organization:jaysh al-fatah

  • La trêve étendue à Alep, dont la ville même, à la suite d’un accord entre Russes et Américains, pour une durée de 48h
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20160504-syrie-accord-moscou-washington-une-cessation-hostilites-alep?ns_campaig

    Le département d’Etat américain a confirmé mercredi soir un accord entre Washington et Moscou portant sur l’extension à la ville d’Alep de la cessation des hostilités. Damas s’engage à respecter une trêve de 48 heures à Alep à partir de jeudi matin.
    C’est par un bref communiqué que le département d’Etat américain a confirmé l’accord. Cette trêve « est entrée en vigueur aujourd’hui à 00H01 », heure locale, « dans la province d’Alep, y compris dans la ville d’Alep », précise le communiqué. « Nous avons constaté une réduction générale de la violence dans ces zones, même s’il y a des informations faisant état de la poursuite de combats à certains endroits », ajoute le département d’Etat américain, dans ce communiqué.

    A court terme c’est certainement une bonne nouvelle pour les civils d’Alep, ceux de la zone gouvernementale (la majorité de la population restant à Alep), comme ceux de la zone rebelle.
    Première remarque. S’il est aisé de comprendre comment Moscou peut faire pression sur Damas pour faire respecter cette trêve temporaire - que l’on cherchera à reconduire, on comprend moins comment les Américains peuvent garantir une telle trêve puisque leur position officielle a toujours été de dire qu’ils n’avaient pas de moyens de pression pour faire respecter la trêve à al-Nousra. Soit c’est faux et ils disposent bien de moyens au moins indirects (par leurs alliés) pour cela, soit c’est un accord de dupes.
    Seconde remarque la cessation des hostilités n’ayant jamais concerné Alep, le fait de passer d’un accord tacite, qui durant la trêve avait amené aussi le calme à Alep, à un accord officiel (même temporaire) est une vraie victoire pour al-Nousra puisqu’il s’agit d’une première entorse au principe selon lequel il ne peut bénéficier de la CdH.
    Ce fait accompli affaiblit la ligne diplomatique des Russes qui consistait, en s’appuyant sur les textes du CS de l’ONU, à refuser une telle couverture politique à la branche syrienne d’al-Qaïda en espérant contraindre les pays qui soutiennent la rébellion à pousser celle-ci à se distancer d’al-Nousra (avec l’arrière-pensée que la rébellion serait ainsi affaiblie, étant donné la puissance d’al-Nousra et sa présence étendue).
    Comme le note Elijah Magnier dans un de ses tweets, c’est une première défaite diplomatique pour la Russie :
    https://twitter.com/EjmAlrai/status/727927978768912384

    It is obvious that #Russia has lost a round to the #USA who’s Secretary of State showed more intelligence in negotiation over #Syria.

    La réactivation récente de Jaysh al-Fatah (alliance al-Nousra/rébellion dite modérée) illustre parfaitement que les Russes sont encore loin d’avoir réussi à imposer cela : http://seenthis.net/messages/485792

    A la fin de l’article de RFI, citation de Balanche qui déclare que les Russes ont menacé de fournir des missiles sol-air au PKK (le PYD ferait passer la commande ?) si les soutiens de la rébellion (ici est visée la Turquie) en fournissaient à celle-ci (ce qui a probablement déjà eu lieu) :

    On a peur que ça s’envenime. C’est-à-dire que les rebelles pourraient disposer à l’avenir de matériels plus sophistiqués, comme des missiles sol-air qui seraient distribués par les Turcs et les Saoudiens. Et Moscou a déclaré en off que si ce matériel arrivait entre les mains de la rébellion, les Russes pourraient distribuer aussi ce matériel à des groupes comme le PKK… Là on aurait clairement une escalade du conflit. Russes et Américains cherchent à éviter cela.

    #option_Stinger

  • En 2015, avant l’intervention russe, et lors de l’offensive de Jaysh al-Fatah, on ne faisait pas mystère, dans la presse du Golfe, de qui était en train de prendre le contrôle d’Idlib et de sa province :

    Lors de la prise de la ville d’Idlib :
    Syria’s Idlib fully under Al Nusra control
    Idlib capture opens up route to target the Al Assad bastion of Latakia
    http://gulfnews.com/news/mena/syria/syria-s-idlib-fully-under-al-nusra-control-1.1498458
    Gulf News (EAU) 13.04.15

    Lors de la prise de Jisr al-Shoughour :
    Nusra Front, allies overrun key Syrian city
    http://english.alarabiya.net/en/News/middle-east/2015/04/25/Nusra-Front-allies-overrun-key-Syrian-city-.html
    alarabiya.net (AS) 25.04.15

    Lors de la prise de la base militaire d’al-Dhouhour :
    Syria loses last Idlib army base to Nusra Front, other groups
    http://america.aljazeera.com/articles/2015/9/9/syria-loses-last-idlib-army-base-to-nusra-other-groups.html
    al-Jazeera.com (Qatar) 09.09.15

  • A écouter Balanche sur France Cuture.
    A la différence des autres « analystes » qui ne prévoient l’échec des accords de Munich que sur la base (bien réelle) de la volonté russo-iranienne et d’Assad d’exploiter militairement au maximum leur actuelle supériorité sur le terrain, il n’occulte pas le problème que pose la puissance et la dispersion géographique d’al-Nusra au sein de Jaysh al-Fatah, qui ne bénéficie pas de la cessation des hostilités. Il pense par ailleurs une intervention turco-saoudienne DIRECTE peu probable.
    Interview de 2’20 (après Kodmani) à 8’15
    http://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-22h/quel-cessez-le-feu-en-syrie#

  • Un accord formel a été atteint à Munich entre les pays de l’ISSG (International Syrian Support Group) comprenant tous les acteurs extérieurs du conflit syrien : Saoudiens, Turquie, UK, USA, Qatar, France, Russie, Iran… Il appelle à une cessation des hostilités (mais pas un cessez-le-feu) et à organiser l’accès humanitaire à TOUTES les villes assiégées. Cela semble un bon pas an avant dans toute la partie ouest de la Syrie, mais il y a, selon moi, encore loin de la coupe aux lèvres.
    http://www.theguardian.com/world/2016/feb/12/syria-cessation-of-hostilities-full-text-of-the-support-groups-communiq

    Major powers agreed on Friday to implement a cessation of hostilities in Syria and to expand delivery of humanitarian aid to people caught up in the conflict.

    Cette aide humanitaire commencera par des largages aériens :

    In order to accelerate the urgent delivery of humanitarian aid, sustained delivery of assistance shall begin this week by air to Deir Ez Zour and simultaneously to Fouah, Kafrayah, the besieged areas of rural Damascus, Madaya, Mouadhimiyeh, and Kafr Batna by land, and continue as long as humanitarian needs persist.

    Mais pourquoi aériens ? C’est-à-dire qu’au sol, certains de l’ « opposition » ne sont pas trop d’accord : http://seenthis.net/messages/459779

    Deuxième problème pour le camp Saoud/Turquie, cet accord de cessation d’hostilités ne vaut évidemment ni pour Da’ich, ni pour al-Nusra, qui restent donc des cibles légitimes pour les bombardiers russes. Le texte de l’accord rappelle d’ailleurs les résolutions du CS de l’ONU ( qui excluaient déjà ces deux groupes et « toutes les entités associées à al-Qaïda » du bénéfice de tout accord de cessez-le-feu) :

    The ISSG members agreed that a nationwide cessation of hostilities must be urgently implemented, and should apply to any party currently engaged in military or paramilitary hostilities against any other parties other than Daesh, Jabhat al-Nusra, or other groups designated as terrorist organisations by the United Nations Security Council. […]The ISSG decided that all members will undertake their best efforts, in good faith, to sustain the cessation of hostilities and delivery of humanitarian assistance, and take measures to stop any activities prohibited by United Nations Security Council Resolutions 2170, 2178, 2199, 2249, 2253, and 2254.

    Du coup c’est toute la coalition de l’opposition dans la province d’Idlib et au nord d’Alep, qui comprend al-Nusra, qui est menacée d’implosion, voire de guerre interne, selon une logique qui a déjà été évoque ici : http://seenthis.net/messages/455545 ( et auparavant ici : http://seenthis.net/messages/433418)
    D’ailleurs on commence à avoir une idée du risque qui pèse sur l’autre composante principale, avec al-Nusra, de cette coalition, le groupe salafiste Ahrar al-Cham. Un des activistes de ce groupe, interrogé par le Guardian, déclare que son groupe rejettera cet accord si al-Nusra n’est pas reconnu et ne peut pas s’assoir à la table des négociations. L’idée qu’une telle revendication, asseoir al-Qaïda à la table d’un accord international soutenu à l’ONU, puisse avoir une quelconque chance d’être acceptée, donne une idée du degré de désespoir au sein d’Ahrar al-Cham :
    http://www.theguardian.com/world/live/2016/feb/12/syria-ceasefire-agreed-munich-peace-talks-live?page=with:block-56bda758

    An activist close to the Ahrar al-Sham rebel group said the agreement amounted to giving Russia time and international cover to continue bombing the opposition fighting the Assad regime, writes Kareem Shaheen.
    He warned that Ahrar al-Sham could reject the deal it allows Russia to continue bombing the al-Nusra Front, which operates throughout much of rebel-held territory in the country.
    “I don’t expect Ahrar to accept it, because the agreement is completely illogical,” he said. “It is a waste of time because as long as Nusra is excluded from the agreement it means fighting will not stop in any area.” […]
    “Not only in Aleppo but in most liberated areas there is Nusra, and consequently this agreement cannot be implemented,” the activist said.

    Voila pour la partie ouest (la plus importante) et sud. Mais cet accord, s’il est respecté et suivi d’actes, laisse pendante la question des territoires de l’est tenus par Da’ich. Très probablement le camp Saoud/Qatar va tout essayer pour se maintenir dans l’équation syrienne et donc tenter la solution B qui consiste à prendre le contrôle de tout ou partie de l’est – et cette fois-ci les USA pourraient bien se laisser tenter : http://seenthis.net/messages/457855#message458439 .
    La course vers Raqqa, comme il y a 70 ans celle vers Berlin, pourrait bien avoir d’ores et déjà commencée : http://www.moonofalabama.org/2016/02/the-race-to-raqqa-is-on-to-keep-its-unity-syria-must-win-.html

    • Avec toutefois un bémol : pour atteindre Rakka, pour les Saoudiens il faut passer par l’Irak, la Jordanie ou la Turquie avant d’arriver « sur site » comme ils disent à la radio. Aucun de ces chemins ne me paraît très facile à emprunter. Quant à la voie des airs, il faudra l’accord des Russes...

    • @gonzo : Bien vu ! Je n’y avais simplement pas réfléchi en lisant MoA ! :(

      Hypothèse : puisqu’il faut du temps, il va falloir flinguer cet accord de Munich pour empêcher que l’armée syrienne puisse mobiliser des forces à l’est - quitte à perdre un peu plus de terrain au nord-ouest, et éviter la guerre interne au sein de Jaysh al-Fatah. Campagne de relations publiques contre les frappes russes à prévoir pour masquer les responsables de l’enterrement et accuser Moscou.

      En tout cas, Ryad Hijab laisse clairement entendre que l’opposition de sa majesté Salman pourrait refuser l’accord :
      http://www.bloomberg.com/news/articles/2016-02-12/syria-cease-fire-seen-in-a-week-as-talks-lead-to-aid-agreement

      Initial reactions to the deal from within Syria were skeptical. Opposition leader Riad Hijab said on his Twitter account that implementing the cease fire depends on the agreement of the rebels on the southern and northern fronts.

    • L’occasion de rappeler que la résolution 2249 du CS de l’ONU du 20 novembre 2015 stipule à ses points 5 et 6 :
      http://www.un.org/press/fr/2015/cs12132.doc.htm

      5. Demande aux États Membres qui ont la capacité de le faire de prendre toutes les mesures nécessaires , conformément au droit international, en particulier à la Charte des Nations Unies, au droit international des droits de l’homme, au droit international des réfugiés et au droit international humanitaire, sur le territoire se trouvant sous le contrôle de l’EIIL, également connu sous le nom de Daech, en Syrie et en Irak, de redoubler d’efforts et de coordonner leur action en vue de prévenir et de mettre un terme aux actes de terrorisme commis en particulier par l’EIIL, également connu sous le nom de Daech, ainsi que par le Front el-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida, ainsi que les autres groupes terroristes qui ont été désignés comme tels par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies et qui pourraient par la suite être considérés comme tels par le Groupe international d’appui pour la Syrie avec l’approbation du Conseil de sécurité, conformément à la Déclaration du Groupe en date du 14 novembre, et d’éliminer le sanctuaire qu’ils ont créé sur une grande partie des territoires de l’Iraq et de la Syrie ;

      6. Engage les États Membres à intensifier leurs efforts pour endiguer le flux de combattants terroristes étrangers qui se rendent en Iraq et en Syrie et empêcher et éliminer le financement du terrorisme , et prie instamment tous les États Membres de continuer d’appliquer intégralement les résolutions susmentionnées ;

      Les résolutions 2254 et 2258 qui appellent à un cessez-le-feu et à des négociations rappellent toutes deux cette résolution 2249, et ne concernent donc ni Da’ich, ni al-Nousra, ni les « tous les autres individus, groupes ou entités associés à al-Qaïda », qui sont donc des cibles militaires légitimes.
      On en revient à cette question de la liste noire ou blanche disparue des radars.
      En attendant doit-on considérer les groupes de la coalition de Jaysh al-Fatah, qui comprend le soldat Nousra, comme des « groupes [..] associés à al-Qaïda » ? Sans cette liste, Moscou peut prétendre que oui. Mais on sait bien tous les dangers d’une telle liste pour les intérêts de certains...

    • @souriyam je crois que c’est aussi la base de l’article du jour d’Elijah J. Magnier : روسيا تحضّر الجيش السوري للتصدي لأي تقدّم تركي
      http://www.alraimedia.com/ar/article/special-reports/2016/02/06/655146/nr/syria

      «نطلب من النظام (السوري) وحلفائه وقف القصف ضد المناطق التي تسيطر عليها المعارضة ولا سيما في حلب ورفع الحصار عن المدنيين وفق ما تنص عليه قرارات الامم المتحدة 2165، 2254 و 2258...». هكذا قال وزير الخارجية الأميركي جون كيري إثر فشل مؤتمر جنيف الذي انسحب منه وفد المعارضة السورية المنبثق عن مؤتمر الرياض، بعد فك الحصار عن مدينتي نبل والزهراء الذي استمرّ أكثر من ثلاثة أعوام ونصف عام في ريف حلب الشمالي.

      وقال مصدر من الدائرة اللصيقة بالرئيس بشار الاسد لـ «الراي» ان «أميركا مرتبكة بسبب التطورات السريعة التي تحدث على أرض المعركة في سورية وبسبب التدخل الروسي الحاسم الذي قلب الامور رأساً على عقب فأصبحت تناقض نفسها، فالقرار 2254 ينص بصراحة في بنده الثامن على تأكيد القرار 2249 (2015) ان على جميع الاعضاء محاربة تنظيم الدولة الاسلامية (داعش) وجبهة النصرة وجميع حلفائهما وان اي قرار بوقف اطلاق النار لا يشمل هذه التنظيمات او الجماعات المرتبطة بها وانه يتعيّن ازالتها من الوجود».

  • Saudi Arabia offers to send ground troops to Syria to fight Isis | World news | The Guardian

    http://www.theguardian.com/world/2016/feb/04/saudi-arabia-ground-troops-syria-fight-isis

    Saudi sources told the Guardian that thousands of special forces could be deployed, probably in coordination with Turkey

    Syrian government troops fire at Isis group positions near Mahin, Syria. Photograph: AP

    Ian Black Middle East editor
    @ian_black

    Thursday 4 February 2016 20.06 GMT
    Last modified on Thursday 4 February 2016 20.07 GMT

    Saudi Arabia has offered for the first time to send ground troops to Syria to fight Islamic State, its defence ministry said on Thursday.

    “The kingdom is ready to participate in any ground operations that the coalition (against Isis) may agree to carry out in Syria,” said military spokesman Brigadier General Ahmed al-Asiri during an interview with al-Arabiya TV news.

    #arabie_saoudite #syrie #ei #is #isis

    • Très sceptique sur les capacités militaires des forces, même spéciales, des Saoudiens. J’imagine que l’apport serait surtout financier et en termes de couverture politique.
      Reste que cela relance l’idée qu’il y a dans les cartons d’Erdogan un plan d’invasion du nord de la Syrie.
      Sur le site de l’influent think tank WINEP on trouvait déjà évoqué, il y a peu, un plan américano-turc pour contenir le PYD en prenant du territoire à Da’ich :
      http://seenthis.net/messages/450143
      Patrick Cockburn, il y a quelques jours, se demandait dans The Independent si Erdogan, étant ce qu’il est, ne serait pas tenté par un tel coup de force - avec ou sans l’aval de Washington -, malgré son caractère désormais extrêmement risqué, voire apocalyptique :
      http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/syrian-civil-war-could-turkey-be-gambling-on-an-invasion-a6844171.htm

      Il se pourrait bien que ce soit ce genre d’espérances, parmi d’autres et fondées ou pas, qui a fait que l’opposition de Ryadh s’est fait un devoir de multiplier les conditions à Genève, malgré la dynamique négative sur le terrain militaire pour eux. Question posée ici par : @nidal : http://seenthis.net/messages/455545#message455976

    • Et le point de vue de Pepe Escobar sur la question :
      http://seenthis.net/messages/457872

      Comme si les choses n’étaient pas assez confuses, tous ces think tanks formant le royaume du baratin aux USA nous rabâchent maintenant qu’il y a une entente entre Washington et Ankara pour ce qui sera, à toutes fins utiles, une invasion turque au nord de la Syrie, sous le prétexte d’écraser Daesh au nord d’Alep.
      C’est de la foutaise. Le jeu d’Ankara comprend trois volets : soutenir ses mandataires turkmènes lourdement meurtris ; assurer le maintien des activités dans le corridor menant à Alep (où passe la cruciale autoroute djihadiste liant la Turquie à la Syrie) ; et surtout empêcher par tous les moyens les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) de relier Afrin à Kobané et d’unir ainsi les trois cantons des Kurdes syriens à proximité de la frontière turque.
      Tout cela n’a rien à voir avec la lutte contre Daesh. Le plus dingue, c’est que Washington aide actuellement les Kurdes syriens en leur fournissant un appui aérien. Le Pentagone doit ou bien soutenir les Kurdes syriens, ou bien soutenir Erdogan dans son invasion du nord de la Syrie. La schizophrénie n’a pas sa place ici.
      Un Erdogan au désespoir pourrait être assez cinglé pour affronter l’Armée de l’air russe pendant sa supposée invasion. Poutine a dit officiellement que la réponse à toute provocation sera immédiate et fatale. Pour couronner le tout, les Russes et les Américains coordonnent maintenant leurs sorties aériennes au nord de la Syrie.

    •  :)

      Balanche, lui, semble se faire l’avocat d’un envoi de troupes occidentales au sol, pour éviter une escalade turco-russe :
      http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/the-struggle-for-azaz-corridor-could-spur-a-turkish-interventio

      TURKISH INTERVENTION?

      The Azaz corridor holds major strategic importance for Turkey, but will that be enough to spur direct intervention? If the corridor falls and Ankara fails to respond, rebel groups would interpret it as a sign of weakness, while the international community would view it as capitulation to Russia. With the Azaz border link closed, Russia could then help the Syrian army and its Shiite allies lock other Turkish crossing points between Bab al-Hawa and Jisr al-Shughour, effectively putting the entire province of Idlib in a net. This would mean a near total defeat for Ankara’s Syria policy. And if the corridor’s fall were accompanied by ethnic cleansing of the area’s large Turkmen population (who are ethnic kinsmen of the Turks) or IS violence against civilians, Turkish public opinion would be further riled up.

      Does Putin underestimate Turkey’s offensive capacity? Thus far, the Turkish army has refused to send ground troops into Syria; the National Intelligence Organization (MIT) is the agency in charge of Turkish operations there. Russia’s presence will remain the main deterrent to large-scale Turkish intervention, though Ankara would likely escalate indirectly to prevent the corridor’s fall. Then again, Putin may well want Turkey to intervene directly against the PYD, since that could force the Kurdish group to join the Russian alliance and deprive the West of its only efficient actor on the ground against IS. To avoid this disaster, Western countries should send ground troops to occupy strategic locations such as Azaz and fight IS directly.
      The Azaz corridor may or may not fall, but the bigger U.S.-Turkish goal remains securing the Marea-Jarabulus corridor from IS, and any future Azaz-Jarabulus corridor if Azaz falls to the group. In other words, if the corridor is overrun, broader US-Turkish policy in this area (backed by allies from Incirlik) would essentially become two steps forward, one step back.

    • @gonzo : ça renvoie à ta remarque sur le nouveau « statut » des chercheurs devenus militants/lobbyistes, qui se mettent à dire où et quand, à leur avis, il serait bon que nous bombardions. Si ces « experts » se mettaient à expliquer qui et quoi bombarder en Israël, où quelle partie de la Galilée il faudrait occuper stratégiquement, je ne doute pas qu’on se hâterait de les rappeler à un peu plus de sérieux dans leur travail académique.

      Mais p’têt que c’est ce qui est demandé quand on rejoint le WINEP (des conseils de trucs à occuper dans le monde arabe).

    • J’espère ne pas couper cette discussion qui s’amorce - ou plutôt reprend -, et m’intéresse, sur la question du statut des chercheurs.
      En incise donc, les déclarations officielles russes sur les suspicions de préparatifs d’invasion, les dénégations turques, et les Américains qui bottent en touche :
      http://edition.cnn.com/2016/02/04/middleeast/turkey-russia-syria-invasion-denial

      Turkish forces aren’t preparing to invade northern Syria — and Russia’s allegation that they are is an attempt to hide Moscow’s crimes in the war-ravaged nation, a source within the Turkish Prime Minister’s office told CNN on Thursday.
      “Simply they are diverting attention from their attacks on civilians as a country already invading Syria,” the source told CNN. “Turkey has all the rights to take any measures to protect its own security.”
      The comments come after Maj. Gen. Igor Konashenkov was quoted by Russian state news agency Ria Novosti as saying Moscow believes some activity on the Turkish side of the border with Syria indicates preparations for an incursion.
      “The signs of hidden preparation of Turkish armed forces for activities in the territory of Syria we notice more and more,” the general said.
      When asked about the Russian claim at a media briefing, John Kirby, a spokesman for the U.S. State Department, said: “I’m not certainly not going to get up here and speak to what the Turks are doing on that border on any given day.”

    • @Souriyâm @Nidal, c’est vrai qu’on marche encore et toujours sur des oeufs dès qu’il s’agit de Syrie mais l’intensité du barrage médiatique, quoi qu’on pense de ce p. de régime, est tout de même extraordinaire... Cela étant, je me demande vraiment comment les Turcs peuvent envisager d’entrer en Syrie, avec un soutien aussi flanchant que celui des USA et de l’Otan, et avec les Russes qui seraient assez heureux de venger l’affront subi avec leur pilote (et peut-être plus si ce qui se raconte sur l’avion dans le Sinaï est vrai). En même temps, mais je ne suis pas expert militaire, je ne sais pas si leur dispositif est adapté à ce type d’affrontement. En tout cas, si je ne vais pas pleurer pour les milliers de mercenaires, je voudrais bien espérer que le pire ne va pas arriver aux derniers « fidèles de la révolution syrienne » dont les Turcs vont faire tout ce qui est en leur pouvoir pour jouer les dernières cartes qui leur restent, à savoir fermer leur frontière pour justifier une éventuelle action internationale. Le montage médiatique a déjà commencé, il suffit de lire l’Orient-Le Jour pour le comprendre... Et l’expérience de Kobané, et de toute la guerre, aurait dû montrer aux plus lucides des « purs » qu’il ne fallait pas attendre beaucoup de soutiens désintéressés... Et comme on sait que le régime syrien va se faire un plaisir de donner la plus cruelle leçon possible aux « mutins », dans la bonne tradition familiale, l’avenir s’annonce très rose... Une diplomatie intelligente consisterait à soutenir à fond l’opposition interne, Manaa et Cie, seuls capables de minorer, au moins un tout petit peu, la répression qui s’annonce, ce que les Russes (et peut-être aussi les Iraniens) ne verraient pas forcément d’un mauvais oeil. Mais pour cela, il faudrait être intelligent, et surtout pragmatique. Je ne suis pas certain que Fabius soit l’homme de ce défi-là sur la Syrie en tout cas.

    • @gonzo : Pas grand chose à redire à ça, y compris sur le "p. de régime". Grosso modo sur la même ligne. Quelques remarques complémentaires comme hypothèses de prospective.

      Pour les Turcs et les Saoudiens il y a deux problèmes :
      1° - la tentative du régime et de ses alliés de fermer entièrement la frontière turco-syrienne au nord-ouest. Maintenant que la poche d’Azaz, avec son poste de Bab al-Salam, est isolée du reste des provinces d’Alep et de la province d’Idlib, il ne reste plus que le poste-frontière de Bab al-Hawa. Il existe certainement d’autres lieux de passage mais de moins grande ampleur et beaucoup plus incommode. Si cette tentative venait à réussir, non seulement Alep-est est menacée d‘encerclement mais aussi tous les gains obtenus en 2015 (Idlib, Jisr al-Shoughour, ...) par la coalition Jaysh al-Fatah qu’ils ont montée avec le Qatar. La conséquence serait une disparition complète de ces deux pays de l’équation syrienne.

      2° - La question de ce que deviendra le territoire syrien tenu par Da’ich à l’est. Sans que personne ne le remarque formellement, tout le monde parle et agit en ce moment comme s’ils considéraient qu’à terme il est destiné à disparaître de la région, au moins comme proto-Etat. On sait que les Turcs ne veulent pas voir le YPG kurde et leurs alliés au sein des SDF prendre la bande au nord que Da’ich tient et relier l’ensemble de leurs zones de contrôle. L’autre peur est qu’une fois la frontière nord-ouest sécurisée, l’effort du régime et de ses alliés ne se porte beaucoup plus massivement sur Da’ich en choisissant de laisser subsister des poches « rebelles » au nord-ouest - des chaudrons comme on dit à l’est de l’Ukraine - que l’armée syrienne réduirait au fil du temps, par exemple Idlib voire l’est d’Alep (Jisr al-Shoughour me paraissant, par sa position, plus stratégique qu’Idlib). Impossible alors de s’opposer à ces combats et à terme à la victoire complète du régime.
      Comment justifierait-on devant les opinions publiques occidentales les condamnations du régime et des opérations russes contre Da’ich au profit de « rebelles » qui ne le combattent pas, pour éviter cette victoire totale ? Comment éviter que le YPG ne passe entièrement dans l’orbite russe et ne devienne clairement l’allié du régime (Saleh Muslim avait déjà fait une proposition en ce sens évoquée ici) ? Comment à ce moment là la Turquie pourrait-elle envisager de s’ingérer directement pour écarter les options arrangées entre le régime et le YPG, qu’elles refusent à sa frontière, à part en se remettant directement à soutenir à Da’ich, alors que le contexte international s’y prête de moins en moins ?

      Conclusion :
      A - soit la Turquie tente un coup militaire insensé maintenant au nord-ouest - soit dans la poche d’Azaz, soit côté province d’Idlib - pour écarter le risque immédiat n°1 en profitant et organisant la mise en scène médiatique des souffrances des civils pour prétendre y créer une zone refuge (vieille idée du safe haven façon Benghazi). Il n’est pas sûr que les USA suivent et les machins militaires russes Sukhoï 35, S-400, … ont l’air d’être assez dissuasifs pour qui que ce soit de sensé…
      Un coup moins risqué serait peut-être l’envoi de missiles anti-aériens portatifs (façon afghane avec les Stinger) dans le cadre d’une nouvelle intensification de l’aide à Jaysh al-Fatah avec les Saoudiens.
      B – soit la Turquie abandonne l’idée de s’opposer autrement que par la parole au risque n°1 et s’organise avec les Saoudiens et leur « coalition islamique », en essayant d’y entraîner les USA, pour mettre des « boots on the ground » au nord-est, chez Da’ich, afin de rester dans l’équation syrienne et écarter au moins le risque n°2. C’est aussi très risqué mais les Russes auront plus de mal à s’y opposer.
      C - Soit ils reconnaissent leur défaite et soutiennent un vrai processus de négociations. Mais je n’y crois pas trop.

  • Qassem Soleimani supposément à Alep :


    tandis que s’y mène une offensive de l’armée syrienne, au nord-ouest, dont l’objectif semble être de connecter les zones gouvernementales d’Alep aux enclaves de Nubbol et Zahra, et incidemment couper en deux la zone tenue par Jaysh al-Fatah :

    Quant à Mohammed Alloush, nouveau chef de Jaysh al-Islam depuis que son frère a été tué - enfin, n°2 après Mohammed ben Salman -, lui, il est bien arrivé à Genève. Ouf ! On va enfin pouvoir parler démocratie laïque avec un expert...

  • Des combats ont eu lieu dans la mohafaza d’Idlib entre al-Nusra et Ahrar al-Cham. Ils sont survenus après une tentative d’unification ratée entre les deux organisations, alliées au sein de Jaysh al-Fatah. Pour l’instant un cessez-le-feu a été obtenu mais les tensions restent vives, selon Reuters.
    http://www.reuters.com/article/us-mideast-crisis-syria-nusra-insight-idUSKCN0V729B

    The leader of al Qaeda’s Syrian wing tried unsuccessfully at a recent meeting to convince rival Islamist factions to merge into one unit, several insurgency sources have told Reuters.[...]
    Nusra and Ahrar al-Sham are the most powerful groups in northern Syria: when they briefly teamed up with other Islamists last year in an alliance called the Fatah Army, the rebels scored one of their biggest victories by seizing the city of Idlib.[...]
    A few days later, members of the two groups clashed in the towns of Salqin and Harem in Idlib province, near the border with Turkey. Several fighters were killed on both sides, but other insurgent groups brokered a quick ceasefire.
    Jihadi sources, including some from Ahrar al-Sham, say it is only a matter of time before another battle between the two erupts. They say the rift between them is getting deeper, although mediation continues. One restraining factor has been an imminent assault by the Syrian army and its allied forces in northwestern Syria.

    On comprend qu’al-Nusra veut se fondre avec d’autres organisations salafistes comme Ahrar al-Cham, considérées comme plus respectables et donc que leurs parrains respectifs (Turquie/Qatar) peuvent encore soutenir à ciel ouvert, dans le contexte des discussions de Genève où il faut bien définir qui peut s’assoir à la table. Et donc qui, à terme, sera universellement considéré comme « terroriste ».
    Mais puisqu’on ne peut pas ripoliner l’image d’al-Nusra, malgré les efforts louables d’al-Jazeera, et encore moins effacer cette branche syrienne d’al-Qaïda de la #liste_noire à l’ONU, quand bien même celle que devait établir la Jordanie a disparu des radars, il lui faut donc au plus vite se fondre pour mieux survivre. Car Al-Nusra craint sinon, et non sans raison, de se retrouver isolé et de devenir le pion qu’on sacrifie.
    C’est ce qu’on devine en filigrane dans la dépêche Reuters :

    Some rebels believed a merger would create a stronger rival to Islamic State and might attract much-needed military support and recognition from regional and international powers.
    But the leaders left without an agreement, and the sources said the atmosphere was tense, with Nusra blaming Ahrar al-Sham for the failure.[...]
    Distrust between Nusra and Ahrar is mutual. Nusra accuses its Islamist rival of being a front for Turkey, addressing not the “interests of Muslims” but the agenda of Ankara in order to be part of a future political deal to rule Syria.

    On voit donc que les pourparlers de Genève - qui ne sauraient être plus qu’une amorce d’ébauche de discussions -, et l’épineuse question de qui reçoit une invitation, ont cependant d’ores et déjà fonctionné comme une liste_blanche implicite, menaçant l’unité de la coalition Jaysh al-Fatah.
    Car Ahrar al-Cham a particpé au « Haut Comité pour les Négociations » et est donc encore potentiellement sur la liste blanche tacite, malgré les protestations russes. Ce, malgré le fait qu’il ait décidé de ne pas se rendre à Genève :
    http://www.nytimes.com/2016/01/30/world/middleeast/syria-talks-geneva-opposition.html?smid=tw-share

    The powerful hard-line Islamist group Ahrar al-Sham attended the talks in Riyadh in December where the High Negotiations Committee was formed, but then walked out, saying the delegation was too close to the Assad government. Russia had publicly opposed allowing the group and another, the Army of Islam, to take part in talks, a position it restated on Friday.

    Mais, al-Nusra, lui, est déjà sur une vieille « liste noire »...
    http://seenthis.net/messages/433418
    Si l’idée de négociations internationales continuent à s’imposer malgré l’échec prévu de Genève, il risque de n’y avoir plus comme choix à al-Nusra que de tenter la politique du fait accompli en confrontant militairement Ahrar al-Sham pour la phagocyter et faire pression sur leurs parrains respectifs, ou à capituler et disparaître en laissant certains de ses militants rejoindre son désormais rival salafiste - et d’autres Da’ich. Quant à Ahrar al-Cham sa position devient de plus en plus difficile, soit il doit renverser la table et risquer de déplaire à ses parrains, ou bien accepter l’affrontement direct avec al-Nusra, au risque de voir une partie de sa base rejoindre celui-ci et d’en sortir très affaibli.
    En tout cas, au plus grand bénéfice de l’armée syrienne qui, lentement, progresse, ça pourrait bien chauffer dans la province d’Idlib...

    La dépêche Reuters, reprend de manière complaisante le discours d’Ahrar al-Cham sur les différences fondamentales en matière de tactique, de stratégie et d’utilisation de combattants étrangers, qui les sépare d’al-Nusra pour expliquer ces tensions. Mais le journaliste ne se demande pas une seconde pourquoi alors, il y a un an, quand cette alliance se scellait début 2015 sous l’impulsion de la Turquie, du Qatar et des Saoudiens, ces différences si fondamentales ne posaient pas problème.
    En conclusion les paroles d’un commandant d’Ahrar al-Cham al-islamiya :

    Asked how long the groups could avoid hostilities, an Ahrar al-Sham military commander said: “We can avoid fighting with Nusra for now. For how long? That is a difficult question. Only God knows.”

    #Ahrar al-Cham #JAN #al-Nusra #Syrie

    • Sur cette négociation ratée entre al-Nusra et Ahrar al-Cham et le noeud de son affiliation à al-Qaïda (question désormais fondamentale surtout pour leurs parrains), on peut lire en anglais :
      http://www.longwarjournal.org/archives/2016/01/al-nusrah-front-chief-proposed-rebel-unity-plan.php

      Ahrar al-Cham à Genève ?
      http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/International/2016/01/29/002-onu-pourparlers-paix-syrie-geneve-opposition-regime.shtml

      La Russie conteste la légitimité du HCN, en raison de la présence d’Ahrar Al-Sham et de Jaish Al-Islam, qu’elle considère comme des groupes « terroristes ». Elle ne veut notamment rien savoir du représentant de Jaish al-Islam, qui doit être le négociateur en chef du HCN.
      Le ministère russe des Affaires étrangères a réitéré cette position vendredi, selon l’agence russe RIA. Le groupe Ahrar Al-Sham est membre du HCN, mais a néanmoins décidé de ne pas prendre part aux pourparlers de Genève, de crainte que ses combattants ne contestent cette décision et se joignent au Front Al-Nosra, opposé à ces négociations.

    • Tout l’attirail des « conditions » ne servirait-il pas, justement, à nous éloigner de cette question des « listes noires/listes blanches » ? Cet article du NY Times vient fort à propos nous indiquer ce qui serait désormais « crucial » :

      Besieged Syria Towns Emerge as Crucial Sticking Point in Talks
      http://www.nytimes.com/2016/01/30/world/middleeast/syria-peace-talks-begin-with-only-one-side-at-the-table.html?smid=tw-share&

      Representatives of the opposition had refused to come until the besieged towns are given a reprieve and bombings of civilians are halted. But by late Friday evening, the members of the High Negotiations Committee, a Saudi-backed umbrella group of opposition parties, felt compelled to fly to Geneva, less to talk about how to end the war than to make that case.

    • @nidal : de votre avis.
      Stratégie dilatoire risquée car sur le terrain les choses n’évoluent plus du tout en leur faveur, et que le « régime » n’a visiblement pas non plus intérêt à ce que l’agenda des négociations ne devienne impératif.

    • @souriyam : d’accord si on prend en compte une approche un tant soit peu rationnelle de la situation.

      Mais on a clairement à faire à des gens qui, depuis 5 ans, se sont trompés sur tout : ils ont été choqués quand le régime ne s’est pas effondré en trois mois, ont été scandalisés quand les alliés du régime sont venus leur voler leur victoire, ont cru à une intervention de l’OTAN, ont pensé qu’ils pourraient eux-même décréter une intervention américaine, n’ont pas vu venir l’intervention massive russe…, et je crains qu’ils ne soient encore dans une lecture de ce genre (parce que ce sont des choses qu’on voit passer) :
      1. les Russes vont « s’enliser » et la Syrie sera « leur Vietnam » ; les Iraniens vont lâcher et négocier des trucs ; le Hezbollah va perdre le soutien des Libanais chiites et va devoir laisser tomber, etc.
      2. les bas prix du pétrole vont accentuer les difficultés russes et iraniennes ;
      3. dans la même logique : il est indispensable de ne pas lever les sanctions contre la Russie et contre l’Iran ; multiplication des provocations ;
      4. "on" y croit : avec un bon « surge » financé par l’Arabie séoudite, la situation pourra se retourner ;
      5. en janvier 2017, il y aura un nouveau Président aux États-Unis. Si "on" tient jusque là, tout pourra changer.

      En revanche, il faut continuer absolument à masquer l’aspect extrémiste de « nos » combattants, et continuer à prétendre que le gros de « nos » troupes, ce sont les 70.000 modérés (ah oui, dire : « mainstream ») de Lister. Si une liste noire ou une liste blanche est réellement validée par le Conseil de sécurité, tout ces calculs s’effondrent.

    • @nidal : C’est très juste.
      En tout cas al-Nusra se sait condamné à terme par ses parrains dès lors qu’ils envisagent autre chose qu’une pure victoire militaire. Peut-être en rêvent-ils encore ? C’est ce que vous suggérez. Et je me base sur l’idée que la réalité les rattrape, ou du moins certains d’entre eux.
      Mais vous avez raison, je n’en suis pas si sûr et je suis incapable d’évaluer jusqu’où leurs erreurs peuvent les pousser à contrevenir à leurs intérêts, et leurs délires les pousser à persévérer dans la logique de confrontation qui mène à la destruction de la Syrie, malgré tout ce qui risque d’en sortir de funeste, aussi pour eux. :(

  • En Turquie, 2 journalistes poursuivis pour des révélations sur des livraisons d’armes aux rebelles syriens
    http://www.lemonde.fr/international/article/2015/11/27/turquie-deux-journalistes-poursuivis-pour-leurs-revelations-sur-des-livraiso

    Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, ont été mis en examen et écroués à la prison Silivri d’Istanbul, jeudi 26 novembre, pour avoir diffusé une vidéo, des photographies et des articles montrant des livraisons d’armes convoyées par le gouvernement aux rebelles syriens.

    Tout a commencé le 29 mai 2015 lorsque Cumhuriyet, un journal très respecté de l’opposition laïque, a publié des documents fort embarrassants pour le gouvernement. A deux reprises, le 1er et le 19 janvier 2014, la gendarmerie turque avait intercepté, non loin de la frontière syrienne, des camions chargés d’armes destinées à des groupes rebelles syriens. Les convois étaient escortés à chaque fois par des représentants des services de renseignement (MIT).

    Gendarmes et agents du MIT faillirent en venir aux mains dès lors qu’il fut question d’inspecter le contenu des camions. Après bien des péripéties, dix-neuf gendarmes se retrouvèrent inculpés pour « espionnage » et cinq procureurs trop zélés furent arrêtés. Accusés d’avoir révélé des « secrets d’Etat » et d’avoir terni l’image du gouvernement en faisant croire à sa complicité avec les terroristes, tous encourent de dix à vingt ans de prison.

    Quelques mois plus tard, Cumhuriyet se résolut à tout révéler au grand jour. Les photos et les vidéos amateurs prises par des témoins sur place au moment de la fouille des camions apparurent sur son site et dans les pages du journal. Selon l’enquête publiée alors, un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades se trouvaient dans le convoi. De fabrication russe, ces armes provenaient de pays de l’ancien bloc soviétique, assurait le journal. Le gouvernement, qui affirmait à l’envi que les camions convoyaient de l’aide humanitaire, dut reconnaître qu’il n’en était rien.

    • Peut-être faut-il également prendre en compte ce qu’exprime plutôt bien ce commentaire :

      If Turkey does not support Syria’s fight for freedom then it will need to endlessly host 3 million Syrian refugees that fled the dictator and ISIS. If they do support the fight then they will get attacked by the Iranian Russian block. So they decided to do it secretly and they got stabbed in the back by one of their own. Turkey should take the long term view and continue to stand firm with the Syrians despite all the attacks from the media and foreign powers.

      en dessous de cet article :

      http://www.middleeasteye.net/columns/weapons-syria-journalists-prison-story-behind-turkey-s-great-espionag

    • @stephane_m : Ce serait donc pour des raisons humanitaires que la Turquie armerait des organisations jihadistes et/ou salafistes dont certaines prônent ouvertement l’élimination physique de tout ou partie des minorités religieuses syriennes ? Vous êtes sérieux ?
      Que se passerrait-il à votre avis si la sympathique coalition de Jaysh al-Fateh (al-Nusra + Front islamique salafiste) prenait une ville comme Lattaquieh - dont la population a doublé au cours de la guerre civile dûs à l’afflux de déplacés (7 millions en Syrie) ? Ou même Damas ? Si vous voulez en avoir une petite idée demandez-vous ce qu’il s’est passé lorsque les mêmes avec l’appui turc ont pris le village arménien de Kessab, vous saurez si une telle éventualité accroîtrait ou diminuerait le flot des réfugiés vers l’extérieur !

    • Je ne prends pas Erdogan pour un humaniste.

      Mais je cherche à comprendre ce qui se passe en essayant de me défendre d’avoir des biais trop pro-occidentaux ou trop pro-russes (les deux grandes sources de propagande qui nous abreuvent).

      Je n’aime pas trop qu’on s’offusque que la Turquie défende ses intérêts géopolitiques en Syrie alors que c’est logique qu’elle le fasse et que c’est ce que font absolument tous les acteurs en Syrie.

      La population turque comprend un très grand nombre d’ethnies variées (les kurdes sont la minorité ethnique la plus importante), conserver la stabilité de cet ensemble est essentiel, et je comprends qu’un gouvernement turc ne reste pas inerte face à ce qui se passe chez son très très proche voisin. Le refus des différents gouvernements turcs de l’idée même d’un état kurde dans leur voisinage immédiat, me parait, par exemple, compréhensible, alors que la plupart des commentaires occidentaux sont très favorables à un tel état (qui sera probablement pro-occidental et ne déstabilisera pas nos pays ...)

      Je préférais la politique antérieure du gouvernement turc de négociation et de gestes d’apaisement envers les Kurdes turcs. Mais tous les mouvements kurdes ne sont pas non plus des gentils pacifistes, il y a une variété d’orientations politiques parmi eux : des démocrates convaincus et dépourvus de racisme, et d’autres qui ne le sont pas.

      La Turquie subi déjà des conséquences trop importantes de sa proximité avec la Syrie pour rester inerte et, par exemple, l’afflux de réfugiés est considérable :

      http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Refugies-et-migrants/Actualites/Turquie-la-protection-des-refugies-de-Syrie-atteint-ses-limites-13281

      Si vous avez des sources ayant des arguments étayés indiquant quels groupes le gouvernement d’Erdogan soutient en Syrie, cela m’intéresse.

    • Je crois que comme beaucoup de ceux qui ont choisi l’option de la guerre clandestine contre le régime d’Assad, le tandem Erdogan/Davutoglu a fait l’erreur de croire que la chute d’Assad était imminente, et qu’ensuite la prééminence des FM lui assurerait une influence sans partage sur la Syrie. La question des réfugiés (et son instrumentalisation) n’était au départ que secondaire par rapport aux enjeux politiques.
      Calcul dangereux, parce qu’il y avait beaucoup à perdre pour la Turquie quand on sait que la politique d’Assad (je parle de Bachar) était jusqu’en 2011 de contrebalancer l’influence iranienne par une intensification de la coopération économique avec la Turquie (assurant à celle-ci une ouverture au sein du marché en constitution de la GAFTA). Les échanges entre les deux pays (tourisme, investissements, commerce, …) étaient intenses. A cette époque Erdogan appelait Bachar al-Assad son "bon ami" et Davutoglu prônait une politique de "zéro problème avec nos voisins".
      Mais la Turquie, après des réticences initiales, a finalement décidé de se joindre aux opérations militaires de l’OTAN en Libye et donc à la première opération violente de regime-change sous couverture des « révoltes arabes ». Le tournant de sa politique étrangère est exactement là (courant 2011) donc bien avant que le problème des réfugiés syriens ne prenne l’ampleur dramatique qu’il a aujourd’hui. Elle a ensuite continué à suivre cette nouvelle ligne et a choisi de rejoindre la seconde opération de regime-change, en Syrie, organisée par les mêmes : USA, alliance Qatar-F.M., France et GB. Elle a donc préféré rejoindre l’option de la guerre clandestine de ce bloc plutôt que de profiter de sa proximité avec Assad, de l’amélioration de ses rapports avec la Russie et l’Iran (médiation dans le dossier nucléaire), et de ses rapports avec les FM pour essayer par la voie diplomatique et de la médiation de peser en faveur d’une désescalade de la guerre civile naissante. Ce n’est donc pas par humanitarisme que l’équipe Erdogan a fait ce choix risqué (et de mon point de vue désastreux pour la Syrie comme pour la Turquie), mais par opportunisme et intérêt à courte vue. Nul doute que de tous les acteurs extérieurs qui ont joué à ce sale jeu (dont les Syriens payent avant tous les autres les conséquences), la Turquie est celle qui avait le plus à perdre, et c’est probablement celle qui perdra le plus.

      Quant à l’affirmation selon laquelle la Turquie aurait le droit de s’ingérer dans les affaires syriennes pour y défendre ses intérêts - comme tout un chacun en Occident, en somme – elle me paraît inacceptable. L’annexionnisme turc a déjà sévi une première fois en Syrie, quand la France mandataire a cru pouvoir disposer du territoire syrien comme sa propriété en achetant la neutralité turque contre le Sanjak d’Alexandrette syrien en 1938 (à la suite d’un référendum bidonné). De par l’histoire récente, la Turquie, comme les anciennes puissances mandataires (R.U. et France), les Etats-Unis et Israël, ont moins que tout autre pays du monde la légitimité historique pour défendre la population syrienne et ainsi s’autoriser, sous ce prétexte, à y alimenter la guerre civile de l’extérieur en vue d’un changement de régime. Au risque d’une destruction de l’Etat. Evidemment une notion aussi floue et aussi morale que « légitimité historique » est peu opératoire pour l’analyse, mais elle devrait servir de système d’alerte sommaire. Ainsi quand après les deux bombardements français de Damas et la répression de la révolution de 1925, le Seyfo turc, l’épuration ethnique israélienne en slow-motion du Golan ou les coups d’Etats à répétition des Etats-Unis, tout ce petit monde additionné des deux monarchies absolues wahhabites (Saoud-Qatar), prétend maintenant défendre la population syrienne et favoriser la démocratisation en armant, finançant et offrant une couverture politique à des groupes armés qui vont de l’islamisme dit modéré tendance FM au salafisme jihadiste, ça devrait un peu interloquer et inciter au recul !

    • Le principe d’une guerre clandestine est justement qu’elle ne se fait pas publiquement. Il n’existe pas à ma connaissance de liste de groupes soutenus par la Turquie qui aurait fuité des archives de leurs services. Le but de l’enfermement de journalistes, de procureurs ou d’officiers de gendarmerie en Turquie qui ont mis le nez là où il ne le fallait pas, c’est évidemment de maintenir secrets certains aspects peu reluisants de cette guerre et le nom de certains groupes soutenus. Néanmoins certains signes et indices peuvent nous renseigner.

      La Turquie n’a pas fait mystère d’avoir contribué à créer puis soutenu l’ASL dès 2011. Je passe donc sur cette évidence, illustrée par le fait que son premier commandant en chef Ryad al-Asaad résidait en Turquie et que plusieurs des groupes de l’ASL sont notoirement liés aux FM dont le parti d’Erdogan est issu (et dont lui-même a été membre).

      Pour ce qui est du jeu très ambigu vis-à-vis de Da’ich : le lien donné par @rastapopoulos

      Pour ce qui est du groupe salafiste Jaysh al-Islam (faction du Front islamique), son leader Zahran Alloush a pu paraître publiquement à deux reprises à Istanbul cette année : en avril 2015 : http://www.alaraby.co.uk/english/politics/2015/4/21/syrian-rebel-groups-await-formation-of-a-saudi-turkish-alliance
      et en mai 2015 : https://twitter.com/joshua_landis/status/601321202695557120
      Son principal soutien est certainement, malgré tout, l’Arabie saoudite.

      Pour ce qui est de la coalition Jaysh al-Fateh, le fait qu’elle contrôle le poste-frontière syro-turc de Bab al-Hawa qui reste ouvert est une indication claire que cette coalition, comprenant notamment Ahrar al-Sham et al-Nusra, est soutenue par Ankara. Il est d’ailleurs de notoriété publique que quand cette coalition s’est montée début 2015, c’est grâce à une joint-venture Saoud/Qatar/Turquie pour lui apporter un soutien massif qu’elle a pu conquérir Idlib et Jisr al-Shoughour durant la première moitié de l’année 2015 (jusqu’à l’arrivée des Russes et des Iraniens).
      Sur le soutien turc à Jaysh al-Fatah et notamment au groupe salafiste Ahrar al-Sham, on trouve quantité d’articles dans la presse mainstream. Par exemple :
      – une dépêche AP qui parle de confirmation d’officiels turcs sur le rôle d’Ankara et cite l’universitaire Joshua Landis : http://www.huffingtonpost.com/2015/05/07/turkey-saudi-arabia-syria-rebels-pact_n_7232750.html
      – une autre dépêche AP : http://uk.businessinsider.com/ahrar-al-sham-in-syria-and-turkey-2015-10?r=US&IR=T
      – Libération et Hala Kodmani herself : http://www.liberation.fr/planete/2015/07/30/l-armee-de-la-conquete-prete-pour-la-releve_1356480
      – The Independent : http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/syria-crisis-turkey-and-saudi-arabia-shock-western-countries-by-suppo
      – dépêche Reuters : http://www.reuters.com/article/2015/09/22/us-mideast-syria-crisis-ahrar-insight-idUSKCN0RM0EZ20150922#vUU8VwHisjGDevA

      Sur les brigades turkmènes qu’Ankara aimerait voir unifiées sous un même commandement turkmène (et anti-kurde) : http://seenthis.net/messages/387949

      Et probablement le Parti islamique du Turkestan (mouvement panturkiste/jihadiste), dont une brigade composée de turcophones d’Asie centrale a été responsable avec al-Nusra de l’exécution d’une cinquantaine de soldats syriens après la prise de la base aérienne d’al-Duhur : http://www.longwarjournal.org/archives/2015/09/turkistan-islamic-party-releases-photos-from-captured-syrian-regime-

      Et pour l’implantation documentée dès 2011 d’une filière du jihad partant de Libye et allant en Syrie via la Turquie et organisée par Belahj (ancien chef d’al-Qaïda en Libye) et al-Harati, voir + commentaires : http://seenthis.net/messages/381028