city:bagdad

  • Condamnés à mort | Sarah Benhaida
    https://making-of.afp.com/condamnes-mort

    Bagdad — L’un jure qu’il était « vendeur de poulets » en Syrie, l’autre qu’il était médecin et « pas tueur », un troisième assure avoir été « radié » de l’EI pour fainéantise tandis qu’un autre encore affirme avoir activé un piston pour toucher un salaire de combattant sans rien avoir à faire... Dans leurs uniformes jaunes en mauvais tissu, claquettes de contrefaçon en plastique aux pieds, les Français du groupe Etat islamique (EI) font bien piètre figure devant le juge irakien qui les condamne l’un après l’autre à la mort. Source : Making-of

    • « Je pensais entendre de nouveau tous ces récits en me rendant au tribunal anti-terroriste de Bagdad. Mais dans les procès de jihadistes présumés en Irak, les juges ne cherchent à établir qu’une seule chose : l’appartenance à l’EI, car selon la loi irakienne, c’est elle qui est passible de la peine capitale.
      Pour les crimes et leurs victimes, l’établissement de bilans ou les dommages et autres réparations, il faudra repasser. »

  • Iran building new crossing on Syria border that would let it smuggle weapons, oil, experts say | Fox News
    https://www.foxnews.com/world/iran-border-crossing-syria-smuggle-weapons-oil-experts

    La contribution de Fox à l’effort de guerre US contre l’Iran....

    The images, obtained exclusively by Fox News and captured earlier this week, show a new construction in the Albukamal Al-Qaim crossing.
    A new construction in the Albukamal Al-Qaim crossing was seen via satellite.
    The area is under the control of Pro-Iranian Shiite militias. Last summer, Iran increased its presence in the area.

    According to analysts for ISI, which captures satellite data, the existing border crossing is still closed and destroyed, and the Iranians have put a lot of effort and resources into building the new one.
    Iran has put significant effort into building the new crossing, analysts said.

    Photos obtained by Fox News showed an Iraqi army base near the deserted post.
    The existing border crossing remained closed, analysts said.

    The border crossing would enable Iran to maintain land access in Syria, Beirut and the Mediterranean Sea. Regional and western sources said the Iranians are planning to use this new route for smuggling operations, including trafficking weapons and oil, to avoid the looming U.S. sanctions. Without Syrian or Iraqi supervision, Iran and its allies would have an unprecedented advantage in transferring whatever they wish, experts say.
    An Iraqi army base seen near the deserted crossing.

    This development sheds new light on the rising tensions between the U.S. and Iran, which escalated after President Trump canceled the temporary waivers permitting countries, including Iraq, Turkey, Japan and China, to purchase Iranian oil without violating U.S. sanctions.

    #iran #puissance_du_mal

  • MEE : le vrai message de Pompeo à Téhéran envoyé via Bagdad : Trump veut un accord de son nom – Site de la chaîne AlManar-Liban
    http://french.almanar.com.lb/1365905

    Selon le site d’informations américain Middle East Eye, le secrétaire d’état américain Mike Pompeo a envoyé un message de Donald Trump à Téhéran, via le médiateur irakien, qui n’a rien à voir avec le climat médiatique qui fait état de menaces de guerre américaine contre l’Iran.

    Ceci a eu lieu lors de sa dernière visite à Bagdad, le 8 mai dernier, lorsqu’il a rencontré le Premier ministre Adel Abdel Mahdi.

    Selon MEE, citant des sources irakiennes informées, ce dernier a été surpris par la proposition de Pompeo. Alors qu’il s’attendait à ce qu’il se lance dans une diatribe contre l’Iran, d’autant que les informations rendaient compte de l’envoi d’un porte-avion et des bombardiers américains dans la région, il a écouté de sa part un discours diamétralement différent.

    Ainsi, Pompeo a demandé à Abdel Mahdi de transmettre un message à Téhéran lui faisant part que les USA ne sont pas enthousiasmes pour faire la guerre et que tout ce que Donald Trump voudrait faire est de conclure un nouvel accord nucléaire qui serait baptisé de son nom.

    La réponse d’Abdel Mahdi a été de lui dire que les Iraniens sont très fiers d’eux-mêmes pour qu’ils puissent admettre une nouvelle discussion sur l’accord nucléaire, mais qu’ils pourraient peut-être accepter de lui rajouter un protocole.
    Selon les sources du MEE, la proposition semble avoir plu à Pompeo qui l’a qualifiée de « bonne idée ».

    Le ton de Pompeo a été positif et il n’a pas menacé l’Iran. Le lendemain, Abdel Mahdi a envoyé un émissaire à Téhéran pour informer les responsables iraniens de la proposition », ont conclu ces sources.

    Pas si improbable que cela en a l’air à mon avis... #iran

  • Pompeo en clandestin à Bagdad
    http://www.dedefensa.org/article/pompeo-en-clandestin-a-bagdad

    Pompeo en clandestin à Bagdad

    Comme le notait le colonel Pat Lang, les autorités US ont craint ces jours derniers une attaque iranienne contre des militaires US (« On me dit que les Israéliens ont dit aux néoconservateurs (Bolton, Pompéo, etc.) que les Iraniens se préparent à attaquer le grand nombre de soldats américains en Irak… »). C’est dans le même sens et le même esprit de ces alertes qui touchent les divers services US que Patrick Buchanan développe son dernier commentaire, notant que Pompeo s’est rendu clandestinement à Bagdad, en Irak (au lieu de rencontrer Merkel), parce que les services de sécurité US craignaient une attaque iranienne contre le secrétaire d’État.

    (Ainsi y avait-il peut-être dans la décision brutale d’annuler la rencontre avec Merkel un peu plus que le seul calcul initial d’une (...)

  • L’Irak propose de juger les étrangers de l’EI en échange de 2 milliards de dollars (LaLibre.be)
    https://www.crashdebug.fr/international/15893-l-irak-propose-de-juger-les-etrangers-de-l-ei-en-echange-de-2-milli

    L’Irak a proposé aux pays membres de la coalition internationale antidjihadistes de juger leurs ressortissants soupçonnés d’avoir rejoint le groupe Etat islamique (EI) en échange d’au moins deux milliards de dollars, ont indiqué des responsables gouvernementaux.

    La question du retour dans leurs pays d’origine d’un millier de djihadistes actuellement aux mains des forces kurdes de Syrie est très sensible pour les opinions publiques.

    Paris, par exemple, n’a pas jusqu’ici mis en oeuvre le plan de rapatriement des djihadistes français de Syrie et de leurs familles, révélé par la presse et que le gouvernement a présenté comme une "hypothèse" de travail.

    Bagdad a proposé une autre "option", indique un responsable gouvernemental sous le couvert de (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • Assurance chômage : le gouvernement veut réduire les allocations des cadres
    https://www.latribune.fr/economie/france/assurance-chomage-le-gouvernement-veut-reduire-les-allocations-des-cadres-

    Pour le choix politique du gouvernement, s’agirait-il de saper méthodiquement sa base électorale en espérant en gratter un bout de l’autre côté avec des orientations «  populistes  » ?

    Pour faire des économies, le gouvernement envisagerait de réviser les règles des allocations chômage des cadres supérieurs, révèlent nos confrères des Echos ce lundi 25 février. Deux pistes seraient à l’étude : réduire d’un tiers le plafond des indemnités des cadres ou instaurer la dégressivité
    […]
    Un plafond fixé à 4.800 euros d’allocations par mois ?
    La piste d’une dégressivité des allocations avait été soutenue en septembre par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et le Premier ministre, Edouard Philippe, avant d’être laissée à la discussion des partenaires sociaux - lesquels n’ont pas souhaité l’introduire dans leur projet d’accord.

    Les contributions à l’Assurance chômage sont actuellement appliquées aux salaires bruts dans la limite de quatre plafonds de la sécurité sociale (PSS), ce qui limite les indemnités mensuelles pouvant être versées à 7.700 euros environ, expliquent Les Echos.

    Selon l’Unédic, abaisser le plafond à trois PSS permettrait d’économiser 137 millions d’euros par an, et à 2,5 PSS, 285 millions d’euros. Mais il faudrait pour ce dernier cas accepter des allocations maximum de 4.800 euros par mois.
    La CFDT et la CFE-CGC se retrouvent dans l’opposition
    La CFDT et la CFE-CGC, notamment, sont fortement hostiles à cette option maintes fois suggérée dans le passé.

    « À chaque fois qu’on baisse l’indemnisation des demandeurs d’emploi, on baisse leur capacité à retrouver du travail », a dit le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger sur France 2. « Il y a un sujet sur les cadres mais l’indemnisation dégressive, je crois que c’est mettre le doigt dans un système qui n’a jamais prouvé son efficacité. »

    Prié de dire s’il était malgré tout ouvert à une négociation sur la baisse de l’indemnisation des cadres, il a répondu : « Il n’y a pas de négociation et je crois qu’il faut éviter de stigmatiser telle ou telle population. »

  • Mohamed al-Daradji : « Les films sont un moyen de s’échapper »
    By Lou Mamalet in PARIS, France - Date de publication : Dimanche 24 février 2019
    Dans son dernier film, Bagdad Station, le réalisateur irakien s’interroge sur la façon de redonner leur humanité aux auteurs d’attentats-suicides
    https://www.middleeasteye.net/fr/news/mohamed-al-daradji-les-films-sont-un-moyen-de-sechapper

    Après une enfance passée au sein d’une famille de la classe moyenne irakienne en pleine guerre contre l’Iran, Mohamed al-Daradji s’exile aux Pays-Bas en 1995, à l’âge de 17 ans, pour fuir la brutalité du régime de Saddam Hussein à cause duquel il perdra son cousin, fervent défenseur de l’opposition.

    Aux Pays-Bas, Mohamed al-Daradji développe sa passion pour le cinéma avant de se rendre au Royaume-Uni, où il obtient un master en cinématographie et réalisation à l’Université de Leeds.

    Pour lui, le cinéma apparaît très tôt comme un moyen de « panser les plaies » des guerres successives qui ravagent son pays d’origine (Iran-Irak en 1988, guerre du Golfe en 1990-91), de s’extraire du stress post-traumatique dont tous les Irakiens souffrent aujourd’hui.

    C’est ce désir de guérir par le 7e art qui le ramène en Irak pendant l’invasion américaine de 2003, où il choisit de tourner son premier film après la chute du dictateur : Ahlaam (rêves, 2005).
    (...)
    Avec Bagdad Station (The Journey/Al-Rihla), sorti ce mercredi en France, le réalisateur irakien suit cette fois la journée initiatique de Sara, une jeune femme qui a planifié de se faire exploser dans la gare centrale de Bagdad le jour de la chute de Saddam Hussein, jusqu’à ce qu’elle croise la route d’un vendeur de prothèses séducteur et original.

  • Le gilet jaune interdit de vente en Égypte
    Valérie Cantié, France Inter, le 11 décembre 2018
    https://www.franceinter.fr/monde/le-gilet-jaune-interdit-de-vente-en-egypte

    Les autorités égyptiennes restreignent la vente de gilets jaunes par peur d’une envie de l’opposition de copier les « gilets jaunes » français.

    El-Sissi a récemment accusé la révolution de 2011 d’avoir entraîné son pays dans une crise à la fois économique et politique. Les manifestations sont sensées être interdites en Égypte et El-Sissi rappelle souvent que la dureté est nécessaire à la stabilité du pays. Depuis son arrivée au pouvoir, il n’y a pas eu de grande manifestation dans le pays malgré la crise.

    C’est cohérent avec cette autre « information » : Les frères musulmans seraient derrière les gilets jaunes, d’après une consultante Cnews
    https://seenthis.net/messages/741925

    https://www.youtube.com/watch?v=YxNvKR14zss

    #Gilets_Jaunes #France #Egypte

  • COMMENT LES DIRIGEANTS ARABES BASCULENT-ILS DANS LA DICTATURE ?
    (Le Monde Arabe-Sébastien BOUSSOIS-2018-12-03

    A entendre parler tous les jours de Mohamed ben Salman, depuis les débuts de l’affaire Khashoggi et la prise de conscience internationale (tardive) de la guerre menée contre le Yémen depuis quatre ans, on finit par oublier qu’à une époque, le jeune leader saoudien était moins présent dans les médias. Non pas que ces derniers saturaient, mais il y a quelques mois, personne ne savait où avait disparu le prince héritier saoudien, après la fusillade violente survenue le 21 avril 2018, dans son palais à Riyad. Pendant plus d’un mois, celui que l’on surnomme MBS s’était claquemuré, de quoi générer toute sorte de spéculations hasardeuses. Du moins, les médias occidentaux le pensaient-ils.

    Prix du trône

    Certains titres de presse affirmaient ainsi que le fils du roi Salman avait été touché mortellement. Tandis que, pour d’autres, la purge du Ritz-Carlton, fin 2017, avait généré encore plus d’ennemis, pour le prince héritier, qu’auparavant dans ses propres rangs. Une telle attaque étant dès lors à prévoir. Depuis le selfie de MBS entouré de Mohamed VI et Saad Hariri, à Paris, plus aucune information ou preuve qu’il était toujours vivant n’avait émané d’Arabie saoudite. Pourtant, fin avril, il inaugurait le début des travaux de la Cité du Divertissement (Qiddya), un nouveau hub dédié à l’entertainement et à la culture à Riyad. Certaines sources diplomatiques, de leur côté, de renseigner que le 22 mai, MBS et le président français, Emmanuel Macron, avaient échangé par téléphone. Au sujet, surtout, de la crise générée par le retrait de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien et de la guerre au Yémen.

    Le monde entier spéculait encore jusqu’au jour où un cliché de MBS avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi – qui aurait pu être pris n’importe où et n’importe quand… -, a ressurgi. Et calmé les esprits. L’Occident avait enfin retrouvé la trace du prince. Qui n’avait jamais, jusqu’alors, connu pareille menace. Cette attaque au palais a été, depuis, largement occultée. Mais c’est à cette époque, probablement, qu’il a commencé à développer un puissant sentiment de paranoïa, accompagné d’une dose de réflexe de survie et de protection de sa personne. A tout prix et coûte que coûte. Quitte à ne même plus hésiter à liquider ses adversaires les plus farouches, comme Jamal Khashoggi, dont il se « contentait » de faire les poches pour leur extorquer quelques milliards et les contrôler. Le prix du trône à venir ?

    Avidité de pouvoir

    Ce n’est pas la première fois, loin de là, qu’un dirigeant arabe suscite tant de convoitises, mais aussi de haines. Et se voit menacé de mort. Ce n’est pas la première fois non plus qu’un dirigeant arabe bascule dans la dictature, à partir du moment où il se sent physiquement directement menacé. Saddam Hussein, ancien président d’Irak, a lui aussi été la victime d’une tentative d’assassinat en 1996. Problème : dans le second cas comme dans le premier, comment avoir la certitude que de tels actes ont véritablement existé ?A l’époque, alors que la CIA cherchait à déstabiliser l’homme fort de Bagdad, l’argument du complot et de la tentative de meurtre revêtait un certain intérêt : justifier le renforcement de ses pleins pouvoirs. Qu’il n’avait pas hésité à utiliser, d’ailleurs, pour faire arrêter et exécuter plusieurs centaines d’officiers soupçonnés d’avoir participé au complot.
    MBS ne manque déjà pas de « proximité » avec l’ancien dirigeant irakien, qui se radicalisait un peu plus à chaque menace pesant sur son siège. Avidité de pouvoir, quête obsessionnelle de leadership régional, ingérence dans les affaires de ses voisins, persécution des chiites, chez eux au Bahreïn et au Yémen, etc. En prenant le pouvoir en 1979, le président-dictateur aspirait non seulement à faire de son pays la première puissance militaire du Moyen-Orient, mais également à devenir le leader du monde arabe. Et, comme le prince héritier aujourd’hui – qui a la main sur la défense et l’économie du royaume -, Saddam Hussein concentrait également tous les pouvoirs en étant chef d’Etat, chef de gouvernement et chef des armées.

    Capacités nucléaires

    La surenchère va bon train. Et plus MBS affiche un visage cynique, plus il continue à être invité partout, semble-t-il. La preuve : son récent circuit diplomatique, fin novembre, pour tenter de faire oublier l’assassinat du journaliste saoudien et la guerre désastreuse au Yémen. Une véritable « résurrection », qui n’est pas sans rappeler celle du roi du Maroc Hassan II, après deux tentatives d’assassinat contre sa personne, en 1971 et 1972, lors de putschs ratés. Le monarque, père de l’actuel roi du Maroc, Mohammed VI, en sort renforcé, dans son culte de la personnalité notamment. Mais, revers de la médaille, la paranoïa envers toute opposition qui pourrait fomenter un complot contre lui le gagne. C’est le début des années de plomb (de 1970 à sa mort), où une violence et une répression sans précédent à l’égard de toute opposition sévira comme jamais. Et dépassera largement le cadre de la « disparition » de son opposant numéro 1, Mehdi ben Barka, en 1965.

    La crainte, à présent, est de voir MBS ressembler de plus en plus à Saddam Hussein. Effrayant, surtout lorsque l’on sait que certains seraient prêts à lui confier des capacités nucléaires – civiles pour commencer. Mais il n’est que le reflet de la personnalité de nombreux dirigeants arabes, qui ont fait de la personnalisation du pouvoir une marque de fabrique. Attenter au raïs, ainsi, c’est attenter au pays. Saddam Hussein et Hassan II en sont les preuves « vivantes ». Va-t-on marquer cette date du 21 avril 2018, sur le calendrier géopolitique du Golfe, comme le catalyseur de la dérive autoritaire du prince héritier, afin d’y mettre un terme ? Ou va-t-on, au contraire, y assister en simple spectateur – ce qui est le cas aujourd’hui ? Pour rappel, c’est ce sentiment de toute puissance qui a contribué à faire du Yémen « la pire crise humanitaire du monde », selon les Nations unies.

  • Le Monde Arabe-26-11-2018 ; Stanislas TAIN*

    Selon l’UNICEF, la majorité des enfants défavorisés ne reçoivent ainsi « aucune forme d’aide gouvernementale ».

    En Irak, « le conflit et l’inégalité demeurent des caractéristiques fondamentales de l’enfance ». Voici ce qui ressort de la dernière étude approfondie de l’UNICEF sur le bien-être des enfants, rendue publique le 19 novembre dernier à Bagdad. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance, en coopération avec les autorités irakiennes, profitait du lancement de sa sixième « enquête à indicateurs multiples » (MICS) – mécanisme créé dans les années 1990 afin d’aider les Etats à rassembler puis analyser des quantités de données – pour remettre son rapport, « le plus complet sur les enfants depuis 7 ans ». Et c’est peu dire que le pays, sous l’emprise de l’organisation Etat islamique (EI) ces trois dernières années, qui cherche à présent à se reconstruire – dans tous les sens du terme -, a fort à faire pour procurer un cadre de vie décent à l’ensemble de sa jeunesse.

    « Le fossé grandissant »
    Selon l’UNICEF, la majorité des enfants défavorisés ne reçoivent ainsi « aucune forme d’aide gouvernementale », ce qui a tendance, inévitablement, à creuser les écarts et les inégalités. En matière d’éducation notamment, où les besoins restent « immenses ». La moitié des écoles publiques d’Irak nécessitent par exemple une sérieuse réhabilitation, après des années de conflit, tandis qu’ « une école sur trois fonctionne par quarts multiples, ce qui réduit le temps d’apprentissage des enfants », déplore l’agence onusienne. Si 92 % d’entre eux sont inscrits à l’école primaire, seule un peu plus de la moitié des enfants défavorisés finiront le cycle primaire. L’écart se creusant même dans l’enseignement secondaire et supérieur, « où moins d’un quart [d’entre eux] obtiennent leur diplôme (23 %), contre les trois quarts des enfants issus de milieux plus aisés (73 %) ».
    « Les données indiquent clairement que les enfants les plus vulnérables en Irak sont ceux qui risquent le plus de prendre du retard, a ainsi déclaré Peter Hawkins, le représentant de l’UNICEF en Irak, qui regrette que les autorités irakiennes n’investissent pas plus dans l’éducation. Les gains durement gagnés pour mettre fin au conflit et assurer la transition vers un avenir stable pourraient être perdus sans investissements supplémentaires pour que tous les enfants puissent réaliser leur plein potentiel », ajoute-t-il. Selon l’UNICEF, Bagdad a besoin de 7 500 écoles supplémentaires, alors que pas moins de 1 000 établissement ont été entièrement ou partiellement détruits par les combats contre l’EI. Les heures de classes, de facto saturées, ne permettant pas aux élèves de progresser à la même vitesses que ceux dont la famille a davantage de moyens.
    « Le fossé grandissant entre ceux qui possèdent [des richesses, ndlr] et ceux qui n’en ont pas sème la discorde et sape les intérêts des enfants et de l’Irak. » Peter Hawkins, représentant de l’UNICEF en Irak.

    « L’avenir de ce pays »
    Résultat : « Quand la qualité s’effrite, les enfants quittent d’eux-mêmes l’école », accuse Peter Hawkins. Alors que, selon l’UNICEF, « la fréquentation régulière de l’école est un élément essentiel de la guérison de plus d’un million d’enfants qui auraient besoin d’un soutien psychosocial pour faire face aux blessures invisibles de la guerre ». D’autres, bien visibles, outre les carences de l’éducation nationale, concernant les problèmes liés à la santé, toujours selon le rapport de l’agence onusienne. Si l’Irak a accompli des progrès notables dans le domaine de la santé des nouveau-nés et des enfants (14 décès au cours des premiers mois pour 1 000 naissances), « les défi surgissent peu après la naissance », pointe-t-elle du doigt. Seuls 4 enfants sur 10 sont entièrement vaccinés, par exemple, quand moins de 40 % de la population a accès à l’eau potable à domicile. Ce qui expose les enfants à un risque grave de maladies d’origine hydrique.
    Pourtant, il fut un temps où l’Irak était l’un des meilleures endroits de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord (MENA) pour être un enfant, indiquait l’UNICEF en présentation de la quatrième enquête MICS, menée en 2011. Sauf que, « depuis les années 1970, le pays a perdu de l’élan et a pris beaucoup de retard. Si l’Irak avait progressé au même rythme que de nombreux autres pays, il aurait atteint en 2011 un certain nombre de ses objectifs. » Notamment en ce qui concerne la scolarisation, la mortalité infantile et l’accès à l’eau potable, trois programmes qui n’ont pas beaucoup évolué depuis. « Alors que l’Irak dépasse la violence des dernières années et se forge une nouvelle vie, il doit donner la priorité au bien-être de tous les enfants […] qui sont l’avenir de ce pays », a martelé Peter Hawkins.

    « Beaucoup de beaux discours »
    Le représentant de l’UNICEF en Irak de critiquer, à demi-mots, les gouvernement successifs, qui n’ont pas su (ou pu) faire évoluer les choses. Pourtant, « avec le bon engagement et les bonnes politiques en place, le gouvernement irakien peut faire une différence », explique-t-il. L’agence onusienne a d’ailleurs demandé aux autorités irakiennes d’investir dans des services qui profitent à des enfants touchés par le conflit et la pauvreté. Ainsi que « d’œuvrer pour mettre fin à toutes les formes de violence contre les enfants ». Quelques jours après la publication du rapport de l’UNICEF, au sud de Mossoul, 4 adolescents ont péri dans l’attaque du camion qui les menait à l’école. Un événement qui « pourrait compromettre les efforts considérables déployés pour ramener les enfants à l’école dans les zones où la violence était la plus forte », a notamment affirmé M. Hawkins dans un communiqué.

    En matière de scolarisation comme de santé et de sécurité, il y a donc urgence à agir, selon l’ensemble des observateurs. Problème : le tout nouveau Premier ministre, Adel Abdel Mahdi, dont l’arrivée au pouvoir tient davantage du compromis politique, ne dispose pas de base très solide pour engager des réformes. Et la première d’entre elles concernera vraisemblablement la corruption, qui gangrène le pouvoir et contre laquelle les Irakiens ont d’ailleurs manifesté ces dernières semaines. « De manière générale, nous avons eu depuis 2003 des politiciens qui pensaient à leurs intérêts personnels avant l’intérêt à long terme du pays », explique le journaliste franco-irakien Feurat Alani, interrogé sur la probabilité de voir le gouvernement engager des réformes pour la jeunesse. « Il y a beaucoup de beaux discours sur la réconciliation nationale, l’éducation, les besoins du quotidien. Mais les Irakiens, dans leur majorité, n’en ont pas vu la couleur. »

  • "Le Monde Arabe" du 26-11-2018-Stanisla TAIN

    ❝Le journaliste franco-irakien vient de publier « Le parfum d’Irak », un recueil de 1 000 tweets dans lesquels il raconte « son » Irak.

    Les saveurs passées demeurent-elles éternellement ? A Marcel Proust la madeleine ; à Feurat Alani l’abricot. Plus d’un siècle après que le premier s’est lancé A la recherche du temps perdu, le second a entamé la reconquête sensorielle et intime d’un paradis égaré. Avec, dans les deux cas, l’odorat en point d’orgue mémoriel. Né à Paris, en 1980, de parents irakiens, le reporter et producteur vient de publier Le parfum d’Irak (Arte éditions/Editions Nova, 2018), un recueil (illustré par le dessinateur Léonard Cohen) de 1 000 tweets publiés à l’été 2016, dans lesquels il raconte « son » pays. Celui de son enfance, tout d’abord ; cette époque émerveillée où Bagdad avait, dit-il, un parfum d’abricot. Celui de la guerre, ensuite – dont les effets se font sentir encore aujourd’hui. L’Irak, qui se reconstruit péniblement, au sens propre comme figuré, exhalait alors le fruit de l’avidité et de la haine humaines : le pétrole et le sang.

    « Odeur de la culpabilité »
    Paradoxalement, l’image que l’on reçoit de ce pays paraît déshumanisée, froide. Faite de chiffres, d’analyses et de statistiques. Encore aujourd’hui. De l’Irak, l’on garde bien souvent en mémoire cette grappe de GI’s parcourant le désert ou ce vieux dictateur trainé sur l’échafaud. Mais qui sont les Irakiens ? On l’ignore. Y a-t-il une vie derrière cette toile médiatique ? On n’en sait pas plus. Feurat Alani, en poste à Bagdad entre 2004 et 2008, en a alors « ras-le-bol » et décide, par à-coups de 140 signes, d’ « humaniser l’Irak, en racontant des choses du quotidien et en mettant des visages sur ces chiffres. » Extrait : « 528. Dans la rue, les enfants jouent moins au foot. Ils se font la guerre. L’AK-47 en plastique est le jouet le plus vendu. Arrive ensuite la grenade. Puis le ballon de foot. » On est à Falloujah, en 2004. Dans cette même ville, le football était le sport national, juste devant la poésie, lors du premier séjour irakien de l’auteur, en 1989.

    « Cet Irak est lié à mon enfance. Je crois que l’on poursuit toujours son enfance perdue. Quel que soit le pays d’où l’on vient. C’est une thématique universelle. »

    L’ouvrage, sensible, direct et touchant, peut se lire d’une traite. Ou bien se laisser prendre et reprendre, afin de découvrir toujours un peu plus cet « autre versant de l’Irak ». Qui regorge, évidemment, d’odeurs. Dont celle, pour Feurat Alani, de la culpabilité. « 99. Je réalise naïvement que je ne manque de rien en France, que les priorités ne sont pas les mêmes ici. Je me sens privilégié. Et coupable. » tweete-t-il en se remémorant ce même séjour. « Cette odeur de la culpabilité, j’ai découvert que cela se nommait le syndrome de l’imposture. C’est d’avoir appris très jeune que j’aurais dû naître en Irak et pas en France. Dans la guerre et la misère plutôt que dans un pays paisible comme la France », avoue-t-il. Une odeur qui l’habite encore aujourd’hui, alors qu’il a « le sentiment, parfois, de ne pas mériter ce que je reçois. » Même si lui resteront toujours, lorsqu’il pensera à l’Irak, « l’abricot, la pastèque, l’odeur de la naphtaline aussi. »

    Le parfum d’Irak, Feurat Alani, Arte éditions/Editions Nova, 2018
    A voir également la websérie animée d’Arte « Le parfum d’Irak »

  • « Prisonniers du passage » : une ethnographie de la #détention_frontalière en #France

    A partir des années 1980, les conditions d’entrée dans les pays européens deviennent plus restrictives. Amorçant ce qui est désormais devenu la norme en Europe quels que soient les gouvernements, les politiques publiques migratoires se caractérisent par l’arrêt de l’immigration de travail, le durcissement des critères d’attribution de l’asile politique, l’expulsion des étrangers irréguliers ou ayant reçu une condamnation pénale et les modifications du code de la nationalité. Par ailleurs, dans le processus de construction européenne, la gestion des circulations s’organise à travers un régime double et différentiel, de libre circulation des personnes à l’intérieur de l’espace européen, et de construction renforcée des frontières extérieures. Ce cadre européen met en place un espace stratifié et complexe qui saisit les acteurs de la circulation dans un quadrillage de pratiques et de normes. Cet espace est fait de superpositions, de différences nationales, selon la culture et l’histoire de chaque pays européen, et d’homogénéisations – notamment à travers les accords de Schengen en 1985 et 1990 et le règlement de Dublin1 dont la troisième mouture est en vigueur, la quatrième en préparation.
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    Dans ce contexte, le contrôle des voyageurs et des migrants passe couramment par leur enfermement dans des espaces plus ou moins pénitentiaires. En France, la zone d’attente est une zone extraterritoriale de détention où les étrangers refusés à la frontière sont maintenus en attente de leur admission ou de leur « refoulement » pour une période allant jusqu’à vingt jours. Les zones d’attente sont situées dans ou à proximité des zones internationales aéroportuaires, portuaires, routières ou ferroviaires. En tant qu’assistante juridique pour l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), j’ai eu accès à l’intérieur de la zone d’attente, où j’ai mené une observation de 2004 à 20082 . Cette ethnographie d’une forme particulière de contrôle s’offre comme point de départ pour réfléchir sur le régime mis en place en Europe depuis quelques décennies en partant des différents espaces par lesquels ce régime procède.
    « Une frontière, c’est quoi ? Juste une ligne, rien de plus »
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    Comment se retrouve-t-on détenu « à la » frontière ? Que s’y passe-t-il ? Comment en sort-on ? Et qu’y a-t-il de l’autre côté ? La mise au ban dont témoignent les centres fermés aux frontières est une réalité difficile à saisir : les barrières instituées de l’illégalité, les enjeux de clandestinité, d’anonymat, d’identification font qu’en pratique, ce parcours ne se raconte pas et se dérobe face à l’observation empirique. En s’appuyant sur les expériences vécues d’enfermement et de circulation qui se tissent autour du maintien en zone d’attente, il s’agit d’approcher cette réalité en sondant les lieux par où les individus transitent et les techniques qui mettent en branle leur circulation faite de passages, d’immobilisations et de retours. Cette « errance individuelle »3 , dans la rugosité de ses parcours improbables, nous renseigne en retour sur l’évolution de l’espace public, du rapport au temps et au (non-)lieu qui fondent une modalité inédite de l’inclusion dans l’organisation politique étatique. Imaginons donc un parcours fait de multitude de parcours : un collage d’expériences qui fait surgir les nœuds du voyage et trace les possibles, suit les bifurcations, pointe les tensions. Entrons dans le dispositif.

    Kadiatou Fassi est née à Conakry en Guinée il y a seize ans. Son père était venu d’un village pour étudier dans la capitale, qu’il n’a plus quittée. Sa mère a rejoint son mari en ville après le mariage, mais « elle n’a pas duré » : elle est morte un peu après la naissance de sa fille. Le père de Kadiatou tenait un commerce, et la situation n’était pas mauvaise. Lors des grèves de 20074 , alors qu’on avait déclaré l’état de siège et le couvre-feu – Kadiatou préparait le dîner dans la cour – Monsieur Fassi est blessé par balle lors d’une émeute dans la rue commerçante où se trouve sa boutique. Il meurt.
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    Après l’enterrement de son père, Kadiatou rencontre un de ses anciens clients, qui lui propose de l’aider à partir du pays. Kadiatou sait qu’une cousine maternelle est en France, et elle rêve de s’appuyer sur cette cousine pour venir en France elle aussi. Elle explique son projet, pour lequel elle dispose de l’héritage laissé par son père. L’homme répond que cela tombe bien : il doit aussi se rendre en France. Il lui demande où est sa cousine. Elle ne le sait pas, mais elle a son numéro de téléphone. Kadiatou possède cinq millions de francs (CFA). Le client lui demande trois millions et fait fabriquer un passeport pour Kadiatou : il va devoir changer sa date de naissance pour qu’elle apparaisse comme majeure. Kadiatou accepte. Le client vient ensuite chercher le reste de l’argent : 2 millions. Kadiatou Fassi prend l’avion avec le client de son père, qui s’est occupé de ses papiers d’identité, de son billet d’avion, pour lequel il faut présenter un passeport et un visa, et de leur passage aux comptoirs de vérification à l’aéroport de Conakry.
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    Ils débarquent dans un pays dont elle n’a jamais entendu parler : l’Ukraine. Elle ne connaît personne et ne comprend pas la langue ; elle demande au client de l’emmener chez sa cousine. Il lui demande d’attendre. Il la loge à Kiev, à l’arrière d’un restaurant. Il vient la voir parfois. Deux semaines passent : Kadiatou redemande au client de l’emmener chez sa cousine, comme c’était prévu. Les visites du client s’espacent. Puis il revient, accompagné d’autres hommes. Il déclare à Kadiatou qu’elle doit payer le reste de son voyage. Un jour, il lui rend son passeport, le billet de retour et lui annonce qu’elle rentrera seule le mardi suivant. Elle lui répond qu’elle ne sait pas prendre l’avion. L’homme la fait monter dans un taxi et l’accompagne à l’aéroport : il écrit le nom de la compagnie aérienne, avec lequel Kadiatou Fassi embarque sans encombre pour le voyage du retour : Kiev-Conakri avec une escale à Paris5 .

    Jana Fadhil, son mari Iman et son fils de quatre ans sont arrivés de Damas où ils s’étaient installés après leur départ de Bagdad. Celui qui a organisé leur voyage leur demande de l’attendre à la descente de l’avion, le temps d’emmener leurs passeports et leurs formulaires de douane auprès de ses « connaissances » parmi les policiers, pour les faire tamponner. Leur voyage a coûté 13 000 euros, payables en deux fois. Ils ont avec eux 5 000 euros, la deuxième partie de la somme, qu’ils remettent comme convenu à leur accompagnateur dès leur arrivée à Roissy, et quelques centaines d’euros pour leur séjour. Au bout de quelques heures, voyant que l’homme ne revient pas, Iman part le chercher de-ci, de-là dans le terminal : perdus dans l’aéroport, ils tournent en rond et marchent. Ils restent à attendre dans le hall du terminal avant les douanes jusqu’au soir. Jana Fadhil est enceinte de sept mois. Elle et son fils s’allongent sur le sol ; son mari dort sur une chaise. Ils se nourrissent au comptoir snack du terminal : une bouteille d’eau coûte 4,5 euros, un gâteau, 1,5 euro. Le jour suivant, ils ont déjà dépensé 260 euros en nourriture et téléphone et commencent à être à court d’argent. Dans l’après-midi suivant, Jana fait un malaise et prend peur de perdre son bébé : ils se dirigent vers les postes de douane. Ils restent deux heures devant un poste en essayant de capter l’attention des officiers qui vont et viennent. Finalement, l’un d’eux se tourne vers eux ; Iman lui dit en anglais :

    - Un homme nous a laissés ici.

    - Venez avec nous.

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    En escale à Paris, Kadiatou Fassi ne prend pas la correspondance pour Conakry. La police l’intercepte dans le terminal : elle est emmenée au poste pour un interrogatoire. Les policiers la questionnent sur son accompagnateur, lui demandent où il se trouve à présent. Dans l’après-midi, ils la conduisent au prochain vol vers Conakry. Kadiatou refuse de monter dans l’avion : elle dit à la police qu’elle ne sait plus comment vivre chez elle : comme elle a donné son argent pour venir, elle a été délogée de sa maison. Les policiers lui demandent à nouveau de monter dans l’avion, en la menaçant de lui mettre des menottes s’il elle ne le fait pas. Elle a peur et se met à pleurer. Ils la reconduisent dans le poste de police. Kadiatou attend dans une cellule fermée à clé, une vitre donne sur le couloir du poste. Il y a un banc en ciment et un téléphone au mur qui ne marche pas. Sans trop savoir de quoi il s’agit, Kadiatou Fassi se souvient qu’en Guinée, certains disaient qu’« il y a l’asile qu’on demande pour ne pas qu’on te retourne ». Un policier ouvre la porte quelques heures plus tard : elle lui demande de « l’aider à demander l’asile ». Au comptoir du poste, un policier imprime une série de documents, lui demande d’en signer certains et lui tend la pile de ses « papiers de police ». Trois agents la conduisent, en compagnie de plusieurs autres hommes, femmes et enfants, dans le centre de Zapi 3. Une employée de la Croix-Rouge les accueille à l’étage : elle leur donne à chacun des draps et une serviette, et leur montre leur chambre. Kadiatou Fassi a une chambre seule, dans la partie réservée aux « #mineurs_isolés ».

    Djibril Ba attend dans le couloir, assis sur le rebord d’une cabine de douche. En fin de matinée, une voix lui demande en anglais de descendre avec ses papiers de police. Il se rend au bureau de la Croix-Rouge qui se trouve à quelques mètres en disant qu’il vient d’être appelé. Une médiatrice lui dit qu’il doit descendre et sonner à l’interphone dans le hall, la police lui ouvrira. En bas, un policier lui ouvre : « police papers », puis l’accompagne le long d’un couloir au plafond immense jusqu’à une double porte électrifiée qu’il ouvre à l’aide de cartes magnétiques. Il se trouve dans un hall d’attente, dans lequel la lumière du jour entre par une porte vitrée qui donne sur une deuxième salle d’attente, à l’entrée du centre. Deux policiers sont assis à une petite table et discutent entre eux. Le hall donne sur plusieurs pièces : certaines sont réservées aux visites entre les maintenus et leur famille ou leur avocat ; d’autre aux entretiens de demande d’asile avec un agent de la division asile à la frontière. Djibril Ba attend sur les chaises alignées du hall, il est seul avec les deux policiers assis devant le petit bureau. Une porte s’ouvre au fond du couloir, un des policiers appelle Djibril et le fait entrer dans le bureau de l’agent de l’Ofpra. L’homme d’une trentaine d’années est assis derrière un ordinateur, dans un bureau très clair garni d’une grande fenêtre à poignées qui donne sur des haies d’arbustes. L’agent de l’Ofpra laisse d’abord Djibril parler, puis il lui pose quelques questions factuelles. Il fait des photocopies de sa carte de militant et de photos que Djibril Ba a emmenés avec lui. L’entretien dure une heure, puis Djibril est reconduit à travers les sas et les couloirs vers le centre d’hébergement à l’étage. Dans l’après-midi, Djibril Ba entend à nouveau son nom au haut-parleur : on lui demande de descendre avec ses papiers de police. Un policier le reconduit vers les bureaux de l’Ofpra, où l’attend le même agent :

    - Avez-vous un dernier mot à ajouter ?

    - Non, tout ce que je voulais dire, je l’ai dit. Je veux avoir l‘asile, car j’ai des problèmes dans mon pays.

    - Ok. Je photocopie tous vos documents et je les mets dans votre dossier pour le ministère de l’Intérieur. Mon avis est consultatif, mais ce sont eux qui prennent les décisions.6

    Djibril Ba remonte dans sa chambre. Dix minutes plus tard, il est appelé à descendre et il est reçu encore une fois dans le bureau par l’agent qui est accompagné cette fois d’un autre officier. On lui pose de nouvelles questions : Pourquoi a-t-il fui le Mali mais est-il arrivé par la Côte d’Ivoire ? Pourquoi est-il entré dans la rébellion ? À la fin de l’entretien, on lui redemande pourquoi il demande l’asile. Il l’explique à nouveau. Les deux hommes s’interrogent du regard et le second opine : « Ce sera tout merci ». L’entretien dure quelques minutes.

    Le lendemain de son entretien, James est appelé en bas avec ses papiers de police et ses bagages. Il a peur. Il ne veut pas descendre. Il me demande plusieurs fois pourquoi il doit descendre avec son sac. James est petit et coquet, un béret beige sur la tête, des bottines en crocodiles, une valise rigide grise métallisée. Il sent la crème hydratante. Il était syndicaliste à Lagos, au Nigeria. Il a demandé l’asile et attend une réponse. Il a retranscrit son récit d’asile sur quatre feuilles qui traînent sur sa table de nuit. Très peu de Nigérians obtiennent l’asile politique : le Nigeria fait partie des « principales nationalités des déboutés » de l’asile en France entre 2003 et 20077 . Il fait calmement, minutieusement son sac. Il me demande de l’attendre : il va aller aux toilettes. Après cinq bonnes minutes, il finit de boucler sa valise, plie les feuilles et les met dans sa poche. On descend ensemble. Je veux vérifier que sa notification de refus de demande d’asile ne lui sera pas remise au moment où ils vont l’emmener pour un embarquement forcé. Si c’est le cas, il faudra se plaindre à la police, car la notification doit avoir lieu avant l’embarquement. Mais ça ne changera rien pour James. Le problème est que je ne connais pas le nom de famille de James : ça sera difficile de déposer une plainte sans pouvoir donner le nom de famille du maintenu. Je n’ai pas le temps de demander le nom de James ; on est arrivé dans le hall du rez-de-chaussée, James a sonné, un policier a ouvert et lui a demandé ses papiers de police :

    - Oui c’est bon, veuillez me suivre.

    - Excu…

    J’essaie de placer un mot, mais la porte s’est déjà refermée sur moi. Je le laisse partir, je ne peux rien dire. Légalement, il n’y a rien d’anormal à ce qui vient de se passer. Louis, un demandeur d’asile nigérian que j’ai rencontré tout à l’heure nous a suivi dans le hall :

    - Qu’est-ce qui est arrivé à mon collègue ?

    - Je ne sais pas.

    Il me le demande plusieurs fois. Un policier en tenue d’escorte8 passe devant nous. Je lui demande s’il sait « où est parti le Nigérian ». « Quel Nigérian ? Quel est son nom ? Vous avez son numéro de MZA9 ? » Il ne peut pas m’aider s’il ne connait pas son nom ; mais il sait qu’un Nigérian a eu l’asile politique aujourd’hui. C’est rare. Je me demande si c’est James. Plus tard, depuis la fenêtre du bureau, je vois James mettre sa valise grise dans une voiture de la Croix-Rouge. Elle va le conduire au kiosque d’orientation de l’aéroport de Roissy pour ceux qui ont été admis à demander l’asile en France.
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    Au Terminal 1 de l’aéroport, au niveau des arrivées, derrière la porte à deux battants nº 24, accessible par les escaliers réservés au personnel technique, se trouve le bureau de la Croix-Rouge où Halima Seyum a été conduite après avoir été admise à sortir de zone d’attente au titre de l’asile. Une employée de la Croix-Rouge lui a remis une feuille listant les numéros de téléphone utiles pour son parcours d’asile : France terre d’asile, pour la domiciliation, la préfecture de la Seine Saint-Denis, pour le dépôt de sa demande, la Cimade, ouverte tous les mardis matins à partir de 8 h (prévoir d’être sur place une heure avant), si elle a besoin de conseil juridique. L’employée explique à Halima que la police lui a remis un « récépissé » de demande d’asile. Elle doit absolument se présenter à la préfecture d’ici huit jours pour enregistrer sa demande (l’examen en zone d’attente est une présélection qui l’a uniquement admise à présenter sa demande d’asile : la procédure reste entièrement à faire). Elle doit d’abord disposer d’une adresse. À ce sujet, elle devra se présenter à l’association France terre d’asile, qui la domiciliera : elle passera tous les deux jours vérifier le courrier administratif qui lui sera dès lors envoyé à cette adresse. Mais il reste à trouver un hébergement. Je reçois l’appel d’une assistante sociale de la Croix-Rouge à Roissy, de la part d’Halima Seyum. En effet, oui, je la connais : je l’ai aidée à préparer son entretien de demande d’asile (je l’ai « briefée ») et je lui ai laissé mes coordonnées. Halima ne sait pas où dormir ce soir : ils n’ont pas de place pour elle, est-ce que je pourrais l’accueillir ? Je dis que c’est impossible (je loge moi-même chez un ami).

    C’est bien ce que je pensais… On va essayer de lui trouver une place à l’Aftam 93, les foyers pour demandeurs d’asile ; mais tout est plein en ce moment. Au pire, on lui trouvera une chambre d’hôtel pour ce soir.

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    À 6 h du matin, un groupe de maintenus est conduit de la zone d’attente vers le Tribunal de grande instance. En début d’après-midi, les maintenus sont accompagnés par une dizaine de policiers dans la salle des audiences du 35 quater, où un juge des libertés et de la détention examine la légalité de leur procédure de détention, et se prononce sur le prolongement de leur maintien en zone d’attente. Jana Fadhil a été hospitalisée le lendemain de son transfert en zone d’attente ; l’avocat commis d’office présente au juge le certificat médical établi à l’hôpital en insistant sur les problèmes de santé de Jana, enceinte, et d’Iman, diabétique. Le juge décide de ne pas prolonger le maintien de la famille. À la sortie de l’audience, Jana, Iman et leur fils se font indiquer la direction du métro vers Paris.

    La cousine de Kadiatou Fassi est venue à l’audience du 35 quater avec les documents que l’avocat lui a demandé d’apporter : un certificat de naissance pour attester de ses liens de famille avec Kadiatou ; un avis d’imposition qui prouve qu’elle a des ressources suffisantes pour s’en porter garante. Mais Kadiatou n’est pas présentée au juge ce jour-là. Sa cousine appelle la zone d’attente, où un officier lui explique que Kadiatou Fassi a « bien été réacheminée » vers Conakry la veille.

    Djibril Ba a contacté un avocat avec l’aide d’un cousin en France dont il avait les coordonnées. Celui-ci lui a demandé 900 euros d’honoraires et a exigé l’intégralité de la somme d’avance. Durant l’audience, il soulève quelques points de procédure ; le juge décide cependant de maintenir Djibril Ba (comme toutes les autres personnes qui lui sont présentées ce jour-là) en zone d’attente, « attendu que l’intéressé a formé une demande d’asile [qui] est en cours d’examen ».
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    Quatre jours après avoir eu un entretien d’asile, Abdi Hossein est appelé par la police. L’officier qui lui ouvre le fait entrer et l’accompagne jusqu’à un bureau. Un agent imprime deux feuilles, et lui demande de signer en bas de la seconde. Puis on le raccompagne dans le hall.

    Considérant que X… se disant M. Abdi Hossein déclare qu’il serait de nationalité somalienne, qu’il serait né et résiderait à Afgoy, qu’il serait cultivateur, qu’il serait membre du clan minoritaire Sheikhal et du sous-clan Djazira, que le clan Habar Guidir serait majoritaire à Afgoy, que par crainte pour sa sécurité il ne serait pas beaucoup sorti de son domicile, qu’en décembre 2006, son père aurait été assassiné par balle en sa présence, devant la porte de sa boutique, par un groupe armé appartenant au clan Habar Guidir qui voulait extorquer son argent ; que ces miliciens connaîtraient ce quartier, viendraient enlever des personnes et les déposséder de leur bien, que suite à cet événement et en raison de la guerre civile, il aurait décidé de quitter son pays ; qu’un ami de son père lui aurait conseillé de se rendre en France afin d’y solliciter l’asile et aurait organisé son voyage via le Kenya ;

    Considérant toutefois que le récit de l’intéressé qui prétend être de nationalité somalienne et fuir son pays afin de sauvegarder sa sécurité n’emporte pas la conviction, que ses déclarations revêtent un caractère convenu, imprécis et dénué de spontanéité, notamment en ce qui concerne les circonstances dans lesquelles son père aurait été assassiné, en sa présence, en décembre 2006, par des personnes armées appartenant au clan de Habar Guidir, que de plus il reste très évasif à propos de la politique récente à Afgoy où il affirme pourtant avoir toujours résidé et de cette zone géographique – il ignore jusqu’aux noms des principaux quartiers de sa ville, que de surcroît il n’est guère plus explicite s’agissant des conditions dans lesquelles il aurait quitté son pays, qu’enfin il n’apport aucune explication sur son départ du Kenya et se borne à indiquer qu’il aurait suivi le conseil d’un ami de son père lui recommandant de solliciter l’asile en France, que l’ensemble de ces éléments incite à penser que contrairement à ce qu’il affirme, il n’est pas originaire de Somalie, que dès lors, sa demande ne saurait aboutir ;

    Qu’en conséquence, la demande d’accès au territoire français formulée au titre de l’asile par X… se disant M. Abdi Hossein doit être regardée comme manifestement infondée.

    Considérant qu’il y a lieu en application de l’article L.213-4 du Code d’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, de prescrire son réacheminement vers le territoire de la Somalie ou, le cas échéant, vers tout territoire où il sera légalement admissible.

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    Abdi Hossein se rend au bureau de la Croix-Rouge pour comprendre ce qu’il y a écrit sur le document que la police vient de lui remettre. Un employé de la Croix-Rouge lui conseille d’aller au bureau de l’Anafé, au fond du couloir. Lise Blasco, bénévole à l’Anafé, reçoit Abdi et lui explique son rejet de demande d’asile, avec l’aide d’un traducteur bénévole en somali, contacté par téléphone. Elle décide de présenter un recours juridique devant le Tribunal administratif pour contester le rejet de la demande d’asile d’Abdi. À nouveau, elle interroge longuement Abdi Hossein avec l’aide de l’interprète. Puis elle l’accompagne à l’infirmerie du centre, afin que le médecin de garde lui établisse un certificat médical attestant des impacts de balle qu’Abdi dit avoir reçu dans chaque jambe. Ensuite, Lise Blasco ferme la porte du bureau à clé et se met à rédiger le référé qu’elle faxe aux greffes du Tribunal administratif en début de soirée. Quelques heures plus tard, Abdi Hossein est appelé à descendre avec ses bagages.
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    Amadou Mporé arrive ému dans le bureau. Il s’assoit devant moi et sort de sa poche une boule de tissu, un débardeur déchiré, en sang, qu’il pose sur la table.

    À 10 h du matin, je suis appelé en bas avec mes bagages. Je descends avec mon sac et je sonne à l’interphone. Le policier me fait entrer dans une salle d’attente et me demande de patienter. Je reste assis deux heures. À l’appel du repas de midi, le policier me dit d’aller manger en laissant mon sac ici et me demande de revenir sonner après le repas. Il me raccompagne dans le hall où je rejoins les autres qui vont au réfectoire. À table, des gens me demandent ce que je faisais avec la police, où j’étais et pourquoi. Je ne parle pas : je ne les connais pas, et puis un policier surveille le réfectoire. Je reviens dans la salle d’attente vers 12 h 30. Deux policiers en uniforme bleu-marine, avec des Rangers aux pieds, des gants en cuir noir, une matraque à la ceinture, entrent peu après. Il me disent qu’ils vont m’emmener à l’aéroport : ‘Tout se passera bien si tu te tiens tranquille, mais si tu fais des difficultés, on va t’attacher’. Je crie, je ne veux pas qu’on m’attache. Les policiers se dirigent vers moi, ils sont au nombre de six. Ils ont été rejoints par leurs collègues en chemise bleu ciel et képi, qui étaient assis dans la salle d’attente. Ils ont commencé à m’attacher avec des bandes. Je criais : ‘Laissez-moi ! Laissez-moi !’ J’ai pleuré. J’ai enlevé ma chemise, je me suis trouvé en débardeur. Les policiers m’ont pris par le cou et m’ont renversé en avant. Je suis tombé le visage à terre, je me suis ouvert la lèvre. Ils se sont mis à frapper : ils ont piétiné ma jambe avec leurs chaussures, le tibia, le genou gauche, le pied droit. L’un d’entre eux a mis son genou sur ma joue, il a plaqué mon visage contre le sol. La bagarre a duré entre dix et vingt minutes peut-être. Une camionnette de police est venue se garer devant la porte de sortie qui relie le poste de police au parking, mais on ne m’y a pas emmené. Je suis allé m’asseoir. Certains policiers en tenue d’escorte et d’autres en chemise bleue claire ont voulu me donner un verre d’eau. J’ai dit : ‘Non, je ne veux pas d’eau’. J’ai pleuré, pleuré. Le jeune policier qui m’a donné l’eau m’a conseillé :

    - Prends un avocat.

    - Si j’avais volé, vous pouviez me faire ça. Mais je n’ai pas volé. Vous ne pouvez pas me faire ça. Je vais prendre un avocat. Je vais prendre un avocat.

    Les policiers me disent d’attendre. Je leur dis que je veux me laver. Un policier en bleu marine (un métis, costaud) m’a accompagné chez le médecin. Lui n’était pas là en même temps que les autres, il est venu plus tard avec la camionnette ; lui ne m’a pas touché. Dans le cabinet médical, une infirmière prend ma tension, un médecin m’ausculte, il me demande où j’ai mal. Il me donne un comprimé contre la douleur. Non, il ne me donne pas de certificat médical : ce qu’il a écrit, il l’a gardé pour lui. Puis je suis monté directement chez toi ici.

    Six jours après son arrivée en zone d’attente, Djibril Ba est appelé à descendre avec ses bagages. Il est menotté et escorté par trois agents de l’Unité nationale d’escorte, de soutien et d’intervention (UNESI) vers Bamako, où il est remis aux mains des officiers de la police locale.
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    À 23 h 15, Abdi Hossein est placé en garde à vue. Il comparaît deux jours plus tard devant la 17e chambre du Tribunal correctionnel pour « infraction d’entrée ou séjour irrégulier et soustraction à l’exécution d’une mesure de refus d’entrée en France ». Il est condamné à un mois de prison ferme et transféré à la prison de V.
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    Halima Seyum me rappelle depuis un foyer Emmaüs dans le 14e arrondissement de Paris. Elle y est logée pour une nuit seulement, car c’est un foyer d’urgence pour les gens sans domicile. Elle attend d’être placée dans un foyer Aftam 93. Je vais la voir dans son foyer vers 16 h. Il ressemble à une vieille école, un bâtiment qui date du début du vingtième siècle, une esthétique de lieux publique des années 1960 : linoléum gris, meubles en bois véritable dépareillés, chaises d’école aux barreaux gris vert métallisés, odeur de gras. Nous allons boire un café dans le réfectoire, sur des tables longues couvertes de nappes en plastique. Tout est propre et patiné, pas encore aligné sur les matières plastiques et les formes rondes grossières que l’on trouve partout dans le neuf aujourd’hui, et aussi en zone d’attente. Son récépissé de huit jours, dans le délai desquels elle doit faire une demande d’asile à la préfecture, expire le lendemain. Le responsable du centre dit qu’ils enverront d’ici là sa demande d’asile à la préfecture, le cachet de la poste faisant foi.
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    Quelques jours plus tard, le téléphone sonne. C’est un employé de l’hôtel « Première Classe » à D. qui m’appelle à la demande de Halima Seyum. Elle n’a pas eu de place au foyer Aftam, mais elle a désormais une chambre jusqu’au 30 avril dans cet l’hôtel, où l’Aftam a logé, sur le même étage, d’autres demandeurs d’asile n’ayant pas pu être hébergés en foyer. Situé à une sortie du périphérique extérieur, l’hôtel ressemble à un « Formule 1 » de luxe, avec des orchidées sur le comptoir, une salle à manger propre et avenante, des distributeurs de café, de gâteaux et toutes les commodités nécessaires à un service sans personnel. Des cars de touristes sont alignés sur le parking. Halima est inquiète pour la nourriture. À l’Aftam, on lui a donné vingt euros pour la semaine, et la semaine prochaine, on lui donnera encore vingt euros. Ce n’est pas beaucoup. Quand elle est revenue de l’Aftam, elle avait très faim, elle se sentait mal. Alors elle a acheté une part de pizza dans la rue, mais elle a dépensé quatre euros sur les vingt qu’elle possède pour la semaine ! Elle voudrait partir en Angleterre : elle parle l’anglais, mais pas un mot de français, et sa compagne de chambre lui a dit qu’on pouvait travailler là-bas. Demandeuse d’asile renvoyée de Belgique sous le règlement « Dublin II », cette dernière est en Europe depuis quelques années déjà, et connait la ville.
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    Il faut bien réfléchir à cette question de départ vers l’Angleterre. Halima a été admise à la frontière comme demandeuse d’asile, ce qui indique qu’elle a de bonnes chances d’obtenir l’asile – l’examen aux frontières est paradoxalement réputé plus difficile que l’examen de fond de la demande d’asile par l’Ofpra. Nous avons pris du café, nous sommes montées dans sa chambre, nous nous sommes assises sur son lit, dans une belle lumière de fin d’après-midi :

    La guerre entre l’Érythrée et la Somalie a fait beaucoup de morts. La guerre est bête. Nous vivons ici, eux vivent là-bas, et l’on décrète qu’il y a une frontière, là, et pour cette frontière, juste pour une ligne, on va s’entretuer, on va faire la guerre et tuer des milliers de gens. Pour cette ligne. Une frontière, c’est quoi ? Juste une ligne, rien de plus. La Somalie et l’Érythrée se sont disputées pour cette ligne, ils ont envoyé beaucoup de monde à la guerre, beaucoup de gens sont morts. Mes deux frères ont été envoyés à la guerre. Les deux : d’abord un, et puis ils sont venus chercher d’autres jeunes et ils ont pris le deuxième. Mes frères et sœurs avaient peur. On n’a eu aucune nouvelle. On ne savait pas où ils étaient : personne ne disait rien et les nouvelles non plus ne disaient rien. Il y a eu beaucoup de morts. Un jour, un train est arrivé, tout le monde est allé à la gare et l’on attendait les noms : ils lisaient une liste, et ceux qui étaient sur la liste, on savait qu’ils étaient morts. J’avais peur. J’ai attendu dans la peur et quand j’ai entendu le nom de mon frère, j’ai pleuré. Et je restais encore devant la liste. Et puis ils ont dit le nom de mon deuxième frère et je me suis évanouie. Les voisins m’ont ramenée à la maison. Mon père était très malade déjà à ce moment-là… Ah, ce ne sont pas des choses gaies. Excuse-moi, je t’ennuie en te racontant ces choses. Toi tu es ennuyée, mais moi ça me fait du bien, ça me soulage le cœur.

    On s’est dit au revoir en début de soirée. On s’est rappelées plus tard : je partais quelques semaines au Canada. Halima m’a souhaité bon voyage et m’a dit que si l’on ne se revoyait pas d’ici mon départ, elle me disait au revoir. Je suis passée à l’hôtel avant de partir, mais elle m’avait prévenue qu’elle ne serait sans doute pas là, parce qu’elles allaient, avec sa compagne de chambre, à l’Armée du salut pour chercher de la nourriture. Pas encore rentrée ? Déjà partie ? À mon retour du Canada en mai, j’ai appelé Pierre Gilles, du foyer Emmaüs, qui m’a amicalement donné le contact de la personne qui s’occupait de Halima à l’Aftam. Je l’ai appelé pour avoir des nouvelles ; il m’a dit un peu sèchement : « elle a disparu dans la nature ».

    #Confinement et #subjectivation

    Comment le contrôle frontalier fonctionne-t-il au quotidien ? Quelles fonctions garde-t-il dans une perspective à plus long terme de parcours dans le pays d’accueil ? Comment les gestions institutionnelles de la circulation produisent-elles de nouvelles façons de gouverner les non-nationaux, aussi bien « étrangers » qu’« apatrides » : ceux dont le lien à l’État et à la Nation est de fait suspendu ? Voici quelques questions qui se posent au regard des parcours esquissés. Chacun bien sûr entre dans ces apnées administratives avec son bagage : ses connaissances, ses résistances, ses références, ses ressources, ses peurs. Fereydoun Kian mesure deux mètres pour une centaine de kilos : il sera directement placé en garde à vue sans subir de tentative de renvoi sous escorte. Sylvie Kamanzi s’en tient fermement aux connaissances administratives qu’elle a développées au cours de dix ans d’exils successifs entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC) : d’abord, ne pas laisser savoir que l’on est rwandaise ; ensuite, face aux extorsions et aux violences de la police, toujours refuser de se rendre à un interrogatoire et garder le silence. Ces leçons tirées de l’expérience la mèneront très vite à un malentendu indénouable avec l’administration et à son refoulement dans le premier avion du retour.
    23

    Si les personnes placées dans des centres de rétention administrative (CRA) pour les sans-papiers arrêtés sur le territoire français ont toutes fait l’expérience, quoique différente, d’une vie en France et souvent d’un parcours administratif10 , ceux qui débarquent des avions ne partagent aucune expérience commune. Il n’existe pas de seuil, même minimal, de connaissance partagée de la culture administrative nationale, de la culture matérielle globale qui prévaut dans les aéroports et les nouveaux centres aseptisés11 , des codes moraux et humanitaires de la démocratie occidentale12 ; pas de continent commun, de langue commune ni de formation politique identique. Comment comprendre l’expérience intime du maintien en zone d’attente en s’attachant à des situations et des trajets si variés, dont le vécu s’inscrit dans des grammaires culturelles, un univers symbolique, des savoirs pratiques différents ? Est-ce que le même mot de « maintenus » est suffisant pour conférer une situation commune à ce kaléidoscope d’expériences qui se croisent dans le temps court de la détention frontalière ?

    https://www.politika.io/fr/notice/prisonniers-du-passage-ethnographie-detention-frontaliere-france
    #frontières #rétention #détention_administrative #zone_d'attente #MNA #mineurs_non_accompagnés #disparitions #Guinée_Conakry #aéroport #Zapi_3 #Ofpra #asile #migrations #réfugiés #Croix-Rouge #Aftam_93 #police #violences_policières #Unité_nationale_d'escorte_de_soutien_et_d'intervention #UNESI #hébergement #logement #CRA #débouté #sans-papiers

  • Les parfums évoluent mais l’odeur de la poudre imprègne et ne s’oublie jamais. De la mort non plus.

    Parfum d’Irak » : vingt ans de sang d’encre - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2018/10/09/parfum-d-irak-vingt-ans-de-sang-d-encre_1684296

    Témoin épisodique de toutes ces années où son pays s’enfonce dans les ténèbres, Feurat Alani raconte ses voyages successifs dans l’Irak de ses parents entre 1989 et 2011. Né à Paris, ce fils d’un exilé politique ayant fui la dictature du « raïs » porte d’abord son regard d’enfant en « vacances » sur sa famille à travers les très nombreux oncles, tantes, cousins et voisins, qui présentent chacun un aspect de l’Irak du moment et de toujours.

    Et plus tard, celui du journaliste installé comme correspondant de plusieurs médias français à Bagdad. « L’Irak n’est pas un chiffre ni une morgue. Raconter la mort quand c’est nécessaire, oui. Mais il faut raconter la vie avant tout », écrit Feurat Alani dans le roman graphique Parfum d’Irak. Publié parallèlement à la diffusion de la web-série, ce récit en 1 000 tweets suit le cours des 20 épisodes animés. Les deux productions sont illustrées par Léonard Cohen, dans un contraste tricolore épuré de dégradé d’ocre, de noir et de rouge.

    #irak #Feurat_Alani

  • Les Iraniens secoués, mais unis, après l’attentat à Ahvaz
    https://www.lemonde.fr/international/article/2018/09/22/en-iran-l-attaque-terroriste-a-ahvaz-secoue-et-unit-la-population_5358858_32


    Des soldats iraniens portent un de leurs camrades blessés dans l’attaque terroriste d’Ahvaz, le 22 septembre.
    MORTEZA JABERIAN / AFP

    Ce 22 septembre, à la nuit tombée, la vie reprend son cours dans la ville d’Ahvaz, frappée quelques heures plus tôt par un attentat. Dans les hôpitaux de la ville, pourtant, hommes et femmes attendent toujours les nouvelles de leurs proches qui étaient présents lors du défilé militaire ciblé par l’attaque qui a fait au moins 29 victimes dans la matinée.

    La liste publiée par les autorités mentionne 25 noms : des membres des gardiens de la révolution (l’armée d’élite) et du bassidj (les miliciens volontaires), mais aussi des simples soldats faisant pour certains leur service militaire, obligatoire en Iran, ainsi qu’un garçon de 4 ans. Quatre corps ne sont toujours pas identifiés.

    Alors que la République islamique commémorait ce samedi le déclenchement par Bagdad de la guerre entre l’Iran et l’Irak (1980-1988), quatre hommes en uniformes ont ouvert le feu sur les militaires et la foule venue assister à la parade. Selon les officiels, les assaillants ont tous été tués. L’attaque a aussi fait une soixantaine de blessés, dont des enfants et des femmes.
    […]
    Sur les réseaux sociaux, l’attaque terroriste a uni bien des Iraniens, qu’ils soient réformistes ou conservateurs. Tous craignent que le pays sombre dans l’insécurité et l’instabilité. Pour beaucoup de ces internautes, il s’agit d’un complot orchestré par « le triangle » formé par le président des Etats-Unis Donald Trump, son homologue israélien Benjamin Nétanyahou, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, cherchant « la dislocation de l’Iran ».

  • Civils tués en Irak : annulation du procès d’un ex-agent de Blackwater | États-Unis
    http://www.lapresse.ca/international/etats-unis/201809/05/01-5195388-civils-tues-en-irak-annulation-du-proces-dun-ex-agent-de-blackwa

    Agence France-Presse
    WASHINGTON
    La justice américaine a annulé mercredi, faute d’unanimité du jury, le procès d’un ancien agent de la société de sécurité privée Blackwater, jugé après un carnage en Irak qui avait suscité une indignation mondiale.

    Le 16 septembre 2007, des employés de la société #Blackwater, qui a depuis changé de nom, avaient ouvert le feu à la mitrailleuse et jeté des grenades sur un carrefour très fréquenté de Bagdad, alors qu’ils circulaient en véhicules blindés.

    La fusillade avait fait au moins 31 victimes civiles, dont des femmes et enfants, tuées ou blessées.

    Les agents avaient assuré avoir été la cible de tirs d’insurgés, une affirmation contredite par les témoignages et les procureurs.

    La #bavure [sans guillemet, à l’aise] avait suscité un scandale international et renforcé le ressentiment de la population irakienne envers les Américains. Blackwater était devenue le symbole de ces sociétés accusées d’opérer en pleine impunité sous contrat avec le gouvernement américain.

    Lors d’un procès-fleuve en 2014, Nicholas Slatten, accusé d’avoir ouvert le feu en premier et d’avoir prémédité son acte, avait été reconnu coupable de l’assassinat d’un civil irakien et condamné à la réclusion à perpétuité.

    Avant cette tuerie, il aurait dit à des proches qu’il voulait « tuer autant d’Irakiens qu’il pouvait pour se « venger » du 11-Septembre », selon des documents judiciaires.

    Trois de ses anciens collègues avaient écopé de 30 ans de prison pour le meurtre de treize Irakiens.

    Il y a un an, ces décisions avaient été invalidées par la cour d’appel de Washington, pour qui M. Slatten aurait dû être jugé dans un procès distinct de ses collègues. Des témoignages avaient également mis en doute le fait qu’il ait tiré en premier.

    À l’issue de son second procès devant un tribunal fédéral de Washington, les jurés n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur sa culpabilité. Face à cette « impasse », un juge a annulé le procès.

    Selon un porte-parole du tribunal, il revient désormais à des procureurs d’organiser un troisième procès ou d’abandonner les poursuites.

    #justice du #justicier_mondial

  • Réforme européenne du droit d’auteur : la bataille fait rage - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/280818/reforme-europeenne-du-droit-d-auteur-la-bataille-fait-rage

    Cela fait maintenant plus de trois ans et demi qu’une guerre de lobbying d’une rare intensité fait rage au sein des institutions européennes autour d’une réforme de la législation en matière de droit d’auteur.

    Dans un camp, toute l’industrie du cinéma et de la musique ainsi que les principaux grands éditeurs européens se battent pour une version plus répressive du texte, qui imposerait aux plateformes de nouvelles obligations en matière de lutte contre la diffusion de contenus illégaux et à Google de mieux rémunérer les sites de presse.

    Mardi 28 août, ces derniers ont frappé un grand coup en publiant simultanément dans plusieurs dizaines de journaux européens une tribune en faveur d’un « droit voisin » que prévoyait l’article 11 de la réforme. Celui-ci consisterait à ouvrir un droit à rémunération au bénéfice des sites de presse pour avoir le droit d’afficher le moindre extrait d’un article, même si c’est pour en faire la promotion par le biais d’un lien, comme sur Google News par exemple.

    Cette mesure serait pour la presse « une question de vie ou de mort », estiment les 78 journalistes signataires de la tribune publiée mardi. Ce texte, initié par les éditeurs, a été rédigé par le directeur du bureau de l’AFP à Bagdad, Sammy Ketz. Il accuse Google de pratiquer, via Google News, « un siphonnage qui dépouille les médias des recettes auxquelles ils ont droit ». « Il est temps de réagir, conclut Sammy Ketz. Le Parlement européen doit voter massivement en faveur de droits voisins aux entreprises de presse pour que vivent la démocratie et un de ses symboles les plus remarquables : le journalisme. »

    Dans l’autre camp, on trouve les éditeurs de presse indépendants et les associations de défense des libertés numériques, associées pour l’occasion à leurs ennemis jurés, les grandes plateformes du Net, Google en tête. Ceux-ci soulignent tout d’abord que l’article 11 ne s’appliquerait pas qu’à Google mais à tous les internautes et que ce nouveau droit voisin pourrait conduire à créer une « Link Tax », une taxe sur les liens.

    Dans une lettre ouverte envoyée aux institutions européennes en septembre 2017, l’association des éditeurs de presse européens indépendants, l’European Innovative Media Publishers (dont fait partie le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne, le Spil, auquel adhère Mediapart), avait elle aussi pris position contre cet article 11 en soulignant que cette solution avait déjà été appliquée dans certains pays avec des conséquences désastreuses, comme en Espagne où Google a tout simplement décidé de fermer son service Google News en 2014.

    #Copyright #Droit_auteur #Lobbying #Parlement_européen #Julia_Reda

  • NOUVELLES VAGUES RÉVOLUTIONNAIRES

    Devant l’expansion de la guerre au Moyen-Orient et les nouvelles vagues révolutionnaires en Iran-Irak : Vers une rencontre internationale au Kurdistan 

    Au cours des dernières décennies, la société capitaliste dans son ensemble se divise de plus en plus en deux grandes armées ennemies se faisant directement face : la bourgeoisie et le prolétariat. Notre époque, l’époque de l’approfondissement de la crise industrielle et commerciale mondiale et donc de l’intensification de la lutte des classes dans le monde a déjà franchi diverses étapes de développement, à travers lesquelles le prolétariat a dépassé sa première phase des phénomènes isolés et sporadiques. La croissance de la guerre de classe prendra de plus en plus une forme toujours plus internationale. Et malgré la guerre capitaliste au Moyen-Orient, et les nouvelles tentatives du capitalisme mondial pour élargir le cercle de la guerre sous prétexte de démanteler les armes nucléaires de l’Iran, le prolétariat de cette région s’est engagé dans l’actuelle vague internationale de lutte des classes. Les grèves et les manifestations en Iran se sont étendues à plus de 249 villes dans l’ensemble des 31 provinces iraniennes. Ces vagues révolutionnaires n’avaient pas pris fin en Iran que le prolétariat en Irak entrait à son tour dans cette arène de lutte historique.

    En juillet 2018, une nouvelle vague de lutte de classe s’est déclenchée en Irak, avec 30 victimes tuées et 700 blessées au cours des 10 derniers jours, plus de 50 policiers et agents de sécurité ont été blessés – le prolétariat en Irak a également commencé à se déplacer vers la scène universelle de la lutte des classes. Au cours de la même semaine, des manifestations ont éclaté dans toutes les villes du centre et du sud de l’Irak, où des dizaines de manifestants ont été blessés et des centaines arrêtés. Des manifestants ont attaqué un palais de justice, le quartier général du gouvernorat, le quartier général du Hezbollah irakien à Nadjaf, incendiant leur bureau et provoquant la suspension du trafic aérien. Les manifestants de Nadjaf ont occupé l’aéroport international et incendié les bâtiments de la municipalité. Le gouvernement a coupé l’Internet et bloqué les médias sociaux et il a lancé un ordre national aux forces de sécurité d’être en alerte maximale afin d’endiguer le mouvement révolutionnaire. Et au contraire, la ville de Bagdad a rejoint le mouvement. Enfin, le mouvement a montré son développement dans des tentatives répétées de mise en place de comités à Bagdad qui est une tentative de coordonner les manifestations dans tout le pays.

    Tous ces événements témoignent de la montée en puissance du prolétariat, non seulement en nombre, mais en concentration dans des masses plus grandes. C’est une preuve que le mouvement a une capacité intérieure tendant à l’auto-organisation et l’auto-armement du prolétariat. Et tandis que des manifestants partout en Irak criaient : « Révolution de la faim », et confirmaient ce qu’une agence de l’ONU affirmait en avril 2017 en disant que plus de la moitié des familles irakiennes risquaient d’avoir faim à cause de la guerre contre Daech ; aux yeux des différentes écoles du socialisme et du communisme bourgeois, ces événements ne sont rien de plus que des conflits entre l’Islam et la Démocratie, les Chiites et les Sunnites, les Arabes et les Kurdes. Ils sont donc à la recherche d’une nouvelle doctrine politique, une philosophie ou une science pour créer les conditions du mouvement et, partant, de la société qu’ils imaginent. Main dans la main avec les différentes catégories de bourgeois, ils s’efforcent constamment de faire reculer le mouvement prolétarien et de réconcilier les classes sociales en transformant la forme religieuse de l’État en un État véritablement laïque, accompagné de la protection de la liberté et l’établissement d’un Etat laïc en Irak et en Iran et d’un État démocratique indépendant pour le peuple kurde où le pouvoir politique est autorisé et contrôlé par le peuple à travers ses partis politiques élus, et en transformant ainsi l’antagonisme de classe en conflits nationaux et en conflits entre la démocratie et le fascisme ou entre la laïcité et la religion, alors que la tâche des socialistes et des communistes est de rejeter tout ce qui dans leur littérature atténue le conflit entre les classes sociales. Ces différentes écoles du gauchisme ne voient rien d’autre que la contradiction entre l’État politique et la société civile, entre l’État et les droits de l’homme de sa citoyenneté, même si une telle société exempte d’antagonisme de classe n’existe que dans l’imagination. L’antagonisme social reflète l’existence de deux classes sociales antagonistes : la bourgeoisie et le prolétariat. Dans cet antagonisme, la bourgeoisie représente partout le parti conservateur et le prolétariat représente le parti destructeur de la société. Ainsi, le mouvement spontané et l’organisation graduelle du prolétariat partout dans le monde n’est rien de plus que l’identification de la structure de classe similaire des différents pays qui crée une base internationale pour les actions communes du prolétariat.

    De ce point de vue, des militants au Kurdistan proposent une rencontre internationale dans notre région. En l’honneur des progrès constants du mouvement prolétarien, nous invitons tous les socialistes, communistes et anarchistes internationaux désireux de développer des liens entre des individus et des groupes révolutionnaires. Cette avancée est une base réelle pour des activités internationales communes et de telles réunions peuvent constituer une base pour une grande conférence internationale dans un proche avenir. Le but de cette réunion est d’établir premièrement un comité international pour l’échange d’informations sur les questions intéressant les prolétaires de tous les pays et de discuter des tâches pratiques liées à la lutte des classes, d’organiser des réunions périodiques, de créer un site web commun, de collecter des fonds pour accomplir des tâches spécifiques, etc. La réunion peut au moins briser l’isolement entre les internationalistes et sera une expression des intérêts communs du prolétariat mondial. Elle peut déterminer un centre pour ces tâches communes et faire un programme commun pour tous les groupes internationalistes. Ce sera au moins une réponse commune internationale à l’alliance capitaliste qui exorcise le spectre de la révolution sociale. La seule réponse à cette alliance capitaliste, surtout pour étendre la guerre, c’est la guerre révolutionnaire du prolétariat. De la militarisation capitaliste permanente, qui est le plus grand fait fondamental de notre époque, découle indubitablement l’armement du prolétariat. Ce phénomène, le phénomène de l’armement prolétarien, qui a été une réalité en Irak/Kurdistan, même s’il n’en est qu’à ses prémisses, repose sur tout le développement du militarisme capitaliste de notre époque. C’est l’accomplissement de la condition matérialiste historique de la révolution prolétarienne.
     
    Des militants au Kurdistan, Irak, le 24 juillet 2018
    http://www.myinternetpages.com/meetingfrench.html

  • La Française Mélina Boughedir comparaît de nouveau pour « terrorisme » en Irak
    https://information.tv5monde.com/info/la-francaise-melina-boughedir-comparait-de-nouveau-pour-terror

    Il existe de « lourdes interrogations sur les pressions qui auraient été exercées par la #France pour provoquer un nouveau procès », affirme à l’AFP William Bourdon, avocat parisien de Mme Boughedir qui a fait le déplacement à Bagdad.

    [...]

    En France, la jeune femme est visée par un mandat de recherche délivré dans le cadre d’une information judiciaire ouverte à Paris le 2 août 2016, pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », selon une source judiciaire.

    « Il y a un antagonisme inédit entre le pouvoir politique français et la justice », poursuit Me Bourdon qui a interpellé dans une lettre ouverte M. Le Drian avec ses confrères Martin Pradel et Vincent Brengarth.

    Dans cette missive consultée par l’AFP, ils dénoncent une « volonté à tout prix, et au sacrifice des principes fondamentaux, que (leur) cliente ne revienne pas » et une « ingérence inacceptable ».

  • Il y a dix ans déjà ... 2 juin 2006 à Paris. En commémoration du premier anniversaire de l’assassinat de Samir Kassir
    https://www.facebook.com/jad.tabet.37/posts/236349126746578
    Jad Tabet #Liban

    Il y a dix ans déjà ... 2 juin 2006 à Paris. En commémoration du premier anniversaire de l’assassinat de Samir Kassir.

    « Nous voilà donc rassemblés à nouveau, en ce 2 juin 2006, pour commémorer cette fois ci le premier anniversaire de l’assassinat de Samir Kassir.

    Commémorer…Que ce terme paraît étrange dans ces circonstances…

    Je me souviens d’une discussion avec Samir, il y a de cela quelques années déjà, dans l’une de ces séances que nous nous plaisions à appeler les séances « roues libres » qui duraient parfois des heures, attablés dans un café du bord de mer ou du centre-ville de Beyrouth. Ce jour là, je ne sais à l’initiative de lequel d’entre nous deux, la discussion portait sur les notions d’espace et de temps que nous abordions, lui à travers sa formation d’historien et moi à travers ma pratique d’architecte.

    Je soutenais que la notion d’espace était étrangère à la culture arabe, et j’en voulais pour preuve qu’il n’existe pas de terme spécifique dans notre langue pour désigner cette notion, qu’on devait se contenter d’approcher à travers des détours approximatifs : le terme de fada’a par exemple, qui désigne le vide, ou celui de mada qui désigne l’étendue, ou encore celui de majal qui désigne le domaine. Je soutenais aussi que la notion d’espace avait été phagocytée par la notion de temps, le temps de l’histoire bien entendu, mais aussi celui de la vie quotidienne, le temps des cinq prières journalières, le temps du cycle lunaire qui règle le jeûne et sa rupture, le temps du pèlerinage et des transhumances, qui existait déjà bien avant l’islam.

    Samir n’était pas d’accord. Le drame des sociétés arabes contemporaines disait-il, résidait tout d’abord dans leur rapport au temps. Prisonnières d’une lecture fétichiste de leur histoire, elles se sont enfermées dans l’idolâtrie d’un supposé âge d’or, après lequel il n’y aurait plus eu qu’échecs et malheurs. La victimisation qui caractérise le regard que les arabes portent sur eux même aujourd’hui procède de cette lecture an-historique et constitue l’une des composantes de ce qu’il appellera plus tard « le malheur arabe ». Et il ajoutait que l’un des signes les plus évidents de ce regard tronqué sur l’histoire se manifeste dans la propension maladive des sociétés arabes contemporaines à se complaire dans les commémorations rituelles.

    Anniversaires de coups d’état ou de prise du pouvoir par tel ou tel dictateur, élevés au rang d’évènements historiques, mais aussi commémoration des défaites : celle de la partition de la Palestine tout d’abord, puis celle de la débâcle de 1967, celle de la chute de Jérusalem et peut-être demain disait-il, celle de la chute de Bagdad.

    C’est à travers ces commémorations rituelles, me disait-il alors, que s’exprime peut-être le mieux ce mal endémique dont souffrent les sociétés arabes contemporaines dans leur incapacité à générer un processus d’accumulation historique.

    Que dirait Samir aujourd’hui s’il était parmi nous ?

    Peut-être prendrait-il son air ironique, pour nous prévenir que nous risquons de succomber à notre tour au mimétisme des commémorations rituelles.

    Ou peut-être nous rappellerait-il que le temps des commémorations n’est pas encore venu, que la dynamique du 14 mars s’est heurtée aux compromissions des politiques et à la barbarie des tueurs, et qu’il reste devant nous un long chemin à parcourir, pour que la promesse d’une nouvelle modernité arabe, qui a éclos à Beyrouth il y a un an, puisse surmonter les blocages de nos sociétés, coincées entre la tyrannie des régimes autoritaires et le rigorisme du fondamentalisme religieux.

    D’ici là, il nous faudra continuer à résister de toutes nos forces.

    Il faudra continuer à nous rassembler à nouveau comme aujourd’hui, non pour commémorer, mais pour témoigner que, malgré la profondeur de la nuit arabe, la promesse de l’aube reste toujours intacte. »

  • Le lexique des tricheurs : le langage du « Nouveau Monde » et des « Néoconservateurs » Robert Charvin - 19 Mai 2018

    Le Chef de l’État français a fait un choix malheureux en se présentant comme le « Jupiter » du « Nouveau Monde », formule du « Nouveau Monde » qui a été appliquée à l’Amérique que Ch. Colomb aurait mieux fait de ne pas découvrir pour le bonheur des Amérindiens !
     
    En dépit de son auto-célébration théâtrale permanente et de la courtisanerie massive (notamment médiatique (1) ) qui l’accompagne, il n’est que l’un de ces leaders occidentaux (Blair, Enzi, Trudeau, etc.) qui sous les apparences de la « #modernité » est l’incarnation du plus vieux pouvoir de l’Histoire, celui de l’#Argent, avec son inévitable cortège d’arrogance et de mépris plus ou moins subtil, pour ceux qui n’ont pas les moyens de croire que tout leur est permis.
     
    Bien entendu, le #Président – nouvelle mouture – de la V° République (archaïque Constitution présidentialiste) se présente comme un éminent défenseur (autoproclamé) d’une « #démocratie » pluraliste certes, mais « juste ce qu’il faut » pour laisser une petite place à certains syndicats prêts à toutes les compromissions et à une social-démocratie, modeste opposition de Sa #Majesté !
     
    Dans son activisme « ni de gauche, ni de gauche », il parcourt le monde ne voyant des pays visités que les dorures des palais nationaux et des gardes locaux lui rendant les honneurs sans se préoccuper particulièrement des résultats très limités qu’il obtient pour les peuples concernés.
     


    En premier lieu, il applaudit à l’#Europe (tout comme B-H. Lévy dans son dernier livre) c’est-à-dire à l’hégémonie étasunienne, juge de tous les péchés du monde, clouant au banc des accusés tous les hérétiques : hors du « modèle » occidental et du marché, point de salut !
     
    Quant à son appel à « la souveraineté européenne » encore indéfinissable, elle est un produit de substitution à ce qui n’est que l’Europe des affaires, inapte à toute harmonisation sociale et fiscale et à toute forme de solidarité vis-à-vis des migrants !
     
    La #souveraineté_nationale et l’indépendance, il ne les connaît pas davantage que les firmes transnationales qui spéculent à l’échelle mondiale et ne dressent des murs que vis-à-vis des hommes (2) !
     
    Le Président français, dans le sillage étasunien et trumpiste (ce qui est une référence !), ainsi que derrière lui la cohorte de politiciens (plus ou moins opportunistes), de #médias (sous contrôle des grands groupes financiers) et de « services » en tout genre, ont adopté un #langage manipulateur chargé d’intoxiquer l’opinion, les formules et les mots inlassablement répétés, fabriquant sinon des convictions du moins une extrême confusion !
     
    Dans l’ordre interne, et par sa voix, les contre-réformes les plus régressives deviennent des « #réformes » modernisatrices, la négociation a cédé la place à un « dialogue » qui n’est qu’un bavardage, l’ « État de droit » n’est que maintien d’une légalité discriminatoire, la répression se fait « mesures sécuritaires », l’insécurité sociale et l’austérité pour la majorité défavorisée se muent en « équilibres » budgétaires et recherche de la « compétitivité », les « droits de l’homme » (de moins en moins invoqués) se restreignent aux droits civils et politiques, jamais économiques et sociaux.
     
    Mais c’est dans les relations internationales que la « #novlangue » à la Orwell, pratiquée par la France et les autres États occidentaux, européens et américains, est la plus significative (3).
     
     
    –Il n’y a plus jamais de guerre : seulement des « opérations de police » à finalité #humanitaire, afin de protéger les « civils » ou « les non-combattants » dans des conflits internationaux, y compris à des milliers de kilomètres de chez soi ! L’Empire et ses alliés exercent une sorte de mission divine de protection de l’Humanité contre les Barbares d’une couleur ou d’une autre ! Rien de neuf : les expéditions coloniales déjà n’étaient pas la guerre. Bombarder l’Irak, la Libye, ou la Syrie n’est que l’expression d’un haut degré de civilisation humaniste et d’une philanthropie universaliste sans limite !
     
    Qui oserait ne pas dire plus de sept ans après la destruction de la Libye qu’il ne s’agissait que d’éliminer Kadhafi, malgré de nombreuses tentatives antérieures d’assassinat et le financement d’Al Qaïda contre le régime ? Sarkozy n’a fait que reproduire, quelques années après l’expédition anti-Bagdad, une opération fondée sur le mensonge !
     
    –La politique des « deux poids, deux mesures » est aussi une vieillerie historique décrétant quel pays est une « #dictature », lequel ne l’est pas !
     
    L’Égypte du Maréchal Sissi, comme l’Arabie Saoudite ou le Qatar sont des alliés en « voie de démocratisation », tout comme Bahreïn (qui a écrasé sa « révolution du printemps 2011 », mais qui abrite une base de la V° Flotte américaine). Au contraire, les « dictateurs » vénézuélien ou bolivarien, tout comme l’ex-président du Brésil, Lula, sont infréquentables. De même, la Coalition occidentale ne fait que combattre les « terroristes de #Daech », tandis que la Russie et l’Iran en Syrie affrontent des « #rebelles », simples « opposants » à Damas !
     
    – Vis-à-vis du conflit israélo-palestinien se poursuit un « processus de paix », depuis plus d’un demi-siècle sous l’égide des États-Unis, juges et parties. L’occupation israélienne ne cesse de s’étendre et les Palestiniens tués se multiplient sans « ingérence humanitaire ». Combien de #Palestiniens valent un Juif ? L’exercice du droit de veto étasunien au Conseil de Sécurité a-t-il pour objectif la paix dès lors qu’#Israël est mise en cause ?
     
    – Peu importe, les États-Unis, la France, la Grande Bretagne à eux seuls, constituent « la communauté internationale » ! Le reste du monde doit être tenu à distance. Lorsque le Conseil de Sécurité refuse un projet de résolution occidentale, c’est à cause du « #veto » russe, comme au temps de la guerre froide ! Lorsque c’est l’inverse qui se produit à l’encontre d’une proposition russe, c’est la communauté internationale qui s’y oppose ! Tout est dans la nuance, pour les professionnels du lexique des tricheurs !
     
    –L’usage unilatéral de la force contre un État est la violation la plus flagrante de la Charte des Nations Unies. Lorsqu’une puissance occidentale s’octroie ce que le droit international lui refuse, c’est parce qu’elle a une haute conscience de ses responsabilités, qu’elle incarne le Bien en toute « légitimité ». Le « primat de la morale » l’emporte sur un juridisme suranné ! L’Occident est toujours du « bon côté de l’Histoire » contre le Mal incarné par les … Autres !
     
    Le lexique des #tricheurs se renouvelle sans cesse pour rafraîchir la réputation des Occidentaux qui se croient encore tout permis et qui veulent partout être présents dans le monde pour en tirer profit, comme par exemple, être à la table des négociations pour la #Syrie (riche en ressources énergétiques) (ce qui explique les tirs de missiles d’avril) et ne pas laisser seule la Russie, ou continuer à exploiter le pétrole libyen malgré le chaos qui règne dans le pays, évidemment avec mise à l’écart des Russes ou des Chinois !
     
    Si l’on ajoute à ces truquages sémantiques un spectacle politico-folklorique permanent où se conjuguent fausses compassions (avec images adéquates de femmes et enfants martyrs), braquage sélectif des caméras sur les sites « rentables » pour l’Occident (par exemple, la Syrie, mais ni la Libye ni le Yémen, ni la liquidation des Kurdes par la Turquie), et mise en scène de rodomontades guerrières à prétention humanitaire, on peut conclure que toute complaisance vis-à-vis de ce type de pratique politique relève soit du cynisme soit de l’aveuglement.
     
    Certes, toutes les Puissances s’efforcent de satisfaire en priorité leurs intérêts propres, mais l’Occident a une particularité : il falsifie, par tous les moyens, avec la plus parfaite mauvaise foi, sa pratique en la présentant comme une œuvre universaliste irremplaçable.
     
    Décidément, comme disait Marx, la préhistoire n’est pas encore achevée.

     Robert Charvin

    Notes :
    1Voir le film complaisant sur Macron « La fin de l’innocence ».

    2L’intervention en Nouvelle Calédonie, en mai 2018, ouvrant en fait la campagne référendaire qui doit y avoir lieu pour ou contre l’indépendance et qui, évidemment, encourage au « Non » (nickel et « terres rares » obligent) est d’une hypocrisie remarquable.

    3Cf. D. Losurdo. Le langage de l’Empire. Lexique de l’idéologie étasunienne. Delga. 2014.

    Voir aussi, Alain Bihr. La Novlangue néolibérale. La rhétorique fétichiste du capitalisme. Syllepse.

    Source : https://www.investigaction.net/fr/le-lexique-des-tricheurs-le-langage-du-nouveau-monde-et-des-neoconse

  • Les routes de l’#esclavage (1/4)
    476-1375 : au-delà du désert

    Domination, violence, profit : le système criminel de l’esclavage a marqué l’histoire du monde et de l’humanité. Au fil de ses routes, cette série documentaire retrace pour la première fois la tragédie des traites négrières. Captivant et implacable. Premier volet : de la chute de Rome en 476 à la fin du XIVe siècle.

    Après la chute de Rome en 476, les peuples (Wisigoths, Ostrogoths, Berbères, Slaves, Byzantins, Nubiens et Arabes) se disputent les ruines de l’Empire. Tous pratiquent l’asservissement – « esclave » viendrait du mot « slave ». Mais au VIIe siècle émerge un Empire arabe. Au rythme de ses conquêtes se tisse, entre l’Afrique et le Moyen-Orient, un immense réseau de traite d’esclaves, dont la demande ne cesse de croître et qui converge vers Bagdad, nouveau centre du monde. Après la révolte des Zanj – des esclaves africains –, qui s’achève dans un bain de sang, le trafic se redéploie vers l’intérieur du continent. Deux grandes cités commerciales et marchés aux esclaves s’imposent : Le Caire au nord, et Tombouctou au sud, place forte de l’Empire du Mali d’où partent les caravanes. Au fil des siècles, les populations subsahariennes deviennent la principale « matière première » de ce trafic criminel.

    https://www.arte.tv/fr/videos/068406-001-A/les-routes-de-l-esclavage-1-4

    #film #documentaire #Afrique #Empire_romain #histoire #pratique_généralisée #traite #Fustat #économie #Nubie #guerre #violence #butins_de_guerre #Bagdad #main-d'oeuvre #Islam #Berbères #dromadaires #Sahara #Tombouctou #Empire_du_Mali #or #altérité #Touareg #essentialisme #fatalité #Basora #Le_Caire #esclaves_domestiques #paternalisme #négation_de_l'être #domination #esclavage_doux #oasis #Atlas_catalan

    #Catherine_Coquery-Vidrovitch :

    Dans l’Empire arabo-musulman, « l’#esclave n’était pas différencié par sa couleur, ça ne comptait pas. L’esclave était différencié par sa #culture. Il n’avait pas la culture du dominant »

    #géographie_culturelle #domination

    #Ibrahima_Thioub, université Cheickh Anta Diop, Sénégal :

    « Pour mettre en esclavage un individu, un des phénomènes importants c’est de le construire comme autre, de construire une #altérité. Les sociétés humaines ont des registres assez larges. On peut utiliser la différence de #couleur_de_peau, la différence de #religion. Dans la #traite_trans-saharienne, on va combiner les deux ».

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibrahima_Thioub

    Ibrahima Thioub :

    « L’intérêt des maîtres, c’est de faire croire à l’individu qu’il est esclave non pas parce qu’un jour on lui a opposé un rapport de force qui est réversible, mais parce que, par sa nature, il est destiné à être un esclave. C’est une #idéologie extrêmement forte. Si votre sang est considéré comme un sang servile, et que cette nature vous la transmettez à votre descendance, il devient impossible de sortir du phénomène esclavagiste »

    Selon ce qui est dit dans ce reportage, 3,5 millions d’Africains ont circulé sur les routes de l’esclavage entre le 7ème et le 14ème siècle.

  • Retour de l’État et concurrence milicienne dans le nord de l’#Irak - Noria Research

    http://www.noria-research.com/retour-etat-concurrence-milicienne-nord-irak

    La fin de la guerre contre l’État Islamique s’est traduite en octobre 2017 par un redéploiement de l’État irakien dans le nord du pays. Ce dernier s’opère à travers la mise en place de réseaux économiques et sécuritaires tenus par les élites miliciennes locales, cooptées par les grands partis chiites nationaux. À l’approche des élections parlementaires prévues en mai 2018, cette nouvelle réalité socio-politique constitue la clef du développement de l’Irak post-État Islamique mais porte également les germes de futures violences 1.

    La guerre contre l’#État_Islamique (EI) a offert à l’État irakien une opportunité historique pour réaffirmer son autorité dans les « territoires disputés » dans le nord du pays, où il se trouvait, depuis 2003, concurrencé par les forces kurdes et les mouvements insurrectionnels arabes sunnites. Ce retour de l’État s’est majoritairement fait à travers les groupes miliciens de la « mobilisation populaire » (al-hashd al-sha‘bi) composés de la jeunesse locale et liés aux grands partis chiites nationaux. Exclusivement décliné sur le mode sécuritaire et par délégation à des acteurs qui jouissent d’une grande autonomie, ce redéploiement de l’État se traduit ainsi par la généralisation d’un modèle politico-milicien. Celui-ci semble bien constituer le premier obstacle à un assainissement du fonctionnement des institutions et du rapport de l’État à la population. Le manque de moyens alloués aux services publics contribue à une situation de vide institutionnel qui profite principalement à une nouvelle élite, composée de chefs miliciens qui se sont imposés dans le Nord à la faveur de la guerre. Désormais à la tête des appareils sécuritaires et des réseaux économiques locaux, positionnés pour capter l’aide à la reconstruction du pays, les groupes armés issus du hashd empêchent la reconstitution de l’insurrection dans la région. Cependant, ceux-ci entrent aujourd’hui dans une phase de pénétration du champ politique qui, à la veille des premières élections post-EI, prévues en mai 2018, a toutes les chances de les voir s’assurer durablement le contrôle des structures de gouvernance locale, et de s’autonomiser vis-à-vis de leurs parrains à Bagdad. La pérennisation à moyen et long terme de ces nouvelles élites locales, supplétives de l’État central, mais sur lesquelles ce dernier exerce une autorité de plus en plus formelle pourrait alors attiser les conflits politiques et identitaires et favoriser le retour d’une résistance armée organisée.

  • Le quinzième anniversaire de l’occupation de l’Irak - Par Rai Al Youm Actuarabe
    http://actuarabe.com/le-quinzieme-anniversaire-de-loccupation-de-lirak

    L’Irakien qui s’est vanté d’avoir renversé la statue du Président Saddam Hussein sur la place Al-Firdaws en plein cœur de Bagdad il y a quinze ans s’en mort les doigts. Celui qui a livré un faux témoignage sur son travail dans les laboratoires ambulants irakiens produisant des armes chimiques et biologiques contre l’asile en Allemagne et une poignée de dollars a fini plongeur chez Burger King en Allemagne. Mowaffak Al-Rubaie, qui a conservé fièrement la corde utilisée pour pendre Saddam Hussein a changé sa version des faits et reconnu que le Président Saddam s’était approché de l’échafaud avec courage, la tête haute, répétant la profession de foi de l’Islam et des slogans en faveur du monde arabe et de la Palestine, adoptés par la grande majorité des Irakiens.

    Un complot israélien
    L’Irak a été victime d’un complot israélien après que les décisionnaires juifs ont été convaincus que le monde arabe ne pouvait être plongé dans le chaos créateur annoncé par Condoleezza Rice afin de garantir la sécurité d’Israël pour les décennies à venir, qu’en détruisant l’Irak et en le disloquant sur la base du confessionnalisme. Les attaques du 11 septembre ont été utilisées comme point de départ de l’invasion et de l’occupation ; les armes de destruction massive comme prétexte.