Aux Etats-Unis, trois présidentes d’universités prestigieuses accusées de « minimiser » les dérives antisémites sur leurs campus
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Quand un appel à l#'intifada, c’est au dire au soulèvement, est assimilé à un appel au #génocide par pétition principe, les mots n’ont plus aucun sens. La déni à la #Orwell est absolument effrayante et surtout elle a pour fonction d’empêcher de voir le génocide qui se commet sous nos yeux : celui de la population de #Gaza. Que ces présidentes d’université n’aient pas la présence de contredire, pendant et après ces auditions, leurs interlocutrices qui tordent ainsi le sens des mots et se contorsionnent à défendre une soi-disant liberté d’expression de mots qui n’ont pas été prononcés est totalement hallucinant.
La question, posée à plusieurs reprises, était simple : « Est-ce que l’appel au génocide des juifs viole le code de conduite » des universités concernées, en matière de harcèlement et d’intimidation ? « Cela peut être le cas, selon le contexte, comme cibler un individu », a répondu Claudine Gay. « Si le discours se transforme en conduite, cela peut être du harcèlement », a déclaré Elizabeth Magill, expliquant aussi que la décision de qualification « dépendait du contexte ».
Sally Kornbluth avait pourtant commencé par expliquer : « Je n’ai pas entendu parler d’appel au génocide des juifs sur notre campus. » « Mais vous avez entendu des “chants pour l’intifada” [soulèvement] », a répliqué Elise Stefanik. Cette dernière avait débuté l’audition en donnant sa définition personnelle de l’intifada – « Vous comprenez que cet appel à l’intifada est de commettre un génocide contre les juifs en Israël et au niveau mondial », faisant basculer le débat du soutien à l’intifada de certains manifestants à la question du génocide.
« J’ai entendu des “chants” [pour l’intifada] qui peuvent être considérés comme antisémites dans le contexte d’un appel à l’élimination des juifs », a poursuivi Mme Kornbluth. Poussée dans ses retranchements pour savoir si appeler au génocide des juifs violait le code de conduite de Penn, elle a déclaré : « Cela ferait l’objet d’une enquête pour harcèlement s’il était omniprésent et grave. »
« Elles doivent toutes démissionner pour déshonneur »
Les réponses des trois femmes ont suscité un tollé. D’abord, de la part du milliardaire Bill Ackman, de confession juive et fondateur du fonds d’investissement spéculatif Pershing, qui ne décolère pas contre son ancienne université : « Elles doivent toutes démissionner pour déshonneur. Si le PDG d’une de nos entreprises donnait une réponse similaire, il serait viré dans l’heure. Pourquoi l’antisémitisme a-t-il explosé sur les campus et dans le monde ? A cause de dirigeants comme les présidentes Gay, Magill et Kornbluth, qui croient que le génocide dépend du contexte », a-t-il écrit sur X, mardi.
Le lendemain, la Maison Blanche désavouait sans les citer les trois patronnes des prestigieuses universités. « C’est incroyable qu’il soit nécessaire de dire cela : les appels au génocide sont monstrueux et contraires à tout ce que nous représentons en tant que pays », a déclaré Andrew Bates, porte-parole de la Maison Blanche. Yad Vashem, le mémorial de la Shoah en Israël, s’est dit de son côté « consterné que des dirigeants d’institutions académiques d’élite utilisent une contextualisation trompeuse pour minimiser et excuser les appels au génocide des juifs ».
La présidente de Harvard, Claudine Gay, a tenté de limiter les dégâts dans un communiqué. « Certains ont confondu le droit à la liberté d’expression avec l’idée selon laquelle Harvard tolérerait les appels à la violence contre les étudiants juifs. Soyons clairs : les appels à la violence ou au génocide contre la communauté juive, ou contre tout groupe religieux ou ethnique, sont ignobles, ils n’ont pas leur place à Harvard, et ceux qui menacent nos étudiants juifs devront rendre des comptes. »
« Liberté d’expression, même pour les opinions insupportables »
Cette audition tendue faisait suite aux prises de position propalestiniennes et anti-israéliennes, et pour certaines antisémites, de certains étudiants et associations d’étudiants dans la foulée du 7 octobre. La direction des universités concernées a été accusée de ne pas avoir réagi suffisamment. La séance au Congrès a commencé par une minute du silence pour les victimes de l’attaque terroriste du Hamas. Ensuite, des vidéos de manifestations sur les trois campus ont été diffusées, et l’on y entendait les étudiants scander « intifada ».
La patronne de Harvard a affirmé que les propos « haineux » lui étaient « odieux » et assuré que les appels au génocide étaient « en désaccord avec les valeurs de Harvard », mais elle a insisté sur le respect de la liberté d’expression : « Notre université s’engage en faveur de la liberté d’expression, même pour les opinions insupportables, scandaleuses et haineuses. » Mme Kornbluth a adopté une ligne similaire. « Le droit à la liberté d’expression ne s’étend pas au harcèlement, à la discrimination ou à l’incitation à la violence dans notre communauté », a affirmé la présidente du MIT, rappelant en creux que cette liberté est quasi absolue. Elle est garantie par le premier amendement de la Constitution américaine (« Le Congrès n’adoptera aucune loi (…) pour limiter la liberté d’expression »), à la différence de l’Europe, où la liberté d’expression est limitée.
L’audition a aussi tourné au procès de ces institutions, notamment Harvard, considérée comme un temple du gauchisme par les républicains. L’élu républicain de Floride Aaron Bean a cité une enquête d’un journal de Harvard révélant que 80 % du personnel de la faculté se jugeait progressiste et seulement 1 % conservateur. Selon le classement effectué par les associations conservatrices College Pulse et FIRE (The Foundation for Individual Rights and Expression), qui ont sondé quelque 55 000 étudiants, l’université figure au 248ᵉ et dernier rang de la liberté d’expression, avec pour commentaire : « épouvantable ».
Mme Stefanik a déploré que le nombre d’étudiants juifs à Harvard soit tombé de « 25 % dans les années 1980 à 5 % à 10 % aujourd’hui ». « Ce ne sont pas des données que nous collectons lors du processus d’admission », a répondu Claudine Gay. Le processus de discrimination positive de Harvard a été déclaré inconstitutionnel en juin.