• Les hurlements du vent : enquête sur l’#extractivisme éolien au #Mexique

    À l’image des ruées vers l’or qui ont provoqué des désastres politique, sanitaire et environnementaux, la ruée contemporaine vers le vent conduit aux mêmes impasses. Au sud-est du Mexique, l’#Isthme_de_Tehuantepec fait l’objet d’un #investissement_industriel et capitaliste hors-norme. L’extractivisme vert s’y traduit par un #néocolonialisme économique qui nourrit la #violence et les #cartels.

    Certains paysages racontent des histoires hostiles : les sédiments hétéroclites d’un passé et un présent de pillages, de crimes, et de conflits divers. L’Isthme de Tehuantepec héberge certains de ces paysages. Cette bande de terre étroite située entre l’Atlantique et le Pacifique forme un passage entre l’Amérique Centrale et l’Amérique du Nord. Depuis des siècles, ce frêle couloir suscite des convoitises afin d’en faire une une zone stratégique où impulser le commerce transocéanique. Situé dans le sud du Mexique, l’Isthme est devenu célèbre grâce à son potentiel d’expérimentation et d’expansion des #mégaprojets d’#énergie_renouvelable à l’échelle mondiale, notamment pour le développement des #fermes_éoliennes.

    Au moins depuis le milieu des années 1990, des projets pilotes y avaient été installés pour tester la faisabilité des parcs énergétiques, permettant peu après la prolifération des centrales éoliennes. Aujourd’hui, plus de 30 parcs ont transformé le paysage local. Dans les textes scientifiques d’ingénierie environnementale, l’Isthme n’est plus que 44.000 mégawatts de capacité énergétique potentielle : sa densité culturelle et sa diversité naturelle sont traduites et réduites à un chiffre de puissance productive. Les analyses de risques des investisseurs parlent à leur tour d’une “zone économique spéciale” et de “retours de capitaux”. Ce qu’ils oublient trop souvent est que dans ce paysage de conditions météorologiques optimales, de promesses pour l’avenir du climat et la stabilité économique, il y a des êtres, humains ou pas, qui y habitent depuis longtemps. Dans ces paysages, il y a aussi des vies en résistance.

    L’Isthme n’est plus que 44.000 mégawatts d’énergie potentielle : sa densité culturelle et sa diversité naturelle sont réduites à un chiffre de puissance productive.

    Plusieurs reportages journalistiques et études approfondies existent sur les énergies renouvelables, le colonialisme vert, les communautés autochtones de Oaxaca ou même les impacts environnementaux récents dans la région de l’Isthme1. Rappelons que derrière chaque éolienne, il y a une mine à ciel ouvert qui bouleverse un lieu et ses conditions de vie2. Dans l’Isthme, une poignée d’entreprises minières et cimentières3 ainsi que quelques chaînes de commercialisation et de production agro-industrielle4, toutes appartenant à l’oligarchie économique du Mexique et du reste du Globe, branchent leurs profits au vent de l’Isthme, accaparant un tiers de l’énergie produite.

    Plus de la moitié de la capacité énergétique des parcs est contrôlée par cinq compagnies, dont quatre européennes5 – la plupart mettant en avant leur image verte, alors même qu’elles ouvrent des puits de fracking et construisent des oléoducs ailleurs. L’extractivisme éolien doit enfin être abordé dans le contexte plus large du Couloir Trans-océanique, un complexe de développement industriel censé “moderniser” la région à travers la construction de ports d’importation et d’exportation, de chemins de fer, de puits d’exploitation d’hydrocarbures, de raffineries, de mines et d’usines6. Les investissements colossaux visent à transformer l’Isthme de Tehuantepec en une étroite bande du Progrès, une de ces lignes de connexion globale qui font transiter le capital d’un côté à l’autre, un espace ne reliant plus deux mers mais les divers pôles de développement par des flux économiques dictés par la même logique prédatrice du Globe.

    Les investissements colossaux visent à transformer l’Isthme en une étroite bande du Progrès, une de ces lignes de connexion globale qui font transiter le capital d’un côté à l’autre.

    Les camarades de StopEDF Mexique ont co-organisé récemment une tournée en Europe pour ouvrir des espaces de parole dédiés à des participant.es direct.es des luttes les plus emblématiques de l’Isthme contre l’expansion des éoliennes et du Couloir Trans-océanique. Nous avons voulu faire un geste inverse mais complémentaire : aller là-bas, rencontrer les lieux, les personnes et entendre leurs histoires. En janvier 2023, nous avons réalisé une brève enquête pour rassembler des témoignages fragmentés de la situation actuelle et pour repérer les singularités et les récurrences à San Mateo del Mar, San Francisco Pueblo Viejo et Juchitán de Zaragoza. Cet article est donc une collecte de rumeurs, un écho parmi d’autres qui rassemble les sons que nous avons trouvés au cours de notre marche. Nous avons vu une mosaïque complexe de violences juxtaposées qui pourtant sont affrontées jour après jour avec le digne espoir d’arriver à tisser, ensemble, quelque chose de commun. Ce sont certaines de ces histoires que nous souhaitons partager ici.
    Faire subsister des mondes fragiles

    La route qui mène à San Mateo del Mar est étrangement peuplée et animée, transitée de tous les côtés par des mototaxis, des calèches tirées par des chevaux, des motos avec trois personnes à bord, des vaches rachitiques, des femmes seaux à la main et paniers sur la tête. La rectitude infinie du chemin interpelle et invite à consulter une carte : comment est-ce qu’on peut avancer si longtemps dans la même direction, au milieu de l’océan ? San Mateo del Mar se trouve sur une mince langue de terre d’une trentaine de kilomètres de long qui sépare l’océan Pacifique de l’Amérique du Nord de la lagune supérieure du Golfe de Tehuantepec. De l’autre côté de la lagune, vers l’Est, une autre péninsule s’étend dans la direction inverse, formant une courbe inusitée, interrompue à peine par un estuaire d’un peu plus de 2 km de large.

    C’est dans le périmètre de ce Golfe que des projets de fermes éoliennes ont commencé à voir le jour de manière dispersée il y a désormais plus de vingt ans. Dans certains cas comme celui de La Ventosa, les pales et les poteaux blancs immaculés de 80 mètres de haut s’étalant sur des terrains vides, clôturés et surveillés par caméras, sont une réalité bien installée. En revanche, dans des lieux comme San Mateo del Mar ou San Francisco, des villages situés dans la péninsule opposée, les fermes éoliennes sont visibles seulement dans la ligne lointaine de l’horizon. Cette trêve apparente était précairement maintenue, traversée par les bémols et les antagonismes entre la survie de la cohésion communautaire, les forces de désagrégation sociale et diverses expressions de résistance – des vecteurs multidirectionnels qui demeurent ancrés dans les traits du paysage.

    Regardant vers le soleil levant, les habitant.e.s de San Mateo appellent la mer à gauche « la mer morte », et celle de droite « la mer vivante ». Sur la première, les gens sèment des bâtons blancs en bois, parfois éloignés de la côte de plusieurs dizaines de mètres, pour ancrer leurs cayucos, des canoës colorés d’une capacité de deux ou trois personnes, taillés dans un tronc, propulsés par la force de la rame et celle du vent. Avec des pièces de nylon cousues à la main à partir de bâches ou de sacs en plastique, les pêcheurs improvisent les voiles, hissées chaque aube pour la recherche de poissons. De l’autre côté, celui de la mer vivante, les rafales soufflent avec plus de vigueur et quand les conditions sont favorables, on peut voir les filets de pêche être tirés et placés depuis la rive avec l’aide d’un papalote, un cerf-volant. À San Mateo del Mar, on utilise le vent pour pêcher, les mangroves pour chercher des crevettes, le sable et les pierres pour chasser des crabes. On mange du poisson et des fruits de mer matin, midi et soir. Plusieurs fois par an, des pétales de fleurs sont laissés à la merci de la marée, pour rendre hommage à cet océan qui permet encore leur subsistance. La communauté vit du vent et de la mer, de ces deux mers. Ces eaux sacrées, nous dit-on, sont l’assise de leur travail et leurs rituels.

    Cinq villages occupent la péninsule. San Mateo est le quatrième, l’avant-dernier au bout de la péninsule. Comme beaucoup d’autres communautés du Mexique qui maintiennent leur héritage autochtone, il est petit : environ 75 kilomètres carrés de ville pour moins de quinze mille habitant.e.s, dont la plupart d’origine ikoots. Au centre, une placette accueille les assemblées du village, le siège des discussions publiques et de la prise de décisions. C’est là qu’advient le changement des autoridades – les personnes mandatées pour l’organisation du village -, un événement toujours accompagné de la cérémonie du passage du bâton de commandement, un exercice rituel où les gens prient à portes closes pendant une nuit entière pour reconnaître la rotation des responsabilités communautaires. Le lendemain, elles se rassemblent devant la mairie ou aux alentours, écoutant de près et de loin les mots en ombeayiüts, la langue locale. Là-bas, les habitant.e.s choisissent leur gouvernement à main levée avec un système tournant de cargos, de services à la communauté, qui depuis l’arrivée de l’État-nation et de la démocratie libérale, se juxtapose aux partis politiques de l’administration municipale. Cependant, selon la logique représentative de l’État, la participation politique est réduite à une visite occasionnelle aux urnes. Au sein de cette communauté, en revanche, la légitimité du président en charge ne dépend pas de son registre électoral, mais plutôt de l’accord collectif et du rituel de passage.

    L’assemblée et les mécanismes de prise de décisions associés sont des pratiques collectives fondamentales pour faire exister la communauté. Néanmoins, le commun ne se tisse pas seulement avec l’exercice de la parole et la gestion du pouvoir : il déborde les étroites limites du dialogue, du consensus et de la (dés)identification politique7. Le commun est acté au jour le jour, dans le travail quotidien, les cérémonies et les fêtes de villages. Témoins d’un de ces moments, nous nous retrouvons à six heures du matin à la « Maison du peuple ». Les rayons timides du soleil commencent à peine à dissiper l’abîme de la nuit. Pourtant, les hommes et les femmes du village sont déjà rassemblés depuis quelques heures pour contribuer à l’organisation de la « Fête de la Candelaria », l’une des festivités les plus importantes du pays, un mélange inouï d’héritage préhispanique, de liturgie chrétienne et de traditions autochtones. Une soixantaine de femmes vêtues de robes tissées avec la technique artisanale du telar de cintura est assise sur des chaises en plastique dans la cour du bâtiment. Leurs regards sont fiers, leurs cheveux soignés, laissant à découvert les rides que le soleil et le temps ont creusé sur leur bronzage. Le concert polychromatique de l’aube façonne les feuilles et la silhouette des troncs et des visages, ajoutant de la solennité au pliage de leurs habits. Plusieurs hommes, tous vêtus de pantalons malgré la chaleur, sont également assis, tandis que cinq autres sont debout et servent aux personnes qui sortent d’une petite salle un breuvage marron, transporté à deux mains dans des jícaras8. Une écume dense dépasse la circonférence des tasses : c’est l’atole de espuma, une boisson préhispanique à base de maïs qui a été préparée pendant la nuit par celles et ceux qui avaient assumé ce rôle pour collaborer à l’événement. À l’intérieur de la pièce, la pénombre règne. Des hommes et des femmes discutent devant une table, reçoivent les offres monétaires et notent minutieusement les montants sur un livre ouvert. À côté, contre un mur, se dresse un autel avec quelques bougies allumées, des fleurs, une croix chrétienne et le grand masque d’un serpent. C’est la rencontre de plusieurs mondes – l’expérience du fil tiré par les mains qui, ensemble, nouent leurs vies avec leurs paysages, leurs passés, leurs mondes et leurs destins.

    Le commun ne se tisse pas seulement avec l’exercice de la parole et la gestion du pouvoir : il est acté au jour le jour, dans le travail quotidien, les cérémonies et les fêtes.

    Tout le monde participe d’une manière ou d’une autre à garder en vie ces moments qui perpétuent la vie communautaire. Il s’agit de pratiques collectives que certain.e.s appellent depuis un moment la comunalidad – des pratiques qui rendent possible à la fois la subsistance des personnes, des lieux et des liens entre les un.e.s et les autres9. La comunalidad émerge en ce sens de la rencontre d’histoires parfois récentes, parfois ancestrales. Elle a des racines qui creusent les profondeurs de la terre, bien ancrées dans des anciennes coutumes et des souvenirs lointains, mais elle pousse aussi à partir de ses réactualisations constantes. Des rencontres passées qui donnent lieu à des rencontres futures et façonnent d’autres pratiques, d’autres présents. Ivan Illich avait bien remarqué que contrairement à l’homogénéisation de certain projets d’urbanisation et d’aménagement, l’habiter n’est pas un parking de corps transposables n’importe où dans un espace standardisé, mais plutôt une série de pratiques plurales, vernaculaires, attachées à leurs milieux d’existence10. Les langues, les usages, les mémoires, les reliefs topographiques et les êtres multiples qui peuplent ces paysages composent ensemble des trames communes, toujours singulières, jamais interchangeables. Le commun nomme ainsi moins un principe politique qu’un mode d’habiter qui ouvre et entretient des mondes pluriels.

    On a appris à San Mateo que ces mondes sont aussi riches que fragiles. Ces derniers temps se lèvent des menaces persistantes de mort, des menaces directes et explicites pour certaines des habitant.e.s ; et silencieuses et sous-jacentes pour les agencements communs. Chaque année, il y a moins de personnes consacrées à la prière ou capables d’assumer la charge de diriger l’organisation de la fête. Les jeunes, avec des possibilités toujours plus restreintes de continuer à vivre comme auparavant, partent au nord, vers les villes ou aux Etats-Unis. Celles et ceux qui restent ou retournent se retrouvent souvent mêlé.e.s à la dépendance des drogues fortes, comme le cristal, qui envahit la région. Les terres sont à leur tour toujours plus inaccessibles, avec des contrats privés qui érodent la gestion agraire communautaire. Pareil avec la pêche : les conflits prolifèrent du fait de la démarcation des zones de droits de pêche exclusifs et excluants. Même les assemblées sont fragmentées par l’intrusion des partis politiques. Ernesto de Martino parlait de la dissolution de ces attachements comme de ‘la perte ou la fin du monde’ : la destruction des liens qui nous tiennent ensemble11. Dans l’Isthme de Tehuantepec, nous avons pu observer comment la perte de ces mondes est étroitement liée à l’expansion de cet autre monde, dont les fermes éoliennes font partie.
    Les vecteurs dégénératifs de l’habiter colonial : partis politiques, cartels et entreprises d’aménagement

    « Vous allez prendre vos hamacs et les attacher aux poteaux des moulins. Leurs pales vont tourner, et vous deviendrez riches sans lever le petit doigt ! » – disaient les ingénieurs et les représentants des projets pour convaincre les paysan.ne.s de vendre leurs terres au projet. Les habitant.e.s se souviennent des ambassadeurs des compagnies transnationales et des délégués des bureaux gouvernementaux venus parler du développement des fermes éoliennes. Ils se sont présentés à l’école, à la mairie et dans les quartiers, avec des promesses d’un futur d’abondance, proposant de grosses sommes d’argent pour louer 50 ans avec une clause de renouvellement automatique les terres communales de San Mateo, de San Francisco ou celles autour de Juchitan. Le projet : installer des centaines d’éoliennes dans les alentours des localités ainsi que sur la Barra de Santa Teresa, une maigre frange de terre qui traverse la lagune, considérée comme un territoire sacré par les communautés adjacentes. Les promoteurs se promenaient de village en village, accompagnés de leurs gardes armés, pour inviter les paysan.ne.s à des réunions où l’alcool coulait à flots – sous l’influence de l’alcool, la fumée des illusions ou simplement de la nécessité économique, certain.e.s ont signé des contrats de vente ou de location avec les développeurs. À San Mateo on a offert environ 25 000 pesos par mois pour l’école. Une grosse somme, ou du moins ce qu’il paraît avant quelques calculs : “il y a environ 300 enfants, ça ferait quoi… 80 pesos par enfant ? Alors imaginez que chaque enfant vient d’une famille assez large, disons 6 minimum : les 25.000 pesos se réduisent à un peu plus de 10 pesos par personne… 10 pesos par mois… 10 pesos par mois pour perdre nos terres à jamais !” – disaient les habitant.e.s, fiers d’avoir réussi à repousser le projet.

    « Vous allez prendre vos hamacs et les attacher aux poteaux des moulins. Leurs pales vont tourner, et vous deviendrez riches sans lever le petit doigt ! »

    Au niveau des autorités et des institutions publiques, le capital engagé, les bénéfices escomptés ont fait de toute position de pouvoir un poste potentiellement corruptible : des votes ont été achetés pour prendre le contrôle sur l’administration, changer les réglementations d’usage du sol, ou pour contourner la supervision agraire ou environnementale. Des consultations délibérément mal informées, sans traduction dans les langues autochtones, reposant sur des outils numériques presque inexistants dans les communautés et sans quorum représentatif furent utilisées pour justifier les installations, en dépit même des inquiétudes soulevées dans la rue et les tribunaux.

    Cette intrusion est advenue à travers la collusion de l’industrie énergétique avec un écosystème d’acteurs que nous pourrions regrouper en trois grands groupes : les partis politiques et leurs postes dans l’administration, les cartels du crime organisé et leurs branches locales, et les compagnies de construction appartenant aux oligarchies régionales et nationales. Ces acteurs ont opéré chacun à leur manière comme des vecteurs dégénératifs, dirigeant l’injection de capital vers la désagrégation des communautés, fragmentant les pratiques qui faisaient tenir leurs mondes. Grâce à l’organisation collective, dans certains cas comme ceux de San Mateo del Mar ou de San Francisco, les parcs éoliens n’ont pas encore vu le jour, mais la présence de ces vecteurs était devenue perceptible dans le quotidien des habitant.e.s.

    D’abord, dans les pratiques d’organisation politique. Les assemblées ressentent désormais des divisions importantes : les conflits entre les groupes cherchant le pouvoir sont toujours plus fréquents et violents, et parfois des candidats externes aux communautés prennent des postes dans l’administration à travers des processus frauduleux, soutenus par tel ou tel parti politique, toujours favorables aux projets d’aménagement. En 2020, par exemple, San Mateo a vécu un de ces épisodes. Les habitant.e.s se souviennent en chuchotant du “Massacre” : au cours d’une assemblée communautaire, 15 personnes furent assassinées à coups de machette, bâtons, pierres et armes à feu par un groupe d’hommes cagoulés. L’événement remontait à 2017, quand une personne n’ayant pas accompli ses cargos força sa candidature au gouvernement de la municipalité en achetant des votes et sans être reconnue par l’assemblée. Une fois au pouvoir, des contrats permettant la privatisation et l’aménagement des terres ont été signés, déclenchant l’intensification des confrontations entre des groupes antagonistes au sein de la communauté. Dans d’autres lieux, comme San Francisco, les partis au pouvoir ont retiré des programmes d’assistance sociale aux familles d’un village, pour les diriger vers leurs partisans dans un autre village, creusant ainsi le conflit entre les deux communautés. On nous le dit à plusieurs reprises : dans une logique de représentation où le politique n’est qu’un marché de votes et un vacarme d’opinions, “les partis sont là pour ça : pour partir12, pour diviser”.
    Une guerre contre des manières de vivre et de s’organiser

    La création et la prolifération de groupes d’intimidation se propageant dans la région pour favoriser tel ou tel parti politique s’accompagne d’un renforcement des mafias locales qui parfois sont directement liées aux parcs éoliens – par exemple, dans la composition des corps de sécurité qui surveillent en continu les infrastructures ou en ce qui concerne les “groupes de choc13” qui sont mobilisés pour réprimer et intimider celles et ceux qui se manifestent contre le projet. Certaines entreprises deviennent donc des alliées des sicarios14de la zone : il y a quelques années, par exemple, des compagnies ont engagé un groupe de tueurs à gage. Aujourd’hui, ce même groupe a consolidé sa présence et opère désormais comme la branche locale de l’un des cartels du crime organisé les plus redoutés du pays : le Cartel Jalisco Nueva Generación. La collusion avec le pouvoir politique et le capital issu des projets de développement a donc permis d’augmenter le pouvoir et le marge de manœuvre des mafias locales, amenant plus de drogues, plus d’armes, achetant plus de politiciens et de policiers.

    Enfin, avec l’argent qui arrive par millions, la main sur les autorités corruptibles et sur les armes, les cartels et les développeurs ont impulsé ensemble la spéculation immobilière et industrielle dans la région. Ceci, à travers une modification du régime agraire, l’obtention de permis de construction et des titres des terrains concernés. Les nouveaux plans d’aménagement prévoient la construction d’un couloir industriel dont les éoliennes ne sont que l’avant-poste. C’est ainsi que les groupuscules du crime organisé, agissant avec les investisseurs venus d’ailleurs sont devenus eux-mêmes des sociétés entrepreneuriales, finançant la création de nouvelles sociétés de pêcheurs et d’éleveurs, créant des comités de « travailleurs organisés » en faveur des parcs ou contrôlant l’expansion de franchises très rentables partout dans la ville. À San Francisco, une nouvelle société de pêche essaie d’accaparer l’usage des eaux, alors qu’une entreprise entend imposer la construction des autoroutes non réglementaires, contre la volonté de l’assemblée locale. À San Mateo, les groupes derrière la violence et les abus d’autorité étaient liés à des entreprises d’aménagement mangeuses des terres. À Juchitan, on retrouve les noms des familles des cartels aux postes de pouvoir dans l’administration, ainsi qu’à la tête de franchises très lucratives. Les politiciens, les narcotrafiquants et les entrepreneurs se mêlent jusqu’à devenir indiscernables.

    “C’est une guerre contre nos manières de vivre et de nous organiser” – résuma l’enseignant zapotèque15 d’un lycée en expliquant la situation actuelle. Il y a deux décennies, le mouvement zapatiste avait déjà décrit l’expansion du Monde-Un de la marchandise comme une guerre contre la diversité irréductible des modes de vie qui peuplent la planète : leur anéantissement par uniformisation à la citoyenneté globale du consommateur universel ; leur déchirement par la fragmentation en des identités fixées et scindées16. Cette guerre porte aujourd’hui les drapeaux de la transition énergétique. Depuis leurs bureaux en Europe ou aux États-Unis, les banquiers distribuent tranquillement des crédits pour l’innovation technoscientifique et la gestion d’une planète propre et bien organisée. Les plus avant-gardistes commencent à déplacer leurs investissements vers des compagnies zéro charbon, projetant fièrement dans les salles de leurs gratte-ciels les vidéos de ces projets de technologie de pointe qui permettent de rêver d’un autre monde, un monde exactement comme celui d’aujourd’hui, c’est à dire, un monde sans attachements, où l’on est libre de vendre nos milieux d’existence et il n’y a pas d’autre appartenance que celle achetée avec l’argent ou gagnée par la violence, mais cette fois-ci aussi branché à la machine zéro charbon des parcs éoliens et des fermes solaires.

    Le mouvement zapatiste a déjà décrit l’expansion du Monde-Un de la marchandise comme une guerre contre la diversité irréductible des modes de vie qui peuplent la planète. Cette guerre porte aujourd’hui les drapeaux de la transition énergétique.

    En étudiant les plantations des Caraïbes, Malcom Ferdinand parlait de l’habiter colonial comme un mode d’habiter basé sur l’anéantissement de mondes-autres, leurs milieux de vie et d’organisation. L’Isthme de Tehuantepec montre la réactualisation et l’extension de ce mode d’habiter : une voie à sens unique, une transition, effectivement, mais une transition vers un seul mode d’habiter basée sur la prolétarisation et la spoliation. Et pourtant, comme face à toutes les guerres, il y a des expériences d’organisation et de résistance capables de semer des alternatives parmi les décombres. Comme ce fut rappelé à plusieurs reprises, après 500 ans de colonisation les communautés sont encore là, en train d’exister, de subsister et de résister.
    Résister : les nouveaux assemblages du commun

    Certains processus de lutte dans l’Isthme de Tehuantepec sont désormais connus à l’international. Les assemblées populaires et des peuples autochtones font partie des multiples plateformes d’organisation intercommunautaire permettant la coordination de contre-pouvoirs populaires, de brigades d’information, de ressources juridiques contre les entreprises et le gouvernement pour défendre la vie et le territoire. Dans certains cas, ce furent des processus fructueux, ralentissant ou même forçant l’abandon de certains méga-projets. Dans d’autres, ce fut un déchaînement de violence. Et pourtant, malgré les conditions extrêmes, les expériences de résistance et de réactualisation du commun se répandent : projets d’écoles, collectifs culturels et éducatifs de femmes, de radios, réhabilitations des écosystèmes…. Dans un des villages, un groupe de femmes conçoit des campagnes informatives sur les risques des méga projets extractivistes, soutient des actions de reforestation des mangroves, et réalise des peintures murales sur les questions de genre, de droits reproductifs et de changement climatique. Elles orchestrent aussi la construction d’un foyer d’organisation communautaire avec des ateliers de sciage et de menuiserie qui ont pour but de former les jeunes, récupérer les métiers artisanaux et ouvrir une alternative de vie qui permette de garantir leur subsistance sans émigrer, sans nourrir les rangs du travail exploité, et sans gonfler les cadres armés des cartels.

    Malgré les conditions extrêmes, les expériences de résistance et de réactualisation du commun se répandent : projets d’écoles, collectifs culturels et éducatifs de femmes, de radios, réhabilitations des écosystèmes….

    De l’autre côté de cette même région, une radio communautaire participe à sa façon à l’articulation du commun avec un format de diffusion où les habitant.e.s sont en même temps ses auditeur.rice.s et ses participant.e.s. Depuis le toit de l’école, une antenne rudimentaire attachée à des fils tendus en métal émet à quelques dizaines de kilomètres à la ronde de la musique, des discussions en direct sur les impacts de tel ou tel projet, des radio-romances et des campagnes d’information sur les sujets d’actualité concernant la vie locale. Il ne s’agit pas de la consommation d’un contenu venu d’ailleurs ou de l’usage d’un service impersonnel, mais de la participation collective à un outil convivial visant à promouvoir leurs langues et leurs traditions.

    Plus loin, l’assemblée communautaire a fondé une société de transport local, achetant des voitures pour faire l’aller-retour vers les villes les plus proches. Les habitant.e.s ont également créé une coopérative de tortillas pour à la fois partager le travail de production et réduire la dépendance des biens de consommation externes. Plus récemment a débuté l’installation d’une station de purification d’eau. Et, malgré le fait que depuis quelques années l’électricité a été coupée par un village voisin à cause des conflits pour la terre liés directement à l’expansion industrielle, on essaye de trouver des alternatives avec l’installation de petits panneaux solaires – des initiatives dont la taille contraste avec l’ampleur industrielle des fermes éoliennes.

    Enfin, dans une des villes de l’Isthme, au sein d’un quartier populaire marqué par la précarité et la violence, une maison communautaire est en train d’être construite. Des murs gris, en ciment brut, des câbles exposés, des chambres sans portes et des sols non carrelés coexistent avec des jeunes plantes, des colonnes stables, des cadres de portes en bois arqués et des volets de fenêtres solennels. Sous le plafond, des planches de bois précieux reposent alignées de manière impeccable sur des poutres monumentales. Et dans les murs, les corniches et les modillons laissent voir une espèce de soin et d’extravagance inespérée. C’est une maison érigée avec les décombres du tremblement de terre de 2017. Après la catastrophe, le collectif a parcouru les rues pour collecter les fragments d’histoires de la ville effondrée, afin d’aménager un espace dédié précisément à la reprise des liens collectifs.

    Ce sont ainsi des couches de souvenirs, les vestiges de bâtiments autrefois somptueux qui ont été repris par morceaux, déplacés et re-signifiés pour construire une autre maison pour héberger un autre avenir. À l’intérieur de ce chantier en cours, se dressait un autel rudimentaire avec une croix et deux larges portraits, l’un avec le visage d’Emiliano Zapata, l’autre avec celui du Che Guevara. C’était un autel dédié à la Santa Cruz de la Barricada. On nous a dit que cette festivité, invoquant les ancêtres et les esprits des montagnes et des rivières, déclenche la récupération, la transmission et la réinvention des traditions – une manière de retrouver le sol qui fait grandir le commun. Là-bas, la tradition n’existe pas sans résistance, et la communauté n’existe pas sans travail communautaire. L’essence ne précède jamais ses modes de subsistance.

    Une maison communautaire est en train d’être érigée avec les décombres du tremblement de terre. Ce sont des couches de souvenirs, les vestiges de bâtiments autrefois somptueux qui ont été repris par morceaux, déplacés et re-signifiés pour construire une autre maison pour héberger un autre avenir.

    Comme Zapata et le Che avec la Santa Cruz de la Barricada, le commun et les traditions se réactualisent toujours. Elles ne restent jamais simplement en arrière, elles ne visent pas uniquement l’avant, elles se transforment face à des menaces constantes et grâce à des rencontres avec les autres. C’est ainsi qu’on trouve le véritable pari d’autres mondes possibles. Face à l’aménagement, le réagencement : le commun qui se réinvente par un habiter singulier, non interchangeable. Dans l’Isthme de Tehuantepec, des assemblées, des blocages de rue, des campagnes de diffusion, des ateliers pour enfants, des radios communautaires, des rites et des fêtes populaires sont organisés pour affirmer que malgré l’avancée de l’ignominie – là-bas, ni le vent, ni la vie n’ont un prix.

    https://www.terrestres.org/2024/04/17/les-hurlements-du-vent-enquete-sur-lextractivisme-eolien-au-mexique
    #vent #énergie #énergie_éolienne #extractivisme_vert #capitalisme

  • Le #Fentanyl, la #drogue surpuissante qui décime les #États-Unis
    https://www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20240203-le-fentanyl-la-drogue-surpuissante-qui-d%C3%A9cime-les-%C3%A9tats-unis

    Il est devenu la principale cause de décès des 18-45 ans aux États-Unis. Le fentanyl, un opioïde de synthèse d’une puissance jusque-là inégalée, tue par overdose un Américain toutes les sept minutes. Pourtant, à l’origine, c’est un #médicament fabriqué et exporté depuis la Chine. Détourné par les #cartels_mexicains, il est vendu sous la forme d’une pilule bleue estampillée M30, hautement addictive.

    […] En effet, quand 200 milligrammes d’héroïne sont létaux, seulement deux milligrammes de fentanyl suffisent. Selon la Drug Enforcement Administration (#DEA), les pilules, contrefaites, contiennent entre 0,02 et 5,1 milligrammes de fentanyl, soit deux fois la dose mortelle. Une vraie roulette russe.Tom Wolf l’assure, « en étant héroïnomane, tu peux vivre 25 ans, mais avec le fentanyl, à cause du risque d’overdose, il te reste à peine deux ans et tu es mort. »

    […] Si lui a pu s’en sortir, ce n’est pas le cas de tout le monde, loin de là. Aux États-Unis, le fentanyl a fait plus de 130 000 victimes l’année dernière, et continue de tuer en moyenne 150 personnes chaque jour, d’après le centre de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis.

  • Le Chiapas, au sud du Mexique, saisi par la violence des trafics | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/studio/portfolios/le-chiapas-au-sud-du-mexique-saisi-par-la-violence-des-trafics

    La région du Chiapas est le théâtre d’affrontements entre les cartels. Pour toute réponse, l’État fédéral envoie l’armée, une mesure mal vécue par la population. La militarisation réveille les blessures du passé au sein des communautés indigènes qui ont subi les exactions des paramilitaires contre le mouvement zapatiste.

    https://justpaste.it/5nkry

    #Mexique #Chiapas #cartels #zapatistes #photo

    • « L’armée est liée aux cartels, tout le monde le sait, confie une habitante de Frontera Comalapa. Nous avons dit aux militaires qui sont les chefs et où ils se trouvent, c’est une petite ville et cela n’est pas un secret, mais leurs convois passent devant et ils ne font rien. » Au Chiapas, le rôle de l’#armée est fréquemment mis en cause par les habitant·es, et dans les communautés indigènes, beaucoup s’opposent à l’implantation des forces armées sur leur territoire.
      Mario Ortega, expert au Frayba, révèle que dans les zones où la Garde nationale occupe une base, l’association enregistre « une plus grande incidence de disparitions forcées, environ le double ». Selon le gouvernement, 15 000 militaires ont été déployés dans la région en 2023. Pas moins de 18 nouveaux quartiers de l’armée et de la Garde nationale ont été construits ou sont en travaux depuis 2020, mais la présence soutenue de l’armée au Chiapas n’est pas nouvelle. « Plus que de militarisation, nous parlons de remilitarisation », soutien Ortega. Depuis le soulèvement zapatiste en 1994, l’armée utilise les prétextes de la lutte contre le narcotrafic mais aussi des missions de service public, gestion de la pauvreté, réparation des désastres naturels, travaux publics ou contrôle migratoire, pour maintenir d’importants effectifs sur place.

  • 🇱🇧 Lebanese News and Updates sur Twitter :

    “The Egyptian state delivered 125 tons of glass (6 mm) today to the Ministry of Industry. Egypt will also soon send marble, aluminum, and flour.

    Why not cement although Egypt has in abundant amounts and cheaper? Because of the cement #cartel in Lebanon refused (Joumblat and co)” /

    Twitter
    https://twitter.com/UpdatesLebanese/status/1299357107897147393

    🇱🇧 Lebanese News and Updates sur Twitter :

    “Joumblat to block the cement aid promised the army to give them about 2,000 tons soon. He sent them only 205 until now.

    Same goes with fuel and oil. When Iraq sent fuel, the cartels went nuts and are still furious how their monopoly was broken.” /

    Twitter
    https://twitter.com/UpdatesLebanese/status/1299357112519331840

    #Liban #criminels

  • Parler corbeau

    Métie Navajo

    https://lavoiedujaguar.net/Parler-corbeau

    Les glycines qui ont merveilleusement éclaboussé les rues ces jours derniers commencent à passer, c’est la première fois qu’elles me rappellent les jacarandas du Mexique, les teintes violet mauve d’Oaxaca vue depuis un sommet : beauté des plus émouvantes de ma vie. Je dois être dans un moment nostalgique. J’ai lu que les cartels dans quelques endroits prennent soin (suivant l’expression épuisée) des plus démunis. La main qui te nourrit est celle qui t’assassine. Et que ne peuvent pas les États ? Ils ne peuvent pas. C’est tout. Ils ne peuvent pas.

    Je voudrais être à Lisbonne. Ça me travaille. Je voudrais être à Lisboa parce que de loin Lisboa a une élégance que je ne vois nulle part ailleurs. Je me trompe sans doute : la distance. Mais ça me plairait d’être dans une capitale qui a décidé de ne pas faire payer de loyers aux locataires de HLM. Dans un pays qui a décidé de régulariser les immigrés en situation irrégulière plutôt que de les laisser crever à petits feux dans un virus, celui-là ou un autre. Juste pour voir ce que ça fait : est-ce qu’on a le teint plus frais et l’œil moins cerné dans un air comme celui-là ? L’élégance est un mot dont je suis nostalgique. (Ne cessera-t-il jamais le son des agonies invisibles ?) (...)

    #Paris #confinement #Oaxaca #cartels #Lisbonne #immigrés #comptoir #bistrot #théâtre #police #basse_besogne #Dick_Rivers #folie #corbeau #parler #finir

  • Suite mexicaine (V)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Suite-mexicaine-V

    La guerre sociale au Mexique
    Deuxième partie : les résistances
    À la recherche des personnes disparues

    Cette résistance à la toute-puissance de l’argent peut prendre une forme organisée et, dans le domaine de l’organisation, celle des zapatistes est exemplaire à la fois par sa cohésion, sa souplesse et son étendue. À l’extrême Sud-Est du pays, les zapatistes protègent, entretiennent et nourrissent un feu, celui d’une résistance obstinée face aux malheurs des temps. Ils témoignent. Ils sont les derniers Mohicans qui, à la nuit tombée, allument un feu de camp, un bivouac, et ce bivouac se voit au loin. C’est un bivouac dans les hurlements de la guerre à outrance. Les zapatistes sont nos sentinelles dans la nuit. Des sentinelles dans notre nuit.

    J’ai apprécié à sa juste valeur la réponse zapatiste à la menace représentée par les ambitions des entreprises capitalistes et leurs visées expansionnistes. La réponse des zapatistes est stratégique, ils ne se sont pas laissé prendre au dépourvu, ils se sont renforcés. Leur lucidité, au sein d’une société civile molle, ballottée entre promesses et mensonges, force l’admiration. Une nouvelle fois, les zapatistes ont su contourner l’obstacle et l’état de siège dans lequel le gouvernement pensait les contenir. (...)

    #Mexique #guerre #cartels #López_Obrador #armée #zapatistes #résistance #assassinats #disparitions #silence #complicité #État #féminicide #femmes

  • Suite mexicaine (II)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Suite-mexicaine-II

    « La quatrième transformation »
    Réflexions sur les choix du nouveau gouvernement mexicain

    L’arrivée au pouvoir d’Andrés Manuel López Obrador en décembre 2018 marque incontestablement un changement important concernant le devenir du Mexique. Jusqu’alors l’activité marchande (dite encore activité capitaliste) s’était imposée de force au Mexique, violentant la population avec une extrême brutalité. Elle était soutenue dans ses exactions par un pouvoir complice et corrompu jusqu’à la moelle. Le nouveau chef d’État ne propose pas un adoucissement des mœurs, l’activité capitaliste restera toujours aussi brutale, mais un arrangement, un arrangement entre l’activité de spoliation et d’enrichissement des transnationales marchandes et la population, l’État étant celui qui négocie ces arrangements entre les puissances du Nord et les débilités mexicaines : qu’une partie de la richesse tirée du pays revienne aux Mexicains dans leur ensemble, fin de la corruption. Et les hommes d’affaires ont tout de suite compris où se trouvaient leur intérêt et que la fin de la corruption promise par Andrés Manuel López Obrador pouvait signifier plus d’argent pour eux. (...)

    #Mexique #gouvernement #AMLO #cartels #capitalisme #stratégie #mégaprojets #zapatistes #peuples_indiens #débâcle #Guerrero #Oaxaca

  • A Century of U.S. Intervention Created the #Immigration Crisis
    https://medium.com/s/story/timeline-us-intervention-central-america-a9bea9ebc148

    The #liberal rhetoric of inclusion and common humanity is insufficient: we must also acknowledge the role that a century of U.S.-backed military coups, corporate plundering, and #neoliberal sapping of resources has played in the poverty, instability, and #violence that now drives people from Guatemala, El Salvador, and Honduras toward Mexico and the United States. For decades, U.S. policies of military intervention and economic neoliberalism have undermined democracy and stability in the region, creating vacuums of power in which drug #cartels and paramilitary alliances have risen.

    #pauvreté #instabilité #amerique_latine #etats-unis

  • Notes anthropologiques (XIII)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XIII

    Mexico 2018
    Les narcos
    (suite et fin)

    L’activité des cartels de la drogue représente le pouvoir occulte et sans limite du capital. Il est à la fois caché, intouchable et terrible. Le fait qu’il soit invisible le rend encore plus mystérieux et effroyable. Aucune règle ne vient faire tampon entre la population et le déploiement sans frein, irrésistible, de l’activité capitaliste. Ce déchaînement impérieux et meurtrier est le résultat d’un long processus de détérioration et de dégradation de la vie communale. Pourtant, il y a encore au Mexique une résistance réelle face à l’expansion de l’activité des cartels et plus généralement face à la pénétration de l’activité capitaliste. Nous avons l’exemple bien connu des zapatistes dans le Sud-Est mexicain, mais aussi celui de Cherán et d’Ostula dans le Michoacán, et d’autres expériences de reprise en main de la vie communale qui sont moins visibles.

    Ce processus de dévastation de la vie collective a commencé avec l’État, c’est-à-dire avec l’existence d’une volonté séparée et qui se donne les moyens de s’imposer. (...)

    #Mexique #anthropologie #narcotrafic #cartels #État #marché #pensée #marchands #sociétés #communalité

  • Notes anthropologiques (XII)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XII

    Mexico 2018. Les narcos

    Des morts, des morts, des morts innombrables, des morts décapités, des morts démembrés, des morts pendus, des morts tordus, des morts épinglés avec une étiquette à l’orthographe grossière autour du cou, des morts émasculés, des morts écorchés, des morts torturés, des morts après tortures, c’est la danse macabre des squelettes, la danse macabre des calaveras, au son lancinant de la flûte. Et le Mexique contemporain apprend à danser. Alors que le sifflement de la faux passe au-dessus de leur tête, les Mexicains apprennent la danse des banquiers ; ce n’est pas la danse des canards que l’on dansait dans les rades à marins, c’est la danse des dindons. Les premiers pas sont encore hésitants, mais bientôt ils danseront tous, sur un rythme de plus en plus élevé, de plus en plus échevelé, la danse des Maccabées.

    En fin de compte, le capitalisme se résume à cela : danser sur un rythme de plus en plus endiablé la danse des Maccabées. Il fait son nid sur des monceaux de cadavres (...)

    #Mexique #cartels #narcotrafic #marchandise #capitalisme #cadavres #anthropologie

    • Celui qui s’arrête à la marchandise est perdu. Celui qui s’arrête à l’apparence est perdu. Le client n’est roi que le temps d’une séduction, une fois pris, il n’est plus qu’un bouffon. Notre temps est celui du mépris, il faut dire que nous y sommes pour quelque chose ! S’accrocher à l’illusoire ! Ne plus chercher à vivre, avoir peur de mourir ! La drogue est la marchandise idéale, elle rend le client accroc, il a joué sa vie pour un mirage. Et nous en sommes tous là, nous jouons notre vie pour l’apparence d’un rêve, pour de l’esprit qui s’est matérialisé dans une chose et nous gardons l’illusion de nous en approcher alors même qu’il s’éloigne à tout jamais. Ainsi nous entrons dans le jeu du marchand, marchand d’illusions et marchand de vent. Alors il peut bien nous tenir dans le plus grand mépris, lui qui nous a soumis à sa pensée, à son point de vue sur le monde !

  • Je vous écris d’Oaxaca,

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Je-vous-ecris-d-Oaxaca

    Il y a trois jours deux corps ont été découverts dans une camionnette abandonnée dans la banlieue de la ville, à Xoxocotlán, un corps était décapité et la tête mise en évidence sur le capot de la voiture, les gens ont reconnu un commerçant du quartier. Hier une amie originaire de l’isthme de Tehuantepec a reçu sur son téléphone portable un message invitant la population de l’Isthme — Juchitán, Tehuantepec, Matías Romero, Salina Cruz, Ixtepec, Jalapa, etc. — à ne pas sortir à partir de 9 heures du soir, la chasse contre la vermine allait commencer : Esto es un advertencia para que no anden en la calle a partir de las 9 de la noche dado que llego la casería de LACRAS venimos a limpiar la mugre que ha sido culpable de manchar y usar nuestro Cartel como la peor de la zona… (« Ceci est un avertissement afin que vous évitiez de vous trouver dans la rue à partir de 9 heures du soir car la chasse à la VERMINE a commencé, nous venons nettoyer la saleté qui a taché et usé notre Cartel de la pire façon… »). Venait ensuite la liste des noms de tous ceux qui avaient trahi leur confiance. (...)

    #Mexique #Oaxaca #cartels #guerre

    • La propagande nous dit que le capitalisme est créateur de richesse (pour les capitalistes, sans doute), en fait il est surtout créateur de pauvreté et il doit continuellement se défendre des pauvres qu’il jette sur les routes. En tant qu’individu, en tant que personne isolée, le pauvre ne pose pas de problèmes, sa vie misérable n’inquiète pas outre mesure notre capitaliste, il est seulement le résultat attendu et desechable d’un système créateur de pauvreté. Il devient dangereux à partir du moment où il est encore attaché à une vie sociale, où il a encore la capacité de défendre, de construire ou de reconstruire une vie sociale, d’opposer à l’idéologie capitaliste, à la guerre de tous contre tous, l’esprit de la commune.

  • Le nouveau musée de l’Homme n’a rien de nouveaux.


    Aujourd’hui j’ai été voire le nouveau musée dit « Musée de l’Homme » au Trocadero à Paris, mais en fait on devrais l’appeler « Musée du gros macho colonisateur qui n’a pas changé depuis 1848 ».

    J’ai vraiment pas aimé la visite et ca m’a mise assez en colère.

    Les 3/4 du musée sont vides.

    J’avais souvenir d’une collection riche et en fait il n’en reste rien à part quelques vitrines fourre-tout thématiques, et de stupides bornes interactives. La scénographie est vraiment laide. L’espace est quasiment rempli de ces bornes et de projections et il n’y a presque plus d’objets ethnographiques ou archéologique à voire.

    A part ca sur les cartels assez peu interessant, on est tout de même gratifié d’une « Négresse de la côte Africaine » et d’un « Nègre du Soudan » en guise d’explications ! Ensuite j’ai arrêter de lire les cartels de toute façon difficiles d’accès, car placé très bas, les enfants les prennent comme sièges. A l’accueil on m’a expliqué que c’était le vocabulaire de l’époque qui voulais qu’on dise « nègre » et « négresse », je leur ai demander pourquoi il n’y avait pas aussi « bougnoule » et « chinetok » vu que ca se disait aussi à l’époque. J’ai rempli un petit papier pour les félicité de leur belle mentalité de 1848 et je suis allé voire le musée de l’architecture à coté.
    http://www.la1ere.fr/sites/regions_outremer/files/styles/gallery/public/assets/images/2015/10/21/musee_homme2.jpg?itok=hNa-NArc

    Et puis à part ca les vigiles sont tous des hommes noirs, mais ça c’est ni raciste ni sexiste. Et bien sur on se fait palper, fouiller, ouvrir le manteau, fouiller les sacs avec une lampe de poche, et montrer son devant, son derrière, vider ses poches !!! J’attendais plus qu’a me faire doigter le vagin et l’anus, puisque il faut le reconnaitre, je pourrais parfaitement y faire tenir une bombe, voire plusieurs !!!

    Un jour il y aura peut être un musée de l’histoire humaine ou de l’humanité mais en attendant il y a que le misérable musée des prostateux esclavagistes.

    En cherchant sur internet si d’autres que moi ont trouvé ces cartels racistes j’ai trouvé des liens vers le réseau voltaire qui trouve que le musée fait du racisme anti-blanc, les FdeSouches et un truc sur le racisme anti-blonde..... Je met pas les liens mais j’ai souvenir d’avoir lu un texte peut être linké par @supergeante qui parlais des cartels d’un musée en Autriche (ou Hollande) ou tous les titres racistes avaient été modifiés. Je vais voire si je retrouve le lien.

    #racisme #sexisme #musée #scénographie #vocabulaire #cartels

    • Pour le musée qui modifie ces cartels racistes, c’etait pas en Autriche mais à Amsterdam.
      http://fr.sputniknews.com/societe/20151217/1020347379/musee-damsterdam-modifiera-titres-racistes.html

      Le Rijksmuseum, situé à Amsterdam, changera les noms des tableaux qui contiennent des termes politiquement incorrects comme « nègre », « nain » ou « sauvage », écrit le quotidien britannique The Independent.

      Dans le cadre du projet « Ajustement de la terminologie coloniale », les employés du musée vont revoir les titres d’environ 220.000 œuvres d’art. Parmi elles, indique le quotidien, le tableau de Simon Marisa « Jeune fille noire » qui sera baptisé « Jeune fille à l’éventail ».

      « L’idée est de ne pas employer les définitions que les blancs ont attribué aux représentants d’autres races. Par exemple, nous, les Hollandais, étions, à l’époque, péjorativement appelés les +têtes de fromage+. Et il nous serait désagréable, si nous venions au musée et tombions sur un tableau nommé +Une femme à tête de fromage avec son enfant à tête de fromage+ », dit le chef du département historique du musée Martine Gosselink.

      Parmi les mots à remplacer figure aussi « mahométan », nom archaïque qui désigne un musulman.

      L’initiative du musée a provoqué diverses réactions dans la société. Certains experts de l’art se sont prononcés contre cette idée. "Il est absolument incorrect de retirer des textes historiques des mots comme « nègre ». D’une part ce n’est pas honnête, car cela revient à réécrire l’histoire. Du point de vue artistique, c’est de la censure", indique Julian Spelding, historien de l’art, dans son interview au quotidien britannique Times.

      Ce point de vue est partagé par George Spero, expert en peinture. Qualifiant lui aussi cette initiative de « réécriture de l’histoire », il a dit que modifier des termes offensants revenait à « faire comme si cela n’a jamais eu lieu ».

      Le Rijksmuseum est un célèbre musée d’art des Pays-Bas, du Moyen-Âge au XXème siècle. Fondé en 1808, c’est aujourd’hui le plus important musée néerlandais en termes de fréquentation et d’œuvres d’art avec plus de 2.450.000 visiteurs en 2014 pour un fonds d’environ un million de pièces.

    • Les musées sont avant la représentation de la culture d’une classe sociale.
      Pourquoi, depuis une décennie, sont ils tous  « modernisés »  ? Pour effacer des traces, ou bien en valoriser d’autres.

      Si vous visitez la Villa Cavrois à Roubaix, par exemple, aucune trace de ce que produisaient les usines de Monsieur Cavrois, aucune trace sur l’habitat à Roubaix à cette époque, où pourtant il y a eut pas mal d’expériences architecturales.

      Aucune trace non plus de l’histoire des terrains de cette villa.
      Ces terrains furent vendus à la découpe par la famille agache-willot à la haute bourgeoisie roubaisienne.
      Leurs maisons le plus souvent de gouts douteux entourent la villa. A explorer.
      Vous tomberez peut être sur un mulliez, ils sont si nombreux dans les environs.


      Cette visite vaut le déplacement !

    • Merci @bce_106_6 je ne manquerais pas d’y aller si j’ai l’occasion de venir à Roubaix.
      Par rapport a cette question ; "Pourquoi, depuis une décennie, sont ils tous « modernisés » ? Pour effacer des traces, ou bien en valoriser d’autres."

      Je pense que ca fait plus qu’une décennie que les musées sont modernisés. De mes souvenirs, le musée du Louvre à été rénové entre 1983 et 1989, La grande galerie de l’évolution en 1994, Le muséum d’histoire naturelle de La Rochelle a été restauré de 1997 à 2007, Le musée Guimet de Lyon a fermé en 2007 et rouvert en 2014 sous le nom Confluences. Au jardin des plantes de Paris il y a des rénovations perpétuellement depuis 15-20 ans que j’y passe régulièrement, en ce moment la façade de la galerie d’anatomie comparée et paléontologie est en chantier. L’année dernière ils ont fini la rénovation de la galerie de minéralogie, l’herbier a été modernisé l’année d’avant, l’année d’avant les grandes serres...
      En fait la tendance actuel est de mettre moins d’objet plus mis en scène.

      Pour le musée dit "de l’Homme" il y a aussi une grosse partie de la collection qui est partie au Musée du Quai Branly. Et il y avait trop de monde et de fouillage pour apprécier la visite.
      Sur le programme du musée il y a un cycle de conférence sur les animaux qui m’a l’air intéressante et donné par deux archéozoologues ; Marylène Patou-Mathis et Carole Vercoutère.

      http://www.museedelhomme.fr/fr/visitez/agenda/rendez-vous/cours-public/animal-tous-etats

      Ce premier cycle est consacré aux « différents statuts de l’animal au cours du temps, ici et ailleurs » et s’articule autour de quatre rendez-vous :

      7 janvier : l’animal sauvage chassé
      14 janvier : l’animal domestique de boucherie
      21 janvier : l’animal de « compagnie » et l’animal sacré
      28 janvier : les droits des animaux : différentes approches

      C’est accès gratuit et libre a l’auditorium Jean Rouch

      #conférence #zoologie #archéologie #archéozoologie

    • Pour le Louvre comme tous ces musées, c’est une histoire d’argent qui se cache derrière la politique de diffusion grand public qui originellement souhaitait s’opposer à l’idée élitiste de la culture. Mais cette culture là est plus une obligation touristique qu’un désir de connaissance : il faut ramener la preuve d’avoir été devant l’immortalité, ce à quoi servent les appareils photos et les boutiques attenantes.
      L’amateur d’art est sommé de se fondre dans la masse touristique qui doit circuler dans l’espace d’exposition comme dans un aéroport, parcours balisé, pensée aseptisée, et surtout ticket encaissé en masse.
      Ainsi en est-il des escalators mécaniques qui ont envahi le Louvre et remplacé le grand escalier en haut duquel se dressait la victoire de Samothrace. Je n’arrive plus à voir l’espace du Sacré supplanté par ce grand supermarché où l’on mène les enfants en poussette tandis qu’ils dorment profondément. J’ai renoncé à retourner au Louvre, à batailler contre ma colère de cette modernité et je tente juste de conserver le philosophe de Rembrandt dans mon espace mental ainsi que quelques autres tableaux qui m’ont parlé.

    • Le Musée de l’humanité, c’est pour quand ? #MuseumWeek | Les Glorieuses
      https://lesglorieuses.fr/musee-de-lhumain

      Les Glorieuses demandent de renommer le musée de l’Homme en… musée de l’humanité. Parce que c’est cela, l’égalité.

      CAR Homme avec un grand H ne signifie pas humain. Le H majuscule permet de faire référence à l’ensemble du genre Homo (homo sapiens et espèces apparentées). Ainsi, le genre humain ne représente qu’une infime partie des espèces dites Homo. Or, si l’on suit la pensée de Paul Rivet, le fondateur du musée, c’est bien de l’humain dont il s’agit : « l’humanité est un tout indivisible, non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps ».

      CAR Homme avec un grand H n’a jamais eu vocation à inclure les femmes… Il n’existe aucune règle linguistique qui justifie l’emploi d’une valeur générique masculine pour inclure les deux sexes (1). AUCUNE. Et son acceptation sociétale et même assez récente. Elle s’est imposée à partir du XVIIIème siècle. A l’époque, la langue française allait même à l’encontre de la « tendance massive et indo-européenne : le genre, pour les animés humains, suit globalement le sexe ». En d’autres termes, un garçon et un million de filles impliquaient d’accorder… au féminin.

      CAR c’est un symbole. En n’incluant pas les femmes, une fois de plus, nous les invisibilisons de l’espace public et du monde des musées. Les expositions du musée l’attestent, les femmes font partie de l’histoire, il est grand temps que tout le monde le sache.

      Ainsi, pour toutes les femmes – les scientifiques, les artistes, les visiteuses… – et pour toutes les filles, cher Ministre de la Transition écologique et de la solidarité, cher Ministre de l’Education Nationale, chère Secrétaire d’Etat, cher Directeur du musée, faisons en sorte que les femmes se reconnaissent dans ce grand musée. Nommons-le « Musée de l’humanité ».

  • Les #cartels brouillent les #drones des #douanes américaines | La guerre des robots
    http://robots.blog.lemonde.fr/2015/12/21/quand-les-cartels-de-drogue-brouillent-les-drones-des-douanes-am

    Les cartels ont trouvé la parade aux #États-Unis face aux contrôles accrus des agences de sécurité. Alors que les douanes américaines et la Customs and Border Protection Agency (CBP) intensifient leurs patrouilles de drones le long de la frontière mexicaine, les trafiquants de drogue ont répondu à cette « menace » à leur juteux trafic avec leur propre technologie, rapporte le site Defense One.

    « Les méchants ont beaucoup d’argent qu’ils mettent dans des systèmes de brouillage des GPS et de ’spoofing’ (attaque par usurpation d’adresse IP) des drones. Nous finançons des programmes afin que nous puissions contrer cette menace », a déclaré Timothy Bennett, un gestionnaire de programmes sur la science et la technologie au département fédéral de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security, DHS), qui supervise le CBP.

    [...]

    Hormis ces problèmes de brouillage, le DHS est confronté à l’augmentation des coûts de l’heure de vol de drones de #surveillance – 11 MQ-9 Reaper non armés –, estimés au départ à 2 468 dollars alors qu’ils sont en réalité de… 12 225 dollars !

    En conséquence, de grands espaces et des portions de la frontière ont été laissés sans surveillance. Et les drones ont permis seulement 2 % des arrestations sur la frontière sud-ouest des Etats-Unis.

    #drogue

  • Une comparaison entre la férocité de Daech et celle des cartels mexicains. Pas pour excuser l’une ou l’autre, mais une histoire de paille et de poutre...

    Mexican drug cartels are worse than ISIL
    Western obsession with the Islamic State is fueled more by bigotry than any genuine assessment of risk or atrocities
    Musa al-Gharbi, Al Jazeera, 20 octobre 2014
    http://america.aljazeera.com/opinions/2014/10/isil-vs-mexican-drugcartelsunitedstatesislamophobia.html

    #Mexique #Cartels #ISIL #Daech

  • Des milliers d’enfants et d’adolescents d’Amérique centrale fuient vers les États-Unis
    http://www.bastamag.net/50-000-enfants-et-adolescents

    Les États-Unis font actuellement face à un afflux sans précédent jeunes migrants clandestins. Depuis octobre 2013, près de 50 000 enfants et adolescents non accompagnés, principalement originaires d’Amérique centrale, ont passé la frontière. Soit deux fois plus que l’an dernier . Plusieurs entrepôts et bases militaires ont été réquisitionnés pour être transformés en centres de rétention de fortune, dans tout le pays. A Nogales, en Arizona, 900 enfants du Honduras, du Salvador et du Guatemala, attendent leur (...)

    En bref

    / #Migrations, #Droits_fondamentaux, #Amériques

  • #bitcoin anyone ? - Roelof Roscam Abbing (nettime-l)
    http://permalink.gmane.org/gmane.culture.internet.nettime/7367

    We can see how the design of Bitcoin as a mathematical framework does not make it free of politics. For in it’s design it also contains certain (unconscious) political ideas about society that are grounded in anarcho-capitalism. The mathematical framework has thus for not shown to be capable of preventing the extremely quick formation of potentially disruptive monopolies in a system that was designed to be neutral and decentralized.

    The idea that setting the right technical parameters will remove the necessity for supervision and accountability is thus incorrect. For we are witnessing the appearance of #cartels and #monopolies that could have never been formed in a properly regulated market. Bitcoin as such will not work to empower the individual and free him from centralized power, instead Bitcoin serves to create new #centralized_power_structures that are unregulated, opaque and unaccountable.

    où l’on découvre les #mining_guilds qui « contrôlent » bitcoin

    • j’y suis allé de mon petit billet #shameless_autopromo
      https://fluxetfixe.wordpress.com/2013/04/16/bitcoin-bulle-paroxystique (mais j’avais pas encore vu les guilds... donc shame quand même)

      Cf. Bitcoin / La monnaie virtuelle pour les débutants
      http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=5777

      Et Bitcoin : le Net se frappe de monnaie
      http://www.ecrans.fr/Bitcoin-le-Net-se-frappe-de,16252.html

      Pour utiliser des bitcoins, rien de plus simple, il suffit de se créer un porte-monnaie grâce à un logiciel (Bitcoin-Qt sur un ordinateur, Bitcoin Wallet sur Android). Un porte-monnaie est composé d’une clé publique (que l’on peut transmettre à tout le monde, qui sert à recevoir des dépôts) et d’une clé privée (à garder secrète, comme son nom l’indique, étant donné qu’elle sert à payer). Ces deux chaînes de 34 et 50 caractères suffisent. Nul besoin de s’identifier ou d’effectuer la moindre démarche. Du coup, on peut même sauvegarder son porte-monnaie en l’imprimant. Ensuite, pour obtenir des bitcoins, il faut qu’ils soient transférés depuis un autre porte-monnaie. Des sites se sont naturellement montés pour gérer les transactions entre acheteurs et vendeurs. C’est le cas de Mt.gox ou Bitcoin-central.net. Lorsqu’une transaction est effectuée, l’ordre est transmis au réseau de machines chargé de gérer le système. N’importe qui peut d’ailleurs inscrire son ordinateur dans ce réseau pour participer à l’effort. La validité de l’ordre va ensuite être confirmée par plusieurs machines (elles vont vérifier les antécédents de chaque porte-monnaie pour voir si les sommes sont disponibles), puis il sera ajouté à ce qui s’appelle la « chaîne de blocs », un journal ultrasécurisé qui répertorie toutes les transactions effectuées sur le réseau Bitcoin. Ce sont ces ordinateurs qui mettent en circulation les nouveaux bitcoins. En récompense du travail effectué, ils peuvent aussi percevoir des frais de transaction.

  • Pour les narcotrafiquants, la terreur passe aussi par le Web
    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/05/23/pour-les-narcotrafiquants-la-terreur-passe-aussi-par-le-web_1705277_3222.htm terrifiants ces #zetas

    En ligne, « les cartels ont une stratégie de communication très sophistiquée », explique-t-elle. Une partie consiste à vanter le style de vie du narcotrafiquant. MySpace, réseau musical qui a connu son apogée au milieu des années 2000, est une mine de narco-corridos, ces chansons à la gloire des trafiquants. « Sur Facebook, ils mettent des photographies de grosses voitures, de vêtements chers, de belles filles et de flingues en or. Ils glorifient leur style de vie devant la jeunesse mexicaine, et ils ont une influence considérable », ajoute Mme Dillavou, parlant de « narco-glam ».

    Le Web reste un des derniers terrains où les Mexicains peuvent tenir tête aux cartels. « Historiquement, il y a toujours eu une culture de l’entraide en ligne au #Mexique contre l’activité des #cartels, même avant les #réseaux_sociaux, avec les forums et le mail. C’était vrai surtout dans les zones très violentes, près de la frontière, comme Juarez et Tamaulipas. Maintenant, c’est beaucoup plus rapide, réactif et organisé », explique Shauna Dillavou.

    Cette pratique a été confortée par l’explosion de l’accès à Internet. Selon les données de l’Association mexicaine d’Internet (AMIPCI), le nombre d’utilisateurs a doublé depuis 2005 pour atteindre 35 millions, soit près de 30 % de la population. Quand à Twitter, il est passé de 32 000 utilisateurs en 2009 à près de 2,5 millions.

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=wyb6VXsyIRQ

  • Il a beaucoup été question du #Mexique et notamment des problèmes de criminalité récemment, par exemple dans Le Monde de ce week-end. (cf. http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/05/18/quinze-jours-de-violence-ordinaire-au-mexique_1701777_3222.html et http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/05/18/le-rapport-de-forces-entre-cartels-mexicains_1702383_3222.html)

    Le chercheur et statisticien Diego Valle-Jones a publié en 2010 une #visualisation dynamique qui couvre les années 2004-2010 et articule la question des crimes aux routes empruntées par le #narcotrafic, en essayant de différencier homicides de « droit commun » et homicides spécifiquement liés aux drogues : http://blog.diegovalle.net/2012/01/interactive-map-of-drug-war-in-mexico.html
    Son analyse explore des hypothèses variées et étayées, qu’il s’agisse de l’influence de la fin de l’embargo sur les armes d’assaut aux Etats-Unis sur la violence au #Mexique, de la spécificité propre au trafic de chaque #stupéfiant (cannabis, cocaïne, méth...), de la lutte entre les #cartels. Il s’appuie sur d’autres travaux universitaires comme ceux de Melissa Dell (MIT), voir http://econ-www.mit.edu/files/7484

    Il a de plus mis le code-source de son projet à disposition sur Github : https://github.com/diegovalle/Homicide-MX-Drug-War

    Pour mémoire, il y avait eu un webdoc français en 2005 sur la question spécifique des féminicides de Ciudad Juarez : http://www.lacitedesmortes.net

    J’avais listé une partie de ces ressources et d’autres là : http://diane0sysop.com/2011/09/26/39

  • Anonymous oublie les cartels » OWNI, News, Augmented
    http://owni.fr/2011/11/15/anonymous-oublie-les-cartels

    Hier encore, le modérateur d’un réseau social populaire1 au Mexique a été brutalement tué, apparemment pour le punir d’avoir aidé à rencarder les autorités sur un cartel de la drogue local. Son corps décapité a été posé à côté d’une statue avec un message :

    Voilà ce qui m’est arrivé pour ne pas avoir compris qu’il ne fallait pas que je poste certaines choses sur les réseaux sociaux.

    Sur ces trois derniers mois, c’est le quatrième meurtre du genre, lié à l’utilisation de médias sociaux au Mexique.

    #Mexique #Anonymous #drogue #cartels