. C’est une des grands fierté nationale, celle du « pays des droits de l’homme » et c’est le discours dominant.
      Ces philosophes jouissent d’une adulation dévote chez les républicains et toute sorte de nationalistes gaulois. Je ne voie pas trop à quoi ca sert de les défendre alors qu’ils ne sont pas attaqués, qu’on dit juste qu’ils sont de leur époque, une époque qui n’est pas la notre et ce qu’ils disent n’est pas interessant aujourd’hui pour nous (nous les féministes et antiracistes contemporain·ne·s).

      Il y a d’autres choses qui ont été dites depuis les lumières alors pourquoi vous vous cabré sur ces monuments nationaux. C’est quoi le rapport entre l’anarchisme et les lumières ? C’est quoi le discours anarchosyndicaliste des lumières ? En tout cas niveau féminisme et niveau antiracisme le discours des lumières ne va pas assez loin, il est aujourd’hui sans utilité pour les personnes en lutte sur ces causes.

  • Les vrais « fascistes » de notre temps - Le Corbusier et les architectes urbanistes
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=736

    On sait que rien n’est plus galvaudé en France, aujourd’hui, que le terme de « fasciste ». Cela tient au confusionnisme général ; aux falsifications révisionnistes type Ni droite, ni gauche (Zeev Sternhell) et L’ idéologie française (BHL) ; aux manipulations de la gauche d’Etat qui se drape dans la pose avantageuse de la Résistance ; aux délires de convulsionnaires qui s’arrogent le titre d’« antifascistes » et le privilège de frapper d’infamie les gens qui contredisent leurs lubies. Les mots « fascisme » et « fasciste » renvoient à un phénomène précis et daté : des mouvements de masse militarisés, dans l’entre-deux guerres, menés par des chefs charismatiques, mobilisant des idéologies archaïques, religieuses ou païennes, et les technologies les plus modernes, au service d’expansions nationalistes et (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/Le_Corbusier.pdf

  • To most Israelis, a colonial regime is preferable - Opinion - - Haaretz Daily Newspaper | Israel News

    By Zeev Sternhell
    http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.658778

    Israeli society’s fundamental problem lies in the fact that the first phase of the War of Independence ended only in 1966 with the lifting of military rule in Arab areas. The second phase began immediately thereafter, in June 1967.

    Israel transitioned smoothly from curfews on Taibeh to military rule over Nablus. The emergency regime under which Israelis lived for the first two decades after independence prevented the introduction of a constitution and created shameful habits of governance.

    In retrospect, one can ask whether our leaders intended, perhaps unconsciously, to make inferiority seem second nature to the vanquished people. The transition from this to the occupation regime in the territories was completely natural.

    After Prime Minister Levi Eshkol’s modest liberalization in 1963, it seemed the days of conquering the land had ended. But the Six-Day War halted the attempts to ratchet down the conquering nationalism and gradually shift to a situation in which tribal particularism could be tamed by the universal principles of democracy.

    While it’s true that the Zionism of the Labor Party and its antecedents wasn’t much less radical than that of the right-wing Revisionists, and the cult of historical rites was natural to Labor even without “the two banks of the Jordan,” there was still a chance the party would recognize that all Zionism’s goals had been attained within the existing borders. But even that tiny spark of normalization was obliterated by the great victory of ‘67.

    Still, the supremacy of the national aims over any other aim remained unquestioned throughout. After 1967, the left’s social and political elite had 10 years in power to contend with the occupation, but the only thing it did was offer the half-lunatic proposals of the trio of Yigal Allon, Moshe Dayan and Shimon Peres.

    This was based on the annexation of wide swaths of territory as part of the partition of the West Bank between Jordan and Israel. Dayan had a more “original” idea: The Palestinians would live under Israeli rule as Jordanian citizens, with voting rights in that country.

    And so, unless today’s center-left leaders undergo a deep intellectual and conceptual turnaround, the question of who will rule has no real meaning. To most of the public, a colonial regime is preferable to dealing with the settlements, and disadvantaged groups willingly sacrifice their economic interests on the altar of Jewish national superiority.

    This is the reality the Labor Party refuses to address for fear of losing half its voters. Thus, all the pronouncements about two states aren’t worth a thing without the genuine political will to withdraw from the vast majority of the occupied territories.

    If Labor had won another six Knesset seats at the expense of Yair Lapid’s Yesh Atid, replaced Likud and formed a coalition with Moshe Kahlon’s Kulanu and the ultra-Orthodox parties, the style would be different and the sword would not be hanging over the Supreme Court. But nothing significant would have changed regarding the existential situation of the occupation.

    The problem lies deep within Israeli society. After nearly half a century of controlling the territories, most Israelis view the colonial regime as something to be taken for granted and the invalidation of the Palestinians’ rights as part of the natural order of things.

    The segregation of the buses was an interesting symbolic test that reflected reality. The average Israeli will rebel against apartheid only the day he’s barred from trading with Europe and has to wait three months for a visa to visit Paris.

  • Pour Zeev #Sternhell, « la #gauche a favorisé la #droitisation de la société israélienne »
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/03/14/pour-zeev-sternhell-la-gauche-a-favorise-la-droitisation-de-la-societe-israe

    J’ai adhéré au #parti_travailliste après la défaite de 1977. Avec plusieurs amis de l’Université hébraïque, nous avions mis sur pied un groupe d’intellectuels pour reconstruire le parti moralement, idéologiquement, et présenter une alternative à la droite. Nous avons déployé des efforts héroïques pour convaincre le leadership du parti que suivre le peuple, s’il glisse vers la droite, n’était pas moral. C’est de la mauvaise politique qui conduira d’une défaite à l’autre. En 1982, c’était fini avec la première guerre au Liban.

    Il y a eu ensuite l’éclaircie Itzhak Rabin [premier ministre entre 1992 et 1995, jusqu’à son assassinat], puis Ehoud Barak [1999-2001], car #Nétanyahou venait de faire ses premières preuves. On en a tellement marre de sa gueule aujourd’hui, qu’il y a une chance minime de changement. Mais quel que soit le gouvernement issu de ces élections, je ne crois pas qu’il aura le courage de prendre le taureau par les cornes. Sauf si les Etats-Unis et l’UE s’y mettent et exercent des pressions significatives : “Négociez sérieusement avec les Palestiniens, ou bien le veto américain en votre faveur au Conseil de sécurité ne sera plus assuré.” Je vous assure que ça marcherait.

    #Israël #Palestine

  • It’s the colonialism they hate, not Jews - Opinion Israel News | Haaretz
    http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.616546

    Most Europeans do not doubt the Jews’ right to an independent state, but they vehemently object to a reality in which we are keeping masses of people under occupation and consciously trampling their basic rights.
    By Zeev Sternhell | Sep. 19, 2014 |

    Most Israelis, especially those on the right and center, find it convenient to believe that the current hostility toward Israel is anchored in anti-Semitism. Although anti-Semitism did not disappear in 1945 – just as racist and extreme nationalist tendencies in Europe were not eradicated – the fact is that, until the 1970s, no country was held in higher esteem or more admired as a model than Israel. Even the Palestinians were considered refugees who bore sole responsibility for their own fate.

    The criticism began when it became clear that Israel was not intending to withdraw from the West Bank. As the occupation grew deeper, and as a colonial regime developed in the territories, the opposition grew and turned into hostility – until, in the wake of the destructive operations in the Gaza Strip, it became hatred that has penetrated wide circles within Europe. To this must be added the fact that the Muslim population is growing in Western Europe and gradually becoming more central in society, politics and the universities there.

    There is no doubt that anti-Semitic tendencies feed into the anti-Israel sentiment. But equally, hostility toward Israel’s oppressive policies feeds into the anti-Semitism and antipathy toward Jews. Anyone who wants to nurture the Jewish communities as a pro-Israeli pressure group must understand that this comes at a price. In most cases the hostility is not directed at Israel as the state of the Jews, but rather as the last colonialist state in the West.

    Most Europeans do not doubt the Jews’ right to an independent state, but they vehemently object to a reality in which we are keeping masses of people under occupation and consciously trampling their basic rights.

    The right wing is settling Jews in the West Bank by virtue of an historical claim whose source is in a divine promise: Does anyone still take seriously the argument that a promise given to our ancestors justifies the denial of the Palestinians’ human rights? Every rational person sees these claims as no more than cynical cover for the desire to annex most of the territories, if not all of them.

  • Des nouvelles du fascisme israélien :

    Une autre victime de la guerre d’Israël : le droit à l’éducation des Palestiniens
    Aimee Shalan et Samer Abdelnour, Al Shabaka, le 1er août 2014
    http://www.info-palestine.net/spip.php?article14853

    Imagine you are a Palestinian academic or a student
    Nazmi Al-Masri, Mondoweiss, le 12 août 2014
    http://mondoweiss.net/2014/08/palestinian-academic-student.html

    B’Tselem perd l’agrément pour accueillir des citoyens souhaitant y effectuer un service civil
    Gili Cohen, Haaretz, le 14 août 2014
    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/08/19/btselem-perd-lagrement-pour-accueillir-des-citoyens-souhaitant-

    Gaza : Haaretz dénonce « une chasse aux sorcières »
    Tribune de Genève, le 16 août 2014
    http://www.tdg.ch/monde/Gaza-iHaaretzi-denonce-une-chasse-aux-sorcieres/story/29535318

    Le fascisme atteint un nouveau sommet en Israël. Interview de Zeev Sternhell
    Gidi Weitz, Haaretz, le 17 août 2014
    http://www.protection-palestine.org/spip.php?article13076

    • Let’s stop using the terms ‘fascism’ and ‘democracy’ from now on | +972 Magazine
      http://972mag.com/lets-stop-using-the-terms-fascism-and-democracy-from-now-on/95649

      There are many words that have a tighter link to Israeli political culture and to the Israeli experience which we should be using when we want to communicate political messages, even negative ones. (...)

      (...) discrimination, violence, racism (...) cannot be reduced to an attack exclusively against the political Right; they carry a broader political and social significance than that. (Perhaps this is precisely why people prefer to shout “fascists,” as it suggests that the target is right wing.)

      (...)

      The word “democracy” is problematic in yet another way. The call to “defend democracy” assumes there is something to defend, and that this something is in danger. This observation is entirely unique to the Zionist Left . The Palestinians in the occupied territories can hardly be expected to feel that there is a democracy worth defending here. Palestinians citizens might have their doubts too. (As MK Ahmed Tibi memorably put it: “Israel is Jewish and democratic. Democratic for the Jews and Jewish for everyone else.”)

      #insupportable #gauche_sioniste

  • "La droite israélienne est porteuse d’un désastre sans nom" Entretien avec Zeev Sternhell
    http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140717.OBS4069/la-droite-israelienne-est-porteuse-d-un-desastre-sans-nom.html

    La #droite_israélienne est porteuse d’un désastre sans nom qui est en train de s’abattre sur nous, mais elle n’est pas bête. Elle sait aujourd’hui exactement ce qu’elle veut. Elle veut conquérir la #Cisjordanie, elle veut l’annexer sans le dire tout en l’annexant. Elle veut que les #Palestiniens acceptent de leur propre chef leur infériorité face à la puissance israélienne.

    La droite israélienne procède aujourd’hui de deux manières. À l’intérieur d’Israël, elle prépare une série de lois, notamment celle qui définit Israël comme un Etat juif. C’est-à-dire qu’on dit aux Palestiniens, aux Arabes israéliens, citoyens israéliens qui ont la même carte d’identité que moi, qui sont 20% de la population, qu’Israël est un État juif, c’est-à-dire qu’il n’est pas le leur. Ils vivent à l’intérieur de l’État juif, mais ils doivent accepter le fait que cet État est à nous, et pas à eux. C’est ce qui se fait à l’ouest de la ligne verte.

  • « La droite israélienne est porteuse d’un désastre sans nom » - Bibliobs - Le Nouvel Observateur

    http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140717.OBS4069/la-droite-israelienne-est-porteuse-d-un-desastre-sans-nom.html

    Zeev Sternhell, le grand historien israélien, spécialiste du fascisme en France, revient sur son itinéraire et ses engagements. Entretien.

    #israël #gaza

  • ZEEV STERNHELL : Zeev Sternhell: «Netanyahou est un faible» - L’Express

    http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/zeev-sternhell-netanyahou-est-un-faible_1559435.html

    Signalé par Dominique Vidal

    Aux tirs de roquette des islamistes du Hamas, depuis Gaza, répondent les frappes meurtrières de Tsahal... Le conflit israélo-palestinien serait-il sans fin ? Historien et intellectuel, Zeev Sternhell fustige l’absence de vision des dirigeants de l’Etat juif. Qui devront signer la paix, un jour, avec leurs ennemis.

    #gaza #israël

  • Lecture : Zeev Sternhell « Ni droite ni gauche, l’idéologie fasciste en France »
    http://lahorde.samizdat.net/2013/09/16/lecture-zeev-sternhell-ni-droite-ni-gauche-lideologie-fasciste-en-

    Nous avons reçu une fiche de lecture de l’ouvrage de l’historien Zeev Sternhell Ni droite ni gauche, l’idéologie fasciste en France, paru en 1983, qui défend la thèse d’un véritable fascisme français. Alors qu’on essaye aujourd’hui de nous faire croire que l’extrême droite et le fascisme n’existe que dans la tête des antifascistes, un petit rappel historique [&hellip

    #Histoire #Repères #histoire

  • Bas les pattes devant Snowden, Manning, Assange et les résistants au techno-totalitarisme
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=421

    Nul ne peut plus nier ce que les opposants à la tyrannie technologique dénoncent depuis des années : les objets intelligents qui envahissent nos vies (ordinateurs, Internet, téléphones mobiles et smartphones, GPS) donnent au pouvoir les moyens de la surveillance généralisée. En dévoilant des documents secrets, un ex-agent américain révèle que la NSA (Agence nationale de sécurité) espionne les internautes du monde entier, dans le cadre du programme clandestin « Prism » mis en place par George Bush et (...)

    #Nécrotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/Bas_les_pattes.pdf

    • Il y a au moins une contradiction dans cet article : il commence par se moquer de ceux qui disent « on le savait déjà », et termine par « comme on l’avait écrit dans notre livre ». La fin sert à dire que le logiciel « libre » c’est de la merde.

    • Je ne vois pas trop cette contradiction, car au début du texte, j’ai l’impression qu’ils parlent surtout de ceux qui disent « on le sait déjà » sans le prouver, du genre « mais on le sait que les puissants surveillent tout, etc ». Tandis que #Edward-Snowden le prouve, et que PMO, dans leur démarche d’enquête minutieuse avec citation de multiples rapports publics et privés, sont souvent assez pointus aussi dans leurs enquêtes.

      L’article est avant tout une mise en perspective de deux actualités simultanées : #Prism et la mort de #Clément-Méric. Et la comparaison des réactions « à #gauche » envers ces deux faits.

      Notamment pour dire que la gauche monte vite au créneau pour crier au #fascisme « année 30 », alors que nous ne sommes plus dans les années 30, et que ces organisations ne disent jamais rien ou si peu sur le fascisme réellement existant et déjà en place, grâce à la #surveillance technologique, le puçage #RFID, l’#Internet_des_objets et autres babioles qui ne sont plus de la science fiction.

      Snowden a raison. En France, le #rétro-fascisme à front bas et crâne ras, qu’on reconnaît au premier coup d’œil, obsède l’#anti-fascisme rétro, patrimonial et pavlovien, tout ému de combattre la bête immonde qu’on lui a tant racontée et qu’il croit connaître. Il est vrai qu’ils partagent quelquefois les mêmes goûts en matière de look et de dress code. Les skinheads, c’est quand même plus simple que les RFID et la « planète intelligente » d’IBM. Dénoncer « les origines françaises du fascisme » (Zeev Sternhell, Là-bas si j’y suis, France Inter) et « le retour des années 1930 » (Le Nouvel Observateur et cie), c’est plus facile que de s’attaquer au techno-#totalitarisme.

      [...]

      Personne pour s’aviser que nous ne sommes pas dans les années 1930. Qu’après des décennies d’accélération technologique, à l’heure de la contention électronique, le « fascisme » aussi s’est modernisé. Il n’a plus le visage du Dictateur. Même plus celui de Big Brother. Mais celui des myriades d’actionneurs, capteurs, nano-processeurs, datacenters, super-calculateurs, Little Brothers, qui maillent, structurent, activent et pilotent la société de contrainte.

      [...]

      Pendant que les attardés lèvent le poing, farouches et déterminés contre le spectre « des heures les plus sombres de notre Histoire », le pouvoir resserre le filet électronique. Avec l’approbation béate de la majorité « parce que la technologie, tout dépend de ce qu’on en fait. »

      [...]

      La tyrannie technologique est plus pervasive et redoutable que 500 brutes alcoolisées. Elle exige de ses opposants plus que du pathos et des postures. Combattre le techno-totalitarisme, c’est-à-dire l’attaque la plus performante contre notre #liberté et contre la possibilité de choisir ce qui nous arrive, impose l’effort de comprendre la nature de cette attaque, et ses spécificités. Nous ne sommes pas dans les années 1930 ; il nous faut penser notre époque pour affronter notre ennemi actuel, et non les avatars du passé.

    • Pendant que les attardés lèvent le poing, farouches et déterminés contre le spectre « des heures les plus sombres de notre Histoire »

      J’avais relevé des trucs limites ici et là mais je pensais pas que PMO pouvait être gerbant

    • Se considérer comme « en concurrence » génère ces propos et comportements bizarres. Il y a chez tous ceux qui se considèrent comme au front et au contact avec l’ennemi, le seul, le vrai, une absence d’humilité caractéristique et regrettable, car conduisant à des jugements erronés et à des inimitiés contre-productives. Aussi bien de la part de PMO et de son « attardé », ou du « gerbant » pour qualifier PMO.

    • Classer c’est hiérarchiser disait-on dans un autre fil. Ben oui, il y a des faits, des actes, qui sont plus dangereux pour la liberté que d’autres. Ça ne veut pas dire que ceux qu’on considère comme les moins graves ne sont pas graves du tout. Mais qu’il y a des faits immensément plus graves, et que donc il faut prioriser ses combats : dans une journée, et même dans une vie entière, personne n’a le temps de se battre contre tout ce qu’on considère comme « pas bien ». C’est physiquement impossible.

      Après, se lancer des insultes, oui c’est pas forcément sympa.

    • Non, on disait précisément pas ça, dans l’autre fil ! On disait que classer ce n’était justement pas nécessairement hiérarchiser !
      Et oui, je maintiens que qualifier des gens, souvent jeunes, pas toujours finis politiquement, qui s’indignent de la mort d’un des leurs d’« attardés », c’est gerbant. C’est bien gentil les discours polis mais bon, au bout d’un moment, ça va bien.

    • Oui, de la pertinence de distinguer, étiqueter, classifier, on disait qu’effectivement c’était délicat, subjectif, que la tentation de la hiérarchisation n’était jamais très loin... Même si de mon côté je ne suis pas contre l’usage des outils de description sémantique qui aide à la précision du langage et la justesse des idées, on sera tous d’accord en tous cas pour dire que la hiérarchisation est toujours un piège.. Et il est vrai que même à l’écrit, on peut laisser échapper des émotions, des réflexes instinctifs de jugement, voir d’insultes, répréhensibles, mais bassement humains.
      Personnellement je déplore, mais ce genre de faux pas, s’ils sont rares, ne suffisent pas à discréditer à mes yeux l’ensemble des propos d’un auteur (exemple typique et caricatural : Mélenchon..)

    • classer c’est hiérarchiser, faire des ensembles ça ne l’est pas :) Vive la logique :D
      Sinon oui PMO a des aspects que je ne partage pas trop. C’est un vieux débat la hiérarchisation des luttes, mais il ne faut jamais confondre faire ses choix de luttes a soi, ou dans son organisation, et... faire la leçon aux autres sur ce qui devrait être prioritaire dans leur luttes a eux. Par ex. je trouve tout a fait normal que certain-e-s personnes fassent de la lutte contre le patriarcat leur priorité, et j’ai pas de leçon a leur donner en leur disant, faut d’abord lutte contre ceci cela. C’est d’autant plus vrai, que les dominations, elles, ne se font pas de concurence de lutte, au contraire, elle s’agglomère, se conjuguent...

  • Anti-Lumières de tous les pays... | Zeev Sternhell (Le Monde diplomatique)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2010/12/STERNHELL/19952

    Le respect des identités et de leurs cultures, la défiance envers les idéologies du progrès, la critique du rationalisme et de sa prétention à l’universel : autant de caractéristiques d’une sensibilité politique contemporaine qu’on peine parfois à situer sur l’échiquier politique. Ce courant a pris naissance au XVIIIe siècle, pour s’opposer à la conception de l’individu autonome, acteur de ses choix, qui est le principe même de la démocratie. (...)