• Au #Cambodge, un important projet de #compensation #carbone viole les droits d’un #peuple_autochtone | Mediapart

    https://www.mediapart.fr/journal/international/290224/au-cambodge-un-important-projet-de-compensation-carbone-viole-les-droits-d

    Human Rights Watch a enquêté dans une réserve forestière créée pour vendre sur les marchés le carbone stocké par ses arbres. Des communautés chong ont été expulsées de leurs terres et ne bénéficient pas des retombées financières du projet, révèle l’ONG.

    Mickaël Correia

    29 février 2024 à 08h07

    C’est une #forêt tropicale étalée sur près d’un demi-million d’hectares. Dans le sud du #Cambodge, le massif des #Cardamomes est l’un des trente-six « points chauds » de la #biodiversité mondiale et renferme une soixantaine d’espèces menacées, comme l’éléphant d’Asie, l’ours malais ou la panthère nébuleuse.

    Depuis janvier 2015, le gouvernement cambodgien et l’organisme de conservation Wildlife Alliance (créé par l’Américaine Suwanna Gauntlett, héritière du géant pharmaceutique Upjohn) ont décidé de protéger cette vaste zone forestière grâce à la compensation carbone.

    Sous l’égide d’un mécanisme onusien lancé en 2008 et nommé REDD+ (Réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et à la dégradation des forêts), l’objectif est de mettre en vente, sur le marché international, des crédits carbone en échange de la protection de cet espace forestier. En somme, une entreprise, pour compenser ses émissions de CO2, peut acheter du carbone stocké par les arbres de la forêt des Cardamomes. La firme peut ensuite déduire ce CO2 de son bilan carbone.

    Baptisé Southern Cardamom #REDD+, ce projet de compensation carbone, considéré comme l’un des plus importants au monde, a fait l’objet d’une enquête de deux ans menée par Human Rights Watch (#HRW). Dans un volumineux rapport qu’elle publie jeudi 29 février, l’organisation dévoile que le projet a été mis en œuvre au détriment des communautés autochtones chong qui vivent dans la région depuis des siècles.

    Human Rights Watch a recueilli de nombreux témoignages qui démontrent que ce projet de #compensation_carbone a démarré deux ans et demi avant qu’ait été demandé « le consentement préalable, libre et éclairé » des familles chong. Par ailleurs, plusieurs habitants chong de ce territoire ont rapporté des faits d’expulsion et d’arrestation par la police cambodgienne pour avoir pratiqué l’agriculture sur leurs propres terres, ou prélevé des produits forestiers traditionnels tels que de la résine d’arbre.

  • #Total en #Ouganda : les opposants subissent #arrestations et pressions

    Le projet #Eeacop se retrouve de nouveau sous le feu des critiques. Dans son rapport « Working On Oil is Forbidden : Crackdown Against Environmental Defenders in Uganda » (https://www.hrw.org/report/2023/11/02/working-oil-forbidden/crackdown-against-environmental-defenders-uganda), publié le jeudi 2 novembre, l’ONG Human Rights Watch dénonce les pressions et les arrestations arbitraires dont seraient victimes des défenseurs de l’environnement et des activistes ougandais opposés au projet d’oléoduc en Afrique de l’Est. Selon les auteurs du rapport, au moins trente manifestants et défenseurs des droits humains, dont beaucoup d’étudiants, ont été arrêtés à Kampala et dans d’autres régions de l’Ouganda depuis 2021.

    Pour réaliser ce travail, l’ONG a collecté les témoignages de 31 personnes, dont 21 activistes anti-Eacop en Ouganda. « [La police] me posait des questions sur le pétrole… À un moment donné, ils me traitaient de terroriste, de saboteur des programmes gouvernementaux…. À la fin, ils ont écrit sur le document de libération sous caution : attroupement illégal », raconte Maxwell Atuhura, défenseur de l’environnement, arrêté à Bullisa en 2021.

    Le mégaprojet du groupe français comprend le #forage de 419 #puits dans l’ouest de l’Ouganda, dont un tiers se situent dans le #parc_naturel de #Murchison_Falls. En plus des dégâts sur la #biodiversité du pays, « plus de 100 000 personnes en Ouganda et en #Tanzanie perdront leurs #terres à cause de l’#exploitation_pétrolière », rappelle l’ONG. Dans une lettre du 23 octobre à Human Rights Watch, #TotalÉnergies affirme ne tolérer « aucune attaque ou menace contre ceux qui promeuvent pacifiquement et légalement les #droits_humains dans le cadre de leurs activités ».

    https://reporterre.net/TotalEnergies-en-Ouganda-HRW-denonce-les-pressions-contre-les-opposants-
    #rapport #HRW #pétrole #TotalEnergies

  • En #Arabie_Saoudite, les #gardes-frontières auraient abattu des « centaines » de #migrants_éthiopiens

    L’ONG Human Rights Watch dévoile ce lundi 21 août un rapport selon lequel des migrants éthiopiens ont été tués par les gardes-frontières saoudiens alors qu’ils tentaient d’entrer dans le pays en passant par le #Yémen. Ces meurtres pourraient constituer un crime contre l’humanité.

    Un massacre « à l’abri du regard du reste du monde ». Les gardes-frontières saoudiens ont tué depuis l’an dernier des « centaines » de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du Golfe passant par sa frontière avec le Yémen, a dénoncé ce lundi 21 août l’ONG Human Rights Watch (HRW). « Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d’asile dans cette zone frontalière reculée », a déclaré dans un communiqué Nadia Hardman, spécialiste des migrations à HRW.

    Des centaines de milliers d’Ethiopiens travaillent en Arabie Saoudite, empruntant parfois la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans. Le #meurtre « généralisé et systématique » des migrants éthiopiens pourrait même constituer un #crime_contre_l’humanité, estime l’ONG. « Nous parlons d’un minimum de 655 personnes, mais il est probable qu’il s’agisse de milliers », a déclaré Nadia Hardman à la BBC. « Ce que nous avons documenté, ce sont essentiellement des massacres, a-t-elle ajouté. Les gens ont décrit des sites qui ressemblent à des champs d’extermination avec des corps éparpillés sur les flancs des collines ».

    Ryad accusé de « détourner l’attention » de « ces crimes horribles »

    Les « milliards dépensés » dans le sport et le divertissement « pour améliorer l’image de l’Arabie Saoudite » ne devraient pas détourner l’attention de « ces crimes horribles », a-t-elle fustigé. Les ONG accusent régulièrement Ryad d’investir dans les grands événements sportifs et culturels pour « détourner l’attention » des graves violations des droits humains et la crise humanitaire au Yémen où l’armée saoudienne est impliquée.

    L’année dernière, des experts de l’ONU avaient déjà fait état d’« allégations préoccupantes » selon lesquelles « des tirs d’artillerie transfrontaliers et des tirs d’armes légères par les forces de sécurité saoudiennes ont tué environ 430 migrants »dans le sud de l’Arabie Saoudite et le nord du Yémen durant les quatre premiers mois de 2022. Le nord du Yémen est largement contrôlé par les #Houthis, des rebelles que les Saoudiens combattent depuis 2015 en soutien aux forces pro-gouvernementales.

    Entretiens et images satellites

    Pour en arriver à de telles conclusions, Human Right Watch s’appuie sur des entretiens avec 38 migrants éthiopiens ayant tenté de passer en Arabie Saoudite depuis le Yémen, des images satellite et des vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources ». Les personnes interrogées ont parlé d’« armes explosives » et de tirs à bout portant, les gardes-frontières saoudiens demandant aux Ethiopiens « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ».

    Ces migrants racontent des scènes d’horreur : « Femmes, hommes et enfants éparpillés dans le paysage montagneux, gravement blessés, démembrés ou déjà morts », relate HRW. « Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie (de balles) », témoigne une femme de 20 ans, originaire de la région éthiopienne d’Oromia, citée par l’ONG. « J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes », mais, raconte-t-elle, « on n’a pas pu l’aider parce qu’on courrait pour sauver nos propres vies ».

    Auprès de la BBC, plusieurs personnes qui ont tenté de passer la frontière en pleine nuit racontent les scènes d’horreurs. « Les tirs n’ont pas cessé, témoigne Mustafa Soufia Mohammed âgé 21 ans. Je n’ai même pas remarqué qu’on m’avait tiré dessus. Mais lorsque j’ai essayé de me lever et de marcher, une partie de ma jambe m’a échappé ». La jambe de Mustafa a ensuite dû être amputée sous le genou l’obligeant aujourd’hui à marcher avec des béquilles et une prothèse mal ajustée. Zahra [le prénom a été modifié par le média britannique] a, elle, eu tous les doigts d’une main arrachée à cause d’une pluie de balles.

    D’après l’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies, plus de 200 000 personnes tentent chaque année ce voyage périlleux qui traverse la mer la #Corne_de_l’Afrique jusqu’au Yémen, pour atteindre l’Arabie saoudite. HRW appelle Ryad à « cesser immédiatement » le recours à la force meurtrière contre des migrants et demandeurs d’asile, exhortant l’ONU à enquêter sur ces allégations.

    AFP / Libération / https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/en-arabie-saoudite-les-gardes-frontieres-auraient-abattu-des-centaines-de

    VIDEO. https://www.youtube.com/watch?v=f90vwqCYU1c&t=4s

    FR. https://www.hrw.org/fr/news/2023/08/21/arabie-saoudite-massacres-de-migrants-la-frontiere-du-yemen

    EN. https://www.hrw.org/news/2023/08/21/saudi-arabia-mass-killings-migrants-yemen-border

    AR. https://www.hrw.org/ar/news/2023/08/21/saudi-arabia-mass-killings-migrants-yemen-border

    #massacre #migrations #réfugiés #frontières #rapport #HRW

  • Guess Human Rights Watch’s new director’s first target. Yup : Israel
    https://nypost.com/2023/04/28/guess-human-rights-watchs-new-directors-first-target-yup-israel

    Pas de temps perdu ! La nouvelle directrice de Human Right Watch, Tirana Hasan (et oui, avec un nom pareil !) est déjà sous le feu des critiques (pro)israéliennes...

    For the first time in 30 years, Human Rights Watch has a new executive director, Tirana Hassan.

    Within days of taking office, she turned her fire on Israel.

    “This is a government that’s actually on a rampage against human rights domestically against its own people in Israel,” she said.

    If one were to select a country whose government is on a rampage against human rights, Israel may not be the first that comes to mind.

    #palestine #HRW

  • HRW: «Le guardie di frontiera turche torturano e uccidono i siriani»

    Da ottobre 2015 almeno 234 morti e 231 feriti, la maggior parte tentava di attraversare il confine.

    «Le guardie di frontiera turche sparano indiscriminatamente sui civili siriani al confine con la Siria, oltre a torturare e a usare una forza eccessiva contro i richiedenti asilo e i migranti che cercano di entrare in Turchia», ha dichiarato il 27 aprile Human Rights Watch (HRW). «Il governo turco deve indagare e ritenere responsabili le guardie di frontiera di queste gravi violazioni dei diritti umani, comprese le uccisioni illegali, e porre fine all’impunità di cui godono da tempo».

    I ricercatori dell’ONG mettono in luce in questa inchiesta 1 le responsabilità accertate delle guardie di frontiera e la totale impunità di cui godono da parte delle autorità turche. Senza dimenticare che l’Unione europea ha dato un ruolo centrale alla politica di controllo delle migrazioni di Ankara.

    L’11 marzo 2023 – scrive Human Rights Watch – le guardie di frontiera turche hanno picchiato e torturato ferocemente un gruppo di otto siriani che stavano tentando di attraversare irregolarmente la Turchia. Un uomo e un ragazzo sono morti sotto la custodia turca, mentre gli altri sono rimasti gravemente feriti. Sei guardie sono indagate dalle autorità turche per il loro presunto ruolo nell’attacco. Il 13 marzo, una guardia di frontiera turca ha sparato e ucciso un uomo siriano di 59 anni che stava arando il suo terreno in un’area adiacente al confine. Non sono state rese note informazioni sulle indagini relative a questo omicidio.
    HRW ha scritto ai ministri turchi della Giustizia, degli Interni e della Difesa il 20 aprile 2023, chiedendo aggiornamenti su entrambi gli attacchi.

    «I gendarmi e le forze armate turche incaricate del controllo delle frontiere abusano abitualmente e sparano indiscriminatamente sui siriani lungo il confine turco-siriano, con centinaia di morti e feriti registrati negli ultimi anni», ha dichiarato Hugh Williamson, direttore per l’Europa e l’Asia Centrale di HRW. «Le uccisioni arbitrarie di siriani sono particolarmente gravi e fanno parte di un modello di brutalità da parte delle guardie di frontiera turche che il governo non ha saputo arginare o indagare efficacemente».

    Dall’inizio del 2023, l’Osservatorio siriano per i diritti umani ha registrato 11 morti e 20 feriti lungo il confine turco-siriano causati dalle guardie di frontiera turche. Human Rights Watch ha documentato e verificato in modo indipendente due di questi attacchi.

    All’inizio di marzo 2023, l’ONG ha ottenuto dati non esaustivi da un’organizzazione che monitora il conflitto in Siria, che ha documentato 277 singoli “incidenti” tra ottobre 2015 e aprile 2023. Gli osservatori hanno registrato almeno 234 morti e 231 feriti, la maggior parte dei quali si è verificata mentre le vittime tentavano di attraversare il confine. Ventisei attacchi hanno coinvolto bambini, con almeno 20 morti e 15 feriti. Significativo anche questo dato: almeno 6 persone che non stavano tentando di attraversare il confine sono state uccise a colpi di arma da fuoco e altre 6 sono rimaste ferite. L’organizzazione ha chiesto di non essere nominata per timore che il suo lavoro umanitario possa subire ripercussioni dalle autorità turche.

    I confini terrestri della Turchia sono protetti dalle unità di confine dell’esercito delle Forze Armate turche. Le unità di soldati, anch’esse in servizio ai confini, operano sotto l’autorità del comando delle forze terrestri. Ci sono anche stazioni dell’esercito vicino al confine incaricate di svolgere regolari attività di polizia. Nel documentare gli abusi, la maggior parte dei casi registrati riguarda le Forze armate turche, con 28 dei 273 attacchi registrati che coinvolgono le unità di soldati.

    La Turchia ha accolto circa 3,5 milioni di siriani, ospitando più rifugiati di qualsiasi altro Paese. La Turchia ha concesso a molti di loro lo status di protezione temporanea e ha cercato di fornire loro servizi di base, tra cui assistenza medica e istruzione. Tuttavia, l’accoglienza di un gran numero di siriani da parte della Turchia non la esime dall’obbligo di rispettare i diritti di chi cerca protezione ai suoi confini. Nell’ottobre 2022, HRW ha anche documentato l‘espulsione da parte delle autorità turche di centinaia di siriani da tempo beneficiari di protezione temporanea, molti sono stati costretti a firmare moduli di partenza volontaria.

    Sebbene la Turchia abbia il diritto di proteggere il confine con la Siria, deve farlo nel rispetto del diritto internazionale e in particolare dei suoi obblighi in materia di diritti umani, tra cui il rispetto del diritto alla vita e all’integrità fisica e il divieto assoluto di tortura o di altri trattamenti inumani o degradanti. La Turchia è inoltre tenuta a rispettare il principio di non refoulement, che vieta il ritorno dei richiedenti asilo in territori in cui rischiano persecuzioni, torture o minacce alla vita e alla libertà, e il respingimento alle frontiere senza considerare le loro richieste.

    Dopo il controverso accordo del 2016 con la Turchia, in base al quale l’Unione europea si era impegnata a versare 3 miliardi di euro e a fare concessioni politiche alla Turchia in cambio di un maggiore impegno per frenare i flussi migratori e di rifugiati verso l’Europa, l’UE ha raddoppiato il suo sostegno finanziario per la gestione della migrazione in Turchia, portandolo a 6 miliardi di euro, nonostante gli abusi documentati da parte delle autorità turche nei confronti di rifugiati, migranti e richiedenti asilo. I governi europei e non solo, che forniscono un significativo sostegno finanziario al governo turco per l’assistenza ai rifugiati siriani, dovrebbero esigere un’indagine approfondita ed efficace sulle accuse di abusi, tra cui uccisioni illegali e torture di richiedenti asilo e migranti ai confini della Turchia.

    Il governo turco dovrebbe emanare con urgenza istruzioni standard per tutte le guardie di frontiera, sottolineando che le armi da fuoco devono essere usate solo quando strettamente necessario, come ultima risorsa in risposta a una minaccia per la vita, che nessuno che attraversa o ha attraversato il confine deve essere maltrattato, e che tutte le persone devono avere accesso all’assistenza medica se necessario. L’adozione di una politica di tolleranza zero per le violazioni, attuata attraverso indagini efficaci e sanzioni appropriate, dovrebbe garantire che tutte le guardie di frontiera rispettino scrupolosamente questi obblighi legali fondamentali.

    Secondo l’organizzazione, le autorità turche dovrebbero anche condurre con urgenza una revisione completa della loro politica di sicurezza alle frontiere. Questo dovrebbe essere simile alla revisione delle politiche di polizia e di sicurezza nell’area colpita dai devastanti terremoti, che è in stato di emergenza dal 9 febbraio e dove le forze dell’ordine inviate a sorvegliare la regione hanno picchiato, torturato e maltrattato le persone sospettate di furto e saccheggio.

    «La violenza delle guardie di frontiera turche contro i siriani lungo il confine è un problema di lunga data che è rimasto in gran parte irrisolto», ha dichiarato Williamson. «Il governo turco deve prendere misure urgenti ed efficaci per porre fine alle uccisioni illegali e alle torture di richiedenti asilo e migranti alle sue frontiere, e fornire giustizia per gli abusi del passato».

    Tra l’agosto 2015 e il giugno 2018, la Turchia ha eretto un muro alto 3 metri e ricoperto di filo spinato lungo la maggior parte dei suoi 911 chilometri di confine con la Siria per combattere il contrabbando e gli attraversamenti irregolari della frontiera. Da allora, le guardie di frontiera turche hanno regolarmente bloccato con violenza le persone siriane che cercavano di fuggire dalle ostilità e dalle condizioni disastrose, sparando, picchiando ed espellendo sommariamente verso la Siria. Nel novembre 2015, nell’aprile e maggio 2016, nel febbraio 2018 e nel novembre 2022, HRW ha documentato l’uso della violenza da parte delle guardie di frontiera turche nei confronti di siriani e altri richiedenti asilo, migranti e smugglers al confine con la Siria.

    Tra le 277 violazioni lungo il confine monitorate da un’organizzazione indipendente, le violazioni si sono verificate in 80 località distinte. La maggior parte degli attacchi mortali si è verificata nel governatorato di Idlib (68,38%), la cui maggioranza è sotto il controllo di Hay’et Tahrir al-Sham, una coalizione di gruppi armati islamisti su cui la Turchia ha una certa influenza. Gli altri includono: il governatorato di Al Raqqa con il 12,39% e Al Hasakeh con il 12,39%, entrambi in gran parte controllati dalle Forze Democratiche Siriane (SDF), un gruppo armato a guida curda sostenuto dagli Stati Uniti; e il governatorato di Aleppo con il 6,84%, le cui aree settentrionali sono sotto il controllo della Turchia e dell’Esercito Nazionale Siriano sostenuto dalla Turchia o dalle SDF. Il maggior numero di attacchi con feriti (43,72%) si è verificato nelle aree del governatorato di Aleppo.

    Dei 234 morti e 231 feriti, i dati indicano che 225 sono morti e 177 sono stati feriti dalle guardie di frontiera turche con l’uso di armi, e 9 sono morti e 54 sono stati feriti a causa di aggressioni fisiche per mano delle guardie di frontiera turche.

    I siriani stanno affrontando una delle peggiori crisi economiche e umanitarie dall’inizio del conflitto nel 2011, combattendo contro la crisi del carburante, l’epidemia di colera e la crescente insicurezza alimentare. La Siria nord-occidentale è stata gravemente colpita dai terremoti del 6 febbraio 2023 e dalle recenti inondazioni. Una popolazione di circa quattro milioni di persone, tra cui almeno 2,6 milioni di sfollati, dipende quasi interamente dagli aiuti umanitari.
    Due attacchi recenti

    L’11 marzo, le guardie di frontiera turche hanno intercettato e torturato un gruppo di otto siriani che avevano tentato di entrare in Turchia dalla città siriana di Haram, nel governatorato di Idlib, uccidendo un ragazzo e un uomo. Dopo aver ferito gravemente gli altri, le guardie di frontiera li hanno rimpatriati sommariamente, insieme a uno dei corpi, in Siria entro cinque ore. HRW ha parlato con due dei siriani sopravvissuti, con i familiari di altri due e con un parente del ragazzo ucciso. Gli intervistati hanno detto che tra le 10 e le 15 guardie di frontiera hanno intercettato il gruppo intorno alle ore 20 vicino al villaggio di Harran, nei pressi della città di Reyhanli, in Turchia.

    Uno degli uomini, Zakaria Abou Yahya, 34 anni, ha detto di essere andato in Turchia a causa della difficile situazione economica in Siria:

    «Non abbiamo nulla. Tutto qui [nel nord-ovest della Siria] ha costi esorbitanti. E non si trova lavoro. Sono andato solo per poter lavorare e poter pagare il pane».

    Ha raccontato che le guardie di frontiera li hanno catturati dopo che avevano percorso circa 150 metri oltre il muro di confine, scavalcato utilizzando una scala che avevano portato con sé, e li hanno trasportati in un veicolo in un vicino campo vuoto. Lì, le guardie hanno torturato i siriani, picchiandoli e prendendoli a calci e colpendoli con fucili e manganelli:

    «Mi hanno fatto a pezzi. Ci hanno messo a terra, mi hanno calpestato entrambe le mani… mi hanno anche calpestato i genitali con i loro stivali… e [mi] hanno versato 20 litri di gasolio dalla lattina d’acciaio. Ho iniziato a [scuotere] la testa ma non so, ho ingoiato quello che stavano versando. Ho passato due ore a vomitare».

    Un’altra vittima, Raed Musa, 35 anni, ha raccontato che le guardie hanno messo le loro teste tra i gradini di una scala e hanno iniziato a picchiarli:

    «Ci hanno fatto sdraiare, hanno messo le nostre teste negli spazi della scala e ci hanno bloccato il collo. Erano circa 10-15 persone, quattro comandanti. Non ci hanno fatto domande, ci hanno solo picchiato».

    Un uomo ha raccontato che suo figlio di 17 anni gli ha detto che le guardie di frontiera hanno usato delle pinze per torturarlo. «Lo hanno afferrato e gli hanno tirato la pelle. Un cane non lo avrebbe morso così».

    Abdel Razzak al Qastal, 18 anni, è morto a causa delle percosse, secondo quanto riferito dai testimoni. Tra le 24 e l’1 del mattino del 12 marzo, le guardie turche hanno trasportato cinque uomini, il ragazzo di 17 anni che era stato torturato e il corpo di al-Qastal al valico di Bab al Hawa. Abdo al Sabbah, un altro diciassettenne, è stato lasciato indietro e ciò che gli è accaduto è stato rivelato solo il 16 marzo, quando le autorità turche hanno restituito il suo corpo alla famiglia in Siria. «Se non ci fosse stata l’attenzione dei media, è molto probabile che non avremmo nemmeno recuperato il corpo», ha detto un parente di al Sabbah.

    L’ONG ha esaminato le foto degli uomini e dei ragazzi, compresa l’autopsia del corpo di al Sabbah, che mostra gravi contusioni su braccia, gambe e schiena, compatibili con le percosse descritte dagli intervistati. Musa ha raccontato che all’arrivo al valico è stato immediatamente portato in un ospedale di Idlib. «Prima vomitavo sangue, avevo subito danni ai reni e avevo un’emorragia interna», ha detto. «Sono rimasto in ospedale per quattro giorni e ora ho un piede ingessato, non so per quanto tempo».

    Mazen Alouch, responsabile dei media e delle relazioni pubbliche per la Siria al valico di Bab al Hawa, ha confermato l’attacco a HRW, affermando che quella notte ha visto “segni di tortura, arrossamenti e lividi, oltre a ferite al volto, alla testa e al corpo” delle persone del gruppo.

    Alouch e gli intervistati hanno raccontato che il giorno successivo all’aggressione, le autorità turche hanno convocato quattro delle sei vittime sopravvissute per tornare in Turchia e guardare le foto degli agenti e identificare coloro che li hanno torturati. In seguito sono stati rimpatriati in Siria.

    Il 19 marzo, i media turchi hanno riferito che un tribunale ha posto tre soldati turchi in detenzione preventiva e ha rilasciato altri tre in attesa del completamento di un’indagine penale da parte dell’Ufficio del Procuratore Capo di Reyhanli. Alouch ha detto che ogni giorno ricevono i deportati al valico. «Alcuni vengono picchiati leggermente, altri in modo più grave, altri ancora vengono torturati», ha detto. «Il giorno prima [di questo attacco], abbiamo ricevuto 12 persone che sono state picchiate anche più di questo gruppo, la differenza è che c’era l’attenzione dei media a causa dei due morti [nell’attacco dell’11 marzo]».

    Reporter Without Borders ha riferito che intorno al 15 marzo, un analista politico turco ha presentato una denuncia contro il conduttore di un canale televisivo siriano e il suo direttore, entrambi residenti in Turchia, dopo che il conduttore aveva discusso con l’analista dell’attacco dell’11 marzo e della questione più ampia della violenza delle guardie di frontiera turche contro i rifugiati siriani al confine. Le autorità turche hanno trattenuto il conduttore e il direttore per quasi 48 ore, prima che la denuncia venisse respinta e i due fossero rilasciati.

    Il 13 marzo, una guardia turca che pattugliava il confine a bordo di un veicolo militare ha sparato e ucciso Mohammed Fayzo, 59 anni, che stava lavorando nella sua terra vicino al villaggio di Kherbet El Joz, in Siria. Due parenti hanno raccontato a Human Rights Watch: «La guardia ha estratto la pistola, gli ha sparato e poi lo ha fissato. Pochi secondi dopo, è tornato al suo camion e se n’è andato». Fayzo è stato poi portato in un ospedale di Idlib dove è morto alcune ore dopo.

    I parenti hanno raccontato che la gente del villaggio si è recata al muro di confine e ha protestato per la sua morte, per poi essere avvicinata dagli ufficiali turchi che hanno detto loro che l’accaduto è stato “un incidente isolato” e che riterranno l’assassino responsabile. Non sono state rese pubbliche informazioni sulle indagini.

    Da maggio 2016, gli osservatori hanno registrato 11 attacchi in cui le guardie di frontiera turche hanno sparato contro i civili sul lato siriano del confine che si trovavano vicino alle loro case, che lavoravano nei loro terreni agricoli o che pascolavano il loro bestiame, uccidendo almeno sei persone e ferendone altre sei.

    Dall’aprile 2021, gli osservatori hanno registrato almeno quattro episodi distinti in cui le forze di frontiera turche hanno sparato a bambini siriani che non stavano tentando di attraversare. Le forze turche hanno ferito un adolescente che lavorava in un terreno agricolo nel sottodistretto di Aleppo di Kobani (Ain al Arab) il 16 febbraio 2023; hanno ucciso un bambino che lavorava in un campo nel distretto di Jisr Ash Shugur a Idlib il 30 gennaio 2021. Hanno ferito due bambini che stavano pascolando il loro bestiame vicino al confine in due attacchi distinti nel distretto di Haram a Idlib nel maggio e giugno 2021. Sono stati registrati anche altri due attacchi in cui le guardie di frontiera turche hanno sparato e ucciso due bambini sul lato siriano del confine per motivi sconosciuti.

    https://www.meltingpot.org/2023/05/hrw-le-guardie-di-frontiera-turche-torturano-e-uccidono-i-siriani

    #frontières #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_syriens #Turquie #décès #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #Syrie #torture

  • Le président tunisien prône des « #mesures_urgentes » contre l’immigration subsaharienne

    Lors d’une réunion, mardi, du Conseil de sécurité nationale, le président tunisien, #Kaïs_Saïed, a tenu un discours très dur au sujet de « #hordes des #migrants_clandestins » en provenance d’Afrique subsaharienne, dont la présence est selon lui source de « #violence, de #crimes et d’#actes_inacceptables », insistant sur « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration.

    Il a en outre soutenu que cette immigration clandestine relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », afin de la transformer en un pays « africain seulement » et estomper son caractère « arabo-musulman ».

    Il a appelé les autorités à agir « à tous les niveaux, diplomatiques sécuritaires et militaires » pour faire face à cette immigration et à « une application stricte de la loi sur le statut des étrangers en Tunisie et sur le franchissement illégal des frontières ». « Ceux qui sont à l’origine de ce phénomène font de la traite d’êtres humains tout en prétendant défendre les droits humains », a-t-il encore dit, selon le communiqué de la présidence.

    « Discours haineux »

    Cette charge de Kaïs Saïed contre les migrants subsahariens survient quelques jours après qu’une vingtaine d’ONG tunisiennes ont dénoncé jeudi la montée d’un « #discours_haineux » et du racisme à leur égard. Selon ces organisations « l’État tunisien fait la sourde oreille sur la montée du discours haineux et raciste sur les réseaux sociaux et dans certains médias ». Ce discours « est même porté par certains partis politiques, qui mènent des actions de propagande sur le terrain, facilitées par les autorités régionales », ont-elles ajouté.

    Dénonçant « les violations des droits humains » dont sont victimes les migrants, les ONG ont appelé les autorités tunisiennes « à lutter contre les discours de #haine, la #discrimination et le #racisme envers eux et à intervenir en cas d’urgence pour garantir la dignité et les droits des migrants ».

    La Tunisie, dont certaines portions de littoral se trouvent à moins de 150 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa, enregistre très régulièrement des tentatives de départ de migrants, en grande partie des Africains subsahariens, vers l’Italie.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/47002/le-president-tunisien-prone-des-mesures-urgentes-contre-limmigration-s
    #Tunisie #migrations #migrants_sub-sahariens #anti-migrants #grand_remplacement #démographie

    ping @_kg_

    • Dans un contexte tendu, certains Tunisiens viennent en aide aux migrants subsahariens

      Après les propos du président Kaïs Saïed, les autorités ont averti : toute personne qui hébergerait des personnes étrangères sans carte de résidence ou déclaration au commissariat violerait la loi. L’avertissement vaut aussi pour les employeurs qui font appel à des travailleurs étrangers non déclarés. Ainsi, de nombreux migrants subsahariens en situation irrégulière se retrouvent expulsés et sans travail du jour au lendemain. Des Tunisiens tentent de les aider en organisant des collectes.

      Samia, dont le prénom a été changé pour préserver son anonymat, est en train de charger une voiture de vêtements et repas, résultats de collectes auprès de Tunisiens, solidaires avec les Subsahariens mis à la rue ces derniers jours.

      « Pour les personnes mises à la rue, malheureusement, il faut des repas prêts. Pour les personnes qui sont chez elles, de la viande des pâtes, du riz, des féculents… Des choses pour tenir, surtout qu’il fait un peu froid. Et puis, du lait pour les bébés, des couches et des lingettes, des produits d’hygiène intime… »

      Un geste de solidarité qui passe par le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux, afin d’aider à la fois les migrants en attente d’un rapatriement chez eux et ceux qui restent cloîtrés sans pouvoir aller au travail.

      « La situation, elle, est très alarmante. Elle est très alarmante et elle peut dégénérer rapidement. Alors, j’entends et je comprends très bien que les gens sont contraints d’appliquer la loi. Mais c’est un peu court comme analyse. On peut donner un peu de temps aux personnes pour s’organiser. On peut leur donner une trêve parce qu’il fait froid, et on ne peut pas jeter des familles à la rue. Ça, c’est vraiment affligeant, parce qu’il y a des bébés en très bas âge qui sont à la rue avec les températures qu’il fait », poursuit Samia.

      Elle et son association aident une centaine de personnes, dont des migrants en sit-in depuis deux jours, devant l’organisation internationale pour les migrations.

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      L’analyse de l’historienne Sophie Bessis

      RFI : Comment le pays en est arrivé là ?

      Sophie Bessis : « La première chose, c’est, pour remonter loin dans l’histoire, il y a quand même une vieille tradition raciste anti-Noir en Tunisie qui n’a pas disparu, même si dans les années 1960 et 1970, le panafricanisme qui était à l’honneur avait un petit mis sous boisseau cette vieille tradition qui vient d’une tradition esclavagiste et du fait que les populations noires nationales ont toujours été marginalisées. La Tunisie est en crise actuellement. La recherche de bouc-émissaire est toujours un compagnon d’une population en crise. Nous avons en Tunisie un parti nationaliste, il faudrait se poser la question sur ce qu’il représente et pourquoi. Et la question la plus importante est pourquoi les plus hautes autorités de l’État ont repris cette rhétorique qui est d’un racisme absolument primaire. Ce sont les stéréotypes racistes les plus éculés que l’on retrouve dans toutes les extrêmes droites du monde. »

      À quel point l’externalisation de la sécurité des frontières européennes a-t-elle joué dans le discours des autorités ?

      Il y a une progression des droites européennes qui est tout à fait alarmante en ce qui concerne la question migratoire et il y a une influence réelle disons et les moyens de pression des pays européens sur des pays comme la Tunisie dont vous connaissez l’ampleur de la crise économique, monétaire, financière et sociale donc il n’est pas impossible du tout qu’une partie de cette chasse anti-migrants soient dues aussi à ces pressions anti-européennes. En revanche, là où il faut se poser une question, c’est pourquoi cette violence ? Parce que malheureusement, la politique anti-migrants est devenue quelque chose de banale dans le monde d’aujourd’hui, mais la violence à la fois de la parole publique et la violence des gens contre les Subsahariens oblige aujourd’hui à se poser des questions, sur l’État de la société tunisienne et de son appareil dirigeant.

      L’Union africaine a réagi, qualifiant les propos du président de « choquants » et appelant au calme, mais quel impact pourrait avoir ces déclarations sur la diplomatie tunisienne en Afrique ?

      Il y a une boussole qui a été perdue, il y a une boussole qui est cassée aujourd’hui en Tunisie et j’espère que les pairs africains de la Tunisie et en particulier les pays dont sont originaires une bonne partie des migrants Subsahariens, sera plus ferme à l’égard de la Tunisie.

      https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230228-dans-un-contexte-tendu-certains-tunisiens-viennent-en-aide-aux-migrants

    • Étudiant congolais en Tunisie : « Je ne sors plus, je reste confiné chez moi »

      Marc* a 22 ans et vit en Tunisie depuis un an. Muni d’un visa étudiant, ce jeune homme congolais s’est installé à Tunis dans l’espoir de finaliser son cursus universitaire avant de rentrer dans son pays d’origine. Mais depuis le discours anti-migrants du président tunisien, Marc ne sort plus de chez lui de peur de se faire agresser ou embarquer par la police.

      Le 21 février, le président tunisien Kaïs Saïed n’a pas mâché ses mots à l’égard des quelque 21 000 Africains subsahariens vivant en Tunisie. Les accusant d’être source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables », le chef de l’État a évoqué la mise en place de « mesures urgentes » pour lutter contre ces « clandestins ». Depuis, dans ce pays frappé par une grave crise économique, un vent de panique souffle parmi les personnes noires - tunisiennes comme immigrées, avec ou sans papiers. Ces derniers jours, les cas de personnes victimes d’attaques verbales et physiques, expulsées manu militari de leur appartement ou arrêtées arbitrairement dans la rue par les forces de l’ordre, se sont multipliées.

      Marc est, pour l’heure, épargné. Étudiant depuis un an à Tunis, installé dans un quartier résidentiel de la capitale et muni d’un titre de séjour étudiant, Marc n’est pas un « clandestin ». Pourtant, son statut ne le protège pas des agressions.
      « Je suis à l’abri chez moi, mais jusqu’à quand ? »

      "Je ne sors plus de chez moi. Je reste confiné. Ces derniers jours, je ne vais plus en cours. J’ai trop peur. Dans la rue, on entend souvent les mêmes phrases : ’Rentrez chez vous ! Rentrez chez vous !’. Comment voulez-vous que j’arrive à l’arrêt de bus ou au métro [au tramway, ndlr] pour aller étudier ? J’ai peur de me faire agresser verbalement ou physiquement sur le trajet.

      J’ai entendu parler de camarades expulsés de chez eux, juste à cause de leur couleur de peau. Certains étaient en règle, d’autres non. Ce n’est pas un papier administratif, mon statut d’étudiant, qui va me protéger. Moi, pour l’instant, on ne me jette pas dehors. Je vis en colocation avec trois autres étudiants congolais. Je suis à l’abri, mais jusqu’à quand ?

      Des dizaines de Subsahariens, dont des familles avec enfants, campent actuellement devant les ambassades de leur pays. Certains y ont trouvé refuge après avoir été chassés de chez eux. Selon les chiffres cités par les ONG, plus 20 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne vivent en Tunisie, soit moins de 0,2% de la population totale.

      Il y a eu des attaques à l’arme blanche aussi. Un de mes amis a reçu un coup de couteau alors qu’il sortait d’une épicerie.

      Le discours du président a eu un retentissement terrible. Il y a toujours eu du racisme en Tunisie. Il y a toujours eu des arrestations, il y a toujours eu des contrôles dans la rue de manière arbitraire, mais c’était moins violent. Par exemple, moi, avant, les autorités pouvaient m’arrêter dans la rue, des agents contrôlaient mon identité sur place et ils me laissaient repartir cinq minutes après.
      « On ne prend plus les transports en commun, on prend des taxis »

      Désormais, on arrête les gens et on les embarque directement au poste de police, on peut les mettre en cellule plusieurs jours sans raison. Pour la première fois, il y a quelques jours, des agents m’ont arrêté dans la rue, ils n’ont pas voulu me laisser aller en cours, alors que je leur montrais mes papiers en règle. Ils m’ont embarqué au poste. J’ai eu tellement peur. Ils ont vérifié mon passeport, ma carte d’étudiant et ils m’ont laissé repartir. J’ai eu de la chance.

      Pour d’autres Noirs, ça se passe moins bien. Ils peuvent rester 3, 4, 5 jours au poste.

      Pour vous dire la vérité, pour aller travailler ou aller étudier, les ressortissants noirs ne marchent plus sur les trottoirs, ne prennent plus les transports en commun. Ils prennent des taxis.

      Cette situation a poussé des centaines de personnes à vouloir rentrer dans leurs pays. L’ambassade de Côte d’Ivoire a lancé une campagne de recensement de ses ressortissants souhaitant rentrer au pays. L’ambassade du Mali propose également à ses ressortissants de s’inscrire pour un « retour volontaire ». L’ambassade du Cameroun a, elle aussi, indiqué, dans un communiqué, que ses ressortissants pouvaient se « rapprocher de la chancellerie pour tout besoin d’information ou procédure dans le cadre d’un retour volontaire ». Marc souhaite, lui aussi, rentrer dans son pays.

      J’ai tellement peur que j’ai contacté les agents de l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) pour qu’ils m’aident à rentrer chez moi [via le programme de ’retours volontaires’, ndlr], mais pour l’instant personne ne m’a répondu. Je ne comprends pas… En cette période difficile, on devrait avoir le soutien des instances internationales. Mais on n’a rien. C’est le silence radio."

      Si certains migrants ont réussi à rentrer chez eux via leurs ambassades ces dernières heures, des dizaines d’autres errent entre les bureaux du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) et ceux de l’OIM, à Tunis. Beaucoup sont de Sierra Leone, de Guinée Conakry, du Cameroun, du Tchad ou du Soudan, des pays parfois sans ambassade dans la capitale tunisienne. Arrivés illégalement, ils se sont retrouvés, après les propos de Kaïs Saïed, soudainement à la rue et privés des emplois informels grâce auxquels ils survivaient.

      *Le prénom a été changé

      https://www.infomigrants.net/fr/post/47231/etudiant-congolais-en-tunisie--je-ne-sors-plus-je-reste-confine-chez-m

    • Racisme en Tunisie. « Le président a éveillé un monstre »

      Depuis quelques jours, la Tunisie est le théâtre d’une furieuse poussée de racisme contre les populations subsahariennes, déclenchée notamment par les récentes déclarations du président Kaïs Saïed. Du sud du pays à la capitale, Tunis, la crainte d’une escalade est grande.

      « Regarde ce qu’ils nous font, c’est terrible ! Comme si on n’était pas vraiment des hommes. » Sur l’écran du smartphone que me tend l’homme qui s’indigne ainsi, Adewale, deux hommes à la peau noire recroquevillés sur un canapé sont menacés par des assaillants encapuchonnés, armés de ce qui ressemble à des couteaux. Les victimes roulent des yeux terrifiés et psalmodient des suppliques. En réponse, leurs agresseurs hurlent, miment des coups. Puis la vidéo TikTok s’arrête et laisse place à une autre : elle montre des hommes et des femmes qui marchent dans la rue en criant des slogans, la mine hostile. « Ça ce sont des gens qui manifestaient contre la présence des Subsahariens dans le pays. Je ne comprends pas pourquoi ils nous détestent tant. »

      Adewale parle d’une voix lasse. Il l’a dit plusieurs fois pendant l’entretien : il n’en peut plus. De sa situation bloquée. De sa vie fracturée. De l’atmosphère viciée de ces derniers jours. Ce jeune Nigérian né à Benin City a beau avoir tout juste 30 ans, il a déjà derrière lui tout un passé de drames. Plus tôt, il m’avait raconté les larmes aux yeux comment sa femme est morte lors d’une tentative de fuir la Libye et de rejoindre l’Europe en bateau. Diminuée par les mauvais traitements endurés en Libye, malade, elle est décédée après un jour de traversée. « C’était le 27 mai 2017, je ne l’oublierai jamais », répète-t-il. Il explique avoir dû faire croire qu’elle s’était assoupie sur ses genoux pour éviter que son corps ne soit jeté à la mer par les autres voyageurs.

      Lui a été récupéré deux jours plus tard par un navire de gardes-côtes tunisiens alors qu’il dérivait au large de Sfax avec ses compagnons d’infortune. Depuis, il survit dans ce pays, obsédé par la perte de sa compagne dont il visite et fleurit régulièrement la tombe. Impossible pour lui de rentrer au Nigeria : la famille de sa compagne décédée le tient pour responsable et lui aurait signifié son arrêt de mort.

      À plusieurs reprises, Adewale me montre des photos personnelles pour mieux illustrer son propos. Défilent des portraits de sa défunte femme souriante, barrés d’un grand « RIP » coloré, suivis de clichés de sa tombe en béton ornée de fleurs. Puis ce sont des images où on le voit travailler sur un chantier de Zarzis, la ville où il réside désormais. Adewale me prend à témoin : c’est un bon travailleur, un ouvrier du bâtiment acharné, levé à l’aube, qui accepte de bosser au noir pour un salaire de misère. Depuis six ans qu’il réside en Tunisie, il n’a pas démérité. Comme tous ses camarades, ajoute-t-il. Alors aujourd’hui il tombe des nues : « Il y a peu de temps, j’ai été agressé dans la rue, à côté de chez moi. Un homme m’a donné un coup de poing dans l’estomac en me disant de rentrer dans mon pays. Tu imagines ? Dans ces cas-là, il ne faut surtout pas répondre sinon tout le monde se rue sur toi. C’est pour ça que je n’ai pas réagi. Mais je ne comprends pas cette haine. »

      Une version arabe du « #grand_remplacement »

      Zarzis n’est pourtant pas l’épicentre des violences racistes qui se déchaînent en Tunisie depuis plusieurs jours. Située dans le sud-est de la Tunisie, à moins de 100 kilomètres de la frontière libyenne, cette ville côtière d’environ 70 000 habitants est réputée plutôt « ouverte », avec une communauté de pêcheurs qui se sont parfois distingués par leur aide apportée aux embarcations de personnes exilées en détresse. Elle abrite aussi depuis peu un cimetière verdoyant nommé « Jardin d’Afrique », ou « Paradis d’Afrique », inauguré en 2021, qui se veut le symbole du respect accordé aux dépouilles des personnes décédées en mer.

      Mais à Zarzis comme ailleurs en Tunisie, la situation est tendue. Le déclencheur ? Un discours du président Kaïs Saïed le mardi 21 février 2023 lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, qui a déchaîné ou réveillé chez certains une forme de racisme latent. Entre deux saillies sur les « violences, [...] crimes et actes inacceptables » prétendument commis par les « hordes » de personnes exilées clandestines, celui qui, depuis juillet 2021, s’est arrogé tous les pouvoirs, a déclaré que la migration correspondait à une « entreprise criminelle [...] visant à changer la composition démographique de la Tunisie ». L’objectif du complot ? En faire un pays « africain seulement » afin de dénaturer son fond identitaire « arabo-musulman ». Une traduction en arabe de la théorie du « grand remplacement » prônée en France par Renaud Camus, Éric Zemmour et leurs émules. Rodant déjà sur les réseaux sociaux, et portées par le Parti nationaliste tunisien, un mouvement relativement confidentiel jusqu’à ce début d’année, ces thèses ont soudain jailli au grand jour, entraînant une vague de violences qui s’est ressentie jusqu’à Zarzis.

      Adewale raconte ainsi qu’il se fait régulièrement insulter, qu’il ne peut plus se rendre au travail, et que plusieurs de ses amis subsahariens ont été mis à la porte de chez eux par leurs bailleurs pour la seule raison qu’ils étaient noirs. Il ajoute que lui a de chance : le sien est venu toquer à sa porte pour lui dire de le prévenir s’il avait des problèmes. Il n’empêche : il se terre chez lui. Et de dégainer encore une fois son smartphone pour me montrer une énième vidéo TikTok, ce réseau social devenu avec Facebook le vecteur principal du racisme – mais aussi la première source d’information des exilés. « Ça c’était à Sfax hier, explique Adewale, des jeunes ont attaqué un immeuble où vivaient des Subsahariens, et tout le monde a été mis dehors. » Sur l’écran, des hommes, des femmes et des enfants sont assis sur le trottoir avec leurs affaires, l’air désemparé. « Il y a des gens terribles ici », ajoute Adewale.

      « Une forme de psychose qui s’installe »

      Rencontrés à Zarzis, Samuel et Jalil vivent eux aussi dans la peur depuis le discours du 21 février. Ils ne sont pas d’origine subsaharienne, mais ils craignent que les temps à venir soient dramatiques pour les personnes exilées vivant en ville : « On conseille aux migrants qu’on suit de ne pas sortir, ou alors seulement au petit matin, pour aller faire les courses, parce qu’on ne sait pas comment ça peut tourner », explique Jalil. Il ne cache pas craindre une criminalisation de leur activité : « Les policiers savent qu’on assiste les personnes en transit ici. Dans le climat politique actuel, il y a forcément une forme de psychose qui s’installe. »

      L’entretien avec ces deux militants locaux a été fixé par WhatsApp, après vérification de ma situation : est-ce que les autorités savent que je suis journaliste ? Non ? J’en suis bien sûr ? Rendez-vous est finalement donné dans une sorte de villa touristique baroque, à quelques kilomètres du centre-ville. « C’est un peu notre cachette », dit Jalil, souriant de ce terme incongru. Tous deux expliquent en s’excusant que la situation politique les force à prendre des précautions dont ils préféreraient se passer. Âgés d’une quarantaine d’années, Samuel et Jalil s’emploient depuis des années à assister les nombreuses personnes exilées qui atterrissent dans la ville. Ils ont constaté que, bien avant l’envolée raciste du président, les personnes subsahariennes se voyaient déjà appliquer un traitement différencié : « On les accompagne s’ils doivent aller à l’hôpital, car sinon on ne les prend pas en charge. Et quand ils se font agresser, ce n’est même pas la peine pour eux de se rendre à la police, car elle n’enregistrera pas leur plainte. »

      C’est par le biais de ces deux militants que je rencontre leurs amis Yacine et Nathan. Le premier vient du Mali, le second de Côte d’Ivoire. Tous les deux sont passés par la Libye, qu’ils décrivent comme un enfer, entre sévices physiques et travail forcé. Interrogés sur la période passée là-bas, ils éclatent d’un rire nerveux. « C’est notre manière d’évacuer ces moments, explique Yacine. Personne ne peut comprendre l’horreur de ce pays pour un Noir s’il ne l’a pas vécu. »

      Quand ils ont finalement réussi à prendre la mer, après de longs mois d’errance et de labeur, ils ont été récupérés par un navire des gardes-côtes tunisiens, qui les a déposés à Zarzis. Ils ont ensuite été convoyés à Médenine puis à Djerba, où ils ont travaillé dans le bâtiment. De retour à Zarzis, ils ne pensent qu’à une chose : prendre la mer pour l’Europe. Et tant pis si pour cela ils doivent tenter la traversée sur un « iron boat », ces bateaux de métal conçus à la va-vite et qui ont sur certains rivages remplacé les navires en bois ou en résine – une évolution des conditions de navigation qui a provoqué de nombreux drames, ces embarcations de fortune prenant l’eau à la moindre vague.
      Des centaines de morts dans l’indifférence

      Plus de 580 personnes sont mortes en 2022 après avoir pris la mer depuis la Tunisie, dans l’indifférence de la communauté internationale. Pour Yacine et Nathan, qui ont déjà tenté la traversée depuis la Tunisie trois fois – pour se voir à chaque fois ramenés à quai par les gendarmes tunisiens des mers –, il existerait cependant des moyens concrets pour assurer une traversée plus sûre : « Il suffit de bien s’organiser, d’utiliser des applications pour connaître la météo dans les trois jours qui arrivent, et de regarder la hauteur des vagues. Après, tu te confies à Dieu. » Davantage que les éléments, ils craignent les hommes : « Le vrai problème, ce sont les gardes-côtes, qui se montrent violents et dangereux, au point de parfois faire couler les bateaux ».

      À Zarzis, une ville endeuillée par le terrible naufrage du 21 septembre 2022 au cours duquel 18 Tunisiens se sont noyés dans des circonstances troubles semblant impliquer les gardes-côtes, la question ne laisse pas la population insensible. De nombreuses manifestations ont eu lieu, notamment pour exiger des enquêtes sur les circonstances du drame. Début septembre a également été organisée une « commémorAction » réunissant Tunisiens et familles de disparus venus de divers pays africains. Mais dans le contexte actuel, la critique des politiques migratoires se retourne parfois contre les migrants, explique Jalil : « Certains disent que les jeunes Tunisiens sont morts à cause des Subsahariens, parce que le comportement violent des gardes-côtes serait dû à la volonté d’endiguer avant tout le départ des personnes noires. »

      Après plusieurs années passées en Tunisie, Yacine et Nathan assurent que le racisme était déjà sensible avant le discours du président. Refoulements à l’hôpital, loyers plus chers, charges d’électricité gonflées et travail sous-payé les poussent à considérer qu’eux et leurs camarades seraient en fait de pures aubaines pour ce pays. Pas dupes, ils font mine de s’étonner d’un traitement différencié avec des étrangers plus clairs de peau : « On s’est rendu compte que certains étrangers n’étaient pas concernés par les insultes et les mauvais traitements, notamment les Syriens, les Bangladais ou les Marocains. Peut-être que c’est la couleur de peau qui fait la différence ? Il faut dire qu’on est plus visuels ! »

      « Ici, c’est chez nous »

      Si l’ironie est de mise, la gravité aussi. Car les deux amis s’accordent à dire que le discours de Kaïs Saïed a jeté de l’huile sur le feu. Selon Nathan, « jouer sur la haine peut être très efficace, il suffit de voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux ». Il s’inquiète logiquement du ralliement d’une partie de la population à cette croisade numérique. S’il a l’habitude de craindre la police, ne pas pouvoir marcher dans la rue ou se rendre à la boutique pour faire ses courses lui semble bien plus grave. Quant aux débordements, ils sont déjà là, s’indigne Yacine :

      Depuis le discours du président, on entend des insultes tout le temps. On te dit : « Ici, c’est chez nous. » Ça peut aussi passer par des petits gestes, quelqu’un à l’arrière d’un taxi qui s’étale de tout son long et ne te laisse qu’un bout de banquette, sans que tu puisses rien dire. Et parfois c’est grave : il y a quelques mois, un jeune Guinéen a été lapidé pour avoir changé une chaîne de télé dans un café. Des jeunes Tunisiens l’ont attendu à l’extérieur. Il a perdu un œil. J’ai peur que ce genre d’événements se reproduise bien plus souvent.

      Aux environs de Zarzis et dans la ville même, la plupart des personnes subsahariennes sont clandestines, n’ont aucune intention de rester en Tunisie et ont les yeux rivés sur la mer – à l’image d’Adewale, de Yacine et de Nathan. Pour beaucoup de celles et ceux passés par la Libye, ils n’ont de toute façon plus de papiers d’identité, les divers exploiteurs de misère croisés dans ce pays les leur ont confisqués. Mais les 21 000 ressortissants de pays subsahariens qui vivent en Tunisie sont tous plus ou moins logés à la même enseigne, qu’ils soient « légaux » ou « illégaux ».

      À Sfax, deuxième ville du pays secouée par plusieurs nuits de violences racistes dont le bilan est encore incertain, la tension imprègne les rues. Interrogés sur les derniers événements, certains Tunisiens déplorent les violences qu’ils attribuent à des jeunes écervelés agissant en bandes. « Ce sont des crétins qui se montent la tête sur Internet », estime un vieil homme rencontré à la terrasse d’un café. Mais d’autres assument un discours dont il ressort qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que les victimes l’ont sans doute un peu cherché.

      Quant aux principaux concernés qui osent sortir de chez eux, certains ne croient plus vraiment au dialogue. À l’extérieur de la casbah de Sfax, en bordure de la large avenue des Martyrs, quelques exilés ont dressé les étals d’un petit marché africain – épices, fruits et légumes du pays. Interrogé, un jeune homme aux yeux tristes confie avoir « très peur des jours qui arrivent ». Il me renvoie vers un trio de femmes, apparemment chargées des communications. Tout en remballant leurs sacs de provisions, elles assurent ne pas vouloir témoigner : « On ne veut plus parler, on a trop parlé ! Et ça ne change rien ! C’est de pire en pire ! »

      « Les Noirs n’ont plus de valeur ici ! »

      Devant l’ambassade de Côte d’Ivoire à Tunis, par contre, les langues se délient. Cela fait quelques jours que le lieu excentré en banlieue est un point de rassemblement pour les Ivoiriens désemparés. Certaines familles dorment même sous des tentes, dressées sur un terre-plein à proximité du bâtiment, après qu’elles ont été expulsées de leur habitation. Tous ici affirment être arrivés par avion en Tunisie, donc par la voie légale. Leur désenchantement est immense.

      Parmi la grosse cinquantaine de présents, certains sont venus tenter de faire avancer leur situation administrative – qu’il s’agisse de rester dans le pays ou de le quitter. Beaucoup s’indignent de la question des « pénalités » que le gouvernement tunisien entend faire payer aux personnes désirant rentrer chez elles – et qui, selon la durée du séjour, peuvent atteindre de fortes sommes. Les autorités marchent sur la tête, s’accordent-ils : elles veulent qu’ils partent mais font tout pour que ce ne soit pas possible…

      Au-delà des épineuses questions administratives, les discours tenus ici sont unanimes : le racisme a explosé dans des proportions effrayantes. Prendre les transports en commun revient ainsi à s’exposer à de forts risques d’agression. Les témoignages s’enchaînent. « Moi je suis terrée chez moi depuis bientôt une semaine. C’est la première fois que je sors », dit l’une. « Des jeunes ont cassé ma porte en pleine nuit pour m’expulser de chez moi », s’émeut un autre, qui montre les contusions sur son visage et sur son cou en expliquant avoir été frappé. « J’étais dans le métro avec mes deux enfants quand des jeunes nous ont crié : “Rentrez chez vous, les singes !” », déplore une mère de famille, le petit dernier agrippé à son dos.

      Alors que plusieurs d’entre eux évoquent les rafles policières menées jusqu’à la sortie des crèches et la situation des personnes maintenues en prison, l’un d’eux sort un smartphone pour montrer les images passablement floues d’un homme noir insulté et frappé par ce qui ressemble à des policiers – « ils le torturent ». Puis c’est une autre où des Tunisiens crient « on n’est pas des Africains ! ». Enfin, une dernière qui déclenche des cris outrés quand l’orateur déclare : « Les Noirs n’ont plus de valeur ici ! »
      « Le feu vert à tous les débordements racistes »

      Face à ce déferlement de haine en ligne, les réactions sont contrastées. Un homme me déclare que le jour où il rentrera au pays il s’en prendra aux riches Tunisiens installés en Côte d’Ivoire – œil pour œil. Mais d’autres insistent pour imputer la responsabilité des violences à une minorité haineuse. « Beaucoup de Tunisiens m’ont aidé depuis que je suis arrivé », tient à témoigner Ismaël, jeune étudiant en informatique. Il parle d’une voix posée, évoque en souriant les délires administratifs qu’il a rencontrés jusqu’ici pour tenter de régulariser sa situation. Comme d’autres, il tempère, tente d’entrevoir une porte de sortie pour continuer à vivre dans ce pays qu’il dit aimer. Puis il se ravise : « En fait, je ne sais plus trop quoi penser. Le président a éveillé un monstre, et les derniers jours ont fait trop mal. »

      Une certitude : en pleine dérive autoritaire, le régime de Kaïs Saïed a libéré un fléau qui laissera des traces. « Il a donné le feu vert à tous les débordements racistes, qu’ils soient l’œuvre de la population ou des forces armées », explique un opposant tunisien, vétéran du renversement de Zine El-Abidine Ben Ali, en 2011, qui parle de « fascisme » pour désigner le pouvoir en place. « C’est un basculement très dangereux, contre lequel il va falloir lutter de toutes nos forces. »

      Inquiets, quelques centaines de manifestants se sont donné rendez-vous le 25 février pour dénoncer les discours et les violences racistes dans les rues de Tunis. Une initiative qui ne pèse pour l’instant pas lourd face à l’alliance de la parole présidentielle et des emballements racistes sur les réseaux sociaux.

      https://afriquexxi.info/Racisme-en-Tunisie-Le-president-a-eveille-un-monstre

    • Tunisie : des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne rapatriés vers le #Mali et la #Côte_d’Ivoire

      Le président de la République tunisienne, Kaïs Saïed, a affirmé, le 21 février, que la présence dans le pays de « hordes » d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes ».

      Des migrants subsahariens en attente de prendre un vol de rapatriement vers leur pays d’origine, au consul du Mali à Tunis, le 4 mars 2023. FETHI BELAID / AFP

      Quelque 300 Maliens et Ivoiriens ont quitté la Tunisie, samedi 4 mars, à bord de deux avions rapatriant des ressortissants d’Afrique subsaharienne cherchant à fuir des agressions et des manifestations d’hostilité après une violente charge du président, Kaïs Saïed, contre les migrants en situation irrégulière.

      Le 21 février, M. Saïed a affirmé que la présence en Tunisie de « hordes » d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes » et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays.

      Samedi, « on a fait embarquer 133 personnes » parmi lesquelles « 25 femmes et 9 enfants ainsi que 25 étudiants » dans l’avion qui a quitté la Tunisie vers 11 heures, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) un diplomate malien. Deux heures plus tard, un autre appareil devant rapatrier 145 Ivoiriens a décollé de Tunis, selon l’ambassadeur ivoirien en Tunisie, Ibrahim Sy Savané.

      Discours « raciste et haineux »

      Le discours présidentiel, condamné par des ONG comme « raciste et haineux », a provoqué un tollé en Tunisie, où les personnes d’Afrique subsaharienne font état depuis d’une recrudescence des agressions les visant et se sont précipitées par dizaines à leurs ambassades pour être rapatriées.

      Devant l’ambassade du Mali, surchargés de valises et ballots, tous ont dit fuir un climat lourd de menaces. « Les Tunisiens ne nous aiment pas, donc on est obligés de partir, mais les Tunisiens qui sont chez nous doivent partir aussi », a dit à l’AFP Bagresou Sego, avant de grimper dans un bus affrété par l’ambassade pour l’aéroport.

      Arrivé il y a quatre ans, Abdrahmen Dombia a interrompu ses études de mastère en pleine année universitaire : « La situation est critique ici, je rentre parce que je ne suis pas en sécurité. » Baril, un « migrant légal », s’est dit inquiet pour ceux qui restent. « On demande au président, Kaïs Saïed, avec beaucoup de respect de penser à nos frères et de bien les traiter », explique-t-il.
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      Selon le gouvernement ivoirien, 1 300 ressortissants ont été recensés en Tunisie pour un retour volontaire. Il s’agit d’une part importante de la communauté ivoirienne, qui, avec environ 7 000 personnes, est la plus importante d’Afrique subsaharienne en Tunisie, à la faveur d’une exemption de visa à l’arrivée.

      Quelque trente étudiants ivoiriens, en situation régulière, font partie des rapatriés. « Ils ne se sentent pas à l’aise, certains ont été victimes d’actes racistes, certains sont en fin d’études, d’autres les ont interrompues », a précisé à l’AFP par téléphone depuis l’aéroport Michael Elie Bio Vamet, président de l’Association des étudiants ivoiriens en Tunisie. « Il y a des agressions presque tous les jours, des menaces, ou bien ils sont mis dehors par leurs bailleurs, ou agressés physiquement », a-t-il ajouté.

      « Déferlement de haine »

      Pour la plupart issus de familles aisées, des dizaines d’étudiants d’Afrique subsaharienne étaient inscrits dans des universités ou des centres de formation en Tunisie. Apeurés, beaucoup sont déjà repartis par leurs propres moyens, selon leurs représentants.

      L’Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie (AESAT) a documenté l’agression, le 26 février, de « quatre étudiantes ivoiriennes à la sortie de leur foyer universitaire » et d’« une étudiante gabonaise devant son domicile ». Dès le lendemain du discours de M. Saïed, l’AESAT avait donné comme consigne aux étudiants subsahariens « de rester chez eux » et de ne plus « aller en cours ». Cette directive a été prolongée au moins jusqu’au 6 mars.

      Des Guinéens rentrés par le tout premier vol de rapatriement mercredi ont témoigné auprès de l’AFP d’un « déferlement de haine » après le discours de M. Saïed.
      Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Tunisie, le tournant répressif du régime de Kaïs Saïed

      Bon nombre des 21 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail et leur logement. Des dizaines ont été arrêtés lors de contrôles policiers, certains sont encore en détention. D’autres ont témoigné auprès d’ONG de l’existence de « milices »qui les pourchassent et les détroussent.

      Cette situation a provoqué l’afflux de centaines de personnes à leurs ambassades pour être rapatriées. D’autres, encore plus vulnérables car issues de pays sans ambassade à Tunis, ont rejoint un campement improvisé devant le siège de l’Office international pour les migrations (OIM), où elles dorment dans des conditions insalubres.

      Selon l’ambassadeur ivoirien, la Tunisie a promis de renoncer à réclamer aux personnes en situation irrégulière des pénalités (80 dinars, soit 25 euros par mois de séjour irrégulier) qui, pour certains, dépassaient 1 000 euros

      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/03/04/des-centaines-de-ressortissants-d-afrique-subsaharienne-rapatries-de-tunisie
      #renvois #expulsions #rapatriement #retour_au_pays

    • La Tunisie rongée par les démons du racisme

      L’éruption d’hostilité aux Africains subsahariens encouragée par le président Kaïs Saïed s’ajoute à la régression autocratique et entache encore un peu plus l’image de la Tunisie à l’étranger.

      Il est bien loin, le temps où la Tunisie inspirait hors de ses frontières respect et admiration. Chaque semaine qui passe entache un peu plus l’image de ce pays qui brilla jadis d’une flamme singulière dans le monde arabo-musulman. Que reste-t-il du prestige que lui conférait son statut d’avant-garde en matière de libertés publiques, de pluralisme politique, de droits de femmes et de respect des minorités ? Le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs à la faveur d’un coup de force en juillet 2021, lui impose désormais un tournant répressif, conservateur et xénophobe des plus préoccupants. La Tunisie en devient méconnaissable.

      Dans cette affaire, tout est lié : le retour à l’autocratie va de pair avec la crispation identitaire, les deux se nourrissant d’un prétendu « complot » contre l’Etat et la patrie. L’une des illustrations les plus déprimantes de cette régression est la récente vague de racisme anti-Noirs qui secoue le pays. Dans la foulée de la déclaration du 21 février du président Saïed, qui a fustigé des « hordes de migrants clandestins » associées à ses yeux à un « plan criminel » visant à « modifier la composition démographique » du pays en rupture avec son « appartenance arabo-islamique », l’hostilité se déchaîne contre les étudiants et les immigrés issus de l’Afrique subsaharienne.

      Ces derniers sont chaque jour victimes d’agressions physiques et verbales à Tunis et dans d’autres centres urbains. Le discours conspirationniste du chef de l’Etat, aux accents de type « grand remplacement », a libéré un racisme enfoui au tréfonds de la société tunisienne, héritage de l’esclavage en Afrique du Nord, aux séquelles psychologiques durables.
      L’embarras prévaut

      L’éruption de cette xénophobie cautionnée au plus haut niveau de l’Etat a obscurci la perception de la Tunisie à l’étranger. M. Saïed a beau avoir tenté de nuancer ses propos en précisant qu’il visait les immigrants en situation irrégulière, le mal est fait. Ses brigades de fidèles, dont certains sont affiliés à un Parti nationaliste tunisien aux discours et aux méthodes dignes de l’extrême droite européenne, traquent les Subsahariens. Les Tunisiens les plus progressistes avouent leur « honte » et tentent d’organiser dans l’adversité un front « antifasciste ». La consternation règne aussi dans de nombreuses capitales du continent. L’Union africaine a « condamné » les « déclarations choquantes » du président Saïed.
      Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Le régime de Kaïs Saïed en Tunisie n’a pas changé de nature, mais de degré de répression »

      Dans les capitales européennes, c’est plutôt l’embarras qui prévaut. Si les chancelleries ne manquent pas d’exprimer occasionnellement leur « préoccupation » face au recul de l’Etat de droit en Tunisie, elles n’ont pas réagi à la charge présidentielle contre les migrants subsahariens. Et pour cause : M. Saïed répond plutôt positivement aux appels de l’Europe – au premier chef de l’Italie – à mieux verrouiller ses frontières maritimes afin d’endiguer les traversées de la Méditerranée.

      Le cadenassage de « l’Europe forteresse », qui contribue à fixer en Afrique du Nord des candidats à l’exil européen, n’est pas étranger aux tensions migratoires dont cette région est le théâtre. Cherche-t-on à ménager M. Saïed afin d’éviter qu’il « lève le pied » sur la surveillance de son littoral ? Si telle était l’arrière-pensée, elle ajouterait le cynisme à un dossier déjà suffisamment dramatique.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/04/la-tunisie-rongee-par-les-demons-du-racisme_6164127_3232.html

    • En Tunisie, le douloureux retour au pays des exilées subsahariennes

      Elles ont tout quitté pour venir en Tunisie, trouver un travail et subvenir aux besoins de leur famille dans leur pays. Souvent exploitées ou livrées à elles-mêmes durant leur parcours de vie en Tunisie, des femmes migrantes subsahariennes racontent comment elles ont quitté ou vont quitter le pays, après les propos du président Kaïs Saïed sur son intention de contrer le phénomène migratoire, source de violences et de crimes selon ses mots. Témoignages.

      À l’entrée de l’aéroport de Tunis Carthage, ce samedi 4 mars, l’aube commence à pointer et Mireille fait les cent pas. Emmitouflée dans une écharpe rouge pour se réchauffer, elle se confie : « J’ai vraiment hâte que tout ça se finisse. » Ivoirienne, elle attend, fébrile, avec une centaine d’autres de ses compatriotes en file indienne, valises à la main, le premier vol de rapatriement vers Abidjan, une opération lancée par l’ambassade peu après les propos polémiques de Kaïs Saïed du 21 février sur les migrants subsahariens.

      Dimanche soir, la Présidence de la République et celle du gouvernement tunisien ont tenté d’apaiser le ton tout en disant s’étonner de la « campagne liée au prétendu racisme en Tunisie » et rejette ces accusations. Mais elles ajoutent mettre en place des mesures pour les résidents subsahariens en Tunisie, notamment avec l’octroi de cartes de séjour d’un an pour les étudiants. Le gouvernement a également annoncé faciliter les départs volontaires pour ceux qui le souhaitent et un numéro vert pour signaler les violations de leurs droits.

      Après ses déclarations, qualifiées de « racistes » par de nombreuses associations, beaucoup de migrants ont été expulsés de chez eux par leur propriétaire, et ont perdu leur travail. Les agressions dans la rue se sont multipliées et les chancelleries de plusieurs pays ont décidé d’affréter des avions pour permettre des rapatriements à leurs ressortissants. Près de 2 000 Ivoiriens candidats au départ ont déjà été recensés en moins d’une semaine par l’ambassade et, chaque jour, la liste s’allonge. La Guinée a rapatrié une cinquantaine de ressortissants. Le Mali, 154.

      Depuis 2020, une étude de l’Observatoire national pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour les questions de santé sexuelle et reproductive (UNFPA), note une « recrudescence » de la présence des femmes migrantes dans les centres d’accueil de femmes victimes de violences. « Les violences faites aux femmes migrantes sont difficilement condamnées et prises en charge par l’État en raison du statut irrégulier des femmes, de leur accès limité aux services en raison de la peur d’être dénoncées ou encore d’être expulsées du pays », peut-on lire dans le rapport.

      Aujourd’hui, le retour précipité au pays, le risque d’une expulsion brutale de leur logement ou d’une agression sont devenus une préoccupation quotidienne de la grande majorité des femmes subsahariennes en Tunisie, déjà souvent exposées à des violences et à la vulnérabilité économique. Mediapart a donné la parole à trois d’entre elles.
      Quatre ans en Tunisie et un traumatisme

      Mireille a été particulièrement choquée par ses derniers jours passés dans le pays. Cette coiffeuse de formation qui avait laissé, quatre ans plus tôt, ses trois enfants en Côte d’Ivoire pour tenter de soutenir financièrement sa famille, n’a vécu que des désillusions. « Dès que je suis arrivée, mes contacts sur place m’ont mise dans le circuit de femmes de ménage. Je gagnais 450 dinars par mois (135 euros) et je travaillais 12 heures par jour, j’ai eu sans arrêt des problèmes de santé à cause des produits nettoyants qu’on nous faisait utiliser et je ne sens plus mon dos », raconte-t-elle.

      Très vite, elle regrette d’être venue mais se rend compte que les pénalités pour avoir excédé sa durée de séjour dans le pays sont lourdes, 80 dinars par mois, à payer à la police des frontières. Ces pénalités sont plafonnées à 3 000 dinars (900 euros) depuis 2017. « Alors, comme d’autres, je me suis retrouvée coincée et j’ai continué de travailler pour tenter d’économiser et de payer mon retour », dit-elle.

      Dans une étude publiée en 2020 par l’ONG Terre d’asile en Tunisie sur le parcours des femmes migrantes, la précarité et la vulnérabilité de femmes comme Mireille étaient déjà dénoncées. L’une des conclusions de l’étude invitait l’État tunisien à « travailler au développement de conditions d’accueil pour les femmes migrantes qui leur permettraient de s’autonomiser, notamment au moyen de l’accès à un travail décent et à un séjour régulier, et d’accéder véritablement à leurs droits », peut-on lire dans la conclusion de l’étude basée sur les témoignages d’une vingtaine de femmes. « Cette autonomisation leur permettra d’être moins vulnérables aux violences, aux arnaques et à la précarité, tout en leur donnant toutes les chances de s’intégrer au sein de la société tunisienne. »

      Pour Mireille, l’intégration a fini en traumatisme. Deux jours après le communiqué de la présidence sur les Subsahariens, sa maison a été mise à sac par deux jeunes Tunisiens dans la nuit du 23 février. « J’étais en train de cuisiner et j’ai entendu des coups à la fenêtre, avec des hommes qui criaient des mots en arabe, au début je n’ai pas compris », raconte-t-elle. Puis elle entend en français : « Les Africains, sortez, on veut plus de vous. »

      Elle prend peur et appelle son employeur, une femme tunisienne avec qui elle s’entend bien. « Elle a tenté de m’aider, raconte-t-elle. Elle voulait que je m’échappe sur la route principale pour passer la nuit chez elle, mais les agresseurs étaient devant ma porte. Il n’y avait aucune échappatoire et mes voisins au-dessus m’ont crié qu’ils étaient armés. »

      La police, alertée aussi par les Subsahariens vivant au-dessus de chez Mireille, arrive sur les lieux mais près d’une heure plus tard. Les deux jeunes ont pu rentrer et saccager toutes les affaires de Mireille, lui voler également une somme de 6 000 dinars (1 800 euros), l’argent qu’elle avait économisé pour rentrer chez elle et pour l’envoyer à sa famille.

      Les migrants en situation irrégulière ne peuvent pas ouvrir de compte en banque et transférer de l’argent à leur famille. L’envoi d’argent se fait surtout par des connaissances qui font des allers-retours, et certains migrants sont obligés d’emmagasiner de l’argent en espèces chez eux, faute de mieux.

      Juste avant que les agresseurs enfoncent la porte, Mireille est hissée par ses voisins à l’aide d’un drap au premier étage de la résidence, en passant par une fenêtre de la cour intérieure qui ne donne pas sur la rue. Jointe au téléphone un jour après son arrivée à Abidjan, elle se rappelle avec émotion ce moment. « Je n’arrête pas de penser jusqu’à maintenant à ce qu’ils m’auraient fait s’ils m’avaient trouvée sur place », témoigne-t-elle d’une voix tremblante.

      Aujourd’hui, elle attend de pouvoir revoir ses enfants dans un centre à Abidjan où ont été dispatchés les premiers rapatriés. « Je ne les ai pas vus depuis quatre ans, le plus important pour moi, c’est de les retrouver, ensuite je réfléchirai à l’après », dit-elle. Elle est partie avec seulement quelques affaires achetées juste avant le départ grâce à des dons.
      L’attente d’un retour, après avoir tout perdu

      Les vidéos de l’incident ont fait le tour des réseaux sociaux et ont alerté sur la recrudescence des agressions envers les Noirs en Tunisie après les propos de Kaïs Saïed, poussant de nombreux migrants à se cloîtrer chez eux ou à tenter de partir au plus vite.

      Devant l’ambassade de Côte d’Ivoire le vendredi 3 mars, Fortune, 33 ans, attend encore d’être convoquée pour faire partie des prochains vols de rapatriement mais un document lui manque, l’extrait de naissance de son enfant, né en Tunisie en 2019. « Lors de sa naissance, je n’ai pas eu l’extrait de naissance, il fallait payer et je n’avais pas d’argent, et ensuite j’avais passé le délai donc j’ai déposé une demande à l’OIM [l’Organisation internationale pour les migrations qui dépend des Nations unies – ndlr] et jusqu’à présent je n’ai pas le document. »

      Elle ne peut pas laisser son fils sur place mais elle se préparait au départ bien avant les propos de Kaïs Saïed. « Dès mon départ vers la Tunisie en 2018, des amies m’avaient avertie du racisme et des mauvais traitements que subissent les Noirs, mais je voulais quand même essayer pour gagner un peu d’argent et financer mes études au pays », dit-elle.

      Elle explique avoir eu de bons employeurs en Tunisie mais, pour elle, les propos de Kaïs Saïed, sont inacceptables. « Il y a différentes manières de dire qu’il faut mieux gérer les flux migratoires irréguliers, je peux comprendre que ça gêne vu que nous sommes tous sans statut légal ici, mais là, dans ses déclarations, j’avais l’impression d’avoir été traité comme un animal », commente-t-elle.

      À ses côtés Naomi, 33 ans, ronge son frein, déprimée. Elle avait investi toutes les économies de son salaire de coiffeuse en Tunisie pour ouvrir son propre salon. Près de 7 000 dinars (2 100 euros) dépensés dans du matériel et une location. « Je comptais sur l’été et les mariages pour gagner de l’argent et l’envoyer au pays », dit-elle. Comme Fortune, elle a tout perdu, la propriétaire lui a demandé de fermer boutique et elle attend devant l’ambassade pour s’enregistrer et partir au plus vite.
      L’impossible régularisation

      Ces deux femmes ont reçu des délais très courts de leurs propriétaires pour quitter leur logement, car les autorités ont annoncé une application stricte de la loi. Un Tunisien ne peut pas louer à un étranger sans lui demander sa carte de résidence ou bien le déclarer dans un commissariat. Une situation d’urgence à laquelle s’ajoute la peur d’être agressée.

      « Là, dès que l’on sort de chez nous, on regarde derrière nous de peur qu’un gosse nous jette des pierres. Cela m’était déjà arrivé avant les propos de Kaïs Saïed mais, désormais, c’est devenu une menace quotidienne », explique Évelyne, 30 ans, qui avait ouvert une crèche dans le quartier de l’Ariana au nord de Tunis pour permettre aux familles subsahariennes qui travaillent de laisser leurs enfants en journée. « Bien sûr que ce n’était pas déclaré, mais comment voulez-vous qu’on fasse ?, demande Évelyne. On dépense de l’argent dans des procédures pour avoir des papiers, et jamais nous n’arrivons à obtenir la carte de résidence. Tout se fait au noir parce que nous n’avons pas d’autre choix, et pendant des années personne n’y a trouvé à redire. »

      La loi tunisienne met sous conditions l’embauche d’un étranger avec la préférence nationale et très peu de migrants arrivent à se régulariser, à l’exception des étudiants.
      Rester et vivre dans la rue, le nouveau fardeau d’Aïcha

      Alors que ces femmes attendent un retour imminent vers leur pays, d’autres n’ont pas d’autre choix que de rester, dans des conditions parfois plus que précaires. Aïcha, 23 ans et originaire de la Sierra Leone, campe avec une centaine d’autres migrants devant le siège de l’OIM depuis une semaine, après avoir été expulsée de son logement.

      Son voyage pour venir en Tunisie en août 2022 par voie terrestre a pris presque trois mois. Durant son périple, elle dit avoir égaré son passeport. « Donc au final, je n’ai jamais pu travailler ici, ou alors des petits jobs ponctuels. En plus je ne parle qu’anglais donc la barrière de la langue était problématique », explique-t-elle. Elle dit attendre que la situation se calme pour voir comment rester dans le pays.

      « Au pire des cas, je rentrerai, mais vraiment j’aimerais bien rester ici, c’est difficile de repartir après avoir tout laissé dans son pays. J’étais étudiante mais je voulais tenter ma chance ailleurs et beaucoup d’amis m’ont dit qu’en Tunisie il y aurait du travail et des conditions de vie meilleures que chez nous », dit-elle. Son rêve est de suivre une formation pour devenir journaliste.

      « Au pays, on voulait que je me marie avec un homme plus âgé, moi je voulais vraiment avoir une carrière et un avenir », poursuit-elle. Mais en attendant, elle vit dans la rue avec d’autres migrants, cherchant des cafés aux alentours qui acceptent qu’elle utilise leurs toilettes. « Jamais je n’aurais imaginé me retrouver dans une telle situation, j’espère que l’OIM va nous trouver une solution ou au moins un abri. » La Tunisie n’a pas de loi régissant les demandeurs d’asile donc de nombreux migrants dans le cas d’Aïcha ne peuvent se tourner que vers les représentants des Nations unies pour demander un statut de réfugié ou demandeur d’asile.

      Depuis le début de la crise déclenchée par le communiqué de la présidence, les associations et organisations internationales disent être submergées par les appels et situations d’urgence. Une chaîne de solidarité organisée par des Tunisiens a été mise en place sur les réseaux sociaux et via le bouche-à-oreille pour apporter des denrées alimentaires à ces migrants et tenter de trouver des logements provisoires pour certains. Mais ce réseau reste discret de peur de tomber dans le viseur des autorités.

      Face à l’ampleur de la crise, les autorités tunisiennes ont indiqué ce week-end, exonérer des pénalités de séjour les migrants en situation irrégulière souhaitant rentrer dans leur pays « assistés par une instance diplomatique, une organisation internationale ou onusienne », un système qui existe déjà depuis 2018 mais avec une clause d’interdiction de retour sur le territoire tunisien.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/050323/en-tunisie-le-douloureux-retour-au-pays-des-exilees-subsahariennes

    • On the racist events in Tunisia – Background and Overview

      Current Situation

      “For several months, a racist campaign against Sub-Saharans in Tunisia has been growing. The president himself subscribed to these racist and conspiracy theories and pointed the finger at the Sub-Saharans, accusing them of being ‚hordes‘ and that sub-Saharan immigration is a ‚criminal enterprise‘ whose goal would be to ‚change the demographic composition of Tunisia‘.“ In the press statement published on the 21 February 2023 following a National Security Council meeting, president Kais Saied resurrected many racist and xenophobic tropes used by other fascist movements. He „ordered security forces to take ‚urgent measures‘. … Many „of the estimated 21,000 sub-Saharan African people in Tunisia – most of whom are undocumented – lost their jobs and housing overnight.“ The Association of African Students and Interns in Tunisia highlights that there is an „ongoing systemic campaign of control and arrests targeting [Black immigration], independently from their status, who are not carrying their residency card with them.“ „In the first three weeks of February, at least 1,540 people were detained, mostly in Tunis and provinces near the Algerian border“.

      The situation has become increasingly violent in the last weeks. In addition to the government forces targeting Black people, „violent attacks perpetrated by citizens, who taunt their victims with racial slurs“ are taking place. Attacked people report about fleeing „pogroming mobs consisting of, they said, 20+ Tunisian young men. ‚We were absolutely running for our lives,‘ said Latisha, who screamed at their son to run faster.“ There are accounts about „[a]rmed mobs“ and rape ‚by these mobs’“. On social media torture videos circulate. „In the suburbs of Tunis, a group of Sub-Saharan Africans have been attacked by young Tunisians who have broken down their doors and set fire to their building. Houses were ransacked.“

      „Everyone who falls under the socially constructed category of ‘African’ – those with or without jobs, those with university classes to attend – are too scared to leave their homes because the racist violence has spread to every street in Tunisia.“ A law from 1968 that criminalizes assistance to „illegal residence“ in Tunisia, is now being applied. Patricia Gnahoré explains „that the evictions started around February 9, when alarmist messages began circulating on social networks: landlords would be facing fines and prison sentences if they housed undocumented Sub-Saharans“. While some people are being supported by friends and activists who try to organize support, many have no choice but to sleep outside, with more than 100 people camping at the International Organization for Migration and in front of different embassies.

      „Guinea [and Mali] and Cote d’Ivoire are repatriating their citizens from Tunisia.“ „However, many people living irregularly in Tunisia have accumulated large sums of outstanding fees over the years, too much for them to pay. While Tunisian authorities are themselves pushing migrants to leave, they still insist on cashing in on those who desperately want to.“

      The African Union highlights that they are in „deep shock and concern at the form and substance of the statement targeting fellow Africans, notwithstanding their legal status in the country.“ The events of the last days strongly impacted Tunisia’s image in the African continent and within the African Union. Furthermore, an AU pan-African conference scheduled for mid-March in Tunis has been postponed. Former Senegalese Prime Minister Aminata Touré even called for Tunisia’s AU membership to be suspended and for the country to be excluded from the Africa Cup.
      Solidarity

      Multiple protests have been taking place in Tunisia with demonstrators denouncing the racist and fascist violence. Already on February 25th „over 1,000 people marched through downtown Tunis to protest what they called Saied’s fascist overtures.“ „Henda Chennaoui, one of the principal figures in the country’s new Front Antifasciste … [highlights that this] ‚the first time in the history of the republic that the president used fascist and racist speech to discriminate against the most vulnerable and the marginalised.’“ Protests in front of Tunisian embassies are being organized around the world, such as in Paris, Berlin as well as Canada.

      In the Front antifasciste – Tunisie activists and associations gather to organize support for Black people in the country. „Tunisian and foreign volunteers brought donations of food, water and blankets, along with some tents to help those displaced. … [However,] associations collecting donations [for migrants] are receiving threats.“
      Political Level

      President Saied is distracting from the political and economic situation in the country. He was elected in Fall 2019 and his governing style has become increasingly authoritarian. „Over the last two weeks, a spate of high-profile arrests has rocked Tunisia, as over a dozen political figures, trade unionists and members of the media have been taken into custody on security or graft charges. Some have been dragged from their homes without warrants; others, put on trial before military courts, despite being civilians. Many are being held in what their lawyers say are inhumane conditions, crammed in cells with scores of prisoners and without beds.“ A terrorism law allows the authorities to hold people „for a maximum of 15 days without charge or consultation with a lawyer“.

      In addition, „Saied has neutered parliament and pushed through a new constitution that gives him near-unlimited control and makes it almost impossible to impeach him.“ This was preceded and enabled by a very volatile situation in the country, as „there was increasing fragmentation within the executive branch, among state institutions, within and between political parties, within civil society, and even between regions of the country.“ The political and economic instability in the country, resulted in wide-spread support of his presidency, which has increasingly shifted to repressive centralization of power.

      The statement and development are connecting to a growing populist discourse. „Saied’s crackdown on undocumented sub-Saharan immigrants has taken place in the context of the rise of the hitherto unknown Parti Nationaliste Tunisien, which has been pushing a racist agenda relentlessly since early February. The party has flooded social media with conspiracy theories and dubiously edited videos that have encouraged Tunisians to report on undocumented neighbours before they can ‚colonise‘ the country – the same conspiratorial language adopted by Saied.“
      Economic Level

      Tunisia „is struggling under crippling inflation and debt worth around 80 percent of its gross domestic product (GDP)“. In addition, there is a shortage of basic foods such as rice, which is putting a lot of pressure on the population. ‘Les Africains’ are used as a scapegoat for the lack of products such as rice. „The rice-crisis is not the first time that populations racialized as ‘African’ are blamed for a social and economic disaster in Tunisia, which in reality is a direct consequence of the state’s abandonment of marginalized communities and the pressures of global capitalism.“ However, since the racist tropes are connecting to a familiar discourse, the „crackdown on immigrants and Saied’s political opponents has … won him favour among many in his working-class political base, who have been at the sharp end of a dire economic crisis.“

      The current events seem to have triggered international responses since Italy now supports Tunisia as it „is seeking to obtain a loan from the IMF due to a severe economic crisis.“ This is being explicitly connected to Europe’s border interests (see section on Externalization & Immigration).

      Ultimately these actions are enhancing the dependencies to Europe and weaken pan-African ties. „Kaïs Saied’s economic incompetence – as well as the refusal of North African governments to prioritize regional and inner-African trade which would allow evading dictates from the Global North and its proxies such as the IMF more effectively – are now once more fueling dynamics that in fact counter pan-African cooperation.“ In fact, the „president’s comments could also have direct consequences for Tunisian companies, which have increasingly expanded into other African countries in recent years. Guinean media report that several wholesalers have suspended imports of Tunisian products. Senegalese and Ivoirian importers want to join the boycott.“

      In addition, according to Human Rights Watch „at least 40 students have been detained so far“. This will have a detrimental impact on the education market, since „[f]or Tunisian private universities, students from other African countries are an essential part of their business model.“

      These factors might have contributed to ​​​​​​the statement posted by the government on Facebook on March 5th, attempting to backpedal the racist campaign and highlighting their „astonishment“ about the violence in the last weeks. Apart from now emphasising „Tunisia’s African identity“ and the significance of the anti-discrimination law from 2018, it announces plans to enhance the legal security of African migrants in Tunisia. Whether and how the statement will be implemented remains to be seen, „It appears likely that Tunisia is now also facing a considerable radicalization of its migration policies. […] Saied’s future migration policies, however, are likely to go beyond the ongoing wave of arrests, and in a worst-case scenario, will go even far beyond.“
      Externalization & Immigration

      „While the European Union’s violent securitization apparatus is indeed responsible for the oppression and murder of sub-Saharan migrants (and Tunisians) in Tunisia, the Tunisian state also contributes to their oppression and murder.“ Many people try to travel to Europe via and from Tunisia. „Its proximity to the EU’s external border has made Tunisia a major hub for migrants. Italy’s coasts are only around 150 kilometers (90 miles) away. Tunisia relaxed visa requirements in 2015, allowing many sub-Saharan and North Africans migrants to move to the country and work. … Authorities frequently turned a blind eye to workers without permits who were saving for a journey to Europe.“ This renders Black migrants very vulnerable to exploitation as well as policy changes.

      Already prior to the current escalation Black people experienced discrimination; Shreya Parikh highlighted in August 2022 that „Sub-Saharan women and men who depend on the labour market have spoken to me of persistent exploitation and racialised violence (both verbal and physical) at workplace.“ This is enhanced and enabled by the uncertain legal situation. „In the case of Tunisia, an im/migration non-policy is deliberately maintained by institutional actors at different levels (border police, internal affairs ministry, private legal agencies promising paper-work) because, among others, it is a lucrative site for corruption.“ This affects mostly Black people. „Most sub-Saharan migrants (like Western European migrants) enter Tunisia as legal migrants because of 3-month visa-free policies; but the Tunisian state forces all migrants to become illegal by its refusal to deliver legal documentation. This means that Tunisia also has European migrants living ‘illegally.’ But in the social and political construction of the ‘illegal migrant,’ white bodies never fit. It is the Black and dark-skinned bodies that are assumed to be illegal and criminal, as is clear from arrests of sub-Saharan migrants who carry residence permits, as well as absence of arrests of European ‘illegal’ migrants.“

      The current developments have to be understood in the context of the externalization of the European border. The Tunisian Forum for Social and Economic Rights (FTDES) highlights that the „European border outsourcing policies have contributed for years to transform Tunisia into a key player in the surveillance of Mediterranean migration routes, including the interception of migrant boats outside territorial waters and their transfer to Tunisia. Discriminatory and restrictive policies in Algeria also contribute to pushing migrants to flee to Tunisia. These policies deepen the human tragedy of migrants in a Tunisia in political and socio-economic crisis.“ Sofian Philip Naceur analyses that „[a]s Saieds government continues to play along as the watchdog for the European border regime, though not without ostentatiously displaying its self-interest in migration control, the Italian government is suddenly soliciting financial support for Tunisia’s deeply troubled public coffers from the EU and the International Monetary Fund (IMF). Interesting timing.“

      So far, the President’s statement has only provoked supportive reactions from European politicians. The French far-right politician, Eric Zemmour, who is one of the most prominent supporters of the conspiracy theory of the „Great Replacement“, supported the statement on Twitter. And the Italian foreign minister Antonio Tajani expressed in a phone call with his Tunisian counterpart that „the Italian government is at the forefront of supporting Tunisia in its border control activities, in the fight against human trafficking, as well as in the creation of legal channels to Italy for Tunisian workers and in the creation of training opportunities as an alternative to migration“ without mentioning the current violence at all. Furthermore, Italy is sending 100 more pick-ups worth more than 3.6 million Euro to reinforce the Tunisian Ministry of the Interior in the fight against ‚irregular‘ immigration.

      Or how Le Monde summarizes: „[The chancelleries] have not reacted to the presidential charge against sub-Saharan migrants. And for good reason: Mr. Said is responding rather positively to calls from Europe – primarily Italy – to better lock its maritime borders in order to stem the flow of migrants across the Mediterranean.“

      https://migration-control.info/on-the-racist-events-in-tunisia-background-overview

      via @_kg_

    • Aggressioni razziste e arresti: così la Tunisia diventa un “hotspot informale” dell’Europa

      I discorsi d’odio del presidente tunisino Saied contro presunte “orde di subsahariani irregolari” che minaccerebbero l’identità “arabo-musulmana” del Paese hanno fatto esplodere la tensione accumulata negli ultimi mesi, tra inflazione e penuria di generi di prima necessità. La “Fortezza Europa”, intanto, gongola. Il reportage

      Ogni mattina a Nadège vengono dati dieci dinari per la spesa. Esce di casa, si incammina fino all’alimentari più vicino e compra il necessario per la famiglia per cui lavora. È l’unico momento in cui le è consentito uscire. Altrimenti, Nadège vive e lavora 24 ore su 24, sette giorni su sette, tra le mura della casa di due persone anziane in un quartiere benestante di Tunisi. La sua paga mensile come domestica è di settecento dinari (225 euro), che diventeranno ottocento (240 euro) se “lavorerà bene”.

      Nadège, assicura, è qui per questo: “Sono venuta in Tunisia per metter da parte qualche soldo da mandare ai miei figli, in Costa d’Avorio”, racconta. Suo cugino, però, lavora nei campi di pomodori in Calabria. Le ha consigliato di partire per l’Italia e cercare lavoro lì. “Il cambio euro-franco Cfa è più conveniente di quello dinaro tunisino-franco Cfa. Guadagnando qualche soldo in Europa posso far vivere degnamente i miei due figli, metter da parte qualcosa e poi tornare da loro una volta che ci saremo sistemati”, spiega la trentenne ivoriana. Tre anni fa, Nadège vendeva sigarette lungo la sterrata che dal suo villaggio portava a Abidjan, ma con i lavori del governo per asfaltare la strada, il suo gabbiotto è stato abbattuto e mai più ricostruito. E lei è rimasta senza nulla.

      Nel 2022 anche Nadège ha tentato di imbarcarsi per Lampedusa da una spiaggia del Sud tunisino. A metà strada, però, la guardia costiera ha intercettato la sua barca e l’ha riportata a riva, nel porto di Sfax. Ha perso tutti i soldi che aveva messo da parte e si è ritrovata punto a capo, in Tunisia, a cercar di nuovo lavoro.

      Come nel caso di buona parte dei cittadini subsahariani presenti nel Paese, molti dei quali -a differenza di Nadège- hanno rinunciato all’idea di imbarcarsi, nessuno le ha mai proposto un contratto. Una volta scaduti i tre mesi di visto, il limite massimo per rimanere in Tunisia, tanti di loro rimangono in situazione di irregolarità accumulando una multa per la permanenza oltre i limiti del visto che aumenta di mese in mese. Dopo anni a lavorare, spesso con paghe misere e giornaliere, molti subsahariani rimangono intrappolati nelle maglie della burocrazia tunisina e, pur volendo tentare di regolarizzarsi e ottenere un permesso di soggiorno per rimanere nel Paese, non ci riescono perché non sono in grado di pagare la multa per lo sforamento del visto, che raggiunge un massimo di 3.000 dinari, mille euro. Ecco come i subsahariani finiscono in una sorta di limbo, bloccati in Tunisia, senza poter raggiungere l’Europa, senza poter tornare indietro. Si ritrovano così a costituire la manodopera in nero di aziende tunisine o estere presenti nel Paese, o di famiglie benestanti, che sfruttano la loro posizione precaria di irregolari per sottopagarli.

      Da metà febbraio di quest’anno Nadège ha dovuto rinunciare anche alla spesa quotidiana per paura di uscire dal cortile di casa. Lei, senza documenti, è oggetto di una campagna d’odio che si diffonde a macchia d’olio in Tunisia. È il 21 febbraio quando, dopo giorni di arresti di esponenti dell’opposizione alle politiche di Kais Saied, un comunicato della presidenza tunisina fa il punto sulla “lotta all’immigrazione irregolare nel Paese”, tema che è stato al centro della visita in Tunisia dei ministeri degli Esteri Antonio Tajani e dell’Interno Matteo Piantedosi di fine gennaio.

      Secondo quel comunicato, la Tunisia sarebbe invasa da “orde di subsahariani irregolari” che minaccerebbero “demograficamente” il Paese e la sua identità “arabo-musulmana”. È stata la miccia che ha fatto esplodere la tensione accumulata negli ultimi mesi, tra inflazione galoppante, impoverimento generale della popolazione e penurie continue di generi di prima necessità. A diffondere queste teorie xenofobe da fine 2022 è il cosiddetto Partito nazionalista tunisino, un gruppo di nicchia riconosciuto nel 2018, che ha intensificato la propria campagna sui social network prendendosela con le persone nere presenti in Tunisia. Non solo potenziali persone migranti in situazione di irregolarità che vorrebbero tentare di imbarcarsi verso l’Italia (come dichiarato dalle autorità), ma anche richiedenti asilo e rifugiati, studenti e lavoratori residenti nel Paese, accusati di “rubare il lavoro”, riprendendo gli slogan classici delle destre europee, spesso usati contro i tunisini stessi.

      Da allora in Tunisia si sono moltiplicate non solo le aggressioni razziste, ma anche gli arresti di cittadini subsahariani senza alcun criterio. Secondo un comunicato della Lega tunisina dei diritti umani, per esempio, otto studenti subsahariani regolarmente residenti nel Paese e iscritti nelle università tunisine sarebbero trattenuti senza alcun motivo nel centro di El-Wuardia, un centro gestito dalle autorità tunisine, non regolamentato, dove è complicato monitorare chi entra e chi esce. L’Associazione degli stagisti ivoriani e l’Aesat, la principale organizzazione degli studenti subsahariani in Tunisia, hanno consigliato alle proprie comunità di non uscire.

      Almeno cinquecento subsahariani si troverebbero invece nella prigione di Bouchoucha (Tunisi), senza che si conoscano le accuse nei loro confronti. A seguito delle misure prese dalla presidenza, molti proprietari di alloggi affittati a cittadini subsahariani hanno chiesto loro di lasciare casa, così come diversi datori di lavoro li hanno licenziati da un giorno all’altro per timore di ritorsioni da parte della polizia nei loro confronti. Centinaia di persone si sono così ritrovate per strada, senza stipendio e senza assistenza, rischiando l’arresto arbitrario, esposti a violenze e aggressioni nelle grandi città.

      In centinaia stanno optando per il rimpatrio nel Paese d’origine chiedendo assistenza per il cosiddetto ritorno volontario, che spesso di volontario ha ben poco. “Torniamo indietro per paura”, è il ritornello che ripetono in molti. Le liste per le richieste dei ritorni volontari gestiti dall’Organizzazione internazionale per le migrazioni (Oim) erano già lunghe prima del 21 febbraio, tanto che decine di persone che si sono registrate mesi fa attendono in tende di fortuna costruite con sacchi di plastica lungo la via che porta alla sede dell’Oim, nel quartiere di Lac 1, dove hanno sede diverse organizzazioni internazionali.

      “Non ci è stato messo a disposizione un foyer per l’accoglienza”, si giustifica una fonte interna all’organizzazione puntando il dito contro le autorità tunisine. La tendopoli di Lac 1 era già stata smantellata dalle forze di polizia a giugno 2022 ma alle persone migranti non è stata data un’alternativa. Qualche settimana dopo, infatti, si è riformata poco lontano. Oggi si ingrandisce di giorno in giorno.

      È qui che da fine febbraio un gruppo di volontari si fa carico di fornire acqua e cibo alle duecento persone presenti, rimaste senza assistenza. L’Oim è l’unica alternativa per chi non dispone di documenti validi, chi si trova nell’impossibilità di pagare la multa di 3.000 dinari o chi non ha un’ambasciata in Tunisia a cui rivolgersi, come per esempio i cittadini della Sierra Leone, la cui rappresentanza è stata delegata all’ambasciata d’Egitto.

      Chi può, invece, ha tentato di chiedere aiuto alla propria ambasciata di riferimento, accampandosi di fronte all’entrata. Il primo marzo è atterrato in Tunisia il ministro degli Esteri della Guinea, che ha promesso ai propri cittadini di stanziare fondi per voli di rimpatrio. Il primo aereo a decollare è stato quello della Costa d’Avorio, partito sabato 4 marzo alle 7 del mattino dall’aeroporto di Tunisi con a bordo 145 persone.

      Era giugno 2018 quando la Commissione europea proponeva ad alcuni Paesi africani, tra cui la Tunisia, l’istituzione di piattaforme regionali di sbarco dove smistare, fuori dai confini europei, le richieste di asilo. La risposta all’epoca fu “No, non abbiamo né le capacità né i mezzi”, per citare l’ambasciatore tunisino a Bruxelles Tahar Chérif. Cinque anni più tardi, l’Ue sembra esser riuscita nella propria missione di trasformare la Tunisia in un informale hotspot europeo.

      https://altreconomia.it/aggressioni-razziste-e-arresti-cosi-la-tunisia-diventa-un-hotspot-infor

    • As the disturbing scenes in Tunisia show, anti-migrant sentiments have gone global

      President Saied is scapegoating his country’s small black migrant population to distract from political failings. Does this sound familiar?

      A little more than 10 years ago, calls for freedom and human rights in Tunisia triggered the Arab spring. Today, black migrants in the country are being attacked, spat at and evicted from their homes. The country’s racism crisis is so severe that hundreds of black migrants have been repatriated.

      It all happened quickly, triggered by a speech by the Tunisian president, Kais Saied, at the end of February. He urged security forces to take urgent measures against migrants from sub-Saharan Africa, who he claimed were moving to the country and creating an “unnatural” situation as part of a criminal plan designed to “change the demographic makeup” and turn Tunisia into “just another African country that doesn’t belong to the Arab and Islamic nations any more”. “Hordes of irregular migrants from sub-Saharan Africa” had come to Tunisia, he added, “with all the violence, crime and unacceptable practices that entails”.

      For scale, the black migrant population in Tunisia is about 21,000 out of a population of 12 million, and yet a sudden fixation with their presence has taken over. A general hysteria has unleashed a pogrom on a tiny migrant population whose members have little impact on the country’s economics or politics – reports from human rights organisations tell of night-time raids and daylight stabbings. Hundreds of migrants, now homeless, are encamped, cowering, outside the International Organization for Migration’s offices in Tunis as provocation against them continues to swirl.

      Josephus Thomas, a political refugee from Sierra Leone, spoke to me from the camp, where he is sheltering with his wife and child after they were evicted from their home and his life savings were stolen. They sleep in the cold rain, wash in a nearby park’s public toilet and sleep around a bonfire with one eye open in anticipation of night-time ambushes by Tunisian youths. So far, they have been attacked twice. “There are three pregnant women here, and one who miscarried as she was running for her life.” Due to the poor sanitation, “all the ladies are having infections”, he says. “Even those who have a UNHCR card”, who are formally recognised as legitimate refugees, are not receiving the help they are entitled to. “The system is not working.”

      Behind this manufactured crisis is economic failure and political dereliction. “The president of the country is basically crafting state policy based on conspiracy theories sloshing around dark corners of the internet basement,” Monica Marks, , a professor of Middle East studies and an expert on Tunisia, tells me. The gist of his speech was essentially the “great replacement” theory, but with a local twist. In this version of the myth, Europeans are using black people from sub-Saharan Africa to make Tunisia a black-inhabited settler colony.

      Confecting an immigration crisis is useful, not only as a distraction from Saied’s failures, but as a political strategy to hijack state and media institutions, and direct them away from meaningful political opposition or scrutiny.

      The speed with which the hysteria spread shows that these attitudes had been near the surface all along. Racism towards black Arabs and black sub-Saharan Africans is entrenched in the Arab world – a legacy of slavery and a fetishised Arab ethnic supremacy. In Arab north Africa, racism towards black people is complicated even further by a paranoia of proximity – being situated on the African continent means there is an extreme sensitivity to being considered African at all, or God forbid, black. In popular culture, racist tropes against other black Arabs or Africans are widespread, portraying them as thick, vulgar and unable to speak Arabic without a heavy accent.

      The movement of refugees from and through the global south has further inflamed bigotries and pushed governments, democratic or otherwise, towards extinguishing these people’s human rights. Local histories and international policies create a perfect storm in which it becomes acceptable to attack a migrant in their home because of “legitimate concerns” about economic insecurity and cultural dilution.

      Globally, there is a grim procession of countries that have made scapegoating disempowered outsiders a central plank of government policy. But there is a new and ruthless cruelty to it in the UK and Europe. The European Union tells the British prime minister, Rishi Sunak, that his small boat plans violate international law, but the EU has for years followed an inhumane migrant securitisation policy that captures and detains migrants heading to its shores in brutal prisons run by militias for profit. Among them are a “hellhole” in Libya and heavily funded joint ventures with the human rights-abusing dictatorship in Sudan.

      Only last week, in the middle of this storm, the Italian prime minister, Giorgia Meloni, had a warm call with her Tunisian counterpart, Najla Bouden Romdhane, on, among other topics, “the migration emergency and possible solutions, following an integrated approach”. This sort of bloodless talk of enforcement at all costs, Marks says, “speaks to the ease with which political elites, state officials, can render fascism part of the everyday political present”.

      So where do you turn if you are fleeing war, genocide and sexual violence? If you want to exercise a human right, agreed upon in principle more than 70 years ago, “to seek and enjoy in other countries asylum from persecution”? The answer is anywhere, because no hypothetical deterrent is more terrifying than an unsafe present.

      You will embark on an inhuman odyssey that might end with a midnight raid on your home in Tunis, a drowning in the Channel, or, if you’re lucky, a stay in Sunak and Macron’s newly agreed super-detention centres. People in jeopardy will move. That is certain. All that we guarantee through cynical deterrent policies is that we will make their already fraught journey even more dangerous.

      https://www.theguardian.com/commentisfree/2023/mar/13/tunisia-anti-migrant-sentiments-president-saied

    • Immigrés subsahariens, boucs émissaires pour faire oublier l’hémorragie maghrébine

      Les autorités tunisiennes mènent depuis début juillet une campagne contre les immigrés subsahariens accusés d’« envahir » le pays, allant jusqu’à les déporter en plein désert, à la frontière libyenne. Une politique répressive partagée par les pays voisins qui sert surtout à dissimuler l’émigration maghrébine massive et tout aussi « irrégulière », et à justifier le soutien des Européens.

      La #chasse_à_l’homme à laquelle font face les immigrés subsahariens en Tunisie, stigmatisés depuis le mois de février par le discours officiel, a une nouvelle fois mis en lumière le flux migratoire subsaharien vers ce pays du Maghreb, en plus d’ouvrir les vannes d’un discours raciste décomplexé. Une ville en particulier est devenue l’objet de tous les regards : Sfax, la capitale économique (270 km au sud de Tunis).

      Le président tunisien Kaïs Saïed s’est publiquement interrogé sur le « choix » fait par les immigrés subsahariens de se concentrer à Sfax, laissant flotter comme à son habitude l’impression d’un complot ourdi. En réalité et avant même de devenir une zone de départ vers l’Europe en raison de la proximité de celle-ci, l’explication se trouve dans le relatif dynamisme économique de la ville et le caractère de son tissu industriel constitué de petites entreprises familiales pour une part informelles, qui ont trouvé, dès le début de la décennie 2000, une opportunité de rentabilité dans l’emploi d’immigrés subsahariens moins chers, plus flexibles et employables occasionnellement. Au milieu de la décennie, la présence de ces travailleurs, devenue très visible, a bénéficié de la tolérance d’un État pourtant policier, mais surtout soucieux de la pérennité d’un secteur exportateur dont il a fait une de ses vitrines.
      L’arbre qui ne cache pas la forêt

      Or, focaliser sur la présence d’immigrés subsahariens pousse à occulter une autre réalité, dont l’évolution est autrement significative. Le paysage migratoire et social tunisien a connu une évolution radicale, et le nombre de Tunisiens ayant quitté illégalement le pays a explosé, les plaçant en tête des contingents vers l’Europe, aux côtés des Syriens et des Afghans comme l’attestent les dernières #statistiques. Proportionnellement à sa population, la Tunisie deviendrait ainsi, et de loin, le premier pays pourvoyeur de migrants « irréguliers », ce qui donne la mesure de la crise dans laquelle le pays est plongé. En effet, sur les deux principales routes migratoires, celle des Balkans et celle de Méditerranée centrale qui totalisent près de 80 % des flux avec près de 250 000 migrants irréguliers sur un total de 320 000, les Tunisiens se placent parmi les nationalités en tête. Avec les Syriens, les Afghans et les Turcs sur la première route et en seconde position après les Égyptiens et avant les Bengalais et les Syriens sur la deuxième.

      La situation n’est pas nouvelle. Durant les années 2000 — 2004 durant lesquelles les traversées « irrégulières » se sont multipliées, les Marocains à eux seuls étaient onze fois plus nombreux que tous les autres migrants africains réunis. Les Algériens, dix fois moins nombreux que leurs voisins, arrivaient en deuxième position. Lorsque la surveillance des côtes espagnoles s’est renforcée, les migrations « irrégulières » se sont rabattues vers le sud de l’Italie, mais cette répartition s’est maintenue. Ainsi en 2006 et en 2008, les deux années de pics de débarquement en Sicile, l’essentiel des migrants (près de 80 %) est constitué de Maghrébins (les Marocains à eux seuls représentant 40 %), suivis de Proche-Orientaux, alors que la part des subsahariens reste minime.

      La chose est encore plus vraie aujourd’hui. À l’échelle des trois pays du Maghreb, la migration « irrégulière » des nationaux dépasse de loin celle des Subsahariens, qui est pourtant mise en avant et surévaluée par les régimes, pour occulter celle de leurs citoyens et ce qu’elle dit de l’échec de leur politique. Ainsi, les Subsahariens, qui ne figurent au premier plan d’aucune des routes partant du Maghreb, que ce soit au départ de la Tunisie et de la Libye ou sur la route de Méditerranée occidentale (départ depuis l’Algérie et le Maroc), où l’essentiel des migrants est originaire de ces deux pays et de la Syrie. C’est seulement sur la route dite d’Afrique de l’Ouest (qui inclut des départs depuis la façade atlantique de la Mauritanie et du Sahara occidental) que les migrants subsahariens constituent d’importants effectifs, même s’ils restent moins nombreux que les Marocains.
      Négocier une rente géopolitique

      L’année 2022 est celle qui a connu la plus forte augmentation de migrants irréguliers vers l’Europe depuis 2016. Mais c’est aussi celle qui a vu les Tunisiens se placer dorénavant parmi les nationalités en tête de ce mouvement migratoire, alors même que la population tunisienne est bien moins importante que celle des autres nationalités, syrienne ou afghane, avec lesquelles elle partage ce sinistre record.

      Ce n’est donc pas un effet du hasard si le président tunisien s’est attaqué aux immigrés subsahariens au moment où son pays traverse une crise politique et économique qui amène les Tunisiens à quitter leur pays dans des proportions inédites. Il s’agit de dissimuler ainsi l’ampleur du désastre.

      De plus, en se présentant comme victimes, les dirigeants maghrébins font de la présence des immigrés subsahariens un moyen de pression pour négocier une rente géopolitique de protection de l’Europe et pour se prémunir contre les critiques.

      Reproduisant ce qu’avait fait vingt ans plus tôt le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi avec l’Italie pour négocier sa réintégration dans la communauté internationale, le Maroc en a fait un outil de sa guerre diplomatique contre l’Espagne, encourageant les départs vers la péninsule jusqu’à ce que Madrid finisse par s’aligner sur ses thèses concernant le Sahara occidental. Le raidissement ultranationaliste que connait le Maghreb, entre xénophobie d’État visant les migrants et surenchère populiste de défiance à l’égard de l’Europe, veut faire de la question migratoire un nouveau symbole de souverainisme, avec les Subsahariens comme victimes expiatoires.
      Déni de réalité

      Quand il leur faut justifier la répression de ces immigrés, les régimes maghrébins parlent de « flots », de « hordes » et d’« invasion ». Ils insistent complaisamment sur la mendicité, particulièrement celle des enfants. Une image qui parle à bon nombre de Maghrébins, car c’est la plus fréquemment visible, et cette mendicité, parfois harcelante, peut susciter de l’irritation et nourrir le discours raciste.

      Cette image-épouvantail cache la réalité d’une importante immigration de travail qui, en jouant sur les complémentarités, a su trouver des ancrages dans les économies locales, et permettre une sorte d’« intégration marginale » dans leurs structures. Plusieurs décennies avant que n’apparaisse l’immigration « irrégulière » vers l’Europe, elle était déjà présente et importante au Sahara et au Maghreb.

      Depuis les années 1970, l’immigration subsaharienne fournit l’écrasante majorité de la main-d’œuvre, tous secteurs confondus, dans les régions sahariennes maghrébines, peu peuplées alors, mais devenues cependant essentielles en raison de leurs richesses minières (pétrole, fer, phosphate, or, uranium) et de leur profondeur stratégique. Ces régions ont connu de ce fait un développement et une urbanisation exceptionnels impulsés par des États soucieux de quadriller des territoires devenus stratégiques et souvent objets de litiges. Cette émigration s’est étendue à tout le Sahel à mesure du développement et du désenclavement de ces régions sahariennes où ont fini par émerger d’importants pôles urbains et de développement, construits essentiellement par des Subsahariens. Ceux-ci y résident et, quand ils n’y sont pas majoritaires, forment de très fortes minorités qui font de ces villes sahariennes de véritables « tours de Babel » africaines.

      À partir de cette matrice saharienne, cette immigration s’est diffusée graduellement au nord, tout en demeurant prépondérante au Sahara, jusqu’aux villes littorales où elle s’est intégrée à tous les secteurs sans exception : des services à l’agriculture et à la domesticité, en passant par le bâtiment. Ce secteur est en effet en pleine expansion et connait une tension globale en main-d’œuvre qualifiée, en plus des pénuries ponctuelles ou locales au gré de la fluctuation des chantiers. Ses plus petites entreprises notamment ont recours aux Subsahariens, nombreux à avoir les qualifications requises. Même chose pour l’agriculture dont l’activité est pour une part saisonnière alors que les campagnes se vident, dans un Maghreb de plus en plus urbanisé.

      On retrouve dorénavant ces populations dans d’autres secteurs importants comme le tourisme au Maroc et en Tunisie où après les chantiers de construction touristiques, elles sont recrutées dans les travaux ponctuels d’entretien ou de service, ou pour effectuer des tâches pénibles et invisibles comme la plonge. Elles sont également présentes dans d’autres activités caractérisées par l’informel, la flexibilité et la précarité comme la domesticité et certaines activités artisanales ou de service.
      Ambivalence et duplicité

      Mais c’est par la duplicité que les pouvoirs maghrébins font face à cette migration de travail tolérée, voire sollicitée, mais jamais reconnue et maintenue dans un état de précarité favorisant sa réversibilité. C’est sur les hauteurs prisées d’Alger qu’on la retrouve. C’est là qu’elle construit les villas des nouveaux arrivants de la nomenklatura, mais c’est là aussi qu’on la rafle. C’est dans les familles maghrébines aisées qu’est employée la domestique noire africaine, choisie pour sa francophonie, marqueur culturel des élites dirigeantes. On la retrouve dans le bassin algéro-tunisien du bas Sahara là où se cultivent les précieuses dattes Deglet Nour, exportées par les puissants groupes agrolimentaires. Dans le cœur battant du tourisme marocain à Marrakech et ses arrière-pays et dans les périmètres irrigués marocains destinés à l’exportation. À Nouadhibou, cœur et capitale de l’économie mauritanienne où elle constitue un tiers de la population. Et au Sahara, obsession territoriale de tous les régimes maghrébins, dans ces pôles d’urbanisation et de développement conçus par chacun des pays maghrébins comme des postes avancés de leur nationalisme, mais qui, paradoxalement, doivent leur viabilité à une forte présence subsaharienne. En Libye, dont l’économie rentière dépend totalement de l’immigration, où les Subsahariens ont toujours été explicitement sollicités, mais pourtant en permanence stigmatisés et régulièrement refoulés.

      Enfin, parmi les milliers d’étudiants subsahariens captés par un marché de l’enseignement supérieur qui en a fait sa cible, notamment au Maroc et en Tunisie et qui, maitrisant mieux le français ou l’anglais, deviennent des recrues pour les services informatiques, la communication, la comptabilité du secteur privé national ou des multinationales et les centres d’appel.
      Un enjeu national

      Entre la reconnaissance de leur utilité et le refus d’admettre une installation durable de ces populations, les autorités maghrébines alternent des phases de tolérance et de répression, ou de maintien dans les espaces de marge, en l’occurrence au Sahara.

      La négation de la réalité de l’immigration subsaharienne par les pays maghrébins ne s’explique pas seulement par le refus de donner des droits juridiques et sociaux auxquels obligerait une reconnaissance, ni par les considérations économiques, d’autant que la vie économique et sociale reste régie par l’informel au Maghreb. Cette négation se légitime aussi du besoin de faire face à une volonté de l’Europe d’amener les pays du Maghreb à assumer, à sa place, les fonctions policières et humanitaires d’accueil et de régulation d’une part d’exilés dont ils ne sont pas toujours destinataires. Mais le véritable motif consiste à éviter de poser la question de la présence de ces migrants sur le terrain du droit. C’est encore plus vrai pour les réfugiés et les demandeurs d’asile. Reconnaître des droits aux réfugiés, mais surtout reconnaitre leur présence au nom des droits humains pose en soi la question de ces droits, souvent non reconnus dans le cadre national. Tous les pays maghrébins ont signé la convention de Genève et accueilli des antennes locales du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR), mais aucun d’entre eux n’a voulu reconnaître en tant que tels des immigrés subsahariens qui ont pourtant obtenu le statut de réfugié auprès de ces antennes.

      En 2013, entre la pression d’une société civile galvanisée par le Mouvement du 20 février et le désir du Palais de projeter une influence en Afrique pour obtenir des soutiens à sa position sur le Sahara occidental, le Maroc avait promulgué une loi qui a permis temporairement de régulariser quelques dizaines de milliers de migrants. Elle devait aboutir à la promulgation d’un statut national du droit d’asile qui n’a finalement pas vu le jour. Un tel statut, fondé sur le principe de la protection contre la persécution de la liberté d’opinion, protègerait également les citoyens maghrébins eux-mêmes. Or, c’est l’absence d’un tel statut qui a permis à la Tunisie de livrer à l’Algérie l’opposant Slimane Bouhafs, malgré sa qualité de réfugié reconnue par l’antenne locale du HCR. C’est cette même lacune qui menace son compatriote, Zaki Hannache, de connaître le même sort.

      https://orientxxi.info/magazine/immigres-subsahariens-boucs-emissaires-pour-faire-oublier-l-hemorragie,6

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    • Tunisie : Pas un lieu sûr pour les migrants et réfugiés africains noirs

      Des forces de sécurité maltraitent des migrants ; l’Union européenne devrait suspendre son soutien au contrôle des migrations

      - La police, l’armée et la garde nationale tunisiennes, y compris les garde-côtes, ont commis de graves abus à l’encontre de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile africains noirs.
      - Pour les Africains noirs, la Tunisie n’est ni un lieu sûr pour le débarquement de ressortissants de pays tiers interceptés ou sauvés en mer, ni un « pays tiers sûr » pour les transferts de demandeurs d’asile.
      - La Tunisie devrait mener des réformes de façon à respecter les droits humains et mettre fin à la discrimination raciale. L’Union européenne devrait suspendre le financement des forces de sécurité destiné au contrôle des migrations, et fixer des critères de référence en matière de droits humains auxquels conditionner son soutien futur.

      La police, l’armée et la garde nationale tunisiennes, y compris les garde-côtes, ont commis de graves abus à l’encontre de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile africains noirs, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Parmi les abus documentés figurent des passages à tabac, le recours à une force excessive, certains cas de torture, des arrestations et détentions arbitraires, des expulsions collectives, des actions dangereuses en mer, des évictions forcées, ainsi que des vols d’argent et d’effets personnels.

      Pourtant, le 16 juillet, l’Union européenne (UE) a annoncé la signature d’un protocole d’accord avec la Tunisie, portant sur un nouveau « partenariat stratégique » et un financement allant jusqu’à un milliard d’euros, dont 105 millions d’euros sont destinés à « la gestion des frontières, [...] des opérations de recherche et sauvetage, […] la lutte contre le trafic de migrants et [...] la politique de retour ». Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a souligné que le partenariat porterait notamment sur « le renforcement des efforts visant à mettre un terme à la migration clandestine ». Le protocole d’accord, qui doit être formellement approuvé par les États membres de l’UE, ne prévoit aucune garantie sérieuse que les autorités tunisiennes empêcheront les violations des droits des migrants et des demandeurs d’asile, et que le soutien financier ou matériel de l’UE ne parviendra pas à des entités responsables de violations des droits humains.

      « Les autorités tunisiennes ont maltraité des étrangers africains noirs, alimenté des attitudes racistes et xénophobes, et renvoyé de force des personnes fuyant par bateau qui risquent de subir de graves préjudices en Tunisie », a déclaré Lauren Seibert, chercheuse au sein de la division Droits des réfugiés et migrants de Human Rights Watch. « En finançant les forces de sécurité qui commettent des abus lors de contrôles migratoires, l’UE partage la responsabilité de la souffrance des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile en Tunisie ».

      Au total, entre 2015 et 2022, l’UE a consacré à la Tunisie entre 93 et 178 millions d’euros pour des objectifs liés aux migrations, dont une partie a renforcé et équipé les forces de sécurité afin de prévenir les migrations irrégulières et d’arrêter les bateaux à destination de l’Europe. L’UE devrait suspendre le financement des forces de sécurité tunisiennes destiné au contrôle des migrations et soumettre tout nouveau soutien à des critères clairs en matière de droits humains, a déclaré Human Rights Watch. Les États membres de l’UE devraient suspendre leur soutien à la gestion des migrations et des frontières dans le cadre du protocole d’accord récemment signé avec la Tunisie, jusqu’à ce qu’une évaluation approfondie de son impact sur les droits humains soit réalisée.

      Outre les abus attestés des forces de sécurité, les autorités tunisiennes n’ont pas assuré de manière adéquate une protection, une justice ou un soutien aux nombreuses victimes d’évictions forcées et d’attaques racistes, et ont même parfois bloqué ces efforts. C’est pourquoi, pour les Africains noirs, la Tunisie n’est ni un lieu sûr pour le débarquement de ressortissants de pays tiers interceptées ou sauvées en mer, ni un « pays tiers sûr » pour les transferts de demandeurs d’asile.

      Depuis mars, Human Rights Watch a mené des entretiens téléphoniques et en personne avec 24 personnes — 22 hommes, ainsi qu’une femme et une fille — qui vivaient en Tunisie, dont 19 migrant·e·s, quatre demandeur·euse·s d’asile et un réfugié, originaires du Sénégal, du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de la Sierra Leone, du Cameroun et du Soudan. Dix-neuf personnes étaient entrées en Tunisie entre 2017 et 2022 : douze de manière irrégulière et sept de manière régulière. Pour cinq personnes interrogées, la date et le mode d’entrée n’étaient pas connus. Certaines des personnes interrogées ne sont pas nommées pour des raisons de sécurité ou à leur demande.

      Human Rights Watch a également mené des entretiens avec quatre représentants de groupes de la société civile en Tunisie — le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Avocats sans frontières (ASF), EuroMed Rights et Alarm Phone, un réseau de lignes téléphoniques d’urgence —, ainsi qu’un volontaire qui a aidé des réfugiés à Tunis ; Elizia Volkmann, journaliste basée à Tunis ; et Monica Marks, professeure d’université et spécialiste de la Tunisie. Tous les sept avaient interrogé ou aidé des dizaines de migrants, de demandeurs d’asile et de réfugiés en Tunisie, et étaient informés des cas d’abus commis par la police ou les garde-côtes ou les avaient documentés.

      Parmi les migrants, demandeurs d’asile et réfugiés interrogés, neuf étaient rentrés dans leur pays à bord de vols de rapatriement d’urgence en mars, tandis que huit étaient restés à Tunis, la capitale tunisienne, ou à Sfax, une ville portuaire située au sud-est de Tunis. Sept d’entre eux faisaient partie des quelque 1 200 Africains noirs expulsés ou transférés de force par les forces de sécurité tunisiennes aux frontières terrestres avec la Libye et l’Algérie au début du mois de juillet.

      Au total, 22 personnes interrogées ont été victimes de violations de leurs droits humains commises par les autorités tunisiennes.

      Bien que les violations documentées aient eu lieu entre 2019 et 2023, elles se sont majoritairement produites après que le président Kais Saied, en février 2023, a ordonné aux forces de sécurité de réprimer la migration irrégulière, associant les migrants africains sans papiers à la criminalité et à un « complot » visant à modifier la structure démographique de la Tunisie. Le discours du président, qualifié de raciste par les experts des Nations Unies, a été suivi d’un déferlement de discours de haine, de discrimination et d’agressions.

      Quinze personnes interrogées ont déclaré avoir subi des violences de la part de la police, de l’armée ou de la garde nationale y compris des garde-côtes. Parmi ces personnes figurent un réfugié et un demandeur d’asile qui ont été battus et ont reçu des décharges électriques lors de leur détention par la police à Tunis. Cinq personnes ont déclaré que les autorités avaient confisqué leur argent ou leurs effets personnels et ne les leur avaient jamais rendus.

      Les sept personnes interrogées expulsées vers les zones frontalières en juillet ont déclaré que l’armée et la garde nationale les avaient laissées dans le désert avec des quantités insuffisantes de nourriture et d’eau. Si certaines ont été réinstallées en Tunisie une semaine plus tard par les autorités tunisiennes, d’autres avaient encore besoin d’aide ou étaient portés disparus.

      Au moins neuf personnes interrogées ont été arrêtées et détenues arbitrairement par la police à Tunis, Ariana et Sfax, apparemment au faciès, en raison de leur couleur de peau. Ces personnes ont déclaré que les policiers n’avaient pas vérifié leurs papiers avant de les arrêter et que, dans la plupart des cas, ils n’avaient pas procédé à une évaluation individuelle de leur statut légal et ne leur avaient pas permis de contester leur arrestation.

      Un Malien de 31 ans interrogé avait une carte de séjour valide lorsque la police l’a arrêté arbitrairement à la mi-2022 à Ariana. « Ils ne m’ont pas demandé si j’avais des documents ou non », a-t-il déclaré. « Mon ami a été arrêté avec moi [...], [c’est] un militaire guinéen venu en Tunisie pour se faire soigner. Il avait un passeport avec un cachet d’entrée [valide] ».

      Cinq personnes ont décrit des abus commis pendant ou après des interceptions et des sauvetages en mer près de Sfax, apparemment par la garde nationale maritime, également appelée garde côtière. Il s’agit notamment de passages à tabac, de vols, de l’abandon d’un bateau à la dérive sans moteur, du renversement d’un bateau, d’insultes et de crachats à l’encontre des survivants.

      Trois représentants de groupes de la société civile interrogés ont également décrit les pratiques de plus en plus problématiques des garde-côtes depuis 2022, notamment des passages à tabac, l’utilisation dangereuse de gaz lacrymogènes, des tirs en l’air, le fait de prendre ou d’endommager les moteurs des bateaux et de laisser les gens bloqués en mer, la création de vagues qui font chavirer les bateaux, des retards dans les sauvetages, et des vols d’argent et de téléphones.

      Human Rights Watch a écrit aux ministères tunisiens des Affaires étrangères et de l’Intérieur le 28 juin pour leur faire part des résultats de ses recherches et leur poser des questions, mais n’a reçu aucune réponse.

      Outre les abus des forces de sécurité, au moins 12 hommes interrogés ont déclaré avoir été victimes d’abus de la part de civils tunisiens : parmi eux, dix ont été agressés ou victimes de vols, et cinq ont été victimes d’évictions forcées par des propriétaires civils. Hormis deux de ces incidents, tous se sont produits après le discours de février du président Saeid.

      Dans les mois qui ont suivi ce discours, et dans le contexte de la détérioration de la situation économique de la Tunisie, de l’aggravation de la répression et de la violence xénophobe, et de l’augmentation des départs de bateaux et des décès en mer, plus d’une dizaine de responsables européens se sont rendues en Tunisie pour discuter d’économie, de sécurité et de migration avec des responsables politiques tunisiens. Le ministre de l’Intérieur allemand a évoqué l’importance des « droits humains des réfugiés » et la « création de voies d’immigration légales », mais peu d’autres ont mentionné publiquement les préoccupations en matière de droits humains. Le ministre de l’Intérieur français a déclaré que la France offrirait à la Tunisie 25,8 millions d’euros pour l’aider à « contenir le flux irrégulier de migrants ».

      Des millions d’euros de financements de l’UE et de financements bilatéraux — notamment de la part de l’Italie — ont déjà permis de soutenir, d’équiper et de former les garde-côtes tunisiens, les « forces de sécurité intérieure » et les « institutions de gestion des frontières terrestres ».

      L’« externalisation » des frontières, qui consiste à empêcher les arrivées irrégulières en confiant les contrôles migratoires à des pays tiers, est devenue un élément central de la réponse de l’UE aux migrations mixtes et a donné lieu à des violations flagrantes des droits humains. De plus, le soutien aux forces de sécurité qui commettent des abus ne fait qu’exacerber les violations des droits humains qui sont à l’origine des migrations.

      « L’UE et le gouvernement tunisien devraient réorienter fondamentalement leur manière d’aborder les défis migratoires », a déclaré Lauren Seibert. « Le contrôle des frontières ne justifie aucunement que les droits soient bafoués et les responsabilités en matière de protection internationale ignorées ».

      Contexte des migrations et de la situation des réfugiés en Tunisie

      La Tunisie est un pays d’origine, de destination et de transit pour les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile. Au premier semestre 2023, elle a dépassé la Libye comme point de départ des bateaux accostant en Italie. Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), sur les 69 599 personnes arrivées en Italie entre le 1er janvier et le 9 juillet par la mer Méditerranée, 37 720 étaient parties de Tunisie, 28 558 de Libye, et les autres de Turquie et d’Algérie.

      Les pays d’origine les plus courants pour les personnes arrivant en Italie étaient, par ordre décroissant, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, la Guinée, le Pakistan, le Bangladesh, la Tunisie, la Syrie, le Burkina Faso, le Cameroun et le Mali. Le Cameroun, le Burkina Faso, le Mali et la Guinée ont été confrontés ces dernières années à des violations généralisées des droits humains liées à des conflits, à des coups d’État ou à des mesures de répression gouvernementales.

      Selon une estimation officielle datant de 2021, 21 000 étrangers originaires de pays africains non maghrébins se trouvent en Tunisie, dont la population est de 12 millions d’habitants. Depuis janvier, le pays a accueilli 9 000 réfugiés et demandeurs d’asile enregistrés. La Tunisie est un État partie aux Conventions des Nations Unies et de l’Afrique relatives au statut des réfugiés, et sa Constitution prévoit le droit à l’asile politique. Cependant, elle ne dispose pas d’une loi ou d’un système national d’asile. C’est le HCR qui effectue l’enregistrement des réfugiés et détermine leur statut.

      Bien que les normes internationales en matière de droits humains découragent la criminalisation de la migration irrégulière, les lois tunisiennes datant de 1968 et de 2004 criminalisent l’entrée, le séjour et la sortie irréguliers d’étrangers, ainsi que l’organisation ou l’aide à l’entrée ou à la sortie irrégulières, sanctionnées par des peines d’emprisonnement et des amendes. La Tunisie n’a pas de base légale explicite pour la détention administrative des immigrants, mais de nombreuses organisations ont documenté des cas de détention arbitraire de migrants africains. Pour plusieurs nationalités africaines, la Tunisie autorise les séjours de 90 jours sans visa avec tampon d’entrée, mais l’obtention d’une carte de séjour peut se révéler difficile.

      Selon le FTDES (un forum non gouvernemental), entre janvier et mai 2023, les autorités tunisiennes ont arrêté plus de 3 500 migrants pour « séjour irrégulier » et intercepté plus de 23 000 personnes tentant de quitter la Tunisie de manière irrégulière. Romdhane Ben Amor, porte-parole du FTDES, a déclaré à Human Rights Watch que la plupart des arrestations de migrants enregistrées ont eu lieu aux abords de la frontière algérienne, mais qu’après le discours du président, des centaines d’entre elles ont également eu lieu à Tunis, à Sfax et dans d’autres villes.

      Expulsions collectives aux frontières avec la Libye et l’Algérie

      Entre le 2 et le 5 juillet 2023, la police, la garde nationale et l’armée tunisiennes ont mené des raids à Sfax et dans ses environs, arrêtant arbitrairement des centaines d’étrangers africains noirs de nombreuses nationalités, en situation régulière ou irrégulière. La garde nationale et l’armée ont expulsé ou transféré de force, sans aucun respect des procédures légales, jusqu’à 1 200 personnes, réparties en plusieurs groupes, vers les frontières libyenne et algérienne.

      Selon cinq personnes interrogées qui ont été expulsées, les autorités ont conduit environ 600 à 700 personnes vers le sud jusqu’à la frontière libyenne, non loin de la ville de Ben Guerdane. Elles en ont conduit des centaines d’autres vers l’ouest, à divers endroits le long de la frontière algérienne, dans les gouvernorats de Tozeur, Gafsa et Kasserine, selon deux personnes expulsées, des représentants des Nations Unies, le FTDES et le réseau Alarm Phone.

      Parmi les centaines de personnes expulsées vers une zone éloignée et militarisée située à la frontière entre la Tunisie et la Libye, se trouvaient au moins 29 enfants et trois femmes enceintes. Au moins six d’entre elles étaient des demandeurs d’asile enregistrés auprès du HCR. Les personnes interrogées ont déclaré avoir été battues et agressées par des membres de la garde nationale ou des militaires pendant leur expulsion ; une jeune fille de 16 ans, notamment, a affirmé avoir été agressée sexuellement. Ces personnes ont ajouté que les agents de sécurité avaient jeté leur nourriture, détruit leurs téléphones et les avaient laissées dans une zone d’où, repoussées par les forces de sécurité des deux pays, elles ne pouvaient ni entrer en Libye ni retourner en Tunisie. Elles ont fourni les positions GPS des endroits où elles se trouvaient du 2 au 4 juillet, ainsi que des vidéos et des photos des personnes expulsées, de leurs blessures, des téléphones brisés, des passeports, des cartes consulaires et des cartes de demandeur d’asile.

      Le 7 juillet, Human Rights Watch a interrogé deux personnes qui avaient été expulsées ou transférées de force vers ou près de la frontière algérienne les 4 et 5 juillet. Elles se trouvaient dans deux groupes différents totalisant 15 personnes dont sept femmes — y compris deux femmes enceintes — et un enfant. Selon leurs dires, elles ont été transportées depuis Sfax dans des bus, forcées de marcher dans le désert sans nourriture ni eau suffisantes, et repoussées par les forces de sécurité algériennes et tunisiennes. Une demandeuse d’asile guinéenne a communiqué la position GPS de son groupe, dans le gouvernorat de Gafsa, tandis qu’un Ivoirien a partagé la position du sien, dans le gouvernorat de Kasserine. Ils ont également fourni des vidéos de leurs groupes marchant dans le désert.

      Dans une déclaration du 8 juillet, le président Saied a qualifié les accusations d’abus commis par les forces de sécurité à l’encontre des migrants de « mensonges » et de « fausses informations ». Le week-end du 8 juillet, les équipes du Croissant-Rouge tunisien ont fourni de la nourriture, de l’eau et une aide médicale à quelques migrants qui se trouvaient aux frontières de l’Algérie et de la Libye, ou à proximité. Il s’agit du seul groupe d’aide humanitaire que les autorités tunisiennes ont autorisé à pénétrer dans la zone frontalière avec la Libye.

      Le 10 juillet, les autorités tunisiennes ont finalement transféré plus de 600 personnes de la frontière libyenne vers des abris de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et d’autres installations à Ben Guerdane, Medenine et Tataouine, selon des représentants des Nations Unies et un Ivoirien qui se trouvait parmi les personnes emmenées à Medenine, qui a fourni sa localisation. Cependant, le 11 juillet, Human Rights Watch s’est entretenu avec deux migrants affirmant qu’ils faisaient partie d’un groupe de plus de cent personnes expulsées toujours bloquées à la frontière libyenne. Ils ont fourni des vidéos et leur localisation.
      Des migrant·e·s aux deux frontières ont déclaré à Human Rights Watch et à d’autres que plusieurs avaient péri ou avaient été tués à la suite d’une expulsion, bien que Human Rights Watch n’ait pas pu confirmer leurs récits de manière indépendante. Le 11 juillet, l’Agence France-Presse a indiqué que les corps de deux migrants avaient été retrouvés dans le désert près de la frontière entre la Tunisie et l’Algérie. Al Jazeera, qui s’est rendu à plusieurs reprises dans la zone frontalière entre la Tunisie et la Libye, a publié des images du 11 juillet montrant deux groupes de migrant·e·s africain·e·s toujours bloqué·e·s — plus de 150 personnes au total — et le corps d’un migrant décédé.

      La Tunisie est un État partie à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ; à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui interdit les expulsions collectives ; ainsi qu’aux Conventions des Nations Unies et de l’Afrique relatives au statut des réfugiés, à la Convention contre la torture et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui interdisent les retours forcés ou les expulsions vers des pays où les personnes risquent d’être torturées, de voir leur vie ou leur liberté menacées, ou de subir d’autres préjudices graves.

      Abus commis par la police

      Outre les personnes expulsées, onze personnes interrogées ont été victimes d’abus de la part de la police à Tunis, à Sfax, à Ariana et dans une ville proche de la frontière algérienne ; parmi celles-ci, au moins huit ont subi des violences. Deux ont déclaré que la police les avait expulsées de force de leur logement. Sept ont fait état d’insultes racistes de la part de la police et l’une d’entre elles a été menacée de mort.

      Sidy Mbaye, un Sénégalais de 25 ans rapatrié en mars, était entré en Tunisie de manière irrégulière en 2021 et travaillait comme vendeur ambulant. Il a décrit les abus commis par la police à Tunis :

      [Le 25 février], je suis allé en ville pour vendre des téléphones, des T-shirts et des tissus au marché [...]. Trois policiers se sont approchés de moi et m’ont demandé ma nationalité. Ils ont dit : « Tu as entendu ce que le président a dit ? Tu dois partir [...] ». Ils ne m’ont demandé aucun document. Ils ont pris toute ma marchandise [...]. J’ai [résisté] [...] ils m’ont durement battu, me donnant des coups de poing et me frappant avec des matraques. Du sang coulait de mon nez [...].

      Ils m’ont emmené au poste de police, m’ont mis dans une cellule et ont continué à me frapper et à m’insulter [...]. Ils ont dit quelque chose sur le fait que j’étais noir [...]. Ils ne m’ont toujours pas demandé de documents. J’y ai passé une journée. Je refusais de partir parce que je voulais récupérer mes affaires, mais j’ai fini par partir. Ils m’ont menacé et m’ont dit : « Si tu reviens et que tu vends encore ces choses, on va te tuer. Quittez le pays immédiatement ». [...] Là où je vivais avec cinq autres Sénégalais, le propriétaire était un policier [...] En revenant, nous avons trouvé nos affaires dehors.

      Papi Sakho, un Sénégalais de 29 ans qui est venu à Tunis de manière irrégulière pour travailler, a été victime de violences et d’une éviction forcée par la police avant d’être rapatrié, en mars :

      Fin février [...], cinq officiers de police sont venus [...]. Nous étions quatre en train de travailler au garage-lavage, moi, deux Gambiens et un Ivoirien. [...] Ils ne nous ont pas demandé nos papiers [...]. Ils nous criaient dessus, nous insultaient [...] Ils m’ont battu durement avec des matraques [...]. L’Ivoirien était blessé et saignait [...] ils ont fermé notre garage [...]. Et c’est nous qui lavions habituellement leurs voitures de police !

      La police nous a alors conduits à notre logement et a averti le propriétaire que nous n’avions plus le droit d’y rester. [...]. Ils ont pris nos bagages et les ont mis dehors [...]. Mon passeport est resté à l’intérieur. La police a pris mes deux téléphones [...]. Les autres m’ont dit que la police avait pris une partie de leur argent.

      Moussa Baldé, mécanicien sénégalais de 30 ans, a déclaré être arrivé en Tunisie en 2021 avec un visa de travail. Il s’est rendu à Tunis en février 2023 pour acheter des pièces détachées. « Un policier a arrêté mon taxi, m’a fait descendre et m’a poussé. Il m’a dit : “Tu es noir, tu n’as pas le droit d’être ici [...]”. Il ne m’a pas demandé mes papiers, il m’a juste indexé à cause de la couleur de ma peau. [Au poste de police,] deux policiers m’ont donné des coups de poing et m’ont frappé. Ils ne m’ont donné à manger qu’une seule fois pendant les deux jours [de détention], et j’ai dormi par terre ». La police ne lui a posé aucune question sur son statut juridique. « Ils m’ont dit : “Nous allons te libérer, mais tu dois quitter le pays” ».

      Abdoulaye Ba, 27 ans, également originaire du Sénégal, vivait à Tunis depuis 2022. En février 2023, la police est venue sur le chantier où il travaillait et a arrêté au moins dix travailleurs, certains avec papiers et certains sans papiers, originaires d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale :

      Il y avait des Tunisiens et des Marocains, mais ils n’ont arrêté que des personnes à la peau noire. Ils nous ont demandé de quel pays nous venions mais n’ont pas demandé nos papiers [...]. Nous avons résisté à l’arrestation et une partie de la ville est sortie [...] et nous jetait des pierres [...]. La police nous a frappés avec des matraques [...] Ils nous ont emmenés dans un poste de police à Tunis et nous ont détenus pendant cinq heures, sans demander à voir nos papiers [...]. Ils nous ont ensuite relâchés et nous ont demandé de quitter la Tunisie. [...] La police a également volé mon iPhone 12, et d’autres ont dit que la police avait pris leur argent.

      Un Malien de 24 ans sans papiers a déclaré qu’avant son rapatriement en mars, il travaillait dans un restaurant à Tunis. En février, la police l’a arrêté alors qu’il rentrait du travail avec un autre Malien, mais n’a procédé à aucune vérification légale. Il a raconté :

      Ils ne m’ont pas demandé mes papiers [...]. S’ils voient un Noir, ils le prennent et l’emmènent dans leur voiture. Pendant l’arrestation, des Tunisiens regardaient et criaient : « Vous, les Noirs, vous devez partir… ». La police a pris l’argent [de mon ami] [...], environ 600 dinars [...]. Ils nous ont gardés pendant quatre jours [au poste de police]. [...] Nous dormions par terre [...]. Ils ne nous donnaient que du pain et de l’eau deux fois par jour. [...] [...] Nous avons trouvé une centaine d’Africains [détenus] là-bas [...]. Ils nous considéraient comme si nous n’étions pas des humains.

      Un Camerounais de 24 ans vivant à Sfax sans papiers a déclaré qu’à plusieurs reprises, début 2023, la police avait fait des descentes dans la maison qu’il partageait avec plusieurs migrants et avait pris leurs téléphones et leur argent.

      Les abus commis par la police ne datent pas seulement de 2023. Un Malien de 31 ans a déclaré qu’en décembre 2021, un groupe de 6 à 8 policiers l’avait trouvé endormi dans une gare et l’avait agressé avant de l’arrêter pour entrée irrégulière, dans une ville proche de la frontière algérienne : « Ils m’ont frappé à plusieurs reprises avec leurs matraques, jusqu’à ce que je tombe, puis ils m’ont donné des coups de pied ».

      Un Malien de 32 ans, rapatrié en mars, a déclaré que la police de Sfax lui avait pris deux de ses téléphones à la mi-2022, en plus de l’argent que transportait son ami. « Les policiers, s’ils voient une personne noire avec un petit sac, ils fouillent le sac. Lorsqu’ils trouvent de l’argent [ou des objets de valeur], ils le prennent », a-t-il témoigné.

      Répression policière contre des réfugiés participant à des manifestations

      Après le discours du président Saeid un grand nombre de réfugiés, de demandeurs d’asile et d’autres personnes devenues sans abri à la suite d’évictions ou craignant pour leur sécurité ont campé devant les bureaux du HCR et de l’OIM au Lac 1, à Tunis. Parmi les personnes qui se trouvaient devant le HCR, certaines ont barricadé la zone et ont commencé à protester. Le 11 avril, après l’entrée de force de plusieurs personnes dans une partie des locaux du HCR, la police est arrivée pour disperser le camp. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de la force, et certaines personnes ont jeté des pierres sur des voitures ou la police.

      « En réaction, la police a fait un usage disproportionné de la violence [...], en particulier compte tenu du fait que des personnes vulnérables se trouvaient là, ainsi que des familles et des jeunes enfants », a déclaré Elizia Volkmann, une journaliste qui s’est rendue sur les lieux plus tard dans la journée. Human Rights Watch a écouté un entretien enregistré par Elizia Volkmann le 11 avril avec un témoin des événements, qui a déclaré avoir vu la police gifler une Soudanaise avant que la situation ne dégénère, et que la police avait battu les gens avec des bâtons et tiré « de nombreux coups de gaz lacrymogène ».

      Un demandeur d’asile soudanais, qui campait devant le bureau du HCR depuis novembre 2022, a déclaré à Human Rights Watch que lui et d’autres avaient barricadé la zone pour se protéger, et que le 10 avril, ils étaient entrés dans les locaux du HCR « pour boire de l’eau et utiliser les toilettes ». Selon ses dires, le 11 avril, « C’est la police qui a commencé les violences. Ils [...] sont venus et ont tiré des gaz [lacrymogènes] sur nous. Et c’était la première fois que les policiers nous jetaient des pierres — j’ai vu deux d’entre eux le faire ». Il a raconté avoir ensuite vu des personnes jeter à leur tour des pierres sur la police. Il a précisé qu’après avoir fui la zone, lui et d’autres ont été battus et arrêtés dans la rue par la police.

      La police a d’abord placé 80 à 100 personnes — dont des femmes et des enfants — en garde à vue au poste de police de Lac 1 et détruit le camp. Plus tard dans la journée, ils ont libéré le demandeur d’asile soudanais, entre autres, mais selon un représentant d’Avocats sans frontières (ASF), ils ont transféré 31 hommes à la prison de Mornaguia au titre de divers chefs d’accusation, notamment pour désobéissance et agression. ASF a fourni une assistance juridique aux accusés, qui ont été libérés fin avril, les charges ayant été abandonnées pour la moitié du groupe et l’autre moitié étant en attente d’une audience en septembre, a déclaré le représentant d’ASF.

      Un demandeur d’asile sierra-léonais, qui campait devant l’OIM et le HCR depuis son expulsion de son appartement en février, figurait parmi les personnes arrêtées. Human Rights Watch a examiné un document officiel confirmant sa libération de la prison de Mornaguia fin avril. Lors de la répression du camp le 11 avril, il a déclaré avoir « vu un [demandeur d’asile] libérien se faire battre par la police [...] il y avait tellement de sang ». Il affirme ne pas avoir participé à des actes de violence, mais a enregistré des vidéos et passé des appels téléphoniques. Il a raconté que la police l’avait attrapé, arrêté et torturé en détention :

      Dans le véhicule de police, un [agent] a commencé à m’étrangler pour me forcer à ouvrir mon téléphone. [...] Ils m’ont emmené au poste de police de Lac 1. Ils ont séparé trois d’entre nous, moi, un [demandeur d’asile] sierra-léonais et le Libérien [blessé] [...].

      [Ils] nous ont placé dans une pièce non ouverte au public, où ils nous ont torturés. Deux [agents en uniforme] ont utilisé [...] un bâton en bois [...] pour nous frapper à la tête, aux chevilles, là où se trouvent les os [...]. Deux [autres agents en uniforme] nous ont transmis des chocs électriques avec des appareils comme des tasers [...]. Un [homme en civil] [...] m’a dit en anglais : « Vous [...]dites que la Tunisie n’est pas sûre [...]. Vous êtes des putains d’immigrés et de réfugiés, vous voulez gâcher notre image » [...] ». Les autres policiers nous ont insultés en arabe [...]. Ils nous ont torturés [...] pendant environ 45 minutes.

      Un réfugié soudanais a également déclaré à Human Rights Watch avoir été battu et avoir reçu des chocs électriques au poste de police de Lac 1, avant d’être transféré à la prison de Mornaguia.

      Un Tunisois qui a aidé plusieurs hommes à obtenir une aide médicale après leur libération de la prison de Mornaguia en mai, a déclaré que deux réfugiés, un Érythréen et un Centrafricain, avaient fait état de l’usage d’armes électriques, telles que des tasers, par la police à leur encontre lors de leur arrestation. Selon ses dires, deux réfugiés érythréens lui avaient également raconté qu’au poste de Lac 1, « la police les [avait] battus [...] hors du champ de la caméra ».

      Le demandeur d’asile soudanais qui a été détenu puis relâché le même jour a déclaré avoir vu plusieurs détenus africains emmenés dans une autre pièce du commissariat et les avoir entendus pleurer de douleur ; plus tard, certains lui ont dit que la police avait utilisé des appareils pour leur administrer des chocs électriques. Les violences policières l’ont convaincu de quitter la Tunisie : « Je demande à des personnes que je connais de m’aider à traverser la mer, à m’éloigner de ce pays ».

      Abus des garde-côtes et interceptions en mer

      Sur les six personnes interrogées par Human Rights Watch qui avaient tenté une ou plusieurs traversées en bateau vers l’Europe, cinq avaient subi des retours forcés de leurs bateaux. De telles mesures de rétention ou de retour forcé des personnes, appelées « pullbacks » en anglais – des actions des autorités visant à empêcher les gens de quitter un pays en dehors des points de passage officiels de la frontière, y compris les retours forcés de bateaux en partance – peuvent constituer une atteinte au droit des personnes à demander l’asile et à quitter tout pays, qu’il s’agisse du leur ou d’un autre, et les piéger dans des situations abusives.

      Cinq personnes interrogées ont également décrit des abus commis par les autorités tunisiennes près de Sfax entre 2019 et 2023, pendant ou après des interceptions en mer (quatre personnes) ou des sauvetages (une personne).

      Salif Keita, un Malien de 28 ans rapatrié en mars, a déclaré avoir tenté une traversée en bateau depuis Sfax en 2019. « Les garde-côtes nationaux ont pris notre moteur et nous ont laissés bloqués en mer », a-t-il relaté. « Nous avons dû casser des morceaux de bois du bateau [...] pour revenir en pagayant ».

      Un Ivoirien de Sfax a tenté un voyage en mer en janvier 2022. Il a déclaré que les garde-côtes avaient intercepté le bateau et avaient frappé les passagers à coups de bâton. Pendant qu’il était en mer, il a également vu un bateau de migrants, qui transportait également des enfants, renversé par des vagues que provoquait un bateau des garde-côtes.

      Un Malien de 32 ans avait également tenté un voyage en mer. Il était entré régulièrement en Tunisie, mais son tampon d’entrée avait expiré. Ne pouvant obtenir de carte de séjour, il a embarqué en décembre 2021 près de Sfax, sur un bateau qui transportait une cinquantaine d’Africains de l’Ouest et du Centre. Les autorités les ont interceptés dans les 15 minutes qui ont suivi leur départ. Il a raconté : « Ils ont pris l’argent ou les téléphones des gens [...]. Ceux qui n’avaient ni l’un ni l’autre, ils ont frappés et insultés. J’ai même vu un [agent] frapper une des femmes [...]. Ils ont pris mon téléphone ».

      Un Camerounais de 24 ans a déclaré qu’en avril 2023, après le retournement de leur bateau près de Sfax, lui et d’autres personnes avaient été secourus par des garde-côtes qui, une fois à terre, s’étaient mis à les insulter, à leur cracher de dessus et à les battre avant de les relâcher.

      Moussa Kamara, un Malien de 28 ans vivant à Sfax, était entré en Tunisie en mai 2022. En décembre 2022, il a embarqué près de Sfax avec environ 25 Africain·e·s de l’Ouest. « Au bout de 30 minutes à peine, les garde-côtes sont arrivés [en positionnant leur bateau à côté du nôtre] et ont dit “Stop !”. Nous ne nous sommes pas arrêtés, alors l’un des gardes a commencé à nous frapper avec un bâton [...]. Ils ont frappé trois hommes, dont moi… Un de mes amis a été blessé ». Les autorités les ont emmenés à Sfax puis les ont relâchés.

      Après cette expérience, Kamara est resté en Tunisie, mais le discours du président Saied et ses conséquences l’ont fait changer d’avis : « J’ai décidé d’essayer encore [un voyage en mer]. Le président nous a dit de quitter le pays. Si je ne pars pas, je ne trouverai pas une maison ou un travail ».

      « Le président a créé un climat d’horreur pour les migrants en Tunisie, si bien que beaucoup se précipitent pour partir », a expliqué Ben Amor, du Forum tunisien, FTDES. « Ces derniers mois, les garde-côtes ont commencé à utiliser des gaz lacrymogènes pour obliger [les bateaux] à s’arrêter [...]. Ils se sont visés sur les migrants qui essaient de les filmer [...] ; ils confisquent les téléphones après chaque opération ».

      Une bénévole d’Alarm Phone à Tunis a déclaré que son équipe avait recueilli des témoignages similaires : « Depuis 2022, il y a des comportements récurrents des garde-côtes tunisiens en attaquant des bateaux[...] ; ils utilisent des bâtons pour frapper les gens, dans certains cas, des gaz lacrymogènes, [...] ils tirent en l’air ou en direction du moteur [...] et parfois [...] ils laissent les gens bloqués [en mer dans des bateaux hors d’usage] ». De nombreuses pratiques de ce type ont été citées dans une déclaration de décembre de plus de 50 groupes en Tunisie, et à nouveau en avril.

      Soutien au contrôle des migrations de l’Union européenne

      Entre 2015 et 2021, l’Union européenne a alloué 93,5 millions d’euros à la Tunisie sur son « Fonds d’affectation spéciale d’urgence pour l’Afrique » (EUTF), qui vise à lutter contre la migration irrégulière, les déplacements et l’instabilité. Ce montant comprend 37,6 millions d’euros destinés à la « gestion des frontières » et à la lutte contre le « trafic de migrants et la traite des êtres humains ». Un document de l’UE de février 2022 indiquait que le financement de la lutte contre le trafic et la traite de migrants « [prévoyait] l’équipement et la formation des agents des forces de sécurité intérieure, ainsi que de la douane tunisienne ».

      Ce document indiquait également que l’UE « désignerait » jusqu’à 85 millions d’euros en tant que somme à allouer à des projets liés à la migration en Tunisie en 2021 et 2022. Il ne précisait pas ce qui avait déjà été dépensé ; cependant, selon un document de l’UE de février 2021, « un programme de soutien très important, financé par l’UE et bénéficiant aux garde-côtes tunisiens, [était] en cours de mise en œuvre ». Sur les 85 millions d’euros, 55 millions auraient pu être alloués au soutien du contrôle des migrations en Tunisie, selon la répartition fournie dans le document de 2022, à savoir : 25 millions d’euros pour la gestion des frontières, y compris le soutien aux garde-côtes ; 6-10 millions d’euros pour le « gouvernance » des migrations et la protection ; 20-25 millions d’euros pour la migration légale et la mobilité du travail ; 12-20 millions d’euro pour la lutte contre le trafic et la traite de migrants ; et 5 millions d’euros pour des retours.

      Le document de 2022 détaille également le soutien bilatéral important apporté à la Tunisie par l’Italie, l’Espagne, la France, l’Allemagne et d’autres États membres de l’UE. En plus de son « fonds pour la coopération migratoire (environ 10 millions d’euros) », l’Italie a fourni des équipements (véhicules, bateaux, etc.) « pour une valeur totale de 138 millions d’euros depuis 2011 », ainsi qu’une « assistance technique liée au contrôle des frontières (2017-2018) [...] pour un total de 12 millions d’euros », qui comprenait un soutien à la police et à la garde nationale tunisiennes. L’Allemagne a également fourni des bateaux et des véhicules, et l’Espagne du matériel informatique.

      Le Programme plurinational 2021 - 2027 sur les migrations pour le voisinage méridional de l’UE, qui englobe la Tunisie, comporte des éléments positifs tels que le soutien à l’élaboration de politiques d’asile, des voies légales de migration et le dialogue avec la société civile, mais il met toujours l’accent sur le soutien aux « mesures répressives » et aux « autorités frontalières et garde-côtes » pour le contrôle des frontières. De plus, les indicateurs de projet sont problématiques, puisqu’ils confondent interceptions et sauvetages en mer (« nombre de migrants interceptés/secourus grâce à des opérations de recherche et de sauvetage en mer » et « sur terre »).

      Les responsables politiques européens ont proposé à plusieurs reprises divers partenariats migratoires à la Tunisie visant notamment à mettre en place des centres de traitement délocalisés et à conclure des accords avec des « pays tiers sûrs », ainsi que des accords susceptibles de permettre le retour des ressortissants de pays tiers ayant transité par la Tunisie.

      Le droit international reconnaît la possibilité de désigner un pays tiers sûr, ce qui permet aux pays d’accueil de transférer des demandeurs d’asile vers un pays de transit ou vers un autre pays qui est en mesure d’examiner équitablement leurs demandes de statut de réfugié et de les protéger de façon adéquate. Les lignes directrices du HCR énumèrent les conditions de ces transferts, y compris le respect des normes du droit des réfugiés et des droits humains et « la protection contre les menaces à leur sécurité physique ou à leur liberté ». La directive sur les procédures d’asile de l’UE exige que les États non-membres de l’UE remplissent des critères spécifiques pour être désignés comme « sûrs », notamment « l’absence de risque de préjudice grave ».

      Compte tenu des abus documentés commis par les forces de sécurité et des attaques xénophobes contre les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés en Tunisie, ainsi que de l’absence d’une loi nationale sur l’asile, il semble que la Tunisie ne réponde pas aux critères de l’UE définissant un pays tiers sûr. Les Africains noirs, en particulier, ne devraient pas être renvoyés ou transférés de force en Tunisie.

      Recommandations

      - Le Parlement européen, dans ses négociations avec le Conseil de l’UE sur le Pacte européen sur la migration et l’asile, devrait chercher à limiter l’utilisation discrétionnaire du concept de « pays tiers sûr » par les différents États membres de l’UE. Les institutions européennes et les États membres devraient convenir de critères clairs pour désigner un pays comme « pays tiers sûr » aux fins du retour ou du transfert de ressortissants de pays tiers, afin de garantir que les États membres de l’UE n’érodent pas les critères de protection dans leur application du concept, et déterminer publiquement si la Tunisie répond à ces critères, en tenant compte des agressions et des abus dont les Africains noirs sont continuellement la cible dans ce pays.
      - L’UE et les États membres concernés devraient suspendre le financement et les autres formes de soutien aux forces de sécurité tunisiennes destinées au contrôle des frontières et de l’immigration, et conditionner toute aide future à des critères vérifiables en matière de droits humains.
      – Le gouvernement tunisien devrait enquêter sur tous les abus signalés à l’encontre des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés commis par les autorités ou les civils ; veiller à ce que les responsables rendent des comptes, notamment par le biais d’actions en justice appropriées ; et mettre en œuvre des réformes et des systèmes de surveillance au sein de la police, de la garde nationale (y compris les garde-côtes) et de l’armée afin de garantir le respect des droits humains, de mettre fin à la discrimination raciale ou à la violence, et de s’abstenir d’attiser la haine raciale ou la discrimination à l’encontre des Africains noirs.

      https://www.hrw.org/fr/news/2023/07/19/tunisie-pas-un-lieu-sur-pour-les-migrants-et-refugies-africains-noirs

      #rapport #HRW #human_rights_watch

    • Von Angst getrieben

      Rassistische Ausschreitungen gegen Schwarze Menschen zwingen immer mehr auf die lebensgefährliche Reise über das Mittelmeer.

      Die Bedingungen, unter denen Schwarze Menschen in Tunesien leben, sind prekär. Insbesondere wenn sie in das Land migriert sind und dort illegalisiert leben, also ohne offiziellen Aufenthaltsstatus und damit meist ohne Zugang zu sozialen Dienstleistungen. Der zunehmend rassistische Diskurs im Land, lässt ihre Situation noch unsicherer werden. Im Herbst 2022 hatte die Nationalistische Partei Tunesiens ihre rassistischen Äußerungen in sozialen Medien massiv verstärkt. Auf ihrer Website spricht sie von „einer Millionen Migranten“ die sich im Land befänden und auf europäisches Geheiß hin vorhätten, das Land zu übernehmen. Die Partei und ihre Hetze spielten bis kürzlich in der politischen Landschaft Tunesiens keine große Rolle. Laut Angaben ihres Vorsitzenden Sofien Ben Sghaïer hat die 2018 gegründete Partei derzeit nur drei Mitglieder. Relevant wurde ihr politisches Denken erst, als es vom tunesischen Präsidenten Kaïs Saïed aufgegriffen und zur Regierungslinie erklärt wurde.

      Ein Verständnis dafür, wie dies geschehen konnte, ist möglich, wenn man die politisch-ökonomische Lage betrachtet, die sich seit Juli 2021 stark verändert hatte: Präsident Kaïs Saïed löste damals die Regierung und die Versammlung der Volksvertreter*innen per Staatsstreich auf. Die sozioökonomische Lage ist in Tunesien extrem angespannt. Der Staat steht angesichts gescheiterter Verhandlungen mit dem IWF vor dem Bankrott, die Inflation liegt bei 10 Prozent, die Arbeitslosigkeit bei 15 Prozent und die Jugendarbeitslosigkeit noch weit höher. In diesem Klima finden rassistische Thesen wie die der Nationalistischen Partei Tunesiens Anklang.

      Als der Anti-Schwarze Rassismus in Tunesien dann in Form einer Pressemitteilung von Präsident Saïed am 21. Februar 2023 aufgegriffen wurde – so sprach er von einem „Plan“, der aufgesetzt worden sei, um die „demographische Zusammensetzung Tunesiens zu verändern“ und rief zu „dringenden Maßnahmen“ auf, „um dieses Phänomen zu stoppen“ – eskalierte die Situation. In den Tagen nach der Erklärung griffen vor allem Gruppen marginalisierter junger Männer in verschiedenen Städten gezielt Schwarze Menschen an. Einige wurden schwer verletzt, als ihre Wohnungen oder Häuser angezündet wurden. Eine bis heute unbekannte Zahl von Menschen ist in diesen Tagen verschwunden. Schwarze Menschen verloren von heute auf morgen ihre Arbeit und wurden von ihren Vermieter*innen vor die Tür gesetzt. Viele verließen ihre Wohnungen über Tage nicht mehr, aus Angst, ebenfalls Opfer der Angriffe zu werden. Auch gültige Aufenthaltspapiere schützten Schwarze Menschen nicht vor der Gewalt, zahlreiche Menschen wurden unabhängig von ihrem Aufenthaltsstatus verhaftet, die Angst vor Polizeikontrollen und willkürlichen Festnahmen besteht bis heute.

      Aya Koffi* aus Côte d’Ivoire („Elfenbeinküste“), die seit mehreren Jahren in Tunesien lebt, hat die Angriffe in der Hauptstadt Tunis miterlebt: „Sie griffen die Häuser an, sie griffen die Familien an, sie griffen die Kindertagesstätten an, dort wo die Kinder der Schwarzen waren. Es gab Leute, die mit Babys im Gefängnis landeten, Kinder, die im Gefängnis landeten. Es gab Frauen, die vergewaltigt wurden. Die Tunesier haben die Häuser und Wohnungen der Schwarzen in Brand gesetzt. Jeder versteckte sich. Ich habe mich zwei Wochen lang zu Hause eingesperrt und keinen Fuß vor die Tür gesetzt, weil ich so viel Angst hatte.“
      Schiffsunglücke, Leichen am Strand und anonyme Grabsteine

      Aus Angst um ihr Leben und weil ihnen infolge der rassistischen Übergriffe jede Lebensgrundlage entzogen wurde, haben sich seit Februar 2023 viele illegalisierte und nach Tunesien migrierte Personen aus subsaharischen Ländern für eine Überquerung des Mittelmeers entschieden. Die italienische Insel Lampedusa ist von Teilen der tunesischen Küste nur 150 Kilometer entfernt. Vor allem aus der Hafenstadt Sfax haben die Abfahrten stark zugenommen – und mit ihnen die Todeszahlen. Seit Kaïs Saïed Erklärung sind mehrere Hundert Menschen nach einer Abfahrt von Tunesien im Mittelmeer ertrunken, viele weitere werden vermisst. Immer wieder werden Leichen aus dem Wasser geborgen oder an den Stränden angespült.

      Laut Faouzi Masmoudi, Sprecher des Gerichts in Sfax, hat das Universitätskrankenhaus der Stadt keine Kapazitäten mehr: Allein am 25 April wurden fast 200 Leichen in das Krankenhaus gebracht. Nur wenige Tote können identifiziert werden. Einige von ihnen sind auf dem christlichen Friedhof in Sfax begraben. Die meisten jedoch bleiben anonym: manche bekommen einen Grabstein, auf dem nur das Datum des Leichenfundes steht.

      Aya hat ein solches Schiffsunglück überlebt, ihr Mann kam dabei ums Leben. Eine Mitarbeiterin der Internationalen Organisation für Migration (IOM) bestätigte, dass der Körper ihres Mannes geborgen wurde. Doch trotz Nachfragen bei der IOM und der Botschaft der Côte d’Ivoire und trotz Protesten vor der Leichenhalle konnte Aya den Körper ihres Mannes nicht mehr sehen. Bis heute ist nicht klar, was mit ihm passiert ist. Kein Einzelfall. Aya erzählt von ihrer Nachbarsfamilie in Tunis: „Viele sind aus Angst, nicht mehr in Tunesien bleiben zu können, auf das Meer hinausgefahren. Ganze Familien sind bei Schiffbrüchen ums Leben gekommen. Die Tür meiner Nachbarin, mit der ich alle Freuden geteilt, mit der ich zusammen gegessen habe, bleibt verschlossen. Sie, ihr Mann und ihr Baby werden vermisst. Wir wissen, dass sie mit dem Boot aufgebrochen sind.“

      Infolge der rassistischen Ausschreitungen haben viele Menschen Wohnung und Einkommen verloren. Rund 250 Menschen, hauptsächlich aus subsaharischen Herkunftsländern, hatten deshalb ein Lager vor dem Gebäude des UN-Flüchtlingskommissariats UNHCR in der Hauptstadt Tunis aufgeschlagen. Sie nennen sich „Refugees in Tunisia“ und fordern bis heute ihre Evakuierung in ein sicheres Land. Am 11. April wurde das Protestcamp vor dem UNHCR-Gebäude gewaltvoll durch die tunesische Polizei geräumt und bis zu 150 Menschen festgenommen. Die Räumung wurde nach Angaben des tunesischen Innenministeriums durch das UNHCR-Büro selbst veranlasst. Dabei wurden mehrere Menschen, darunter auch Kinder, durch den Einsatz von Tränengas verletzt. 30 Personen wurden der „öffentlichen Unruhe“ beschuldigt und für mehrere Wochen inhaftiert. Die Festgenommenen berichteten von Schlägen und Folter mit Elektroschocks. Die meisten der Protestierenden harren seit der Räumung des UNHCR-Camps nun vor dem Gebäude der IOM aus, wo sie ohne Zugang zu Wasser und Sanitäranlagen weiterhin für ihre Evakuierung kämpfen.
      Europas Verantwortung

      Am 25. Juli 2022, ein Jahr nach dem Staatsstreich Präsident Kaïs Saïeds, wurde zwar eine neue Verfassung per Referendum bestätigt. Laut Expertise eines tunesischen Juristen mit Spezialisierung auf Menschenrechte, der aus Sicherheitsgründen anonym bleiben will, ähnelt die neue Konstitution im Bereich der kollektiven und individuellen Freiheiten formell der vorherigen, doch in der Praxis werden diese Rechte aktuell stark eingeschränkt: „Der Beweis dafür sind Oppositionelle und Journalist*innen, die derzeit im Gefängnis sitzen, und Menschenrechtsverletzungen im Zusammenhang mit sehr vulnerablen Personen, insbesondere Menschen die nach Tunesien migriert sind. Zusammenfassend kann man also sagen, dass es eine Beschränkung der Menschenrechte gibt.“

      Eine zentrale Rolle für die rassistische Eskalation spielen aber auch die EU und ihre Mitgliedstaaten. Als wichtigste Handelspartnerin beeinflusst die EU die Regierungen der Maghreb-Länder erheblich und nimmt besonders Einfluss auf die Gestaltung ihrer Migrationspolitiken. Bereits seit den 1990er Jahren liegt der Fokus auf Tunesien und seit 2011 übt die EU zunehmend Druck aus, um das Land noch stärker in das EU-Grenzregime zu integrieren und Migrationsbewegungen durch und aus Tunesien langfristig zu beenden. Im Rahmen immer wieder neu aufgelegter Programme wurden seitdem 3 Milliarden Euro gezahlt. Schwerpunkte sind unter anderem der Aufbau „engerer Beziehungen zwischen den beiden Ufern des Mittelmeers und die Steuerung von Migration und Mobilität“. Von 2014 bis 2020 wurden zum Beispiel 94 Millionen ausschließlich für migrationsbezogene Aktivitäten gezahlt, unter anderem für Tunesiens Grenzschutzsystem. Der aktuelle „EU Action Plan“ für das zentrale Mittelmeer aus dem Jahr 2022 nennt als drittes Ziel die „Stärkung der Kapazitäten Tunesiens, Ägyptens und Libyens insbesondere zur Entwicklung gemeinsamer gezielter Maßnahmen zur Verhinderung der irregulären Ausreise, zur Unterstützung eines wirksameren Grenz- und Migrationsmanagements und zur Stärkung der Such- und Rettungskapazitäten unter uneingeschränkter Achtung der Grundrechte und internationalen Verpflichtungen“.

      Von einer „Achtung der Grundrechte“ ist in der Realität wenig zu sehen. Stattdessen unterstützt die EU ein immer autoritäreres Regime, für das die Leben von Menschen, die über das Meer wollen, nichts zählen. Immer wieder sterben Menschen infolge sogenannter „Rettungsaktionen“. Bei diesen fährt die tunesische Küstenwache aus, um Boote zu „retten“, rammt diese jedoch oft, wodurch Menschen ins Meer fallen und ertrinken. Zudem gibt es vermehrt Berichte, denen zufolge Motoren von der Küstenwache konfisziert werden, die Boote mit den Menschen aber weitere Tage auf dem Wasser treiben gelassen werden, wodurch die Todeszahlen steigen. Zugleich sind rassistische Diskurse in Tunesien immer auch von Europa beeinflusst. Es wird wahrgenommen, wie Salvini, Meloni, Le Pen und auch Zemmour sprechen. „It was not Saïed who introduced anti-Black racism to Tunisia“, schreibt Haythem Guesmi, ein tunesischer Wissenschaftler und Schriftsteller in einem Artikel für Al Jazeera. Nicht nur das europäische Grenzregime wird externalisiert, sondern auch der rassistische Diskurs.

      https://www.medico.de/blog/von-angst-getrieben-19095

      #peur

  • Amnesty et HRW déplorent que le Tigré a été le théâtre de « nettoyage ethnique » et de « crimes de guerre » - Le Temps
    https://www.letemps.ch/monde/amnesty-hrw-deplorent-tigre-theatre-nettoyage-ethnique-crimes-guerre

    #Expulsions, #exécutions, #viols, #pillages, privation d’aide humanitaire : forces de sécurité et milices se sont livrées à un « #nettoyage_ethnique » et à des exactions sur des civils dans la partie occidentale du #Tigré, affirment Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) dans un rapport commun mercredi.

    #Éthiopie

  • Violences policières : à Calais, Darmanin ment ! [Actions collectives] ⋅ #GISTI
    https://www.gisti.org/spip.php?article6690
    Interviewé par France 3 Hauts-de-France le 9 octobre 2021, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré :

    « […] Ce que je peux dire, c’est que malgré tous les procès d’intention qu’on fait aux forces de l’ordre, je constate que pas un policier et pas un gendarme sur la côte littoral n’a été poursuivi par la justice […] et j’aimerais qu’on les respecte et qu’on les soutienne plutôt qu’on les insulte surtout lorsque manifestement ce sont des mensonges […] »

    Il répondait à une question concernant le dernier rapport de Human Rights Watch, « Infliger la détresse. Le traitement dégradant des enfants et des adultes migrants dans le nord de la France » [2] qui met en évidence le #harcèlement_policier dont sont victimes les personnes migrantes dans le nord de la France.
    https://www.infomigrants.net/fr/tag/calais
    https://www.youtube.com/watch?v=EW773L0d2-I&t=229s


    le « premier flic de France » est un menteur et All Cops Are bastards
    #violences_policières #Calais

    • France : #Traitement_dégradant des migrants dans la région de Calais

      Une stratégie de détresse infligée aux enfants et aux adultes

      Les autorités françaises soumettent régulièrement les adultes et les enfants migrants vivant dans des campements de fortune dans la région de Calais à des traitements dégradants, conclut Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Cinq ans après la démolition par les autorités françaises du vaste camp de migrants souvent surnommé « la Jungle », plus d’un millier de personnes vivent dans des campements dans et aux alentours de la ville.

      Le rapport de 86 pages, intitulé « Enforced Misery : The Degrading Treatment of Migrant Children and Adults in Northern France » (« Infliger la détresse : Le traitement dégradant des enfants et adultes migrants dans le nord de la France »), documente les opérations répétées d’expulsion massive, le harcèlement policier quasi quotidien et les restrictions pesant sur la délivrance d’aide humanitaire et sur l’accès à cette aide. Les autorités mettent en œuvre ces pratiques abusives principalement dans le but de forcer les personnes à partir ailleurs, sans résoudre leur statut migratoire ni l’absence d‘abri et sans dissuader de nouvelles arrivées.

      « Rien ne peut justifier de soumettre des personnes à une humiliation et un harcèlement quotidiens », selon Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch. « Si l’objectif est de décourager les migrants de se regrouper dans le nord de la France, ces politiques sont un échec flagrant, et entraînent de graves souffrances. »

      Human Rights Watch a mené des entretiens avec plus de 60 personnes migrantes, dont 40 se sont identifiées comme des enfants non accompagnés, à Calais et aux alentours, ainsi que dans la commune voisine de #Grande-Synthe, d’octobre à décembre 2020, puis de juin à juillet 2021. Human Rights Watch a également rencontré des responsables de la préfecture et du département du #Pas-de-Calais, ainsi que de la mairie de Grande-Synthe.

      Environ deux mille personnes, dont au moins 300 enfants non accompagnés, vivaient dans des campements à Calais et ses alentours à la mi-2021, d’après les associations humanitaires. Plusieurs centaines de personnes supplémentaires, dont de nombreuses familles avec enfants, étaient installées dans une forêt à Grande-Synthe, près de la ville de Dunkerque.

      Les actions de la #police visant à faire partir les adultes et enfants migrants de Calais et de Grande-Synthe n’ont pas découragé les nouvelles arrivées et ne semblent pas avoir réduit le nombre de traversées irrégulières de la Manche, qui ont battu des records en juillet et août. En revanche, ces pratiques policières ont infligé une détresse croissante aux personnes migrantes.

      « Quand la police arrive, nous avons cinq minutes pour sortir de la tente avant qu’elle ne détruise tout. Mais ce n’est pas possible, pour cinq personnes dont de jeunes enfants, de s’habiller en cinq minutes dans une tente », a indiqué une femme kurde d’Irak à Human Rights Watch en décembre 2020.

      Les policiers exigent très fréquemment des migrants qu’ils quittent temporairement le terrain sur lequel ils se trouvent pendant qu’ils confisquent – et souvent détruisent – les tentes, bâches et sacs de couchage que les gens n’ont pas réussi à emporter avec eux. Au cours de l’année 2020 et de la première moitié de 2021, la police a soumis la plupart des #campements de Calais à ces #expulsions de routine environ un jour sur deux. À Grande-Synthe, ces expulsions ont eu lieu une à deux fois par semaine.

      En 2020, la police a procédé à plus de 950 opérations routinières d’expulsion à Calais et au moins 90 expulsions de routine à Grande-Synthe, saisissant près de 5 000 tentes et bâches et des centaines de sacs de couchage et de couvertures, d’après Human Rights Observers (HRO), une association qui assure un suivi régulier des expulsions de ces campements par la police.

      La police expulse aussi régulièrement tous les occupants d’un campement, prétendant qu’il s’agit d’opérations de « mise à l’abri ». Mais l’abri n’est fourni que pour quelques jours. De plus, les autorités procédant à ces expulsions collectives n’assurent pas efficacement l’identification des enfants non accompagnés et ne prennent pas de mesures spécifiques pour les protéger.

      Du fait de ces #tactiques, les enfants et les adultes sont constamment en alerte et concentrés sur leur survie au jour le jour. Beaucoup sont hagards, en manque de sommeil et, comme l’a observé l’institution française de la Défenseure des droits en septembre 2020, « dans un état d’#épuisement physique et mental ».

      Les autorités font par ailleurs peser des restrictions légales et pratiques sur la délivrance d’#aide_humanitaire et sur l’accès à cette aide. Des arrêtés municipaux interdisent la #distribution_de_nourriture et d’#eau par les associations humanitaires dans le centre-ville de Calais. Les sites où une assistance est fournie par l’État sont souvent déplacés ; ou bien l’aide est distribuée en même temps que les expulsions.

      Les services des autorités ne répondent pas aux besoins des femmes et des filles. Les campements de fortune à Calais ne disposent pas de toilettes séparées pour les femmes et il n’y a pas de toilettes à Grande-Synthe. Les #toilettes existantes ne sont par ailleurs pas correctement éclairées, exposant les #femmes et les #filles à des risques particuliers. Toutes les personnes vivant dans les campements manquent d’eau en raison des difficultés pour y accéder, mais cela pose des problèmes particuliers aux femmes et aux filles lors de leurs #menstruations.

      L’#hébergement_d’urgence, en France, est en principe accessible à toute personne en ayant besoin, mais le système est débordé. Les hébergements d’urgence à Calais sont souvent complets et encore plus limités à Grande-Synthe. L’hébergement d’urgence est habituellement limité à quelques nuits, même pour les familles avec de jeunes enfants. Il existe un système distinct d’#accueil_d’urgence pour les #mineurs_non_accompagnés, mais il est également souvent complet ou presque, et de nombreux enfants s’en voient refusé l’accès.

      Les policiers ont par ailleurs harcelé des bénévoles de HRO, d’Utopia 56 et d’autres associations non gouvernementales qui observent la police lors des expulsions. Certains policiers ont déclaré à tort aux observateurs qu’ils ne pouvaient pas filmer leurs opérations, les menaçant d’arrestation.

      Ces #pratiques_abusives contribuent à une politique de #dissuasion par laquelle les autorités cherchent à éliminer ou éviter tout ce qui, à leurs yeux, attire les migrants dans le nord de la France ou encourage l’établissement de campements. Cette approche ne tient pas compte de la réalité, à savoir que le réel attrait de cette côte est sa proximité avec le Royaume-Uni, situé à seulement 30 km au niveau du pas de Calais.

      « Les exilés ne voyagent pas jusqu’au nord de la France parce qu’ils ont entendu dire qu’ils pourraient y camper dans les bois ou dormir sous un pont. Ils ne viennent pas parce que des associations distribuent un peu d’eau et de nourriture. Ils viennent parce que c’est là que se trouve la frontière », a expliqué Charlotte Kwantes, coordonnatrice nationale d’Utopia 56.

      La fin de la période de transition du Brexit implique que le Royaume-Uni ne peut plus renvoyer la plupart des demandeurs d’asile adultes vers la France sans avoir préalablement examiné leur demande d’asile. Le gouvernement britannique a également cessé d’accepter de nouvelles demandes de transfert au nom du regroupement familial, qui était en pratique la seule option légale permettant aux enfants non accompagnés d’entrer au Royaume-Uni.

      Les préfets du Pas-de-Calais et du Nord, départements où se situent Calais et Grande-Synthe, devraient mettre fin aux #expulsions_répétées des campements de migrants et cesser de saisir les biens des personnes, a déclaré Human Rights Watch. Les préfectures devraient travailler de concert avec les autorités départementales pour assurer des solutions alternatives d’hébergement à même de permettre aux personnes de se poser et de les aider à faire des choix éclairés, comme demander l’asile ou un autre statut en France ou ailleurs, ou bien repartir dans leur pays d’origine.

      Les autorités françaises de protection de l’enfance devaient faire davantage pour informer les enfants non accompagnés au sujet des options qui s’offrent à eux, notamment intégrer le système d’aide sociale à l’enfance, leur permettant d’accéder à un statut légal à leur majorité.

      L’Union européenne devrait mettre en place un système de partage des responsabilités entre ses États membres qui évite de faire peser une pression excessive sur les pays de première arrivée et les pays de destination les plus prisés, et qui tienne dûment compte des liens familiaux et sociaux, ainsi que des préférences individuelles des demandeurs d’asile.

      Le gouvernement britannique devrait mettre en place des moyens sûrs et légaux permettant aux personnes migrantes de se rendre au Royaume-Uni afin de demander refuge, d’être réunies avec les membres de leur famille, de travailler ou d’étudier.

      « Les autorités françaises devraient renoncer à leur stratégie défaillante à l’égard des migrants », conclut Bénédicte Jeannerod. « Il est nécessaire qu’elles adoptent une nouvelle approche pour aider les gens, au lieu de constamment les harceler et leur infliger des abus. »

      https://www.hrw.org/fr/news/2021/10/07/france-traitement-degradant-des-migrants-dans-la-region-de-calais

      #rapport #HRW #points_de_fixation

    • merci @cdb_77
      https://www.hrw.org/fr/news/2021/10/14/le-deni-par-le-ministre-francais-de-linterieur-des-abus-policiers-contre-les
      https://twitter.com/MichaelBochenek/status/1446130172126654466

      Le harcèlement systématique et les restrictions d’accès à l’aide humanitaire que les autorités françaises font subir aux migrants n’empêchent pas les nouvelles arrivées, mais provoquent une grande détresse.

      https://video.twimg.com/ext_tw_video/1446129388735500288/pu/vid/720x720/0FaLXNbE9O8_G1DV.mp4

  • Des politiques israéliennes abusives constituent des crimes d’apartheid et de persécution | Human Rights Watch
    https://www.hrw.org/fr/news/2021/04/27/des-politiques-israeliennes-abusives-constituent-des-crimes-dapartheid-et-de

    Des politiques israéliennes abusives constituent des crimes d’apartheid et de persécution

    Ces crimes contre l’humanité devraient déclencher des actions pour mettre fin à la répression envers les Palestiniens

    https://www.hrw.org/report/2021/04/27/threshold-crossed/israeli-authorities-and-crimes-apartheid-and-persecution

  • Le #nouveau_camp de #Lesbos, #Grèce, #Kara_Tepe, et la présumée #contamination au #plomb du terrain où il est construit (construction : #septembre_2020)

    #déchets #toxicité #pollution #armée #zone_militaire #plomb #santé #migrations #asile #réfugiés #camps_de_réfugiés #Lesbos #Grèce #îles_grecques #Moria_2.0

    –---

    voir le fil de discussion sur Kara Tepe ici, auquel j’ai ajouté la question du plomb :
    https://seenthis.net/messages/875903

    ping @isskein @karine4

    • Refugee camp on toxic land, potentially life threatening for small children!

      The new “temporary” camp in Kara Tepe, Lesvos, is as we all know built partially on an old military firing range. For the government this already restricted area was perfect, it was already fenced in. As all military areas there is a lot of restrictions, the most important ones are the restrictions of movement and the restrictions on taking pictures.
      The camp area has been criticized by many, because it’s just not suited to house people, in flimsy tents when the winter is approaching. It’s at the sea, without any protection from heavy winds that usually pounds this area. The area also floods frequently, the tents are built straight on the ground, there is no drainage system. When it’s really starts to rain, and it will, there will be mud everywhere, outside and inside the tents. And if that wasn’t enough, it’s a high possibility, that the very land the camp is built on is toxic.
      As previously mentioned, it’s an old military firing range, that has been used by the military for decades. We can assume that the military has used a variety of weapons, that over the years, have packed the ground with hazardous materials. The main concern is the possibility of lead contamination. The presence of lead and lead dust is well documented on such sites as are the extreme danger to health if lead is absorbed by children. Children younger than 6 years are especially vulnerable to lead poisoning, which can severely affect mental and physical development. At very high levels, lead poisoning can be fatal.
      As we all know, UNHCR are assisting the Greek authorities in resettling displaced families, many of them children, on this new site. They have a special responsibility, due to their involvement, to assure that the area used is suitable and safe to live on. UNHCR have rehoused displaced families on highly toxic land in the past, and should have learned by their previous mistakes.
      Following the war in Kosovo in 1999, UNHCR rehoused displaced families on highly toxic land. This is also well documented, particularly so on a website that followed the situation over a number of years. www.toxicwastekills.com
      It resulted in childrens’ blood lead levels higher than instruments could measure. There is no level of lead so low that children’s health will not be damaged. Very young children often absorb it through licking lead paint etc as they find it pleasant. This is also well documented. Pregnant women can transfer absorbed lead to foetuses through the placenta. It attacks all organs of the body but also causes irreversible brain damage. Now UNHCR is helping to place men, women and children on an old military firing range near Kara Tepe on Lesvos. This could be yet another deadly mistake in the making.
      Due to the fact that it took only 5 days to put up this camp, after the fire in Moria, it’s highly unlikely that any proper survey has been taken. This new site requires urgent toxicity checking by independent experts to reveal whether lead is present on the new site, which could indicate an evacuation might be necessary to protect the lives of vulnerable children. The concern has already been addressed by email to Astrid Castelein, head of the UNHCR sub office on Lesvos, and the main UNHCR office in Greece, so far without any reply.
      Some areas in the camp has been leveled out by bulldozers, in other areas soil from the leveled areas has been reused as landfill. By doing so, things that has been buried in the ground for decades has resurfaced, possibly making the situation even worse. Residents in the camp have found remains of ammunition casings and grenades around the tents, and military personnel have been observed using metal detectors in the outskirts of the camp. To see small children who have fled war, play with used ammunition in a European refugee camp, should raise some questions.
      If this isn’t enough, a proposal to create a new “reception and identification centre” structure with a capacity of 2,500 people, and a planned 500 employees overall, in the area of the former shooting range of Kamenos Dasos (Camlik) in central Lesvos seems to have been passed, as the majority of Mytilene municipal authority confirmed. These areas would never have been approved to build houses, schools or kindergartens, but seems to be more than good enough for these children..
      https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/lead-poisoning/symptoms-causes/syc-20354717

      https://www.facebook.com/AegeanBoatReport

    • Greece : Migrant Camp Lead Contamination

      Inadequate Government Response; Lack of Transparency Put Health at Risk

      The Greek government should release test results and other vital information about lead contamination in a migrant camp on Lesbos island to protect the health of residents and workers, Human Rights Watch said today.

      After testing soil samples in November, the government confirmed publicly on January 23, 2021 the presence of dangerous levels of lead in the soil in the administrative area of the Lesbos camp. It says that samples from residential areas showed lead levels below relevant standards but did not release the locations where samples were collected or the actual test results. The government has yet to indicate that it will take the necessary steps to adequately assess and mitigate the risk, including comprehensive testing and measures to remove people from areas that could be contaminated.

      “The Greek government knowingly built a migrant camp on a firing range and then turned a blind eye to the potential health risks for residents and workers there,” said Belkis Wille, senior crisis and conflict researcher at Human Rights Watch. “After weeks of prodding, it took soil samples to test for lead contamination while denying that a risk of lead exposure existed. It did not make the results public for over seven weeks, and has yet to allow independent experts to analyze them or vow to take the necessary steps to protect residents and workers and inform them about the potential health risks.”

      Human Rights Watch published a report in December documenting that thousands of asylum seekers, aid workers, and United Nations, Greek, and European Union employees may be at risk of lead poisoning in the Lesbos camp. Greek authorities built the new camp, Mavrovouni (also known as new Kara Tepe), on a repurposed military firing range. It now houses 6,500 people. According to a government announcement on January 23, one out of 12 soil samples taken in November came back on December 8 with lead levels that “exceeded the acceptable limit.” The announcement also mentions some steps to mitigate the risk.

      Human Rights Watch has requested the Greek government and the European Commission, which financially supports the camp and with which the government shared the results, to release the testing plan and the test results, which should include such information as the levels of lead for each sample, the sample depths and exact locations, a complete history of the site with location specifity, the expertise of those conducting the testing, the sampling methodology, and information on chain of custody. To date, neither the Greek government nor the European Commission has made this information available.

      This lack of transparency means that it is impossible to assess the adequacy of the testing, evaluate what the results represent, or recommend specific strategies to address the identified risks. As a result, it is impossible to determine whether the measures laid out in the January 23 statement, such as adding new soil, gravel, and a cement base in some areas, are adequate to protect people who live and work in the camp.

      In early September, large fires broke out inside the Moria camp, the Reception and Identification Center on Lesbos, which was housing 12,767 migrants, mostly women and children. Within days, the authorities constructed Mavrovouni and said they would construct a new permanent camp. Young children and women of reproductive age are most at risk for negative effects from lead exposure.

      In a meeting with Human Rights Watch on January 20, Minister for Migration and Asylum Notis Mitarachi said that he hoped that the residents of Mavrovouni would not spend another winter there, but did not specify when the new camp would be ready. Construction has yet to begin.

      Mavrovouni functioned as a military firing range from 1926 to mid-2020. Firing ranges are well recognized as sites with lead contamination because of bullets, shot, and casings that contain lead and end up in the ground. Lead in the soil from bullet residue can readily become airborne, especially under dry and windy conditions, which are often present on Lesbos. Lead is highly toxic when ingested or inhaled, particularly to children and anyone who is pregnant or lactating. The World Health Organization (WHO) maintains that there is no known safe level of blood lead concentration. Lead degrades very slowly, so sites can remain dangerous for decades.

      After multiple representations by Human Rights Watch to various Greek authorities, the European Commission, the UN refugee agency, UNHCR, and the WHO, the Greek government and the EU Commission commissioned the Hellenic Authority of Geology and Mineral Exploration to take 12 soil samples on November 24. According to the government, 11 soil samples showed lead levels “below the acceptable limits for lead in soil,” based on Dutch standards.

      The 12th sample, taken from what authorities described as an “administrative area” on the Mavrovouni hill, “at the end of the firing range,” showed elevated levels of lead above acceptable limits, but authorities did not reveal the concentration of lead in the soil. Mitarachi told Human Rights Watch that the area that showed lead levels above acceptable limits was fenced off, but residents and two aid workers said there were no fences inside the camp in that area or signs warning of a contaminated area. At least five aid organizations have offices in that area. An aid worker said residents, sometimes as many as 200 and including children, line up there for support and information. Younger children risk ingesting lead as they play or sit on contaminated ground.

      Human Rights Watch was unable to determine whether the government shared any information with humanitarian agencies about the testing results, but calls with agencies including UNHCR and the WHO indicated that they were not aware of them prior to the January 23 release. A staff member from one aid organization there said that at least one aid worker in the camp is currently pregnant, and 118 camp residents are pregnant, based on November government data.

      An environmental expert whom Human Rights Watch consulted said that, given the potential size of the affected area and the likelihood that elevated levels are the result of historic activity, the fact that one out of 12 samples in an area came back positive should trigger further testing.

      International law obligates countries to respect, protect, and fulfill the right to the highest attainable standard of health. The UN special rapporteur on human rights and the environment’s Framework Principles on Human Rights and the Environment, which interpret the right to a healthy environment, emphasize the need for “public access to environmental information by collecting and disseminating information and by providing affordable, effective and timely access to information to any person upon request.” The Aarhus Convention, to which Greece is a party, provides a right to receive environmental information held by public authorities.

      Greek authorities should immediately release the results and testing plan to the public, and take measures to mitigate the risk to the health of camp residents and workers, Human Rights Watch said. The authorities should ensure that residents and workers are informed about the results and measures to protect their health in languages they can understand. The authorities should also urgently undertake further testing and allow independent experts to comment on investigative work plans, audit the soil testing process, and collect split samples (a sample that is separated into at least two parts so that testing can be carried out at two or more seperate laboraties in order to confirm results) or carry out independent testing.

      The European Commission, which financially supports Greece to manage the camp and has staff stationed there, EU agencies, Frontex, and the European Asylum Support office, as well as United Nations agencies, UNHCR, UNICEF, the IOM and the WHO, should urge Greek authorities to make the detailed results and testing plan public, and push authorities to find alternative and safe housing solutions for those affected, including the option of moving them to the mainland. The European Commission, which was given the results and testing plan by the Greek government, should also make public the detailed information it received on the results and the methodology of the testing, to allow independent experts to comment on the risk to residents and workers in the camps.

      “Greece and its EU partners have a duty to make sure that people who live and work in the Mavrovouni camp are safe,” Wille said. “That requires transparency about the risks as well as urgent steps to mitigate them.”

      Additional Information

      In its January 23 statement and in its meeting with Human Rights Watch on January 20, the Greek government made several inaccurate claims regarding remediation and protection of residents. In its statement, the government claimed that after soil samples were taken on November 24, “while awaiting the results” it removed the tents directly on the firing range strip. But satellite imagery and residents’ and workers’ statements indicate that no tents were removed until between December 11 and 16, after the test results were received.

      Satellite imagery and aid organization mapping of the camp shows that by January 10, 79 tents remained on the firing range, with 58 more at the base of the hill. The residents in those tents may be at increased risk of coming into contact with contaminated soil, particularly when it rains. In addition, after some tents were removed, three migrants and two aid workers told Human Rights Watch that residents have been using the area for football and other recreation. Authorities have not fenced off the area or notified residents of the health risks.

      Since the site was tested, major construction work and heavy rains in the area mean that potentially contaminated soil from the hill and firing range area may have moved to other parts of the camp, which warrants further testing.

      Human Rights Watch received information from multiple sources that on January 18, the International Organization for Migration (IOM), which runs two assistance programs in the camp, suspended its operations at its tent on the hill. In response to a Human Rights Watch query, IOM’s Chief of Mission in Greece confirmed that, “Following the announcements regarding lead detection outside the accommodation areas and while waiting for more information from the authorities, IOM staff has been advised to remain inside the residential area.”

      In an aid briefing on January 19, the sources said it was revealed that the decision was made because of elevated levels of lead found in the “blue zone” of the camp, an area that includes the firing range and the base of the hill where the IOM Helios tent is located, as well as other aid tents including that of Médecins du Monde (MdM), and the International Rescue Committee (IRC). IOM staff have yet to return to the camp, but aid workers still in the camp said there is still no fencing or signage around that area. According to the camp residents and two aid workers, and 24 photos and videos taken from inside Mavrovouni by the DunyaCollective, a media collective, since December, authorities have been moving large quantities of soil, including removing some from the hill behind the IOM Helios tent.

      On January 23, Medecins Sans Frontieres (Doctors without Borders or MSF) issued a statement raising its concerns at the lack of appropriate government and EU action in the face of the testing results. On January 26, a group of 20 nongovernmental groups issued a joint statement calling on the Greek authorities to immediately evacuate camp residents and transfer them to appropriate structures on the mainland and elsewhere, such as hotel units.

      Aerial footage from January 14 shows tents still present in the part of the camp built on the former firing range at that date starting at around 02:00.

      https://www.hrw.org/news/2021/01/27/greece-migrant-camp-lead-contamination

    • Greece: Lead Poisoning Concerns in New Migrant Camp

      Thousands of asylum seekers, aid workers, United Nations, and Greek and European Union employees may be at risk of lead poisoning in a new migrant camp that Greek authorities have built on a repurposed military firing range on the island of Lesbos, Human Rights Watch said today.

      Firing ranges are commonly contaminated with lead from munitions, nevertheless the authorities did not conduct comprehensive lead testing or soil remediation before moving migrants to the site in September 2020. Evidence collected by migrants moved to the site also indicated that authorities have also failed to clear all unexploded mortar projectiles and live small arms ammunition, which could injure or kill if disturbed or handled.

      “Putting thousands of migrant adults and children, along with aid workers, on top of a former firing range without taking the necessary steps to guarantee they would not be exposed to toxic lead is unconscionable,” said Belkis Wille, senior crisis and conflict researcher at Human Rights Watch. “The Greek authorities should promptly conduct a comprehensive site assessment of soil lead levels and release the results.”

      In November and early December, Human Rights Watch interviewed four people living in the camp, two aid workers, one Greek migration ministry employee working in the camp, and four medical and environmental experts, and reviewed academic research on the risk of soil lead contamination at shooting ranges and medical research on the health risks of lead poisoning. Human Rights Watch did not have access to conduct on-site research, but analyzed photos and videos of the site and satellite imagery to confirm the firing range location.

      The Asylum and Migration Ministry began major construction work at the end of November at the site, called Mavrovouni camp, that could disturb any lead contaminated soil, further exposing residents and workers. The work to improve access to electricity and water and reduce the risk of flooding began despite warnings from Human Rights Watch of the potential of increased risk of lead poisoning.

      In early September, large fires broke out inside the Moria camp, the Reception and Identification Center on Lesbos that was housing 12,767 migrants, mostly women and child migrants. Within days, authorities constructed Mavrovouni (also known as new Kara Tepe) as a temporary camp and told people that they would begin construction of a new permanent camp for use by June 2021. According to the media, Migration and Asylum Minister Notis Mitarachi, has recently indicated the new camp will only be ready by Autumn 2021. Currently 7,517 people, mostly from Afghanistan and Syria, are staying at Mavrovouni, which started functioning as a military firing range in 1926 and was in use until the camp was constructed in September 2020, Mitarachi said.

      In response to letters from Human Rights Watch, Migration and Asylum Minister Notis Mitarachi stated in a November 19 letter that the camp had “no lead contamination,” but provided no evidence for the basis of that assertion. He said the government has agreed to conduct soil testing with the European Commission within one month, but has not revealed the nature of the testing, the areas to be tested, or the methodology. A Hellenic army representative called Human Rights Watch on December 1, stating his intention to respond to a letter received on November 4 from Human Rights Watch, raising urgent concerns. But no response has been received. On December 6, General Secretary for Asylum Seekers’ Reception Manos Logothetis, called Human Rights Watch to dispute the risk of lead contamination at the camp. He confirmed that no soil testing for lead had taken place prior to moving people to the camp, but said that authorities are awaiting the results of soil testing conducted recently in collaboration with the Institute of Geology and Mineral Exploration (IGME).

      “No one just shows up without a plan,” Dr. Gordon Binkhorst, vice president of global programs at Pure Earth, told Human Rights Watch. “Sharing of a well-founded work plan beforehand is key to transparency and ensuring confidence in the findings.” Greek authorities should allow independent experts to comment on investigative work plans, audit the soil testing process and collect split samples for independent testing.

      “The authorities should share documentation of work completed and a comprehensive site investigation work plan based on a review of the site history, contaminants of concern, a conceptual site model of how such contaminants are released to and migrated in the environment, and a comprehensive testing plan that evaluates the degree and extent of contamination in the environment, and potential exposure routes,” Dr. Binkhorst said.

      Firing ranges are well-recognized as sites with lead contamination because of bullets, shot, and casings that contain lead and end up in the ground. Lead in the soil from bullet residue can readily become airborne, especially under dry and windy conditions, which often exist on Lesbos. Lead is a heavy metal that is highly toxic to humans when ingested or inhaled, particularly by children and during pregnancy. It degrades very slowly, so sites can remain dangerous for decades.

      The World Health Organization maintains that there is no known safe level of lead exposure. Elevated levels can impair the body’s neurological, biological, and cognitive functions, leading to learning barriers or disabilities; behavioral problems; impaired growth; anemia; brain, liver, kidney, nerve, and stomach damage; coma and convulsions; and even death. Lead also increases the risk of miscarriage and can be transmitted through both the placenta and breast milk.

      Small children and women of reproductive age are at particular risk. According to Greek authorities, on November 19, 2,552 out of 7,517 people in the camp were children, 997 of them under age 5, and 1,668 were women – 118 of whom have said they are five or more months pregnant.Camp residents shared 17 photographs of items they said they had found in the ground around their tents, including an intact 60mm mortar projectile and a tail fin assembly for another 60mm mortar projectile, cartridge casings for rifle bullets, fired 12-gauge shotgun cartridges, and live pistol, rifle, machine gun, and shotgun ammunition. Intact munitions, such as 60mm mortar projectiles and small arms ammunition, pose an immediate explosive hazard and should be removed urgently from the area.

      “We try to stop our children from going to play up the hill because we know there might be bullets and other things the army didn’t clear that could be dangerous,” one camp resident said. Munitions containing lead can be extremely dangerous when swallowed by children or contaminate the soil, a medical expert told Human Rights Watch.

      The authorities should conduct a thorough and transparent assessment of lead levels in the soil and dust, as well as other possible pathways to exposure, and make the results publicly available. Any work that might increase exposure should be paused until after the soil has been tested or until people have been removed from the camp and housed in adequate facilities, Human Rights Watch said. If lead is present in the soil, authorities should provide free blood testing and treatment for camp residents, aid workers, police, and others who might have been exposed, prioritizing young children and women of reproductive age, and immediately move exposed residents to a safe location and remediate the contaminated areas.

      “The Greek government could be putting at risk families with young children, aid workers, and its own employees because it’s determined to hold asylum seekers on the island,” Wille said. “If this is where the government is trying to force asylum seekers to live on Lesbos, then all the more reason to transfer people to the mainland.”

      Tents on a Firing Range

      The Mavrovouni site sits on a large plot of military-owned land, some of which was used as a military firing range since 1926. The Asylum and Migration Ministry said that it covered the site with “new levels of soil” before the camp was opened.

      Human Rights Watch reviewed satellite imagery from before and after construction began on the camp on September 11, 2020. Imagery from before shows a firing range on part of the site next to Mavrovouni Hill. By September 28, more than 200 tents had been set up directly on the former firing range itself, with more tents on adjacent areas.

      Satellite imagery from June, before Moria camp was destroyed by fire, shows some basic clearance of vegetation cover within a rectangular strip that included the firing range, as well as a small section at the base of Mavrovouni Hill. From the imagery, it is impossible to determine the depth of the soil removal and whether the remediation of lead impacted soil was completed in accordance with prevailing standards and guidelines, or if it was just a superficial scraping of topsoil.

      Human Rights Watch was unable to determine what soil removal activities took place between June and September, when the camp opened, or of other activities to decontaminate the ground or where soil removed was disposed of. Given the speed of camp construction, it is very unlikely that authorities could have carried out remediation of lead-impacted soil before setting up the tents. Greek authorities have indicated that new soil was placed prior to construction of the camp, with no location indicated.

      Satellite imagery analysis, combined with a review of photos and videos of the firing range that were posted online in the spring, shows that the military was shooting from the southwest toward targets in the northeast, at the foot of Mavrovouni Hill. This suggests that soil on the hillside might also be contaminated by lead.

      Imagery recorded between September 14 and 16, shows at least 300 tents just south of the hill without any prior signs of soil clearance, with another at least 170 added in the following days. Imagery from late November shows further ground preparation southeast of the hill, and the construction of four large structures.

      Medical and environmental experts interviewed said it was risky to conduct further work in the camp without first conducting soil samples. “Disturbing this area will mobilize the lead in the soil and make it more vulnerable to dispersion from periodic rainfall, flooding, and wind erosion,” said Jack Caravanos, professor of global environmental health at New York University. Dr. Caravanos has visited and assessed dozens of lead-contaminated sites throughout the world and expressed dismay over how this site was chosen without proper environmental investigation.

      A European Commission official who is involved in migration policy with Greece said that the Greek Defense Ministry claimed that “no pieces of lead were observed on the ground” during construction or other work. Because lead dust is usually not visible, this claim raises concerns about the seriousness of the Greek government’s assessment.

      A source close to the police said that the government had considered turning the firing range into a camp site as early as 2015. At the time, authorities rejected the proposal for several reasons, the source said, including because it had been a firing range. It is unclear why the government ignored these concerns in 2020. A migration ministry employee working on the camp who spoke on the condition of anonymity said that in September, before Mavrovouni was selected, the government met with a few larger nongovernmental organizations, and discussed at least two or three alternative locations.

      Lead Contamination

      In his letter to Human Rights Watch, Minister Mitarachi said that the range had only been used for “small arms (straight trajectory), commonly only bullets, and not for other types of ammunition.” This ammunition, he said, “according to the Greek Army, contains no lead.” He added that the army had searched the camp for munitions prior to opening, and again 20 days later, and “reported no findings.”In contrast to these claims, bullets used for rifles, pistols, and machine guns as well as shot used by shotguns usually contain lead, which is used in bullets for its density and penetrating ability. Research at firing ranges has found that the discharge of lead dust from shooting results in soil contamination. Research has shown that elevated blood lead levels are commonly found in users of these sites, even among those who use them for limited amounts of time for recreational purposes.

      The large amount of fired small arms casings and cartridges found at the camp indicates an equally large number of bullets and shot might be buried beneath the ground where they landed. Other areas near the firing range may have been affected, including from relocation of soil associated with the construction of the camp or historic clearing of soils and munitions from the firing range. Thus, it is likely that any soil contamination extends beyond the firing range. Greek authorities provided no documentation for their claim that all the munitions used at the firing range were lead-free. This claim is highly questionable, given that lead-free bullets are expensive and very rare, particularly prior to the 1980s. Some bullets have an external metal-alloy coating that may make them appear to be lead-free, but the coating disintegrates relatively quickly when the bullet enters the soil, and the lead core becomes exposed. In addition, the photographic evidence from camp residents does not appear to support this contention.

      Camp residents shared with Human Rights Watch five photographs, one dated September 20, and two videos of the Hellenic Army’s Land Mine Clearance Squad carrying out clearance activities without any protective equipment and disregarding distancing between them and camp residents needed for safe ammunition clearance activities.

      The migration ministry employee working in the camp who spoke on the condition of anonymity said she remembered clearance operations taking place around that date: “There were soldiers who had this machine to detect metal walking amongst us. They were so close that we had to pick up our feet from the ground so they could check right under us.” A government employee’s union made a formal complaint about general working conditions at the camp, including their concerns around these clearance activities.

      In addition to camp residents, anyone working inside the camp could also face potential lead exposure from spending time in the camp if the soil is contaminated. Residents, aid workers, and the migration ministry employee said that these include staff from the Hellenic police, Hellenic army, municipality, First Reception Service, Asylum Service, National Public Health Organization (EODY), European Commission, European Asylum Support Office (EASO), European Border and Coast Guard Agency (Frontex), Europol, IOM, UNHCR, UNICEF, World Health Organization, Red Cross, and at least eight other medical and aid groups.

      Risks of Lead Poisoning for At-risk Groups

      Symptoms of lead poisoning are often not diagnosed as such but its adverse health effects can be irreversible. The severity of symptoms increases with prolonged exposure. Globally, lead exposure is estimated to account for up to one million deaths annually, with the highest burden in low- and middle-income countries. Poor and disadvantaged populations are more vulnerable because undernourishment increases the amount of ingested lead the body absorbs.

      Children are especially at risk because they absorb four to five times as much lead as adults, and their brains and bodies are still developing. In addition, small children often put their hands in their mouths or play on the ground, which increases their likelihood of ingesting or inhaling lead in dust and dirt. Exposure during pregnancy can result in stillbirth, miscarriage, and low birth weight, and can negatively affect fetal brain development. At least 118 pregnant women and 2,552 children are at the site, according to government data.

      Mohammed Hafida, a camp resident with three young children whose wife is pregnant, said that when they first moved to the camp it was particularly dusty. “When cars drove past the tents there was dust everywhere,” he said. “That only went away once the rain set in two weeks later. But the camp is on a hill, and so when it rained for several hours, many of the tents collapsed. This isn’t a camp, it’s a hell.”

      People living in the camp said that for the first few weeks, they had been sleeping on blankets and mattresses on the dusty ground, but more recently aid workers had added flooring to the tents. Even as rainfall increased, residents reported that dust would still enter the tents including in the cooking areas. Camp residents said they have to clean dust out of their tents multiple times a day because cars are driving on adjacent gravel roads. Children often play in the dusty area by the roads. A medical expert said that small children at the camp are at very serious risk for as long as they are exposed to dust that could be contaminated.

      Camp authorities did not inform residents that there could be a risk of lead exposure at the site. Medical and environmental experts said that given the known risks of lead exposure at firing ranges, comprehensive soil testing should have been carried out before even considering it as a possible location for the camp. They warned of specific risks of lead poisoning for small children who are most at risk. “Remediation can be very difficult,” said Caravanos, the NYU professor of global environmental health. “I can’t imagine that you could make it safe without removing everyone if lead was found in the soil.”

      On November 17, Human Rights Watch was notified about significant planned construction work, which the Asylum and Migration Ministry confirmed in a letter dated November 19. On November 26, Human Rights Watch sent a letter with detailed findings to the Greek Ministries of Asylum and Migration and Defense, which it also shared with EU officials and representatives from UNHCR, the United Nations refugee agency, and the World Health Organization, saying that these actions risk further exposing residents and construction workers to any potentially lead-contaminated dust and soil. Despite these warnings, on November 30, residents of the camp informed researchers that large construction was underway, including on top of Mavrovouni hill.

      The authorities should have been aware of the amount of dust construction causes at the site. During the construction of the camp in September, the migration ministry employee said, workers had been moving around lots of soil to make room for the camp structure and “There was a lot of dust everywhere for days. I kept finding dust and even little pebbles in my ears at that time.”

      Unsatisfactory Clearance Operation

      Three people interviewed in November said that the authorities forced them to move to the camp after the fires in Moria camp by threatening that the government would stop their asylum claims if they refused. All three have found and provided Human Rights Watch with photographs of munition remnants since moving to Mavrovouni in September. They all said that after moving to the site, they saw the Greek military conduct clearance operations without protective gear, and they shared videos of those operations with Human Rights Watch.

      In the videos and photographs, the camp tents and migrants are clearly visible, confirming that some clearance activities took place after people were already living there. A Syrian man whose wife is nine-months pregnant with their first child said that, after they had moved into the camp, he saw the military find and remove at least one cartridge casing. Another camp resident said that since arriving, he has found many bullets on the ground but the “authorities haven’t told us what to do if we find them, or other kinds of munitions.”

      Access to Health Care

      Two medical staff from a team providing health care in Mavrovouni camp said on November 10 that, since arriving at the camp in October, they had not heard anything about possible lead exposure. Both said that the camp had “decent” health care services considering that it was a temporary camp, but that the laboratory inside the camp does not have the capacity to perform blood tests for lead levels. Both said that because of the nature of the symptoms of lead poisoning, which are also symptoms of other illnesses, it would be extremely difficult to diagnose potential cases without blood tests.

      Both medical staff and a doctor who had worked previously at the camp said it was very difficult for camp residents to visit the hospital due to movement restrictions related to Covid-19.

      Parallels to Kosovo Incident

      This is not the first time that people living in a camp are put at risk of lead poisoning. For more than a decade following the end of the war in Kosovo in 1999, about 600 Roma, Ashkali, and Balkan Egyptian minority members lived in camps for displaced people operated by the UN. The camps sat on land contaminated by lead from a nearby industrial mine. In 2016, a United Nations human rights advisory panel found that the UN mission in Kosovo (the United Nations Interim Administration Mission in Kosovo, UNMIK) had violated the affected people’s rights to life and health. Human Rights Watch documented that camp residents experienced lasting health impacts and are still awaiting compensation and health and educational support for themselves and their families, seven years after the last camp was closed in 2013.

      International Legal Obligations

      International law obligates states to respect, protect, and fulfill the right to the highest attainable standard of health. The United Nations Committee on Economic, Social and Cultural Rights, which monitors governments’ compliance with the International Covenant on Economic, Social and Cultural Rights, in its General Comment 14 on the right to health, has interpreted the covenant to include:

      [T]he requirement to […] the prevention and reduction of the population’s exposure to harmful substances such as radiation and harmful chemicals or other detrimental environmental conditions that directly or indirectly impact upon human health.

      The right to health encompasses the right to healthy natural environments. The right to a healthy environment, which is also enshrined in the Greek constitution, involves the obligation to “prevent threats to health from unsafe and toxic water conditions.”

      The United Nations special rapporteur on human rights and the environment’s Framework Principles on Human Rights and the Environment, which interpret the right to a healthy environment, emphasize the need for “public access to environmental information by collecting and disseminating information and by providing affordable, effective and timely access to information to any person upon request.” The Committee on the Rights of the Child, the treaty body that monitors compliance with the Convention on the Rights of the Child to which Greece is a party, when describing the right of the child to the enjoyment of the highest attainable standard of health, calls on states to take appropriate measures “to combat disease and malnutrition … taking into consideration the dangers and risks of environmental pollution.”

      Responsibilities of the Greek Parliament and European Union

      Members of the Greek parliament should pay attention to the concerns that there may be lead contamination at Mavrovouni camp and assess the Greek government’s compliance with its obligations under national, European, and international law to realize the rights to health and healthy environment. They could hold a hearing or establish an inquiry to establish which government employees were involved in approving the site, the extent to which they knew or should have known about the risk of lead contamination, why they decided to move people to the site without first conducting comprehensive soil testing, and why, despite multiple concerns about lead contamination raised after the camp was opened, the authorities greenlighted construction work without first conducting comprehensive soil testing. They should take appropriate action to ensure accountability if merited.

      The European Commission, which financially supports Greece to manage the camp and has staff stationed there, as well as EU agencies, Frontex, and EASO, should urge Greek authorities to comprehensively test for lead and make the testing plan and results public.

      Human Rights Watch and other nongovernmental groups have long warned European leaders about the dire conditions in island camps, also known as hotspots. These have been exacerbated by Greek authorities’ containment policy, which has blocked transfers to the mainland. For years, residents were crammed into overcrowded, inadequate tents, with limited access to food, water, sanitation, and health care, including during the pandemic and despite the risk of Covid-19. The EU and Greece should fundamentally reconsider their hotspot approach on the Greek Islands and end policies that lead to the containment of thousands of migrants and asylum seekers in unsuitable, and in this case potentially hazardous, facilities.

      https://www.hrw.org/news/2020/12/08/greece-lead-poisoning-concerns-new-migrant-camp

      #pollution #contamination #plomb #Saturnisme #HRW #rapport

    • HRW calls for transparency over lead contamination at Lesvos migrant camp

      Greek authorities should release test results and other vital information about lead contamination at the Kara Tepe migrant camp on the eastern Aegean island of Lesvos to protect the health of residents and workers, Human Rights Watch (HRW) said on Wednesday.

      After testing soil samples in November, authorities earlier this month confirmed dangerous levels of lead in the soil in the administrative area of the facility, also known as Mavrovouni, which was built on a repurposed military firing range. They said that samples from residential areas showed lead levels below relevant standards but did not release the locations where samples were collected or the actual test results, the New York-based organization said.

      HRW said that officials have yet to indicate that they will take the necessary steps to adequately assess and mitigate the risk, including comprehensive testing and measures to remove people from areas that could be contaminated.

      “The Greek government knowingly built a migrant camp on a firing range and then turned a blind eye to the potential health risks for residents and workers there,” said Belkis Wille, senior crisis and conflict researcher at HRW.

      “After weeks of prodding, it took soil samples to test for lead contamination while denying that a risk of lead exposure existed. It did not make the results public for over seven weeks, and has yet to allow independent experts to analyze them or vow to take the necessary steps to protect residents and workers and inform them about the potential health risks,” she said.

      According to a report published by HRW in December, thousands of asylum seekers, aid workers, and United Nations, Greek, and European Union employees may be at risk of lead poisoning.

      The Kara Tepe facility currently houses 6,500 people.

      “Greece and its EU partners have a duty to make sure that people who live and work in the Mavrovouni camp are safe,” Wille said.

      “That requires transparency about the risks as well as urgent steps to mitigate them,” she said.

      https://www.ekathimerini.com/261695/article/ekathimerini/news/hrw-calls-for-transparency-over-lead-contamination-at-lesvos-migrant-c

  • France Repatriates More Children from Northeast Syria - Human Rights Watch
    The French government this week announced it had returned 10 children from camps for families of Islamic State (ISIS) suspects in Northeast Syria. The children were reportedly handed over to officials from the French foreign ministry who traveled to northeast Syria. French authorities have now brought back 28 French children from the region since March 2019, including recently a 7-year-old girl suffering from a severe heart defect. They should bring home the rest.

    Conditions in the camps in this war-torn region are appallingly overcrowded and unsanitary, leading to deaths in some cases. In these conditions, the threat of Covid-19 spreading rapidly is even greater. Only six confirmed cases were reported in Northeast Syria by mid-June, but the almost complete lack of testing in the region raises fears that the number of cases may be much higher. The region is profoundly under-prepared to deal with a major outbreak, notably due to restrictions on humanitarian assistance.

    #Covid-19#Syrie#France#HRW#Enfant#Rappatriement#Camp#DAESH#Migrants#Migration

    https://www.hrw.org/news/2020/06/24/france-repatriates-more-children-northeast-syria

  • When Health Care Is Decimated By War: COVID-19 in the Middle East and North Africa- Human Rights Watch

    The first is countries in conflict, Yemen, Syria, and Libya, and the densely crowded Gaza Strip, under Israeli occupation. Another vulnerable population is refugees and migrants, as well as people in prison or detention. Also, we know older people are particularly vulnerable to this virus and that they, along with people with disabilities, have a harder time accessing not only health care but information about the virus.The long-raging conflicts in Yemen and Syria have decimated the health care systems in those countries. Ongoing strikes by the Syrian-Russian military alliance in parts of Syria held by anti-government forces have destroyed hospitals and clinics, displacing over a million people. People live in tents or out in the open without access to water, unable to practice precautionary hygiene or social distancing.

    #Covid-19#HRW#Moyen-Orient#Santé#Camp#Guerre#Rapport#Migrants#Migration

    https://www.hrw.org/news/2020/04/16/when-health-care-decimated-war-covid-19-middle-east-and-north-africa

  • Qatar: Protect Migrant Workers During Pandemic-Human Rights Watch

    While acknowledging the positive steps taken to protect migrant workers infected and at-risk of infection by COVID-19, the coalition urged the authorities to supplement these with further actions that protect public health and are consistent with fundamental human rights, including the principle of non-discrimination

    #Covid-19#HRW#Qatar#Workers#Health#Migrants#Migration

    https://www.hrw.org/news/2020/04/02/qatar-protect-migrant-workers-during-pandemic

  • Turkey: COVID-19 Puts Sick Prisoners at Grave Risk- Human Rights watch

    "An examination of cases of prisoners, in the hundreds, whose underlying health conditions put them most at risk of the deadly effects of COVID-19 demonstrates why the Turkish authorities should include such inmates in its new plans for early release on parole or house arrest despite their conviction under antiterrorism lawsAn examination of cases of prisoners, in the hundreds, whose underlying health conditions put them most at risk of the deadly effects of COVID-19 demonstrates why the Turkish authorities should include such inmates in its new plans for early release on parole or house arrest despite their conviction under antiterrorism laws

    #Covid-19#HRW#Turquie#Prisonnierspolitiques#prison#migrants

    https://www.hrw.org/news/2020/04/03/turkey-covid-19-puts-sick-prisoners-grave-risk

  • Omar Shakir : « En m’expulsant, Israël a fait un mauvais calcul »
    Le directeur de Human Rights Watch pour Israël et la Palestine déclare à MEE que son expulsion ne l’empêchera pas d’exposer les violations des droits de l’homme commises par les autorités israéliennes
    Par Chloé Benoist – LONDRES, Royaume-Uni| Date de publication : Vendredi 6 décembre 2019 | Middle East Eye édition française

    https://www.middleeasteye.net/fr/entretiens/omar-shakir-en-m-expulsant-Israel-a-fait-un-mauvais-calcul

    En décollant de l’aéroport Ben-Gourion le 25 novembre dernier, Omar Shakir, directeur pour Israël et les Territoires palestiniens occupés de l’ONG américaine de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW), a ajouté un pays de plus à la liste des États qui l’ont banni en raison de son travail.

    Cependant, l’apogée de ses dix-huit mois de bataille juridique contre son expulsion a rendu Omar Shakir plus déterminé que jamais.

    « Si Israël pensait pouvoir cacher ses violations des droits de l’homme en m’expulsant, il a fait un mauvais calcul », a-t-il déclaré à Middle East Eye lundi 2 décembre, lors de son étape à Londres au cours d’une semaine de visites en Europe pour aborder les violations des droits de l’homme par Israël et sa répression à l’encontre des organisations de la société civile qui cherchent à les documenter.

    Le 5 novembre, la Cour suprême israélienne a confirmé la décision du gouvernement israélien d’expulser Shakir, accusé par les autorités de soutenir le mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) – une allégation que lui et son organisation démentent. (...)

    #BDS

  • Deport me, too - Opinion
    Gideon Levy Nov 07, 2019 | Haaretz.com
    https://www.haaretz.com/opinion/.premium-deport-me-too-1.8091830

    If Omar Shakir deserves to be deported, then so do I and others like me. Shakir is being expelled for his views. But his views are my views exactly, even though we ve never met. If they are forbidden and dangerous, then everyone who advocates them must be deported.

    Therefore, it is obligatory to deport everyone who holds those positions that were prohibited Tuesday by the Supreme Court, sitting as the State of Israel’s Court of Thought Control.

    But let’s not get carried away: That was the intention of those who legislated the BDS law, the propagandists of the Strategic Affairs Ministry and right-wing NGOs, with the support of the High Court of Justice, which gave the law its imprimatur.

    Today it’s foreigners, tomorrow it will be Israelis. Because what’s the difference? If an opinion is dangerous, it should be forbidden to all. We’ll start with foreigners, go on to deporting Arab citizens who support a boycott, and we’ll finish off with the leftists. We’ll start with those who support sanctions against Israel, continue with those who oppose the occupation and finish with those who dare to criticize Israel.

    The court gave a clear green light to this inevitable slippery slope. What else will enlightened Justices Neal Hendel, Noam Sohlberg and Yael Willner, who approved Shakir’s deportation without finding any fault with him, say about deporting an Israeli Arab who calls for a boycott, after a relevant amendment is made to the law?

    There will already be a precedent for deporting a person because of his views, approved by the Supreme Court. which paved the way for continuing this destructiveness and silencing, until there will be no one left to stop this Erdanism.

    We’ll have to remember this about the court down the road. Continue to be impressed by it, to fight for its independence and existence, so you, its devotees, can feel enlightened in your own eyes.

    The court can explain this discrimination between Shakir and myself by citing the advantage a citizen has over a foreign national. Amendment 27 to the Entry to Israel Law states that a visa will not be granted to a person who isn’t an Israeli citizen who has issued a call to boycott Israel.

    Jewish Israelis are safe. For now. But there’s no logic to this discrimination. Now that the reins have been loosened, it will be possible to broaden the law’s wingspan to cover anyone who calls for a boycott, regardless of ethnic background or nationality. Deport us too. A majority of the people would support this, and what is democracy if not realizing the will of the majority?

    It’s forbidden to oppose the occupation; from now that will also be the law.

    It cannot be opposed by force; it cannot be opposed by any deed. One will only be allowed to whisper faintly against it until further notice. Shakir, like all people of conscience in Israel and around the world, thinks the occupation is criminal and that it is one’s duty to act against it.

    After 52 years in which it has become consolidated and reinforced, the time has come for action, of the type that was effective in eliminating the last apartheid regime, the one in South Africa. Then no one dared to criminalize boycotts and sanctions; they were a source of global pride.

    Now half the world has criminalized BDS. Such is the incredible power of the blackmail machine working in the service of Zionist propaganda.

    Still, I have a few questions for the Supreme Court justices that they have never answered:

    Is the occupation, which no nation in the world recognizes, and which no international institution has ever defined as anything other than an endless series of violations of international law, legal in your eyes? If not, is one permitted to work against it? If so, how?

    Do your honors believe that the occupation will collapse on its own, just like that; that Israelis will wake up one morning and say, “Oops, we made a mistake. What we’ve been doing isn’t nice”? If not, what will bring about its end? Do you not have some role in upholding the law in an area where Israel is committing more crimes than in any other realm?

    Is it permitted to call for a boycott on products because their source is illegal or immoral? Is it permitted to trade in stolen goods produced through theft, exploitation and disinheritance? Also, if Shakir’s expulsion is valid from your perspective, would you allow the deportation of Israelis because of their views? What would you call the regime here then? And what would you call your court?

    Honorable justices, what do you say?

    #expulsion #BDS
    #droits_humains #colonisation #occupation_de_peuplement

  • #Israël : La Cour suprême confirme l’expulsion du représentant de Human Rights Watch | #Human_Rights_Watch

    https://www.hrw.org/fr/news/2019/11/05/israel-la-cour-supreme-confirme-lexpulsion-du-representant-de-human-rights-watc
    https://www.hrw.org/sites/default/files/styles/open_graph/public/multimedia_images_2019/201903middleeast_israel_palestine_omarshakir.jpg?itok=lDKHGyrt

    Le 5 novembre 2019, la Cour suprême israélienne a confirmé que le gouvernement israélien a l’autorité d’expulser Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch pour Israël et la Palestine. Si le gouvernement israélien maintient sa décision initiale, Shakir devra quitter Israël au plus tard le 25 novembre.

    Human Rights Watch a par le passé appelé les entreprises internationales à suspendre leurs activités commerciales dans les colonies israéliennes en #Cisjordanie occupée, invoquant l’obligation qui leur incombe de ne pas se rendre complice de violations des droits humains. Bien que Human Rights Watch ait lancé des appels similaires adressés à des entreprises menant des activités dans de nombreux autres pays, la Cour suprême israélienne a estimé qu’appliquer ce principe en vue de garantir le respect des droits des Palestiniens constituerait un appel au boycott. Cet arrêt s’appuie sur une lecture élargie de la loi de 2017 interdisant l’entrée aux personnes qui préconisent un boycott d’Israël ou de ses colonies en Cisjordanie.

    #droits_humains #colonisation #démolition #occupation

    • « Israël dénigre systématiquement les organisations humanitaires » - Libération
      https://www.liberation.fr/planete/2019/11/05/israel-denigre-systematiquement-les-organisations-humanitaires_1761712

      La Cour suprême israélienne a donné son aval à l’expulsion d’Omar Shakir, directeur de la branche locale de l’ONG Human Rights Watch, accusé de soutenir le boycott de l’Etat hébreu. Entretien.

      « Israël dénigre systématiquement les organisations humanitaires »

      Mardi, la Cour suprême israélienne a entériné l’expulsion du directeur local de l’ONG Human Rights Watch (HRW), accusé de soutenir le boycott de l’Etat hébreu. Il s’agissait du dernier recours légal d’Omar Shakir, citoyen américano-irakien en poste depuis 2017.

      Point d’orgue d’un long feuilleton judiciaire, la décision de la plus haute cour du pays établit un précédent. Pour la première fois, Israël entend expulser un de ses résidents, sous couvert d’une loi de 2017 visant à interdire l’accès du pays aux soutiens du mouvement pro-palestinien BDS (boycott, désinvestissement, sanction), bête noire de la droite israélienne qui en a fait une menace quasi-existentielle, accusant ses partisans d’antisémitisme. La législation anti-BDS avait déjà été utilisée cet été pour faire capoter la visite en Cisjordanie de deux représentantes du Congrès américain, Ilhan Omar et Rashida Tlaib.

      à lire aussi Israël interdit à deux élues américaines d’entrer sur son territoire

      Le ministère de l’Intérieur, qui avait révoqué le visa de travail de Shakir dès 2017, s’est appuyé sur d’anciens tweets de l’employé de HRW publiés il y a plusieurs années, alors que ce dernier était étudiant aux Etats-Unis, le qualifiant de « propagandiste propalestinien ». (Shakir conteste l’interprétation de ces tweets). En outre, le gouvernement israélien considère que les rappels au droit international de HRW à l’attention d’entreprises comme AirBnb pour les dissuader d’opérer dans les Territoires occupés s’apparentent à une forme d’incitation au boycott.

      « Omar Shakir est un activiste du BDS qui a profité de son séjour en Israël pour y nuire, ce qu’aucun pays sensé ne peut accepter », a réagi Gilad Erdan, ministre de la Sécurité intérieure et principal architecte de la législation anti-BDS. L’ONG israélienne B’Tselem estime quant à elle que la décision de la Cour suprême est une nouvelle étape dans le « rétrécissement de l’espace déjà limité en Israël pour s’opposer à l’occupation. Depuis des décennies, cet espace est inexistant pour les Palestiniens. Désormais, il se réduit plus encore pour les acteurs internationaux, et bientôt, pour les Israéliens. »

      Joint par Libération peu après la décision des juges, Omar Shakir, déjà expulsé par le passé d’Egypte et de Syrie pour ses activités au sein de HRW, dénonce « un précédent décisif […] et un blanc-seing à la répression et à la limitation d’accès des défenseurs des droits de l’homme ».
      Vous attendiez-vous à cette décision ?

      En tant que militant des droits de l’homme, je me dois d’être toujours optimiste en espérant que le droit prévaudra. Mais je suis parfaitement conscient que le gouvernement israélien s’est engagé dans une campagne de dénigrement systématique des organisations humanitaires sur son sol, et de Human Rights Watch en particulier [la diplomatie israélienne dénonce depuis des années le « biais anti-israélien » de l’ONG, ndlr], dans le but de faire taire tout plaidoyer en faveur des droits des Palestiniens, considéré désormais comme non seulement illégitime mais aussi criminel.
      Vous mettez en garde contre les ramifications juridiques de cette affaire…

      Cette affaire dépasse largement mon cas personnel ou celle de mon organisation : c’est un précédent décisif. La Cour suprême vient de donner son blanc-seing à la répression et à la limitation d’accès d’un acteur international dans la défense des droits de l’homme. Demain, est-ce que cela pourra s’étendre aux organisations israéliennes qui se battent pour les droits des Palestiniens, et rendre leur travail virtuellement impossible ? D’autant que celles-ci sont déjà dénigrées dans la sphère publique comme des « traîtres » et des « conspirateurs contre l’Etat et l’armée ». Il y a aussi un réel danger à considérer que toute campagne visant des compagnies internationales en activité dans les colonies s’apparente à un boycott d’Israël. Nous leur rappelons seulement le droit international, comme nous le faisons dans le reste du monde.
      Vous avez épuisé tous vos recours. Espérez-vous néanmoins que le gouvernement israélien suspende sa décision de vous expulser ?

      Les derniers signes laissent peu d’espoir. La Cour suprême a confirmé la légalité de la procédure d’expulsion, mais l’ordre doit encore être donné par le gouvernement. Une fois notifié, j’aurai alors vingt jours pour quitter ce pays qui est ma maison depuis deux ans et demi maintenant. J’en appelle donc à nouveau au gouvernement israélien, qui doit décider s’il se range au côté de l’Egypte, de Cuba ou de la Corée du Nord, ces pays qui ont expulsé des employés de HRW, ou s’il me permet de continuer mon travail en faveur des droits de l’homme.
      Guillaume Gendron correspondant à Tel-Aviv

    • Le représentant de Human Rights Watch en Israël et Palestine bientôt expulsé ?
      Publié le 05/11/2019
      https://www.courrierinternational.com/article/moyen-orient-le-representant-de-human-rights-watch-en-israel-

      Après une décision de la Cour suprême israélienne, Omar Shakir, directeur de la branche locale de l’ONG, a vingt jours pour quitter le pays. Il est accusé de soutenir le boycott de l’État hébreu.

      La Cour suprême israélienne a confirmé l’expulsion du représentant de l’ONG Human Rights Watch en Israël et en Palestine, Omar Shakir, mardi 5 novembre. “Il était accusé par l’État hébreu de soutenir le mouvement BDS [boycott, désinvestissement et sanction]”, rappelle Haaretz. (...)

  • » Israeli Supreme Court Upholds Deportation Order Against Human Rights Watch Director
    November 5, 2019 – IMEMC News
    https://imemc.org/article/israeli-supreme-court-upholds-deportation-order-against-human-rights-watch-di

    The Israeli Supreme Court, Tuesday, upheld deportation orders against Human Rights Watch (HRW) director Omar Shakir for the occupied Palestinian territory for his alleged support of the BDS (Boycott, Divestment and Sanctions) movement.

    “Breaking: Israeli Supreme Court upholds my deportation over my rights advocacy,” said Shakir in a tweet. “Decision now shifts back to Israeli government; if it proceeds, I have 20 days to leave and it’ll join ranks of Iran, North Korea and Egypt in blocking access for HRW official. We won’t stop. And we won’t be the last.”

    The Israeli human rights group, B’Tselem, said in a tweet that it stands in solidarity with the HRW director. (...)

    #BDS #expulsion

  • US : How Abusive, Biased Policing Destroys Lives

    Abusive policing in Tulsa, Oklahoma that targets black people and poor people, diminishes the quality of life in all communities, Human Rights Watch said in a report released today. Human Rights Watch released the report on the eve of the third anniversary of the killing of Terence Crutcher, an unarmed black man. That killing led Human Rights Watch to investigate everyday police interactions in Tulsa as a window into the larger human rights problems with policing throughout the United States.

    The 216-page report, “‘Get on the Ground!’: Policing, Poverty, and Racial Inequality in Tulsa, Oklahoma,” details how policing affects Tulsa, particularly in the segregated and largely impoverished North Tulsa area. Human Rights Watch found that black people are subjected to physical force, including tasers, police dog bites, pepper spray, punches, and kicks, at a rate 2.7 times that of white people. Some neighborhoods with larger populations of black people and poor people experienced police stops more than 10 times the rate of predominantly white and wealthier neighborhoods. Arrests and citations lead to staggering accumulations of court fees, fines, and costs, often for very minor offenses, that trap poor people in a cycle of debt and further arrests for failing to pay.

    https://www.hrw.org/news/2019/09/12/us-how-abusive-biased-policing-destroys-lives
    #police #racisme #USA #Etats-Unis #violences_policières #pauvreté #guerre_contre_les_pauvres #Noirs #Tulsa #Oklahoma #rapport #discriminations #HRW

    #cartographie #visualisation

    ping @karine4 @cede

  • Enquête #HRW : l’ex-président gambien Jammeh rattrapé par des affaires de viols - RFI
    http://www.rfi.fr/afrique/20190626-gambie-accusations-viols-encontre-ancien-president-yaya-jammeh

    Ce sont de graves accusations que Human Rights Watch publie ce mercredi 26 juin. Après dix-huit mois d’enquête, l’organisation de défense des droits de l’homme accuse #Yahya_Jammeh de violences sexuelles. L’ex-président gambien, qui a régné durant vingt-deux ans, est soupçonné d’avoir mis en place un véritable système pour abuser de jeunes #femmes.

    #abus_sexuels #viols #Gambie

  • Ein Gericht in Vietnam hat den Umweltaktivisten Anh wegen Kritik an...
    https://diasp.eu/p/9165010

    Ein Gericht in Vietnam hat den Umweltaktivisten Anh wegen Kritik an der Regierung zu langjähriger Haft verurteilt. Der Richterspruch wurde mit kritischen Einträgen des Garnelenfischers in sozialen Netzwerken begründet. EU fordert Freilassung vietnamesischen Fischers | DW | 06.06.2019 #Vietnam #Urteil #NguyenNgocAnh #Umweltaktivist #EU #HRW

  • Un tribunal israélien confirme l’expulsion d’un défenseur des droits de l’Homme
    Ali Abunimah, Electronic Intifada, le 18 avril 2019
    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2019/04/24/un-tribunal-israelien-confirme-lexpulsion-dun-defenseur-des-dro

    Mardi, un tribunal israélien a confirmé une décision du gouvernement d’expulser Omar Shakir, directeur du bureau de Jérusalem de Human Rights Watch. Le tribunal a fondé sa décision sur une loi de 2017 qui interdit l’entrée aux gens qui plaident pour un boycott d’Israël ou de ses colonies en territoire occupé.

    #Omar_Shakir #HRW #BDS #Boycott

    Suite de :
    https://seenthis.net/messages/573760
    https://seenthis.net/messages/692740
    https://seenthis.net/messages/775165

    Sur un sujet proche, une liste d’expulsions aux frontières israéliennes ici :
    https://seenthis.net/messages/364741

    #Palestine #Expulsion #Frontière

  • Un tribunal israélien approuve l’#expulsion du directeur de #HRW

    Un tribunal israélien a approuvé mardi une décision du ministère de l’Intérieur d’expulser le directeur local de Human Rights Watch (HRW), accusé de « soutenir le boycott d’Israël ».

    Le tribunal de Jérusalem a accordé à #Omar_Shakir, un citoyen américain, jusqu’au 1er mai prochain pour quitter le territoire, après avoir rejeté son appel contre un ordre d’expulsion. Il peut toutefois faire appel devant la cour suprême.

    le tribunal avait reporté son expulsion en mai 2018 après un recours de l’organisation de défense des droits humains contre une décision du ministère de l’Intérieur.

    Dans sa déclaration mardi, le tribunal de Jérusalem a affirmé qu’il « a été prouvé » que M. Shakir « continue à appeler publiquement au boycottage d’Israël et en même temps demander qu’il (l’Etat hébreu) lui ouvre ses portes ».

    Le ministre des Affaires stratégiques Gilad Erdan a salué la décision de la justice israélienne, précisant que c’est son ministère qui avait fourni les éléments à charge pour incriminer le directeur du HRW et recommander son expulsion.

    « Les activistes du BDS doivent réaliser qu’il y a un prix à payer pour leur activité contre Israël et ses citoyens », a ajouté le ministre.

    Les autorités israéliennes avaient indiqué en 2018 que M. Shakir était depuis des années un militant du BDS soutenant le boycott d’Israël de manière active.

    Le BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions), l’une des bêtes noires des autorités israéliennes, est une campagne mondiale de boycott économique, culturel ou scientifique d’Israël destinée à obtenir la fin de l’occupation et de la colonisation des Territoires palestiniens.

    Le gouvernement israélien combat farouchement tout ce qui ressemble à une entreprise de boycott et en 2017, il a adopté une loi interdisant à tout militant BDS d’entrer en Israël.

    HRW a démenti que son directeur ait soutenu le BDS, et affirmé mardi vouloir saisir la cour suprême israélienne.

    Tom Porteous, adjoint au directeur des programmes de HRW, a affirmé dans un communiqué que la décision de justice constituait une « nouvelle et dangereuse interprétation de la loi » car elle assimilait la critique des entreprises opérant en Cisjordanie à un boycott d’Israël.

    https://www.lorientlejour.com/article/1166762/un-tribunal-israelien-approuve-lexpulsion-du-directeur-de-hrw.html
    #Israël
    ping @nepthys @reka