• Peut-on donner contre rien ?

    Question du jour : Est-ce que c’est la monnaie et l’échange qui sont premiers, ou bien l’état de séparation des « producteurs privés » (dans le jargon marxien) ?

    Pour le reformuler autrement, est-ce que la monnaie est structurellement nécessaire parce que les gens sont socialement « séparés » (et qu’est-ce que ça veut dire dans ce cas, cette « séparation » ?) ou bien au contraire la monnaie est nécessaire parce qu’anthropologiquement/culturellement les gens ne peuvent en général pas donner à autrui leur production contre rien ?

    Il est pourtant nécessaire d’y réfléchir, et de remettre en cause radicalement l’échange. Pourquoi ? Parce que l’échange implique la valeur (économique), et la valeur implique la dynamique de recherche de productivité sans fin incontrôlable et mortifère. Plutôt que contrer un à un les effets concrets délétères de cette dynamique (en vrac, intelligence artificielle, épuisements des ressources, pollutions, inégalités etc.), il est plus pertinent de remettre en cause les catégories sociales humaines mais naturalisées ("fétichisées" dans le jargon marxien) qui la rendent possible, puisque in fine ce sont bien les humains qui l’activent. Ces catégories sont fondamentales et premières par rapport au déferlement technologique sans fin : ce sont les humains qui « inventent » les technologies mais ce sont les crises émanant des catégories propres aux sociétés marchandes qui stimulent, rendent possibles puis obligatoires ces inventions, pour surmonter ces crises tout en conservant intactes les catégories marchandes du monde social, axiomes du lien social et des institutions. L’adoption de nouvelles technologies par les sociétés marchandes n’est donc pas le produit automatique d’un déterminisme technique, pas plus que le fruit d’une élaboration stratégique des classes dominantes pour conserver leur position dominante. Elle est d’abord déterminée par une forme de société qui organise sa reproduction sur la base de la production marchande et doit donc impérativement répondre à ses nécessités.

    Esquissons un début de réponse à la question de départ.

    La question est de savoir si cette production marchande est déterminée par un état social particulier appelé « séparation », et qui est paradoxalement défini par une absence de relations sociales en son sein, ou bien plutôt par une « disposition » anthropologique à échanger plutôt qu’à donner contre rien.

    Dans les théories d’inspiration marxienne, la séparation des producteurs privés semble première, et constitutive des rapports marchands et donc de la société marchande.

    Pour ce faire, commençons par remarquer à quel point le rapport marchand est une relation sociale paradoxale. Est-il même justifié d’utiliser le terme de « relation » pour désigner un face-à-face dominé par l’extrême indépendance des protagonistes les uns à l’égard des autres ? Il semble, tout au contraire, que c’est l’absence de liens qui caractérise le mieux cette configuration sociale dans laquelle on ne connaît ni dépendance personnelle, ni engagement collectif qui viendraient restreindre l’autonomie des choix individuels.
    André Orléan, "Monnaie, séparation marchande et rapport salarial", p.8
    http://www.parisschoolofeconomics.com/orlean-andre/depot/publi/Monnaie0612.pdf

    Si la séparation est première, c’est-à-dire si le fait premier est l’absence de relation entre des gens pourtant interdépendants matériellement, alors l’échange apparaît comme une conséquence logique pour assurer le lien marchand. La monnaie dérive de cet état primordial de séparation, où chaque individu est coupé de ses moyens d’existence. Seule la puissance de la valeur, investie dans l’objet monétaire, permet l’existence d’une vie sociale sous de tels auspices. Elle réunit des individus séparés en leur construisant un horizon commun, le désir de monnaie, et un langage commun, celui des comptes. Ce qui est objectif, qui s’impose aux agents, ce sont les mouvements monétaires.

    Pourtant, on peut remarquer que cet état de séparation marchande n’enlève pas la possibilité des producteurs/travailleurs de se coordonner directement, sans la médiation monétaire. Il suffit de penser à une grande entreprise organisée en plusieurs services et unités de production, travaillant ensemble sans échanger entre eux de la monnaie. Ce fait évident incite à penser que l’on pourrait supprimer la monnaie, tout en maintenant une forte division du travail, dans des organisations vastes et complexes. C’est le cas dans une proposition du groupe économie du réseau salariat, laquelle fait disparaître la monnaie dans les productions « intermédiaires » :

    Nous comprenons que l’absence de flux monétaires entre les unités de production puisse tout d’abord surprendre, mais nous observons que le capital a malgré lui produit une socialisation de la production que nous jugeons propice au basculement vers notre modèle. En effet, une part considérable de la production s’effectue désormais dans des entreprises de très grandes tailles. Ces entreprises sont organisées en ateliers ou départements de production, lesquels effectuent leurs échanges sans flux monétaires, mais produisent le
    suivi comptable nécessaire à la gestion de l’ensemble. Notre modèle se présente comme une issue positive à ce mouvement de socialisation. Il nous engage au dépassement de la concurrence économique afin de gérer collectivement et démocratiquement l’ensemble de la production.
    « Une monnaie communiste », X. Morin, groupe Economie du réseau salariat
    https://www.reseau-salariat.info/images/article_une_monnaie_communiste_.pdf

    Cependant, si une telle coordination peut en être vue comme volontaire, non déterminée par l’échange et la monnaie entre les protagonistes agissant de concert pour produire en commun, elle n’en reste pas moins rendue possible par le fait que chacun des producteurs reçoit une rémunération.

    Cela signifie que, dans une société marchande, un travailleur peut dors et déjà se coordonner avec un autre travailleur de façon non-marchande, mais que la bonne volonté de chaque travailleur n’est possible que grâce à une contrepartie monétaire, en échange de cette bonne volonté. Pour supprimer complètement la monnaie du tableau, il faut donc imaginer que chaque travailleur s’active sans contrepartie.

    Il s’ensuit que la séparation marchande n’est pas le fait premier, ou la catégorie première, fondant les sociétés marchandes. Le point de départ du raisonnement sur les catégories marchandes devrait donc plutôt s’intéresser à l’incapacité de l’individu, dans le régime des sociétés marchandes, de donner contre rien. Le don doit être compris ici comme un transfert simple, sans contre-partie, sans contre-transfert, au contraire de l’échange qui se compose obligatoirement d’un transfert et d’un contre-transfert exigible (Alain Testart, Critique du don http://sortirdeleconomie.ouvaton.org/sde-n2.pdf).

    Bien-sûr, le don n’est pas absent des sociétés marchandes passées et présentes, mais il est soit restreint à un espace social limité d’interconnaissance (famille, communauté, petit groupe), soit conditionné par une rémunération, quand bien même cette rémunération peut être décorrélée de cette impulsion à donner (pensons aux retraités bénévoles).

    La grande affaire d’une société post-marchande - débarrassée en cela de la pulsion à produire n’importe quoi n’importe comment de plus en plus vite - n’est donc pas d’imaginer des modes de coordination se passant de monnaie, prenant appui sur la sophistication des moyens techniques issus de deux siècles d’industrialisation. Mais plutôt de nous représenter comme des individus se rendant des services les uns aux autres au quotidien, sans qu’une contrepartie ne viennent les assurer d’une récompense pour leurs efforts quand un service est rendu ou une production donnée à autrui, contrepartie qui leur donne un droit de tirage spécial (ne serait-ce que supplémentaire, par rapport à l’absence d’effort, comme dans les propositions de revenus de base) sur le produit des autres qui font de même, droit qu’ils n’auraient pas obtenu sans cet effort.

    #monnaie #séparation #séparation-marchande #critique-de-la-valeur #post-monétaire #technocritique

    • La monnaie permet surtout beaucoup plus d’échanges (je ne dis pas que c’est bien) que le troc.

      Si je dois attendre de trouver une personne qui a ce dont j’ai besoin, et qui a envie de quelque chose dont je dispose, pour me procurer des biens/services ... cela va me prendre un temps infini.

      Un « droit de tirage spécial » cela ressemble pas mal à de la monnaie ... qui porterait simplement un autre nom.

      On peut essayer de supprimer les échanges.
      Ce qui m’ennuie c’est qu’on passe vite à une société très administrée. Et ceux qui contrôlent le sommet de l’administration, ont rapidement beaucoup de pouvoir sur les autres ... Ca peut mal se terminer…

      C’est pour ces raisons que je reste favorable à une société marchande.
      Mais je la voudrais considérablement redistributrice, politiquement très démocratique (quotas d’élus des différentes catégories sociales pour qu’ils représentent vraiment la société) et très réglementée (pour les enjeux de lutte contre le dérèglement climatique).

      Cette position me rend très probablement minoritaire ici. ;-)

    • Alors, montons d’un cran en généralité, et parlons de « circulation » (des biens et des services) :
      – la monnaie permet plus de circulation que le troc, oui.
      – mais, dans un monde post-monétaire, l’ accès (je produis des choses, je les mets à disposition des gens qui en ont besoin) permet plus de circulation que l’échange monétaire !

      Qu’est-ce qui aurait besoin de plus circuler aujourd’hui dans la société ? Toutes les actions qui ne sont pas rentables, et spécialement celles qui ne sont pas mécanisables, ou celles qu’il faudrait moins mécaniser (pour décroître la consommation d’énergie par exemple).
      L’usage de monnaie augmente la mécanisation et diminue la valeur de ce qui n’est pas mécanisé.
      https://seenthis.net/messages/989122

  • La technocritique devant ses calomniateurs

    Quelques observations

    Suite à la publication du texte " Le naufrage réactionnaire du mouvement anti-industriel • Histoire de dix ans "

    https://seenthis.net/messages/1029340

    https://seenthis.net/messages/1029970

    Voici les réponses qui ont été publiées :

    0. #Paul_Cudenec, Targeted and smeared by the fake-left thought police (en anglais)
    https://paulcudenec.substack.com/p/targeted-and-smeared-by-the-fake
    Pris pour cible et dénigré par la police de la pensée de la fausse gauche

    1. Anaïs G.
    https://www.infolibertaire.net/reponse-naufrage-reactionnaire-du-mouvement-anti-indus
    Coup de gueule d’une camarade.

    2. « Naufrage réactionnaire » : la plaidoirie de la défense
    https://lille.indymedia.org/spip.php?article36165

    3. Qui a peur de la critique anti-industrielle ?
    https://collectifruptures.wordpress.com/2024/01/06/qui-a-peur-de-la-critique-anti-industrielle

    4. #Annie_Gouilleux, La nébuleuse (soi-disant) anti-autoritaire…
    https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2024/01/07/annie-gouilleux-la-nebuleuse-soi-disant-anti-autoritair
    Laquelle prépare une sorte de biographie de #Paul_Kingsnorth pour montrer à quel point il est "fasciste" et "pro-Trump"...

    5. Une lettre du "fasciste" #Olivier_Rey à Vincent Cheynet
    https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2024/01/16/une-lettre-dolivier-rey-a-vincent-cheynet

    6. Édouard Schaelchli, « À chacun son fascisme ? »
    https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2024/01/24/edouard-schaelchli-a-chacun-son-fascisme
    Franchement, on se serait bien passé des petites obsessions de ce monsieur.

    7. #Sébastien_Navarro, Avant de tous y passer
    http://acontretemps.org/spip.php?article1033
    Recension d’un livre de #Derrick_Jensen qui commence par qqs commentaires sur le torchon.

    8. #Groupe_Grothendieck, Guerre généralisée au vivant et biotechnologies , ch. 4.
    https://lundi.am/Guerre-generalisee-au-vivant-et-biotechnologies-4-4

    Les thèmes principaux de la guerre au genre humain sont représentés : cyborg spatial, biocitoyenneté, génie génétique, postmodernisme, confusion entre liberté et consommation de corps, mise en exergue du « bios », combat contre le « zôên » vu comme « fossile vivant », neutralisation du politique par l’acte technoscientifique, tout y est ! [...]
    De tant à autres réapparaît sur la toile ce genre de manifeste et la prose toujours aussi scientiste qui va avec, on nous parle même, dans notre époque trouble, où toute la gauche est en mal de théorie politique, du « renouveau du #cyberfémnisme », car le fond de pensée est maintenant bien installé, tellement bien qu’on ne peut plus le remettre en cause sans que tout de suite des sociaux-missiles soit envoyés à la gueule du critiquant : « essentialiste », « réactionnaire », « bio-conservateur », sans oublier les classiques « transphobe » et « anti-féministe » [110]. Alors que, quoi de plus politique que de remettre en cause les idéologies sans pour autant être bassement dénigrant ou moqueur, surtout quand le but est réellement de se mettre en mouvement, pas de fabriquer de nouvelles chapelles, ni d’élever des digues !

    Le torchon est cité dans la note 110. Sachant que la « critique conséquente du capitalisme industriel » que ses auteurs revendiquent leur est inspirée par #Cy_Lecerf_Maulpoix, lequel cite élogieusement le Manifeste Xénoféministe qui prône une réappropriation des technologies les plus avancées afin d’aboutir à une « aliénation émancipatrice » (sic !) et dont le mot d’ordre est « Si la nature est injuste, changez la nature ».

    8. #Matthieu_Amiech, Au Village sans prétention , avril 2024, brochure publiée par les éditions La Lenteur (40 p. disponible à prix libre).

    Ce texte est une mise au point suite à des publications et des attaques sur Internet, qui illustrent de manière caricaturale la réduction que peuvent subir l’information, la réflexion et le débat politiques, quand ils s’enferment sur ce média. L’auteur et la maison d’édition n’ont ainsi pas souhaité publier cette mise au point en ligne, ils préfèrent qu’elle circule simplement sous forme de brochure.

    Je mettrait à jour ce fil à mesure que de nouvelles réponses vont arriver...

    #technocritique #critique_techno #postmodernisme #calomnie #Naufrage_réactionnaire

  • Le naufrage réactionnaire du mouvement anti-industriel · Histoire de dix ans - Marseille Infos Autonomes
    https://mars-infos.org/le-naufrage-reactionnaire-du-7269

    J’ai toujours pensé que les gens de l’Echappée et de PMO étaient des penseurs ridicules, qui agitaient des peurs pour éviter de parler du monde réel, des oppressions et des inégalités, et surtout pour développer un cynisme qui finit forcément par suggérer que le monde actuel, voire celui du passé, serait au final mieux que toutes les utopies.

    Mais cet article passionnant, écrit par des gens qui se sont coltinés toute la littérature de ces auteurs (une pensée pour leur courage) montre quelque chose de bien plus profond : la manipulation des discours anarchistes pour les faire entrer dans la logique libertarienne, et les complicités en ce domaine avec tout ce que l’extrême-droite compte de stratèges retors, de Steve Banon à Alain de Benoist.

    La déliquescence idéologique générale de la gauche sociale et libertaire a ouvert la porte à de telles idées. Il est temps et plus que temps de donner une pensée cohérente aux concepts de liberté, d’égalité et de fraternité qui soient réellement adaptés au XXIe siècle... mais sans perdre la nature même qui relie les combats d’émancipation actuels avec l’histoire et les sacrifices des penseurs de l’émancipation des siècles qui nous précèdent.

    Et face à de tels manipulateurs, c’est un sacré boulot. Merci aux gens de Mars de nous montrer l’étendue des idées d’extrême-droite au sein des idées de gens qui se croient de gauche et sensibles aux arguments à l’emporte-pièce (et main d’oeuvre).

    Histoire de dix ans du naufrage réactionnaire d’un mouvement se prétendant « libertaire », à travers ses acteur·ices et ses publications.

    L’article est long, mais à lire en entier. Alors je ne fais même pas de résumé ici.

    #Extrême-droite #PMO #L_Echappée #Libertariens

  • ★ Intelligence artificielle et éducation où l’IÂne est-elle un danger ? - Groupe Commune de Paris de La Fédération Anarchiste

    En sortant de la lecture du livre de Eric Martin et Sébastien Mussi intitulé Bienvenu dans la machine, enseigner à l’ère numérique (voir en fin de ML), il m’est nécessaire de faire quelques remarques personnelles sur l’éducation à distance et autre recours à l’IA (intelligence artificielle). En effet, sans être opposé à l’usage du numérique en matière d’éducation à condition d’y être éduqué et d’en user avec discernement, l’état actuel de « l’art » ne cesse de me questionner.
    En effet, on le sait depuis longtemps : sur internet, cliquer n’est pas connaître, imprimer n’est pas savoir et surtout n’est pas produire du savoir. Le travail intellectuel ne fait que commencer : il faut lire, trier, faire des hypothèses, analyser, croiser les sources, vérifier, hiérarchises les données… en bref, faire fonctionner son esprit critique et son imagination pour faire quelque chose de la collecte électronique comme autrefois on le faisait au sortir des bibliothèques et des prises de notes (...)

    #capitalisme #technocapitalisme #AI #internet #numérique #technocritique ...

    https://federation-anarchiste-groupe-commune-de-paris.over-blog.com/2023/10/intelligence-artificielle-et-education-ou-l-iane-est-elle-un-danger.html

  • 🛑 La machine à décerveler - Groupe Commune de Paris de La Fédération Anarchiste

    Il ne s’agit pas du sabre à « phynances » du Père UBU mais des risques d’une éducation numérisée et à distance. C’est ce que constatent et dénoncent Eric Martin et Sébastien Mussi dans un essai radical intitulé Bienvenu dans la machine, enseigner à l’ère numérique. Les auteurs élaborent une critique de fond de « la technopédagogie » prônée par les industriels du numérique et dont le risque majeur est de préparer un « grand désert culturel » au profit du technocapitaliste qui « exigent la formation de travailleurs dotés d’habiletés numériques ». Progrès inéluctable dont la critique est diabolisée et derrière laquelle se cache « une école des écrans et des robots » où il faudra « consommer de l’information brute sans médiation » et surtout sans capacité ou sans le droit voire sans la possibilité de manifester de l’esprit critique (...)

    #capitalisme #technocapitalisme #AI #numérique #technocritique ...

    https://federation-anarchiste-groupe-commune-de-paris.over-blog.com/2023/10/la-machine-a-decerveler.html

  • Peut-on se réapproprier la science ?

    S’il est tout à fait nécessaire et utile de se réapproprier nombre de connaissances scientifiques et médicales, on ne peut le faire de manière émancipatrice que dans la perspective d’une critique radicale de la société capitaliste et industrielle. Plutôt que de continuer la recherche scientifique vers la quête de toujours plus de maîtrise et de puissance pour l’État et le Marché, il nous faut développer des recherches et acquérir des connaissances qui peuvent aider chacun à assurer mieux et plus facilement sa subsistance en se fondant sur les ressources locales.

    #Bertrand_Louart #Sciences_Critiques #Technocritique #critique_techno #subsistance #technoscience #société_industrielle etc.

    https://sciences-critiques.fr/peut-on-se-reapproprier-la-science

  • The Land, L’humain monbiotique, 2022
    Critique du dernier ouvrage de G. Monbiot

    #Georges_Monbiot est une grande figure de l’#écologie britannique. Il est chroniqueur au journal The Guardian (l’équivalent du journal Le Monde en France), ce qui lui donne une grande influence sur l’opinion publique. Mais depuis quelques années, il s’est engagé dans la défense d’une écologie technocratique.

    Déjà peu après l’accident nucléaire de Fukuhima, il avait signé une tribune où il se faisait le soutien de l’industrie nucléaire au prétexte que l’accident japonais n’avait pas fait des monceaux de cadavres bien visibles à la télévision et que le nucléaire est un moyen de produire de l’énergie « décarbonnée » qui permet de « lutter contre le réchauffement climatique » sans remettre en question la société capitaliste et industrielle.

    Dans son dernier ouvrage, il propose de supprimer toute forme d’agriculture et d’élevage sur la planète, car ces activités quelque soit leur forme sont selon lui les principales causes du changement climatique. Les terres consacrées à l’agriculture et l’élevage seraient alors ré-ensauvagées. Les humains concentrés dans les villes se nourriraient alors de protéines produites par des bactéries dans des réacteurs bio-chimiques.

    « Nous pouvons désormais penser la fin de l’agriculture, la force la plus destructrice jamais provoquée par l’homme. Nous pouvons envisager le début d’une ère nouvelle dans laquelle nous n’aurons plus besoin de sacrifier le monde vivant sur l’autel de nos appétits. Nous pouvons résoudre le principal dilemme qu’il nous a été donné d’affronter, nourrir le monde sans dévorer la planète. »

    Ainsi, l’écologiste Monbiot se rallie à la « guerre contre la #subsistance » que l’industrie capitaliste, dès ses débuts, a mené d’abord en Angleterre et continue encore à mener aujourd’hui à travers le monde afin de rendre chacun d’entre nous dépendant de ses marchandises, de ses ersatz…

    Dans les pages qui suivent, je vous propose de lire les critiques que les rédacteurs du magazine The Land, an occasional magazine about land rights [La terre, un magazine intermittent sur les droits de la terre] ont adressé à l’ouvrage de Monbiot, la réponse hystérique de celui-ci et les précisions et approfondissement qu’ils ont ensuite ajoutés en réponse.

    Avec cet échange, on verra que le projet d’enfermer complètement l’humanité dans la prison urbaine et industrielle s’exprime maintenant sans retenue au sein de certains cercles d’entrepreneurs. En attendant prochainement des dirigeants ?

    Il me semble que ce projet liberticide et mortifère doit être dénoncé et combattu comme tel.

    https://sniadecki.wordpress.com/2023/09/08/the-land-monbiotic-fr

    #technocratie #solutionnisme_technologique #technocritique

  • Bilan critique du courant anti-industriel | Zoom Ecologie
    https://www.zoom-ecologie.net/?Bilan-critique-du-courant-anti-industriel

    Ayant côtoyé des personnes se rattachant au courant anti-industriel au sein de luttes écologistes, y ayant trouvé un intérêt politique et théorique à un moment de notre trajectoire, mais étant désormais en franc désaccord avec certains positionnements essentialistes ou covido-négationnistes/relativistes émanant de ce milieu, nous revenons de manière critique sur ce courant. Durée : 1h. Source : Fréquence Paris Plurielle

    https://www.zoom-ecologie.net/IMG/mp3/antiindus.mp3

    • Radio : Mathieu Amiech, La gestion sanitaire de la covid-19, 2023

      https://sniadecki.wordpress.com/2023/03/29/rmu-amiech-covid

      Pour resituer le contexte dans lequel #Matthieu_Amiech fait cette émission, il me faut ajouter que cette émission « L’Actualité des luttes » diffuée sur Radio FPP est en quelque sorte une mise au point a une autre émission qui a également été diffusée sur les ondes de Radio FPP. Il s’agit de l’émission « Zoom Ecologie » intitulée « Bilan critique du courant anti-industriel » du 18 octobre 2022. Là aussi, les références et liens sont dans le descriptif de l’émission.
      Ce « bilan critique » qui dure une heure est divisé en 3 parties de 20 mn chacune.
      1er partie : les « aspects positifs de la critique anti-indutrielle ».
      2nd partie : dénonce la prétendue « transphobie » du groupe grenoblois PMO et le prétendu « covido-négationnisme » des éditions La Lenteur en la personne de Matthieu Amiech, qui est nommément cité.
      Et enfin la 3e et dernière partie : prétend dénoncer les « impasses théoriques et politiques du courant anti-industriel ». Rien que ça !
      Et là, c’est juste du délire complet !
      C’est du délire parce que dans cette émission, on nous parle de « les anti-industriels » comme si c’était un parti politique officiel avec des membres enregistrés et avec une doctrine bien définie. La réalité c’est qu’il y a beaucoup de groupes très différents qui se réclament de la « critique anti-industrielle », ou « #technocritique » comme dirait François Jarrige dans son ouvrage du même nom.
      Et donc ces militants, qui pourchassent avec raison les clichés essentialistes qui circulent encore trop dans la société – du genre, « les petites filles s’habillent en rose » –, dès qu’il s’agit de gens qu’ils n’apprécient guère, eh bien, ils essentialisent leurs adversaire à bloc. De même que les noirs sont des feignants, les arabes des voleurs, les « zanti-industriels » sont tous de fieffés réactionnaires, c’est bien connu !
      A partir de là, ils nous attribuent toutes les tares qu’il leur plait, et il y en a un sacré paquet ! Mais puisque jamais ils ne précisent de qui ils parlent ni a quels textes ou prises de position ils se réfèrent, leurs critiques ne font que refléter leur ressentiment à l’égard de personnes dont ils ne comprennent pas les idées, mais dont ils sentent bien que ces idées remettent radicalement en question certains aspects de la société industrielle auxquels ils se sont habitués et auxquels ils ne voudraient pas renoncer.
      En bref, on constate que nos donneurs de leçons sont eux-mêmes bien incapables de formuler une critique argumentée et référencée, et donc d’appliquer à eux-mêmes ce qu’ils exigent des autres. D’ailleurs, la grande majorité de leurs critiques ont été réfutées par avance par des ouvrages publiés aux éditions La Lenteur ces dernières années. Celui d’Aurélien Berlan, Terre et liberté et celui de Bertrand Louart, Réappropriation, jalons pour sortir de l’impasse industrielle . Le premier est sorti il y a un an et le second six mois avant leur émission.

      #essentialisme #bêtise_politique #Naufrage_réactionnaire

  • Parution de « Notre Bibliothèque Verte », de Renaud Garcia
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1640

    Bien des lecteurs depuis des mois (et deux ou trois éditeurs) nous ont suggéré la publication en volumes des notices de Notre Bibliothèque Verte ; de façon pressante, parfois. Mais on les comprend. Nous aussi, nous avons trouvé un vif intérêt à découvrir ou redécouvrir ces groupes et personnages ayant contribué par leurs vies et leurs œuvres, à la défense et à l’illustration d’une humanité libre dans une nature vive. Bref, on y a trouvé du plaisir, et ce plaisir passionné semble s’être communiqué aux lecteurs. On trouvera ci-dessous, la présentation des volumes 1 et 2 ; la liste des 40 notices déjà traitées ; et la manière de commander ces deux premiers volumes. Ensemble, ou séparément. ***** Notre Bibliothèque Verte Ce que l’on désigne du mot d’écologie, forgé au XIXe siècle par Ernst Haeckel, est à la fois (...)

    #Documents

  • « La pandémie pose la question fondamentale de la place du doute en science »

    La complexité des phénomènes sur lesquels les experts ont à se prononcer est telle qu’il n’est souvent pas possible de produire des faits indiscutables, expliquent les philosophes Bernadette Bensaude-Vincent et Gabriel Dorthe dans une tribune au « Monde ».

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/12/18/la-pandemie-pose-la-question-fondamentale-de-la-place-du-doute-en-science_61

    Tribune . Alerte générale dans les milieux académiques, éducatifs et politiques qui en appellent à un contrôle de l’information afin d’éclairer le public, victime de la #désinformation, manipulé par les algorithmes des réseaux sociaux et prisonnier de ses biais cognitifs. En septembre, Emmanuel Macron confie au sociologue des croyances #Gérald_Bronner la présidence d’une commission « Les Lumières à l’ère du numérique », chargée d’enquêter sur les « #fake_news », et dont le rapport est attendu ces jours-ci.
    Il s’agit de sauver la science et la rationalité, fondements de la démocratie contemporaine, que les algorithmes des réseaux sociaux mettraient en péril. D’où la mobilisation contre le « populisme scientifique » ou l’« infodémie », à grand renfort de sondages alarmistes.
    Hésitation vaccinale, refus de la 5G ou déferlante de #complotisme, on ne compte plus les lamentations face à la montée de l’irrationalité dans le public, et la perte de confiance d’un nombre croissant de citoyens dans les experts légitimes. Nous serions entrés dans une époque qui se moque du vrai et du faux, qui confond faits et valeurs, et s’égare dans la « post-vérité ». Un monde fracturé qui ne se retrouve plus sur une perception commune de la réalité, où l’espace public se fragmente en silos partisans sur les réseaux sociaux.
    Sans prendre parti pour les uns ou les autres, nous tentons, dans nos recherches en cours, de construire une position difficile mais ferme qui échappe à cette prise en tenaille. Elle passe par une enquête sur le statut des énoncés scientifiques dans les technosciences actuelles et par une écoute attentive de la manière dont lesdits « complotistes » construisent leurs discours et leurs revendications.
    Une vision simpliste
    La division du monde en deux camps bien tranchés, arbitrés par un rapport à la vérité univoque, est problématique à plusieurs égards. D’abord, elle ne résiste pas à un examen rigoureux. Si elle séduit par son simplisme en partageant la société contemporaine entre les crédules et les sages, les fous et les détenteurs de la raison, cette vision est régulièrement démentie par les sondages d’opinion qui laissent voir des positions plus nuancées du public, en particulier durant la pandémie (voir la 8e enquête « Les Français et la science », dirigée par le sociologue Michel Dubois). Toutes les institutions ne bénéficient pas du même degré de confiance.
    En rapportant la défiance du public à l’égard des sciences et des vaccins à un problème de communication ou d’éducation, on considère implicitement qu’il existe une vérité unique, certaine et immuable, qui fonde le monde commun où nous vivons, et que toute contestation est une contre-vérité. Cette épistémologie de tribunal se retrouve de part et d’autre du champ de bataille, puisque les opposants aux mesures sanitaires ou au vaccin se revendiquent autant de courbes, de chiffres et d’une vérité que seule l’idiotie ou la malveillance empêcheraient de voir.
    Il est peut-être temps de s’interroger sur la composition d’un mode commun à l’heure où l’expertise scientifique joue un rôle de plus en plus prépondérant dans la vie sociale et politique. Et de regarder la science telle qu’elle se fait plutôt que telle qu’on la rêve ou qu’on l’apprend dans les manuels scolaires. Cette vision dichotomique qui empoisonne les débats publics assèche les nombreuses zones grises dans lesquelles se négocient en réalité la confiance et la constitution de collectifs. Et elle occulte les problèmes actuels que pose l’organisation de la recherche technoscientifique en aveuglant sur les difficultés bien réelles qu’affrontent les experts à qui est confiée la mission de « dire le vrai » pour conseiller le pouvoir.
    Sciences en question
    La confiance dans les experts comme porte-parole de vérités honnêtes (parfois inconfortables) auprès du pouvoir repose sur l’idée que la science est indépendante à l’égard des intérêts partisans ou économiques, qu’elle est autonome, autorégulée selon les quatre principes de l’ethos formulés par le sociologue Robert King Merton : universalisme, communalisme, désintéressement et scepticisme organisé. Mais l’organisation de la recherche met en danger cet idéal.
    Depuis l’agenda de Lisbonne en 2000, la recherche est officiellement pilotée par des politiques scientifiques, et au service de la compétitivité économique. Elle est financée sur programmes publics ou privés ; elle noue des liens avec les industriels, alimentant parfois le doute sur les résultats scientifiques, comme on l’a vu à propos des effets du tabac et des pesticides sur la santé. De plus, le culte de l’innovation encourage les chercheurs à faire des promesses mirobolantes pour financer leurs projets. Et la pression de compétition peut conduire à des fraudes.
    Lesdits complotistes n’ont donc pas tort de s’inquiéter des conflits d’intérêts, insuffisamment encadrés, qui empoisonnent la recherche scientifique. Ils rêvent d’une science pure et désintéressée, capable de dire le vrai et de débarrasser le monde de ses ambiguïtés. Bien qu’elle puisse parvenir, au prix d’efforts considérables, à l’objectivité et à l’impartialité, la science n’est pas neutre. Les faits sont lourds de valeurs.
    Non seulement des valeurs militaires, économiques, sociales ou environnementales orientent les programmes de recherche scientifique, mais les méthodes de validation scientifique ou technique sont elles-mêmes pénétrées de valeurs implicites et de normes partagées par les scientifiques. Or ces normes et valeurs, qui permettent l’exercice de l’esprit critique dans les communautés scientifiques, et garantissent la fiabilité des résultats, ne sont pas nécessairement prioritaires dans l’ensemble de la société, ou même connues du public.
    Les conditions de pilotage de la recherche ne sont pas seules en cause ici. La complexité des phénomènes sur lesquels les experts ont à se prononcer est telle qu’il n’est souvent pas possible de produire des faits indiscutables. Peut-on encore prôner une politique fondée sur les évidences scientifiques dans un monde où les scientifiques affrontent chaque jour l’incertitude ? Les climatologues, épidémiologistes et toxicologues, ayant appris à progressivement réduire les incertitudes et stabiliser des évidences, sont certes en mesure de lancer des alertes.
    Mais leurs arguments manquent de pouvoir contraignant sur les débats politiques, et se retrouvent pris en étau entre des pouvoirs publics en général peu enclins à approfondir les risques et des médias qui alimentent les controverses. De son côté, le public est confronté, depuis la pandémie, à un nuage d’incertitudes qui fait hésiter les experts et parfois les divise. Il peut suivre en temps réel les efforts pour réduire cette incertitude.
    Aux sources de la défiance
    Les réticences et la méfiance du public ne sont pas un simple problème de communication ou d’éducation. Elles peuvent exprimer des désaccords éthiques et politiques, qu’il semble imprudent de renvoyer à l’état de l’art. Les personnes réfractaires à la vaccination justifient leur refus en invoquant leur crainte d’effets secondaires plus ou moins avérés ; mais aussi en soupçonnant que les pouvoirs publics et les compagnies industrielles continuent de prôner la vaccination pour défendre leurs propres intérêts. Cette méfiance peut se fonder sur les scandales récents dus aux lobbies industriels du tabac, de la chimie ou de la pharmacie.
    Ces résistances expriment bien plus qu’une ignorance ou méconnaissance de la science. Elles traduisent aussi une vision différente des rapports entre médecins et patients, de la solidarité, de la liberté et des rapports de pouvoir. Dans le débat sur la 5G, les opposants, souvent renvoyés à l’irrationnel et à l’archaïque, ont une vision différente des liens entre connectivité, énergie, sécurité et développement économique. Ils expriment un désaccord profond avec le système de valeurs qui sous-tend les sciences, et avec la manière dont certaines d’entre elles sont mobilisées dans la fabrique du pouvoir.
    Renvoyer la défiance vis-à-vis des experts à des problèmes de réseaux sociaux ou l’opposition aux mesures de santé publique à des biais cognitifs est bien commode : cela permet d’éviter consciencieusement de poser les questions qui dérangent dans la situation actuelle, où sciences et expertise n’ont jamais été aussi centrales pour la vie en commun. En cherchant à imposer leur autorité, en levant une croisade de la raison contre les « fake news », on se dispense de soumettre leur robustesse à un débat politique ouvert.
    La diffusion du virus, ses mutations et ses traitements posent des questions fondamentales sur l’évidence factuelle, sur la place du doute en science, comme sur la gestion des incertitudes. Profitons de cette configuration historique inédite pour entreprendre une refonte en profondeur de l’expertise dans un monde incertain et pour apprendre à composer un monde commun dans lequel l’incertitude, plutôt qu’ennemie de la cohésion, nourrit sa créativité.

    #Bernadette_Bensaude-Vincent, historienne des sciences et philosophe, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; #Gabriel_Dorthe, philosophe et anthropologue, Harvard Kennedy School, STS Program & IASS Potsdam.

    #pandémie #Covid-19 #hésitation_vaccinale #technocritique #science_et_société #expertise #débat_public #discernement

  • L’opportunisme pandémique du néolibéralisme

    https://www.lamuledupape.com/2021/12/06/lopportunisme-pandemique-du-neoliberalisme-vu-par-celia-izoard

    Lors de la dernière Fête du Vent organisée par l’Amassada à la fin du mois d’août 2021, #Celia_Izoard a donné une conférence consacrée à la gestion sanitaire de la pandémie de #Covid-19 en France, et plus largement, à l’impact des intérêts capitalistes sur les politiques de #santé_publique.

    Celia Izoard introduit son propos en remontant à l’époque de l’incendie de l’usine #Lubrizol à Rouen, le 26 septembre 2019. 10 000 tonnes de produits chimiques partent en fumée : reprotoxiques, mutagènes, cancérigènes… La population locale constate des effets directs sur la santé : crises d’asthme violentes, vomissements et diarrhée, pertes de capacité respiratoire qui perdurent…
    « Ce qui est frappant, dès le départ dans cette catastrophe, c’est que très rapidement la préfecture a déclaré qu’il n’y avait pas de toxicité aiguë, en jouant délibérément sur les mots : pas de toxicité aiguë, ça veut juste dire qu’on ne va pas mourir tout de suite en respirant cet air. »
    Les angles morts de la santé publique
    Celia Izoard se lance dans une série d’enquêtes, et constate qu’il y a toute une catégorie de la population qu’on a obligé à travailler ce jour-là, malgré les nuages de fumée très dense. Les services de communication de la préfecture opposent toujours la même réponse à la journaliste : « Mais voyez-vous, l’air était complètement respirable ce jour-là. » La situation, mise en parallèle avec la crise sanitaire dans lequel le monde est plongé depuis début 2020, interroge lourdement sur la vocation de l’État à protéger la santé des citoyen•nes.
    « À ce moment-là, j’ai commencé à m’intéresser au cancer, pour plusieurs raisons. La première, c’est que je me demandais si on pourrait montrer un jour que l’incendie de Lubrizol a eu un impact. Pour l’instant, la version officielle c’est que non, on ne peut rien prouver, rien montrer. La seconde, c’est que comme dans d’autres endroits en France, près de Rouen, il y a des parents et plus particulièrement des mères de familles dont les enfant sont atteints de cancer et qui constatent des taux anormaux de cancers de l’enfant dans leur entourage – ce qu’on appelle un cluster. Elles alertent Santé Publique France, qui vient faire une enquête. Le plus souvent, l’agence de santé constate la surincidence de cancers, mais ne conclut pas sur une cause quelconque, alors que les parents suspectent les pollutions des usines ou des exploitations agricoles environnantes. »
    Dans ce cadre d’enquête, Celia Izoard travaille sur l’épidémiologie et sur le #cancer, son lien avec l’environnement, et sur la manière dont on produit les chiffres officiels. La journaliste est très étonnée de s’apercevoir que les pouvoirs publics, notamment l’agence Santé Publique France, n’a pas du tout les moyens de savoir combien il y a de cas de cancers en région parisienne ou autour de Rouen, là où se trouve une grande partie de l’industrie pétrolière et chimique française. Les registres du cancer ne sont en effet établis que dans 22 départements en France et ne concernent que 22 % de la population. Ils sont faits de manière assez arbitraire en fonction des registres préexistants, parmi lesquels figurent par exemple le Tarn ou d’autres zones pas forcément connues pour leurs forts risques environnementaux.
    « C’est très étonnant quand on se souvient du fait que le cancer fait 150 000 morts par an, qu’il y a 350 000 nouveaux cas chaque année, et que pour certaines catégories de cancers, l’augmentation est très importante et devrait constituer un signal. »
    Pour exemple avec les cancers de la thyroïde, en augmentation de 4,4% par an, ce qui est très important.
    « Il y a vraiment ce qu’on appelle une science « non produite » autour de ces questions. Et je suis très étonnée du discours officiel de ces institutions, à la fois Santé Publique France et le Circa (Centre International de Recherche sur le Cancer), qui ont une politique de santé publique fondée sur les comportements individuels : alerter la population sur le fait qu’il faut avoir une bonne alimentation, faire du sport, ne pas fumer, ne pas boire, etc. »
    Selon Celia Izoard, certains textes tendent même à dissuader les gens de penser que le cancer pourrait être lié à des facteurs environnementaux.
    Dans un article consacré à la pétrochimie et à l’incendie de Lubrizol pour la Revue Z, la journaliste reproduit un tableau du Circa dans lequel sont découpés les facteurs de risque pour le cancer : tabac, alcool, alimentation, expositions professionnelles, pollution de l’air extérieur… Les substances chimiques de l’environnement y sont classées comme dernier facteur de risques, avec seulement 0,1% des cas. Pour Celia Izoard, on a là un découpage d’une incroyable mauvaise foi, car on pourrait très bien considérer que les substances chimiques de l’environnement peuvent être liées à des expositions personnelles comme l’alimentation.
    « Ce découpage n’est pas honnête intellectuellement. J’en arrive à la conclusion qu’il y a une volonté délibérée de la part des pouvoirs publics de ne pas incriminer l’industrie et de ne pas produire de données là-dessus. »
    Lors de son enquête, Celia Izoard essaie de téléphoner à Santé Publique France afin d’obtenir un entretien, dans le but de confronter l’institution à ses conclusions. Mais l’agence oppose une fin de non-recevoir :
    « On est désolé, c’est pas contre vous, mais il n’y a personne pour vous répondre parce qu’il y a un nouveau virus, et tout le monde est là dessus. »
    On est en janvier 2020, et l’État ne peut répondre à une journaliste à propos des cancers en France, en raison d’un nouveau virus. Une non-réponse qui en dit long sur les moyens mis en place pour la santé publique.
    L’État et la pandémie
    Le cancer fait plus de 150 000 morts en France chaque année. Celia Izoard compare la différence de traitement du cancer par les autorités publiques avec le cas des infections de rougeole, pour laquelle existe un vaccin, mais non obligatoire jusqu’à récemment. Elle constate que l’État opère un pilotage très serré du contrôle de cette maladie.
    « Quand il y a des cas de rougeole, on peut être appelé, on demande quels sont les cas contacts, etc. La rougeole faisant à peu près huit morts par an, je m’interroge alors sur ce décalage avec la manière dont le cancer est pris au sérieux dans la recherche de ses causes. »
    Entre Lubrizol et l’épidémie de Covid, à ce moment la journaliste fait partie du camp des perplexes, à cause de la différence de réaction des pouvoirs publics, de l’État, face à ces deux événements catastrophiques.
    « D’un côté, une forme de déni caractéristique des catastrophes industrielles : « non ce n’est rien, il ne se passe pas grand chose », Emmanuel Macron fait un scandale car on a osé comparer Lubrizol à AZF, deux catastrophes chimiques pourtant comparable. »
    Avec le Covid, très rapidement des mesures d’exception sont prises, et semblent à beaucoup de personnes assez disproportionnées par rapport au danger. Après une première phase de déni, les médias se montrent très alarmistes, suivant les impulsions du gouvernement.
    Celia Izoard s’interroge. Et émet une première hypothèse, « très faible », pour comprendre la réaction des États qui sont désormais prêts, pour protéger la population, à bouleverser fondamentalement le système social et modifier radicalement les modes de vie en inversant les règles du droit.
    « C’est l’idée qu’il y a une sorte de peur atavique vis à vis des maladies infectieuses et contagieuses, qui serait un reste historique lié à la peste et aux grandes épidémies. »
    Par ailleurs, on accepterait certaines maladies, le cancer notamment, comme étant la rançon du progrès, bien qu’on ne présente pas celui-ci de manière objective et qu’on occulte les pollutions diverses qu’il engendre. On n’accepterait pas le retour des maladies infectieuses car elles représentent une dimension rétrograde : « l’âge moderne n’est pas censé tolérer ce genre d’événements. »
    En deuxième idée, la journaliste émet la pensée suivante : il ne faut pas confondre santé publique et santé de l’ordre public.
    « C’est à dire que la principale menace dans cette situation de pandémie, c’est la menace pour l’État lui-même. »
    Le degré de contrainte exercé par le gouvernement français sur la population serait ainsi lié à la fragilité de ses infrastructures de base. Au cours des trente dernières années, 160 000 lits d’hôpitaux ont été supprimés. On a un risque de débordement réel.
    « On ne peut pas entasser des cadavres comme on compte les décès de mort lente du cancer, ce n’est pas du tout le même phénomène visuel d’un point de vue de ce que l’on appelle une crise . »
    En mettant en place des mesures draconiennes, l’État se protègerait ainsi lui-même. C’est moins la préservation de la santé publique qui serait recherchée que celle de la continuité du pouvoir.
    « La différence de l’enjeu entre l’incendie de Lubrizol à Rouen et la pandémie de Covid, même si les phénomènes ne sont pas comparables dans leurs proportions, c’est la distinction entre la santé publique et la santé de l’ordre public. »
    Pour Celia Izoard, l’illustration la plus frappante en est le fait que des centaines de postes de vigiles ont été créés pour contrôler les passes sanitaires à l’entrée des hôpitaux, alors même qu’on est en déficit de soignant•es depuis des années.
    « La santé ne paraît pas être la priorité, ou d’une manière extrêmement spécifique et discutable, dans les mesures qui sont prises. »
    Dans sa réaction primitive, l’État cherche donc rapidement à se protéger d’un procès en imprévoyance, qui romprait le pacte qui le lie aux citoyen•nes qu’il est censé protéger. Il faut éviter de subir de plein fouet l’effet de la baisse drastique des moyens de la santé publique et de l’inaction face aux maladies chroniques, qui forment des comorbidités très importantes dans le cadre du Covid. Les discours politiques prennent soin de retourner l’accusation contre la population (on se souviendra par exemple de la déclaration du préfet de Paris Didier Lallement :
    « Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui au départ du confinement ne l’ont pas respecté. »
    En somme, si la situation est dramatique, c’est parce que les citoyen•nes ne se plient pas aux mesures sanitaires ou ne se font pas vacciner.
    L’opportunisme néolibéral piloté par le gouvernement
    Le troisième axe de réflexion suivi par Celia Izoard intègre les enjeux du capitalisme moderne.
    « L’État protège les empires industriels, et son rôle depuis la révolution industrielle est de piloter la modernisation. C’est à dire, développer les forces productives et, depuis un certain temps, mettre en place l’orthodoxie néolibérale. »
    L’État va donc développer des politiques de santé publique convergentes avec cet objectif. Dans le cas de Lubrizol et des accidents industriels, on comprend donc que les politiques menées ne peuvent viser à démanteler l’industrie pétrochimique, pourtant l’un des principaux vecteurs de ce type de pollution. Le rôle de l’État est donc de répondre à tout événement en plaçant avantageusement ses alliés, typiquement les grands groupes industriels ou les entreprises prometteuses.
    Pour Celia Izoard, les politiques de santé publique menées face à l’épidémie de Covid19 répondent très clairement à ces critères : « on a un soutien très fort à la télémédecine et à l’e-santé, le déploiement d’un gouvernement algorithmique et d’un vaccin biotechnologique. » On nage en plein NBIC (Nano Bio Info Cogno), cette convergence des technosciences très en vue qui tire la croissance économique.
    « D’une certaine manière, la pandémie est une opportunité dont s’est saisie l’État pour accélérer la société du Big Data et ouvrir de gigantesques marchés par la contrainte légale sur les individus. Le passe sanitaire est un formidable couteau suisse dont vont pouvoir émerger tout un tas de nouvelles start-ups et de nouveaux usages, qui ont tous pour point commun d’être liés à l’intelligence artificielle, à la donnée et à la numérisation des activités. »
    La journaliste en veut pour preuve le Ségur de la Santé à l’automne dernier, lequel a débloqué une enveloppe de 8 milliards d’investissements pour le secteur. On y trouve une augmentation de 180€ de salaire pour certaines catégories de soignant•es, mais le quart de l’enveloppe est dévolu au développement de la télémédecine, à la numérisation et à la collecte de données.
    « Entre la clinique et la télémédecine, nous avons deux visions du soin diamétralement opposées. D’un côté une médecine liée aux pratiques incarnées par des humains, qui nécessite d’embaucher. Et de l’autre côté, une médecine des nouvelles technologies fondée sur l’automatisation : la e-Santé. »
    Ainsi, c’est dans ce sens là qu’il faudrait comprendre la négligence absolue de l’État en matière de soutien aux moyens humains pour faire face à la pandémie.
    « Il y a vraiment un passage d’un système à l’autre, avec l’idée d’un système de santé où les humains, les soignant•es ont beaucoup moins de place, et où on va pouvoir marchandiser la santé en faisant travailler des tas de boîtes pour collecter des données, piloter les appareils de télémédecine, déployer la 5G et mettre en place des systèmes de capture et de surveillance épidémiologique etc. »
    Cette nouvelle médecine, sa e-Santé, ses robots et ses capteurs, sont considérés comme prioritaires dans la course des nations autour de la révolution technologique que représente l’intelligence artificielle. La réaction de l’État est donc inscrite au coeur d’une guerre économique : « data is the new oil ».
    « Le but de notre gouvernement est de créer des géants nationaux dans ce domaine et d’ouvrir des marchés. Et ça, on ne peut le faire sans une collecte massive de données de santé. »
    « Cédric Villani, dans le rapport sur l’intelligence artificielle qu’il a dirigé, le précise : le rôle de l’État aujourd’hui, c’est de lancer des grands projets qui permettent une collecte massive de données de qualité, dans les domaines prioritaires, la santé et l’éducation notamment. »
    Dans les discours politiques tenus dès les premiers temps de la pandémie, on comprend à cette lumière la mise en avant d’un monde d’après auquel s’opposerait l’archaïsme de celui d’avant. Et ce monde d’après, c’est celui dont ont besoin un certain nombre d’États pour maintenir leurs intérêts industriels.
    La formule d’Emmanuel Macron : « Nous sommes en guerre », elle fait sens. Oui, nous sommes en guerre, c’est la guerre économique. Ce qui explique aussi la violence du débat intellectuel et la violence avec laquelle tous ceux qui sont considérés comme « covido-sceptiques » ou susceptibles de tenir des propos covido-sceptiques, ou qui pourraient, de manière épidémique, être cas contact avec d’autres personnes ayant produit de tels discours, sont évincés du débat de manière hystérique et inédite.
    Le Covid s’est ainsi présenté comme une opportunité extraordinaire pour accélérer drastiquement cette transformation #numérique de la santé et de la société en général. Dès la fin 2019, l’Agence européenne de la santé lance un appel d’offres pour créer une e-carte de vaccination, dédiée à limiter les risques pandémiques en Europe. Cet appel d’offres est remporté début 2020 par quatre entreprises françaises, dont le spécialiste de la transformation numérique, l’entreprise Jouve. C’est ce consortium qui met très rapidement en place le passeport sanitaire européen. Dans le domaine de la collecte massive de données de santé, et de manière plus générale, du Big Data et de l’intelligence artificielle, « la France a beaucoup de pions à placer. »
    La course mondialisée
    Un autre élément important vient étayer la réflexion de Celia Izoard :
    « Aujourd’hui le modèle en matière de monde d’après, de société pilotée par ce genre de technologies – de manière très antagoniste avec nos traditions politiques -, ce sont les pays asiatiques : la Chine, la Corée du Sud, Singapour, Taiwan… Ce n’est pas un hasard si très rapidement, il est dit dans les plus hautes instances, qu’il va falloir imiter ces pays. »
    Ainsi de l’Institut Montaigne, l’un des principaux responsables de la mise en place des doctrines néolibérales en France, qui publie un rapport dès avril 2020 sur la réponse des pays asiatiques à la pandémie, vantant les systèmes mis en place. Au moment de la publication de ce rapport, ce n’est pas l’efficacité de ces mesures qui est mise en avant : non seulement il est encore trop tôt pour mesurer leurs effets, mais une partie des pays cités sont aussi des îles et ne connaissent donc pas les mêmes enjeux de gestion de la pandémie. Sans parler de la Chine dont les chiffres ne sont pas fiables. On ne cesse depuis de vanter ces systèmes, voire de les appliquer. « C’est un enjeu industriel majeur, il faut donc pousser dans ce sens. »
    En juin 2021, trois sénateurs français rédigent le rapport Crise sanitaire et outils numériques , dans lequel ils se livrent au même exercice, passant en revue les réponses des pays asiatiques. Le discours, en substance, est le suivant : plein de verrous ont sauté, les gens sont plus prêts à accepter les mesures, le passe sanitaire se met en place, mais ça ne va pas assez loin du tout. Il faut faire sauter d’autres obstacles politiques rapidement. Les sénateurs mettent en cause le rôle de la CNIL, terrible obstacle par sa lecture beaucoup trop traditionaliste des droits et libertés. Le modèle chinois est porté aux nues : des caméras biométriques à reconnaissance faciale permettent de scruter les interactions sociales, de rattraper ceux devant être placés en quarantaine, des caméras thermiques mesurent leur température, et un équivalent du passe sanitaire est mis en place dès mars 2020, au moment où le confinement est décrété en France. Ce passe numérique est développé par de très grandes entreprises liées au gouvernement chinois. Alibaba et Tencent développent les fameuses applis et services de réseaux sociaux utilisés par la quasi-totalité de la population en Chine. Un contact tracing est inclus dans ces applis, tout le monde y est donc soumis de fait.
    En Corée du Sud, des quarantaines obligatoires sont décidées, avec un contact tracing très intrusif. On utilise toutes les données disponibles : relevés bancaires, factures téléphoniques, géolocalisation… Lorsqu’on est placé en quarantaine, une application de géolocalisation alerte les forces de l’ordre si celle-ci n’est pas respectée ou si le smartphone est éteint pendant plus de quinze minutes. À Singapour, on a aussi une quarantaine géolocalisée couplée à une vidéosurveillance analysant les interactions des individus dans l’espace public, ainsi qu’une application « Trace Together », qui permet à l’administration de surveiller nominativement toutes les interactions en fonction de la localisation du téléphone. Dès mars 2020, un passe sanitaire est mis en place, « Safe Entry », pour contrôler les accès aux espaces publics. C’est un passe nominatif, et les données sont directement transmises aux autorités. C’est ce genre de mesures qui est clairement visé par les sénateurs ou par l’institut Montaigne, et qui dessinent l’accélération de l’hypercapitalisme contemporain.

    #QR_code, #passe_sanitaire, #technocritique, #Etat, #sauver_des_vies, #obligation_vaccinale.

  • « Le Mur énergétique du capital », rencontre avec Sandrine Aumercier (19-09-2021) |
    https://laparoleerrantedemain.org/index.php/2021/10/06/le-mur-energetique-du-capital-rencontre-avec-sandrine-aumerci

    Le dimanche 19 septembre, le Café Librairie Michèle Firk accueillait Sandrine Aumercier pour la parution de son livre « Le mur énergétique du capital – contribution au problème des critères du dépassement du capitalisme du point de vue de la critique des technologies », publié aux éditions Crise & Critique.

    https://archive.org/download/firk-valeur-ok/Firk%20valeur%20ok.mp3

    #Sandrine_Aumercier #critique_de_la_valeur #wertkritik #critique_techno #énergie #capitalisme

    • @rastapopoulos
      Un seul exemple.

      Aumercier nous fait marner pendant des pages et des pages à la recherche « d’un critère objectif permettant de départager les technologies à conserver et à rejeter » (p. 266).

      Pour arriver à la conclusion vraiment extra-ordinaire que « C’est bien plutôt le rapport social qui constitue le critère ultime d’une critique de la technologie et du dépassement pratique » (p. 289).

      Or dès 1984, on avait déjà ça :

      Nous nous attacherons à explorer méthodiquement le possible refoulé en faisant l’inventaire exact de ce qui, dans les immenses moyens accumulés, pourrait servir à une vie plus libre, et de ce qui ne pourra jamais servir qu’à la perpétuation de l’oppression.
      Discours préliminaire de l’Encyclopédie des nuisances, nov. 1984.

      Seulement voilà, c’est pas formulé dans un jargon marxisant, le seul langage que connaît Aumercier.

      Parce que en note p. 266, elle cite le Discours Préliminaire , mais elle ne l’a pas lu, ou ne l’a pas compris (c’est seulement la fin du 4e paragraphe...). Et donc, conclusion d’Aumercier p. 266, « Les techniques émancipatrices renvoient aux préférences de l’auteur » !!!

      Tout ce qui n’est pas formulé dans le jargon de la WertKritik n’est que subjectivisme petit-bourgeois.

      Seul Robert Kurz à saisi - in abstracto comme il se doit - « les critères de dépassement du capitalisme ». Mais bon, il a fait l’éloge de la micro-électronique pour nous libérer du travail, ce qui n’est pas précisément une position #technocritique, mais s’inscrit au contraire dans la même vieille gadoue progressiste propre aux marxistes. Mais pour Aumercier, cela reste des formulations « simplement prudentes et ambigües » (p. 279) !!!

      Vraiment j’adore ces marxistes qui ont toujours fait l’éloge de l’ « accroissement indéfini des forces productives » et qui maintenant qu’ils commencent à comprendre où est le problème, viennent te faire la leçon en disant que tu n’as rien compris à rien et que les considérations de tous ceux qui, en leur temps et à leur heure, se sont exprimés là-dessus ne sont que des « préférences personnelles »...

      J’adoooooooore regarder danser les gens..........

  • Le passe sanitaire est un moyen extrajudiciaire de désactiver socialement les gens

    Selon le professeur de droit #Guillaume_Zambrano, le #passe_sanitaire est une atteinte aux droits fondamentaux ainsi qu’une sanction extrajudiciaire. Il a lancé une requête collective auprès de la Cour européenne des #droits_de_l’Homme.

    Voir le site https://nopass.fr

    #Celia_Izoard, #recours-juridique, #critique_techno, #technocritique.

    https://reporterre.net/Le-passe-sanitaire-est-un-moyen-extrajudiciaire-de-desactiver-socialemen

  • [ NOUVELLE PUBLICATION ] Observations sur les technologies agricoles
    https://www.latelierpaysan.org/NOUVELLE-PUBLICATION-Observations-sur-les-technologies-agricoles

    Dans le prolongement de sa stratégie de transformation sociale, l’Atelier Paysan publie un deuxième livre, enrichissant et complétant les réflexions politiques développées dans l’essai " Reprendre la terre aux machines " (Le Seuil, mai 2021). Voici le premier rapport d’ « Observations sur les technologies agricoles », préparé depuis un an avec un groupe de sociétaires, rassemblées au sein d’un Observatoire, nouvelle instance de notre coopérative Si nous avons adopté la forme du rapport, il ne s’agit (...) Actualités

  • Crise climatique : « Nous devons apprendre à désinnover »

    Plaidant pour une écologie du démantèlement, les chercheurs Emmanuel Bonnet, Diego Landivar et Alexandre Monnin préviennent, dans une tribune au « Monde », que l’humanité doit se préparer à « fermer » ce qui la détruit.

    Tribune. Il va falloir s’habituer à ce que, désormais, chaque nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental (GIEC) sur l’évolution du climat génère un sentiment de lassitude supplémentaire. Pourquoi n’arrivons-nous pas à enclencher cette satanée « transition » ? Nous voudrions défendre ici une hypothèse relativement naïve, mais qui pourtant semble peu évoquée : si nous ne parvenons pas à traduire les alertes climatiques et écologiques en actes concrets à la hauteur de ces enjeux, c’est parce que nous n’arrivons pas à « fermer les choses ». En clair, plus que d’un renversement théorique ou d’une réforme impossible du capitalisme, nous avons besoin de le fermer concrètement.

    Nous le voyons tous les jours. On mettra sûrement plus de trente ans à nous débarrasser du glyphosate depuis les premières études sur son écotoxicité. La fermeture ne serait-ce que d’une centrale nucléaire a pris à la France une dizaine d’années ; son démantèlement va s’étaler pendant plusieurs décennies. Dans l’Alberta, ni les pouvoirs publics ni les entreprises privées ne sont encore prêts à assumer la gestion des 95 000 puits de pétrole délaissés. A Detroit, la démolition de milliers de mètres carrés de bâtiments abandonnés est prise en charge par une poignée d’associations de riverains armés d’outils improvisés pour répondre à des besoins de subsistance critiques. Alors que les liaisons aériennes locales pourraient être rapidement abandonnées pour des raisons écologiques évidentes, une grande partie des élus locaux s’accrochent à la promotion de « l’attractivité » de leur territoire. Après six ans de travail, 24 milliards d’euros investis, 16 000 personnes impliquées et 20 millions de mètres cubes de déchets, seul un tiers du territoire autour de la centrale de Fukushima a été correctement dépollué…

    Conquête cosmologique

    Pourquoi n’arrivons-nous pas à bien fermer les choses ? D’abord parce qu’un des traits anthropologiques majeurs des modernes est celui de « l’ouverture ». Héritage de notre front de modernisation, il sous-tend notre modèle de développement et nous conduit à penser le monde et ses situations écologiques critiques uniquement sous le mode du projet (administratif, économique, social ou technologique), de la gestion et de l’ingénierie. L’innovation, la création, la production seraient encore une fois les armes les plus évidentes pour dépasser la situation climatique et nous permettre de conserver notre modèle de développement. Cet élan de conquête cosmologique est quelque chose que l’on ne retrouve pas forcément dans d’autres sociétés où, parfois, une certaine sobriété, voire des peurs ou des interdits, empêche de penser le monde comme un champ naturellement fait de possibles à explorer et exploiter.

    Mais aussi parce que l’enquête scientifique met un temps beaucoup plus long à fermer les choses qu’à les ouvrir. La gestion sanitaire de la cigarette, du glyphosate ou des nitrates en sont un exemple parfait. Nous avons construit un mode de gestion de la question sanitaire et écologique où la technologie et l’économie précédent l’enquête.

    La difficulté de la fermeture vient aussi de notre incompétence technique. Le capitalisme a investi des efforts considérables pour structurer les compétences de l’ouverture : ingénierie, design, conception, process industriels, entrepreneuriat… Pourtant, les peuples de la fermeture (démolisseurs, dépollueurs, liquidateurs, éboueurs, gestionnaires du tri industriel et du décommissionnement…) sont nombreux et travaillent, dans l’ombre (souvent la nuit, d’ailleurs), à ce que nos sociétés ne croulent pas sous ses décombres.

    Enfin, une difficulté majeure tient au fait que des millions de personnes sont aujourd’hui prises dans les ligatures de secteurs économiques condamnés par leur insoutenabilité matérielle ou leur incompatibilité écologique. Le problème central de l’écologie politique devrait être de sauver ces personnes. Aujourd’hui en France, un hypermarché fait vivre directement plus de 1 500 familles. Que proposer à ces 1 500 familles ? Nous pouvons attendre tous les rapports du monde, la réponse à cette question n’y sera jamais écrite, pas plus que le GIEC ne prend aujourd’hui position entre géo-ingénierie, transition ou décroissance.

    Horizon optimiste

    La question climatique est donc bien une affaire politique et technique, mais dans une orientation totalement nouvelle. Nos institutions démocratiques, nos systèmes assurantiels et mutualistes, nos services publics devront désormais être reconfigurés pour cette nouvelle ère climatique.

    Il nous faut des assemblées pour statuer sur ce que nous gardons et sur ce à quoi nous sommes prêts à renoncer. Nous devons y négocier nos acquis sacrés et clarifier les privilèges écologiques ou climatiques à abolir. Nous devons aussi assumer que la question écologique n’est pas naïvement coopérative, et que c’est bien pour cela qu’il faut l’encastrer dans des formes démocratiques, voire constitutionnelles.

    Nous devons actualiser nos régimes de protection sociale, non pas pour les « moderniser » mais au contraire pour en faire le socle fondamental qui permettra aux personnes de sortir de ces dépendances condamnées. Cela exige bien plus qu’un simple revenu universel !

    Cela veut dire aussi de nouvelles institutions de formation, de nouveaux savoirs et de nouvelles compétences assurant cette redirection complète du monde.

    Nous devons apprendre à désinnover, à décommissionner et démanteler les infrastructures incompatibles avec la situation écologique, à détricoter nos applications technologiques, à reterritorialiser nos systèmes de production et de distribution. La fermeture est l’horizon politique le plus optimiste du nouveau régime climatique.

    Emmanuel Bonnet, Diego Landivar et Alexandre Monnin sont enseignants-chercheurs au Groupe ESC Clermont et membres d’Origens Media Lab. Ils ont notamment écrit « Héritage et Fermeture. Une écologie du démantèlement » (Divergences, 168 pages, 14 euros)

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/03/crise-climatique-nous-devons-apprendre-a-desinnover_6093287_3232.html

    #écologie #climat

  • [ PARUTION D’UNE NOUVELLE PUBLICATION ] Observations sur les technologies agricoles, notre premier rapport d’observatoire
    https://www.latelierpaysan.org/PARUTION-D-UNE-NOUVELLE-PUBLICATION-Observations-sur-les-technologie

    Dans le prolongement de sa stratégie de transformation sociale, l’Atelier Paysan publie un deuxième livre, enrichissant et complétant les réflexions politiques développées dans l’essai " Reprendre la terre aux machines " (Le Seuil, mai 2021). Voici le premier rapport d’ « Observations sur les technologies agricoles », préparé depuis un an avec un groupe de sociétaires, rassemblées au sein d’un Observatoire, nouvelle instance de notre coopérative Si nous avons adopté la forme du rapport, il ne s’agit (...) Actualités

  • Réensauvagements : vers une conception écologique et relationnelle de la santé

    Un excellent article à recommander à tous ceux pour qui « la #vaccination est la seule solution »...

    Comment, dès lors, prendre sérieusement en considération les appels à un altruisme d’appartenance à une communauté humaine ou nationale ? Pour tenter de comprendre et de répondre à l’événement, une approche purement biologique, a été adoptée : focalisée sur la dimension pathologique du virus et sur la nécessité de son contrôle, sans réellement envisager les conditions de survenue de la maladie elle-même, les vulnérabilités préalables impliquées. Les formes graves de la maladie à COVID-19 surviennent en effet préférentiellement dans le cadre de contextes propices : contextes médicaux individuels avec conditions pathologiques sous-jacentes (diabète, obésité, etc.) et contextes socio-économiques ou populationnels favorisants (promiscuité, métiers exposés, périphéries des grandes villes, etc.). Les formes d’interventionnisme caractéristiques de la biopolitique mises en place sont paradoxalement révélatrices de négligences multiples, négligences des inégalités sociales économiques et des inégalités de santé, terreau des formes graves et des conséquences de la COVID-19. Les approches de santé publique de long terme (renfort des systèmes de santé, des capacités d’accueil des hôpitaux, atténuation des inégalités sociales) paraissent quelque peu sacrifiées devant les approches biologiques de court terme : diagnostics, séquençage, vaccination, etc. La pandémie met ainsi en évidence un triomphe plus général de la biologie sur la santé publique.
    À travers cette focalisation sur le virus au détriment de l’identification des milieux propices au déploiement des potentialités virales, cette émergence est interprétée sous l’angle d’un récit unique et totalisant : approche réductrice des conditions d’émergence, mesures biopolitiques présentées comme inévitables, repositionnement de la technoscience en condition essentielle du retour à la normale. Ces orientations majoritaires font obstacle à une autre lecture et à d’autres propositions d’actions sur le long terme. Resituer cette crise sanitaire au sein des crises écologiques et sociales qui en ont fait le lit permet de s’interroger sur ce qui est révélé par ces émergences : est-ce la pathogénicité de l’agent ou celle des milieux écologiques et sociaux impliqués ?

    https://www.terrestres.org/2021/07/29/reensauvagements-vers-une-conception-ecologique-et-relationnelle-de-la-s

    #Terrestres, #Covid-19, #solutionnisme_technologique, #scientisme, #syndémie, #biologie, #écologie, #technocritique, etc.

    • Cette approche n’a strictement aucun rapport avec une politique de santé pendant une épidémie, à l’échelle des gens vivants à un instant donné : ce qu’on veut sauver, ce sont les gens là maintenant, pas les gens « de dans 30 ans » (et encore je suis super gentil).

      Une politique de « réduction des conditions de risques », pour contrer l’effet de syndémie, c’est-à-dire ne plus vivre dans la pollution, manger mieux, réduire les inégalités, etc, à l’échelle d’une population entière, c’est un boulot qui se fait sur des décennies ! Changer l’alimentation et l’urbanisme, changer les manières de produire, etc.

      Donc ça n’a vraiment aucun sens quand on parle de sauver les millions de gens qui meurent du Covid, là, cette année.

      Et quand on parle de ça, bah oui, la vaccination c’est un peu incontournable pour sauver les gens de maintenant, avec la pollution de maintenant, et l’alimentation de maintenant, une solution nécessaire, pas du tout la seule, pas du tout suffisante, mais nécessaire.

      Après, yen a des qui pensent qu’on s’en bas les gonades et qu’ils ont qu’à crever tous ces cons, pauvres et qui mangent mal, en mauvaise santé, et qu’on fera un monde mieux où on sera moins malade pour dans 30/50/100 ans (barrez les mentions improbables). C’est un choix.

    • T’es couillon ou tu le fais exprès ? Le monsieur te dit qu’il ne voit pas le rapport avec quoi que ce soit sur le fait de sauver les gens qui vivent là maintenant.

      Et donc c’est pas deux stratégies qui se concurrencent : c’est deux stratégies pour des choses n’ayant strictement rien à voir.

      L’une pour comment on sauve les gens maintenant, l’autre pour comment on fait pour que les gens de dans 50 ans vivent mieux, avec moins de syndémie. Ya donc aucune incompatibilité à être d’accord avec les deux à la fois, bien au contraire.

    • @rastapopoulos

      "sauver les gens qui vivent là maintenant"

      C’est précisément ce que le gouvernement ne fait pas lorsque des intérêts industriels sont en jeux :

      Celia Izoard, “Cancer : l’art de ne pas regarder une épidémie”, revue Terrestre, juillet 2020.
      http://www.terrestres.org/2020/07/01/cancer-lart-de-ne-pas-regarder-une-epidemie

      "c’est deux stratégies pour des choses n’ayant strictement rien à voir"

      T’es couillon ou tu le fais exprès ?

      En soulignant cela, il ne s’agit pas de jouer une maladie contre une autre, mais de retrouver la mesure de l’épidémie et de ses causes. La nourriture ultra-transformée, la pollution par les pesticides, les métaux lourds, la radioactivité et j’en passe… induit des cancers chez certains et affaiblit les défenses immunitaires de tous. Les fameuses « comorbidités » si fatales à nombre de gens contaminés par le Covid-19, n’ont pas d’autre origine.

      https://seenthis.net/messages/923177

      Sinon, t’as toujours pas répondu à la question du monsieur...

      #sauver_des_vies mais pas trop quand même...

    • Le fait qu’on augmente notre ésperance de vie est un facteur qui augmente le risque d’avoir des cancers. Les comorbidité c’est plutot aussi le signe qu’on ne meurt plus autant de la première morbidité et qu’on peu vivre avec plusieurs. Le malbouffe augmente les risques de cancers et de morbidités et c’est bien de lutter contre mais par rapport au covid ca me semble pas la priorité la plus urgente.
      Il me semble que c’est plutot de lutter contre les brevet des vaccins et l’interdiction de profit sur les médicaments et de permettre à la terre entière d’être vacciné qui est l’enjeu central. Le covid ca pourrait etre l’occasion de changer la politique mondial de santé et d’avoir une sorte d’organisation transnationale contre ce fléau qui serait un outil pour les prochains fléaux qui nous attendent (pollution, réchauffement, alimentation, épidémie de cancer...)

    • j’ai d’ailleurs déjà écrit ici que l’on ne préviendra pas les zoonoses ou les accidents de labo) sans modifier radicalement nos sociétés (élevage, déforestation, production pour la production, solutionniez technologique, etc.) et la lutte contre la pandémie est une des occasions d’avancer avec détermination sur ce plan (car elle l’impose) dune attaque contre ces secteurs, ces logiques, ces intérêts qui sont ceux qui détruisent la « santé publique » tout autant que les programmes de réduction des coûts et de balakanisation hiérarchisées des réponses aux enjeux de santé.

  • Matthieu Amiech, La gestion de la crise sanitaire nous entraîne vers une société-machine, 2021

    Pour l’éditeur #Matthieu_Amiech, penseur critique du développement des technologies, la crise liée au Covid constitue « un effet d’aubaine pour les géants du #numérique ». Face à « l’informatisation de toute la vie sociale », face à la mise « à l’arrêt » ou presque de la vie démocratique, les citoyens se retrouvent aujourd’hui « sans défense morale et politique ». Sa réponse : une « désobéissance concertée ».

    https://sniadecki.wordpress.com/2021/07/12/amiech-sanitaire

    #technocritique, #covid-19, #critique_techno, #pass_sanitaire, etc.

  • Radio : Julien Mattern, Le mythe du progrès en sociologie , 2016

    Pour #Julien_Mattern, maître de conférences en #sociologie à l’Université de Pau, « l’idée que jusque dans les années 1980, la société occidentale était dans une forme d’extase progressiste est une idée reconstruite ». En effet, dès le XIXe siècle, les sociologues classiques constatent les effets néfastes du progrès tout en se résignant à l’embrasser.

    Ce rapport paradoxal de la sociologie au #progrès est illustré par la pensée d’#Émile_Durkheim : alors que ce sociologue français de la seconde moitié du XIXe siècle observe l’explosion du taux de suicides à son époque, il établit que le progrès est une loi de la nature qui s’impose aux hommes. Si le présent semble si chaotique, c’est parce que le monde est en transition. De même, #Georges_Friedmann, sociologue du XXe siècle, déplore la perte de contact avec la Nature, même s’il juge lui aussi qu’elle est inéducable.

    « L’adhésion des classiques au mythe du progrès relève d’un pari : celui que l’on peut sortir par le haut en opérant la transition la plus harmonieuse possible humanisant le progrès. »

    Le texte de cette conférence, revu et augmenté, est disponible dans la revue L’Inventaire n°9, automne 2019 (éd. La Lenteur), avec pour titre “La #transition perpétuelle ou le pari perdu de la sociologie dominante”. Voici un paragraphe d’introduction de cet article :

    « La notion de transition, bien que très à la mode actuellement, n’est pas neuve. Jean-Baptiste Fressoz à montré [cf. RMU n°49, “Le mythe de la transition énergétique”, 2018] que le concept de “transition énergétique” est né aux États-Unis dans les années 1970, comme réponse “positive” au thème alors omniprésent de la “crise énergétique”. Il s’agissait surtout de rassurer la population, de garantir qu’il existait bien des solutions techniques et que tout serait mis en œuvre pour les réaliser. L’idée de transition énergétique est devenue un thème central du discours prospectiviste en Occident. Mais cela faisait en réalité plus d’un siècle que les sociologues parlaient de transition pour décrire les transformations de leur époque et leur donner un sens. Même s’il a été utilisé dans des perspectives parfois divergentes durant toute cette période, le mot renvoie presque toujours à l’idée que nous serions dores et déjà engagés dans un processus serein et consciemment assumé nous menant d’un stade de développement à un autre – en général vers une société qui serait tout à la fois de masse, technicienne et en harmonie avec la nature. »

    https://sniadecki.wordpress.com/2021/05/06/rmu-mattern-sociologie

    #Racine_de_Moins_Un, #Radio_Zinzine, #technocritique

  • Le Droit à l’oncle, par Anselm Jappe - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme
    http://www.palim-psao.fr/2021/04/le-droit-a-l-oncle-par-anselm-jappe.html

    A peu près toutes les forces en présence – les partis politiques, les associations en tout genre, les manifestants dans les rues, les média généraux et spécialisés – s’écharpent uniquement sur les détails de l’application de la PMA : pas du tout sur le principe.

    […]

    On a proclamé le « droit à l’enfant ». Quelle drôle d’idée ! Existe-t-il le droit à avoir un oncle ? Puis-je demander à la technoscience de me créer un oncle, parce que la nature ne m’en a pas donné et ma vie est incomplète sans un oncle ? Et un autre être humain peut-il constituer un « droit » pour moi ?

    […]

    On sait qu’actuellement il est assez difficile et coûteux d’adopter un enfant. Mais ne serait-il pas, tout compte fait, plus facile de changer les lois humaines que les lois biologiques ? On dirait que la préférence accordée à la PMA plutôt qu’à l’adoption cache un désir très archaïque, très « essentialiste » ou « naturaliste » : avoir un enfant « de son propre sang », avec son propre ADN. Il est étrange que des gens qui fustigent à longueur de journée les mentalités « rétrogrades » ou « traditionalistes » de leurs adversaires pratiquent eux-mêmes une attitude qui est on ne peut plus bourgeoise et « biologique ». Un enfant qui ne soit pas de mon sperme ou de mes ovocytes ne m’intéresse pas…

    […]

    Mais on peut aussi en conclure que le recours à des solutions médicales témoigne, pour le moins, d’un terrible manque d’imagination : plutôt que de recourir au symbolique – à des enfants acceptés comme « fils » même si génétiquement ils ne le sont pas – on pratique de la zoologie médicalement assistée. Une« zoologie appliquée » : les êtres humains sont réduits, comme un cheptel, à leurs caractéristiques biologiques qu’il s’agit de transmettre. C’est le principe fondamental de l’élevage, dont la résurgence chez des gens qui passent leur vie à tonitruer contre l’« essentialisme » et le « naturalisme » en prônant la « déconstruction » est pour le moins surprenante…

    #PMA #Anselm_Jappe #essentialisme #enfants #adoption #droit_à_l'enfant #solutionnisme_technologique #critique_techno

    • Déjà signalé par PMO ici :

      https://seenthis.net/messages/912044

      Si vous n’avez pas le temps de lire Alertez les bébés ! Objections aux progrès de l’eugénisme et de l’artificialisation de l’espèce humaine, ni Le Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme (toujours en vente), vous pouvez lire le fidèle résumé qu’en fait Anselm Jappe, théoricien reconnu de la critique de la valeur et bloggeur sur Médiapart (ici et en PDF ci-dessous).

      Blague à part, c’est une sorte d’événement que sept ans après nos alertes contre La Reproduction artificielle de l’humain , un authentique anti-capitaliste rejoigne publiquement notre critique, quitte à nous rejoindre également sur les listes noires des petites meutes techno-progressistes. Vous verrez que, à ce rythme, un François Ruffin qui vient de se découvrir une hostilité « métaphysique » au progrès, ou l’anti-capitaliste Hervé Kempf et ses « collaborateur-ice-s » pro-PMA de Reporterre, finiront par rallier l’écologie radicale et anti-industrielle avant 2050.

      Jappe se met enfin un peu sérieusement à la #technocritique. Vieux motard que j’aimais...

  • Comment la Silicon Valleyr réagit au COVID19 et à BlackLivesMatter ?
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/silicon-valley-covid19-black-lives-matter-interview-fred-turner

    Interview de Fred Turner par Nastasia Hadjadji

    Alors que la pandémie mondiale de COVID-19 est pour les GAFAM une opportunité de marché en or, les grandes entreprises des nouvelles technologies font face à des contestations venues de différents pans de la société américaine.

    Historien, professeur à l’université de Stanford, Fred Turner est un spécialiste de la contre-culture américaine, de l’utopie numérique et de l’histoire des médias américains. Il est notamment l’auteur de Aux sources de l’utopie numérique : De la contre culture à la cyberculture, C&F Editions, 2013. Son prochain essai, L’usage de l’art : de Burning man à Facebook, art, management et innovation dans la Silicon Valley, paraîtra à l’automne aux Editions C&F.

    #Fred_Turner #Usage_art #Technocritique

  • « La collapsologie ou l’écologie mutilée » | Racine de moins un
    https://sniadecki.wordpress.com/2021/01/19/rmu-garcia-collapsologie

    Je vous propose d’écouter l’intervention de Renaud Garcia, professeur de philosophie dans un lycée à Marseille en été 2020. Il présente le contenu de son livre intitulé La collapsologie ou l’écologie mutilée publié en octobre 2020 aux éditions l’Echappée. Renaud Garcia fait dans cet ouvrage une critique de la collapsologie au nom d’une écologie radicale, c’est-à-dire qui n’oublie pas la critique de la société capitaliste et industrielle. Durée : 53 min. Source : Radio Zinzine

    https://ia801502.us.archive.org/28/items/rmu-066-collapsologie-ecologie-mutilee/RMU_066-CollapsologieEcologieMutilee.mp3

  • #sciences_critiques

    Sciences Critiques est né d’un constat simple : il n’existait pas, jusqu’à aujourd’hui, de site d’#information dédié exclusivement aux #sciences, traitant tout particulièrement des sciences « en train de se faire », dans les laboratoires comme en-dehors – par opposition aux sciences « déjà faites » que sont les découvertes scientifiques et les innovations technologiques.

    Il n’existait pas de site d’information et de réflexion associant penseurs, journalistes et citoyens, dont les contenus éditoriaux seraient entièrement consacrés au décryptage des controverses scientifiques contemporaines et, plus généralement, à la compréhension du « monde des sciences ».

    Nous nous positionnons en tant que méta-média, désireux, non pas de participer à la compétition médiatique, mais d’offrir, aux passionné-e-s des sciences comme aux curieux-ses, des clés et des repères au travers de contenus originaux et de référence (tribunes libres, enquêtes, dossiers, grands entretiens, etc.).

    Convaincu-e-s que l’élaboration d’une information de qualité nécessite du temps, nous nous inscrivons pleinement dans une démarche de « journalisme lent » (#Slow_Journalism), la seule façon, selon nous, de renouer avec les lettres de noblesse du #journalisme.

    https://sciences-critiques.fr

    • #Technocritiques. Du refus des machines à la contestation des #technosciences

      Les #techniques promettent abondance et bonheur ; elles définissent la condition humaine d’aujourd’hui. Pourquoi les contester, et à quoi bon ? Les discours technocritiques ne masquent-ils pas des peurs irrationnelles, un conservatisme suranné, voire un propos réactionnaire ? Pourtant, depuis que les sociétés humaines sont entrées dans la spirale de l’industrialisation, des individus et des groupes très divers ont dénoncé les techniques de leur temps et agi pour en enrayer les effets. L’introduction de #machines censées alléger le travail, les macrosystèmes techniques censés émanciper des contraintes de la nature, la multitude des produits technoscientifiques censés apporter #confort et #bien-être ont souvent été contestés et passés au crible de la critique.
      Contre l’immense condescendance de la postérité, Technocritiques est un ouvrage qui prend au sérieux ces discours et ces luttes. Depuis deux siècles, les technocritiques sont foisonnantes et multiformes, elles émanent des philosophes et des romanciers comme des artisans et des ouvriers ; elles se retrouvent en Europe comme dans le reste du monde et nourrissent sans cesse des pratiques alternatives. Toute une tradition de combat et de pensée originale et méconnue s’est ainsi constituée : ce livre d’histoire au présent tente de leur redonner vie tout en pointant les impasses des choix politiques mortifères portés par la foi en une « croissance » aveugle. Et, en filigrane, il montre comment s’est imposé le grand récit chargé de donner sens à la multitude des objets et artefacts qui saturent nos existences.

      https://www.editionsladecouverte.fr/technocritiques-9782707178237
      #livre

    • Édouard PIELY - La nécessaire critique du « système technicien »

      La fuite en avant technologique s’impose à nous dans tous les aspects de notre vie, tant sur le
      plan social et collectif que dans notre sphère plus intime. Au regard des conséquences préoccupantes nous tenterons de proposer quelques pistes de réflexions, des alternatives possibles.

      En faisant référence à plusieurs grands auteurs, il s’agit de faire ensemble un tour d’horizon
      technocritique, afin de mettre en question le progrès technique, la société technicienne, la
      passion de l’efficacité…

      Un panorama efficace de la pensée technocritique depuis deux siècles, de bon repères pour nous aider à creuser nos réflexions paysannes sur la souveraineté technologique.

      https://www.youtube.com/watch?v=G0hFQ-zEH60

  • Epidémies, écosystèmes et élevages industriels
    http://www.zinzine.domainepublic.net/?ref=5379

    Un entretien avec Serge Morand, écologue français basé au Thailande et directeur de recherche au CNRS. Il vient de publier « L’homme, la faune sauvage et la peste » chez Fayard qui met en perspective les épidémies des 80 dernières années. « La réponse à la crise sanitaire est toujours biosécuritaire. On essaie de la contenir en élevant des murailles entre humains et animaux, des frontières qui ne seront jamais totalement imperméables et protectrices. Nous ne tirons jamais de leçons des crises passées ». Il faut « s’attaquer aux causes », notamment l’élevage industrielle. Durée : 1h06. Source : Radio Zinzine

    https://radiozinzine.org/emissions/SPX/2020/SPX20201127-EpidemiesEcosystemesEtElevagesIndustriels.mp3