person:michel temer

  • Nouvelle remise en liberté de Michel Temer ordonnée par la Cour suprême du Brésil : «  la détention préventive doit rester l’exception ». Pourquoi a-t-on cette impression que le respect intégral des Droits humains est un droit plus souvent mobilisé pour les puissants et les pourris que pour le tout-venant ?…

    Revocan la prisión preventiva dictada contra ex presidente Michel Temer
    http://www.el-nacional.com/noticias/mundo/revocan-prision-preventiva-dictada-contra-presidente-michel-temer_28230

    El Tribunal Superior de Justicia de Brasil revocó este martes la orden de prisión preventiva que fue dictada contra el ex presidente Michel Temer, que se cumple desde la semana pasada, y ordenó su inmediata excarcelación.
    […]
    Temer ya había sido detenido en forma preventiva durante cuatro días en marzo pasado en el marco de otra causa penal, acusado por la Fiscalía de haberse beneficiado de sobornos pagados por diferentes empresas y ser el cabecilla de una organización corrupta que desvió unos 500 millones de dólares de recursos públicos durante 40 años.

    Sin embargo, fue liberado por los mismos motivos esgrimidos este martes por el juez Antonio Saldanha, que abrió el camino para la concesión de un recurso de habeas corpus intentado por la defensa y la orden de excarcelación, que es extensiva a Joao Baptista Lima, detenido en las mismas circunstancias que el ex mandatario.

    La causa por la que Temer volvió a ser detenido se refiere supuestos fraudes en licitaciones para la construcción de una planta nuclear, los cuales habrían ocurrido hace ya más de siete años. Según dijo Saldanha, «el ordenamiento legal tiene la libertad del individuo como principal regla y reserva la prisión preventiva como una decisión extrema» y «excepcional» que sólo puede aplicarse si «existen elementos que indiquen que el acusado volverá a delinquir si continúa en libertad».

    También sostuvo que, al tratarse de asuntos que supuestamente ocurrieron en 2012, "ya no existe el riesgo efectivo de continuidad delictiva o de obstrucción de las investigaciones" ni hay «mención alguna a conductas recientes» en ese sentido por parte de Temer. El ex presidente, añadió el juez, «es un persona conocida y con domicilio fijo» y la prisión preventiva en este caso pasa a ser una «anticipación de pena, contraria a la presunción de inocencia» que ampara a todo ciudadano.

  • Brésil : l’ancien président Michel Temer arrêté dans une enquête anticorruption
    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/03/21/bresil-l-ancien-president-michel-temer-arrete-dans-une-enquete-anticorruptio

    L’ancien président brésilien Michel Temer, 78 ans, a été arrêté, jeudi 21 mars, dans une ramification de l’enquête anticorruption « #Lava_Jato » (« Lavage express ») à Sao Paulo (sud-est), a annoncé à l’Agence France-Presse le parquet de Rio de Janeiro. Il est soupçonné d’être « le chef d’une organisation criminelle » qui négociait des pots-de-vin sur des contrats de construction dans la centrale nucléaire d’Angra 3, a précisé par la suite le parquet. M. Temer a été arrêté dans le cadre d’une opération anticorruption baptisée « Radioactivité » qui enquête sur « des détournements de fonds et des versements illicites » pour « une organisation criminelle dirigée par (lui) ».

  • Brazil makes official intervention in state bordering Venezuela | Reuters
    https://www.reuters.com/article/us-brazil-politics-immigration-idUSKBN1O918M

    Brazilian President Michel Temer has signed a decree making official a federal “intervention” in the state of #Roraima which borders Venezuela, the government’s official newspaper said on Monday.

    Waves of Venezuelan migrants have entered the border area in recent months, seeking refuge from poverty and hunger in the neighboring country. The thousands of refugees are straining public services and the state’s finances.

    The person in charge of the intervention will be Antonio Denarium, the governor-elect of Roraima, who is set to take office on Jan. 1. It will last until Dec. 31, said the decree published in Brazil’s Diario Oficial.

    The intervention means federal resources can be used to deal with public security issues and state legislature can be bypassed.

  • « Lula, le prisonnier politique le plus important au monde » | Textes à l’appui | Là-bas si j’y suis
    https://la-bas.org/la-bas-magazine/textes-a-l-appui/noam-chomsky-j-ai-rencontre-lula-le-prisonnier-politique-le-plus-important-a
    https://la-bas.org/local/cache-gd2/6b/87bab6cd31ba8c8f6bce1feb4324b5.jpg?1540400822

    Fin septembre, accompagné de sa femme, Noam CHOMSKY (89 ans) est venu à la prison de Curitiba, capitale du Paraná, pour rendre visite à LULA, ancien président du Brésil. Alors qu’il était donné largement favori pour les élections, LULA a été condamné à une peine de 12 ans de prison pour corruption. Une peine qu’il conteste tout comme une grande partie des Brésiliens. Pour CHOMSKY, LULA est avant tout un prisonnier politique. Il dit pourquoi dans un article publié sur THE INTERCEPT. Nous vous en proposons une traduction :

    « Ma femme Valeria et moi, nous venons de rendre visite à celui qui est sans doute le prisonnier politique le plus important de notre époque, d’une importance sans équivalent dans la politique internationale contemporaine. Ce prisonnier, c’est Luiz Inácio Lula da Silva – plus connu dans le monde sous le nom de « Lula » – condamné à la prison à vie et à l’isolement, sans accès à la presse et avec des visites limitées à un jour par semaine.

    Le lendemain de notre visite, au nom de la liberté de la presse, un juge a autorisé le plus grand journal du pays, Folha de S. Paulo, à interviewer Lula. Mais un autre juge est aussitôt intervenu pour annuler cette décision, alors que les criminels les plus violents du pays – les chefs de milice et les trafiquants de drogue – sont régulièrement interviewés depuis leurs prisons. Pour le pouvoir brésilien, emprisonner Lula ne suffit pas : ils veulent s’assurer que la population, à la veille des élections, n’entende plus parler de lui. Ils semblent prêts à employer tous les moyens pour atteindre cet objectif.

    Le juge qui a annulé la permission n’innovait pas. Avant lui, il y a eu le procureur qui a condamné Antonio Gramsci pendant le gouvernement fasciste de Mussolini en 1926, et qui déclarait : « nous devons empêcher son cerveau de fonctionner pendant 20 ans. »

    Nous avons été rassurés, mais pas surpris, de constater qu’en dépit des conditions de détention éprouvantes et des erreurs judiciaires scandaleuses, Lula reste un homme très énergique, optimiste quant à l’avenir et plein d’idées pour faire dévier le Brésil de sa trajectoire désastreuse actuelle.

    Il y a toujours des prétextes pour justifier un emprisonnement – parfois valables, parfois pas – mais il est souvent utile d’en déterminer les causes réelles. C’est le cas en l’espèce. L’accusation principale portée contre Lula est basée sur les dépositions d’hommes d’affaires condamnés pour corruption dans le cadre d’un plaider-coupable. On aurait offert à Lula un appartement dans lequel il n’a jamais vécu.

    Le crime présumé est parfaitement minime au regard des standards de corruptions brésiliens – et il y a à dire sur ce sujet, sur lequel je reviendrai. La peine est tellement disproportionnée par rapport au crime supposé qu’il est légitime d’en chercher les vraies raisons. Il n’est pas difficile d’en trouver. Le Brésil fait face à des élections d’une importance cruciale pour son avenir. Lula est de loin le candidat le plus populaire et remporterait facilement une élection équitable, ce qui n’est pas pour plaire à la ploutocratie.

    Bien qu’il ait mené pendant son mandat des politiques conçues pour s’adapter aux préoccupations de la finance nationale et internationale, Lula reste méprisé par les élites, en partie sans doute à cause de ses politiques sociales et des prestations pour les défavorisés – même si d’autres facteurs semblent jouer un rôle : avant tout, la simple haine de classe. Comment un travailleur pauvre, qui n’a pas fait d’études supérieures, et qui ne parle même pas un portugais correct peut-il être autorisé à diriger notre pays ?

    Alors qu’il était au pouvoir, Lula était toléré par les puissances occidentales, malgré quelques réserves. Mais son succès dans la propulsion du Brésil au centre de la scène mondiale n’a pas soulevé l’enthousiasme. Avec son ministre des Affaires étrangères Celso Amorim, ils commençaient à réaliser les prédictions d’il y a un siècle selon lesquelles le Brésil allait devenir « le colosse du Sud ». Ainsi, certaines de leurs initiatives ont été sévèrement condamnées, notamment les mesures qu’ils ont prises en 2010, en coordination avec la Turquie, pour résoudre le conflit au sujet du programme nucléaire iranien, contre la volonté affirmée des États-Unis de diriger l’événement. Plus généralement, le rôle de premier plan joué par le Brésil dans la promotion de puissances non alignées sur les Occidentaux, en Amérique latine et au-delà, n’a pas été bien reçu par ceux qui ont l’habitude de dominer le monde.

    Lula étant interdit de participer à l’élection, il y a un grand risque pour que le favori de la droite, Jair Bolsonaro, soit élu à la présidence et accentue la politique durement réactionnaire du président Michel Temer, qui a remplacé Dilma Rousseff après qu’elle a été destituée pour des motifs ridicules, au cours du précédent épisode du « coup d’État en douceur » en train de se jouer dans le plus important pays d’Amérique Latine.

    Bolsonaro se présente comme un autoritaire dur et brutal et comme un admirateur de la dictature militaire, qui va rétablir « l’ordre ». Une partie de son succès vient de ce qu’il se fait passer pour un homme nouveau qui démantèlera l’establishment politique corrompu, que de nombreux Brésiliens méprisent pour de bonnes raisons. Une situation locale comparable aux réactions vues partout dans le monde contre les dégâts provoqués par l’offensive néolibérale de la vieille génération.

    Bolsonaro affirme qu’il ne connaît rien à l’économie, laissant ce domaine à l’économiste Paulo Guedes, un ultralibéral, produit de l’École de Chicago. Guedes est clair et explicite sur sa solution aux problèmes du Brésil : « tout privatiser », soit l’ensemble de l’infrastructure nationale, afin de rembourser la dette des prédateurs qui saignent à blanc le pays. Littéralement tout privatiser, de façon à être bien certain que le pays périclite complètement et devienne le jouet des institutions financières dominantes et de la classe la plus fortunée. Guedes a travaillé pendant un certain temps au Chili sous la dictature de Pinochet, il est donc peut-être utile de rappeler les résultats de la première expérience de ce néolibéralisme de Chicago.

    L’expérience, initiée après le coup d’État militaire de 1973 qui avait préparé le terrain par la terreur et la torture, s’est déroulée dans des conditions quasi optimales. Il ne pouvait y avoir de dissidence – la Villa Grimaldi et ses équivalents s’en sont bien occupés. L’expérimentation était supervisée par les superstars de l’économie de Chicago. Elle a bénéficié d’un énorme soutien de la part des États-Unis, du monde des affaires et des institutions financières internationales. Et les planificateurs économiques ont eu la sagesse de ne pas interférer dans les affaires de l’entreprise Codelco, la plus grande société minière de cuivre au monde, une entreprise publique hautement efficace, qui a ainsi pu fournir une base solide à l’économie de Pinochet.

    Pendant quelques années, cette expérience fut largement saluée ; puis le silence s’est installé. Malgré les conditions presque parfaites, en 1982, les « Chicago boys » avaient réussi à faire s’effondrer l’économie. L’État a dû en reprendre en charge une grande partie, plus encore que pendant les années Allende. Des plaisantins ont appelé ça « la route de Chicago vers le socialisme ». L’économie, en grande partie remise aux mains des dirigeants antérieurs, a réémergé, non sans séquelles persistantes de la catastrophe dans les systèmes éducatifs, sociaux, et ailleurs.

    Pour en revenir aux préconisations de Bolsonaro-Guedes pour fragiliser le Brésil, il est important de garder à l’esprit la puissance écrasante de la finance dans l’économie politique brésilienne. L’économiste brésilien Ladislau Dowbor rapporte, dans son ouvrage A era do capital improdutivo (« Une ère de capital improductif »), que lorsque l’économie brésilienne est entrée en récession en 2014, les grandes banques ont accru leurs profits de 25 à 30 %, « une dynamique dans laquelle plus les banques font des bénéfices, plus l’économie stagne » puisque « les intermédiaires financiers n’alimentent pas la production, ils la ponctionnent ».

    En outre, poursuit M. Dowbor, « après 2014, le PIB a fortement chuté alors que les intérêts et les bénéfices des intermédiaires financiers ont augmenté de 20 à 30 % par an », une caractéristique structurelle d’un système financier qui « ne sert pas l’économie, mais est servi par elle. Il s’agit d’une productivité nette négative. La machine financière vit aux dépens de l’économie réelle. »

    Le phénomène est mondial. Joseph Stiglitz résume la situation simplement : « alors qu’auparavant la finance était un mécanisme permettant d’injecter de l’argent dans les entreprises, aujourd’hui elle fonctionne pour en retirer de l’argent ». C’est l’un des profonds renversements de la politique socio-économique dont est responsable l’assaut néolibéral ; il est également responsable de la forte concentration de la richesse entre les mains d’un petit nombre alors que la majorité stagne, de la diminution des prestations sociales, et de l’affaiblissement de la démocratie, fragilisée par les institutions financières prédatrices. Il y a là les principales sources du ressentiment, de la colère et du mépris à l’égard des institutions gouvernementales qui balayent une grande partie du monde, et souvent appelé – à tort – « populisme ».

    C’est l’avenir programmé par la ploutocratie et ses candidats. Un avenir qui serait compromis par un nouveau mandat à la présidence de Lula. Il répondait certes aux exigences des institutions financières et du monde des affaires en général, mais pas suffisamment pour notre époque de capitalisme sauvage.

    On pourrait s’attarder un instant sur ce qui s’est passé au Brésil pendant les années Lula – « la décennie d’or », selon les termes de la Banque mondiale en mai 2016 [1]. Au cours de ces années, l’étude de la banque rapporte :

    « Les progrès socio-économiques du Brésil ont été remarquables et mondialement reconnus. À partir de 2003 [début du mandat de Lula], le pays est reconnu pour son succès dans la réduction de la pauvreté et des inégalités et pour sa capacité à créer des emplois. Des politiques novatrices et efficaces visant à réduire la pauvreté et à assurer l’intégration de groupes qui auparavant étaient exclus ont sorti des millions de personnes de la pauvreté. »

    Et plus encore :

    « Le Brésil a également assumé des responsabilités mondiales. Il a réussi à poursuivre sa prospérité économique tout en protégeant son patrimoine naturel unique. Le Brésil est devenu l’un des plus importants donateurs émergents, avec des engagements importants, en particulier en Afrique subsaharienne, et un acteur majeur dans les négociations internationales sur le climat. La trajectoire de développement du Brésil au cours de la dernière décennie a montré qu’une croissance fondée sur une prospérité partagée, mais équilibrée dans le respect de l’environnement, est possible. Les Brésiliens sont fiers, à juste titre, de ces réalisations saluées sur la scène internationale. »

    Du moins certains Brésiliens, pas ceux qui détiennent le pouvoir économique.

    Le rapport de la Banque mondiale rejette le point de vue répandu selon lequel les progrès substantiels étaient « une illusion, créée par le boom des produits de base, mais insoutenable dans l’environnement international actuel, moins clément ». La Banque mondiale répond à cette affirmation par un « non » ferme et catégorique : « il n’y a aucune raison pour que ces gains socio-économiques récents soient effacés ; en réalité, ils pourraient bien être amplifiés avec de bonnes politiques. »

    Les bonnes politiques devraient comprendre des réformes radicales du cadre institutionnel hérité de la présidence Cardoso, qui a été maintenu pendant les années Lula-Dilma, satisfaisant ainsi les exigences de la communauté financière, notamment une faible imposition des riches et des taux d’intérêt exorbitants, ce qui a conduit à l’augmentation de grandes fortunes pour quelques-uns, tout en attirant les capitaux vers la finance au détriment des investissements productifs. La ploutocratie et le monopole médiatique accusent les politiques sociales d’assécher l’économie, mais dans les faits, les études économiques montrent que l’effet multiplicateur de l’aide financière aux pauvres a stimulé l’économie alors que ce sont les revenus financiers produits par les taux d’intérêt usuraires et autres cadeaux à la finance qui ont provoqué la véritable crise de 2013 – une crise que « les bonnes politiques » auraient permis de surmonter.

    L’éminent économiste brésilien Luiz Carlos Bresser-Pereira, ancien ministre des Finances, décrit succinctement le déterminant majeur de la crise en cours : « il n’y a pas de raison économique » pour justifier le blocage des dépenses publiques tout en maintenant les taux d’intérêt à un niveau élevé ; « la cause fondamentale des taux élevés au Brésil, c’est le fait des prêteurs et des financiers » avec ses conséquences dramatiques, appuyé par le corps législatif (élu avec le soutien financier des entreprises) et le monopole des médias qui relaient essentiellement la voix des intérêts privés.

    Dowbor montre que tout au long de l’histoire moderne du Brésil, les remises en question du cadre institutionnel ont conduit à des coups d’État, « à commencer par le renvoi et le suicide de Vargas [en 1954] et le putsch de 1964 » (fermement soutenu par Washington). Il y a de bonnes raisons de penser que la même chose s’est produite pendant le « coup d’État en douceur » en cours depuis 2013. Cette campagne des élites traditionnelles, aujourd’hui concentrées dans le secteur financier et servie par des médias qu’ils possèdent, a connu une accélération en 2013, lorsque Dilma Rousseff a cherché à ramener les taux d’intérêt extravagants à un niveau raisonnable, menaçant ainsi de tarir le torrent d’argent facile dont profitait la minorité qui pouvait se permettre de jouer sur les marchés financiers.

    La campagne actuelle visant à préserver le cadre institutionnel et à revenir sur les acquis de « la décennie glorieuse » exploite la corruption à laquelle le Parti des travailleurs de Lula, le PT, a participé. La corruption est bien réelle, et grave, même si le fait de diaboliser le PT est une pure instrumentalisation, en regard des écarts de conduite de ses accusateurs. Et comme nous l’avons déjà mentionné, les accusations portées contre Lula, même si l’on devait lui en reconnaître les torts, ne peuvent être prises au sérieux pour justifier la peine qui lui a été infligée dans le but de l’exclure du système politique. Tout cela fait de lui l’un des prisonniers politiques les plus importants de la période actuelle.

    La réaction récurrente des élites face aux menaces qui pèsent sur le cadre institutionnel de l’économie sociopolitique au Brésil trouve son équivalent dans la riposte internationale contre les remises en cause, par le monde en développement, du système néocolonial hérité de siècles de dévastations impérialistes occidentales. Dans les années 1950, dans les premiers jours de la décolonisation, le mouvement des pays non-alignés a cherché à faire son entrée dans les affaires mondiales. Il a été rapidement remis à sa place par les puissances occidentales. En témoigne dramatiquement l’assassinat du leader congolais, très prometteur, Patrice Lumumba, par les dirigeants historiques belges (devançant la CIA). Ce crime et les violences qui ont suivi ont mis fin aux espoirs de ce qui devrait être l’un des pays les plus riches du monde, mais qui reste « l’horreur ! l’horreur ! » avec la collaboration des tortionnaires historiques de l’Afrique.

    Néanmoins, les voix gênantes des victimes historiques ne cessaient de s’élever. Dans les années 1960 et 1970, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, avec le concours important d’économistes brésiliens, a présenté des plans pour un Nouvel Ordre Économique International, dans lequel les préoccupations des « sociétés en développement » – la grande majorité de la population mondiale – auraient été examinées. Une initiative rapidement écrasée par la régression néolibérale.

    Quelques années plus tard, au sein de l’UNESCO, les pays du Sud ont appelé à un nouvel ordre international de l’information qui ouvrirait le système mondial des médias et de la communication à des acteurs extérieurs au monopole occidental. Cette initiative a déchaîné une riposte extrêmement violente qui a traversé tout le spectre politique, avec des mensonges éhontés et des accusations ridicules, et qui finalement a entraîné le retrait du président américain Ronald Reagan, sous de faux prétextes, de l’UNESCO. Tout cela a été dévoilé dans une étude accablante (donc peu lue) des spécialistes des médias William Preston, Edward S. Herman et Herbert Schiller [2].

    L’étude menée en 1993 par le South Centre, qui montrait que l’hémorragie de capitaux depuis les pays pauvres vers les pays riches s’était accompagnée d’exportations de capitaux vers le FMI et la Banque mondiale, qui sont désormais « bénéficiaires nets des ressources des pays en développement », a également été soigneusement passée sous silence. De même que la déclaration du premier sommet du Sud, qui avait rassemblé 133 États en 2000, en réponse à l’enthousiasme de l’Occident pour sa nouvelle doctrine d’« intervention humanitaire ». Aux yeux des pays du Sud, « le soi-disant droit d’intervention humanitaire » est une nouvelle forme d’impérialisme, « qui n’a aucun fondement juridique dans la Charte des Nations unies ni dans les principes généraux du droit international ».

    Sans surprise, les puissants n’apprécient guère les remises en cause, et disposent de nombreux moyens pour y répliquer ou pour les réduire au silence.

    Il y aurait beaucoup à dire sur la corruption endémique de la politique latino-américaine, souvent solennellement condamnée par l’Occident. Il est vrai, c’est un fléau, qui ne devrait pas être toléré. Mais elle n’est pas limitée aux « pays en voie de développement ». Par exemple, ce n’est pas une petite aberration que dans nos pays, les gigantesques banques reçoivent des amendes de dizaines de milliards de dollars (JPMorgan Chase, Bank of America, Goldman Sachs, Deutsche Bank, Citigroup) à l’issue d’accords négociés à l’amiable, mais que personne ne soit légalement coupable de ces activités criminelles, qui détruisent pourtant des millions de vies. Remarquant que « les multinationales américaines avaient de plus en plus de difficultés à ne pas basculer dans l’illégalité », l’hebdomadaire londonien The Economist du 30 août 2014 rapportait que 2 163 condamnations d’entreprise avaient été comptabilisées entre 2000 et 2014 – et ces multinationales sont nombreuses à Londres et sur le continent européen [3].

    La corruption couvre tout un registre, depuis les énormités qu’on vient de voir jusqu’aux plus petites mesquineries. Le vol des salaires, une épidémie aux États-Unis, en donne un exemple particulièrement ordinaire et instructif. On estime que les deux tiers des travailleurs à bas salaire sont volés sur leur rémunération chaque semaine, tandis que les trois quarts se voient voler tout ou partie de leur rémunération pour les heures supplémentaires. Les sommes ainsi volées chaque année sur les salaires des employés excèdent la somme des vols commis dans les banques, les stations-service et les commerces de proximité. Et pourtant, presque aucune action coercitive n’est engagée sur ce point. Le maintien de cette impunité revêt une importance cruciale pour le monde des affaires, à tel point qu’il est une des priorités du principal lobby entrepreneurial, le American Legislative Exchange Council (ALEC), qui bénéficie des largesses financières des entreprises.

    La tâche principale de l’ALEC est d’élaborer un cadre législatif pour les États. Un but facile puisque, d’une part, les législateurs sont financés par les entreprises et, d’autre part, les médias s’intéressent peu au sujet. Des programmes méthodiques et intenses soutenus par l’ALEC sont donc capables de faire évoluer les contours de la politique d’un pays, sans préavis, ce qui constitue une attaque souterraine contre la démocratie mais avec des effets importants. Et l’une de leurs initiatives législatives consiste à faire en sorte que les vols de salaires ne soient pas soumis à des contrôles ni à l’application de la loi.

    Mais la corruption, qui est un crime, qu’elle soit massive ou minime, n’est que la partie émergée de l’iceberg. La corruption la plus grave est légale. Par exemple, le recours aux paradis fiscaux draine environ un quart, voire davantage, des 80 000 milliards de dollars de l’économie mondiale, créant un système économique indépendant exempt de surveillance et de réglementation, un refuge pour toutes sortes d’activités criminelles, ainsi que pour les impôts qu’on ne veut pas payer. Il n’est pas non plus techniquement illégal pour Amazon, qui vient de devenir la deuxième société à dépasser les 1 000 milliards de dollars de valeur, de bénéficier d’allègements fiscaux sur les ventes. Ou que l’entreprise utilise environ 2 % de l’électricité américaine à des tarifs très préférentiels, conformément à « une longue tradition américaine de transfert des coûts depuis les entreprises vers les plus démunis, qui consacrent déjà aux factures des services publics, en proportion de leurs revenus, environ trois fois plus que ne le font les ménages aisés », comme le rapporte la presse économique [4].

    Il y a une liste infinie d’autres exemples.

    Un autre exemple important, c’est l’achat des voix lors des élections, un sujet qui a été étudié en profondeur, en particulier par le politologue Thomas Ferguson. Ses recherches, ainsi que celles de ses collègues, ont montré que l’éligibilité du Congrès et de l’exécutif est prévisible avec une précision remarquable à partir de la variable unique des dépenses électorales, une tendance très forte qui remonte loin dans l’histoire politique américaine et qui s’étend jusqu’aux élections de 2016 [5]. La corruption latino-américaine est considérée comme un fléau, alors que la transformation de la démocratie formelle en un instrument entre les mains de la fortune privée est parfaitement légale.

    Bien sûr, ce n’est pas que l’interférence dans les élections ne soit plus à l’ordre du jour. Au contraire, l’ingérence présumée de la Russie dans les élections de 2016 est un sujet majeur de l’époque, un sujet d’enquêtes acharnées et de commentaires endiablés. En revanche, le rôle écrasant du monde de l’entreprise et des fortunes privées dans la corruption des élections de 2016, selon une tradition qui remonte à plus d’un siècle, est à peine reconnu. Après tout, il est parfaitement légal, il est même approuvé et renforcé par les décisions de la Cour suprême la plus réactionnaire de mémoire d’homme.

    L’achat d’élections n’est pas la pire des interventions des entreprises dans la démocratie américaine immaculée, souillée par les hackers russes (avec des résultats indétectables). Les dépenses de campagne atteignent des sommets, mais elles sont éclipsées par le lobbying, qui représenterait environ 10 fois ces dépenses – un fléau qui s’est rapidement aggravé dès les premiers jours de la régression néolibérale. Ses effets sur la législation sont considérables, le lobbyiste allant jusqu’à la rédaction littérale des lois, alors que le parlementaire – qui signe le projet de loi – est quelque part ailleurs, occupé à collecter des fonds pour la prochaine campagne électorale.

    La corruption est effectivement un fléau au Brésil et en Amérique latine en général, mais ils restent des petits joueurs.

    Tout cela nous ramène à la prison, où l’un des prisonniers politiques les plus importants de la période est maintenu en isolement pour que le « coup d’État en douceur » au Brésil puisse se poursuivre, avec des conséquences certaines qui seront sévères pour la société brésilienne, et pour le monde entier, étant donné le rôle potentiel du Brésil.

    Tout cela peut continuer, à une condition, que ce qui se passe continue d’être toléré. »

    Noam Chomsky

  • Un régime autoritaire : l’héritier des contre-réformes en pleine crise
    https://www.cetri.be/Un-regime-autoritaire-l-heritier

    Etait prévisible la première place acquise au premier tour des élections brésiliennes, le 7 octobre 2018, par le candidat d’extrême-droite Jair Bolsonaro (Parti social-libéral) et de son colistier au même profil, Hamilton Mourão, un général de réserve mis à la retraite, mais payé, sur décision de Michel Temer, depuis le 28 février 2018. Il est membre du Partido renovador trabalhista Brasileiro qui n’avait pas de représentation fédérale. Les sondages d’Ibope et de Datafolha, que nous avions reproduits, (...)

    #Le_Sud_en_mouvement

    / #Brésil, #Election, #A_l'Encontre, #Le_Sud_en_mouvement

  • « Guérir » l’homosexualité : des thérapies décriées, mais toujours pratiquées Pauline Rappaz/kkub - 24 Aout 2018 - RTS
    http://www.rts.ch/info/sciences-tech/medecine/9795937--guerir-l-homosexualite-des-therapies-decriees-mais-toujours-pratiquees.

    Thérapies « de conversion » ou « réparatrices », les traitements pour « guérir » de l’homosexualité remontent aux débuts de la médecine moderne. Ils continuent aujourd’hui d’être pratiqués, au grand dam du corps médical et des associations LGBTI.
    Début août, une affaire a fait grand bruit : un homéopathe français exerçant à Genève et à Lausanne propose de « guérir » l’homosexualité, même s’il se défend de toute homophobie.

    A la suite de cette affaire, le conseiller d’Etat genevois en charge de la Santé, Mauro Poggia, a demandé l’ouverture d’une enquête, et la Fondation suisse pour les médecines complémentaires a décidé de le suspendre.

    Or, tenter de soigner les personnes non-hétérosexuelles est une pratique plus répandue qu’on ne le pense. Ces traitements, appelés thérapies « de conversion » ou « réparatrices », consistent à ramener des personnes gays, lesbiennes, bi- ou trans-sexuelles « dans le droit chemin », c’est-à-dire les faire devenir hétérosexuelles.
    http://www.rts.ch/2018/08/23/18/44/9776253.image?w=900&h=506
    L’homosexualité comme maladie
    Ce type de traitements existe depuis le moment où l’on a considéré l’homosexualité comme une maladie, « aux débuts de la médecine moderne au XIXe siècle », explique Louis-Georges Tin, militant homosexuel français et directeur d’édition du « Dictionnaire de l’homophobie » (PUF, 2003).

    Le mot « homosexualité » est créé à cette époque, et désigne une maladie. « Or, les maladies, il s’agit de les guérir. De nombreux médecins très sérieux de l’époque ont essayé diverses techniques, pouvant aller jusqu’à la lobotomie », détaille l’auteur.

    Les choses ne changeront qu’en 1992, quand l’Organisation mondiale de la santé (OMS) décide de retirer l’homosexualité de sa liste des maladies mentales. A partir de là, considérer que l’homosexualité est une pathologie ne fait plus partie du discours officiel de la médecine.

    Spiritualité et pseudo-science
    Et pourtant, même si les méthodes évoluent, les « thérapies » pour la guérir se perpétuent. Florian Bardou, journaliste à Libération, a publié l’an dernier avec son collègue Pierre de Boissieu une enquête http://www.liberation.fr/france/2017/01/21/en-france-l-interdiction-des-therapies-de-conversion-n-est-pas-pour-tout- sur ces « thérapies de conversion ».

    Selon lui, ces pseudo-traitements sont proposés par deux catégories de personnes. « Ce sont souvent des groupes spirituels, liés à une grande religion ou à un mouvement sectaire. Ou alors des praticiens de santé - psychologues ou médecins - qui pensent encore aujourd’hui, à partir d’une pseudo-science, pouvoir ’guérir’ une personne dont l’orientation sexuelle n’est pas conforme à leurs désirs. »

    Des groupes spirituels comme ceux évoqués par Florian Bardou sont implantés en France. L’un d’eux, Torrents de Vie, possède une antenne à Neuchâtel.

    En menant son enquête, Florian Bardou a constaté que de nombreuses associations aux Etats-Unis et au Brésil mettent en garde contre ces thérapies. C’est moins le cas en Europe.

    En 2012 par exemple, l’Organisation panaméricaine de la santé a décrété que ces traitements ne reposent sur « aucune justification médicale » et qu’elles sont dangereuses pour la santé mentale de ceux qui les subissent. (lire encadré)

    Timides avancées législatives
    Les thérapies pour soigner l’homosexualité ne sont pas juste le fait de quelques personnes isolées qui les pratiquent, en France et ailleurs, estime Louis-Georges Tin, qui évoque un véritable « système ». Le but des militants est dès lors que les associations de médecins et les Eglises prennent position, en attendant que ces pratiques soient interdites par les Etats européens.

    Au mois de mars, le Parlement européen a adopté un texte qui appelle les Etats membres à interdire les « thérapies de conversion ». Ce texte n’est toutefois pas contraignant. Pour l’instant, en Europe, ces traitements ne sont interdits qu’à Malte, en vertu d’une loi entrée en vigueur début 2017, qui prévoit des peines pouvant aller jusqu’à un an de prison et 10’000 euros d’amende.

    Ce printemps, une députée de La République en Marche a déposé une proposition de loi pour que ces thérapies soient prohibées en France. L’Irlande et le Royaume-Uni ont également débattu de cette question, mais rien n’est inscrit dans la loi.

    « Pas nécessaire d’interdire » en Suisse
    Et en Suisse ? En 2016, la conseillère nationale Rosmarie Quadranti (PBD/LU) a déposé une interpellation. Dans sa réponse, le Conseil fédéral reconnaît que ces thérapies sont à la fois inefficaces et « sources de grande souffrance ». Il estime toutefois que le réseau de protection de la jeunesse est suffisamment développé, et qu’il n’est pas nécessaire d’interdire les « thérapies de conversion ». 

    A l’inverse, plusieurs pays extra-européens ont déjà légiféré sur la question, comme aux Etats-Unis où ces thérapies sont interdites dans plusieurs Etats, notamment en Californie et à New York.

    Au Brésil, une résolution de 1999 punit les traitements de « réorientation sexuelle ». Mais elle est remise en question depuis l’arrivée au pouvoir du président Michel Temer, proche des milieux évangélistes.

    Un « surcroît de violence » dans un contexte déjà homophobe
    « On a eu les témoignages de jeunes gens qui, culpabilisés par leurs parents, ont été conduits dans ces cabinets. Entrés dépressifs, ils sont sortis suicidaires », relate Louis-Georges Tin. « Il y a un risque pour la santé mentale de ces personnes, qui se trouvent déjà dans un contexte de violence homophobe, et que l’on expose à un surcroît de violence. C’est tout à fait grave », assène-t-il.

    Difficile de connaître l’ampleur de ces pseudo-thérapies, en l’absence de chiffres, mais les témoignages existent. Au Royaume-Uni, un rapport de 2017 montre que 7% des membres de la communauté LGBTI se sont vu proposer une « thérapie de conversion ».

    Générer l’aversion

    L’animateur radio britannique Peter Price a d’ailleurs décidé de témoigner publiquement. Il a raconté à la presse la « thérapie par aversion » qu’il a suivie dans une clinique privée. Le concept est d’exposer le patient à une stimulation sexuelle associée à une expérience désagréable.

    Peter Price a 18 ans quand il accepte de suivre ce traitement, pour « mettre fin aux angoisses de sa mère ». Installé dans une pièce sans fenêtre, il écoute un récit d’actes sexuels sur une cassette audio, et regarde des photos d’hommes en maillot de bain. Simultanément, on lui injecte des substances qui provoquent diarrhées et vomissements. La « thérapie » dure trois jours... Après cet épisode traumatique, Peter Price décide d’assumer qui il est, malgré les angoisses de sa mère.

    Thérapies #homosexualité #maladie #conversion #religion #spiritualité #pseudo-science #conversion #évangélistes #Malte #Suisse #France #Brésil #Royaume-Uni #aversion #orange_mécanique

  • Meurtre de Marielle Franco au Brésil : des hommes politiques impliqués - LCI
    https://www.lci.fr/international/meurtre-de-marielle-franco-au-bresil-des-hommes-politiques-impliques-2095470.htm

    Les meurtres de la militante féministe Marielle Franco et de son chauffeur le 14 mars dernier dans les rues de Rio de Janeiro auraient été orchestrés par des politiciens. C’est ce qu’a laissé entendre à la presse vendredi le ministre brésilien de la Sécurité publique, Raul Jungmann.

    Si le ministre tait leurs noms pour « ne pas entraver le déroulement de l’enquête », la presse brésilienne affirme que les soupçons de la police en charge de l’enquête se portent sur trois députés de l’Etat de Rio de Janeiro, du parti du Mouvement démocratique brésilien (MDB) du président Michel Temer.

    Trois élus du parti présidentiel mis en cause

    Depuis vendredi 10 août, trois noms sont cités dans les médias brésiliens : des députés de l’Etat de Rio de Janeiro issus du parti du Mouvement démocratique brésilien (MDB) du président Michel Temer. Edson Albertassi, Paulo Melo et Jorge Picciani, l’influent ex-président de l’Assemblée législative de Rio, seraient derrière l’assassinat. Les trois élus sont actuellement détenus pour leur implication dans un vaste réseau de corruption dans les transports.

    Cette information est relayée sur Twitter par le député du PSOL (Parti socialisme et liberté, celui de Marielle Franco) Marcelo Freixo. Il précise que l’enquête de la police continue et qu’il ne fait que « confirmer » aux médias les soupçons qui portent sur les trois élus. Jusqu’à présent, l’enquête s’orientait vers la piste de milices qui sèment terreur et extorsion auprès des habitants des quartiers les plus pauvres de Rio. En juillet dernier, un ex-policier et un ancien pompier ont été arrêtés.

    L’annonce ravive l’émotion qui avait pris le Brésil il y a cinq mois, après l’assassinat de la conseillère du Parti du socialisme et de la liberté (PSOL), figure des droits des femmes et LGBT, et de la défense des plus vulnérables. En pleine élection présidentielle, la question de l’insécurité, de la corruption et des inégalités est au centre du débat.

    #féminicide

  • The Rise and Fall of the Latin American Left | The Nation
    https://www.thenation.com/article/the-ebb-and-flow-of-latin-americas-pink-tide

    Conservatives now control Latin America’s leading economies, but the region’s leftists can still look to Uruguay for direction.
    By Omar G. Encarnación, May 9, 2018

    Last December’s election of Sebastián Piñera, of the National Renewal party, to the Chilean presidency was doubly significant for Latin American politics. Coming on the heels of the rise of right-wing governments in Argentina in 2015 and Brazil in 2016, Piñera’s victory signaled an unmistakable right-wing turn for the region. For the first time since the 1980s, when much of South America was governed by military dictatorship, the continent’s three leading economies are in the hands of right-wing leaders.

    Piñera’s election also dealt a blow to the resurrection of the Latin American left in the post–Cold War era. In the mid-2000s, at the peak of the so-called Pink Tide (a phrase meant to suggest the surge of leftist, noncommunist governments), Venezuela, Argentina, Brazil, Chile, Uruguay, Paraguay, Ecuador, and Bolivia, or three-quarters of South America’s population (some 350 million people), were under left-wing rule. By the time the Pink Tide reached the mini-state of Mexico City, in 2006, and Nicaragua, a year later (culminating in the election of Daniel Ortega as president there), it was a region-wide phenomenon.

    It’s no mystery why the Pink Tide ran out of steam; even before the Chilean election, Mexican political scientist Jorge Castañeda had already declared it dead in The New York Times. Left-wing fatigue is an obvious factor. It has been two decades since the late Hugo Chávez launched the Pink Tide by toppling the political establishment in the 1998 Venezuelan presidential election. His Bolivarian revolution lives on in the hands of his handpicked successor, Nicolás Maduro, but few Latin American governments regard Venezuela’s ravaged economy and diminished democratic institutions as an inspiring model. In Brazil, the Workers’ Party, or PT, was in power for 14 years, from 2002 through 2016, first under its founder, Luiz Inácio Lula da Silva, between 2003 and 2011, and then under his successor and protégée, Dilma Rousseff, from 2011 to 2016. The husband-and-wife team of Néstor Kirchner and Cristina Fernández de Kirchner of the Peronist Party governed Argentina from 2003 to 2015. Socialist Michelle Bachelet had two nonconsecutive terms in office in Chile, from 2006 to 2010 and from 2014 to 2018.

    Economic turmoil and discontent is another culprit. As fate would have it, the Pink Tide coincided with one of the biggest economic expansions in Latin American history. Its engine was one of the largest commodities booms in modern times. Once the boom ended, in 2012—largely a consequence of a slowdown in China’s economy—economic growth in Latin America screeched to a halt. According to the International Monetary Fund, since 2012 every major Latin American economy has underperformed relative to the previous 10 years, with some economies, including that of Brazil, the region’s powerhouse, experiencing their worst recession in decades. The downturn reined in public spending and sent the masses into the streets, making it very difficult for governments to hang on to power.

    Meanwhile, as the commodity boom filled states’ coffers, leftist politicians became enmeshed in the same sorts of corrupt practices as their conservative predecessors. In April, Lula began serving a 12-year prison sentence for having accepted bribes in exchange for government contracts while in office. His prosecution, which in principle guarantees that he will not be a candidate in this year’s presidential race, was the high point of Operation Car Wash, the biggest anti-corruption dragnet in Brazilian history. Just after leaving office, in 2015, Cristina Fernández de Kirchner was indicted for fraud for conspiring with her former public-works secretary, José López, to steal millions of federal dollars intended for roadwork in Argentina. The “nuns and guns” scandal riveted the country, with the arrest of a gun-toting López as he hurled bags stuffed with millions of dollars over the walls of a Catholic convent in a suburb of Buenos Aires. In Chile, Bachelet left office under a cloud of suspicion. Her family, and by extension Bachelet herself, is accused of illegal real-estate transactions that netted millions of dollars.

    All this said, largely overlooked in obituaries of the Pink Tide is the right-wing backlash that it provoked. This backlash aimed to reverse the shift in power brought on by the Pink Tide—a shift away from the power brokers that have historically controlled Latin America, such as the military, the Catholic Church, and the oligarchy, and toward those sectors of society that have been marginalized: women, the poor, sexual minorities, and indigenous peoples. Rousseff’s impeachment in 2016 perfectly exemplifies the retaliation organized by the country’s traditional elites. Engineered by members of the Brazilian Congress, a body that is only 11 percent female and has deep ties to industrial barons, rural oligarchs, and powerful evangelical pastors, the impeachment process was nothing short of a patriarchal coup.

    In a 2017 interview, Rousseff made note of the “very misogynist element in the coup against me.… They accused me of being overly tough and harsh, while a man would have been considered firm, strong. Or they would say I was too emotional and fragile, when a man would have been considered sensitive.” In support of her case, Rousseff pointed out that previous Brazilian presidents committed the same “crime” she was accused of (fudging the national budget to hide deficits at reelection time), without any political consequence. As if to underscore the misogyny, Rousseff’s successor, Michel Temer, came into office with an all-male cabinet.

    In assessing the impact of the Pink Tide, there is a tendency to bemoan its failure to generate an alternative to neoliberalism. After all, the Pink Tide rose out of the discontent generated by the economic policies championed by the United States and international financial institutions during the 1990s, such as privatizations of state enterprises, austerity measures, and ending economic protectionism. Yet capitalism never retreated in most of Latin America, and US economic influence remains for the most part unabated. The only significant dent on the neoliberal international order made by the Pink Tide came in 2005, when a massive wave of political protests derailed the George W. Bush administration’s plan for a Free Trade Area of the Americas, or FTAA. If enacted, this new trade pact would have extended the North American Free Trade Agreement (NAFTA) to all countries in the Americas save for Cuba, or 34 nations in total.

    But one shouldn’t look at the legacy of the Pink Tide only through the lens of what might have been with respect to replacing neoliberalism and defeating US imperialism. For one thing, a good share of the Pink Tide was never anti-neoliberal or anti-imperialist. Left-wing rule in Argentina, Brazil, Uruguay, and Chile (what Castañeda called the “good left”) had more in common with the social-democratic governments of Western Europe, with its blend of free-market economics and commitment to the welfare state, than with Cuba’s Communist regime.

    Indeed, only in the radical fringe of the Pink Tide, especially the triumvirate of Chávez of Venezuela, Evo Morales of Bolivia, and Rafael Correa of Ecuador (the “bad left,” according to Castañeda), was the main thrust of governance anti-neoliberal and anti-imperialist. Taking Cuba as a model, these self-termed revolutionaries nationalized large sectors of the economy, reinvigorated the role of the state in redistributing wealth, promoted social services to the poor, and created interstate institutions, such as the Bolivarian Alliance for the Peoples of Our America, or ALBA, to promote inter-American collaboration and to challenge US hegemony.

    Second, the focus on neoliberalism and US imperialism obscures the Pink Tide’s biggest accomplishments. To be sure, the picture is far from being uniformly pretty, especially when it comes to democracy. The strong strand of populism that runs through the Pink Tide accounts for why some of its leaders have been so willing to break democratic norms. Claiming to be looking after the little guy, the likes of Chávez and Maduro have circumvented term limits and curtailed the independence of the courts and the press. But there is little doubt that the Pink Tide made Latin America more inclusive, equitable, and democratic, by, among other things, ushering in an unprecedented era of social progressivism.

    Because of the Pink Tide, women in power are no longer a novelty in Latin American politics; in 2014, female presidents ruled in Argentina, Brazil, and Chile. Their policies leave little doubt about the transformative nature of their leadership. In 2010, Fernández boldly took on the Argentine Catholic Church (then headed by present-day Pope Francis) to enact Latin America’s first ever same-sex marriage law; this was five years before same-sex marriage became the law of the land in the United States. A gender-identity law, one of the world’s most liberal, followed. It allows individuals to change their sex assigned at birth without permission from either a doctor or a judge. Yet another law banned the use of “conversion therapy” to cure same-sex attraction. Argentina’s gay-rights advances were quickly emulated by neighboring Uruguay and Brazil, kick-starting a “gay-rights revolution” in Latin America.

    Rousseff, who famously referred to herself with the gender-specific title of a presidenta, instead of the gender-neutral “president,” did much to advance the status of women in Brazilian society. She appointed women to the three most powerful cabinet positions, including chief of staff, and named the first female head of Petrobras, Brazil’s largest business corporation; during her tenure in office, a woman became chief justice of the Federal Supreme Court. Brutally tortured by the military during the 1970s, as a university student, Rousseff put human rights at the center of Brazilian politics by enacting a law that created Brazil’s first ever truth commission to investigate the abuses by the military between 1964 and 1985. She also signed laws that opened the Brazilian Army to women and that set into motion the corruption campaign that is currently roiling the Brazilian political class. These laws earned Rousseff the enmity of the military and conservatives.

    Bachelet, the last woman standing, made news when she entered office, in 2006, by naming the same number of men and women to her cabinet. After being term-limited, she became the first head of the newly established UN Women (formally known as the United Nations Entity for Gender Equality and the Empowerment of Women), before returning to Chile to win a second term at the presidency in 2014. During her second term, she created the Ministry of Gender Equality to address gender disparities and discrimination, and passed a law that legalized abortion in cases of rape, when there is a threat to the life of the mother, or when the fetus has a terminal condition. Less known is Bachelet’s advocacy for the environment. She weaned Chile off its dependence on hydrocarbons by building a vast network of solar- and wind-powered grids that made electricity cheaper and cleaner. She also created a vast system of national parks to protect much of the country’s forestland and coastline from development.

    Latin America’s socioeconomic transformation under the Pink Tide is no less impressive. Just before the economic downturn of 2012, Latin America came tantalizingly close to becoming a middle-class region. According to the World Bank, from 2002 to 2012, the middle class in Latin America grew every year by at least 1 percent to reach 35 percent of the population by 2013. This means that during that time frame, some 10 million Latin Americans joined the middle class every year. A consequence of this dramatic expansion of the middle class is a significant shrinking of the poor. Between 2000 and 2014, the percentage of Latin Americans living in poverty (under $4 per day) shrank from 45 to 25 percent.

    Economic growth alone does not explain this extraordinary expansion of the Latin American middle class and the massive reduction in poverty: Deliberate efforts by the government to redistribute wealth were also a key factor. Among these, none has garnered more praise than those implemented by the Lula administration, especially Bolsa Família, or Family Purse. The program channeled direct cash payments to poor families, as long as they agreed to keep their children in school and to attend regular health checkups. By 2013, the program had reached some 12 million households (50 million people), helping cut extreme poverty in Brazil from 9.7 to 4.3 percent of the population.

    Last but not least are the political achievements of the Pink Tide. It made Latin America the epicenter of left-wing politics in the Global South; it also did much to normalize democratic politics in the region. With its revolutionary movements crushed by military dictatorship, it is not surprising that the Latin American left was left for dead after the end of the Cold War. But since embracing democracy, the left in Latin America has moderated its tactics and beliefs while remaining committed to the idea that deliberate state action powered by the popular will is critical to correcting injustice and alleviating human suffering. Its achievements are a welcome antidote to the cynicism about democratic politics afflicting the American left.

    How the epoch-making legacy of the Pink Tide will fare in the hands of incoming right-wing governments is an open question. Some of the early signs are not encouraging. The Temer administration in Brazil has shown a decidedly retro-macho attitude, as suggested by its abolishment of the Ministry of Women, Racial Equality, and Human Rights (its functions were collapsed into the Ministry of Justice) and its close ties to a politically powerful evangelical movement with a penchant for homophobia. In Argentina, President Mauricio Macri has launched a “Trumpian” assault on undocumented immigrants from Bolivia, Paraguay, and Peru, blaming them for bringing crime and drugs into the country. Some political observers expect that Piñera will abridge or overturn Chile’s new abortion law.

    But there is reason for optimism. Temer and Macri have been slow to dismantle anti-poverty programs, realizing that doing so would be political suicide. This is hardly surprising, given the success of those programs. Right-wing governments have even seen fit to create anti-poverty programs of their own, such as Mexico’s Prospera. Moreover, unlike with prior ascents by the right in Latin America, the left is not being vanished to the political wilderness. Left-wing parties remain a formidable force in the legislatures of most major Latin American countries. This year alone, voters in Brazil, Mexico, and Colombia will have presidential elections, raising the prospect that a new Pink Tide might be rising. Should this new tide come in, the Latin American left would do well to reform its act and show what it has learned from its mistakes.

    Latin American leftists need not look far to find a model to emulate: Uruguay. It exemplifies the best of the Pink Tide without its excesses. Frente Amplio, or Broad Front, a coalition of left-wing parties in power since 2005, has put the country at the vanguard of social change by legalizing abortion, same-sex marriage, and, most famously, recreational marijuana. For these reasons alone, in 2013 The Economist chose “liberal and fun-loving” Uruguay for its first ever “country of the year” award.

    Less known accomplishments include being one of only two countries in Latin America that enjoy the status of “high income” (alongside Chile), reducing poverty from around 40 percent to less than 12 percent from 2005 to 2014, and steering clear of corruption scandals. According to Transparency International, Uruguay is the least corrupt country in Latin America, and ranks among the world’s 25 least corrupt nations. The country also scored a near perfect 100 in Freedom House’s 2018 ranking of civil and political freedoms, virtually tied with Canada, and far ahead of the United States and neighboring Argentina and Brazil. The payoff for this much virtue is hard to ignore. Among Latin American nations, no other country shows more satisfaction with its democracy.

    Omar G. EncarnaciónOmar G. Encarnación is a professor of political studies at Bard College and author of Out in the Periphery: Latin America’s Gay Rights Revolution.

    #politique #amérique_latine #impérialisme

  • #Brésil : #grève des #camionneurs, dernier tremblement avant les élections ?

    La grève des camionneurs au Brésil a paralysé le pays, et fait reculer l’actuel président de la République, Michel Temer. L’augmentation du #prix de l’#essence est au centre de la revendication ce qui remet en question un des principaux enjeux du #coup_d’État de 2016 : la privatisation de l’entreprise pétrolière Petrobrás. Explications de ce mouvement au cœur d’un contexte social bouillonnant, alors que se profilent de nouvelles élections nationales, et que l’ex-président Luis Inácio Lula Da Silva est toujours emprisonné.


    https://europeinsoumise.org/fr/component/content/article/10-dossier/economie/122-bresil-greve-des-camionneurs-dernier-tremblement-avant-les-elec
    #privatisation #Petrobras #inflation

  • Michel Temer — Wikipédia
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Temer

    Michel Temer est condamné fin 2015 par le tribunal électoral de São Paulo à une amende de 80 000 reais pour avoir réalisé en 2014 des dons à des campagnes électorales de son parti, le PMDB, au-delà du plafond fixé par la loi. Il risque ainsi d’être déclaré inéligible pour une période de huit ans. Cette possibilité ne l’empêcherait pas de succéder à Dilma Rousseff, mais de se présenter à une élection. Le tribunal électoral indique ainsi qu’il se prononcerait sur cette question uniquement en cas de candidature de Temer à un scrutin.

    (...)

    Le 7 février 2017, après la mort dans un accident d’avion du juge à la Cour suprême chargé du scandale Petrobras, il nomme son ministre de la Justice Alexandre de Moraes pour lui succéder plutôt que de laisser le président de la Cour suprême désigner lui-même un nouveau magistrat31. Cette nomination est alors controversée, en raison de la proximité du nouveau juge avec de nombreux politiciens impliqués dans le scandale Petrobras dont il a désormais la charge.

    Tu lis la page Wikipédia, et tu te demandes pourquoi on ne te parle que de Lula et de Maduro dans nos journaux... Y-a pourtant un sacré client en la personne de Temer !

  • The Assassination of Human Rights Activist Marielle Franco Was a Huge Loss for Brazil — and the World
    https://theintercept.com/2018/03/16/marielle-franco-assassination-brazil-police-brutality

    But did you know that Brazil may actually lead the entire world in police brutality? Despite having 120 million fewer citizens than the U.S., Brazil had a staggering 4,224 people die at the hands of police in 2016. That number represents a 26 percent surge over the previous year.

    This is an international human rights crisis. This is an egregious scandal.

    #Brésil #violences_policières #meurtres #Marielle_FRanco

    • Dans ses derniers messages, elle dénonçait spécifiquement le 41ème Bataillon de Police Militaire qui est en train d’acquérir le surnom de #bataillon_de_la_mort

      Batalhão da PM denunciado por Marielle é o que mais mata no Rio - 15/03/2018 - Cotidiano - Folha
      https://www1.folha.uol.com.br/cotidiano/2018/03/batalhao-da-pm-denunciado-por-marielle-e-o-que-mais-mata-no-rio.s

      Policiais do Rio estão matando mais. Após uma queda de 2007 a 2013, o número de homicídios decorrentes de oposição à intervenção policial está de volta a patamares anteriores à gestão de Beltrame (2007-2016). No ano passado, 1.124 pessoas foram mortas pela polícia no estado.

      Desde que foi fundado, esse batalhão responde sozinho entre os 41 batalhões existentes por 12% de todas as mortes em decorrência de oposição a intervenção policial. Entidades de direitos humanos denunciam há anos o comportamento dos policiais desse batalhão. A vereadora Marielle somava-se a esse coro, mas não se dedicava exclusivamente a isso.

      Death squad - Wikipedia
      https://en.wikipedia.org/wiki/Death_squad#Brazil

      The “Death Squads” active under the rule of the military dictatorship continue as a cultural legacy of the Brazilian police.

      (pas d’entrée spécifique au Brésil dans la version WP[fr], un (bref) article sur WP[pt] un peu moins détaillé que le paragraphe en anglais
      https://pt.wikipedia.org/wiki/Esquadrão_da_Morte_(Brasil) )
      #escadron_de_la_mort.

    • #Statistiques comparées d’assassinats policiers en #France vs. #UK, #Allemagne, #USA, #Brésil :

      Les policiers français ont abattu 18 personnes en 2017
      Ivan du Roy, Ludo Simbille, Basta, le 10 janvier 2018
      https://seenthis.net/messages/658589

      C’est le Brésil qui bat tous les records avec 3320 personnes tuées lors d’une intervention policière (en 2015), selon l’Atlas de la violence édité par le Forum brésilien de la sécurité publique. Soit, rapporté à la population française, l’équivalent de 1106 personnes tuées par la police en une année !

      #Violence_policière #Violences_policières #brutalité_policière #Assassinats_policiers #police

    • Marielle Franco, #crime_politique

      Le ministre brésilien de la Sécurité publique, Raul Jungmann, a confirmé vendredi ce que beaucoup soupçonnaient : des hommes politiques locaux sont impliqués dans l’assassinat, le 14 mars dernier, de la militante féministe Marielle Franco à Rio de Janeiro. Le responsable n’a voulu donner aucun nom, mais la presse locale et certains élus ont désigné trois députés locaux de l’Etat de Rio de Janeiro, tous appartenant au parti du président conservateur, Michel Temer, le MDB (Mouvement démocratique brésilien). Les trois élus sont actuellement détenus pour leur rôle dans un vaste réseau de corruption dans les transports.

      Auraient-ils voulu se venger de Marielle Franco et de son parti, le PSOL (Parti socialiste et liberté), qui avaient dévoilé ces affaires et les turpitudes des trois élus ? Les spéculations vont bon train dans la presse brésilienne. Ou alors l’assassinat de la conseillère municipale aurait-il eu pour but d’intimider les militants progressistes de Rio et d’ailleurs, dans l’objectif de mettre fin à la contestation de la militarisation meurtrière des favelas ? Marielle Franco constituait en effet une cible idéale pour les secteurs de l’oligarchie traditionaliste brésilienne : féministe, socialiste, noire, lesbienne, issue et restée proche des milieux populaires ! Tout ce qui est honni par une classe sociale ultraconservatrice, souvent raciste et d’obédience évangélique, qui a le vent en poupe depuis l’éviction contestée de la présidente Dilma Roussef, du Parti des travailleurs, en 2016.

      Depuis lors, la violence à l’encontre des activistes est montée en flèche, surtout parmi ceux qui se mobilisent pour l’accès à la terre, dont la propriété est très fortement concentrée au Brésil : selon la Commission pastorale de la terre (CPT), 70 militants ont été abattus en 2017, dont 52 en lien avec des conflits fonciers.

      Les agressions physiques touchant des élus de premier plan, elles, seraient plutôt inédites au Brésil, a contrario de ce qui se passe en Colombie et au Mexique. L’assassinat de Marielle Franco et les tirs à balles réelles essuyés par la caravane de l’ancien président Lula, en campagne dans le pays en mars dernier, laissent craindre le pire pour l’avenir.

      Après avoir démis de ses fonctions Dilma Rousseff pour une argutie comptable et emprisonné Lula sans preuves, la droite dure ne semble plus connaître de limites. Les élections présidentielles des 7 et 28 octobre prochains permettront-elles de balayer ce sombre horizon violent et rétrograde ? Rien n’est moins sûr. Il est peu probable que la justice, souvent aux ordres, permette au combattant historique du Parti du travail, donné favori dans les sondages, de rester candidat depuis sa cellule de Curitiba. Et aucun prétendant décent ne semble à ce jour en mesure de réunir une majorité des suffrages. Au contraire, Jair Bolsorano, député d’extrême droite, arriverait même en tête. Mais à deux mois du scrutin, un sursaut est toujours possible.


      https://lecourrier.ch/2018/08/13/marielle-franco-crime-politique

  • Brazilian Rights Activist Marielle Franco Assassinated in Rio | News | teleSUR English
    https://www.telesurtv.net/english/news/Brazilian-Activist-Marielle-Franco-Assassinated-in-Rio-20180314-0039.html

    Prominent human rights advocate and councilwoman Marielle Franco has been murdered by assailants who shot her in the head while she was in a car.

    Prominent Brazilian human rights activist and leftist councilwoman Marielle Franco has been assassinated in Rio de Janeiro, it is being reported.

    Part of a generation of young Black Brazilians who are becoming increasingly vocal inside and outside statehouses, Franco was elected to office in 2016.

    A resident of the Favela da Maré, an impoverished community in Rio, she was one of the main defenders of human rights in the country. 

    The day before she was murdered, Marielle complained about the violence in the city in a post on her personal Twitter. In the post, she questioned the action of the Military Police.
    […]
    Investigators at the Homicide Office told Globo.com that the main line of investigation is execution.

  • Brazil: natural disasters and large-scale construction forced millions from homes | World news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2018/mar/07/at-least-77m-brazilians-forced-to-leave-homes-since-2000-natural-disast

    At least 7.7 million Brazilians, or one every minute, have been forced to leave their homes since 2000, a pioneering study has found.

    Of those, 6.4 million moved after large-scale flooding, droughts and other natural disasters, while 1.2 million were forced out by large-scale construction projects such as dams.

    The analysis was conducted by Forced Migration Observatory (FMO), a digital platform launched on Wednesday that uses georeferencing data.

    Significant attention has been paid recently to the fact that Brazil, a large country with a population of 209 million, has taken in only 10,000 refugees from countries such as Syria.

    But little is known about people affected by forced migrations within Brazil, whom the government has no legal framework to protect, said researchers from the Igarapé Institute, an independent thinktank based in Rio de Janeiro.

    Brésil #déplacement #déplacements_forcés #intempéries #développement

  • Clarín: La huida desesperada de Venezuela en ruinas
    http://www.el-nacional.com/noticias/latinoamerica/clarin-huida-desesperada-venezuela-ruinas_222785

    El diario Clarín de Argentina reseñó en su página web el desesperado intento de decenas de miles de personas que escapan hora tras hora de Venezuela, donde la crisis económica y el desabastecimiento afectan a la población. 

    El portal narró como las personas se acumulan en el puente Simón Bolívar y lo calificó como «un tubo de hormiguero». "Con la gente apiñada intentando entrar a Colombia, que ha puesto restricciones desde el último viernes para ordenar el aluvión. Ese puente es uno de los tres accesos en esa frontera colombiana y en todos la situación es semejante".

    Casi 35.000 personas cruzan la frontera diariamente desde hace un mes, según datos de la oficina de migración de Colombia consignados por el diario Tiempo de Bogotá. La gran mayoría se quedan en el país vecino o lo usan como trampolín para seguir al norte del continente o hacia el sur, a Brasil, Chile, Perú o Argentina.

  • Le Brésil ré-autorise en partie le travail forcé...
    https://www.crashdebug.fr/international/14125-le-bresil-re-autorise-en-partie-le-travail-force

    Décidément Engie ils sont dans tous les bons plans offert par la mondialistion, du reste c’est qui votre fournisseur de gaz et d’électricité ? ; )

    Le Brésil est l’un de ces pays directement concernés par l’esclavage moderne, que ce soit pour ses propres industries ou pour approvisionner de grandes multinationales. À partir des années 2000, le gouvernement brésilien avait mis en place des mesures fortes pour lutter contre le travail esclave, qui a donné lieu à des scandales retentissants. Le gouvernement intérimaire de Michel Temer vient de revenir sur ces progrès.

    C’est la dernière mesure du gouvernement intérimaire brésilien de Michel Temer. Le 16 octobre, il a modifié, sans concertation préalable et sans aucun vote, la définition juridique du « travail esclave ». Selon le nouveau texte, il (...)

    http://reporterbrasil.org.br/documentos/plano_nacional.pdf
    http://www.ilo.org/global/publications/books/WCMS_575479/lang--fr/index.htm
    http://reporterbrasil.org.br/2014/05/zara-admite-que-houve-escravidao-na-producao-de-suas-roupas-em-20

  • Le président brésilien échappe de nouveau à des poursuites
    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/10/26/le-president-bresilien-echappe-de-nouveau-a-des-poursuites_5205987_3222.html

    Pour la deuxième fois en quelques mois, les députés brésiliens se sont prononcés, mercredi 25 octobre, contre une mise en accusation du président, Michel Temer, pour corruption.

    Le dirigeant centriste est accusé d’avoir reçu des dessous-de-table et d’avoir indirectement soudoyé un ancien responsable politique incarcéré dans une affaire impliquant Joesley Batista, patron du géant mondial de la viande JBS. Il est soupçonné d’avoir perçu jusqu’à 38 millions de réals de pots-de-vin (10,3 millions d’euros) de la part du groupe agroalimentaire.

    Les élus ont rejeté à 251 voix contre 233 son renvoi devant la Cour suprême pour entrave à la justice et crime organisé. Si l’opposition reste loin des 342 voix requises pour la tenue d’un procès, elle réduit cependant l’écart par rapport au précédent vote. En août, la Chambre des députés s’était prononcée à 263 contre 227 contre une autre mise en accusation visant M. Temer dans la même affaire.

    Ce nouveau vote permet au dirigeant d’échapper à des poursuites le temps de sa présidence. Mais il continue de faire l’objet d’une enquête et pourra éventuellement être poursuivi par la justice à l’issue de son mandat, à la fin 2018.

  • A l’encontre » Brésil. La méga-occupation de São Bernardo reflète le chômage galopant
    http://alencontre.org/ameriques/amelat/bresil/bresil-la-mega-occupation-de-sao-bernardo-reflete-le-chomage-galopant.ht

    Entretien avec Aldo Santos

    Au moment où un certain désarroi se manifeste dans de larges secteurs populaires du Brésil, face à la vigueur des contre-réformes placées sous l’égide du gouvernement de Michel Temer, une gigantesque occupation d’un terrain urbain est en cours dans la ville São Bernardo do Campo. Quelque 6000 personnes, des sans-toit, occupent des terrains qui constituent les ressources d’une vaste spéculation immobilière. Cette méga-occupation démontre l’actualité d’une réforme conjointe agraire et urbaine. Nous publions ci-dessous la traduction de l’entretien avec Aldo Santos conduit par les rédacteurs du Correio da Cidadania. (Rédaction A l’Encontre)

    ***

    Correio da Cidadania : Comment la méga-occupation du MTST (Mouvement des travailleurs sans toit) a-t-elle commencé à São Bernardo do Campo ?

    Aldo Santos : Le MTST a une logique propre pour rendre ses occupations visibles, qui passe par le choix du terrain adéquat, la préparation de la logistique et l’efficacité dans l’occupation, qui se fait toujours en accord avec les intérêts et stratégies du mouvement. Au sein de cette dynamique, seul un groupe de dirigeants – pour éviter la répression immédiate et « préventive » – a le contrôle sur les pas qui doivent être faits. En réalité, São Bernardo do Campo est une grande ville qui possède de grandes « poches » de terre qui ne sont en général qu’en attente de l’action de la spéculation immobilière.

    Correio da Cidadania : Avez-vous participé à la vie quotidienne sur place ? Comment les journées de ces familles se passent-elles ?

    Aldo Santos : J’ai accompagné partiellement le mouvement, mais il y a une forte répression exercée par l’appareil policier et la garde civile municipale. On nous empêche notamment de stationner près du lieu, et les voitures sont amendées illégalement, mises à la fourrière, cela afin de tenter de décourager l’accès au lieu par les habitants de l’occupation. Mais, étonnamment, le mouvement n’a fait que croître et sera certainement victorieux dans un contexte de manque de logements populaires dans la ville, de chômage croissant et de nécessaire socialisation des terres improductives qui, même en milieu urbain, restent aux mains de très peu de propriétaires.

    #logement #campement #occupation #luttes

  • Brazil backtracks on plan to open up Amazon forest to mining | Environment | The Guardian
    https://www.theguardian.com/environment/2017/sep/26/brazil-backtracks-on-plan-to-open-up-amazon-forest-to-mining

    Amazon conservation groups have hailed a victory as the Brazilian government announced a U-turn on plans to open up swaths of the the world’s biggest forest to mining corporations.

    President Michel Temer had sparked outrage in August when he announced a decree to abolish the Renca reserve, an area of 17,800 square miles – roughly the size of Switzerland – that is an important carbon sink and home to some of the world’s richest biodiversity.

    But he has now been forced into a humiliating reversal after his move to carve up the area was blocked by a judge, condemned in the country’s congress as the “biggest attack on the Amazon in 50 years” and opposed by environmental campaigners, climate activists, the Catholic church and anthropologists.

    #et_toc #Brésil #Amazonie #déforestation #extraction_minière

  • Brésil : le pouvoir couvre les exactions contre les #Indiens d’Amazonie
    https://www.mediapart.fr/journal/international/200917/bresil-le-pouvoir-couvre-les-exactions-contre-les-indiens-d-amazonie

    Indiens isolés de la vallée du Javari. © DR Dans le Brésil du président par intérim Michel Temer, les lobbies agricoles et miniers ont le vent en poupe. Les chercheurs d’or clandestins profitent de la situation. Dans ce contexte, l’enquête sur le massacre supposé d’une dizaine d’Indiens de la vallée du Javari, début août, s’avère difficile.

    #International #Amazonie #garimpeiros

  • Brésil : le gouvernement conservateur ouvre la voie à la destruction de l’Amazonie
    https://www.bastamag.net/Bresil-le-gouvernement-conservateur-ouvre-la-voie-a-la-destruction-de-l

    L’Amazonie ne sera plus un sanctuaire dédié à la biodiversité et à la sauvegarde d’un #Climat vivable. Le 23 août, le gouvernement brésilien de Michel Temer (droite) a publié un décret ouvrant la voie à l’exploitation minière par des compagnies privées d’une vaste zone de plus de 46 000 Km2, un territoire plus grand que la Suisse, au sein de la forêt amazonienne. Le site était pourtant classé réserve naturelle depuis trois décennies. « L’objectif est d’attirer de nouveaux investissements », argumente le (...)

    En bref

    / #Amériques, #Eviter_le_dépôt_de_bilan_planétaire, Climat, Biodiversité, #Multinationales

    #Biodiversité

  • Brésil : la justice suspend l’autorisation d’exploiter une réserve d’Amazonie
    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/08/30/bresil-la-justice-suspend-l-autorisation-d-exploiter-une-reserve-d-amazonie_

    C’est une victoire pour les défenseurs de la #forêt amazonienne. La justice brésilienne a suspendu mercredi 30 août un décret ayant abrogé le statut d’une gigantesque réserve naturelle d’#Amazonie pour y autoriser l’#exploitation_minière privée. Décidé par le président conservateur Michel Temer, le 24 août, le texte avait déclenché les foudres des défenseurs de l’environnement au Brésil comme à l’étranger.

    L’injonction du tribunal fédéral de Brasilia, signée par le juge, suspend « toute éventuelle mesure administrative fondée sur le décret » ayant abrogé la #réserve de #Renca, grande comme le Danemark, située à cheval entre les Etats brésiliens du Para et d’Amapa, dans le Nord du pays. Le gouvernement a immédiatement déposé un recours contre la suspension du décret ordonnée par la justice.

    #à_suivre

  • Des millions d’hectares de forêt amazonienne ouverts à l’exploitation minière
    http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2017/08/24/des-millions-d-hectares-de-foret-amazonienne-ouverts-a-l-exploitation-minier

    Quatre millions d’hectares de #forêt amazonienne pourront désormais être exploités par des entreprises minières. Le président brésilien, Michel Temer, a décidé d’abroger le statut de #réserve_naturelle, accordé à ces terres en 1984 sous la dictature militaire.

    Un décret en ce sens a été publié mercredi 23 août au Journal officiel. Le texte stipule néanmoins que cela « ne remet pas en cause l’application de la loi concernant la protection de la flore et des territoires autochtones ».

    En avril, un document officiel du ministère des mines et de l’énergie faisait valoir que la dissolution de la réserve « permettrait d’exploiter le potentiel minier de la région » en l’ouvrant au privé – jusqu’alors seules les compagnies publiques étaient autorisées à y opérer.

    #déforestation #exploitation_minière #Brésil #Amazonie

  • Victory for Indigenous Rights as Brazil’s Supreme Court Rejects Government Proposal To Limit Land Rights
    http://amazonwatch.org/news/2017/0817-victory-for-indigenous-rights-as-brazils-supreme-court-rejects-lim

    A much-anticipated decision by Brazil’s Supreme Court yesterday handed a critical victory to the country’s indigenous peoples. In unanimous rulings on two disputed indigenous land-titling cases, the Court dismissed a legal opinion issued by the Attorney General and endorsed by President Michel Temer, which argued for the rejection of land claims by indigenous peoples unless they inhabited their traditional territories at the time Brazil’s 1988 Constitution was ratified.

    “This is a very important victory for our people and our family...who are fighting for health and territory,” said Adilio Benites, a Guarani Kaiowá leader celebrating the decision in Brasilia, after holding an all-night vigil outside of the Supreme Court.

    #Brésil #terres #territoire #peuples_autochtones #justice

  • Brésil : Michel Temer échappe à un procès pour corruption
    http://www.lefigaro.fr/international/2017/08/03/01003-20170803ARTFIG00035-bresil-michel-temer-echappe-a-un-proces-pour-corr

    « La chambre des députés, qui représente le peuple brésilien, s’est prononcée de façon claire et incontestable. Ce n’est en aucun cas une victoire personnelle, c’est une victoire de l’État de droit démocratique », s’est félicité Michel Temer à la télévision dès l’annonce du résultat.

    C’est quoi le tag déjà ? #sans_vergogne !

    C’est aussi, d’une certaine façon, la preuve que Dilma Roussef était coupable... elle n’a pas été capable de réunir assez de députés autour d’elle pour voter son innocence.