Moi aussi, je veux militer pour un monde avec des missiles nucléaires partout. Je vais créer un parti « de gauche » et je vais dire que moi aussi, je veux des missiles nucléaires de l’OTAN pour me sentir protégé des hordes russes.
On croyait militer pour la fraternité entre les peuples. On se retrouve avec des missiles nucléaires partout.
On les a prévenu que l’OTAN, ce sont des missiles nucléaires ?
On les a prévenu que les premiers à quitter les traités anti-prolifération nucléaire, ce sont les membres de l’OTAN ?
On leur a dit que les premiers à être atterrés et révoltés par cette façon de déchirer les traités issus de la guerre froide ont été les maléfiques russes ?
L’impérialisme russe, c’est le mal, mais... bon. On le voit. C’était écrit. Dès décembre dernier, les américains expliquaient qu’il n’y aurait que des sanctions, face à une action de guerre en Ukraine. Dès décembre, il était écrit que l’Ukraine serait transformée en nouvel Afghanistan et que les américains n’y mettraient aucun moyen militaire pour l’empêcher, à part les habituels caisses de dollars, de quincaillerie et de chaos. Malgré cela, tous, on a fait comme si les bons sentiments allaient être les plus forts. Oui, on se retrouve tous à dire que la guerre c’est mal. Et après ? Et après ? On fait quoi ? On met des missiles nucléaires. Toujours plus gros. Et dès que possible, on tire les premiers. Comme ça on règle le problème.
Sérieusement ?
La doctrine de la première frappe existe, et si les US sont sortis des différents traités, c’est justement pour pouvoir avoir la possibilité de la mettre en œuvre. Avoir la possibilité le moment venu de pouvoir frapper en premier sans riposte de l’ennemi indispensable, fatal, éternel.
Je comprends que ces choses là soient éloignées du quotidien et qu’on ait du mal à le conceptualiser, mais il y a effectivement des gens dans les états major qui pensent comme cela et qui préparent cela. C’est l’origine de la surenchère russe avec les missiles hypersoniques. Pour signifier à l’OTAN que les bases antimissiles de Pologne et de Roumanie installées par l’OTAN dans les années 2000 ne servent finalement à rien.
A propos des russes. Voilà au bas mot 15 ans, que je lis des avertissements au sujet du système politique russe, où on t’explique que Poutine, par rapport à ses députés, c’est un modéré. Que Poutine, il passe pour un faible à laisser les choses se faire, en Syrie, en Ukraine, ailleurs. 15 ans qu’on lit qu’il faudrait prendre au sérieux ce qu’il dit, car si on l’éliminait, ce qui viendrait à la place ne sera pas forcément plus commode. Car oui, à priori, il n’est pas tout seul dans une tour d’ivoire coupée du reste de son pays.
Je l’ai écrit au premier jour de l’entrée en guerre. Quoi qu’il se passe, les pays européens sont à nouveau totalement arrimés à l’OTAN, l’OTAN retrouvant une forme de légitimé pour le pire. Le monde est pour longtemps scindé. Mais il serait bon, malgré tout, que ces positions moralisantes et stérilisantes, faisant fi de la réalité, soient un petit peu plus contrebalancées par ce qu’elles signifient in-fine.