#surmédicalisation

  • Les aînés meurent de notre incapacité à revoir le panier de services Dr Hugo Viens - 26 mai 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/528787/les-aines-meurent-de-notre-incapacite-a-revoir-le-panier-de-services

    Les chiffres font peur : plus de la moitié des #aînés prennent des #médicaments potentiellement inappropriés au #Canada, selon une nouvelle étude de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). Au #Québec, 25 % d’entre eux se font prescrire des #somnifères.

    Mais comment s’en étonner ? Les médicaments sont remboursés par les assurances publiques, mais pas la psychothérapie, la physiothérapie ou le #soutien_social. Et si ces statistiques ne sont pas nouvelles, elles confirment une tendance lourde des dernières années. Nous médicamentons beaucoup nos aînés au Canada dans nos établissements de soins de longue durée. Et nous médicamentons surtout les plus #pauvres.


    Se poser les bonnes questions
    La #polypharmacie fait du mal à nos aînés. Lors du dernier congrès national de Choisir avec soin, une des conférencières, la Dre Dee Mangin, a présenté un tableau de la situation qui mériterait d’être mieux connu : nos aînés meurent à cause des médicaments qu’ils prennent en trop grand nombre.

    En raison des interactions de ces médicaments, des chutes qu’ils entraînent ou de la difficulté que les personnes âgées ont à les éliminer de leur sang, c’est comme si chaque jour nous faisions monter des aînés dans un avion avant de faire s’écraser celui-ci au sol, a-t-elle précisé.

    Ces morts sont évitables ! Elles découlent des attentes de la population en matière de gestion de la douleur, de l’insomnie ou de la santé mentale. Elles s’inscrivent aussi dans une tendance plus large de « #surmédicalisation » dans laquelle la société québécoise a plongé tête première… suivant en cela de près nos voisins du sud.

    Agir sur les bons leviers
    Vous m’avez déjà entendu parler des contrecoups du #surdiagnostic et du #surtraitement sur notre système de santé. Cela nous coûte cher en argent, et aussi en vies. Les #médecins sont de plus en plus nombreux à agir, appliquant la déprescription quand c’est possible et nécessaire. Certains patients commencent aussi à poser les bonnes questions, mises en avant par la campagne Choisir avec soin, en demandant par exemple à leur professionnel de la santé s’il y a des options plus simples et plus sécuritaires que les médicaments. Ce n’est pas toujours le cas, mais ça peut l’être. Et ces options doivent être accessibles.

    Le médecin n’a pas réponse à tous les maux. La population doit l’apprendre et le comprendre. En médicalisant tous nos problèmes, de la moindre douleur lombaire à des insomnies passagères, nous engorgeons le système de santé, qui ne suffit plus à répondre à la demande ni aux coûts.

    Nous devons entamer une discussion sur ce qui est médicalement indiqué. À partir de quand un mal de dos nécessite-t-il une injection de cortisone et pendant combien de temps cette béquille peut-elle et doit-elle être utilisée ? Un traitement contre la perte de cheveux peut être médicalement indiqué. Doit-il pour autant être couvert ? Ce sont des questions que l’on ne se pose pas.

    Avant sa dissolution, le Commissaire à la santé et au bien-être travaillait à la nécessaire révision du panier de services en santé. Un exercice difficile que le Québec ne peut éviter. Les partis politiques sont en campagne. C’est le temps ou jamais de parler de cet enjeu. Nous devons, comme société, faire des choix, et les médecins doivent participer à cet important exercice pour qu’il soit basé sur des données probantes.

    #pharma #santé #industrie_pharmaceutique #lobbying #médecine #big_pharma

  • « Il y a deux siècles, je serais morte en couches ». Vraiment ?
    http://marieaccouchela.blog.lemonde.fr/2014/09/09/il-y-a-deux-siecles-je-serais-morte-en-couches-vraiment

    Parmi les personnes qui pourfendent mes billets figurent des femmes protégeant bec et ongles le pouvoir médical qui leur aurait sauvé la vie ainsi qu’à leur bébé. En énumérant les complications qui ont nécessité l’usage de machines bruyantes, de substances pharmaceutiques et d’improbables instruments, elles affirment qu’elles seraient mortes en couches si elles avaient dû donner naissance il y a deux siècles. Il est indéniable que la mortalité périnatale était monstrueuse à cette époque et que de nombreux progrès médicaux ont eu lieu depuis lors. Cependant, lorsque l’on se penche sur les causes de décès maternel avant le XXe siècle, il n’est pas si évident que l’armada médicale actuelle et son utilisation ostentatoire soient les principaux facteurs de la baisse du nombre de décès liés à l’accouchement. (...)

    • #accouchement #naissance #médicalisation #surmédicalisation #hôpital #maternité #sage-femme #matrone

      Aussi, intéressant commentaire d’une professionnelle de santé au Maroc :

      Bonjour

      je trouve votre article passionnant, parce qu’il ouvre de nombreuses pistes de réflexions.

      Néanmoins, je voudrais vous apporter mon témoignage d’une professionnelle de la santé vivant dans un pays Africain, où les taux de mortalité périnatales dans les campagnes sont encore très élevés, alors qu’ils sont, en ville, assez proches de la moyenne des pays développés, avec une médicalisation importante de l’accouchement qui se passe en très grande majorité à l’hôpital, mais nettement moins importante qu’en France pour des raisons économiques, les examens sont plus limités, la notion de césarienne de confort n’existe pas vraiment, etc…

      D’un point de vue hygiène, nutritionnel, etc… il y a aujourd’hui peu de différences entre une marocaine des couches populaires qui vit à la campagne ou à la ville. Ce sont d’ailleurs les mêmes, le plus souvent, le Maroc connaît un gros exode rural.

      Nous avons la chance d’être un pays qui ne connaît pas de famine ou de carence alimentaires graves, si les connaissances en hygiène sont très loin d’être parfaites, il y a une forte sensibilisation effectuée depuis des années, paradoxalement, certains centres de santé sont moins hygiéniques que les maisons où les femmes accouchent encore beaucoup à la campagne.

      Je précise tout cela, car la situation est réellement différente pour d’autres populations, notamment les nomades, ou les populations sahéliennes.

      Pourtant, la médicalisation est clairement le facteur important qui fait chuter la mortalité périnatale. Les centres de santé ou les maisons des mères (projet de l’Unesco) sont construits pour accueillir les femmes pour leur accouchement. Ce ne sont pas des hôpitaux, mais il y a un personnel médical formé, et surtout une ambulance prête à emmener les femmes en urgence dans un hôpital quand les choses s’annoncent mal.

      En moyenne, dans chaque centre, ce sont entre cent et deux cent femmes qui bénéficient chaque année de ce transfert hospitalier.

      Le problème, c’est que quand ça dérape, il faut pouvoir agir très vite. La surmédicalisation actuelle que vous dénoncez, est liée, si j’ai bien compris, à une logique de gestion des « flux de production ». Elle est liée aussi à d’autres choses, comme un refus du risque, et la recherche de plus en plus fréquente de responsabilité médicale quand un accouchement se passe mal.

      La plupart des femmes qui ont été sauvées par un transfert en urgence dans un hôpital étaient des femmes en bonne santé, qui n’avait pas été mariées de force à 14 ans :D mais qui avaient eu leur premier bébé vers 19 ou 20 ans, sans être violées, qui avaient un squelette normal.

      Vous souhaitez un juste ré-équilibrage, face à une médicalisation que vous jugez excessive. Mais si vous voulez mourir en couches, il y a des tas de possibilités pour le faire, dans des conditions générales nettement meilleures que celles d’il y a deux siècles.

      Les progrès mêmes de la science médicale, l’identification des risques d’éclampsie, par exemple (plus liée à la femme qu’aux conditions « socio-économiques ») et leur traitement préventif sont liés à cette même médicalisation. L’éclampsie, aujourd’hui, est la cause de mortalité périnatale la plus importante en Afrique.