country:jordanie

  • Un photojournaliste palestinien risque d’être expulsé loin de sa famille
    Amnesty International, le 23 mai 2019
    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2019/05/israelopt-palestinian-photojournalist-at-imminent-risk-of-being-ripped-away

    Le photojournaliste palestinien Mustafa al Kharouf, qui risque une expulsion imminente qui serait contraire au droit international et le séparerait de sa femme et de son enfant, doit obtenir le statut de résident permanent à Jérusalem-Est, a déclaré Amnesty International jeudi 23 mai.

    Mustafa al Kharouf est détenu arbitrairement à la prison de Givon, à Ramla, dans le centre d’Israël, depuis le 22 janvier 2019. Son arrestation a eu lieu après que le ministère de l’Intérieur israélien a rejeté sa demande de regroupement familial, en invoquant des raisons de sécurité parmi lesquelles l’« appartenance au Hamas », et ordonné son expulsion immédiate vers la Jordanie, où il n’a aucun droit de résider et restera apatride.

    « La décision des autorités israéliennes de refuser la demande de statut de résident de Mustafa al Kharouf et de l’expulser sur la base d’accusations infondées est cruelle et illégale. Il doit être libéré immédiatement et obtenir le statut de résident permanent à Jérusalem-Est pour pouvoir reprendre une vie normale avec sa femme et son enfant, a déclaré Saleh Hijazi, directeur du Bureau d’Amnesty International à Jérusalem.

    « La détention arbitraire et l’expulsion prévue de Mustafa al Kharouf correspondent à la politique menée depuis longtemps par Israël, qui vise à réduire le nombre de résidents palestiniens à Jérusalem-Est, en faisant fi de leurs droits humains. »

    Alors que deux tribunaux israéliens ont déjà confirmé la décision d’expulsion, l’avocat de Mustafa al Kharouf a récemment déposé un recours devant la Cour suprême d’Israël afin d’annuler cette décision. La Cour suprême doit encore décider si elle examine son recours.

    « Les autorités israéliennes doivent respecter leurs obligations internationales et veiller à ce que Mustafa al Kharouf puisse rester chez lui en lui accordant le statut de résident permanent à Jérusalem-Est. La communauté internationale doit agir de toute urgence en faisant pression sur les autorités israéliennes pour qu’elles renoncent à l’expulser », a déclaré Saleh Hijazi.

    L’expulsion par Israël de Mustafa al Kharouf hors des territoires palestiniens occupés constituerait une grave violation de la Quatrième Convention de Genève et un crime de guerre au regard du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

    Entre 1967 et fin 2018, Israël a révoqué le statut de résident de 14 643 Palestiniens de Jérusalem-Est.

    Complément d’information : Mustafa al Kharouf est un photojournaliste palestinien âgé de 32 ans, né d’une mère algérienne et d’un père palestinien de Jérusalem. Il vit à Jérusalem-Est occupée avec son épouse, Tamam al Kharouf, et sa fille Asia, âgée de 18 mois. Il a quitté l’Algérie à l’âge de 12 ans avec sa famille pour s’établir à Jérusalem-Est.

    #Palestine #Mustafa_al_Kharouf

    Sur ce sujet, une liste d’expulsions aux frontières israéliennes ici :
    https://seenthis.net/messages/364741

    #Expulsion #Frontière

  • Le refus de la part d’Israël d’accorder aux réfugiés palestiniens le droit au retour a engendré sept décennies de souffrances
    15 mai 2019 - Amnesty International
    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2019/05/israels-refusal-to-grant-palestinian-refugees-right-to-return-has-fuelled-s
    https://www.amnesty.org:443/remote.axd/aineupstrmediaprd.blob.core.windows.net/media/20956/nakba-photo.jpg?center=0.5,0.5&preset=fixed_1200_630

    La Nakba, qui est commémorée le 15 mai, désigne le déplacement de plus de 700 000 Palestiniens à la suite de la création de l’État d’Israël en 1948
    Plus de 70 années se sont depuis écoulées, et Israël continue de priver les réfugiés palestiniens de leur droit de retourner sur leurs terres
    Amnesty International a créé un site dédié à la Nakba qui décrit les difficultés des réfugiés palestiniens qui vivent au Liban, en Jordanie et dans les territoires palestiniens occupés

    #Nakba

  • صحيفة "يسرائيل هايوم" الإسرائيلية تكشف التفاصيل الكاملة لـ"صفقة القرن" بوثيقة مسربة داخل وزارة الخارجية الإسرائيلية - رأي اليوم
    https://www.raialyoum.com/index.php/%d8%b5%d8%ad%d9%8a%d9%81%d8%a9-%d9%8a%d8%b3%d8%b1%d8%a7%d8%a6%d9%8a%d9%84

    Des fuites israéliennes assez détaillées sur le contenu du "deal du beau-fils" plus connu sous le nom de "deal du siècle"... Ci-dessous, c’est plus commode en français, la version qu’en donne Al-Manar (http://french.almanar.com.lb/1355312)

    Selon Israel Yahom, un quotidien qui prône une ligne éditoriale en faveur du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, cette transaction élaborée par le gendre du président américain Jared Kushner, comprend un accord tripartite entre l’entité sioniste, l’Organisation de libération de la Palestine et le Hamas en vue de fonder un Etat palestinien.

    Comme prévu, ce dernier n’a rien à voir avec la Palestine préconisée par le Droit international, sans compter la Palestine historique. Baptisé Nouvelle Palestine (New Palestine), il s’étendra sur des parties de la Cisjordanie occupée, sans les colonies, ainsi que sur la bande de Gaza.
    L’accord accorde à « Israël » les colonies isolées, au même titre que les blocs de colonies.

    Toujours selon ce journal dont les révélations devraient être lues avec précaution, la ville sainte d’al-Quds Jérusalem serait partagée entre l’entité sioniste et la Nouvelle Palestine, où les habitants arabes devraient être transférés.
    La responsabilité de la ville sainte en incombera à la municipalité israélienne à laquelle la Nouvelle Palestine devra payer les impôts. Il ne serait plus permis aux Juifs de s’acheter des maisons arabes et vice versa.
    Les lieux saints resteraient tels quels.

    S’agissant de la bande de Gaza, l’Egypte devrait accorder de nouvelles terres à la Palestine afin d’y édifier un aéroport, des usines, une zone de transit commercial et agricole. Les Palestiniens ne seraient pas autorisés à y résider.
    La superficie des territoires et leur cout devraient faire l’objet d’une entente entre les différents protagonistes, par l’intermédiaire des Etats favorables. C’est-à-dire les Etats-Unis, l’Union européenne et les pays pétroliers du Golfe.
    La définition de l’Etat palestinien viendra ultérieurement.

    Une autoroute devrait relier la bande de Gaza à la Cisjordanie, tout en permettant l’installation de canaux hydroliques souterrains entre les deux. 30 milliards de dollars seraient alloués à la Nouvelle Palestine, sur une durée de 5 années, dont 20% seraient procurés par les Etats-Unis, 10% par l’UE et 70% par les pays pétroliers du Golfe. Les plus riches parmi ces derniers devraient payer le plus car selon l’accord, ils profitent le plus de l’accord.

    Le prix des colonies annexées par Israël dont celles isolées devraient être fournies par Israël.

    Il est interdit à la Nouvelle Palestine d’avoir une armée. Le seul arsenal dont elle peut disposer est celui de la police. Et c’est à Israël que revient de la défendre contre toute offensive étrangère. A condition qu’elle lui paie le prix de cette défense. Des négociations auront lieu entre l’entité sioniste et les pays arabes sur la valeur qu’ils auront à payer à l’armée israélienne en échange de cette défense.

    Lors de la conclusion de l’accord, le Hamas devra démanteler son arsenal et le livrer aux Egyptiens. Il n’aura droit qu’à des armes individuelles et personnelles pour ses dirigeants. En échange, ces derniers vont percevoir des salaires mensuels que les Etats arabes auront à leur payer.

    Les frontières de la bande de Gaza seront ouvertes au commerce international via les passages israéliens et égyptiens. Le marché de Gaza sera ouvert à la Cisjordanie et à la mer aussi.

    Un an après l’accord, seront organisées en Nouvelle Palestine des élections démocratiques auxquelles tous les Palestiniens peuvent se porter candidat. Un an plus tard, les détenus seront libérés progressivement, sur une durée de trois ans.

    En cinq années, un port maritime et un aéroport vont être érigés en Nouvelle Palestine. Entretemps, les Palestiniens utiliseront les aéroports et ports israéliens.

    Les frontières entre la Nouvelle Palestine et « Israël » seront ouvertes devant les citoyens et les marchandises comme c’est le cas entre les pays amis.
    Un pont suspendu sur une hauteur de 30 mètres au-dessus du sol sera construit entre Gaza et la Cisjordanie. Sa construction sera confiée à une société chinoise. La Chine aura à participer à son coût à hauteur de 50%, alors que le Japon, la Corée du sud, l’Australie, et le Canada, devront chacun déverser 10% de son prix. Les Etats-Unis et l’union européenne rembourseront quant à eux deux 10% de son prix.

    Concernant la vallée du Jourdain, elle restera entre les mains des Israéliens. Sa route 90 sera divisée en quatre parcours, tous sous la supervision israélienne, dont les deux qui relieront la nouvelle Palestine à la Jordanie.

    Au cas où le Hamas et l’OLP refusent l’accord, les Etats-Unis enrayeront toute l’aide financière qu’ils fournissent aux Palestiniens et s’attelleront pour empêcher toute aide de parties tierces.

    Au cas où l’OLP accepte les conditions de l’accord, mais le Hamas et le Jihad islamique les rejettent, la responsabilité de l’échec leur incombera. Si un affrontement éclate entre Israël et le Hamas, les Etats-Unis soutiendront Israël pour nuire à leurs dirigeants.

    #palestine #deal_du_siècle #kushner

    Et si Israël refuse l’accord, le soutien économique que les USA lui procurent sera suspendu.

  • Dans le #business de l’#humanitaire : doit-on tirer #profit des #réfugiés ?

    Depuis la crise économique de 2008 et la multiplication des conflits dans le monde, l’insuffisance des fonds alloués au secteur humanitaire n’a jamais été aussi importante. En effet seulement 59 % des besoins en la matière ont été financés en 2018.

    Pour l’une des crises humanitaires les plus médiatisées, celle des réfugiés, les chiffres sont plus alarmants encore. Le Haut-commissariat pour les Réfugiés (HCR) estime que pour l’année 2019 tout juste 14 % de l’aide nécessaire a été financée pour venir en aide aux 68,5 millions de réfugiés, demandeurs d’asile, personnes déplacées et apatrides.
    L’échec du système d’asile

    Bien que garanti par le droit international l’accueil de ces populations vulnérables reste globalement infime. En moyenne, seulement 1 % des réfugiés sont référés par le HCR pour être réinstallés dans des pays d’accueil chaque année. Le cantonnement en camps ou les installations plus ou moins précaires dans les pays limitrophes des zones de conflits deviennent les seules alternatives pour la grande majorité des réfugiés, pour qui la durée moyenne d’exil est d’environ 26 ans.

    Victimes des politiques d’asile de plus en plus restrictives des pays occidentaux plus de 85 % vivent dans des pays « en développement », dont les services élémentaires sont déjà sous pression.

    Le privé à la rescousse

    Pour pallier ces tensions, les capacités financières et innovatrices du secteur privé semblent aujourd’hui s’imposer comme une solution. Le HCR reconnaît en effet que le monde commercial joue un rôle central pour fournir des opportunités aux réfugiés et les soutenir.

    Le Pacte mondial sur les réfugiés adopté par 181 membres de l’ONU en décembre 2018 a lui aussi souligné le rôle primordial du secteur privé pour contrer les failles du système humanitaire.

    Que ce soit en termes d’emploi, d’opportunités commerciales ou de fourniture de biens et de services essentiels par l’intermédiaire de partenariats public-privé, ou encore en aidant les agences non gouvernementales ou gouvernementales à innover pour améliorer la qualité et la provision de l’aide, le monde du business semble désormais indissociable du monde humanitaire.

    Mais normaliser la condition du réfugié dans la logique économique de marché, n’est pas un artifice idéologique servant de plus en plus les intérêts corporatifs ? Et ces derniers ne passeront-ils pas avant ceux des réfugiés dans ce business désormais très rentable – fort de ses 20 milliards de dollars par an- qu’est devenu l’humanitaire ?
    De nombreuses plates-formes impliquées

    Le secteur commercial est impliqué à de nombreux niveaux du système d’asile. Par exemple, via des forums consultatifs comme la branche UNHCR Innovation du HCR créée en 2012 et financée par la fondation IKEA. Ce forum cherche à développer des moyens créatifs d’engager les entreprises et leurs ressources technologiques.

    D’autres plates-formes comme l’initiative #Connecting_Business ou encore #The_Solutions_Alliance tendent à impliquer le secteur privé dans les solutions en déplacement et en mesurer l’impact.

    Ou encore des organismes comme #Talent_beyond_boundaries ou la plate-forme française #Action_emploi_réfugiés élaborent des #bases_de_données regroupant des réfugiés et leurs #compétences techniques et académiques afin de les connecter à des employeurs potentiels dans les pays les autorisant à travailler.

    Afin de coordonner et de conseiller les actions et réponses du monde du profit, d’autres acteurs comme les consultants #Philanthropy_Advisors ont vu le jour pour promouvoir le développement de la collaboration philanthropique stratégique entre les #entreprises et le monde humanitaire, et les aider à projeter leur retour sur #investissement.

    Les marchés prospèrent

    Ainsi les partenariats public-privé avec le HCR et les ONG se multiplient, tant pour les prestations de service que l’expertise du secteur privé dans l’innovation.

    De gigantesques salons commerciaux réunissent régulièrement les grandes agences onusiennes, des ONG et des sociétés privées de toute taille afin d’essayer de prendre les marchés de l’humanitaire. Au salon DIHAD de Dubai par exemple, des stands de vendeurs de drones, de lampes photovoltaïques ou encore de kits alimentaires côtoient ceux des sociétés de services financiers comme MasterCard Worldwide ou des grands cabinets d’audit et de réduction des coûts en entreprise, comme Accenture et Deloitte.

    Cette concurrence grandissante des marchés de l’humanitaire semble suggérer que le système d’asile s’inscrit lui aussi progressivement dans un modèle néolibéral, appliquant la logique économique de marché jusque dans la sphère humanitaire.
    Abus et philanthropie des bailleurs de fonds

    Ce monde humanitaire qui pratique une logique propre à celle du monde des affaires soulève de multiples questions éthiques et pragmatiques.

    Au niveau philanthropique par exemple, les partenaires majeurs du HCR incluent des multinationales comme #Nike, #Merck, #BP, #Nestlé, #IKEA ou encore #Microsoft.

    Or, bien que l’apport financier de ces corporations soit essentiel pour contrer le manque de fonds du système d’asile, la crédibilité et la légitimité de certains partenaires a été contestée.

    Pour cause, les exploitations et abus déjà recensés à l’encontre de ces corporations. Nestlé a récemment été accusé d’esclavagisme en Thaïlande ; Nike et BP ont eux aussi été régulièrement critiqués pour leur modèle économique peu regardant des droits du travail ; ou encore Microsoft, récemment accusé d’exploitation d’enfants dans les mines de cobalt en République Démocratique du Congo. L’entreprise IKEA, bailleur majeur du HCR à quant à elle été inculpée dans un scandale d’évasion fiscale, accusée d’échapper ainsi aux taxes dans les états qui entre autres, financent le HCR.
    Des employeurs douteux

    En tant qu’employeur, le secteur privé embauche et rémunère des réfugiés dans des contextes légaux comme clandestins.

    Par exemple, 20 % de la main d’œuvre de la compagnie #Chobani, spécialiste du yaourt à la grecque implantée aux États-Unis est réfugiée. Son PDG estime que dans le monde actuel le secteur privé est l ‘agent de changement le plus efficace et a ainsi créé la fondation #Partenariat_Tent, afin de sensibiliser le monde commercial à l’importance du secteur privé dans la cause réfugiée.

    Par l’intermédiaire de cette plate-forme, plus de 20 entreprises dont #Microsoft, #Ikea, #H&M et #Hilton ont annoncé des initiatives d’#emploi destinées à contrer la crise des déplacements.

    Cependant, puisque souvent sans droit de travail dans les pays d’accueil de la majorité des réfugiés, ceux-ci sont souvent prêts à accepter n’importe quelle opportunité, et s’exposent à toute sorte de mécanisme d’exploitation, des multinationales aux petites entreprises, légalement ou dans l’économie informelle.

    Des enfants réfugiés Rohingya au Bangladesh aux Syriens en Turquie, Irak, Jordanie ou au Liban exploités dans diverses industries, les exemples d’abus par des entreprises de toutes tailles sont souvent recensés et vaguement relayés dans la presse. Parfois, les entreprises inculpées ne sont autres que des géants comme #Zara, #Mango, #Marks_and_Spencer, qui ne sont pas légalement réprimandés car il n’existe ni mécanisme de coercition ni cadre de sanction pour les multinationales.

    L’ambiguïté des sous-traitants

    Par ailleurs, les gouvernements, le #HCR et les #ONG sous-traitent progressivement l’assistance et la protection des réfugiés à divers partenaires commerciaux afin d’améliorer les conditions de vie dans des secteurs aussi divers que la finance, la provision de service, le conseil, la construction, la santé, la technologie ou encore l’éducation.

    Si de tels projets sont souvent très positifs, d’autres se font complices ou tirent profit de politiques publiques allant à l’encontre de la protection des droits humains. La multinationale espagnole #Ferrovial, un entrepreneur indépendant contracté par l’état australien pour gérer son système carcéral des demandeurs d’asile offshore, a été accusée de mauvais traitements chroniques envers les réfugiés dans des centres de détention extraterritoriaux administrés par l’Australie. Cette dernière est elle-même accusée de crimes contre l’humanité pour son traitement des demandeurs d’asile arrivés par bateau.

    Amnesty International a aussi dénoncé des actes de torture par la compagnie Australienne #Wilson_Security, sous-traitant de la filiale australienne de Ferrovial, #Broadspectrum.

    La compagnie britannique de sécurité #G4S a elle aussi fait l’objet d’une multitude d’allégations concernant des violences physiques perpétrées par ses employés dans des camps contre des réfugiés, par exemple à Daddab au Kenya, et sans conséquence pour G4S.

    Des compagnies comme #European_Homecare ou #ORS spécialisées dans la provision de service aux migrants et réfugiés ont été accusées de #maltraitance dans les milieux carcéraux envers les gardes et les réfugiés.

    Ainsi, selon un rapport de L’Internationale des services publics, la privatisation des services aux réfugiés et aux demandeurs d’asile a un impact direct sur leur qualité et aboutit à des services inappropriés, caractérisés par un manque d’empathie, et ne respectant souvent pas les droits humains.

    Le business de la catastrophe

    Par soucis d’efficacité, en privatisant de plus en plus leurs services et en laissant le monde du profit infiltrer celui de l’humanitaire, le HCR et les ONG prennent le risque de créer des conditions d’exploitation échappant aux mécanismes légaux de responsabilité.

    Aux vues de nombreuses questions éthiques, le monde commercial peut-il réellement contrer les failles étatiques et organisationnelles du monde humanitaire ? L’intégration du secteur privé dans le système de protection et d’assistance aux réfugiés, est-ce aussi en soi justifier le désengagement des États de leurs obligations en matière de protection des personnes les plus vulnérables ?

    Comment ainsi éviter que cette source d’opportunité commerciale pour les entreprises, et les opportunités d’émancipation que cela engendre pour les réfugiés, n’entraîne leur marchandisation et exploitation, dans un contexte où les cadres juridiques en matière de business et droits humains ne sont visiblement pas assez strictes ?

    https://theconversation.com/dans-le-business-de-lhumanitaire-doit-on-tirer-profit-des-refugies-
    #privatisation #partenariats_public-privé #PPP #asile #migrations #philanthropie #travail #salons_commerciaux #salons #DIHAD #néolibéralisme #sous-traitance

  • Jordanie : le roi Abdallah II en état de grâce après ses positions contre Israël
    Par Jérôme Boruszewski - Publié le 18-04-2019
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20190418-jordanie-le-roi-abdallah-ii-etat-grace-apres-positions-contre-israel

    Depuis quelques semaines en Jordanie, le roi Abdallah fait l’objet de manifestations de soutien très prononcées. Un peu partout dans le pays, les citoyens descendent dans les rues pour dire au monarque qu’ils approuvent sa politique sur la question palestinienne.

    Ces manifestations sont très nombreuses, comme mercredi 17 avril dans le nord et le centre du pays, vendredi dernier à Amman, ou début avril à Aqaba, à l’extrême sud de la Jordanie. En banlieue de la capitale, des milliers d’étudiants se sont également mobilisés à Irbid, la deuxième ville du pays.
    (...)
    Ces manifestants apprécient notamment sa fermeté dans la gestion des tensions autour de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. La Jordanie s’est opposée en effet à la fermeture des locaux de la porte de la Miséricorde décidée par la justice israélienne en février.

    A cette occasion, la Jordanie a rappelé que c’était elle qui administrait les lieux saints musulmans et chrétiens de Jérusalem et que la décision de la justice israélienne était donc illégale. Cette position a ravi une grande partie de la population jordanienne, dont la moitié environ est d’origine palestinienne.

  • À la frontière ukraino-polonaise. “Ici, ce n’est pas l’entrée de la Pologne. C’est celle de l’Europe”

    Quand quelqu’un traverse cette ligne, il n’entre pas seulement en Pologne. Il entre en Europe. Demain, il peut être à Bruxelles. Après-demain, en Espagne ou au Portugal...”.

    Paolo, un officier de police portugais détaché à #Medyka, en Pologne, se tient sur une ligne rouge entourée de bandes blanches. “Ne la dépassez pas, sinon on va avoir des problèmes avec les Ukrainiens”, avertit-il.

    “On n’a pas besoin de mur ici”

    Devant lui, des voitures font la file pour sortir d’Ukraine. Des champs bordent le poste-frontière. La terre y a été retournée sur une quinzaine de mètres : sept et demi côté ukrainien, sept et demi côté polonais.
    “Si quelqu’un passe la frontière, il nous suffit de suivre les traces de pied dans la boue. À 10 kilomètres d’ici, il y a une #tour_de_contrôle avec des #caméras_de_surveillance (infrarouge et thermique) qui balaient l’horizon. Quand les conditions météo sont bonnes, elles peuvent voir jusqu’ici. Une deuxième tour va être installée de l’autre côté du #BCP (border check point, NdlR). Peut-être qu’un jour on aura une barrière comme en Hongrie. Mais je ne pense pas. On n’en a pas besoin ici, on a suffisamment d’équipements”, détaille Piotr, un officier qui ressemble comme deux gouttes d’eau au caporal Blutch dans Les Tuniques Bleues.

    Des détecteurs d’explosifs et de radioactivité - “ils sont très puissants et captent même si quelqu’un a suivi un traitement aux isotopes pour guérir du cancer” -, de battements de coeur - “le plus souvent, celui des souris dans les camions” -, #scanners à rayons X pour les véhicules et les cargos, caméras avec #thermo-vision qui peuvent identifier des objets, définir et enregistrer leurs coordonnées géographiques, capables de filmer à une distance maximale de 20 kilomètres, scanners de documents, lecteurs d’empreintes digitales, #terminaux_mobiles pour contrôler les trains... “On ne déconne pas à Medyka”, sourit Piotr.

    De barrière, il y en a bien une. Ou plutôt une simple #clôture, sortie de terre lorsque la Pologne appartenait au camp soviétique.

    Le BCP de Medyka, qui protège une section de 21 kilomètres de frontières entre les deux pays, a été construit en 1945. Parmi les quatorze postes de la frontière (dont onze avec la frontière ukrainienne), il s’agit du plus fréquenté : 14 000 piétons et 2 600 véhicules y passent chaque jour dans les deux sens. À cela, il faut encore ajouter les camions et les trains de passagers et de marchandises. “Certaines personnes passent toutes les semaines pour aller faire leurs courses - contrairement à ce que l’on pourrait croire, la vie est moins chère en Pologne qu’en Ukraine - et on finit par les connaître. Certains en profitent pour faire du trafic. Ils pensent que comme on les connaît et qu’on sait qu’ils sont réglos, on sera moins vigilants. C’est pour ça qu’il ne faut pas laisser la routine s’installer”, observe Piotr.

    Quand la Pologne adhère à l’Union européenne, en 2004, sa frontière orientale devient une des frontières extérieures de la zone Schengen (rejointe quant à elle en 2007). Cette même année, l’agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (#Frontex) voit le jour. Les opérations de coopération internationale aux postes-frontières polonais se sont multipliées depuis.

    Tous les officiers de la #Bieszczady_BGRU font ainsi partie d’un pôle de #garde-frontières et sont régulièrement envoyés en mission pour Frontex dans d’autres pays européens. À l’inverse, des officiers issus de différents États membres son envoyés par Frontex à Medyka (il y en a trois en ce moment : un Portugais, un Bulgare et un Espagnol). En cela, postuler comme garde-côte ou garde-frontière, c’est comme faire un mini Erasmus de trois mois.

    Dans quelques semaines, Piotr partira pour la treizième fois en mission pour Frontex. Ce sera la deuxième fois qu’il ira à la frontière entre la Bulgarie et la Serbie. Paolo est quant à lui le tout premier policier portugais à être déployé ici. Sa spécialité : détecter les voitures volées. À Medyka, on en repère entre 75 et 90 chaque année. “C’est particulier de travailler ici, à la limite du monde européen : on réalise ce que veut vraiment dire "libre-circulation" et "coopération internationale". C’est ici la première ligne, ici qu’on protège l’Europe, ici qu’on peut détecter si un voyageur est "régulier" ou pas. Si on ne le repère pas... Bonjour pour le retrouver dans Schengen ! En tant que policier, je savais tout ça. Mais je crois que je ne le comprenais pas vraiment. C’est lors de mon premier jour ici, quand j’ai vu la frontière, les files, les contrôles, que j’ai vraiment compris pourquoi c’est super important. Dans mon pays, je suis enquêteur. J’ai fait des tas d’arrestations pour toutes sortes de crimes qui ont été commis au Portugal, en Espagne, en France, en Belgique. Si j’avais pu les stopper ici, en première ligne, peut-être que ce ne serait pas arrivé”, note Paolo.

    Mimi et Bernardo

    Pour la première fois éloigné de sa famille, Paolo a voulu sortir de sa routine en venant à Medyka. Enquêteur principal, la cinquantaine, il estimait avoir fait le tour de sa profession et commençait sérieusement à s’ennuyer. “Dans mon pays, j’étais le type vers qui se tournaient les autres pour avoir des conseils, des réponses. Ici, je suis le petit nouveau, je repars de zéro”, dit-il en buvant son café, entouré par trois collègues, tous nommés Piotr.

    “Raconte-lui l’histoire !”, s’exclame l’un d’eux. “Deux poissons sont dans un aquarium : Mimi et Bernardo. Bernardo est un petit poisson-rouge et Mimi est le plus grand. Il pense qu’il est le roi, qu’il a tout pour lui. Le jour où Mimi est placé dans un autre aquarium, beaucoup plus grand, avec un requin, Mimi se rend compte qu’il est tout petit ! Ici, je suis comme Mimi, je ne suis même pas une sardine (rires) !”. Morale de l’histoire : la taille du poisson dépend de la taille de l’aquarium. Et un enquêteur au top de sa carrière a toujours quelque chose à apprendre. “Oh allez Paolo, la taille ça ne compte pas !”, plaisante un autre Piotr.

    À Medyka, Paolo perfectionne sa connaissance en voitures volées et documents frauduleux. “Quand je faisais des contrôles d’identité au Portugal, je ne savais pas trop comment les reconnaître. Ici, j’apprends tous les jours grâce à leur expérience en la matière. Quand je rentrerai, j’enseignerai tout ça à mes collègues”, se réjouit-il.

    En guise d’illustration, Paolo contrôle notre passeport. Les fibres qui ressortent en couleurs fluo dans le lecteur de documents prouvent qu’il est authentique. “Premier bon signe”, glissent Paolo et Piotr. D’autres détails, qu’il est préférable de ne pas divulguer, confirment leurs certitudes. Un séjour en Afghanistan, un autre en Jordanie, un transit en Turquie et des tampons dans différents pays africains soulèvent toutefois des suspicions. “Si vous passiez la frontière avec ce passeport, on vous aurait signalé aux services secrets”, lâche Paolo.

    "Mon premier jour, on a découvert une Lexus volée"

    Ce cinquantenaire a le droit de circuler où bon lui semble - “c’est l’oiseau libre du BCP” - dans le poste-frontière. Il porte toujours un badge sur lui pour expliquer qui il est et dans quel cadre il intervient. Un détail important qui permet de calmer les tensions avec certains voyageurs qui ne comprennent pas pourquoi ils sont contrôlés par un officier portant un uniforme avec lequel ils ne sont pas familiers.

    Chaque matin, après avoir bu son café et fumé son cigare (il en grille trois par jour), Paolo se rend au terminal des voitures, son terrain de jeu. “Mon premier jour, on a découvert une Lexus volée ! Tout était bon : le numéro de châssis, la plaque d’immatriculation (espagnole), les pièces, les données... Mais un de mes collègues me répétait que quelque chose n’allait pas. J’ai contacté les autorités espagnoles pour leur demander une faveur. Ils ont accepté de vérifier et il se trouve que l’originale était garée à Valence ! Quand il y a deux voitures jumelles dans le monde, ça signifie qu’une des deux est volée. Et il faut trouver l’originale pour le prouver”, explique-t-il.

    Quelques instants plus tard, dans ce même terminal, il scrute un autre véhicule sous toutes ses coutures. Quelque chose cloche avec la vitre avant-gauche. Mais lui faut au moins deux détails suspects pour décider de placer le véhicule dans une autre file, où les fouilles et les vérifications sont plus poussées.

    Le #crime_organisé a toujours une longueur d’avance

    En 2018, Frontex a saisi 396 véhicules volés. Trois Joint Action Days, des opérations internationales organisées par l’agence visant à lutter contre les organisations criminelles, ont mené à la saisie de 530 voitures, 12 tonnes de tabac et 1,9 tonne de différentes drogues. 390 cas de fraudes aux documents de voyage ont été identifiés et 117 passeurs arrêtés.

    À la fin de sa journée, Paolo écrit un rapport à Frontex et signale tout ce qui s’est produit à Medyka. Le tout est envoyé au Situation Centre, à Varsovie, qui partage ensuite les informations récoltées sur des criminels suspectés à Europol et aux autorités nationales.

    Ce travail peut s’avérer décourageant : le crime organisé a toujours une longueur d’avance. “Il faut en être conscient et ne pas se laisser abattre. Parmi les vols, on compte de moins en moins de voitures entières et de plus en plus de pièces détachées. Ce qu’on peut trouver dans les véhicules est assez dingue. Un jour, on a même déniché un petit hélicoptère !”, se rappelle Piotr.

    Derrière lui, un agent ouvre le coffre d’une camionnette, rempli de différents moteurs de bateaux et de pneus. Plus loin, une agent des Douanes a étalé sur une table le contenu d’une voiture : CD, jouets, DVD... Elle doit tout vérifier avant de la laisser passer vers la frontière, où l’attendent Paolo et ses trois comparses.

    Par-delà l’entrée du BCP, la file s’étend sur quelques kilomètres. Les moteurs ronronnent, les passagers sortent pour griller une cigarette. Dans la file pour les piétons, certains s’impatientent et chantent une chanson invitant les officiers à travailler un peu plus vite. “Là où il y a une frontière, il y a toujours une file”, dit Piotr en haussant les épaules. Il faut une minute pour vérifier l’identité d’une personne, trente minutes à une heure pour “innocenter” une voiture.

    "Avant 2015, je ne connaissais pas Frontex"

    Le travail des garde-frontières est loin de refléter l’ensemble des tâches gérées par Frontex, surtout connue du grand public depuis la crise de l’asile en Europe et pour le volet "migration" dont elle se charge (sauvetages en mer, identification des migrants et rapatriements). Son rôle reste flou tant son fonctionnement est complexe. “Je n’avais jamais entendu parler de Frontex avant la crise de 2015. J’ai appris son existence à la télévision et je suis allé me renseigner sur Internet”, avance Paolo.

    Les images des migrants traversant la Méditerranée, qui font régulièrement le tour du monde depuis quatre ans, l’ont bouleversé. “Je trouve ça tellement normal de vouloir une vie meilleure. Quand on voit les risques qu’ils prennent, on se dit qu’ils doivent vraiment être désespérés. Je me souviens que je regardais ma fille qui se plaignait de son iPhone qui n’avait qu’un an mais qu’elle trouvait déjà trop vieux. Je me suis dit que j’étais très bien loti et que je pouvais peut-être faire quelque chose. Alors, j’ai décidé de déposer ma candidature. Je ne savais pas où j’allais être envoyé et j’ai fini ici, à Medyka. Ce n’est pas la même chose que de sauver des vies mais... dans quelques années, je pourrai dire que j’ai fait quelque chose. Que je ne suis pas resté les bras croisés chez moi, à regarder ma fille et son iPhone”.

    Dans le Situation Center de Frontex, coeur névralgique de la surveillance des frontières

    La migration et la #criminalité_transfrontalière sur grand écran

    Le cœur névralgique de l’Agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (Frontex) est situé à son siège principal, à #Varsovie. Une douzaine d’agents s’y relaient en permanence pour surveiller les frontières extérieures de l’Union européenne.

    Devant eux, trois larges écrans meublent les murs du #Situation_Center. Des points verts apparaissent sur celui du milieu, le plus large, principalement près des côtes grecques et espagnoles. Ils représentent diverses “détections” en mer (sauvetages en mer, navire suspect, etc.).

    Sur une autre carte, les points verts se concentrent près des frontières terrestres (trafic de drogue, voitures volées, migration irrégulière, etc.) de l’Albanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Grèce. À gauche, une carte affiche d’autres informations portant sur les “incidents” aux postes-frontières détectés par les États membres. “Ce que vous voyez ici n’est pas diffusé en temps réel mais on tend à s’en rapprocher le plus possible. Voir les données nous aide à évaluer la situation aux frontières, constater si certaines sont soumises à une pression migratoire et à effectuer des analyses de risques”, explique un porte-parole de l’agence. Les images diffusées lors de notre passage datent de février. Dès que nous quittons la pièce, elles seront remplacées par d’autres, plus récentes qui ne sont pas (encore) publiables.

    Le #Frontex_Situation_Centre (#FSC) est une sorte de plate-forme où parviennent toutes sortes d’informations. Elle les les compile et les redispatche ensuite vers les autorités nationales, Europol ou encore la Commission européenne.

    Sur demande, Frontex peut également suivre, par exemple, tel vaisseau ou telle camionnette (le suivi en temps réel dans le cadre de missions spécifiques se déroule dans une autre pièce, où les journalistes ne sont pas les bienvenus) grâce au système européen de surveillance des frontières baptisé #Eurosur, un système de coopération entre les États membres de l’Union européenne et Frontex qui “vise à prévenir la criminalité transfrontalière et la migration irrégulière et de contribuer à la protection de la vie des migrants”.

    Pour tout ce qui touche à l’observation terrestre et maritime, Frontex exploite du Centre satellitaire de l’Union européenne, de l’Agence européenne pour la sécurité maritime et l’Agence européenne de contrôle des pêches.

    Un exemple : en septembre 2015, les garde-côtes grecs ont intercepté Haddad I, un vaisseau surveillé par Eurosur depuis le début de l’année. Le navire, en route vers la Libye, transportait 5 000 armes, 500 000 munitions et 50 millions de cigarette. Autre exemple : en octobre 2015, un radar-satellite utilisé par Eurosur a détecté des objets en mer, au nord de la Libye. Envoyé sur place par les autorités italiennes dans le cadre de l’opération Sophia, le Cavour, porte-aéronefs de la Marine militaire, a trouvé plusieurs bateaux avec des migrants à bord. 370 personnes ont été sauvées et amenées à bon port.

    Surveillance accrue des médias

    Dans un coin de la pièce, des images diffusées par France 24, RaiNews et CNBC défilent sur d’autres écrans. Au FSC, on suit l’actualité de très près pour savoir ce qui se dit sur la migration et la criminalité transfrontalière. Parfois, les reportages ou les flash info constituent une première source d’information. “La plupart du temps on est déjà au courant mais les journalistes sont souvent mieux informés que les autorités nationales. La couverture médiatique de la migration change aussi d’un pays à l’autre. Par exemple, les Italiens et les Grecs connaissent mieux Frontex que les autres”, glisse un porte-parole.

    Les médias sociaux (Twitter, Facebook, Youtube) sont également surveillés quotidiennement par une équipe dédiée depuis 2015. “Pendant la crise migratoire, Facebook était une source importante d’information. On peut y trouver pas mal de choses sur le trafic d’êtres humains, même si ce n’est pas évident. Ça peut être aussi utile quand une personne a traversé une frontière illégalement et poste une vidéo pour dire qu’il a réussi. Mais on ne mène pas d’enquête. On transmet à Europol ce qui peut être intéressant”, décrit-on chez Frontex.

    Depuis 2009, le FSC publie une newsletter en interne, du lundi au vendredi. L’agence a également créé le Frontex Media Monitor, une application gérée par le staff du FSC qui collecte les articles portant sur la gestion des frontières, Frontex et les agences frontalières des États membres. Ils sont issus de 6 000 sources ouvertes en 28 langues différentes.

    Une partie des agents qui travaillent au FSC, des nationaux issus des États membres qui vont-viennent selon une rotation effectuées tous les trois mois, rédige des rapports durant les périodes dites “de crise”. Ceux-ci portent sur les incidents majeurs aux frontières européennes, la situation migratoire dans les différents États membres, les développements politiques et institutionnels au niveau national et international et les crises dans les pays non-européens.

    Paradoxe kafkaïen

    À l’avenir, le programme Eurosur permettra-t-il de sauver des vies, comme dans l’exemple susmentionné ? Alors que l’Union européenne vient de suspendre la composante navale de l’opération Sophia (ou EUNAVFORMED), Frontex va bientôt acquérir ses propres navires grâce à l’élargissement de son mandat. Selon le directeur exécutif de Frontex, Fabrice Leggeri, ceux-ci pourront couvrir plus de kilomètres que ceux déployés par les autorités nationales.

    En vertu du droit maritime international, Frontex est, comme tout navire, tenue de porter assistante aux naufragés et de les ramener dans un port sûr. De port sûr, condition requise par ce même droit pour débarquer des personnes à terre, les autorités européennes considèrent qu’il n’y en a pas en Libye. Mais l’Italie refuse désormais de porter seule la charge des migrants secourus en mer et les Européens n’ont pas réussi à trouver d’accord pour se les répartir à l’avenir. D’où la suspension des activités maritime de Sophia.

    Quid si l’agence est amenée à procéder à un sauvetage pendant une mission de surveillance des frontières extérieures ? L’Europe finira-t-elle par obliger les navires de Frontex, son “bras opérationnel”, à rester à quai ? Et si oui, qui surveillera les frontières ? À quoi serviront alors les investissements que Frontex s’apprête à réaliser, au frais du contribuable européen, pour s’acheter son propre matériel ? Seul l’avenir donnera des réponses.

    “Nous ne construisons pas une Europe forteresse”

    Fabrice Leggeri, directeur exécutif de l’Agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières (Frontex)

    Douze secondes pour décider. C’est le temps dont dispose, en moyenne, un garde-frontière pour décider si un voyageur est “légal” et si ses documents sont authentiques. C’est ce que dit une brochure produite par l’équipe “Information et Transparence” de Frontex, l’Agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières, exposée dans une salle d’attente de ladite agence.

    La tour qui abrite le siège de l’agence a été réalisée par le constructeur flamand Ghelamco, en plein centre des affaires de Varsovie.

    Début avril, l’agrandissement du mandat de Frontex a été confirmé. Dotée de 1 500 garde-côtes et garde-frontières (majoritairement déployés en Grèce, en Italie et en Espagne) empruntés aux États-membres, Frontex en comptera 10 000 d’ici 2027 et pourra acquérir son propre équipement (avions, bateaux, voitures, hélicoptères, etc.). Le tout doit encore être adopté par le Parlement européen et le Conseil – une formalité qui ne devrait pas remettre en question ce projet. Depuis son bureau à Varsovie, situé dans une tour sortie de terre par le constructeur flamand Ghelamco, Fabrice Leggeri, directeur exécutif de l’agence, revient en détails sur cette décision, qu’il considère comme “une grande avancée pour l’Union européenne” .

    Le mandat de Frontex a déjà été élargi en 2016. Celui qui vient d’être avalisé va encore plus loin. Des États membres avaient exprimé leurs réticences par rapport à celui-ci. Qu’est-ce qui a changé ces dernières semaines ?

    2016 a été un véritable tournant pour notre agence, qui a été investie d’un mandat plus robuste avec des moyens plus importants. Aujourd’hui, on ne doit plus seulement renforcer des équipes pour réagir en cas de crise – c’est nécessaire mais insuffisant, on l’a compris en 2015 et 2016. Il s’agit de renforcer de manière durable la capacité européenne de gestion des frontières. Concernant notre futur mandat, il est clair que certains États seront vigilants dans la manière dont il sera mis en œuvre. 2020 était une date qui paraissait, à juste titre, très difficile pour la plupart des acteurs (la Commission européenne souhaitait que les effectifs soient portés à 10 000 en 2020, NdlR). D’ailleurs, j’ai observé qu’on parlait beaucoup plus de cette date que du nombre d’agents lui-même, ce qui me laisse penser que nous sommes donc largement soutenus.

    Un corps européen n’a jamais existé auparavant à une telle échelle. Expliquez-nous comment il va fonctionner.

    Construire la capacité de gestion de frontières efficaces, ça ne veut pas dire qu’on doit se cantonner à l’immigration irrégulière. Il faut aussi s’occuper du bon fonctionnement des franchissements réguliers aux points de passages (dans les aéroports, aux postes-frontières, etc.). En 2018, on a eu 150  000 franchissements irréguliers mais on a 700 millions de franchissements réguliers par an. Donc, on ne construit pas une Europe forteresse mais un espace intérieur de libertés, de sécurité et de justice. L’objectif de la création de ce corps européen et des propositions budgétaires proposées par la Commission est de pouvoir recruter davantage pour augmenter le nombre total de garde-côtes et de garde-frontières. Ce corps européen doit être construit ensemble avec les États. On est là pour se compléter les uns les autres et pas pour entrer en concurrence (lire ci-dessous) . Selon un chiffre qui vient des États membres eux-mêmes, le nombre théorique de garde-frontières que l’Union européenne devrait avoir est de 115  000. Quand on regarde combien il y en a de façon effective, selon les planifications nationales, il y en a – à peu près – 110  000.

    “Nos grosses opérations et nos nouveaux déploiements en dehors de l’Union européenne, sont deux gros morceaux qui vont absorber pas mal de ressources”.

    Au niveau opérationnel, quels sont les grands changements que permet le nouveau mandat ?

    Nous allons pouvoir déployer, en mai, une opération hors du territoire européen, en Albanie. Nous pourrons aussi aller dans un pays tiers sans que ce soit nécessairement un pays directement voisin de l’Union européenne, à condition évidemment que celui-ci nous appelle, donne son consentement et qu’il y ait un accord entre l’Union européenne et ce pays. Autrement dit  : on va avoir des contingents de plus en plus nombreux hors des frontières européennes. Nos grosses opérations et nos nouveaux déploiements en dehors de l’Union européenne, sont deux gros morceaux qui vont absorber pas mal de ressources.

    Une de vos missions qui prend de plus en plus d’importance est d’organiser le rapatriement de personnes dans les pays tiers.

    À ce niveau-là, l’Union européenne est passée dans une autre dimension. L’Europe est devenu un acteur à part entière de l’éloignement. Par rapport à ce qu’on pouvait seulement imaginer il y a quatre ou cinq ans (13 729 personnes ont été rapatriées en 2018 contre 3 576 en 2015, NdlR), on a fait un bond énorme. Pour les éloignements, une partie des ressources humaines sera utilisée soit comme escorteurs, soit comme spécialiste de l’éloignement qui vont aider les États membres à les préparer. Cette dimension est nécessaire à cause d’un goulot d’étranglement administratif  : les États membres n’ont pas augmenté le personnel qui doit préparer les décisions d’éloignement alors que le nombre d’étrangers en situation irrégulière et de demandeurs d’asile déboutés à éloigner croît. Le corps européen peut répondre à cette faiblesse pour qu’elle ne se transforme pas en vulnérabilité.

    Vous parlez de complémentarité avec les États. Certains sont méfiants face à l’élargissement du mandat de Frontex, voire carrément hostiles à sa présence sur leur territoire, en vertu de leur souveraineté nationale. Ont-ils raison de craindre pour celle-ci ?

    Qu’il y ait des craintes, ça peut se comprendre. Mais les déploiements du corps européens se feront toujours avec le consentement de l’État concerné et l’activité se déroulera toujours sous l’autorité tactique de celui-ci. Vous savez, je ne sais pas combien de personnes s’en souvienne mais la libre-circulation dans l’espace Schengen existe depuis bientôt 25 ans. Ça fait donc près d’un quart de siècle que les gardes-frontières nationaux gardent la frontière de “nous tous”. Donc ce qu’on fait aujourd’hui, ce n’est pas si différent… Le vrai changement, c’est que ce sera plus visible. Plus assumé. Que Frontex devient le bras opérationnel de l’Union européenne. Moi, je considère l’agence comme une plateforme d’entraide opérationnelle. Et ce n’est pas parce qu’un État membre nous demande de l’aide qu’il est défaillant. Il ne faut pas non plus percevoir nos actions comme une sanction, une faiblesse ou une substitution à la souveraineté. À l’avenir, il faudra que chaque État puisse avoir un petit bout de ce corps européen présent chez lui. Il contribue à renforcer une culture de travail commune, à homogénéiser des pratiques. Les frontières extérieures sont communes à tous, à notre espace de circulation et il serait absolument incompréhensible qu’on travaille de façon radicalement différente en divers endroits de cette frontière commune.

    Le nouveau mandat vous donne tout de même plus d’autonomie…

    On aura une autonomie opérationnelle plus forte et une flexibilité dans la gestion des ressources humaines, ce qui est effectivement une force. Mais c’est une force pour nous et qui bénéficie aux États membres. On aura aussi une plus grande autonomie technique renforcée grâce à nos propres moyens opérationnels (Frontex emprunte actuellement ce matériel aux États membres et les défraye en échange, NdlR).

    À vous entendre, on croirait que la libre-circulation des personnes a été tellement menacée qu’elle aurait pu disparaître…

    C’est le cas. La crise de 2015-2016 a montré que ce qui était remis en question, c’était la libre-circulation effective. D’ailleurs, un certain nombre d’États membres ont rétablis les contrôles aux frontières. C’est le signe d’un dysfonctionnement. L’objectif des autorités au niveau de l’Union européenne, c’est de retourner au fonctionnement normal. C’est “retour à Schengen”.

    Le visa Schengen est le représentant du collectif des 26 pays européens qui ont mutuellement décidé d’éliminer les contrôles à leurs frontières communes.

    Schengen, c’est quelque chose que l’on prend trop pour acquis ?

    Quand on voyage à l’intérieur de cet espace, ça paraît surprenant de se voir demander sa carte d’identité ou d’entendre que le contrôle a été rétabli aux frontières intérieures. Ça a un impact économique monstrueux qui se chiffre en millions, même en milliards d’euros et ça détricote l’Europe petit à petit. Un espace de libre-circulation, c’est un espace où on circule pour faire du commerce, pour étudier, etc. Et c’est là que le rôle de l’agence de garde-côtes et de garde-frontières est crucial  : les frontières doivent fonctionnent correctement pour sauver et maintenir Schengen. Sans vouloir faire une digression, c’est un peu la même chose avec qu’avec la zone euro. C’est quelque chose de très concret pour le citoyen européen. Vous remarquez que quand vous arrivez en Pologne (nous sommes à Varsovie, où se situe le siège de Frontex, NdlR), vous ne pouvez pas payer votre bus avec une pièce dans le bus. L’espace Schengen, c’est pareil. C’est quand on ne l’a pas ou qu’on ne l’a plus, qu’il est suspendu temporairement, qu’on se dit que c’est quand même bien. Frontex évolue dans un domaine où “plus d’Europe” est synonyme de meilleur fonctionnement et de meilleure utilisation des deniers publics.

    En 2015, le budget de Frontex dédié aux retours était de 13 millions d’euros. En 2018, 54 millions y étaient dédiés. La Belgique n’organisait quasiment pas de vols sécurisés, en collaboration avec Frontex avant 2014. Ces "special flights" sont plus avantageux sur le plan financier pour les États car ceux-ci sont remboursés entre 80 % et 100 % par Frontex.


    https://dossiers.lalibre.be/polono-ukrainienne/login.php
    #frontières #Europe #pologne #Ukraine #gardes-frontières #migrations #asile #réfugiés #surveillance #contrôles_frontaliers

  • Les Yéménites oubliés

    Parmi les quelque deux cent mille personnes qui ont fui le Yémen, quinze mille se trouvent en #Jordanie où elles bénéficient d’une aide dérisoire. La Chaîne du bonheur récolte ce jeudi des dons pour le Yémen.

    Dans la difficulté, ils se sont regroupés. A Amman, la capitale de la Jordanie, les réfugiés yéménites fréquentent les mêmes restaurants, les mêmes mosquées et les mêmes commerces. « Nous nous entraidons parce que nous sommes loin de chez nous. Ce restaurant nous nourrit gratuitement », se réjouit Tahar*, un Yéménite de 47 ans, assis sur les tapis élimés d’un établissement d’Al Baladiyah, un quartier nord d’Amman. Il a fui le Yémen en 2011. Il y est revenu à plusieurs reprises mais a finalement décidé de rester en Jordanie, loin de sa femme et de ses enfants. Ayant servi dans l’armée de son pays, Tahar craint d’être pris pour cible par les forces houthis s’il s’établissait à nouveau au Yémen.

    Environ 15’000 Yéménites ont été enregistrés par le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) en Jordanie, dont le tiers l’an dernier. Comme Tahar, la plupart sont des hommes venus seuls et ils vivent à Amman. Officiellement, beaucoup sont arrivés en Jordanie pour suivre un traitement médical ou faire du tourisme. Puis ils y sont restés afin d’obtenir le statut de réfugié. Chaque année, à l’approche de l’hiver, le HCR leur verse une aide financière. Douze mille cinq cents personnes en ont bénéficié l’an dernier. « Le montant se situe autour de 270 dinars [380 francs] et varie selon le nombre de personnes dans le foyer », détaille Mohammad, un autre réfugié assis à la même table que Tahar.
    Coûteux permis de travail

    Cette somme ne suffit pas à couvrir les besoins annuels d’un foyer dans un pays comme la Jordanie où les prix des produits de première nécessité et les loyers sont élevés. Les réfugiés yéménites doivent donc travailler. « Chaque fois que je trouve un emploi dans un restaurant, on me demande mon permis de travail. Et sans ce document, on m’engage rarement », regrette Mansour, 39 ans, un habitué du restaurant d’Al Baladiyah.

    En théorie, Tahar, Mohammad et Mansour peuvent obtenir un permis de travail. Mais dans les faits, le sésame leur est difficilement accessible puisqu’il coûte entre 500 et 600 dinars, soit 700 à 850 francs, selon le secteur d’activité. S’il parvenait à économiser, Mansour affirme qu’il enverrait le peu qu’il aurait réussi à épargner à sa famille restée au Yémen. Il ne verserait pas ce précieux pécule au Ministère jordanien du travail.

    Dans ces conditions, ces réfugiés n’ont d’autre choix que de vivre au crochet des autres et de travailler illégalement quand l’opportunité se présente. Mansour exerce occasionnellement dans des restaurants. « Je regarde alors souvent autour de moi pour vérifier que des contrôleurs du Ministère du travail ne sont pas dans les environs. Ils sont déjà venus sur mon lieu de travail et j’ai dû m’enfuir », se souvient-il. En cas d’interpellation, le Ministère assure qu’il n’expulse pas le travailleur yéménite – qu’il ait le statut de réfugié ou pas – et qu’il se contente d’un rappel à la loi à l’employeur, voire d’une amende si ce dernier récidive. Cela dissuade bien sûr les patrons d’engager des Yéménites. « Après une courte période d’activité, on me remercie, relate Mansour. La Jordanie donne en fait la priorité à ses ressortissants sur le marché du travail. »
    Syriens oui, Yéménites non

    Cette préférence nationale s’explique par le haut niveau de chômage. Officiellement, 19% de la population active est à la recherche d’un emploi en Jordanie. Mais cette mise à l’écart des Yéménites interroge, dans la mesure où d’autres réfugiés, bien plus nombreux, peuvent obtenir gratuitement un permis de travail. Plus d’un million de Syriens, soit 10% de la population en Jordanie, peuvent exercer librement dans différents secteurs d’activité, comme l’agriculture, l’hôtellerie et la construction. Pourquoi pas les Yéménites ? « Nous traitons les Syriens comme des réfugiés, pas les Yéménites, justifie Mohammad Alkhateeb, porte-parole du Ministère jordanien du travail. Officiellement, ils sont venus chez nous en visite, pas en tant que réfugiés. » La reconnaissance de leur statut par le HCR n’a pas infléchi la position gouvernementale à ce sujet.

    Le fonctionnaire reconnaît qu’ils ne sont pas traités à égalité avec les Syriens. « Peut-être que personne n’écoute leur voix parce qu’ils ne sont pas plus de 15’000 », se hasarde-t-il. Le gouvernement jordanien peut décider de rendre gratuit le permis de travail pour certains ressortissants. Interrogés sur leurs intentions, le bureau du premier ministre, Omar Razzaz, ainsi que le Ministère jordanien des affaires étrangères n’ont pas donné suite aux sollicitations du Courrier.
    Une politique internationale

    La précarité des Yéménites s’explique aussi par la politique discriminatoire des bailleurs de fonds qui financent l’aide humanitaire au Moyen-Orient. Beaucoup se détournent de la crise yéménite, qui a fait moins de réfugiés que le conflit syrien, et dont les victimes sont donc moins visibles. De fait, la presse internationale a longtemps ignoré la guerre au Yémen. De son côté, le HCR souhaite soutenir les réfugiés en Jordanie sans condition de nationalité.

    « Mais cette approche est de plus en plus difficile à tenir car nos financements sont souvent assignés à la crise syrienne, analyse Lilly Carlisle, porte-parole du HCR à Amman. Nous ne pouvons donc pas dépenser cet argent pour des populations qui ne sont pas syriennes. » Pour le moment, seul 1% des besoins du HCR pour les réfugiés non syriens de Jordanie est financé pour cette année, notamment grâce à des contributions des Pays-Bas.

    Sans emploi stable et sans perspective intéressante en Jordanie, beaucoup espèrent se réinstaller dans des pays tiers. Les offres d’accueil sont rarissimes. « En 2018, onze réfugiés yéménites de Jordanie sont partis vivre au Royaume-Uni, trois au Canada et un aux Pays-Bas », reprend Lilly Carlisle, qui regrette la priorité donnée sur ce dossier à certaines nationalités, et le préjudice subi par d’autres. Quatre mille cinq cents Syriens aujourd’hui établis en Jordanie devraient être relocalisés dans des pays développés en 2019.

    Reste l’éventualité du retour au pays, une option fort périlleuse, que considère Zohra. Cette grand-mère yéménite ne parvient plus à payer son loyer à Amman. Elle craint d’être expulsée. « Je vais mourir ici, se lamente-t-elle dans un sanglot. Alors autant rentrer dans mon pays. Et je mourrai là-bas. »


    https://lecourrier.ch/2019/03/27/les-yemenites-oublies
    #réfugiés_yéménites #discriminations #catégorisation #tri #réfugiés_syriens #asile #migrations #réfugiés #urban_refugees #réfugiés_urbains #Amman #travail

  • Les USA poussent le Liban dans les bras de l’Iran et de la Russie : les sanctions américaines nuisent à l’économie locale – Elijah J. Magnier
    https://ejmagnier.com/2019/03/18/les-usa-poussent-le-liban-dans-les-bras-de-liran-et-de-la-russie-les-sanc

    Le Liban attend la visite du secrétaire d’État des USA Mike Pompeo cette semaine, à un moment oùla carte politico-économique libanaise se redessine et oùle Liban subit sa pire crise économique de son histoire récente.

    Les raisons de la détérioration de l’économie locale s’expliquent non seulement par la corruption du leadership politique et des échelons inférieurs de l’administration du Liban, mais aussi par les sanctions des USA imposées à l’Iran. Les plus récentes sanctions sont les plus sévères de toutes. Elles toucheront durement le Liban aussi longtemps que le président Donald Trump sera au pouvoir s’il ne se plie pas à la politique et aux diktats des USA.

    Si, comme prévu, Washington déclare une guerre économique contre le Liban, les sanctions ne laisseront guère de choix au pays. Elles pourraient forcer le Liban à compter de nouveau sur l’industrie civile iranienne pour contrer la pression économique des USA et sur l’industrie militaire russe pour équiper les forces de sécurité libanaises. C’est ce qui arrivera si Pompeo continue à menacer les responsables libanais, comme ses assistants l’ont fait lors de leurs visites précédentes dans le pays. Le sempiternel message des responsables américains n’a pas changé : vous êtes avec nous ou contre nous.

    Politiquement, le Liban se divise en deux courants, l’un favorable aux USA (et à l’Arabie saoudite), l’autre en dehors de l’orbite des USA. La situation économique pourrait bien accroître la division interne jusqu’à ce que la population locale réagisse avec vigueur pour mettre fin à toute influence des USA et de ses alliés au Liban.

    Pareil scénario peut encore être évité si l’Arabie saoudite investit suffisamment de fonds pour relancer l’économie locale agonisante. Sauf que l’Arabie saoudite craint que ceux qui ne sont pas au diapason avec ses politiques et celles des USA tirent avantage de son soutien. Jusqu’à maintenant, Riyad n’a pas tellement compris la dynamique interne au Liban et ce qui est possible et impossible de réaliser dans ce pays. Le kidnapping du premier ministre Saad Hariri était l’illustration la plus éloquente de l’ignorance du jeu politique libanais par les Saoudiens. Leur manque de vision stratégique au Liban va probablement empêcher tout soutien important à son économie défaillante, ce qui pourrait causer une grande instabilité.

    (...)
    Mais après l’arrivée de Donald Trump au pouvoir et son rejet de l’accord sur le nucléaire iranien, le gouvernement des USA a imposé les sanctions les plus dures contre l’Iran et a cessé les dons aux organismes des Nations unies qui soutiennent les réfugiés palestiniens. Les sanctions contre l’Iran ont forcé le Hezbollah à adopter un nouveau budget, dans le cadre d’un plan d’austérité de cinq ans. Ses forces ont été réduites au minimum en Syrie, les mouvements de troupes ont ralenti en conséquence et toutes les rémunérations additionnelles ont été suspendues. Le Hezbollah a réduit son budget au quart de ce qu’il était, sans toutefois suspendre les salaires mensuels de ses militants ou contractuels ni les soins médicaux, sous l’ordre de Sayyed Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah.

    Cette nouvelle situation financière affectera l’économie libanaise à mesure que les flux de trésorerie et les devises se tariront. Les conséquences devraient se faire ressentir davantage au cours des prochains mois et il est plausible que la population locale réagisse sous le poids de l’économie défaillante.

    Les USA et l’Europe imposent des contrôles stricts sur tous les montants transférés en direction ou en provenance du Liban. Le pays est sur une liste noire financière et toutes les transactions sont passées au peigne fin. Les dons religieux provenant de l’étranger ne sont dorénavant plus possibles, car les donateurs risquent alors d’être accusés de soutenir le terrorisme par les pays occidentaux.

    Tant que Trump sera au pouvoir, le Hezbollah et l’Iran croient que la situation restera critique. Ils s’attendent aussi à ce que Trump obtienne un second mandat. Les cinq prochaines années seront difficiles pour l’économie libanaise, notamment si Pompeo est porteur de messages et de diktats auxquels le Liban ne peut se plier.

    Pompeo veut que le Liban abandonne son tracé de la frontière maritime avec Israël, ce qui mettrait en péril ses prétentions sur les blocs 8, 9 et 10 du gisement d’hydrocarbures au profit d’Israël. Cette demande ne sera pas accordée et les responsables libanais ont dit à plusieurs reprises qu’ils comptent sur les missiles de précision du Hezbollah pour empêcher Israël de s’accaparer d’eaux territoriales libanaises.

    Pompeo veut aussi que le Liban abandonne le Hezbollah et mette fin à son rôle au sein du gouvernement. Là encore, l’administration américaine semble ignorer que le Hezbollah représente presque le tiers de la population du Liban, en plus de bénéficier du soutien de plus de la moitié des chiites, des chrétiens, des sunnites et des druzes qui y vivent, qui comptent parmi eux des membres officiels des pouvoirs exécutifs et législatifs du pays. En outre, le président libanais fait partie de la coalition du Hezbollah et maintient fermement son lien avec le groupe, qu’il juge nécessaire à la stabilité du pays.

    Quelle est l’alternative alors ? Si l’Arabie saoudite s’engage, ce n’est pas un, deux ou même cinq milliards de dollars qu’il faut pour relever l’économie du Liban, mais des dizaines de milliards de dollars. Le Liban doit bénéficier aussi d’une politique de non-intervention de la part de l’administration américaine pour permettre au pays de se gouverner lui-même.

    Les Saoudiens souffrent déjà de l’intimidation que Trump exerce sur eux et leurs fonds commencent à se tarir. Si l’Arabie saoudite décide d’investir au Liban, elle cherchera à imposer des conditions pas très différentes de celles des USA. Elle se fait des illusions en voulant éliminer l’influence de l’Iran et des partisans du Hezbollah au Liban, un objectif impossible à remplir.

    Le Liban n’a pas tellement de choix. Il peut se rapprocher de l’Iran afin de réduire ses dépenses et le prix des biens, et demander à la Russie de soutenir l’armée libanaise si l’Occident refuse de le faire. La Chine se prépare à entrer dans le jeu et pourrait devenir une alternative intéressante pour le Liban, qui pourrait lui servir de plateforme pour parvenir en Syrie, puis en Irak et en Jordanie. Sinon, le Liban devra se préparer en vue de joindre la liste des pays les plus pauvres.

    Une ombre plane au-dessus du pays du cèdre, qui a déjà dû combattre pour assurer sa survie au 21e siècle. Le Hezbollah, dorénavant sous le coup des sanctions des USA et du R.‑U., est la même force qui a protégé le pays contre Daech et d’autres combattants takfiris qui menaçaient d’expulser les chrétiens du pays, d’où le conseil lancé par le président français Sarkozy au patriarche libanais qu’il vaudrait mieux que les chrétiens libanais abandonnent leurs foyers. C’est que les djihadistes takfiris et l’OTAN partageaient les mêmes objectifs au Liban. L’incapacité de l’administration américaine à diviser l’Irak et à créer un État en déliquescence en Syrie dans le cadre d’un « nouveau Moyen-Orient » a réveillé l’ours russe de sa longue hibernation. Aujourd’hui, la Russie rivalise avec les USA pour assurer l’hégémonie au Moyen-Orient, ce qui oblige Trump à tout mettre en œuvre pour tenter de briser le front antiaméricain.

    C’est une lutte sans merci où tous les coups sont permis. Les USA poussent le Liban dans un goulet d’étranglement, en ne lui donnant pas d’autre choix que de resserrer son partenariat avec l’Iran et la Russie.

    #liban #hezbollah #grand_jeu

  • What is Za’atar, the Israeli Spice You Will Want to Sprinkle on Everything | The Nosher
    https://www.myjewishlearning.com/the-nosher/what-is-zaatar-the-israeli-spice-you-will-want-to-sprinkle-on-ever

    a’atar is everywhere these days in America. Just do a quick Pinterest search for za’atar and you will come up with dozens and dozens of mouth-watering recipes using the spice.

    But what exactly is it?

    L’auteure qui ose écrire cette m... est la petite-fille du type qui a inventé le Tang... C’est dire si elle s’y connaît en goût !

  • Heurts à la #frontière de #Gaza en 2018 : Israël pourrait avoir commis des crimes de guerre et contre l’humanité

    Jeudi, la Commission d’enquête internationale indépendante sur les manifestations dans les territoires occupés palestiniens a présenté son rapport au Palais des Nations. Elle juge « illégale » l’utilisation de #balles_létales contre des civils en grande partie pacifiques.

    Mohammad Obei, 24 ans, était un footballeur. A 9 heures du matin, le 30 mars 2018 à El Bureij, il était à près de 150 mètres de la frontière séparant Gaza d’Israël. Les forces de sécurité israéliennes lui ont tiré dans les jambes alors qu’il marchait, mettant une fin brutale à sa carrière sportive. Naji Abu Hojayeer, 24 ans, s’était enroulé dans un drapeau palestinien. Il était debout à 300 mètres de la barrière de séparation. Il a lui aussi été abattu d’une balle dans l’abdomen. Yousef, un étudiant en journalisme, portait le gilet indiquant qu’il était de la presse. Il photographiait les manifestants palestiniens à 800 mètres de la barrière. Visé par deux balles, il a perdu sa jambe droite. Il y a encore ce cas, terrible, de Fadi Abu Salmi. Amputé des deux jambes après avoir été victime de frappes aériennes israéliennes en 2008, se déplaçant dans une chaise roulante, il a été abattu par un sniper israélien à Abasan Al-Jadida, l’un des cinq lieux de manifestations alors qu’il était à 300 mètres de la frontière.
    Des amputations

    La liste n’est de loin pas exhaustive. 6106 Gazaouis ont été blessés au cours de manifestations tenues entre le 30 mars et le 31 décembre 2018 à la frontière entre la bande de Gaza et Israël. 4903 d’entre eux l’ont été aux jambes et 122 ont dû subir des amputations. 189 Palestiniens ont été tués dont 183 par balles réelles dont 35 enfants. C’est le constat qu’a dressé jeudi au Palais des Nations à Genève la Commission d’enquête internationale indépendante sur les manifestations dans les territoires occupés palestiniens mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Celle-ci l’écrit noir sur blanc dans un rapport qu’Israël juge « hostile, mensonger et partial » : les sérieuses violations des droits de l’homme constatées pourraient constituer des crimes contre l’humanité, voire des crimes de guerre. Elle somme Tel-Aviv d’enquêter sur ces cas.

    Les manifestations de l’an dernier ont fait grand bruit, notamment le jour de l’inauguration de l’ambassade des Etats-Unis déplacée de Tel-Aviv à Jérusalem le 14 mai 2018 et du 70e anniversaire de la Nakba. Face au tollé international provoqué par la riposte de Tsahal, les autorités israéliennes avaient d’emblée justifié leurs actions pour contrer la volonté palestinienne d’en découdre avec Israël. Le 13 mai 2018, les forces israéliennes (IDF) avertissaient dans une vidéo : « L’organisation terroriste Hamas prévoit d’envoyer des terroristes armés parmi les 250 000 émeutiers violents pour franchir la frontière avec Gaza et entrer dans des communautés israéliennes […] et prévoit de perpétrer un massacre en Israël. » Le 14 mai, il en résulta bien un massacre. Mais ce sont les snipers israéliens qui tuèrent 60 manifestants et en blessèrent au moins 1162.

    Président de la Commission d’enquête, Santiago Canton conteste fermement l’idée selon laquelle les manifestants étaient des terroristes : « Les manifestations à la frontière n’étaient pas de nature militaire, mais civile. Dans leur écrasante majorité, les participants n’étaient pas armés. Le droit international humanitaire devait donc s’appliquer. » L’idée de la « grande marche du retour » a germé dans la tête d’Ahmed Abu Artema, un journaliste et poète palestinien de 34 ans au début de 2018. L’idée est devenue un mouvement.

    La commission, dont les trois experts ont mené plus de 325 interviews en Jordanie, en Egypte et en Turquie faute d’avoir pu obtenir de Tel-Aviv l’accès aux territoires palestiniens, s’est beaucoup penchée sur la doctrine d’engagement des forces israéliennes. Pour elle, vu la nature largement pacifique des manifestations, il était illégal d’utiliser des munitions létales contre les manifestants. La centaine de tireurs d’élite, dotés d’équipements ultra-modernes, postés à la frontière, n’aurait pas dû pouvoir tirer sur la foule alors qu’il n’y avait pas un danger de mort imminent. Seuls deux actes violents d’individus palestiniens auraient pu justifier un tel usage de la force. Une vidéo présentée à l’ONU montre de nombreux manifestants se faire abattre alors qu’ils se tiennent simplement dans la foule.
    Cour pénale internationale

    Une minorité de protestataires ont lancé des pierres, brûlé des pneus et utilisé des cerfs-volants ou des ballons incendiaires qui ont occasionné d’importants dégâts du côté israélien. Un soldat israélien a été tué et quatre autres blessés. Parmi les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, la commission mentionne les tirs de snipers israéliens qui ont délibérément visé des journalistes, des travailleurs de la santé, des personnes handicapées.

    La commission d’enquête invite la haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet à soumettre les dossiers de responsables présumés aux juridictions nationales et internationales, y compris à la Cour pénale internationale. Elle appelle même les Etats membres de l’ONU à imposer des sanctions contre les individus identifiés par la commission comme responsables des massacres. Elle demande aussi aux autorités de fait de Gaza (Hamas) d’interdire l’usage de cerfs-volants incendiaires.

    https://www.letemps.ch/monde/heurts-frontiere-gaza-2018-israel-pourrait-commis-crimes-guerre-contre-lhuma
    #crimes_de_guerre #crimes_contre_l'umanité #ONU #Israël #Palestine #frontières
    ping @reka

  • Jérusalem : nouveau regain de tension autour de l’esplanade des Mosquées
    Par RFI Publié le 27-02-2019 - Avec notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20190227-jerusalem-nouveau-regain-tension-autour-esplanade-mosquees

    Le gouverneur palestinien de Jérusalem a été arrêté dans la nuit de mardi à mercredi. Cette fonction est essentiellement symbolique, Israël ayant annexé Jérusalem-Est. Mais Adnan Gheith est un haut responsable de l’Autorité palestinienne. Il est soupçonné d’être impliqué dans la réouverture d’un bâtiment situé sur l’esplanade des Mosquées. Il avait été fermé sur décision de la justice israélienne en 2003, mais rouvert par les Palestiniens vendredi dernier. Selon l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne, plus de cent personnes ont été interpellées en une semaine par la police israélienne. La plupart ont été relâchées, mais ces incidents et arrestations soulignent un regain de tension autour de ce lieu saint pour les musulmans comme pour les juifs. (...)

    Contestant la fermeture du bâtiment, la fondation islamique qui gère l’esplanade des Mosquées a décidé d’y entrer une première fois le 14 février. L’intitiative a provoqué un mouvement populaire de soutien inatendu qui a surpris les autorités religieuses comme israéliennes, analyse Ofer Zalsberg.

    « Israël réagit trop tard. Israël, maintenant qu’il y a des musulmans tout le temps à l’intérieur, est obligé, si elle veut eviter cela, d’envoyer la police, d’utiliser la force », souligne l’expert.

    La droite israélienne exige du Premier ministre Benyamin Netanyahu qu’il ferme à nouveau les accès au site. Mais le chef du gouvernement est aussi sous pression de la Jordanie qui officiellement conserve le contrôle de l’esplanade. Amman réclame pour sa part que le bâtiment soit transformé en mosquée.

  • Electro palestinienne : levant en poupe
    Guillaume Gendron, Libération, le 25 février 2019
    https://next.liberation.fr/musique/2019/02/24/electro-palestinienne-levant-en-poupe_1711373

    A l’occasion de la carte blanche donnée à Electrosteen à Paris, rencontre avec les figures majeures de « l’Arab Touch », une scène qui ne cesse de grandir et de s’exporter avec succès, donnant une visibilité inédite aux diverses facettes de l’identité palestinienne.

    Aux oreilles non arabisantes, le nom du club, Kabareet, sonne anodinement exotique. Confusion savamment pensée entre « cabaret » et le mot arabe pour « allumette ». Ce n’est pas tant que ce club soit un brasier mais plutôt une lueur : l’épicentre de la scène électronique palestinienne, ici à Haïfa, au nord d’Israël, dans cette ville mixte où les juifs vivent en haut de la colline et les Arabes au bord de la mer. Un refuge où tout le monde peut venir danser, boire et s’oublier. Y compris les Palestiniens de Cisjordanie entrés sans permis, parfois en escaladant les huit mètres de béton du mur de séparation.

    Nimbé dans une lumière pourpre, sous les voûtes d’une vieille bâtisse aux pierres apparentes, Ayed Fadel, cheveux ras à l’exception d’un luxuriant chignon de dreadlocks, annonce au micro le prochain DJ, venu spécialement de Londres. Le charismatique pilier du collectif Jazar Crew, maître des lieux, appelle la foule - piercée, tatouée, surlookée - à « s’aimer, à refuser le racisme, le sexisme et l’homophobie ». Dans une pièce attenante, à côté d’une tireuse à bière, Nasser Halahlih est d’humeur rétrospective. Ce lieu, ce n’est pas tant qu’il en avait rêvé, c’est que longtemps, il n’avait jamais songé qu’il puisse exister. « Il fallait un public, dit-il. Quand j’ai commencé, j’étais putain de seul. Il y a encore dix ans, avant le Jazar, t’aurais jamais pu ouvrir un tel endroit. Les choses ont beaucoup changé. »

    Nasser Halahlih, 37 ans (qui se produit le 1er mars à l’Institut du monde arabe (Paris Ve) dans le cadre des Arabofolies et de la carte blanche au projet « made in Palestine » Electrosteen) est souvent présenté comme le pionnier de cette scène palestinienne. Aussi protéiforme et éparpillée que soudée et cohérente, et désormais scrutée à l’échelle mondiale à l’heure où le microcosme techno se déchire sur la question du boycott culturel d’Israël. Le fiasco du Meteor Festival, en septembre, en a donné l’illustration flagrante, voyant la majorité des musiciens européens se retirer suite aux appels du collectif #DJsForPalestine, après des jours de débats houleux sur les réseaux.

    Bandes d’ados et raves sauvages
    Fils d’une figure du théâtre palestinien, Nasser Halahlih a grandi entre Nazareth et Haïfa, les deux grandes villes arabes d’Israël, avec un passeport affichant le chandelier à sept branches, comme tous ceux que l’Etat hébreu désigne comme la minorité « arabe-israélienne ». Les concernés se réfèrent généralement à eux-mêmes en tant que Palestiniens de « 48 », la date de création d’Israël. Et, du point de vue arabe, de la nakba (« la catastrophe »). Distinguo crucial, tant l’identité palestinienne est fragmentée - entre la diaspora, les réfugiés, les Gazaouis, les habitants de Cisjordanie sous occupation et donc « ceux de 48 ».

    Les années, l’isolation et la séparation des communautés ont creusé les différences sociales et culturelles, que ce mouvement cherche à enjamber, si ce n’est combler. D’où le nom du combo electro-pop emblématique de la diaspora, 47Soul (« l’âme de 47 »), quatuor faisant la navette entre la Jordanie et Londres et dont le tube de 2015 Intro to Shamstep (sham signifiant le Levant en arabe) constitue le climax des soirées de Ramallah à Jaffa (ville arabe accolée à Tel-Aviv). En 2018, The Guardian a même listé le shamstep comme l’un des sons de l’année.

    Les choses ainsi posées, Halahlih se gratte la tête et refait, à travers son parcours, l’archéologie du mouvement. Fan de rap, « comme tout le monde en Palestine dans les années 90-2000 », il s’inscrit à un atelier de DJing à 15 ans. Les autres participants sont juifs israéliens. Ils l’initient à la house, la trance, l’EDM. Les choses s’enchaînent : à Nazareth et Haïfa, il joue dans les mariages (« seule façon de vivre de la musique ici ») et s’aguerrit en parallèle à New York et Tel-Aviv. En 2008, il sort sur un label berlinois son premier EP, Checkpoint, avec le mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie sur la pochette. « De la progressive psytrance », précise-t-il, même s’il se sent alors mal à l’aise dans ce milieu « bouffé par la drogue », sans référence à sa culture. « A l’époque, pour les Arabes, l’electro, c’était un truc tombé de l’espace, ils y pigeaient rien ! Partout, je cherchais des producteurs arabes et j’en trouvais jamais. »

    Cascades harmoniques
    Il finit par abandonner l’idée d’en vivre et part « bosser dans un bureau ». Jusqu’à ce que le Jazar Crew, à l’origine une bande d’ados de Haïfa organisant des raves sauvages, le sorte de sa retraite, au milieu des années 2010. Suivront les projets Fawda, en 2014 (des beats agrémentés d’oud électrifié et de slams politisés d’Ayed Fadel) et aujourd’hui Zenobia, en duo avec le claviériste Isam Elias, 27 ans. Halahlih espère en faire le « Daft Punk palestinien ». Moins de la mégalomanie qu’une volonté de se définir populaire et exigeant, audible partout mais fidèle au terreau originel. « Comme il y a eu la French Touch, voici l’Arab Touch, plaisante-t-il. Zenobia, c’était une reine, dont le royaume s’étendait de Palmyre jusqu’en Egypte. Le Levant, c’est notre ADN musical. Comme elle, on veut conquérir le monde et mélanger cet ADN à tous les genres, faire quelque chose sur lequel tu peux danser, du Brésil au Japon. »

    La formule de Zenobia se rattache à la mouvance electro-chaâbi, abusivement qualifiée de bande-son du printemps arabe et symbolisée par l’improbable trajectoire du chanteur de mariages syrien Omar Souleyman, devenu collaborateur de Diplo et adulé par les lecteurs de Pitchfork - Souleyman, de par son allégeance à Bachar al-Assad, est controversé au Moyen-Orient : le Jazar Crew, par exemple, refuse de jouer ses morceaux.

    Si, en live, Nasser Halahlih et Isam Elias revêtent un keffieh comme Souleyman, ils préfèrent citer le succès de 47Soul comme catalyseur de ce retour aux mélodies folkloriques. Pendant que Halahlih sculpte des nappes électroniques léchées, alternant vibe éthérée et kick martelant le rythme du dabké (la danse levantine du « coup de pied »), Elias laisse sa main droite de jazzeux marathonien broder en cascades les gammes mineures harmoniques, typiquement orientales, sur synthé acide. Le tandem, qui doit sortir un premier EP début avril, a signé à l’automne sur le label d’Acid Arab, duo français défricheur de l’orientalisme techno et ainsi aux premières loges pour voir le mouvement éclore.

    « Il y a toujours eu des gens qui faisaient du son dans les Territoires occupés, observe Guido Minisky d’Acid Arab. Mais longtemps, c’était plutôt des choses pas passionnantes autour de l’abstract hip-hop. La vague actuelle est plus popisante. Le risque serait qu’elle tombe dans les clichés avec la derbouka, les violonades et un sample de muezzin, mais eux cherchent à construire un truc intelligent, jouant de leurs codes culturels tout en adoptant une production moderne. C’est l’expertise qu’on leur apporte pendant qu’eux nous mettent à l’amende sur les mélodies au clavier. Quand il y a cette sincérité des deux côtés, Orient et Occident, on sort de la "recette" bête et méchante. »

    Ainsi, Acid Arab s’est aligné sur les convictions de cette scène émergente. A l’instar de Nicolas Jaar, icône électronique d’origine palestino-chilienne, les Français évitent désormais Tel-Aviv pour privilégier les clubs tenus par des « Palestiniens de 48 » ou dans les Territoires, sous l’égide du Jazar Crew. Las, leur premier concert à Ramallah en décembre a dû être annulé, les forces israéliennes ayant ce jour-là bouclé tous les accès au siège de l’Autorité palestinienne. Exemple des obstacles constitutifs de cet underground palestinien.

    Dynamique panarabe
    L’organisation l’été dernier d’un événement estampillé Boiler Room [1] à Ramallah, doublée du tournage d’un documentaire-manifeste, a achevé de mettre sur la carte sonique cette simili-capitale en Cisjordanie occupée, mal aimée mais berceau de créativité. Elle complète une sorte de triangle par-delà le mur et les check-points avec Haïfa et Jaffa - bien que ce dernier point soit en danger, le club phare Anna Loulou ayant récemment fermé, victime de la gentrification.

    La figure de proue est une jeune femme de 28 ans, Sama Abdulhadi, dite SAMA’ - sans doute l’étoile la plus brillante du mouvement, on pourra aussi l’entendre à l’IMA à Paris. Née en Jordanie et élevée dans une famille aisée à Ramallah, pianiste classique rompue à Chopin, la « première DJ de Palestine » a choisi une voie à l’opposé de l’electro-chaâbi. Sa techno sombre est dépouillée de références orientales (« cinq notes de oud sur un track, c’est pas de la musique arabe, c’est de la paresse », cingle-t-elle) et privilégie une sécheresse minérale. « J’ai découvert la techno à Beyrouth, pendant la Deuxième Intifada, raconte-t-elle. J’avais beaucoup de colère en moi, et ça m’a libérée. J’ai toujours mixé ce que je ressentais. Puis un jour, on m’a dit : "T’as un son berlinois." J’avais jamais mis les pieds en Allemagne… »

    Ingé-son nomade (formée en Grande-Bretagne, installée un temps au Caire et désormais partagée entre Paris et Ramallah), SAMA’ inscrit le mouvement dans une dynamique panarabe plus large, incluant l’Egypte et le Liban, mais ne perd pas de vue sa spécificité. « J’aime comparer cette musique à ce qui se jouait à Berlin avant la chute du Mur. En tant que Palestinien, où que tu sois, tu transportes le conflit. Pour moi, la techno, ce n’est pas une échappatoire liée aux drogues, mais plutôt quelque chose qui tient de la science-fiction : un lien avec le futur, un endroit sans politique, sans frontière, sans occupation. » Surtout, la musique lui a permis de créer des liens : « Avec les gars de Haïfa, de Jaffa, la diaspora, on est à nouveau une famille. »

    Au cœur du réacteur, le Jazar Crew joue les entremetteurs et les influenceurs. « A la base, la philosophie électronique a toujours été "rave against the machine", de Berlin à Detroit, prêche Ayed Fadel entre deux sets. Aujourd’hui, tu peux faire entendre le message palestinien en bookant SAMA’ dans ton festival ou en jouant à Kabareet. » Mais le plus important pour lui, c’est d’avoir créé « notre propre dancefloor. "Safe", ouvert à tous, même aux Israéliens. Du moins ceux qui respectent et comprennent que ce dancefloor vient autant de l’amour que de la colère ». Pour cette voix du mouvement, « il est très important que la scène électronique internationale comprenne que tout ne se limite plus à la bulle de Tel-Aviv, où le conflit est invisible. Cette bulle n’est pas underground, elle n’unit personne : elle ignore. Notre monde parallèle, lui, n’exclut pas : il montre qu’on peut faire les choses autrement. »

    [1] Collectif londonien qui organise de très suivies soirées branchées retransmises sur le Web.

    #Palestine #Sama #Musique #Musique_et_politique #Underground #Electro #Techno #Rap #Rave

    Sur le même sujet :
    https://seenthis.net/messages/752617
    https://seenthis.net/messages/760253

  • L’Internet mondial visé par une vague d’attaques informatiques inédite
    https://www.latribune.fr/technos-medias/informatique/l-internet-mondial-vise-par-une-vague-d-attaques-informatiques-inedite-808

    L’internet mondial est actuellement visé par une vague d’attaques informatiques d’une ampleur inédite, qui consistent à modifier les adresses des sites internet pour les pirater. L’information a été confirmée ce lundi 25 février par le secrétaire d’État français chargé du numérique, Mounir Mahjoubi.

    Des pirates informatiques ont attaqué l’annuaire central de l’internet, l’#Icann, ce qui leur a donné potentiellement accès à toutes sortes de données, a confirmé ce lundi matin le secrétaire d’État français chargé du numérique, Mounir Mahjoubi. Fondée en 1998, l’Icann coordonne à l’échelle internationale les identifiants uniques qui permettent aux ordinateurs du monde entier de s’identifier entre eux. C’est cette organisation à but non lucratif qui a donné l’alerte le 22 février dernier.

    « Ce que les pirates ont réussi à faire est quelque chose de très rare : ils ont piraté l’annuaire et chaque fois que vous mettez l’adresse (d’un site internet), au lieu d’aller sur la vraie machine, ils nous amenaient sur une autre machine qui leur appartient. Vous avez l’impression d’être sur le site (...) sauf qu’en fait vous êtes sur la machine de ceux qui vous attaquent (...) Ils peuvent récupérer vos données, ils peuvent les utiliser pour se reconnecter, pour prendre de l’argent. »

    Mounir Mahjoubi a déclaré ne pas être en mesure de dire à ce stade qui était derrière ses attaques ni de savoir ce que les pirates avaient fait des connections qu’ils avaient pu établir. Aussi, il n’a pas dit si les attaques contre l’Icann avaient pu être neutralisées ou avaient cessé.

    Selon des experts extérieurs à l’ICANN interrogés par l’AFP, les pirates ciblent aussi bien des gouvernements que des services de renseignements ou de police, des compagnies aériennes ou l’industrie pétrolière et ce, au Moyen-Orient ou en Europe. L’un d’entre eux estime, en outre, que ces attaques ont pour origine l’Iran.

    Ils « s’attaquent à l’infrastructure internet elle-même », a indiqué vendredi à l’AFP David Conrad un des responsables de l’ICANN, qui évoque une campagne « inédite à très grande échelle », qui s’est extraordinairement intensifiée très récemment.

    « Il y a déjà eu des attaques ciblées mais jamais comme ça », a-t-il ajouté après une réunion d’urgence de l’organisation vendredi.

    • « Confirmé par le ministre » C’est merveilleux, la France. Rien ne s’est produit tant que ça n’a pas été confirmé par le ministre, même si ça ne relève en rien de son action. « Le ministre confirme que ce mois de février est chaud » « Le ministre confirme que les français soutiennent la politique du gouvernement »

    • Une attaque qui vise le cœur d’Internet serait en cours… pas si sûr !

      Sous un titre se voulant rassurant, un contenu qui ne l’est pas forcément…

      https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/une-attaque-qui-vise-le-coeur-d-internet-serait-en-cours-808677.html

      L’attaque, qui fait peur à l’ICANN, a réussi à contourner cette double défense. La liste des sites qui ont pu être victimes de ce piratage subtil interpelle. On y trouve des sites webmail du gouvernement chypriote, du ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, du ministère des Finances du Liban. Des serveurs mails du ministère des Affaires étrangères égyptien, du bureau de l’aviation civile du Koweït, du ministère du Pétrole égyptien et celui d’une compagnie aérienne ont aussi été visés. Des sites web du ministère de la défense égyptien, des services secrets d’Albanie et de Jordanie, l’accès à distance au réseau informatique de la police d’Abu Dhabi terminent cette liste non exhaustive. Le trafic vers tous ces sites a pu être redirigé vers des serveurs contrôlés par les pirates. Les pays de ces sites sont très ciblés : Albanie, Chypre, l’Égypte, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye , l’Arabie Saoudite, et les Émirats arabes unis. Il n’en a pas fallu plus pour mettre en cause l’Iran.
      […]
      Le piratage a été mis en évidence en vérifiant vers quels serveurs web pointaient les noms de sites web officiels de plusieurs pays du Moyen Orient repris ci-dessus. Alors qu’ils n’avaient pas changé depuis des années, subitement ces dernières semaines ces sites web pointaient désormais temporairement (de quelques heures à quelques jours) vers des serveurs hébergés en Allemagne.

      Deux gestionnaires de serveurs DNS ont été attaqués, l’un en Suède, l’autre en Californie. L’un et l’autre contrôlent un très grand nombre de noms de domaines (des serveurs racines de noms de domaines). Le gestionnaire suédois a d’abord vu la partie de son système sans DNSSEC attaquée, ce qui a permis plus facilement aux pirates de réaliser des modifications dans les tables de relation entre les noms des sites web et les adresses IP des serveurs correspondants. Pour ce faire, ils ont pu utiliser, peut-on penser, un login et un mot de passe volé auprès d’un service d’enregistrement de noms de domaines ; ce sont eux en effet qui annoncent les changements dans les noms de domaines, les nouveaux noms de domaines enregistrés, les modifications et les transferts. Le gestionnaire suédois a expliqué que ses clients, du Moyen Orient en l’occurrence, n’implémentent pas tous DNSSEC même si lui le fait pour sa propre infrastructure.

      Mais les pirates ont aussi réussi à compromettre la partie DNSSEC, et c’est toujours via le service d’enregistrement de noms de domaines qu’ils y sont parvenus... Depuis celui-ci, ils ont réussi à arrêter le protocole DNSSEC pendant un temps pour écouter les communications sur le réseau et de collecter les mots de passe des utilisateurs envoyés pour accéder à leurs emails et pour se connecter à distance au réseau de leurs entreprises. L’idée était sans doute de pouvoir accéder aux mails des officiels des pays imapctés. Là où ils n’ont pas pu (ou oublié d’) interrompre le protocole DNSSEC, les employés ont vu cette sécurité bien fonctionner : le service email fut interrompu sans que cela n’inquiète les utilisateurs). On a aussi pu mettre en évidence que les pirates ont réussi à obtenir de nouveaux certificats pour les sites web qu’il avait redirigés vers leurs serveurs.

      L’extrême sophistication de l’attaque met en émoi la communauté cyber : le protocole DNSSEC a été contourné par une accumulation de faiblesses organisationnelles périphériques : des certificats d’authenticité donnés un peu complaisamment, des services d’enregistrement de noms de domaines trop peu regardants sur la manière d’authentifier leurs agents, peu de précautions prises par ces derniers lors des demandes de modification d’un serveur qui héberge un site web ou un service mail. La leçon est toujours la même : lorsqu’un protocole semble sûr (DNSSEC), les pirates cherchent alors à profiter des faiblesses organisationnelles et des négligences humaines. Pour les 80% du web non encore protégé par DNSSEC, c’est encore plus simple. L’ICANN a raison de sortir de sa réserve.

    • suite à fausse manœuvre de ma part, le commentaire (msg 763227) de @stephane sur le deuxième article de la Tribune apparait en commentaire du commentaire (msg 763156) citant ce deuxième article et n’apparait donc pas ici… je le reprends donc pour garder le fil.

      Stéphane Bortzmeyer - 26/02/2019 14:59:55

      Plein d’erreurs techniques énormes dans cet article : si, DNS peut utiliser TCP, non DNSSEC n’introduit pas d’aléatoire (ils confondent avec SPR), non, DNSSEC ne chiffre pas, et ces attaques n’utilisaient pas de techniques DNS de tout façon.

  • وسط"تكتّم" شديد ومشاريع أمريكيّة : النقل والنفط والشحن في محور البصرة بغداد إلى – العقبة وعمان- وصولاً إلى « ميناء حيفا » أخر المُفاجآت والمُستجدّات.. مشاريع « تطبيع ثلاثي » بالتلازم مع إضعاف النّفوذ الايراني وطبقة « التخليص » الجمركي تتهيأ لصيف مُزدهر بالأعمال - رأي اليوم
    https://www.raialyoum.com/index.php/%d9%88%d8%b3%d8%b7%d8%aa%d9%83%d8%aa%d9%85-%d8%b4%d8%af%d9%8a%d8%af-%d9%8

    Avec le soutien des USA on s’agiterait beaucoup dans le smilieux concernés pour mettre en oeuvre des liaisons Bassora/Aqaba/Jordanie/Haïfa qui assureraient un transit important d’exportations pétrolières et autres marchandises. Il s’agirait d’un des aspects du « deal du siècle », toujours dans l’esprit d’affaiblir l’Iran. [Signalé il y a longtemps des projets de réseaux ferroviaires fièrement mis en avant par les Israéliens.]

    #deal_du_siècle

  • Une possible nomination française à l’ONU fait grincer des dents
    24 janvier 2019 Par Thomas Cantaloube
    https://www.mediapart.fr/journal/international/240119/une-possible-nomination-francaise-l-onu-fait-grincer-des-dents?onglet=full

    François Zimeray (main tendue, au centre), accompagnant Emmanuel Macron lors de la visite de ce dernier au Danemark en août 2018. C’est après cette rencontre que le président aurait décidé d’appuyer la nomination de l’ambassadeur au HCDH. © Reuters

    L’ancien ambassadeur François Zimeray est soutenu par l’Élysée pour devenir haut-commissaire adjoint aux droits de l’homme de l’ONU. Une promotion que les ONG et certains diplomates au Quai d’Orsay souhaiteraient éviter, car le candidat est jugé trop proche du gouvernement israélien.
    (...)
    Aujourd’hui, ceux qui alertent sur sa possible accession au poste d’adjoint de Michelle Bachelet, qui répond directement au secrétaire général des Nations unies, le font pour deux raisons : son entrisme et son indéfectible soutien à Israël. François Zimeray a fait toute une partie de sa carrière politique dans l’ombre de Laurent Fabius, dont il est très proche : il fut son témoin de mariage et maire du Petit-Quevilly, dans l’agglomération de Rouen, fief de l’ex-premier ministre. Avocat d’affaires reconverti dans l’humanitaire, il a été très actif dans les années 2000 pour mobiliser sur la question du Darfour aux côtés de Bernard-Henri Lévy et de Bernard Kouchner. Ostensiblement socialiste, il est néanmoins nommé en 2008 (sur ordre de l’Élysée occupé par Nicolas Sarkozy et de Kouchner) ambassadeur de France pour les droits de l’homme.
    (...)
    François Zimeray remplit bien les trois cases moquées par la CFDT : ami, courtisan et réfugié du suffrage universel. De 1999 à 2004, il a été député européen, placé sur la liste socialiste par Fabius. Mais à la fin de son mandat, il n’est pas reconduit par le PS, qui choisit de l’écarter. Il a fait tiquer beaucoup de socialistes par ses prises de position systématiques en faveur d’Israël et par ses dénonciations de l’Autorité palestinienne. La plupart de ses interventions au Parlement européen concernent en effet ces sujets. Il s’y illustre notamment en dénonçant les manuels scolaires palestiniens, qu’il accuse de prêcher la haine, et pousse l’Office antifraude de l’Union européenne à ouvrir une enquête sur le financement du terrorisme via un détournement des aides budgétaires de l’Europe par l’Autorité palestinienne. Une enquête qui durera une année et ne soulèvera aucun lièvre.

    François Zimeray ne cache pas son amitié et son soutien à Israël et à la lutte contre l’antisémitisme. Il est le cofondateur du cercle Léon-Blum, qui remplace en marge du PS l’association Socialisme & Judaïsme, et du groupe MedBridge qui organise des conférences et surtout des voyages de députés européens en Israël, dans les territoires palestiniens et en Jordanie. Tout en prêchant la lutte contre l’antisémitisme (et parfois contre l’antisionisme, quand les deux ne sont pas confondus) et en faveur d’une paix équitable au Proche-Orient, ces organes sont perçus par beaucoup à gauche comme « des lobbys pro-israéliens », selon le mot d’un ancien élu socialiste qui a côtoyé Zimeray. « En soi, ce ne serait pas gênant s’il s’agissait de défendre Israël, mais, bien souvent, ces associations soutiennent les politiques du gouvernement israélien, qui a dérivé à l’extrême droite depuis vingt ans. » (...)

  • Palestine Underground, super documentaire d’une demi heure de Jessica Kelly, sur la scène underground en Palestine (48 et 67), la musique électro, techno, rap etc., entre autres avec Sama (2018)
    https://www.youtube.com/watch?v=M-R8S7QwO1g

    Et, à propos de Sama :

    SAMA : « On venait de Ramallah, Bethléem, Jéricho, Gaza »
    Eric Carpentier, So Foot, le 15 janvier 2019
    https://www.sofoot.com/sama-on-venait-de-ramallah-bethleem-jericho-gaza-464836.html

    Figure centrale de la nouvelle scène électronique palestinienne, SAMA’ fait bouger les têtes et les lignes de la techno. Mais ce qu’elle préfère, c’est encore le football. La preuve : elle a fait partie de la première équipe nationale féminine de Palestine. Entretien avec une pionnière.

    Il y a vraiment de la politique dans le football, ça va main dans la main dès qu’on parle d’équipes nationales. Surtout dans le cas palestinien. Il y a deux ans environ, l’Arabie saoudite ne voulait pas venir jouer en Palestine, ils nous ont demandé d’aller jouer en Jordanie. Il y avait toute une discussion autour de ça. Alors qu’on voulait juste jouer au foot ! Donc il y a cet aspect-là, mais aussi l’aspect collectif, communautaire du football. Ça crée une atmosphère, tu peux voir des gens d’horizons différents se réunir. Et ça, déjà, c’est politique. Il y a cette idée d’aller au combat ensemble.

    Sama - The Beating Wound (2014)
    https://www.youtube.com/watch?v=OlrmsNtVYfw

    #Palestine #Sama #Muqataa #Musique #Musique_et_politique #Underground #Electro #Techno #Rap #Rave #Football

  • Défier le racisme : le calvaire d’une musicienne palestinienne à l’aéroport Ben Gourion
    14 janvier 2019 – Nai Barghouti – Source : Mondoweiss
    Traduction : SF pour l’Agence Media Palestine
    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2019/01/17/defier-le-racisme-le-calvaire-dune-musicienne-palestinienne-a-l

    Une des caractéristiques les plus dangereuses des régimes d’oppression coloniale est qu’ils font en sorte d’occuper l’esprit des opprimés et pas seulement leur terre.

    Nous sommes arrivées à l’aéroport et j’essayais de convaincre ma mère de ne pas attendre que j’en aie fini avec le contrôle déshumanisant de « sécurité », comme elle le fait toujours. Alors que j’aime toujours voir son visage à distance, derrière l’épaisse vitre, faisant un signe de la main rassurant, je déteste vraiment la voir en colère mais impuissante face aux agents racistes de la sécurité d’Israël essayant de m’humilier juste pour ce que je suis – une Palestinienne. Je l’ai suppliée de partir, mais elle a insisté : « Je ne peux vraiment pas te laisser dans cet endroit horrible. On ne sait jamais ce qui va arriver ». Elle avait raison !

    Mon nom arabe sur mon passeport a immédiatement trahi mon identité, une invite à leur traitement « royal ». Lorsque l’officière de sécurité m’a demandé si je parlais hébreu et que j’ai dit non, elle a été visiblement fâchée. Lorsqu’elle m’a demandé ce que je faisais à Amsterdam et que j’ai répondu que j’étudiais le jazz, elle n’a pu contenir plus longtemps ses ondes racistes. Comment pouvais-je aussi brutalement démolir son stéréotype sectaire des « femmes arabes » ? Elle m’a dit que je devais passer par une « fouille au corps » intrusive.

    Je l’ai aussitôt accusée de racisme, de profilage racial et de vouloir se venger de moi pour ce que je suis et ce que je fais. Elle a hurlé en retour qu’elle faisait son travail. Je lui ai rappelé que de nombreux crimes innommables ont été perpétrés dans l’histoire sous ce prétexte immoral.

    Elle a pris sa revanche en prétendant que mon ordinateur portable ne satisfaisait pas au contrôle de sécurité et que donc je ne pouvais le prendre dans l’avion. Cela, en dépit du fait qu’elle m’avait demandé de l’ouvrir et de l’allumer, ce que j’avais fait sans problème. Elle me dit qu’ils me l’enverraient pas la poste à mon adresse d’Amsterdam. J’ai ri à son effronterie et j’ai énergiquement refusé. Je sais d’expérience, et de celles d’autres Palestiniens, que laisser son ordinateur aux mains des services de sécurité de l’aéroport Ben Gourion signifie qu’il sera invariablement piraté, abîmé ou « perdu ».

    Je lui ai dit que je ne pouvais pas voyager sans mon ordinateur étant donné qu’il contient toutes mes notes de musique et de cours et que sans lui je ne peux assister à aucun de mes cours.

    Son superviseur a soutenu sa décision vindicative, aussi ai-je été contrainte de rater mon avion. J’ai pris mon ordinateur et me suis rendue là où ma mère attendait, inquiète. Elle m’a accueillie en me prenant dans se bras le plus tendrement et en versant quelques larmes, puis elle a dit : « Ne t’en fais pas, nous allons trouver une solution. Je suis si fière de toi ! ».

    Le lendemain, elle m’a conduite à la frontière terrestre avec la Jordanie. Après une nuit délicieuse en famille à Amman, à profiter des célèbres tourtes épinards-fromage blanc de ma grand-tante, j’ai pris l’avion à l’aéroport accueillant d’Amman et je suis arrivée en toute sécurité à Amsterdam, munie de mon ordinateur, en toute dignité. (...)

    #frontières #BenGourion #Israel

  • La coalition menée par Washington annonce le début de « son processus de retrait » de #Syrie
    https://www.france24.com/fr/20190111-syrie-etats-unis-coalition-internationale-retrait-americain-syrie

    Cette coalition qui réunit une soixantaine de pays a été formée autour des États-Unis et de la France à l’été 2014. Elle compte notamment l’Australie, le Canada, le Danemark, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Norvège ou l’Espagne. Aux côtés des nations occidentales, figurent l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, le Maroc, la Jordanie, Bahreïn, le Qatar ou encore la Turquie.

  • Houari.Boumediene : un grand analyste et fin stratège, un fier nationaliste, un humaniste, il aimait son pays et son peuple. – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/12/27/houari-boumediene-un-grand-analyste-et-fin-stratege-un-fier-

    « UN PEUPLE IGNORANT, EN EFFET, EST UN PEUPLE SUSCEPTIBLE D’ÊTRE EXPLOITÉ, SOIT PAR L’ÉTRANGER SOIT PAR UNE CLASSE QUELCONQUE, CAR IL N’EST PAS EN MESURE D’ACCÉDER À LA CONNAISSANCE. UN PEUPLE IGNORANT S’EXPOSE À TOUS LES DANGERS .C’EST POUR CELA QUE LA RÉVOLUTION RÉSERVE LA PRIORITÉ AU DÉVELOPPEMENT DE L’ENSEIGNEMENT » MESSAGE À LA NATION 31/10/66

    Au-dedans,les options de H. Boumediene se sont précisées en son temps, raffermies et affirmées petits à petits à travers ses propres discours. 
    Au dehors, la voix de H. Boumediene était écoutée, son conseil était recherché, ses décisions étaient prises au sérieux car l’Algérie se mettait à se tenir debout avec sa vitalité politique, économique, culturelle et même sociale. 
    S’il est bien des vertus que nous en tant que génération de H. Boumediene voudrions affecter à ce recueil de mémoire d’un passé récent riche en événement culturel , économique et politique ,c’est un refus qui consiste à rejeter l’état actuel de ceux qui ont en main la destinée de ce très beau et grand pays .Ce pays est conduit et géré et ce depuis la disparition de H. Boumediene ,par un régime de gabegie, de l’indifférence totale de la corruption généralisée et de la médiocrité qui a permis d’ effacer le Rêve , l’ Espérance, l’Utile et l’Agréable ou l’Art n’est plus mis en valeur. 
    « L’Algérie n’est pas une simple expression géographique mais plutôt un programme d’action et une philosophie politique »discours aux cadres du parti Tiziouzou 18/11/74 
    Le destin de l’Algérie est suspendu, et le choix s’impose aujourd’hui et non demain à moins que le changement soit fait par le « yo-yo » des forces du mal qui travaillent à la destruction de ce beau pays et de son oblitération générale en « médiocrisant » les centres de culture et en éliminant les centres de recherche ( instituts et universités). Je sais pertinemment du fond de ma tête, de mon âme et conscience, de mes forces vives que sans justice sociale, il ne pourrait y avoir de paix, ni de salut dans ce pays. Et ceci est bien un geste, un ton dont l’écho à travers le temps d’hier, d’aujourd’hui et de demain ; c’est une attitude claire, une expression qui se nourrissait dans le visage du feu H. Boumediene qui était un véritable autoritaire mais pas dictateur car la parole était donnée aux doctes et universitaires plus qu’aux mauvais politiciens de son temps. Son habit et son décor font de lui un homme de valeur respectable, H. Boumediene sait profondément et pertinemment que la justice et la dignité représentent le mobile à grande vitesse qui mène la société vers la prospérité et la paix sociale. 
    Il est clair que chaque régime quel qu’il en soit a pour règle en générale, de faire oublier, de gommer parfois ou noircir son prédécesseur même si c’est un proche de lui ; croyant l’effacer de l’histoire du pays, mettant en avant les fautes, erreurs pour masquer les siennes. Alors, pour ce qui est d’un chef d’état ses accomplissements positifs ; nul n’a le droit de l’évacuer de la mémoire d’un peuple. 
    Par cette modeste contribution, mettre à la disposition de l’opinion public algérienne qui est trop préoccupée par les agitations moroses du pays et contraint tôt ou tard d’opérer un véritable choix de société plus égalitaire via la véritable démocratie. Ce projet de société aurait pu être opérer pendant la période de l’Age d’or ou le pays avait un mérite celui d’avoir implanté un type spécifique algérien de la politique et qui semble de nouveau en sommité en raison des manifestations spirituelles qui s’attachent au nom et à l’œuvre de H. Boumediene, peut être que la priorité n’était pas encore à l’ordre du jour car le temps était bien utile et nécessaire. Laissant une marge pour ceux qui considèrent H. Boumediene ; sa politique était loin d’être positive c’est un droit incontestable et respectable mais un excès allant plus loin et sont prêt à mettre sur le compte de H. Boumediene ce qui arrive aujourd’hui comme mal au pays .En tant que démocrate qui défend les bienfaits de H. Boumediene, elles seront appuyés par des intuitions émanant de ces discours, de l’impression de ses actes et paroles et des sentiments qui paraphent nôtre jugement. Car l’Algérie n’est pas malade de son corps mais bien de son esprit d’aujourd’hui car après H. Boumediene il y avait la décennie faste (pour une vie meilleurs) qui était trompeuse, ensuite la décennie noire( terrorisme) fabriquée par la stratégie du chaos , suivie de la décennie perdue( démocratie de façade) liquidation du poids économique de l’Algérie et enfin nous y sommes dans la décennie pourrie( capitalisme sauvage) ou valeurs ,morales , principes ,droit et normes ne veulent rien dire . Le destin de l’Algérie est suspendu et le choix n’est pas encore amorcé… en attendant le réveil du peuple qui dort encore oubliant sa dignité ! 
    « Dans notre proclamation du 19 juin 1965, nous avons promis de restituer à ce pays, en premier lieu sa dignité. Voilà aujourd’hui que cette dignité représente la caractéristique dominante de la personnalité de notre peuple, en proclamant que le peuple algérien était l’unique détenteur de la souveraineté » Meeting à Médéa 04/06/69 
    Dès son jeune âge, Houari. Boumediene était une personne très et trop occupé de son pays meurtri pendant la colonisation, déchiré pendant la guerre et après l’indépendance. Pour ceux, qu’ils l’ont traités de fasciste, d’assassin et de bien trop d’autres mauvais qualificatifs suite au redressement du 19 juin 1965. 
    Cependant et à travers ses interviews, et une multitudes de ses discours, et les entretiens qu’il l’avait eu avec Paul Balta*1 qui avait le sang arabe ,H. Boumediene parlait selon les propos de P.Balta d’une voix très douce, sachant placé ses mots dans un contexte qui se veut à lui sans être un « rêveur », pesant et articulant très bien ses mots qui se confondent avec la paix ,la justice, l’équité ,la dignité, le respect, la fermeté et bien d’autres mots propres au bien être de l’homme.Et entre deux phrases, il investit un silence d’or remarquable et laisse communiquer ses yeux pétillants et perçants à la fois, donnant l’air d’un véritable« rêveur ». 
    C’est un homme qui sait très bien manipuler le geste à la parole et la parole au geste, il est celui qui fait toujours ce qu’il dit et dit toujours ce qu’il faut faire, dans le cadre du bien, du juste , du vrai et parfois même du beau et de l’agréable. 
    De loin H. Boumediene était qualifié comme un inégal impénétrable comme disait Ania Franco*2.Il était austère et timide, d’un contact bien compliqué que l’on ne pense. 
    Lors de la conférence des non alignés à Alger en 1973, ses portraits fusaient et se multipliaient à travers les unes de la presse internationale et chacun se permettait de mettre son grain de sel en avant ; ce qui les étonne ensuite .Par contre H. Boumediene n’avait pas changé, ses actions, ses comportements à l’intérieur du pays. Il misait sur la stabilité du pays, la réussite politique et le triomphe d’un homme d’état exemplaire que le sommet des non-alignés lui a permis de lui confectionner une stature à l’échelle internationale pour le profit de la dignité de l’algérien et de l’Algérie. Cet événement politique, lui avait permis d’effacer ce visage que l’on lui avait attribué comme d’un loup affamé et ironique qui inquiétait bien des personnalités et des journalistes du monde politique, culturel et médiatique. 
    Ses sourires étaient parfois en éclats, se fondaient par la suite en public ; le temps est passé ou il dissimulait ses sourires derrières ses mains préférant sourire, très souvent avec les fellahs, les travailleurs, la jeunesse, les intellects et les petites lambadas. 
    En public, Le cigare de Fidèle Castro ne le quittait pas, de même que le burnous noir, un bien noble et sacré des grands des hauts plateaux. H.Boumediene voulait donnait une stature nouvelle de « l’algérien lambda » qu’il soit ouvrier au sens de l’industrialisation, fellah au sens de la révolution agraire, étudiant au sens universel , jeune au sens culturel et travailleur au sens de la création de la richesse. De nouveaux êtres pleins d’orgueil à partir du plein sens d’équité et de justesse dépassant la fraternité pour en fin de compte faire de l’Algérie un pays fier et orgueilleux à la fois par l’instauration d’une nouvelle culture algérienne et d’un nouveau algérien ombrageux c’est-à-dire qui s’inquiétait pour la moindre raison et à la moindre saison. 
    Au lendemain de la conférence des non alignés, H. Boumediene professera du haut de la tribune internationale d’Alger, très haut et bien fort qu’un pays ne peut jouer un rôle international que s’il est vraiment : 
    stable. 
    totalement indépendant au sens large du terme. 
    s’il amorce le décollage économique. 
    Ces trois principes clés que l’Algérie de son temps faisait des efforts louables, pour les atteindre, permettaient de représenter le pays en tant que« phare du tiers monde ».L’Algérie était devenue un pôle d’attraction parce qu’elle s’est attelée à la bataille du développement par plan interposé. Tout cela s’identifiait au sentiment national et que le bonheur et le progrès de notre peuple se construisaient autour de notre digne personnalité distincte, tout en admettant que la liberté, la nation, la justice , la dignité et l’équité qui représentent la dimension universelle, mais au fait le produit n’est que l’origine de la culture progressiste ou le peuple ne devrait consommer que ce qu’il a produit, en nourriture, en santé, en transport, en habit, en amusement et en éducation. La culture au sens prôné par H. Boumediene c’est ce qui permettait à l’homme d’ordonner sa vie pour donner ce qu’il a de bien, de beau, d’utile et de nécessaire. 
    La culture est la représentation d’une économie , d’un style de vie, de rapports sociaux bien déterminés à un moment de la vie des hommes libres qui lui impliquent une orientation, un style, une sensibilité conforme aux conditions d’existence rencontrées comme aux règles sociales bien raffinées. H.Boumediene pensait dans l’avenir ,à concevoir un nouveau contexte pour mettre en évidence toutes nos caractéristiques et nos particularismes afin d’affirmer les composantes de notre personnalité algérienne et de notre authenticité. 
    « L’Algérie est à nous tous. Il est intolérable qu’une fraction de la population vive dans l’opulence et que l’autre vive dans le dénuement. Toutes les religions rejettent pareille chose. Notre religion n’y manque pas. Le prophète Mohamed était pauvre, il vivait de son travail, bien qu’investi de sa mission céleste » Meeting à Boufarik le 02/10/66 
    Le mot développement et culture revenaient souvent et en permanence dans sa bouche et dans ses discours. H. Boumediene en tant que chef d’état est entré dans la révolution depuis son très jeune Age. Il avait fait de la révolution algérienne sa deuxième religion tout en laissant de coté sa vie personnelle qui devrait lui permettre de s’occuper de son être et de sa famille sinon de vivre le quotidien d’un simple lambda .Il dira, par ailleurs :« quand on est très haut et on regarde devant soi, on ne voit pas le ciel, on ne voit que le ravin ». 
    H. Boumediene savait pertinemment que très peu de chefs d’état du tiers monde meurent dans leur lit de vieillesse sauf que lorsqu’il s’agit de président ! 
    Pour H. Boumediene une course à la montre était engagée, il dira à cet effet : « lorsque je ne travaille pas je m’ennuie à mourir » ; l’institution de la présidence se confondait avec H. Boumediene car il avait l’habitude des longues réunions de nuits, beaucoup de personnalités lui ont reproché la personnalisation du pouvoir, mais en réalité c’était le contraire ; H. Boumediene déléguait des pans entiers de son autorité à ses ministres, ils étaient des ministrables face à ceux d’aujourd’hui et quand à ses membres du conseil de la révolution ou il dira clairement haut et fort que : « la réussite de la révolution est le fruit du conseil de la révolution par contre l’échec je l’assumerai personnellement ». 
    H. Boumediene ne saisi le problème que lorsqu’ il s’agit d’un secteur névralgique (pétrole-parti-Révolution agraire –diplomatie..) ensuite il l’abandonne quand la crise s’atténue face à sa résolution. 
    « Le non Alignement trouve sa raison d’être dans la défense des causes justes contre toute forme d’hégémonie politique et de domination économique. Son action vise avant tout l’émancipation des peuples, dans le cadre d’une coopération internationale basée sur l’égalité des états, le respect des souverainetés et l’instauration d’une paix juste dans le monda »Révolution Africaine N° 498 du 7 au 13/09/73 
    Exemple en 1976, l’éclatement de l’affaire du Sahara occidentale, H. Boumediene s’est senti menacé de l’extérieur, il ne prenait aucune décision sans avoir délibérer avec la direction politique et même avec certains doctes. En 1974, H.Boumediene avait beaucoup appris les cours de politisation interne et externe (conférence internationale-échanges…) ; le fait de bien écouter et comprendre, des opinions différentes des siennes, lui ont permis de se faire une idée de ce qui se passe chez soi.Il dira en ce sens que les expériences acquises lui ont permis de découvrir que les européens qui se prétendent comme des paternalistes suivis avec d’attitudes hautaines, se trompent en croyant que les chefs d’état et non des présidents du tiers-monde se retrouvent entre eux pour uniquement s’amuser. L’exemple de la conférence des non alignés que les occidentaux n’avaient pas pris au sérieux, mais suite à la crise du pétrole,lorsqu’ils ont eu un peu froid, ils ont commencé à écouter ce petit tiers –monde. 
    H. Boumediene dira par la suite que les relations internationales ne sont pas imprégnées d’une certaine morale universelle mais bel et bien d’un rapport de force ou la loi du plus fort est mise en pratique et les deux poids deux mesures deviennent le Dada des Etats Unis. 
    Les occidentaux commençaient timidement à effectuer des pèlerinages vers la nouvelle « Mecque des révolutionnaires » qu’est Alger qui était aussi la « capitale révolutionnaire arabe ». 
    En 1973, lors du sommet des non alignés H. Boumediene s’en était aperçu que la ligne de démarcation passait entre les pays riches et les pays pauvres, les analphabètes et les doctes entre ceux qui aillent à dos de l’âne et ceux qui empruntent des avions supersoniques. 
    Cette constations a été accomplie et confortée par la rencontre spéciale (USA-URSS) en juillet 1975, ils avaient la même technologie ; H. Boumediene reconnaissait ouvertement que le socialisme de l’URSS et son camp de l’EST avaient vivement contribué à affaiblir l’impérialisme US et avait permis par cette occasion la libération des peuples du tiers-monde.L’amitié dans ce monde n’est pas gratuite disait-il et l’Algérie devrait avoir des rapports égalitaires avec les deux camps. 
    H. Boumediene se plaint,qu’il soit très difficile de travailler avec les pays de l’EST, il dit que tout est secret politique, économique ; on ne peut se procurer un prospectus et on ne sait pas ce que l’on achète, d’autre part, il accuse ouvertement les multinationales de corrompent nos cadres .H. Boumediene. Disait, « je ne puis ordonner d’acheter socialiste si les produits de l’EST sont de moins bonnes qualités » 
    H Boumediene diversifiait ses échanges entre les USA –Europe- le Japon – la Chine et l’URSS sachant pertinemment que les petits pays ne sont rien dans le jeu des grandes puissances, il ne s’agit pas aussi de confondre le péché soviétique et les crimes US envers le tiers -monde. 
    Quant un pays du tiers- monde bouge, on le liquide par tous moyens et il est mis en galère via les médias en exhibant quelques scandales de la CIA -maison blanche -pentagone c’est la même chose comme aujourd’hui, c’est les medias « mainstream » qui propagent la désinformation, les « fakes news », les mensonges, la désintoxication par le TIC*2. 
    « Nous pays membres de l’OPEP, nous devons en tout état de cause, agir positivement de sorte qu’aux yeux de l’histoire, il soit bien établi que nous aurons tous mis en œuvre pour réunir toutes les chances de réalisation de ces promesses »Al Moudjahed le 5/3/75 
    En 1974, H. Kissinger trouve la petite Algérie, qui s’agite beaucoup, et la course à la montre s’engageait entre le plus puissant pays capitaliste du monde et le leader le plus clairvoyant du tiers- monde. Le plan Kissinger prévoyait d’isoler d’abord l’OPEP du tiers- monde via une augmentation du prix du pétrole afin de torpiller le développement des pays non producteurs de pétrole du tiers- monde. 
    H.Boumediene est le 1er chef d’état de l’OPEP, il déclama lors du sommet islamique de Lahore (Pakistan) : « nous entendons s’élever des voix pour dire aux pays du tiers- monde que la hausse du prix du pétrole est dirigée contre eux.Depuis quand l’exploiteur est-il devenu l’avocat de l’exploité ? Que les pays industriels ôtent leurs mains de nos richesses. Nous importons des produits industriels et la technologie à des prix excessifs. La bataille du pétrole est une partie de la bataille d’ensemble qui concerne toutes les matières premières, une bataille qui a posé le problème des rapports entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement ». 
    Poursuivant dans sa lancée, pour défendre le bien-fondé du tiers- monde ; il envoie un message au S/G Kurt Waldheim de l’ONU en sa qualité de président des pays non- alignés pour réclamer une session spéciale des nations unies portant sur une réunion de toutes les questions se rapportant à l’ensemble des matières premières il dira que :« les algériens en tant que tels ne veulent nullement que l’OPEP porte le chapeau pour tous les malheurs de l’économie mondiale » 
    H. Kissinger voulait dans ce cadre-là, capsuler la fente et un H.Boumediene sûr de lui voulait élargir le plus possible pour que toutes les matières premières(cuivre –cacao-fer –caoutchouc- café…..) soient à l’image de l’OPEP. Le climat de la situation politique internationale se compliquait pour le développement et pour la paix également, car certains généraux américains pensaient déjà à remettre sur leurs têtes« Kriegspiel »( jeu de la guerre) 
    L’habilité de H. Boumediene tente d’un autre côté de séduire l’Europe, grande consommatrice de matières premières dans le but de l’écarter du chemin du gros rouleau compresseur. Déjà les USA ,lors de la conférence de Washington ou étaient réunis les plus gros consommateurs du pétrole pour fonder l’OTAN du pétrole. Car la vision principale des USA n’était pas la question des prix, mais le pouvoir de contrôler les sources d’énergie et par conséquent assurer son pouvoir politique à l’échelle de la planète. 
    La session spéciale des Non-alignés, s’ouvre le 10 avril 1974, une session qui faisait croire à beaucoup de monde comme une forme ou discours et parlotes stériles vont garnir la tribune Onusienne. 
    Le discours de Boumediene entièrement en arabe, vient de frapper fort les esprits avec une nouvelle conception , sur les relations entre pays pauvres et pays riches, nationalisation des ressources naturelles, valorisation sur place des matières premières et revalorisation des cours ,de là le développement des pays jeunes doit s’inscrire dans une dialectique de lutte sur le plan international et compter d’abord sur soi, sur ses propres moyens sur le plan interne . 
    C’était le nouvel ordre économique international prôné par le grand chef de l’Etat : Monsieur Houari Boumediene. 
    Pour H.Boumediene, cela voulait dire que les nantis doivent revoir leurs copies en matière monétaire,financière, technologique et alimentaire car le gaspillage des nantis est une forme d’ insulte à la misère des pauvres la course à l’armement ,à la destruction du surplus agricole face à un monde en proie à la famine. 
    Toutes les manipulations que ce soit monétaires ou financières ou autres ne font qu’appauvrir les pays pauvres et enrichir les pays riches. 
    Le nouvel ordre économique permet au tiers- monde à ce qu’il s’organise et se généralise en forme d’association à l’image de l’OPEP sinon viendrait une mondialisation ou les oligarchies sèmeront leur propres dictatures par une expropriation gratuite de toutes les ressources naturelles. 
    H. Boumediene s’avait pertinemment que cette conférence ne va pas être suivie d’effet dans l’immédiat.Mais, en recevant à Alger, des personnalités de tout horizon, suite à l’écho de la conférence des non alignés, tout le monde lui fait avancer que ce nouveau ordre économique mondial va provoquer un tel chambardement qu’il est impossible de le construire. H Boumediene dira que ce système est certes, dur à changer, l’essentiel est de reconnaître d’abord et avant tout qu’il est injuste ! 
    H. Boumediene voulait semer d’abord, pour faire fructifier et avancer les idées de justesses et non d’arracher dans l’immédiat des résolutions triomphantes qui n’ont point d’effet sur le terrain. 
    L’idée du nouvel ordre économique plus juste, va être présente dans toutes les officines et conférences internationales H. Boumediene avait pris une position en flèche dans ce nouvel affrontement « Nord-Sud »très différentes de la rivalité « Est-Ouest » ou la guerre froide faisait rage ; une forme de diversion politique basée sur la« realpolitik » c’est à partir de là que l’Algérie est devenue la capitale « révolutionnaire » du monde arabe et des pays progressistes et donc devenue la cible N°1 de l’impérialisme US 
    H. Kissinger s’est arrêté à Alger en décembre 19 73, pour tester le poids de l’Algérie sur le conflit du moyen orient et voir, si vraiment Alger était dans le camp des modérés ou celle des irréductibles comme Baghdâd, Syrie, tripoli. H. Boumediene devait lui répondre ainsi :« je ne peux vous répondre de ce que j’avais déjà dit aux leaders de la résistance palestinienne , l’Algérie ne pratique pas la surenchère, exiger plus d’eux ,c’est de la démagogie moins c’est de la trahison ». 
    H. Boumediene savait que les USA cherchaient à faire taire par tous les moyens cette Algérie qui tonne fort à l’OPEP et aussi dans le concert du tiers-monde .H. Boumediene était le seul chef d’état du tiers –monde à pouvoir dire aux grands de ce monde que le roi est nu. H. Boumediene sait très bien que dans ce monde les faibles s’effondrent, et sont massacrés comme des bêtes, et effacés de l’histoire par contre les forts, survivent pour leurs biens et pour le mal des autres. Dans ce monde les forts se font respecter forcement et se concertent sur le dos des faibles, par conséquent, la paix se fait par les forts. 
    Par ailleurs, suite à la disparition de Nasser ; Sadat « dé-Nassériste » par sa politique d’« infitah » (libéralisation sauvage et à outrance de l’économie égyptienne ou les prédateurs s’accaparent de tous) . 
    Devant ce fait accompli, l’Algérie se retrouve seule, H. Kissinger avait convaincu Sadat de monnayer pas à pas et en douceur les succès de la guerre d’octobre 73, tandis que H. Boumediene ressent que la « pax americana » est en marche sur le monde arabe.Il découvre les complicités et manigances des petits présidents larbins arabes. 
    La bataille et non la guerre de 73 était un événement, un plus pour H. Boumediene, il dira à cet effet « les arabes ont vaincu leur peur et les palestiniens se sont débarrassés de leur tutelle arabe » 
    Le sommet d’Alger de novembre 73, il propulsa en avant Yasser Arafat sur la scène internationale malgré les réticences Égyptiennes et Jordanienne. L’OLP est reconnue à Alger par la majorité des pays arabe comme étant l’unique représentant légitime du peuple palestinien. Suite, à cet événement majeur H Boumediene voulait encore faire avancer la préparation d’une stratégie arabe commune qui devrait s’élaborer au niveau même de ce sommet : cette stratégie devrait reposer : 
    *Comment combiner contre Israël toutes les armes arabes à savoir le pétrole –les finances- le poids diplomatique-les alliances- les groupements- H. Boumediene dessine à cet effet une politique arabe à long terme qui ne séduit pas le larbin Sadat, ni même son banquier le roi Fayçald’Arabie saoudite encore moins le roitelet de Jordanie. 
    *H. Boumediene suite à ces événements riches en activité, le dialogue avec les grands commence à se faire d’égal à égal, alors que certains parmi les cadres algériens se posaient déjà la question si H. Boumediene ne va pas sacrifier au gout du prestige comme au temps du « Benbelisme » pour se prendre pour un Mao , et l’accident de l’avion avec ses 40 morts avait permis de rehausser les discussions sur l’absence des institutions du pays. Que serait-il arrivé à l’Algérie si l’avion écrasé était présidentiel et c’est à partir de là que la construction de l’état prenait forme par l’instauration des premières intuitions de l’état, en commençant par le bas de l’échelle commune -wilaya -APN .A partir de là, l’édification d’un état fort commençait à prendre forme, elle était à la fois l’objectif et la raison du redressement du 19 juin65 que le temps n’a pas permis à ce rêveur de finir sa bataille car les loups internes et externes étaient par derrière et n’attendaient que sa fin pour mettre en œuvre la stratégie du chaos. 
    Pour conclure d’une manière générale , tout ce qui se rapporte au pays à son peuple, sa vision profonde dans son ensemble était comment appliquer le concept des dispositions du premier novembre 1954, à savoir un premier novembre social, un premier novembre économique, un premier novembre financier ,un premier novembre politique, un premier novembre culturel, un premier novembre humain, un premier novembre révolutionnaire, un premier novembre technologique ou la justice , la dignité et le bien être jouent les premiers rôles…. Il est clair que l’Algérie est passée d’un pays non aligné respecté à un pays aligné soumis, autrement plus imagé d’un homme libre à un homme soumis. L’Algérie s’ est alignée sur les pays occidentaux reniant ses propres principes de novembre , cela se justifie par le changement du système économique socialiste à un système libéral d’économie de marché ou les règles du jeu du marché économique , culturel, et politique ont été préparées , établies et imposées par cet occident arrogant et impérialiste. L’Algérie a été propulsé au premier rang en tant que leadership, sur la scène internationale par le mouvement des non-alignés en 1975 ; l’Algérie avait créé le G77 *4(groupe des 77) qui avait pour mission de réduire les inégalités économiques entre le nord et le sud. Le droit au développement économique et de la nécessité de reformer le système économique international par l’établissement d’un nouvel ordre économique international basé sur des échanges justes et équitables entre le nord et le sud. Tout cela est tombé à l’eau suite à la disparition du feu H.Boumediene. 
    BENALLAL MOHAMED ANCIEN CADRE 
    2*Anias francos et J.P Sérénie 
    1*Paul Balta et Claudine Rulleau « La Stratégie de Boumediene » Paris Sindbad 1978. 
    3*P.Balta « Boumediene me disait que j’avais du sang arabe » 
    4
    G77 Organisé en 1967 à Alger où il a publié la fameuse « charte des droits économiques du 1/3 monde : base de tout débat ultérieur « Nord –Sud » 
    *Que reste –t-il de Boumediene –Jeune Afrique du 18-12-2008- 
    *www.jeune afrique.com 187687 politique que reste-t-il de boum-di-ne 
    *citations du Président Boumediene L’héritage ; Que reste-t-il ? 
    Discours du Président Boumediene 19 Juin-1965-19 Juin 1970 Tome II Edit2 par le Ministère de l’information et de la culture 

    Mohamed BENALLAL

    http://www.alterinfo.net/Houari-Boumediene-un-grand-analyste-et-fin-stratege-un-fier-nationaliste-

  • Chronique du cinéma palestinien : la renaissance d’un cinéma sans État
    Lou Mamalet, Middle East Eye, le 3 novembre 2018
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/chronique-du-cin-ma-palestinien-la-renaissance-d-un-cin-ma-sans-tat-5

    Quand il s’agit de définir les contours du cinéma palestinien, la réponse n’est jamais évidente. Il est en effet complexe de délimiter les frontières d’un art sans État. Le cinéma palestinien est un territoire fragmenté qui s’ancre dans différents espaces temporels et géographiques, conséquence d’un passé intrinsèquement lié à l’exil et à la dispersion.

    Malgré les difficultés économiques de cette industrie en quête permanente de financement, elle continue de porter à l’écran ceux que l’on a essayé de rendre invisibles, notamment à travers une nouvelle vague de jeunes réalisateurs, tels Rakan Mayasi ou Muayad Alayan , qui se sont fait remarquer lors de festivals de films internationaux.

    Début du XIX e siècle : premiers pas du cinéma palestinien

    Les prémices du cinéma palestinien remontent au début du XX e siècle, à l’occasion d’une visite du roi d’Arabie saoudite Ibn Saoud en Palestine en 1935. Accompagné par le mufti de Jérusalem Amin al-Husseini, son périple est immortalisé par Ibrahim Hassan Sirhan, réalisateur palestinien autodidacte, qui filme l’événement avec un appareil de fortune acheté à Tel Aviv.

    Sirhan s’associe plus tard à Jamal al-Asphar, un autre réalisateur palestinien, avec qui il filme The Realized Dreams (« les rêves réalisés »), un documentaire de 45 minutes sur les orphelins palestiniens.

    Considérés comme les pères fondateurs du cinéma palestinien, Sirhan et Asphar sont les premiers autochtones à faire des films en Palestine ; les premières images du pays avaient jusqu’alors été tournées par les frères Lumières ou d’autres sociétés européennes empreintes d’une forte dimension orientaliste, se contentant de dépeindre des sujets folkloriques et traditionnels.

    Dix ans plus tard, Ibrahim Hassan Sirhan ouvre le premier studio de production cinématographique en Palestine avec Ahmad al-Kalini, un compatriote ayant étudié le cinéma au Caire. Le duo produira plusieurs longs métrages, dont aucune trace ne demeure de nos jours, comme la majeure partie des réalisations de cette époque.

    La déclaration Balfour en 1917 et la création de l’État d’Israël trente ans plus tard dessinent cependant un autre destin pour le cinéma palestinien. En 1948, plus de 700 000 Palestiniens sont forcés à l’exil lors de la Nakba (« catastrophe »), assénant un coup dur à la production cinématographique palestinienne. Le peuple est traumatisé et doit faire face à une nouvelle situation, ne laissant derrière lui presqu’aucun document. C’est le commencement d’une longue période de silence cinématographique de plus de deux décennies.

    Fin des années 1960, début des années 1970 : le cinéma de la révolution

    Ce mutisme prend fin en 1968, après la défaite arabe de la guerre des Six Jours (la Naksa) et ses conséquences politiques : l’occupation israélienne de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de Gaza.

    Cette tragédie renforce le statut de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et d’autres institutions palestiniennes, qui sont alors perçues comme les derniers symboles d’espoir et de résistance arabe. Sous leurs auspices, un nouveau cinéma militant apparaît afin de documenter la lutte palestinienne et la vie des réfugiés dans les camps.

    Certains réalisateurs palestiniens ayant étudié à l’étranger rejoignent ainsi les rangs de l’OLP à Amman, puis à Beyrouth. Parmi eux, Sulafa Jadallah Mirsal, une jeune photographe palestinienne qui a étudié au Caire. Dans sa cuisine, elle monte une unité photographique avec des équipements basiques et se focalise sur les photographies des martyrs de guerre.

    En 1968, son travail est transféré à Amman où se situe le siège du Fatah, principal parti de l’OLP dirigé par Yasser Arafat, et pour la première fois, un département de photographie est créé.

    Elle est très rapidement rejointe par deux réalisateurs palestiniens : Mustafa Abu Ali , qui a par ailleurs travaillé avec Jean-Luc Godard sur son film Ici et ailleurs (1974), et Hani Jawharieh, avec qui elle mettra en place la première Unité du film palestinien (PFU).

    Ils sortent en 1969 No to a Peace Solution (« Non à une solution de paix »), un film de vingt minutes qui documente les manifestations de civils contre la solution de paix proposée par le secrétaire d’État américain de l’époque William Rogers.

    Suite au conflit entre l’OLP et le roi Hussein de Jordanie qui débouche, en 1970, sur les événements de Septembre noir , l’organisation de Yasser Arafat doit quitter la Jordanie et se relocalise au Liban. Durant cette période, plus de 60 documentaires sont tournés malgré les difficultés économiques et le début de la guerre civile libanaise, comme With our Souls and our Blood (« avec nos âmes et notre sang »), qui narre les massacres de septembre 1970.

    On assiste alors à l’accélération d’une prise de conscience de l’importance du cinéma et des images comme outil politique dans la promotion des idéaux révolutionnaires de la cause palestinienne.

    En 1974, est ainsi produit par Mustafa Abu Ali They Do Not Exist (« ils n’existent pas »), un documentaire dépeignant la vie des Palestiniens dans un camp de réfugiés du Sud-Liban et dont le titre est inspiré des déclarations négationnistes de Golda Meir (Première ministre israélienne de l’époque) au sujet des Palestiniens.

    Comme l’explique à Middle East Eye Hanna Atallah, réalisateur palestinien et directeur de FilmLab Palestine , une association qui supporte l’industrie cinématographique palestinienne, « Il s’agissait de construire un récit-réponse à celui des Israéliens, de trouver une alternative au discours selon lequel la Palestine était une terre sans habitants uniquement peuplée de bédouins. Les Israéliens ont vite compris qu’écrire l’histoire était un instrument politique, chose que les Palestiniens n’avaient pas réalisée jusqu’alors ».

    Un outil politique qui nécessite de centraliser les œuvres réalisées, ce à quoi s’attèle Mustafa Abu Ali en créant l’Archive du film palestinien en vue de réunir les efforts des réalisateurs palestiniens du monde entier et de préserver l’identité palestinienne en donnant une certaine reconnaissance à son cinéma.

    Cette archive contient une vaste quantité de documents sur le siège de Beyrouth, les batailles des fédayins, mais aussi des interviews de politiciens et d’intellectuels. Malheureusement, elle disparaîtra lors de l’invasion du Liban par Israël en 1982.

    Des efforts seront toutefois déployés par plusieurs réalisateurs – comme Monica Maurer, cinéaste allemande ayant autrefois opéré au sein de l’Unité du film palestinien de l’OLP, et l’artiste palestinienne Emily Jacir – afin de restaurer et digitaliser les rushes de cette période, à l’instar de ceux de Tel al-Zaatar , un film sur le siège du camp de réfugiés palestiniens du même nom à Beyrouth par les milices chrétiennes, initialement filmé par le cinéaste libanais Jean Khalil Chamoun et le Palestinien Mustafa Abu Ali.

    Une période également documentée dans Off Frame a.k.a. Revolution Until Victory (2016) de Mohanad Yaqubi, cinéaste palestinien et fondateur de Idiom , une société de production basée à Ramallah. Après un long travail de recherche dans le monde entier, Yaqubi est parvenu à exhumer des images d’archives inédites montrant le travail de cinéastes militants durant les années 60-70, un résultat qui réfléchit aussi sur la lutte palestinienne dans sa représentation d’elle-même et la réappropriation de son récit à travers l’établissement de l’Unité du film palestinien.

    1980-1990 : cinéma indépendant et réalisme social

    Les années 1980-1990 sont particulièrement difficiles pour les Palestiniens. Face à la persistance de l’occupation israélienne et à l’échec des tentatives de paix, les nouvelles générations commencent à perdre espoir en l’avenir. La crise économique, le chômage et l’augmentation des colonies dans les territoires occupés sont autant de facteurs qui précipitent l’éclatement de la première Intifada , le 9 décembre 1987.

    Un tournant politique qui marque aussi l’avènement d’une nouvelle génération de réalisateurs palestiniens ayant étudié à l’étranger. D’un cinéma de la révolution, principalement militant et documentaire, on passe alors au récit de la vie sous occupation et de la résistance.

    Parmi eux, Michel Khleifi , qui revient dans sa ville natale de Nazareth, en Galilée, après avoir passé dix ans en Belgique. Il produit son premier long métrage, Fertile Memory (mémoire fertile), en 1980, une fiction empruntant au documentaire qui raconte l’histoire de deux femmes palestiniennes dont l’une est forcée de travailler dans une entreprise de textile israélienne après avoir vu sa terre expropriée par Israël.

    Cette nouvelle vague est également représentée par les œuvres de Mai Masri , une réalisatrice palestinienne qui a grandi à Beyrouth et étudié à San Francisco. Dans Wild Flowers : Women of South Lebanon (1987), réalisé avec Jean Khalil Chamoun, elle filme la vie de femmes libanaises résistant durant l’occupation militaire israélienne du Sud Liban.

    Après les accords d’Oslo en 1993, on assiste à une certaine désillusion de la société palestinienne, qui se ressent à l’écran. Le cinéma s’éloigne de l’esprit révolutionnaire des années 1970 et de la nostalgie des années 1980 pour migrer vers un réalisme social traitant des problèmes que rencontrent les Palestiniens dans leur vie quotidienne.

    Comme le souligne Hanna Atallah, « Il n’est plus question de la vision romanesque et fantasmée de la Palestine perdue, avec ses champs d’orangers et d’oliviers. On parle du quotidien, des check-points et du mur ».

    Une situation tragique souvent tournée au ridicule par les réalisateurs, à l’instar d’Elia Suleiman, qui se met toujours en scène dans ses films comme observateur passif du délitement de l’identité palestinienne.

    Avec Chronique d’une disparition (1996), il dresse un portrait caustique de la réalité palestinienne sous occupation, entre anecdotes personnelles et discours politique sur Israël. Dans Intervention divine (2002), il raconte les déboires d’un couple de Palestiniens qui, pour se voir, l’un vivant à Jérusalem-Est et l’autre à Ramallah, doit se donner rendez-vous dans un terrain vague proche du check-point.

    Des difficultés de l’occupation aussi décrites par Rashid Masharawi. Qu’il s’agisse de Couvre-feu , description de celui imposé à son village de la bande de Gaza pendant 40 jours en 1993 (film qui lui fait gagner le prix UNESCO au festival de Cannes 1993), de L’Attente , qui suit Ahmad, un réalisateur faisant passer des auditions dans différents camps de réfugiés du Proche-Orient afin de constituer la troupe du futur théâtre palestinien (2006), ou de L’Anniversaire de Leïla (2008), qui raconte les obstacles d’un juge forcé de devenir chauffeur de taxi, le réalisateur évoque la douleur d’un peuple qui doit subir un état d’apartheid.

    Des années 2000 à nos jours : nouvelle vague et changement de récit

    Depuis les années 2000, si la politique reste en toile de fond des films palestiniens, elle n’est plus nécessairement au cœur du sujet, faisant place à des fictions au ton décalé et aux intrigues inattendues.

    De nouveaux thèmes sont abordés par de jeunes réalisateurs qui explorent la complexité de la réalité palestinienne, tels les écarts de perception entre les Palestiniens restés sur place et ceux revenus après avoir commencé une nouvelle vie à l’étranger ou encore les différences intergénérationnelles.

    C’est le cas de Wajib – L’invitation au mariage d’Annemarie Jacir (2017) , un long métrage qui illustre avec humour et tendresse la situation palestinienne à travers le regard de deux générations. Alors que le fils reproche au père d’inviter un ami juif, qu’il suspecte de travailler pour les services de renseignement israéliens, au mariage de sa sœur, le père en veut à son fils d’être en couple avec la fille d’un membre de l’OLP à qui il reproche de ne pas se soucier du sort des Palestiniens.

    Autre exemple, Love, Theft and Other Entanglements (« Amours, larcins et autres complications », 2015) des frères Muayad et Rami Musa Alayan, une fable absurde aux allures de western qui met en scène les aventures au milieu des milices palestiniennes et des services d’intelligence israéliens d’un petit magouilleur palestinien qui espère pouvoir se payer un visa de sortie du pays en volant une voiture appartenant à un Israélien et qui se retrouve enfermé dans le coffre de la voiture volée avec le soldat israélien qu’il a kidnappé.

    Des œuvres qui n’hésitent donc pas à utiliser l’humour et le symbolisme pour dénoncer le quotidien tragique des Palestiniens sous occupation, à l’instar de The Wanted 18 (« les dix-huit fugitives »), film d’animation intégrant des images d’archives qui raconte l’histoire vraie de Palestiniens du village de Beit Sahour, en Cisjordanie, tentant de maintenir clandestinement une industrie de vaches laitières pendant la première Intifada. Réalisé par Amer Shomali et Paul Cowan, le film a reçu le prix du meilleur documentaire au Festival du film d’Abou Dabi.

    Les courts-métrages ne font pas exception à la règle. En témoigne Farawaleh (« fraises »), la dernière création de la jeune réalisatrice palestinienne Aida Kaadan, lauréate du festival Palest’In & Out 2018, qui décrit l’épopée de Samir, responsable d’un magasin de chaussures à Ramallah qui n’a jamais vu la mer et qui décide, pour accomplir son rêve, de traverser la frontière israélienne parmi des ouvriers du bâtiment palestiniens.

    Un autre court-métrage, réalisé par le cinéaste Rakan Mayasi, raconte pour sa part l’histoire d’un couple palestinien qui, pour faire un enfant, décide de sortir clandestinement du sperme de la prison israélienne où l’époux purge sa peine. Bonboné (« bonbon ») a cumulé les prix de festivals (notamment meilleur scénario au Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger , meilleur film au Twin Cities Arab Film Festival ).

    Bien que jamais très loin, la politique est devenue le personnage secondaire de ces nouvelles fictions qui font la part belle aux Palestiniens et à leur histoire, laquelle n’est plus cantonnée à une simple quête identitaire. The Reports on Sarah and Saleem , de Muayad Alayan, présenté au Festival des cinémas arabes de l’Institut du monde arabe en juillet dernier, retrace ainsi une histoire d’adultère banale entre une juive israélienne et un livreur palestinien, qui se transforme en affaire politique.

    Un changement de paradigme dans les intrigues regretté par certains, qui y voient une perte des valeurs propres à la cause palestinienne, comme l’explique à MEE Mohanad Yaqubi.

    « Le cinéma palestinien doit rester militant et engagé dans son essence. Avant, les réalisateurs parlaient un langage commun : celui du droit au retour. Aujourd’hui, l’identité palestinienne est dissoute et perd en force, alors que faire partie du peuple palestinien, c’est appartenir à une lutte pour l’auto-indépendance, que le cinéma doit soutenir », estime-t-il.

    Une mission pour l’avenir de cette industrie qui a su se renouveler sur la forme et sur le fond, malgré une situation politique stagnante....

    #Palestine #Cinéma

  • Sur les routes de l’exil syrien : récits de vie et parcours migratoires des réfugiés de #Deir_Mqaren

    En adoptant une approche qualitative et pluridisciplinaire, basée sur l’étude longitudinale des circulations de la population de Deir Mqaren - un village syrien situé entre Damas et la frontière libanaise - cette thèse interroge la dimension réticulaire des #mobilités humaines. A travers les récits de vie des réfugiés de cette bourgade et l’analyse de leurs parcours migratoires vers la Jordanie et l’Allemagne, elle décrypte la mécanique des flux au départ de Syrie. Cette recherche invite ainsi le lecteur à déplacer son regard vers des réseaux de lieux et d’acteurs souvent considérés comme marginaux, mais formant pourtant l’ossature des routes de l’exil reliant la Syrie au reste du globe. En plaçant la focale sur les conditions du mouvement des individus, l’intention de cette étude est à la fois de mettre en exergue les imbrications entre les migrations économiques antérieures au conflit et la logique des mouvements actuels de réfugiés ; mais aussi de montrer de manière tangible l’évolution des mécanismes relationnels permettant aux exilés d’accéder à des ressources (informations, mobilité, logement, emploi) en dépit des contraintes structurelles auxquelles ils ne cessent d’être confrontés. Les représentations (carto)graphiques élaborées dans le cadre de cette thèse visent pour leur part à mieux rendre compte du caractère mobile, instable et particulièrement labile de ces dynamiques socio-spatiales.


    https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01955981
    #réfugiés_syriens #asile #migrations #thèse #réfugiés #parcours_migratoires #itinéraires_migratoires #David_Lagarde #réseaux #cartographie #visualisation

    ping @reka

  • Irak. Les “gilets jaunes” sont mobilisés à Bassorah depuis 2015 | Courrier international
    https://www.courrierinternational.com/article/irak-les-gilets-jaunes-sont-mobilises-bassorah-depuis-2015

    Des manifestants se mobilisent à nouveau à Bassorah, ville pétrolière, mais pauvre, du Sud irakien. Ils portent des gilets jaunes, “comme à Paris”, souligne la presse locale. Mais ils revendiquent l’antériorité quant à l’utilisation de ce symbole.

  • L’arabie saoudite à l’ONU

    En avril 2018, l’Arabie saoudite prenait position au sein de trois organismes de l’ONU qui défendent les droits et intérêts des femmes...

    Saudis Win Seat on Third UN Women’s Rights Body - UN Watch

    https://www.unwatch.org/un-sells-3-womens-rights-bodies-oil-rich-saudi-arabia

    En Novembre 2018, le conseil des droits humains des Nations unies lançait son « Examen périodique universel », processus établit en 2006 par l’Assemblée générale des Nations unies :

    https://www.ohchr.org/fr/hrbodies/upr/pages/uprmain.aspx

    En gros, chaque état membre présente les mesures qu’il a prises pour les droits humains, et l’ensemble des membres examinent et commentent. Le 5 novembre, c’était le tour de l’Arabie saoudite d’être « examinée » :

    https://www.ohchr.org/FR/HRBodies/UPR/Pages/SAindex.aspx

    Voici ce qu’à dit la France :

    https://onu-geneve.delegfrance.org/Examen-periodique-universel-de-l-Arabie-Saoudite-Declaration

    La France adresse les recommandations suivantes à l’Arabie saoudite :

    1) Amender la législation applicable en matière de liberté d’expression et d’opinion, de liberté d’association et de réunion pacifique, tout particulièrement la loi sur la lutte contre la cybercriminalité et les lois sur la lutte contre le terrorisme, conformément aux normes internationales en la matière, et garantir la liberté de religion, de conscience et de conviction ;

    2) Garantir la sécurité des journalistes et des défenseurs des droits et faire cesser immédiatement les emprisonnements et les arrestations arbitraires dont ils sont victimes ;

    3) Déclarer un moratoire sur la peine de mort en vue de son abolition et interdire expressément la condamnation de mineurs à la peine de mort conformément à la Convention des droits de l’Enfant que l’Arabie saoudite a ratifiée ;

    4) Poursuivre les réformes visant à réduire l’écart de droits entre les femmes et les hommes, y compris en matière de citoyenneté ; abolir notamment le système de tutelle masculine ;

    5) Ratifier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ;

    6) Assurer une prise en compte pleine et entière du droit international humanitaire.

    Mais selon UN Watch, qui asistait à la session « Arabie saoudite », il sembl que des pays comme le Venezuela, la Chine, le Pakistan, la palestine (observateur), la Jordanie aint loué les efforts, et le grand intérêt que porte l’Arabasaoudite aux droits humains.

    GENEVA, June 18, 2018 – UN Watch today expressed grave concern that Saudi Arabia, considered by many to be the most misogynistic regime in the world, has now secured key positions on the UN’s three principal women’s rights bodies:

    April 2017: Saudi Arabia elected to UN Commission on Status of Women. Belgium and at least four other EU states voted for the Saudis.

    April 2018: Saudi Arabia elected to the Executive Board of UN Women, also known as the United Nations Entity for Gender Equality and the Empowerment of Women.

    Saudi Arabia elected as new member to the Executive Board of the United Nations Entity for Gender Equality and the Empowerment of Women. Saudi Arabia looks forward to working alongside our fellow members starting in January 2019 pic.twitter.com/CZw8hgrxZN

    — KSA Mission UN (@ksamissionun) April 16, 2018

    June 2018: Saudi Arabia’s candidate elected UN Committee on Elimination of Discrimination Against Women, a 23-member expert body that monitors implementation of the Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination against Women, reviews country reports and adopts recommendations, receives complaints from individuals or groups concerning violations of rights protected under the Convention, initiates inquiries into situations of grave or systematic violations of women’s rights, and formulates general recommendations regarding the Convention.

    Telling: Saudi ambassador (left) wouldn’t even shake her hand—his regime’s winning candidate. Whole thing is absurd: Electing Saudi Arabia’s rep to the 23-member UN Committee on the Elimination of Discrimination against Women is like making a pyromaniac into the town fire chief. pic.twitter.com/ElsALRlWpD

    — Hillel Neuer (@HillelNeuer) June 18, 2018

    #arabie_saoudite #onu #droits_humains #institution

  • آخر وأطرف نكتة تحذر الاردنيين من الزواج لأن .."لاجئات فرنسا في الطريق" - رأي اليوم
    https://www.raialyoum.com/index.php/%d8%a2%d8%ae%d8%b1-%d9%88%d8%a3%d8%b7%d8%b1%d9%81-%d9%86%d9%83%d8%aa%d8%a

    La dernière blague en Jordanie.
    « Hey les jeunes : pas la peine de se presser pour vous marier [avec une réfugiée syrienne]. Ca chauffe en France et les Françaises vont arriver. »
    Explication de texte ! Compte-tenu des circonstances économiques, il y a en Jordanie (et ailleurs) un florissant « marché » de la réfugiée. (La Syrienne est un beau produit : éduquée, « moderne », pas chère puisque les familles sont aux abois économiquement, bref une fierté pour le mâle qui se l’achète, jordanien et bien souvent aussi en provenance du Golfe.) Dans l’imaginaire local, la femme « occidentale », russe et ici française, se place encore plus haut dans la hiérarchie des stratégies maritales. Au vu de la situation en France, tous les espoirs sont donc permis pour la jeunesse locale.
    Parmi les multiples interprétations de cette « blague », je souligne perso le renversement (imaginaire) qu’elle permet, la crise faisant de l’Européenne une proie pour les appétits masculins locaux. (ON peut toujours rêver...)

    #jordanie #monde_arabe