• Dans les kiosques : Le livre noir du macronisme Fakir N°102 - février-avril 2022

    – macron, président des riches.
    – macron, contre les pauvres.
    – macron, contre la planète.
    – macron, contre la démocratie.

    Les enfants de l’assistance.
Le capital racontée par....ma galette des rois.

    #médias #journalisme #information #france #politique #emmanuel_macron #macron #en_vedette #actualités_françaises #enmarcheverslefn #politique #gouvernement_macron #economie #travail #covid-19 #coronavirus #réformes_antisociales #économie #chômage #François_Ruffin #Ruffin #Fakir

  • Masques : après le mensonge, le fiasco d’Etat | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/100420/masques-apres-le-mensonge-le-fiasco-d-etat

    Des livraisons en retard, des opportunités ratées, des interlocuteurs fiables méprisés et, in fine, des importations plus efficaces pour les entreprises que pour les soignants : une nouvelle enquête de Mediapart, étayée par des témoignages et des documents confidentiels, démontre les choix stratégiques catastrophiques du gouvernement dans l’approvisionnement du pays en masques.

    Alors que le gouvernement vient d’ajuster son discours sur l’usage des masques face au Covid-19, une nouvelle enquête de Mediapart montre que la France n’arrive toujours pas, trois mois après le début de l’épidémie sur son territoire, à importer suffisamment de matériel pour faire face à ses besoins les plus élémentaires, à commencer par l’équipement des soignants au contact du virus.

    A minima, près de 3 000 personnels soignants ont à ce jour été infectés par le Covid-19, selon les estimations du site spécialisé Actusoins.com portant sur quelques villes seulement.

    Étayées par de nombreux témoignages et documents confidentiels, émanant de sources au cœur de l’État et d’entreprises privées, ces révélations montrent que :

    En termes de livraisons de masques, les annonces ne sont pour l’heure pas suivies d’effets, avec des objectifs seulement remplis à 50 %. Et au rythme où vont les choses, il faudrait en théorie deux ans à la France pour acheminer les 2 milliards de masques promis par le ministère de la santé. 

    En mars, alors que l’épidémie faisait déjà des ravages, le gouvernement a raté l’importation de dizaines de millions de masques, y compris les précieux FFP2 pour les soignants, avec des entreprises pourtant jugées fiables par l’État lui-même.

    La stratégie gouvernementale apparaît toujours aussi incohérente. Alors que les soignants continuent de manquer cruellement de protection, des dizaines de millions de masques arrivent aux entreprises… avec l’aide de la puissance publique.

    Voici notre enquête.

    Des importations ratées
    Les boîtes mails des conseillers du ministre de la santé Olivier Véran détiennent un trésor d’une valeur aujourd’hui inestimable : des millions de masques, dont des FFP2, ce matériel protection qui fait aujourd’hui tant défaut aux soignants, contaminés par milliers par le Covid-19.

    Selon nos informations, plusieurs membres du cabinet du ministère ont en effet reçu de la part d’entreprises françaises, dans le courant du mois de mars, des propositions d’importations rapides et massives de matériel. Ils ont choisi de ne pas y donner suite. Et ils ont de quoi s’en mordre les doigts aujourd’hui. 

    À ce jour, les masques FFP2, les seuls qui protègent leurs porteurs (les masques chirurgicaux empêchent seulement de contaminer les autres), sont une denrée extrêmement rare. Les stocks d’État sont exsangues et le marché international sous haute tension. L’État n’en avait plus que 5 millions en stock le 21 mars, alors même que leur distribution est, aujourd’hui encore, rationnée de façon drastique. De nombreux soignants (hospitaliers, médecins de ville, pompiers) n’en disposent pas. Ils sont pourtant en contact quotidien avec des patients infectés par le Covid-19 (lire notre précédente enquête ici).

    L’entreprise de Lucas* aurait sans doute pu résoudre une partie du problème si son offre avait seulement été traitée en haut lieu. « À l’époque, j’étais capable de livrer 20 millions de FFP2 par mois, il n’y avait pas encore le rush d’aujourd’hui », explique cet importateur, qui a écrit à plusieurs conseillers d’Olivier Véran dans la première quinzaine du mois de mars. 

    Dans l’un des courriels consultés par Mediapart, Lucas donne toutes ses références et certifications. L’usine chinoise avec laquelle il travaille peut sortir 3 millions de masques par semaine, qu’il peut livrer en France huit jours plus tard. Lucas dit n’avoir reçu aucune réponse du ministère de la santé.

    Dans notre précédente enquête, nous avions déjà révélé la situation ubuesque de plusieurs entrepreneurs, dont un expert français en sourcing industriel en Chine, Julien*. Il s’était fait éconduire par le cabinet d’Olivier Véran, le 17 mars, après envoyé deux jours plus tôt une proposition détaillée pour fournir 6 à 10 millions de masques chirurgicaux par semaine (dont 1 million de FFP2). 

    Julien avait aussi pu échanger avec le professeur Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, qui lui avait confirmé les besoins urgents de l’État : « Je vous garantis que nous cherchons tous azimuts [des masques – ndlr] », lui écrivait-il, le 13 mars.

    Interrogé par Mediapart sur le refus opposé à Julien mais aussi à d’autres importateurs, le ministère de la santé avait alors remis en question leur « fiabilité ». « S’autodésigner comme un interlocuteur sérieux n’a jamais constitué une preuve en soi que c’est bien le cas », ajoutait même le cabinet d’Olivier Véran, visiblement sur de son fait, dans la réponse adressée à Mediapart le 1er avril (à relire ici). 

    Il s’agissait d’un nouveau mensonge. Si ce n’est pas le cas de Julien, plusieurs autres importateurs qui nous ont dit avoir été ignorés par l’État ont été officiellement référencés, depuis la fin du mois de mars, par le ministère de l’économie et des finances comme des importateurs fiables pour les entreprises françaises qui veulent acheter des masques, d’après des documents que nous avons consultés.

    Mediapart a pu retracer, en plus de Lucas, les situations de trois autres entreprises françaises, également référencées dans les listings officiels de Bercy, mais dont les offres pour les établissements de santé ont été ignorées au mois de mars par le ministère de la santé. La plupart ont requis l’anonymat, vu la sensibilité du sujet.

    C’est par exemple le cas de Fernand*. Dans la première quinzaine du mois de mars, cet importateur est très inquiet de la situation dans les hôpitaux. Il sollicite, par mail lui aussi, un conseiller du cabinet d’Olivier Véran dont il a obtenu les coordonnées.

    Fernand travaille avec la Chine dans le domaine médical depuis plusieurs années. Il peut livrer des millions de masques chirurgicaux pour les soignants dans les trois semaines. Mais son mail ne reçoit pas la moindre la réponse, ni même un accusé de réception. « J’étais surpris, j’ai essayé plusieurs tentatives sans succès. » Peut-être le ministère a-t-il considéré qu’il n’était pas fiable. « Je fournis pourtant des grands groupes cotés en bourse », répond-il.

    C’est avec la plus grande volonté du monde que Bernard Malaise, à la tête de la société d’import ID Services, et qui travaille avec des fournisseurs industriels chinois depuis plus de dix ans, a lui aussi proposé son aide au ministère. Nous sommes le 21 mars et les masques continuent à faire défaut à la France. 

    Olivier Véran évoque même publiquement la pénurie en conférence de presse. « Lors de son allocution du samedi 21 mars, le ministre de la santé indiquait que les stocks de masques FFP2 en France n’étaient plus que de 5 millions », se souvient M. Malaise (lire ici les déclarations du ministre). 

    Or, la consommation pour les hôpitaux français est, malgré les nombreuses restrictions, passée à 40 millions de masques chirurgicaux et FFP2 par semaine. Bernard Malaise connaît bien le sujet, l’une de ses sœurs « travaille aux urgences à l’hôpital Cochin à Paris depuis plus de 30 ans » : « Ce qu’elle vit aujourd’hui avec ses pairs est inouï. Chaque jour, chaque nuit, j’y pense… »

    Le chef d’entreprise cherche ce week-end-là à contacter le ministère de la santé pour proposer d’importer des masques, mais ses appels restent vains. Deux jours plus tard, la société ID Services ouvre elle-même un canal d’importation. « Nous sommes une PME semblable à des milliers d’autres en France : sans aucune assistance ni aide externe, nous sommes en train de réceptionner 5 millions de masques chirurgicaux et de FFP2 en moins de quatre semaines. »

    « Comme d’autres salariés d’ID Services », Bernard Malaise est « 24 heures sur 24 au bureau ». Il ne se « repose que quelques heures ici ou là » sur un lit de camp. Dans « moins d’un mois, nous dépasserons les 10 millions de masques importés pour la France » : « C’est peu par rapport aux besoins de notre pays, c’est énorme pour l’usage que nous en faisons. »

    ID Services approvisionne des PME et PMI qui ont besoin de protéger leurs salariés, mais donne aussi des milliers de masques à des professionnels de santé. « Force est de reconnaître qu’en matière d’importation de masques, tout particulièrement les masques FFP2, l’échec de l’administration et des grands groupes qui étaient proches ou non du pouvoir est patent », note Bernard Malaise.

    Les prénoms ont été modifiés à la demande des témoins.

    Un dernier importateur, Franck, lui aussi bien connecté à des producteurs chinois et référencé par Bercy, pouvait également fournir le ministère. Selon nos informations, un membre de la cellule interministérielle qui gère les commandes de l’État a même engagé des discussions très avancées avec lui pour une commande de plus de 20 millions de FFP2, avec un échéancier de livraison sur les semaines suivantes. Mais, pour des raisons inexpliquées, la commande a brutalement été stoppée, dans la dernière semaine de mars, juste avant sa signature. « Je ne veux pas jeter la pierre à l’État, je me suis dit qu’ils avaient un plan pour livrer plus vite le personnel soignant, ce qui est l’essentiel », explique Franck.

    Les embrouilles de la mégacommande 
    Après deux mois de gestion chaotique, le gouvernement pense en effet avoir enfin trouvé la martingale : le 21 mars, le ministre de la santé Olivier Véran annonce que la France a commandé 250 millions de masques, dont une bonne partie à des fournisseurs chinois. 

    L’exécutif est tellement sûr de lui qu’il publie le même jour au Journal officiel un décret daté de la veille, qui libéralise l’importation de masques pour les entreprises et les collectivités. Les importateurs qui ont fait des offres à l’État sont redirigés vers la toute nouvelle « cellule masques » de Bercy, chargée de référencer les importateurs sérieux capables de fournir les entreprises (lire plus bas).

    Bref, l’État signifie aux importateurs qu’il n’a plus besoin d’eux, car il a déjà commandé des masques à foison pour ses personnels soignants.

    À première vue, les annonces du ministre de la santé sont éblouissantes : le 28 mars, Olivier Véran claironne que la commande initiale de 250 millions « dépasse désormais le milliard ». Le 1er avril, à l’Assemblée, il indique que la commande a bondi à « plus d’un milliard et demi de masques », puis à « pas loin des deux milliards » trois jours plus tard, dans une interview à Brut.

    Il y a, en réalité, derrière cette surenchère de milliards, une opacité totale et plusieurs embrouilles. Le ministre de la santé n’a jamais donné, au fil de ses annonces, de chiffres comparables : il s’agit tantôt des commandes en Chine, tantôt des commandes totales incluant la production des usines françaises (8 millions de masques par semaine).

    Lors de sa réponse du 1er avril à notre précédente enquête, le cabinet d’Olivier Véran avait réussi à se contredire dans la même phrase en indiquant que le milliard du 28 mars correspondait uniquement aux achats chinois… et qu’il incluait la production française. 

    Il y a une seconde donnée cachée : le ministre n’a jamais annoncé le nombre de masques FFP2 commandés. Or, ce sont ces masques, les seuls qui protègent leurs porteurs, qui manquent le plus cruellement au personnel soignant. Selon une source anonyme à la Direction générale de la santé citée par France Info, il n’y en aurait que 74 millions dans le milliard annoncé le 28 mars.

    Contacté au sujet du nombre réel de masques commandés en Chine et de la proportion de FFP2, le ministère de la santé n’a pas répondu à nos questions. 

    Une chose est sûre : pour atteindre de tels volumes, le gouvernement a fait le choix risqué de mettre une grande partie de ses œufs dans le même panier. L’exécutif a choisi de passer ses commandes chinoises à quatre gros fournisseurs : Segetex EIF, Aden Service, Fosun et BYD. Cette liste figure dans des instructions écrites diffusées par le gouvernement et les préfets à l’attention des entreprises et des collectivités locales, pour leur demander d’éviter « si possible » de se fournir en masques auprès de ces « quatre fournisseurs privilégiés de l’État ».

    Segetex EIF est le seul groupe français de la liste : cette PME familiale possède une usine de masques près de Roanne (Loire) et une seconde, beaucoup plus grosse, en Chine. Pas de chance, elle est située à Wuhan, épicentre de l’épidémie de Covid-19. Résultat : alors que la plupart des fabricants chinois de masques ont été de nouveau autorisés à exporter fin février, l’usine de Segetex était toujours fermée lorsque l’État a passé commande en mars et n’a pu redémarrer sa production que le 2 avril. Vu l’urgence sanitaire, était-ce vraiment le meilleur choix pour fournir la France ? Segetex et le ministère de la santé n’ont pas répondu.

    Aden Services, le second fournisseur de l’État, est une success story franco-chinoise. Fondé en 1995 par Joachim Poylo, fils d’un armateur du Havre émigré à Shanghai, ce groupe chinois est devenu un mastodonte de 25 000 salariés, spécialisé dans les services aux entreprises (nettoyage, sécurité, restauration, etc.). Mais cette activité semble très éloignée du matériel médical. Aden ne figure d’ailleurs pas dans la liste des fabricants de masques autorisés à exporter, publiée début avril par le gouvernement chinois. Le groupe de Joachim Poylo a-t-il joué un simple rôle de courtier en sélectionnant des fournisseurs pour le compte de la France ? Aden et le ministère de la santé n’ont pas répondu. 

    Très peu connu en France, BYD est un géant industriel chinois, spécialisé dans les batteries et les automobiles, en particulier les voitures électriques. Lorsque l’épidémie a éclaté en Chine en janvier, BYD a reconverti en un temps record l’un de ses sites dans la fabrication de masques. Selon un communiqué de l’entreprise, ce serait aujourd’hui la plus grosse usine du monde, avec 5 millions d’unités produites par jour.

    Le dernier de la liste, Fosun, est le plus gros conglomérat privé chinois, présent dans la santé (hôpitaux, industrie pharmaceutique), la finance, le divertissement et le tourisme (il possède en France le Club Med). Fosun ne fabrique pas de masques. Mais à l’instar d’autres entreprises chinoises, Fosun s’est lancé à corps perdu dans la lutte contre le Covid, comme le détaille ce communiqué.

    Lorsque l’épidémie a touché la Chine en janvier et que le pays manquait de masques, le conglomérat en a acheté des millions à l’étranger, notamment en Europe. Maintenant que la situation s’est inversée, Fosun a lancé une opération de mécénat mondiale, symbolique de la volonté de la Chine de s’afficher en sauveur de la planète. Fosun a acheté à ce jour 2,6 millions de masques pour les offrir aux pays les plus touchés, dont les États-Unis, l’Italie, le Royaume-Uni et la France.

    Interrogé au sujet du rôle du groupe dans la mégacommande passée par la France, Fosun a refusé de nous répondre, nous renvoyant vers le ministère de la santé, qui n’a pas non plus répondu. Le groupe chinois s’est borné à nous confirmer qu’il ne « produit pas lui-même de masques », mais qu’il « essaye de mobiliser au mieux ses ressources globales pour aider les pays affectés par la pandémie ».

    L’exécutif entretient une opacité totale sur les contrats avec ces quatre fournisseurs. Aucune information n’a été communiquée sur les quantités commandées à chacun, les tarifs et les délais de production.

    Même silence sur les conditions de sélection de ces entreprises. Le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s’est vanté mardi sur BFMTV d’avoir été « le courtier d’Olivier Véran » en Chine, notamment pour y « identifier » les fournisseurs. Mais l’exécutif refuse de dire si la commande a été négociée en tout ou partie avec l’État chinois, et si Pékin a donné des garanties sur le rythme des livraisons. Interrogé par Mediapart, Jean-Yves Le Drian n’a pas répondu.

    Plusieurs importateurs interrogés par Mediapart jugent que la stratégie de l’État, qui a ignoré les « petits » fournisseurs déjà implantés sur le marché du matériel médical et presque tout misé sur quatre gros, est extrêmement risquée, voire absurde.

    Ces professionnels estiment qu’il aurait fallu rafler toutes les capacités de production disponibles au plus vite, même les plus modestes. 

    « Ce n’est pas quatre gros fournisseurs que l’État aurait dû prendre dans une telle situation d’urgence, mais vingt ! La demande est telle en Chine qu’il faut multiplier les canaux d’importation », explique à Mediapart un importateur de matériel médical, référencé par la « cellule masques » de Bercy. 

    Difficile de leur donner tort : trois semaines après l’annonce de la première mégacommande, les milliards de masques chinois ne sont livrés qu’au compte-gouttes. 

    Des « milliards » de masques introuvables

    Lorsque Olivier Véran a annoncé le 28 mars, aux côtés du premier ministre Édouard Philippe, « un pont aérien étroit et intensif entre la France et la Chine » pour acheminer la mégacommande de l’État, les personnels soignants ont dû se sentir rassurés. Souvent utilisé en situation de conflit armé ou de catastrophe humanitaire, ce terme imagé suggère l’idée d’allers-retours incessants pour ramener au plus vite les masques tant attendus.

    Deux semaines plus tard, la promesse du gouvernement a déjà du plomb dans l’aile.

    Selon Le Monde, l’État a commencé à chercher un prestataire le week-end du 21-22 mars, juste après l’annonce de la première commande de 250 millions de masques. C’est le transporteur Geodis, filiale privée de la SNCF, qui a été choisi, là encore dans la plus totale opacité. L’État et l’entreprise n’ont communiqué aucun élément sur la nature du marché public et le processus de sélection, et ont refusé de répondre à nos questions.

    Le 30 mars, deux jours après l’annonce du « pont aérien », un premier avion chargé de 8 millions de masques se pose à l’aéroport de Paris-Vatry, dans la Marne, à 150 km à l’est de la capitale, devant l’objectif des caméras et des photographes. Une belle opération de communication.

    Dans la foulée, Geodis détaille dans la presse les modalités du « pont aérien » opéré pour l’État. L’entreprise dit avoir trouvé en un temps record, grâce à un contrat passé avec la compagnie aérienne russe Volga-Dnepr, des Antonov 124, les deuxièmes plus gros avions cargos au monde, capables d’emporter plus de 10 millions de masques d’un coup. Geodis annonce quatre rotations par semaine, et seize vols au total d’ici la fin avril.

    Mais le compte n’y est pas. Comme l’a reconnu Olivier Véran, deux Antonov seulement se sont posés à Vatry la semaine dernière (le 30 mars et 1er avril), pour 21 millions de masques livrés. Selon nos informations, la situation est identique cette semaine, avec deux Antonov arrivés à Vatry mercredi et jeudi, ce qui correspond à environ 20 millions de masques. 

    « Entre le 30 mars et le 9 avril compris, nous avons reçu huit avions remplis essentiellement de masques », indique à Mediapart le responsable des cargos à Vatry, Yoann Maugran. Parmi eux, cinq ont été affrétés par Geodis, dont les quatre Antonov. Pour chaque Antonov, il estime « entre 8 et 10 millions le nombre de masques transportés ». Géodis travaillant à la fois pour l’État et le privé, on ignore à qui était destinée la cargaison du cinquième vol.

    Air France et CMA-CGM ont indiqué participer au « pont aérien », mais cette terminologie englobe l’ensemble des livraisons de masques depuis la Chine, y compris celles destinées aux entreprises (lire plus bas). Ces deux entreprises ont refusé de nous dire si elles livraient une partie des commandes de l’État. 

    Yoann Maugran n’a pas voulu nous donner de détails, mais indique que son aéroport a servi à acheminer 49 millions de masques, dont « environ 70 ou 80 % qui sont des commandes publiques ». Soit un total de quelque 40 millions de masques en deux semaines pour l’État livrés à Paris-Vatry, ce qui confirme notre estimation.

    Les vols du « pont aérien » opéré pour l’État par les Antonov de Geodis sont donc deux fois moins nombreux que prévu, pour des livraisons hebdomadaires de masques de seulement 20 millions, soit la moitié des besoins actuels. Depuis le 21 mars, l’État consomme en effet 40 millions de masques par semaine, alors même que leur distribution est strictement rationnée, en particulier en matière de masques protecteurs FFP2. 

    À ce rythme, il faudrait deux ans pour acheminer 2 milliards de masques. Le ministre des affaires étrangères Jean-Yves le Drian a pourtant déclaré le 7 avril sur BFMTV que « le pont aérien que nous avons mis en place se déroule et [que] les masques commandés arriveront […] d’ici la fin du mois de juin ».

    Reste à savoir si le problème vient de Geodis ou des quatre grands fournisseurs auxquels l’État a passé commande. Selon Olivier Véran, c’est la situation en Chine qui est en cause : « Parce que la Chine fait face à un risque de réémergence du virus sur son propre territoire, elle doit se préparer, a-t-il déclaré le 4 avril à Brut. Et donc c’est pas parce qu’on achète et qu’on commande des masques qu’ils vont forcément se retrouver livrés dans l’avion et ensuite qu’ils vont atterrir en France. C’est un enjeu du quotidien que d’être capables de faire en sorte que ces masques que nous avons commandés soient bien produits et qu’ils nous arrivent. […] C’est un travail diplomatique aussi qui est énorme. »

    Le ministre reconnaît ainsi que malgré les gigantesques montants commandés, la France n’a obtenu aucune garantie de ses fournisseurs en matière de volumes livrés chaque semaine, et dépend du bon vouloir du gouvernement chinois.

    Olivier Véran se défend en indiquant que vu la concurrence acharnée sur les achats de masques, tous les pays font face au même problème, et que « la France fait partie des pays qui ont commandé le plus tôt ». 

    Cette information est contredite par notre précédente enquête (à relire ici). Et l’exécutif, en refusant les offres que lui avaient faites plusieurs importateurs au mois de mars, a aggravé la pénurie. Ce choix est d’autant plus discutable que ces importateurs se sont mis au service des entreprises, à la demande de l’État et avec son soutien actif.

    Les entreprises mieux traitées que les hôpitaux 
    Tandis que les commandes d’État arrivent au compte-gouttes, c’est l’effervescence à Bercy. L’exécutif a fait, le 21 mars, un pari risqué. Alors même qu’il n’avait, à l’époque, aucune garantie sur ses volumes de livraison, le gouvernement a mis fin à la réquisition des masques et libéralisé presque totalement les importations. Seules les commandes de plus de 5 millions de masques sur un trimestre sont susceptibles d’être réquisitionnées, à condition que l’État le demande sous trois jours.

    Dès la parution du décret, le ministère de l’économie et des finances a créé, au sein de sa Direction générale des entreprises (DGE), une « cellule masques » chargée d’aider les entreprises à importer. Elle est autonome de la cellule interministérielle chargée d’approvisionner l’État pour le personnel soignant.

    Trois agents de la DGE sont mobilisés. Leur job ? Appeler les fournisseurs potentiels et vérifier leur sérieux avant de les référencer. Les hommes de Bercy n’ont aucun mal à en trouver, puisque le ministère de la santé leur a transmis les coordonnées des importateurs qui se sont manifestés avant le 21 mars. Depuis cette date, ceux qui contactent l’État pour fournir les soignants sont redirigés vers Bercy. 

    Le ministère de la santé leur envoie un courriel type, que Mediapart a consulté. « Considérant […] le nombre de contrats déjà signés par l’État pour assurer l’approvisionnement en masques des services de santé et d’autre part […] l’étendue des besoins à satisfaire hors personnel médical », les importateurs sont priés de contacter la cellule de la DGE. « De nombreuses entreprises sont à la recherche de fournisseurs pour répondre aux besoins qu’implique le maintien ou le redémarrage de leur activité », précise le ministère de la santé (notre document ci-dessous).

    Le message est clair : l’État a ce qu’il faut pour les hôpitaux, il faut désormais servir les entreprises pour limiter l’impact de l’épidémie sur l’économie française.

    Résultat : en moins d’une semaine, la cellule de Bercy est parvenue à dresser une liste de fournisseurs de confiance, compilés dans un tableur. Ce document, que Mediapart a récupéré, listait 32 importateurs dans sa version du 30 mars.

    Un second tableur concerne le « pont aérien avec la Chine » destiné aux entreprises privées. Il recense les contacts de commissionnaires de transport aérien, et a été réalisé pour faciliter les livraisons dans un contexte de forte diminution du trafic aérien. On y trouve les poids lourds français Bolloré Logistics, Ceva Logistics, filiale de CMA-CGM, mais aussi Geodis, qui assure des livraisons du gouvernement. 

    Ces documents ont été transmis par Bercy aux entreprises par l’intermédiaire des fédérations professionnelles, dont la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui regroupe les chaînes de supermarchés.

    Bercy y a ajouté un troisième avec ses instructions : il faut frapper vite et fort. Les commandes doivent être « massives », les « grands donneurs d’ordres » ayant pour mission de « commander des masques en très grandes quantités et au-delà de leurs propres besoins », pour les redistribuer au sein de leur filière. Comme les « capacités de production en Chine sont en train d’être saturées très vite, il y a urgence à commander et à mettre des flux réguliers », précise le ministère de l’économie (notre document ci-dessous).

    Consignes données par le ministère de l’Economie aux entreprises qui veulent importer des masques. © Document Mediapart
    Deux semaines après son lancement, la machine est aujourd’hui bien huilée. Selon un décompte effectué par Mediapart, les entreprises et les collectivités locales françaises, qui ont elles aussi passé de grosses commandes, ont déjà réussi à se faire livrer au moins 50 millions de masques, soit davantage que les 40 millions de livraisons à l’État que nous avons pu recenser, destinés au personnel soignant.

    Sollicités, les services du premier ministre, du ministère de la Santé et de Bercy n’ont pas souhaité commenter ces chiffres.

    Il y a eu par exemple l’atterrissage très médiatisé, le 30 mars à Roissy, de l’avion d’Air France affrété par Bolloré Logistics, avec à son bord 2,5 millions de masques offerts par LVMH à l’État, et 3 millions supplémentaires achetés par des entreprises comme Casino. L’aéroport de Paris-Vatry, où arrivent les masques de l’État, a réceptionné environ 10 millions de masques commandés par le privé. Et, selon nos informations, 13,5 millions de masques sont arrivés jeudi à l’aéroport de Roissy dans un avion de Qatar Airways Cargo.

    Et plusieurs dizaines de millions d’exemplaires supplémentaires sont attendus dans les prochaines jours. CMA-CGM a annoncé ce vendredi participer au « pont aérien » avec six vols par semaine, notamment affrétés auprès d’Air France, qui vont acheminer 20 millions de masques d’ici dimanche. Une partie de la cargaison serait destinée à l’État, selon Challenges. 

    Depuis le changement de discours des autorités sur la nécessité de porter un masque, toutes les entreprises en veulent, de la TPE au groupe du CAC 40, pour pouvoir reprendre leur activité à la sortie du confinement. Plusieurs importateurs de la cellule de Bercy tirent leur épingle du jeu par leur réactivité. Ces entreprises, dont plusieurs petites PME, sont pour la plupart bien introduites en Chine, où elles travaillent avec des fournisseurs depuis des années. Certaines y ont même développé des filiales au fil du temps.

    « Le masque est un dispositif médical, on l’oublie trop souvent. Et acheter ou importer des dispositifs médicaux depuis la Chine, ça ne s’invente pas. Des grands groupes français se sont fait bananer et viennent vers nous maintenant », explique Thibault Hyvernat, de la société Sterimed. « La puissance financière n’est vraiment pas le meilleur argument pour travailler dans la confiance avec les usines chinoises », appuie Bernard Malaise d’ID Services, en insistant sur la qualité des relations tissées au fil des ans avec ses fournisseurs chinois.

    Les tensions sur le marché sont telles que les prix ont été multipliés par 15 depuis le début de l’année, de 2 à 30 cents de dollar pour un masque chirurgical sorti d’usine. « Quand vous êtes en compétition avec des gens qui payent cash sans même prendre le soin de vérifier la marchandise, on est forcément perdants ! », expliquait Gian Luigi Albano, ancien responsable de la Consip, la plateforme d’achats publics nationale italienne, dans une enquête sur le « far west » de l’équipement médical diffusée sur Radio France (à retrouver ici). « Payer directement à la commande, les États acceptent de le faire pour leurs commandes, et, même ça, ça ne suffit plus ! », témoigne un importateur labellisé par Bercy.

    La situation autour des masques est si tendue en Chine que des policiers armés surveillent le chargement des camions à la sortie des usines. © D.R.
    Pour les importateurs interrogés, dont Olivier Colly, en capacité d’importer « 10 millions de masques ce mois », la « vraie problématique, c’est le transport ». « En temps normal, 80 % du fret se faisait dans les avions de ligne sous les passagers. Mais Shanghai, aujourd’hui, c’est un vrai champ de bataille. Un avion cargo complet, habituellement à 300 000 euros, vaut désormais 1 million d’euros, et les américains peuvent monter à 1,5 million ou 2 millions. »

    En plus des vols avec UPS ou Geodis, le fondateur de Medicofi s’est tourné vers une alternative inédite : le train. « Je ne l’avais jamais envisagé avant mais cela s’avère plus fiable, avec un délai de 19 jours entre la Chine et la France via la Russie, la Pologne et l’Allemagne », explique-t-il.

    Programmée dans dix jours, la prochaine livraison de 3 millions de masques de Thibault Hyvernat, qui a déjà « fait passer 2,5 millions de masques la semaine dernière », passera sur un appareil d’Air France qui « a enlevé des sièges dans un avion passager ».

    Difficulté supplémentaire : le marché chinois s’est encore durci depuis le 1er avril et l’instauration de nouvelles règles de contrôle à l’exportation. Après avoir largement subventionné la production de masques depuis janvier, le gouvernement chinois a restreint, pour mieux s’assurer de la qualité de la marchandise sortant du pays, à une liste de 500 noms le nombre d’entreprises autorisées à fournir le reste du monde.

    « Cela a remis à plat tous nos circuits d’approvisionnement. On court de tous les côtés pour trouver des solutions », explique Max Braha-Lonchant, du fournisseur Luquet-Duranton. Preuve de l’impact de la décision : les deux seuls vols Geodis prévus les 5 et 6 avril par Air France-KLM ont été annulés à cause « du changement de la réglementation des règles sanitaires en Chine ».

    « Les douanes chinoises sont de plus en plus tatillonnes. Avant il fallait trois-quatre documents à la douane, maintenant il en faut sept ou huit, note l’importateur Pierre-Michel Rogozyk. Il faut se mettre à leur place. Pour la Chine, c’est un enjeu de réputation mondiale. C’est un produit sanitaire que tout le monde veut, 130 pays ont besoin de masques en même temps. Les Chinois veulent que ce soit parfait. C’est l’heure H pour eux. » 

    Le président de la République Emmanuel Macron, le premier ministre Édouard Philippe et le ministre de la santé Olivier Véran, le 24 mars, à l’Élysée. © Ludovic MARIN/POOL/AFP
    Selon le porte-parole du ministère du commerce Gao Feng, en conférence de presse le 9 avril, pas moins de 130 pays et 14 organisations internationales ont signé des contrats de matériel médical avec des entreprises chinoises, ou sont en passe de le faire. Les statistiques des douanes chinoises indiquent que le pays a fourni 3,86 milliards de masques dans le monde entre le 1er mars et le 4 avril. « En deux mois, de janvier à mars, mon fournisseur a monté 33 lignes de production ! », explique Oliver Colly, de Médicofi.

    Ce vendredi 10 avril, les autorités ont annoncé, « avec effet immédiat », un nouveau durcissement des procédures de contrôle sur 11 produits médicaux à l’export, dont les masques, qui devront systématiquement être inspectés physiquement par les autorités avant le départ.

    Un importateur, qui souhaite rester anonyme, craint que le délai de passage en douane ne s’allonge et ne dure désormais « entre 7 et 14 jours ». « Entre le moment où la commande est passée et le moment où ça va arriver en France, il va se passer un mois. Il risque d’y avoir de grosses ruptures d’approvisionnement pour la France », redoute-t-il.

    Une stratégie gouvernementale incohérente 
    Interviewé le 4 octobre par Brut, le ministre de la santé Olivier Véran déclarait que l’ouverture des importations de masques aux entreprises et aux collectivités locales n’est « pas un grand succès, hélas ».

    Notre enquête montre exactement le contraire.

    Le succès des importations non étatique devient un problème politique majeur pour le gouvernement, qui voit des dizaines de millions de masques lui passer sous le nez, alors que sa mégacommande n’arrive que trop lentement. 

    Résultat : l’État a réquisitionné pour la première fois, le 2 et le 5 avril dernier, sur le tarmac de l’aéroport de Bâle-Mulhouse, plusieurs millions de masques commandés par plusieurs collectivités, dont la région Bourgogne-France-Comté et le conseil départemental des Bouches-du-Rhône. Ce qui a provoqué la fureur des élus locaux, ces masques étant destinés aux personnels des Ehpad ou aux personnels d’aide à domicile.

    L’affaire illustre au passage la faiblesse de l’État. Sa région étant l’une des plus touchées par la pandémie, l’ARS Grand Est avait pris l’initiative de passer elle-même commande de 6 millions de masques, « en complément des stocks stratégiques nationaux, pour approvisionner les établissements sociaux et médico-sociaux, ainsi que les professionnels de santé libéraux », a-t-elle indiqué à Mediapart. 

    Mais la cargaison des deux avions qui ont atterri à Bâle-Mulhouse, chargés de masques destinés à la fois à l’ARS et à plusieurs collectivités, a été moins importante que prévu. La préfecture a donc fait saisir l’intégralité des masques, afin que l’ARS soit servie en premier.

    Le gouvernement aurait fini par reconnaître « une méthode inopportune » et aurait promis aux collectivités de ne plus se servir « sans prévenir », lors d’une vidéoconférence avec les présidents des trois grandes associations d’élus locaux – mairies, départements et régions, selon Le Monde.

    Dans le même temps, aucune réquisition de masques destinés aux entreprises privées n’a été dévoilée à ce jour. Le gouvernement a refusé de nous dire s’il avait déjà saisi des commandes privées.

    Cette incohérence apparente s’explique en partie par le seuil minimum de réquisition de 5 millions de pièces que le gouvernement a lui-même fixé et que plusieurs collectivités ont dépassé. Mais comme la majorité des commandes des entreprises sont en dessous du seuil, l’État s’est privé du moyen de les saisir. 

    C’est d’autant plus dommage que Bercy connaît très bien l’état des stocks privés : selon nos informations, la DGE demande à toutes les entreprises de lui rapporter chaque semaine, via un tableur informatique, le nombre de masques commandés et livrés.

    L’État ne devrait-il pas abaisser le seuil pour récupérer les commandes des entreprises, au lieu de déshabiller les Ehpad ? Le ministère de la santé et Bercy n’ont pas souhaité répondre. 

    Un importateur confie qu’il a « peur d’être réquisitionné » à l’avenir : « Ce n’est pas un problème en soi s’il y a un besoin urgent. Mais à aucun moment, le gouvernement ne nous a dit quand on serait ensuite payés et à quel tarif. Comment on fait si on a déjà payé la marchandise et un client à livrer ? » Interrogé, Bercy n’a pas répondu sur ce point non plus.

    Certains importateurs référencés par Bercy nous ont indiqué avoir renoncé à commander des FFP2 pour des raisons éthiques, limitant le stock privé qui pourrait éventuellement être réquisitionné à l’avenir par l’État pour les hôpitaux. « Je n’en importe pas, pour moi ils doivent être réservés au personnel soignant, qui n’en a pas assez », explique Christine Tarbis, de l’entreprise À pas de géant. 

    « Je pense qu’on pourrait ouvrir un centre d’approvisionnement unique pour tout le pays, avec une gestion par les plus gros logisticiens », suggère un autre professionnel référencé par le ministère de l’économie. Son plan : « On bourre cet entrepôt, qui approvisionne tout le monde ensuite, de la boulangerie de quartier qui doit reprendre son activité au plus grand des hôpitaux, en définissant des priorités. »

    L’importateur a suggéré l’idée à plusieurs conseillers ministériels par courriel mais ne veut pas les accabler : « Ils n’ont sans doute pas le temps d’organiser cela, ils font de leur mieux et doivent agir vite. »

    Au début de sa mise en place, la secrétaire d’État à l’économie Agnès Pannier-Runacher avait précisé que la « cellule entreprises » se fournissait auprès de fabricants chinois « de plus petite taille », les « volumes les plus importants » étant « fléchés » en priorité vers la cellule qui fournit l’État.

    Mais, là encore, cette approche est démentie par les faits. « On a des très grosses boîtes du CAC 40 qui sont sur des commandes de 7 millions de masques, et qui répartissent sur deux fournisseurs pour assurer. Un groupement de pharmaciens est venu nous voir pour 120 millions de chirurgicaux. On est en train de voir comment on pourrait faire », explique Pierre-Michel Rogozyk. 

    Et même les hôpitaux, pourtant censés être fournis par l’État, cherchent à acheter en direct via les fournisseurs sélectionnés par Bercy. « J’ai eu des demandes de la part d’hôpitaux, raconte l’importateur Mathieu Madec, gérant de la société angevine GMAD. Mais je n’ai pas pu les honorer, faute de solution sur les modalités de financement. Ces établissements ne sont pas en mesure d’avancer l’argent pour des millions de masques. » 

    L’entrepreneur s’est allié à un commissionnaire pour fournir aux établissements de santé une solution 100 % privée, hors du pont aérien : « J’ai la capacité à trouver les masques, il a des avions privés pouvant effectuer des rotations avec 6 millions de masques à bord par semaine. Et nous avons un groupement de dix hôpitaux intéressés. Nous allons peut-être y arriver. »

    –-------------------------

    Boite noire

    Nous avons envoyé des questions écrites jeudi à 14 heures au ministre de la santé Olivier Véran, à la secrétaire d’État à l’économie Agnès Pannier-Runacher, au ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et au premier ministre Édouard Philippe, en leur donnant un délai de 24 heures pour répondre. Au regard des circonstances exceptionnelles, nous avons pris soin de limiter au maximum nos questions (10 séries de questions au maximum pour le ministère de la santé).

    Matignon et le Quai d’Orsay n’ont pas répondu.

    Jeudi à 16 h 50, le conseiller presse d’Agnès Pannier-Runacher nous a écrit qu’il ne serait possible de nous répondre que « dans le courant du week-end ». Nous avons accepté de retarder notre bouclage jusqu’à vendredi 18 heures, mais pas au-delà, en soulignant que nos questions étaient simples, peu nombreuses, ne nécessitaient pas de travail de recherche particulier et que Bercy et la secrétaire d’État connaissaient parfaitement le sujet des masques, sur lequel ils ont déjà communiqué. Après d’autres échanges, le conseiller presse d’Agnès Pannier-Runacher nous a répondu vendredi à 17 h 47 que le ministère de la santé centralisait « les réponses du gouvernement » et allait nous « répondre ».

    Le service de presse du ministre de la santé Olivier Véran a accusé réception de nos questions, jeudi à 15 h 20, tout en indiquant que notre délai « n’est pas envisageable vu la charge de travail de [ses] équipes ». Nous avons alors décidé, en soulignant l’importance de ce sujet d’intérêt public majeur, d’accorder un délai exceptionnel pour que le ministère puisse nous répondre. Nous avons ainsi décidé de décaler le bouclage de notre enquête au vendredi à 18 heures. Jeudi soir, à 19 h 45, le ministère nous a indiqué qu’il « essayer[ait] de [nous] répondre dans les meilleurs délais ». Vendredi à 21h45, nous n’avions toujours rien reçu.

    Étant donné cette situation, que nous regrettons, nous avons choisi de publier nos questions aux ministères et à Matignon dans l’onglet Prolonger. Nous intègrerons les réponses de l’exécutif à cet article si elles nous parviennent.

    Nous avons contacté jeudi par courriel les quatre gros fournisseurs de masques « privilégiés » par l’État pour sa mégacommande : Segetex EIF, Aden Services, BYD et Fosun. Seul Fosun nous a répondu, pour nous signifier son refus de répondre : « Pour plus d’informations sur les questions d’approvisionnement, merci de contacter le ministère français de la santé. Comme vous l’avez souligné, Fosun ne produit pas lui-même de masques. Cependant, Fosun est une entreprise mondiale ancrée en Chine, très impliquée dans les initiatives de responsabilité sociale et environnementale. Nous essayons de mobiliser autant que possible nos ressources mondiales pour soutenir les pays touchés par la pandémie. »

    Geodis, chargé d’organiser le « pont aérien » pour rapatrier les masques commandés par l’État en Chine, a refusé de nous répondre : « Comme c’est le cas pour l’ensemble de nos clients, nous ne sommes pas en mesure de partager de plus amples informations sur le contenu des contrats qui nous lient. »

    Contactée mercredi par courriel à deux reprises, la compagnie russe Volga-Dnepr, choisie par Geodis pour acheminer dans ses Antonov les masques commandés par l’État, n’a pas répondu. 

    Yoan Maugran, responsable de l’activité cargo à l’aéroport de Paris-Vatry, où atterrissent les Antonov affrétés par Geodis, nous a répondu jeudi par téléphone.

    L’ARS Grand Est nous a répondu vendredi par courriel.

    Nous avons pu nous entretenir avec neuf entrepreneurs qui ont fait des offres d’importation de masques à l’État au mois de mars, et dont six figurent aujourd’hui dans la liste des fournisseurs de confiance établie par la « cellule masques » de Bercy afin d’aider les entreprises à s’approvisionner. La plupart de ces importateurs ont souhaité rester anonymes. Ils nous ont fourni de nombreux documents attestant de leurs échanges avec l’État et de leurs relations avec des fournisseurs de masques chinois (courriels, photos, certificats de conformité, etc.).

    Afin de dresser un état des lieux des commandes privées de masques, Mediapart a contacté l’ensemble des importateurs listés dans le fichier de la Direction générale des entreprises, soit 32 sociétés. Dix-huit d’entre elles ont accepté de nous répondre, certaines en demandant l’anonymat et/ou à relire leurs citations avant publication. 

    Nous avons demandé à chacun le nombre (approximatif) de masques FFP2 commandés, et le nombre de masques déjà reçus et livrés à ce jour. Nous les avons interrogés sur la nature des commandes : privées ou publiques, sur les modalités de rapatriement des marchandises, ainsi que sur les difficultés qu’ils pouvaient rencontrer pour servir leurs clients.

    Certaines entreprises privées, telles que BNP Paribas, ont été jointes afin de connaître leurs modalités d’approvisionnement en masques mais n’ont pas souhaité s’exprimer.

    Nous avons contacté par SMS, puis par téléphone, les commissionnaires de transport sélectionnés par la « cellule masques » de Bercy pour aider les entreprises à transporter les masques qu’elles commandent en Chine. Ils ont pour la plupart refusé de s’exprimer, nous ont renvoyé vers les services de communication ou n’ont pas répondu.

    Le transporteur ACS France, qui a effectué au moins une livraison de masques à l’aéroport de Paris-Vatry, a refusé de s’exprimer sur les destinataires des cargaisons : « Ce sont les consignes que nous avons reçues, ne pas communiquer sur Vatry. » 

    Bolloré Logistics n’a pas répondu. L’attachée de presse du groupe nous a indiqué ne pas avoir pu recueillir les éléments que nous avions demandés.

    Ceva Logistics, filiale de CMA-CGM, nous a demandé de préciser nos questions par courriel, ce que nous avons fait. Nous n’avons reçu aucune réponse.

    Air France-KLM Cargo nous a répondu via son service de presse, avec lequel nous avons échangé à plusieurs reprises par téléphone et SMS mardi, mercredi et jeudi. 

    Le service de presse de Qatar Airways, qui ne fait pas partie des transporteurs aériens recommandés par Bercy mais a effectué des livraisons de masques en France, a été contacté par courriel mercredi. Nous avons reçu une réponse automatique indiquant que la compagnie avait du mal à traiter le grand nombre de demandes reçues, mais qu’« un membre de l’équipe [de communication] lira [n]otre courriel et [n]ous contactera […] s’il nous est possible de [n]ous aider ». Nous n’avons pas reçu de réponse à nos questions.

    #masques #soignants #économie #Olivier_Véran

    • « Masques pour tous : l’exécutif navigue à vue et comme le dit parfaitement #Ruffin, nous sommes confinés non à cause du virus mais en raison de leur nullité !!! »

      Masques pour tous : l’exécutif navigue à vue

      https://www.mediapart.fr/journal/france/100420/masques-pour-tous-l-executif-navigue-vue

      Peinant à renflouer ses stocks, le gouvernement continue de se retrancher derrière le « consensus scientifique » pour repousser l’obligation de porter un masque dans l’espace public. Cette mesure paraît inéluctable dans la perspective d’un déconfinement qui, faute de matériel, n’est vraiment « pas pour demain ». En attendant, le pouvoir cafouille.

      L’argument ne passe plus. Il a beau être répété sur tous les tons, dans les médias ou à l’Assemblée nationale, il ne passe plus. Jeudi 9 avril, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye s’est de nouveau attiré les foudres de l’opposition en déclarant sur France Info qu’il n’existait aucune « doctrine en France tendant à dire qu’il faut porter le masque en population générale ». Le gouvernement prendra une éventuelle décision en la matière « dès lors que nous pourrons la bâtir sur un consensus scientifique », a-t-elle ajouté.

      « Ce n’est pas le consensus scientifique qui manque, ce sont les masques ! Arrêtez de mentir aux Français ! Qu’attendez-vous pour planifier la production et la distribution ? », a questionné le député La France insoumise (LFI) Bastien Lachaud. « Nous savons que la pénurie n’est pas de votre seul ressort, mais s’il vous plaît, cessez de nous prendre pour des abrutis. Est-ce si difficile de s’abstenir de mentir ? Nous ne demandons pas de miracle, juste le respect de notre intelligence », a également commenté le député européen Raphaël Glucksmann.

      Deux jours plus tôt, au Palais-Bourbon, le ministre des solidarités et de la santé Olivier Véran expliquait déjà qu’il n’y avait « aucune décision de recommandation du port du masque, ni obligatoire, ni recommandé, en tout cas à ce stade, pour la population générale ». En tout cas à ce stade. Toute la stratégie de l’exécutif, qui navigue au jour le jour, au gré des inconnues qui se présentent à lui, est résumée dans cette formulation. « On adapte la doctrine en fonction de la disponibilité des stocks, reconnaît un conseiller. Il n’y a rien d’autre à comprendre. »

      Peinant à renflouer les stocks en question pour fournir du matériel aux soignants, le pouvoir se retranche depuis le début de la crise sur les divergences scientifiques afin de justifier ses propres tâtonnements. Les ministres citent ainsi régulièrement les préconisations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui, selon les dernières déclarations de Sibeth Ndiaye, « ne recommande pas le port du masque dans la population en général ». En vérité, il s’agit là d’une conclusion un peu courte tirée des avis rendus par l’agence internationale.

      Certes, comme l’a récemment reconnu le directeur général de l’institution, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, « il n’y a pas de réponse binaire, pas de solution miracle ». Pour autant, « le port d’un masque médical est l’une des mesures de prévention qui peut limiter la propagation de certaines maladies respiratoires virales, dont le Covid-19 », peut-on lire dans cette notice de l’OMS, datée du 6 avril. Au mois de février, l’agence internationale indiquait effectivement qu’il n’était pas nécessaire que les personnes asymptomatiques en portent. Mais elle précisait alors que cette recommandation visait notamment à préserver le marché.

      Voilà des années que les scientifiques insistent sur le fait que le port du masque n’est pas un gage en soi. Il faut savoir l’utiliser correctement et associer cette utilisation à « d’autres mesures d’ordre général », dont les fameux « gestes barrières ». Mais jamais ils n’ont dit que les masques ne « ne servaient à rien », comme l’a souvent martelé l’exécutif pour éviter de parler de pénurie. « Il aurait sans doute été plus simple d’expliquer qu’il n’y a pas assez de masques pour 68 millions de personnes, souffle un conseiller ministériel. Aujourd’hui, ça paraît évident que cette communication était absurde. »

      D’autant plus évident que les enquêtes d’opinion, sur lesquelles le pouvoir garde les yeux rivés, l’attestent. « Ils sont très inquiets par les derniers sondages qui disent qu’une grande majorité des Français pensent qu’ils ont menti sur le sujet », indique un autre membre de cabinet. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Emmanuel Macron souhaite « reprendre la main » en s’exprimant lundi 13 avril au soir, dans une allocution que certains présentent comme « décisive ». Un exercice visant à clarifier la donne après des semaines de communication en zigzag, rythmées par un renouvellement du confinement tous les 15 jours.

      Ce qui a été fait jusqu’ici par le président de la République n’a pas franchement aidé à la compréhension. Une rhétorique guerrière critiquée dans ses propres rangs, des déplacements jugés inutiles, des images catastrophiques d’un bain de foule en Seine-Saint-Denis, une visite surprise au professeur Didier Raoult, interprétée comme un blanc-seing donné à ses études sur l’hydroxychloroquine, qui suscitent de vives controverses au sein de la communauté scientifique… Et derrière cette « politique spectacle », pour reprendre les mots du président de la fédération des Médecins de France Jean-Paul Hamon, une seule question, toujours en suspens : comment envisager un début de déconfinement en l’absence de masques et de tests ?

      La France a officiellement commandé 2 milliards de masques à la Chine, lesquels sont censés être livrés par « toute une série de vols qui vont s’échelonner d’ici la fin du mois de juin », a récemment indiqué le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, sur BFMTV. À ces importations s’ajoute la production française que le chef de l’État avait promue le 31 mars, depuis l’usine Kolmi-Hopen, dans le Maine-et-Loire. Mais cela ne suffira pas pour l’ensemble de la population. « Si on considérait que 100 % des Français devaient porter un masque en en changeant toutes les quatre heures, cela nous ferait 248 millions de masques par jour. Sur cent jours, il faudrait 24 milliards de masques… », notait Olivier Véran, dès le 24 mars

      Dans son avis du 2 avril, le conseil scientifique, présidé par Jean-François Delfraissy, soulignait la nécessité de préparer, dans le cadre de la stratégie post-confinement, « la disponibilité des protections matérielles comme les gels hydroalcooliques et les masques à l’usage des personnels soignants, des personnes en situation d’exposition au virus en priorité, puis à l’ensemble de la population, comme en Asie ». Pour l’heure, cette disponibilité, s’agissant des masques FFP2 et chirurgicaux, est loin d’être acquise. On comprend dès lors pourquoi Édouard Philippe répète que « le déconfinement n’est pas pour demain ».

      Faute de stocks et face à un marché international de plus en plus tendu, une autre option se profile : celle de l’utilisation de masques dits « alternatifs ». Actant la pénurie, l’Académie de médecine s’est prononcée en faveur du port obligatoire « d’un masque grand public anti-projection, fût-il de fabrication artisanale dans l’espace public », en période confinement et après. Dans la foulée, le directeur général de la santé Jérôme Salomon a lui aussi « encouragé le grand public, s’il le souhaite, à porter des masques alternatifs ».

      Ces propos ont laissé penser à un changement de doctrine du gouvernement, qui a été contraint de redresser le tir, alors que les tutoriels de confection artisanale fleurissaient sur Internet et que la mairie de Paris annonçait vouloir fournir deux millions de masques en tissu réutilisables à ses administrés. « C’était vraiment une phrase malheureuse… », regrette un conseiller. Pour le moment, l’exécutif s’en tient à l’avis rendu fin mars par la Société française des sciences de la stérilisation (SF2S) et la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H), selon lequel « il n’existe pas de preuve scientifique de l’efficacité des masques en tissu ». Les masques FFP2 et chirurgicaux sont les seuls dont il est aujourd’hui attesté qu’ils offrent une protection.

      Le problème reste donc entier : il n’y en a pas assez pour tout le monde. Mais au lieu de le dire clairement, le pouvoir continue de s’enferrer dans une communication inaudible, qui agace même ses soutiens. « Le masque est un “geste barrière”, c’est du bon sens. Ne tergiversons pas », a fait valoir l’ancien ministre de l’écologie François de Rugy. En masquant les difficultés qu’il rencontre pour obtenir du matériel de protection, le pouvoir ne fait pas qu’entretenir la confusion : il s’attire aussi les foudres des collectivités locales. Il y a quelques jours, ces dernières dénonçaient les réquisitions de leurs commandes personnelles, opérées par la préfecture du Grand Est, à même le tarmac de l’aéroport Bâle-Mulhouse.

      « C’est un manque de responsabilité absolu de la part du gouvernement », s’était énervée, dans un communiqué, la présidente Les Républicains (LR) du département des Bouches-du-Rhône Martine Vassal, évoquant « un nouveau scandale d’État ». Assurant qu’il n’était pas question de lancer une « guerre des masques », le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a convenu que « la méthode [avait] été mauvaise ». « Il n’y a pas eu de réquisition », a-t-il toutefois juré devant le Sénat, en parlant de « droit de tirage prioritaire ». Cette dénégation n’a pas tardé à être mise à mal par L’Est Républicain, qui a publié un arrêté du préfet du Haut-Rhin « portant réquisition de masques chirurgicaux dans le cadre de la gestion du Covid-19 ».

      En Île-de-France, une partie des millions de masques commandés par la région a été donnée à l’Agence régionale de santé (ARS) pour qu’elle se charge de la distribution, notamment dans les Ehpad, qui rencontrent toujours de grandes difficultés. « L’État veut tout gérer tout seul, mais ils sont clairement embêtés, confie un cadre de la collectivité dirigée par Valérie Pécresse. Ils ne calculent pas les régions, c’est tout le problème du pouvoir de Macron depuis le début du quinquennat d’ailleurs. » Jeudi 9 avril, une réunion s’est tout de même tenue entre l’exécutif et les dirigeants d’associations d’élus pour calmer les esprits. Plusieurs participants ont souligné les difficultés de coopération avec les ARS, qualifiées de « baronnies », rapporte Le Monde.

      Côté appareil d’État, certains confirment que la « centralisation » des décisions et la « compétition » qui s’est engagée entre les différents services ralentissent les procédures. Ils décrivent « une instabilité totale du dispositif » de crise, des gens qui partent, des gens qui arrivent, des « bagarres » pour assurer le pilotage de tel ou tel dossier. Sans compter l’énergie folle dépensée par les uns et les autres pour préparer les argumentaires dans la perspective des futures commissions d’enquête. « Ils savent qu’on va déjà leur reprocher beaucoup, ils ne veulent pas en rajouter, explique un conseiller. Ils sont terrorisés par le code des marchés publics. »

      Parmi les soutiens d’Emmanuel Macron, d’autres en profitent pour pointer une nouvelle fois les lourdeurs de la technostructure et la nécessité d’un « reset » à l’issue de la pandémie – oubliant encore et toujours que le président de la République en est le pur produit. « Des commandes rapides et efficaces ? Ils ne savent pas faire », tranche l’un d’entre eux, visant « les technos de Matignon ». Dans les cabinets ministériels, les plus optimistes préfèrent souligner qu’« on est désormais dans une situation moins délicate qu’au début » de la crise. Moins délicate peut-être, mais délicate quand même.

  • La « culture du pouvoir », pour quoi faire ?

    L’approche des élections municipales fait rentrer le maire de Grenoble Eric Piolle dans une nouvelle dimension politique nationale. L’union de la gauche à la grenobloise est prise en modèle dans quantité de villes françaises. Le député-reporter François Ruffin en a fait une égérie du « Front populaire écologique » qu’il entend construire. Samedi, lors d’un meeting commun à Amiens, Piolle a exhorté les militants amienois à acquérier la "culture du pouvoir". Mais pourquoi faire ?

    Voici un article du Postillon de fin septembre qui revient sur cette nouvelle lubie.

    –---------------------------

    Ne se sentant plus pisser après leur très relatif « bon score » aux Européennes [1], les Verts répètent à l’envi qu’ils sont en « capacité de gouverner » et qu’ils doivent développer une « culture du pouvoir ». Mais pour quoi faire ? Cinq ans et demi de municipalité écologiste grenobloise ont prouvé que ce parti et ses alliés étaient effectivement en « capacité de gouverner », c’est-à-dire de poursuivre globalement les politiques menées depuis des décennies, autoritarisme et langue de bois compris.

    voir la suite : https://www.lepostillon.org/Nouvel-article-No-830.html

    #Ruffin #Piolle #Uniondelagauche #Tartuffe

  • Un éclair de franchise - Par Daniel Schneidermann | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/un-eclair-de-franchise

    « Est-ce qu’on a le droit de fumer dans ce studio ? » demande #Ruffin à Demorand et Salamé. Un court instant de silence. « Non ». « Voilà. C’est interdit. Eh bien l’#avion, c’est pareil ». Les deux #journalistes de France Inter viennent de l’interroger sur sa récente proposition de loi, visant à supprimer les liaisons aériennes intérieures, quand elles sont concurrencées par une liaison ferroviaire d’une durée supplémentaire inférieure à deux heures trente. Et en glissant dans leur question les deux mots épouvantail : « #écologie_punitive ».

    Mais Demorand remonte vite à cheval : « Donc vous voulez interdire l’avion pour raison de santé publique ? » "De santé mondiale". Et de poursuivre sa démonstration : « Dans les supermarchés, les gens ont un porte-monnaie à la place du cerveau. On n’a pas supprimé le #travail_des_enfants, parce que les consommateurs ont renoncé à acheter des produits fabriqués dans des usines qui emploient des enfants. On n’a pas supprimé le travail du dimanche parce que les consommateurs ont cessé d’acheter des produits fabriqués le dimanche. On n’a pas fait la semaine de #40_Heures parce que les consommateurs de 1936 ont cessé d’acheter les produits fabriqués dans des usines où les ouvriers dépassent les 40 heures ». Donc, les « #petits_gestes » des #consommateurs ne suffiront pas. Beaucoup l’admettaient secrètement. Aucun politique en vue ne le disait. C’est fait.

  • Les références ambiguës de François Ruffin
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/12/20/les-references-ambigues-de-francois-ruffin_5400460_823448.html

    Manuel Bompard, qui conduira la liste « insoumise » aux élections européennes de mai 2019 avec Manon Aubry, précise que LFI « n’a rien à voir avec Etienne #Chouard. Toute personne qui a des accointances avec l’extrême droite est une personne qui ne travaillera pas avec nous. Je ne crois pas aux “républicains des deux rives”. Et on ne va pas chercher les anciens électeurs du Rassemblement national avec des rapprochements sur leur discours, mais en déconstruisant leur logique, en démystifiant l’extrême droite ». Il ajoute : « C’est une maladresse de la part de François Ruffin. Il rappelle ses désaccords avec Chouard. »

    « Une grosse quenelle aux agriculteurs »

    Il n’empêche. D’autres sorties de M. #Ruffin ont jeté le trouble parmi ses camarades. Comme cette interview publiée sur Youtube le 31 mai, exhumée par des internautes. Interrogé sur les traités de libre-échange, M. Ruffin parle de la situation des agriculteurs en France. Il résume l’action du gouvernement ainsi : « C’est une grosse quenelle qui est mise aux agriculteurs » (visible dans la vidéo à 46 minutes 30 secondes).

    Une expression loin d’être neutre puisque c’est le polémiste antisémite #Dieudonné qui en a été l’inventeur en 2009, lorsqu’il menait la liste antisioniste avec Alain Soral pour les élections européennes. Il s’agissait alors, pour l’ancien humoriste, de « glisser une petite quenelle dans le fond du fion du sionisme ».

    Autre déclaration qui peut interroger : celle qui présente Emmanuel Macron comme « l’homme des cinq cents familles qui se gavent », ainsi que l’a déclaré M. Ruffin à la tribune de l’Assemblée nationale fin septembre, se bassant sur le classement de Challenges des plus grandes fortunes de France. C’est aussi une référence aux « deux cents familles », mythe politique utilisé aussi bien par une partie de la gauche que par l’extrême droite pour désigner le pouvoir supposé occulte de quelques-uns sur l’économie française. De quoi ajouter encore à la confusion et à l’ambiguïté.

    #confusionisme #chauvinisme

    • On peut voir aussi les choses comme ça... Ou trouver une voie un peu moins manichéiste...
      https://yetiblog.org/ceux-qui-font-le-monde-dapres-en-defense-detienne-chouard-de-francois-ruff

      Je crois que j’en ai un peu marre des dénonciations à répétition. La « pureté idéologique » ne nous a, jusqu’à présent, conduit à pas grand chose. Ce qui ne veut pas dire qu’une certaine vigilance n’est pas de mise quand même ; mais quand elle devient obsessionnelle, il y a des questions à se poser...

    • Bon, @la_feuille : je viens de me livrer à une rétrospective sur Chouard en utilisant le moteur de recherche de Seenthis. J’y ai trouvé 56 posts en 10 ans et 1 mois (depuis le 4/11/2008). A partir de combien peut-on dire que ça devient « obsessionnel » ?
      Maintenant, que Pierrick Tillet sorte (une fois de plus) de ses gonds parce qu’on tape sur Chouard, rien à carrer. Ça ne m’intéresse pas. C’est de la politique de l’entre-soi et des petites chamailleries de cours de récré médiatiques. Sinon, à propos de Ruffin, comme c’est un journaleux du Monde qui le dit, on va prendre tout ça avec des pincettes parce que les citations hors contexte, c’est une spécialité chez les « conspiracy-watchers ».
      Mais je ne suis pas plus étonné que ça qu’un élu saute sur cette occasion, à savoir le #RIC soit-disant plébiscité par les #Gilets_Jaunes. Lorsque des politiciens luttent pour accroître leur influence, une grande vigilance est de mise et elle doit rester « obsessionnelle ».

    • Voilà. Ruffin va recevoir le traitement bashing réservé à Mélenchon. C’est à cela que l’on reconnaît la peur du journal Immonde préféré des classes supérieures qui hurlent leur mépris sur les familles pauvres de 4 enfants. @la_feuille

      J’ai cité Chouard dans mon discours sur le RIC hier. Parce que, objectivement, quel nom revient sur les ronds-points : le sien. Parce que, avec honnêteté, il faut dire que sur ce Ric, avec foi, il a battu la campagne et les estrades depuis une décennie.
      https://www.fakirpresse.info/L-air-du-soupcon

      Ce qui n’ôte rien à nos désaccords, déjà signalés ici, avec force, avec clarté, il y a plusieurs années. Depuis, Chouard a mis fin à ses étranges liens. Alors, doit on éternellement traiter les hommes en pestiférés ? Tel n’est pas mon choix.

      François Ruffin
      https://t.co/nQqyq9fv52

      #l'Immonde #colporteur_d'articles_douteux
      #Ruffin_Bashing

    • Les journaux savent appuyer là où cela fait mal. Sur la pureté idéologique en particulier. Un élu de gauche a pris le taxi plutôt que le métro ? Les journaux vont s’y intéresser. Un gars qui critique la Vème république a discuté avec des ordures anti-sémites ? Les antifas vont s’y intéresser, et vont te dire que ça fait de ce gars une ordure anti-sémite. Quel rapport entre les journaux et les antifas ? Un point commun. Les deux s’appliquent systématiquement et exclusivement à dénoncer les progressistes au moindre pas de travers.

    • R.I.C - R.A.C

      Le R.I.C c’est magique ?
      Depuis quelques temps, on entend beaucoup parler du R.I.C (référendum d’initiative citoyenne) qui serait LA solution à tous nos problèmes. Avec ça, paraît-il, plus besoin de manifester, plus besoin de faire grève, plus besoin de lutter…Il faudrait même que cela devienne notre unique revendication ! Et beaucoup de copains gilets jaunes se laissent séduire par cette idée…

      On est aussi beaucoup à être sceptiques :

      Le R.I.C ça existe déjà en Suisse, en Italie, au Vénézuela, dans quelques états des États-Unis et on peut pas dire qu’on vit mieux dans ces pays là, ni qu’ils ont gommé les inégalités.

      Et puis c’est aussi relayé par des partis politiques (France insoumise, Rassemblement National…), si ça fait pas peur aux politicards c’est que ce n’est pas dangereux pour eux, ça les arrange même de nous dire que la solution est dans les urnes !

      RIC ou pas RIC, il nous faudra toujours lutter contre les dirigeants et les exploiteurs pour arracher de quoi vivre mieux, pour pouvoir mettre à mal le système capitaliste et vivre autrement.

      Notre boussole est claire : refusons tout ce qui affaiblit le mouvement. Cette idée est souvent portée par des personnes qui ont des ambitions politiques : monter un « mouvement citoyen gilets-jaunes », se présenter aux européennes… Ce sont généralement les mêmes qui veulent qu’on arrête les blocages économiques, qu’on « fasse autre chose »…

      Ne laissons personne récupérer notre révolte.
      Continuons jusqu’à la victoire !

      Non à la RICupération !

      https://exploitesenerves.noblogs.org
      https://lignesdeforce.wordpress.com/tag/referendum-dinitiative-citoyenne

    • @ Sombre - Ce qui est compliqué dans l’histoire c’est que je ne suis pas loin d’être d’accord avec toi, mais que je suis un peu lassé de polémiques parfois justifiées parfois opportunistes. Ayant de forte sympathies pour l’idée libertaire, depuis une bonne quarantaine d’années, je constate qu’à force de vouloir laver plus noir que noir le drapeau de la couleur correspondante, les « orgas » dites anarchistes n’ont pas progressé depuis l’après 70. Les sympathisants sont nombreux, mais dès qu’on leur explique qu’untel n’est pas un « pur », que tel autre est « compromis » voire « facho », ça n’attire pas le chaland. J’ai fait cette expérience il y a quelques années sur mon blog, et ça ne m’a pas encouragé à écrire. J’ai été « dénoncé » comme la pire des créatures, espion du Mal, mal déguisé... tout ça pour avoir soi-disant censuré un commentaire dénonçant une erreur en parlant d’une poétesse libertaire italienne... Censure qui n’en était pas une puisqu’à l’époque je recevais une centaine de spams par jour... et que l’erreur a été signalée. Ça n’a pas empêché l’auteur du commentaire de m’envoyer et d’envoyer à d’autres les pires ordures et immondices. Chomsky aussi en son temps...
      Bref Chouard ne m’inspire guère, Pierre Rahbi m’exaspère, mais de là à dénoncer le mec qui cite le mec qui a cité le mec qui... Pas trop de zèle. Y’a du pain sur la planche et nos vrais adversaires savent aussi manipuler les armes de destruction sordides...
      Je suis pas mal sur la longueur d’ondes de @biggrizzly.
      Quant à Mélenchon, il est temps, je pense aussi, que nous arrêtions de chercher un leader massimo de rechange. Le comportement d’un Tsipras, après tant d’autres, devrait rendre les militants un peu plus méfiants !
      Pour conclure, je dois dire que l’une des choses que j’apprécie sur Seenthis c’est le ton des échanges et que je ne voudrais pas y déroger. J’espère que mes commentaires ne sont pas perçus comme agressifs... !

    • Ayant de forte sympathies pour l’idée libertaire, depuis une bonne quarantaine d’années, je constate qu’à force de vouloir laver plus noir que noir le drapeau de la couleur correspondante, les « orgas » dites anarchistes n’ont pas progressé depuis l’après 70. Les sympathisants sont nombreux, mais dès qu’on leur explique qu’untel n’est pas un « pur », que tel autre est « compromis » voire « facho », ça n’attire pas le chaland.

      D’accord avec ça @la_feuille les procès en « pureté idéologique » sont une perte de temps et d’énergie. Les leaders auto-proclamés des organisations anarchistes sont surtout anar-chiants et complètement hors-sol. La plupart d’entre eux sont des grandes gueules qui ne cherchent en fait qu’à accroître leur « popularité » et qu’on retrouve souvent dans les AG de grèves, malheureusement (et j’ai parlé au masculin car je n’ai jamais constaté ce genre de comportement au féminin).

      Pour conclure, je dois dire que l’une des choses que j’apprécie sur Seenthis c’est le ton des échanges et que je ne voudrais pas y déroger. J’espère que mes commentaires ne sont pas perçus comme agressifs... !

      Pas de problème, c’était juste le mot « obsessionnel » qui m’a fait réagir un peu vivement.

    • J’oubliais les « petits virus », la troupe de neuneus autour de Chouard...

      Il faut que j’aille chercher mon chèque chez Soros ! – Blog YY
      http://blogyy.net/2018/12/23/il-faut-que-jaille-chercher-mon-cheque-chez-soros

      Mince, où avais-je la tête ? La fin du mois approche !

      IL FAUT QUE J’AILLE CHERCHER MON CHÈQUE CHEZ SOROS !

      Merci du rappel, les Gentils Virus Et merci encore de vos très nombreux messages d’amitié. Ça fait chaud au cœur !

  • François Ruffin : « Mon samedi jaune » François Ruffin - 19 Novembre 2018 - Le blog de François Ruffin
    https://francoisruffin.fr/mon-samedi-jaune

    Je suis un cahier de doléances ambulant, ce samedi 17 novembre, au milieu des gilets jaunes. C’est bien là ma place, c’est bien ça mon rôle.

    « Oh ! Un à la fois, je suis pas en stéréo ! »
    Sur le barrage « ouest », à Flixecourt, ce samedi 17 novembre, je suis assailli par les gilets jaunes. A mon oreille droite, un routier redoute pour son permis à points : « On vit dans le stress, dans la peur, avec tous les radars, le 80 kilomètres, ça met des familles dans la misère », dans la foulée il me cause de son fils : « Il faisait du juridique, pour devenir avocat, ou juge, mais nous on n’a plus les moyens de l’aider, on n’y arrive plus… Maintenant, il est entré chez Auchan. C’est un gâchis. » J’essaie de lui dire que c’est un gâchis pour lui, mais aussi pour le pays. J’essaie seulement.

    Dans mon oreille gauche, une dame, cheveux blancs, qui a travaillé dans le bâtiment, qui a conduit un camion poubelle, qui a donné naissance à six enfants, me détaille sa retraite, 1013 €, sa Carsat, sa complémentaire, sa CSG, (je n’y comprends jamais rien, je fais toujours semblant, avant de poursuivre, et ça je comprends beaucoup mieux) :
    « Je mange du pain et du lait, du pain et du lait… Et ma fille, elle habite Troyes, elle étudie la gestion des entreprises, son APL a baissé mais son loyer a augmenté ! Alors que l’autre avait promis que ça baisserait. Et je ne peux pas la soutenir, je suis à zéro, rien qu’aller la voir, en essence, en péages, ça me coûterait cent euros… »

    Je suis un cahier de doléances ambulant, ce matin, « notez bien » qu’on me dit, « allez leur remonter à Paris », et je relève à la volée :

    « On n’arrive pas à avoir 200 € pour payer le fioul, et ils veulent qu’on change notre cuve ? »,
    « Ma voisine, elle a préparé son contrôle technique, le nouveau, 1 500 € de réparations. Sa voiture, recalée. Elle pleurait »
    « Je travaille dans le périscolaire, et là, cette rentrée, j’ai perdu sept heures. Je suis à 400 € par mois, toujours pas titulaire, après vingt ans d’ancienneté. »

    On m’entoure, on m’enserre.
    « Derrière la ligne jaune ! je gueule. Comme à La Poste ! Et prenez votre ticket ! » Ca les fait marrer. Moi aussi, ça me fait marrer. Je suis bien, dans ce bain de foule. C’est ma place, c’est mon rôle, au milieu de ces gens, je ne me suis pas planté.

    Ce sont des messages sur Facebook qui m’ont fait réagir, au départ. Genre : « Le 17, ce sera sans moi ! Pas avec les fachos ! » Des camarades de la CGT, de SUD, qui postaient ça. Et ça me semblait une cata. Eux poursuivaient : « Où ils étaient, les gilets jaunes, quand on manifestait contre la loi travail ? Pour les retraites ? Pour les salaires ? Y a rien de plus important que le gasoil ? » Aie aie aie, ça sentait le snobisme de gauche, qui a raison avant le peuple, sans le peuple…
    En rester à ma méthode, juste : l’enquête d’abord.
    Ecouter.
    Regarder.
    Comprendre, essayer, s’y efforcer.
    Avant de juger, du haut d’une estrade, dans le huis clos d’un studio.
    Depuis vingt ans, on s’efforce de ne pas l’écouter, de ne pas la regarder, cette France-là, périphérique, loin du pouvoir, loin des médias, disqualifiée d’office : « beauf », « raciste », « populiste ». Et aujourd’hui, nouveau motif, « anti-écolo ».
    Qu’ai-je entendu, qu’ai-je vu, donc, lors de cette balade sur les sept barrages de ma circonscription ? Voici mes petites notations.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=4&v=WJjwOIY2Eko

    8 h. Carrefour d’Amiens-Nord
    Il fait encore nuit, presque. Au rond-point, les caddies servent à boucher les entrées. A peine descendu de moto, à la hâte, inquiet, j’interroge deux personnes, plutôt âgées : « Vous êtes là pour ?
    – On vient de Flesselles.
    – Mais vous êtes là pour ?
    – Ah, c’est pas que pour le gasoil. C’est un ras-le-bol général. »
    C’est l’expression qu’on va me répéter toute la journée.

    9 h. Flixecourt.
    Alors qu’on traverse un blocage, une grosse cylindrée – genre Laguna, Scénic, je sais pas -, immatriculée 76 (Seine-Maritime) tente de forcer. Un gilet jaune se jette sur le capot, pète le pare-brise. Un jeune gars plutôt bien sapé sort de la bagnole, et avec du cran : « On va faire un constat !
    – Tu savais qu’il fallait pas forcer ! Pas rouler aujourd’hui !
    – Je m’en fous.
    – T’as les sous, toi !
    – Vous aviez qu’à faire des études ! « 
    Ca chauffe, après cette réplique.
    Et ça m’évoque un sondage BVA, qui raconte ça : qui soutient ce mouvement ? Les ouvriers/employés, à 78 %. Les cadres, à 44 %. C’est rebelote la France du oui et la France du non de 2005.

    10 h. Abbeville.
    Sur le premier rond-point, à une sortie, une camionnette, avec une grosse sono, balance une chanson avec « patriotard » dedans : une ode à la Corrèze, rien de méchant mais identifié FN. Les coupes de cheveux sont un peu plus courtes qu’ailleurs, c’est le seul endroit où on me salue du bout des doigts…

    Une dame : « C’est la première fois de ma vie que je manifeste, à 62 ans. Y a une quinzaine d’années, avec la pension invalidité, j’y arrivais encore. Mais là, je ne peux plus. »

    Un homme : « J’aimerais bien, moi, avoir qu’à traverser la rue pour trouver du boulot, mais non, j’ai trente bornes à faire. Soixante aller-retour. Et pour le Smic, à 1200 €, c’est pas honteux ? »

    Une femme : « Mon compagnon, il veut changer sa voiture, la banque ne lui prête pas, parce qu’il gagne 1 000 €. Mais Cofidis, eux, ils sont d’accord. Ca veut dire quoi ? Que pour l’ouvrier, on ne prête pas à 2 %, mais à 20 % oui ? »

    Nolan, 24 ans, père de famille, voix chevrotante :

    « J’étais en contrat aidé, dans un collège, et du jour au lendemain, ils m’ont arrêté. C’est le gouvernement, ils m’ont expliqué, ils n’en veulent plus. Ca m’a mis en colère, je me sens abandonné, et on est douze dans ce cas-là, douze jeunes, avec pas grand-chose comme bagages, l’école c’était pas mon truc, et j’avais pas tellement foi dans la République… Là, mon métier, je l’aimais… Et maintenant, ça m’a fragilisé, je suis précarisé, perdu. Y a des copains, c’est la délinquance derrière. »
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=cYvBncBvxM8

    11 h Flixecourt (sur le retour)
    Partout, j’ai oublié de signaler, partout, des pancartes « Macron démission ! », ou c’est inscrit sur les chasubles avec le doigt d’honneur. Et c’est le point commun, plus que le gasoil :
    « Nous, si on veut du boulot, il faut cinq ans d’expérience. Mais eux, ils devraient vivre cinq ans à Etouvie, en HLM, avec le Smic et faire les 3 X 8 avant de devenir ministres… »

    « Macron, quand il a passé le premier tour, pour aller fêter dans son restau de luxe, il a grillé tous les feux rouges. Alors qu’il était pas encore président… »

    « Edouard Philippe, en rentrant du Havre, il roulait à 180 sur l’autoroute. »

    « Combien qu’il y en a, de ministres, qui ont une voiture électrique ? »

    A deux reprises, c’est parti sur les immigrés : « A Calais, on leur paie le permis, me dit un retraité.
    – C’est pas vrai, je corrige.
    – C’est le responsable d’une association qui l’a dit.
    – Ce sont des gens misérables, et au fond de vous, vous le savez. Il faut pas que les pauvres se déchirent entre eux, je fais la leçon. C’est pas eux qui vous coûtent des dizaines de milliards. Regardez en haut. »

    13 h. Camon.
    Ici, les bloqueurs sont de « Roquette », un fabricant de féculents, à Daours : « C’est moi qui ai lancé le truc, me raconte un jeune barbichu, à pantalon rouge. J’ai motivé les copains. C’est pas que l’essence, y a nos salaires surtout… »
    Ca me paraît tellement symbolique : à la place de la grève, du conflit social dans la boîte, le conflit social s’est déplacé là, sur le bitume…

    Evidemment, qu’il y a tout et son contraire, là-dedans.
    C’est pas la pureté révolutionnaire.
    Et qu’est-ce que ça donnera demain ?
    Mais aujourd’hui, déjà, aujourd’hui ça a existé, et jamais je n’aurais cru, comme député, vivre une journée comme ça, cette aventure de proximité, convoyé en Harley-Davidson (spéciale dédicace aux camarades motards, à Fabien, à Didier) sur les routes désertes de la Somme (pas toujours à 80 à l’heure…), avec, sur les bas-côtés, les couleurs d’automne, les arbres aux reflets mordorés.
    Et c’est peut-être ce qui a motivé des bloqueurs, aussi : qu’il se passe quelque chose, enfin, dans cette France endormie.

    #françois_ruffin #ruffin #france #politique #médias #macron #travail #journalisme #emmanuel_macron

  • Prévisions pour 2018 LGS - Théophraste R. - 25 Décembre 2017
    https://www.legrandsoir.info/previsions-pour-2018.html

    En 2018, il fera chaud en août. En septembre, le poids des cartables fera l’objet d’une émission « le téléphone sonne » à #France-Inter et de débats sur #BFM-TV.

    #Emmanuel-Macron lâchera que les étudiants sont des « branleurs » (sic), #Brigitte-Macron sera admise à l’hôpital américain de Neuilly pour un décoincement des zygomatiques, le chien #Nemo aura des tiques, mais une équipe de vétérinaires venu des Nouvelle-Calédonie (via Tokyo) l’en débarrassera. Il fera pipi sur le tapis rouge à l’arrivée d’#Angela-Merkel.


    Mort de la reine d’Angleterre (92 ans) : #Giscard, #Sarkozy, #Hollande, Macron seront aux obsèques (mais pas dans le même avion) ainsi que tous les ministres et #Stéphane-Bern (méconnaissable sous sa voilette noire) et aussi #Alain-Finkielkrault (« Elle a structuré ma pensée »).

    La #SNCF déplorera des ruptures de caténaires toutes les semaines, #Jean-Claude-Mailly prendra sa retraite de #FO et le pouvoir lui proposera un fromage discret de la marque « Sinécure ». Neuf #députés #LREM démissionneront pour redevenir patrons.

    #Aurore-Bergé et #Nadine-Morano rentreront en France après leur fuite à Noël pour échapper au sort fait aux dindes. #Gérard-Collomb sera victime d’un AVC mais ça ne changera rien quand il parle. Dix députés LREM seront surpris faisant la queue au Restaurant du cœur.

    Des journalistes attachés au mot juste remplaceront « migrant » par « réfugié », #Ruffin prendra la parole dans l’Hémicycle en slip de bain et tuba pour protester contre le délabrement de la piscine d’Amiens. La vidéo fera le tour du monde et sera vue 500 millions de fois.

    Près de 270 millions de locuteurs de la langue française lanceront une pétition internationale contre l’écriture dite inclusive ; les bobos-gauchos-démagos-hexagonaux qui avaient inventé le concept se remettront à écrire comme avant, en attendant d’apprendre les règles de grammaire et notamment celle sur l’accord du participe passé conjugué avec « avoir ». De colère, ils choisiront (enfin !) de se battre pour l’égalité homme/femme dans les entreprises (« A travail égal, salaire égal !).

    #Léa-Salamé pulvérisera le record mondial de durée de confession (20 heures ininterrompues) à Notre-Dame de Paris ; elle regrettera en sortant de ne pas avoir eu le temps de tout dire sur sa gestion de « L’émission politique ». Son confesseur mourra d’épuisement le lendemain.

    #BHL avouera que #Botul n’a pas existé.

    En décembre, il neigera sur l’autoroute du soleil et on assistera à des embouteillages monstres.

    #Valls deviendra roi de la Catalogne sous le nom de Manouel 49-3. #Julie-Gayet dira à #François-Hollande « Arrête de grossir ou je te quitte » . #Carla-Bruni commencera à reprocher à #Nicolas-Sarkozy de ne pas se « faire du gros argent », comme il avait promis.

    #Anne-Saint-Cricq se transformera sorcière, mais sans que ça se voit.

    #Eric-Zemmour deviendra chauve. #Naulleau se fera recoller les oreilles. #Christine-Angot mourra empoisonnée par morsure de langue, #Yann-Moix explosera comme une grenouille dans l’émission de #Laurent-Ruquier .

    #Caroline-Fourest se fera siliconer les lèvres et on la prendra pour #Emmanuelle-Béart en la voyant et pour Pinocchio en l’écoutant.
    Grâce à ses lecteurs qui redécouvriront le sens du mot « étrennes » et l’utilité de la chose, le site Le Grand Soir enverra deux reporters à l’étranger pour produire un film et un livre qui nous rendront tous meilleurs (1).

    Théophraste R.
    Note (1) Ceci est un projet déjà en cours, pas une prévision abracadabrantesque.

    #Humour #Voeux #2018 #France

  • Sanction contre Ruffin à l’Assemblée : la France insoumise va faire appel - Libération
    http://www.liberation.fr/direct/element/sanction-contre-ruffin-a-lassemblee-la-france-insoumise-va-faire-appel_74


    Alors ce faux révolutionnaire, il est capable de se prendre une sanction pour des histoires de taxes pour les clubs de foot mais un T-shirt pour demander justice pour Adama Traoré mort entre les mains des gendarmes, c’est non ! Voir ici :
    https://seenthis.net/messages/649870
    On voit les priorités de chacun !
    #ruffin #insoumis #adama_traoré #football #assemblée_nationale

  • #lol #asi
    Sous le maillot de #Ruffin - Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/2017-12-08/Sous-le-maillot-de-Ruffin-id10375

    Dans le même temps que le gouvernement refusait ainsi une nouvelle ressource au Centre National pour le Développement du Sport, il lui en attribuait une autre. 27 millions lui sont tombés d’on ne sait où. Ou plutôt si, on le sait : c’est, apprend-on tout en bas de cet article du Monde, de l’argent retiré par un amendement gouvernemental au projet de loi de finances à...l’Agence de la Biodiversité.

    • [...] « La voici, puisque je suis parti dans les entourloupes cachées de la loi de finances ? Si le CNDS (les plieurs de maillots) se trouve en difficulté financière, c’est aussi parce que l’Etat souhaite réduire la contribution de la Française des Jeux (l’essentiel de son financement aujourd’hui). Ce que certains lient au projet explosif de privatisation de la Française des Jeux. Tout est dans tout. Et voilà tout ce que nous n’aurions pas découvert, si Ruffin n’avait pas enfilé le maillot de l’Olympique Eaucourtois. Remerciements particuliers au bar tabac Le Salutaire. »

  • Au Havre, Ruffin refuse de soutenir la famille d’Adama Traoré - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=ecy6U6Ffvs4


    Les déclarations de Ruffin datent de fin septembre, mais c’est toujours bon les piqûres de rappel au cas où certain·e·s auraient manqué l’info ou oublié.
    Sa réponse puante et fuyante suit un discours de Youcef Brakni sur scène.
    Je vous résume le contexte tiré de cette page : https://www.montraykreyol.org/article/adama-traore-la-lourde-faute-politique-de-francois-ruffin

    L’objectif dudit meeting était de réunir travailleurs, activistes et personnalités politiques pour « trouver des convergences » de lutte contre la politique antisociale du gouvernement Macron. Invités de marque : l’ex-candidat à la présidentielle, Philippe Poutou (NPA), le député François Ruffin (FI) ou encore Assa Traoré, porte-parole du Comité Adama. Sur la scène face au micro, l’activiste Youcef Brakni a la parole. Le militant de la Seine-Saint-Denis souligne d’abord la combativité d’Assa Traoré en ces termes élogieux et politiques : « C’est vraiment une guerrière ! C’est notre leader, c’est la leader du quartier à Baumont-sur-Oise, à Champagne, à Bruyère et le succès politique du Comité Adama, on le doit énormément à la personnalité hors-normes d’Assa Traoré ! »
    Il interpelle ensuite François Ruffin, présent sur la scène : « Je vais offrir ce beau T-shirt [sur lequel est inscrit : ’Justice pour Adama - Sans justice, vous n’aurez jamais la paix’] à notre député du peuple, François Ruffin, et pourquoi je le lui offre ? Pour qu’il puisse, je l’espère, inch’Allah, le porter à l’Assemblée Nationale et interpeller le ministre de l’Intérieur sur le cas d’Adama Traoré, pour demander l’interdiction définitive de la clé d’étranglement qui est à l’origine de la mort d’Adama Traoré... Il y a 10 ans, Lamine Dieng a été tué dans un fourgon de police par une technique de clé d’étranglement ; il y aura bientôt 20 ans, Abdelkader Bouziane avait 16 ans lorsqu’il a été tué par des policiers de la BAC d’une balle dans la tête [...] Lamine Dieng, y a 10 ans ; Abdelkader Bouziane, y a 20 ans ; et dans les 2 cas, évidemment : impunité totale des forces de l’ordre. Grâce à un tandem de choc contre lequel on lutte encore aujourd’hui : les syndicats de police et la justice ».

    La réponse cinglante et digne d’Assa Traoré par écrit une dizaine de jours plus tard : http://revolutionpermanente.fr/Assa-Traore-repond-a-Francois-Ruffin

    Les militants blancs qui veulent se faire passer pour anti-racistes et qui tournent les talons à la 1ère occasion ! Ceux là c’est vraiment les pires !
    La cerise sur le gâteau c’est que suite à ça, sur le web des articles élogieux ont été écrits à propos de la position de Ruffin sur… les blogs à tendance nationaliste, extrême droite etc.
    Et je n’ai lu nulle part un désaveu de la part de son groupe politique d’affiliation à l’assemblée nationale, mais peut-être ai-je laissé passer l’info (j’avoue que ça m’étonnerait)
    #ruffin #adama_traoré #racisme #police #violences_policières #france_insoumise

    • Je serais moins gentille que toi. Pour moi, ça prouve qu’on peut être de gauche, d’extrême gauche, anarchiste etc et être raciste. La particularité dans ce cas là, c’est que tout le vernis idéologique qui veut que le racisme est censé être combattu empêche que ce dit racisme s’exprime de la même façon que dans les autres mouvements politiques.
      Alors on brode, on trouve des excuses, on fait mine de…, on est même persuadé d’être anti raciste mais de fait, dès qu’il y a 1 mobilisation autour d’un·e noir·e, un·e arabe, le vernis s’écaille rapidement.
      D’ailleurs concernant les rapports de classe, j’avais lu que son film était très méprisant vis à vis des ouvriers qu’il filmait. Bon comme je ne l’ai pas vu, je ne vais pas m’étendre sur le sujet mais de toute façon ce gars déjà à l’époque dans les émissions de radio on sentait qu’il avait du mal à se décentrer.
      De plus je me souviens avoir lu, faudrait que je retrouve la citation, qu’il avait dit que lui il trouvait ça mal d’être constamment contre la police, qu’il fallait arrêter à gauche d’être toujours dans ce combat contre les violences policières. Discours typique du gars qui n’a jamais fait l’expérience de ce que sont les forces de l’ordre dans les quartiers populaires et qui en tire néanmoins un avis de merde.

    • Jaurès était raciste et pourtant...

      J’ai découvert avec consternation ces récits de viols collectifs en milieu militant « de gauche » en Italie ou je ne sais plus où précisément.

      Le chemin semble désespérément se rallonger quand on essaie d’estimer le moment où on arrivera tous au même niveau de conscience sur l’ensemble des sujets.

      Mais oui, son avis, là, il est merdique. Pas d’indulgence possible à son égard, tu as raison.

  • Inspecteur Ruffin mène l’enquête : chronique de la divergence des luttes
    https://leseumcollectif.wordpress.com/2017/09/24/inspecteur-ruffin-mene-lenquete-chronique-de-la-divergenc

    Qui se souvient du 32 Mars 2016 et des semaines qui suivirent ? Qui se souvient des nuit-deboutistes qui, la main sur le cœur, appelaient à la convergence des luttes ? Qui se souvient des AG en plein air avec, entre deux interminables diarrhées verbales de poètes maudits, des appels solennels adressés à – retenez votre souffle – les-quar-tiers-po-pu-laires. “Parce que le gouvernement est notre adversaire à tou-te-s donc faut s’unir, faut con-ver-ger !’’ Et les appels du pied devenaient vite des sommations vexées (« mais pourquoi diable nous snobent-ils ? ») et vexantes (« mais vous ne comprenez pas, pauvres bougres, qu’on a des intérêts communs » ?!). Source : Le Seum (...)

    • Il semble donc qu’il faille tout expliquer à Monsieur Ruffin, alors soyons brefs et constructifs : François, tu arrêtes tes sketches et tu relaies un soutien inconditionnel partout où une audience t’est accordée – les médias que tu affectionnes et l’assemblée nationale paraissent être un bon début. Tu ne tires pas la couverture à toi et, pitié, tu évites d’en faire un film où tu te compares à Robin des Bois. Pigé ? Et quand tu as fait tout ça, ne t’attends pas à des félicitations : on ne dira jamais « merci patron » à des égos sur pattes qui nous prennent pour de la chair à convergence quand ça les arrange.

      Voilà ...

      #gauche_blanche

    • Ruffin et Justice pour Adama : l’hypocrisie de la gauche radicale française sur la question raciale
      28 septembre 2017
      http://hustle-mag.com/ruffin-justice-adama-gauche-racisme

      Que pensez-vous de la réaction particulière de Ruffin ?

      Il représente à merveille cette gauche qui refuse de prendre en compte ces questions comme priorité. Il refuse de s’en emparer, de dénoncer, d’assumer son rôle également en tant que député. Il a dit qu’il voulait d’abord s’assurer que tout soit vrai, ce qui est absurde. Comme il le dit lui-même, il y une désinformation sur le traitement des médias sur les grèves, les mouvements sociaux.

      D’un côté, il arrive à avoir cet esprit critique sur les questions sociales, par contre il n’arrive pas à avoir cet esprit critique sur le traitement qui a pu être fait sur Adama, mais aussi sur toutes les affaires de violences policières où on reprend les versions officielles qui sont souvent des mensonges. On a menti sur les causes de la mort d’Adama. La famille, le comité a créé un rapport de force avec le parquet de Pontoise pour obtenir une contre-expertise pour avoir les vrais raisons de la mort d’Adama. D’ailleurs, le procureur du parquet de Pontoise a été dessaisi de l’affaire, celle-ci a été dépaysée au Tribunal de Grande Instance de Paris.

      Il veut « mener l’enquête », mais l’enquête a déjà été menée, par nous, par ceux qui luttent. Comme ceux qu’il défend à Moulinex, Good Year, à Continental, à qui il ne va jamais remettre en cause leur parole, il ne va pas enquêter évidemment.

      C’est toujours la même chose, la suspicion, on n’est pas des vraies victimes, on fait semblant, peut-être que c’est faux, on invente. En se positionnant ainsi, il a remis en cause la lutte du comité Justice pour Adama et notre légitimité à venir interpeller l’Etat et les versions officielles.

    • ll y a ceux qui semblent l’avoir bien cherché (des déjà « connus des services » et/ou condamnés, comme Théo et tant d’autres) et - rappelons nous les propos de Mélenchon sur l’assassinat e Rémi Fraisse - ceux dont on dit ou laisse entendre qu’il s’agirait d’"agents provocateurs" :
      https://iaata.info/Jean-Luc-Melenchon-et-l-assassinat-de-Remi-Fraisse-2091.html

      C’est entre autre grâce à la merde que la gauche a dans le crâne et fait partager que la mobilisation suite à la mort de Rémi est restée très minoritaire. Le permis de tuer des flics ne tombe pas du ciel de l’État, mais aussi de sa base et des pasteurs qui la cornaque.

      #France_insoumise #nationalisme #étatisme <=> #police #justice

  • VIDEO. Au Havre, Ruffin refuse de soutenir la famille d’Adama Traoré
    http://www.revolutionpermanente.fr/VIDEO-Au-Havre-Ruffin-refuse-de-soutenir-la-famille-d-Adama-Tra

    Ce jeudi 21 septembre, après la manifestation contre les ordonnances, un meeting de lutte était organisé au Havre. Interpellé sur le dossier Adama Traoré, François Ruffin a jeté un froid, en refusant de soutenir la famille et en expliquant ne pas être « intimement convaincu » de la version portée par Assa et sa famille.

    [...]

    François Ruffin demande à prendre la parole. « J’ai attendu un appel [de la famille Traoré] et il n’est jamais arrivé » explique-t-il en guise d’introduction, comme pour se dédouaner par avance, mettant en avant un article paru sur le journal Fakir. Balbutiant, François Ruffin se lance alors dans une tirade pour le moins embarrassante, et qui déclenchera les huées de la foule. « Moi, je crois à l’enquête d’abord. Aujourd’hui, je suis sensible aux propos car j’ai publié un papier mais je ne vais pas me positionner avant d’être intimement convaincu. Je veux faire mon travail. En toute matière, je mène l’enquête d’abord. Ce à quoi je peux m’engager, c’est vous recevoir pour que vous me filiez les preuves et que je mène l’enquête pour que j’en sois intimement convaincu ».

    #ruffin #justicepouradama #violences_policières

    • https://www.youtube.com/watch?v=u6HM2HDAQ7k

      Le site de F Ruffin : http://www.francoisruffin.fr

      Voir Actualité

      Monsieur Ruffin attire l’attention de Mme la Ministre de la Santé sur le remboursement des audioprothèses.

      A l’heure actuelle, jusqu’aux 20 ans de la personne malentendante, la prise en charge est de 60% pour des appareils allant de 900 à 1400 euros selon leurs catégories, la mutuelle ou une aide exceptionnelle prenant le reste à charge. Mais après 20 ans, la situation est tout autre : la classe de l’appareil n’est plus prise en compte et l’assurance maladie prend en charge 60% d’un tarif fixé à 199,71 euros, soit 119 euros, bien loin du coût réel d’un appareil.

      Question écrite à la ministre de la Santé. Surdité : un appareil pour Anne-Fleur !
      http://www.francoisruffin.fr/question-ecrite-a-la-ministre-de-la-sante-depakine
      Cela conduit à ce que seuls 34% des malentendants soient appareillés. Ou alors, ils le sont avec des appareils de faible qualité, qui par exemple ne coupent pas le vent, ou les bruits de fond.

      De jeunes adultes ou des étudiants se retrouvent ainsi confrontés à de réelles difficultés au cours de leurs études ou au moment d’entrer sur le marché du travail. Cette discrimination par l’argent ne doit pas perdurer.

      En complément : les causes de la surdité sont multiples, mais elles peuvent résulter de la prise de Dépakine par la mère d’un enfant lors de sa grossesse. Monsieur Ruffin souhaiterait savoir si le ministère entend faire financer le remboursement de ces appareils auditifs par les laboratoires qui ont produit la Dépakine, qui ont continué de le conseiller aux patientes enceintes.

  • Le ch’ti gars à l’Assemblée - Le Monolecte
    https://blog.monolecte.fr/2017/06/19/chti-gars-a-lassemblee

    Si l’on devait prendre 20 minutes pour résumer le marathon électoral de ces 10 derniers mois, rien ne serait plus efficace que de comparer tout ce cirque au choix épineux entre la poire à lavement et la tartine de merde.

    #élection #démocratie #lutte #Ruffin

    • C’est amusant comme on en parle, y compris dans les milieux qui ne devraient pas, ceux qui luttent pour que la loi reste en faveur de ceux qu’elle protège déjà bien plus que nécessaire (la loi de la jungle, je fais les sous-titres).
      Mise en scène d’une bataille des égos, avec l’espoir que Ruffin va se dissocier de Mélenchon, parce que ça serait tellement la preuve que Mélenchon est un dictateur que Ruffin s’en dissocie. Petites piques sur la discipline de groupe, ce genre de choses.

      C’est étonnant comme les « qui se pensent du bon côté », ne peuvent pas s’empêcher de créer des dissensions qui n’ont pas de sens, stratégiquement. Là, Colporteur qui dit que Ruffin fait des trucs dégueulasses. Ici, Monolecte qui explique que Mélenchon a tort de vouloir de la discipline. Et enfin, en guise de confirmation que le scénario, il est bien là, le Monde qui insiste sur le fait que Ruffin est un insoumis insoumis.

      Oui, nous y sommes. On parle de scénariser les dissensions, et il n’y a même pas besoin du Monde pour cela. Les Insoumis ne pèseront sur rien. Il n’est même pas certain qu’ils parviennent à se regrouper avec les élus PS pour disposer des 60 députés nécessaires pour des motions de censure qui ne pourront de toute façon pas être votées, puisque les élus LREM ne la voteront pas, et les élus LR non plus, du fait du sacro-saint « on ne vote pas avec le camp d’en face » que nous ont joué 10 fois les élus PS pendant la tragédie précédente.

      Des tragédies. Et ça continue, sans espoir.

  • L’exemplaire victoire de François Ruffin
    https://reporterre.net/L-exemplaire-victoire-de-Francois-Ruffin

    « Vous savez, Ruffin c’est la dernière petite lueur en France. Le dernier qui peut prouver que les Français ne sont pas des cons », explique une militante qui arbore le sticker « Picardie Debout ! avec François Ruffin ». Quelques minutes plus tard, les résultats officiels tombent : François Ruffin remporte son siège de député avec 54 % des voix. Le journaliste laisse enfin tomber le masque pour souffler. À ses côtés, son équipe s’embrasse et se tombe dans les bras. Aux accolades s’ajoutent les larmes de joie : « Putain j’y crois pas. J’y crois pas », répète une militante.

    • Euh, t’as vu la photo choisie ?
      La victoire du guerrier … si tu gagnes, tu auras le droit de baiser
      #misère_politique (encore)
      et oui aussi, je n’apprécie ni Ruffin ni aucun·e qui veut ce type de pouvoir et toute la liesse horrible qui va avec

    • Bah son équipe s’embrasse de joie et dans l’équipe il y a une femme. Je ne voie pas de contenu sexuel ni sexiste dans cette image. je voie au moins 3 personnes enlacées, une femme de dos, probablement Ruffin et une paire de bras qui semblent masculin.

      ps- Ruffin c’est pas la dernière petite lueur ! M’enfin et les autres insoumis·es et Mme Obono. Et soit dit en passant il y a des insoumis qui font perdre pas mal d’espoir !

    • La victoire du guerrier … si tu gagnes, tu auras le droit de baiser

      @touti qu’il baise sa femme après une telle victoire. Pourquoi pas ! autant joindre l’utile à l’agréable.
      Utile parce que si je ne suis pas complètement #Ruffin ,sa tactique est la bonne ( pas pour baiser, non, non ! ) mais infiltrer l’assemblée nationale pour faire entendre ses arguments ; du moins essayer de se faire entendre. On verra ... nul doute que si j’habitais dans sa circonscription, je votais des 2 mains pour le bonhomme. Plutôt que d’avoir voté avec mes pieds, une fois de plus.

    • @vanderling libre à toi de t’enthousiasmer, si tu as envie de croire que dieu est dans le vote.

      Je crois que vous n’avez pas compris ni l’un ni l’autre @mad_meg @vanderling ce que je veux dire en critiquant le choix de cette image pour illustrer un article nommé « L’exemplaire victoire de François Ruffin ».

      La photographie est un choix de représentation du monde. Que vous puissiez croire que c’est le reflet d’une réalité objective me rend triste. « son équipe s’embrasse de joie et dans l’équipe il y a une femme » non.
      Je pars de l’autre côté de la lorgnette, celui des sens.
      On voit d’abord, et moi je vois la tête d’un homme qui s’enfonce dans le giron d’une femme qui écarte les bras et je lis le mot victoire.

      Le mot victoire me fait frémir d’horreur.
      Pour au moins 3 raisons claires
      – victoire = guerrier et bataille
      – victoire = défaite
      – victoire = récompense

      #gagnant #victoire #photographie #représentation #journalisme #propagande #inconscient #role_des_femmes

      Ensuite, la rédaction a fait le choix de cette image et pas d’une autre, des photos de cette élection il y en a eu des tonnes, mais c’est celle-ci qui a été publiée, et pour illustrer le titre. Non seulement c’est une victoire mais il faudrait qu’elle soit exemplaire ?

      Comment mieux donner envie à de nouveaux guerriers d’aller à la guerre que de leurs promettre les bras d’une femme en récompense ? Quitte d’ailleurs à la violer, comme il se fait dans toutes les guerres, cf les américains au débarquement, les français en Afrique, la Bosnie etc. Et même si c’est « la sienne » qu’est-ce que ça change à son consentement ? Une femme n’existe pas pour le repos du guerrier.

      Donc, en fait, hors de son contexte éditoriale et historique, cette photo je m’en moquerais totalement. Là, le choix est délibéré, et la promesse inconsciente faite aux prochains gagnants est pour moi extrêmement désagréable et heurte ma sensibilité au point qu’elle me prévient déjà de ce que continueront d’être les élections : des turpitudes de bitards, un piège à cons, au premier sens du terme.

    • Là, le choix est délibéré, et la promesse inconsciente faite aux prochains gagnants est pour moi extrêmement désagréable et heurte ma sensibilité au point qu’elle me prévient déjà de ce que continueront d’être les élections : des turpitudes de bitards, un piège à cons, au premier sens du terme.

      ou point sensible - douloureux - fait attention à toi quand même @touti

    • je t’emmerde @vanderling, je n’ai pas besoin de tes mises en garde, et je fais grandement confiance à ma sensibilité qui est un de mes premiers atouts. Evidemment, pour d’autres personnes, la sensibilité évoque d’abord la faiblesse ou permet de disqualifier des propos sans jamais se requestionner.

    • Merci @mad_meg de prendre le temps pour comprendre.
      Ah, et aussi autre chose.
      Il est encore très courant de penser qu’une fois chef, ou avec du pouvoir, les femmes vont trouver un homme beaucoup plus attirant et lui tomber dans les bras.
      De n’importe quel milieu que ce soit, et même chez les militants qui se disent révolutionnaires, ça nous faisait toujours un sujet de discussion mi rigolard mi peiné d’ailleurs.
      Le nombre de voitures qui se vendent sous cette promesse en sont encore la preuve.
      #repos_du_guerrier

    • @touti c’est vent der linge qui t’emmerdes en retour malgré ta sensibilité à fleur de peau.

      libre à toi de t’enthousiasmer, si tu as envie de croire que dieu est dans le vote.

      pourquoi pas les saintes écritures et tutti quanti, aussi ! entre l’autre baltringue DUDH48 qui compare Macron au prophète, ça commence à faire beaucoup de n’importe quoi en 24 heures.

    • Enthousiasme - Étymologie
      Terme grec provenant d’un mot se traduisant par  : inspiré par un dieu, (de en et dieu).
      https://www.littre.org/definition/enthousiasme

      Ouiii et alors ! je ne vois toujours pas le rapport entre le vote ( législatif ), François Ruffin, sa femme, ses électeurs et électrices, et Dieu dans tout çà ?
      Et toujours pas, non plus, ce que la photo illustrant l’article de Reporterre a de choquante, d’autant plus que ce n’est pas la seule, il y a même des vidéos. Aussi doté d’une certaine sensibilité ( comme tout à chacun ) ton point de vue m’échappe.
      Quand je ne m’abstiens pas, je rentre plus à reculons dans un bureau de vote que frappé d’un quelconque transport divin
      Le jour où je confondrais un isoloir avec un confessionnal, je te ferais signe.

    • Ce jeu de mots que tu ne sembles pas gouter visait le très clair enthousiasme que tu affiches envers Ruffin et le vote

      nul doute que si j’habitais dans sa circonscription, je votais des 2 mains pour le bonhomme

      .

      Et je suis au regret d’arguer que je préfère exprimer ma sensibilité que de subir celle des cailloux.

  • François Ruffin ou la guéguerre de classe - par Jean-Pierre Garnier

    le pouvoir des mots et les mots du pouvoir, les « mots en commun » dans le champ politique des sociétés capitalistes ne sont la plupart du temps, pour ne pas dire exclusivement, que les mots des dominants.

    Ne nous attardons pas trop sur le vote de #Ruffin en faveur de Macron. En bon habitué du « faire barrage à » Le Pen père puis fille, il n’a jamais, manqué comme tant d’autres zozos « degôche », d’accorder ses votes à une #deuxième_droite, celle que représentait le PS, dont l’exercice du pouvoir fait régulièrement le lit de l’extrême droite. Dans le cas de Micron, il n’a pas fait exception à la règle plutôt que de choisir les deux autres option proposées par Baudruchon à ses troupes : le vote blanc ou nul. Ce que l’on peut retenir néanmoins, c’est la double prestation de Ruffin qui avait précédé ce choix. D’abord, le face à face avec le Président virtuel de la République sur le parking de Whirepool au milieu des ouvriers promis au licenciement que l’état de « #lagôche » en France rendait inéluctable. « Je salue votre courage d’être venu malgré tout au milieu de la mêlée comme ça », avait commencé le réalisateur de Merci Patron, salut qu’il réitérera plus tard en reconnaissant devant le médiacrate Patrick Cohen dans le 7 /9 de France Inter « le panache de la démarche » du futur président. Suivit un affrontement verbal qui aurait prendre place dans les shows télévisés supposés « réanimer de débat politique en France ». Le tout s’était terminé par « un dialogue plus apaisé, dans lequel chaque partie a pu exprimer son point de vue », comme s’en était félicité un commentateur de la presse mainstream témoin de la scène, au sens théâtral du terme. D’autant plus apaisé que Ruffin avait confirmé dans la foulée — c’est sa deuxième prestation — au micro d’Élise Lucet, d’Envoyé spécial, présente elle aussi ce jour-là sur les lieux, qu’il voterait Micron au deuxième tour, avec une restriction qui vaut son pesant de (grosses) ficelles picardes : « C’est un peu comme quand vous allez aux toilettes, vous aimez bien fermer la porte. C’est le principe de l’isoloir, il y a un rideau parce que ce n’est pas la première fois que je vais avoir à faire un geste dont je ne suis pas fier au 2ème tour de l’élection ». Un bras d’honneur assez honteux, en effet, aux classes populaires qui allaient faire les frais de la politique menée durant le nouveau quinquennat.

    #Ruffinades #Jacques_Sapir #J-P_Garnier
    http://www.librairie-tropiques.fr/2017/05/se-faire-des-amis-avec-j-p.garnier-la-gueguerre-des-classes.html

  • François #Ruffin explique sa lettre ouverte à Emmanuel #Macron, « président déjà haï » : « Passer en force dans une France sous tension, c’est dangereux »
    http://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/francois-ruffin-explique-sa-lettre-ouverte-a-emmanuel-macron-president-

    Pour vous, même s’il est élu dimanche soir, Emmanuel Macron ne dispose pas d’une #légitimité suffisante pour gouverner ?

    Pour gouverner, il aura une légitimité. Maintenant, est-ce qu’il a une légitimité suffisante quand on connaît les conditions de son éventuelle #élection ? Au premier tour, un électeur sur deux d’Emmanuel Macron a voté en adhésion à son programme et l’autre moitié pour le « vote utile ». Au second tour, des électeurs vont le choisir pour faire barrage au FN, et puis il y a ceux qui ne se déplacent pas parce qu’ils ne veulent pas choisir entre la peste et le choléra... Tout ça ne donne pas une légitimité qui permette de dire ensuite : « Je vais passer en force pour vous faire un traitement de choc. »

  • Cancer français : la récidive
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=888

    En 2012, l’émission Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet (France Inter) faisait la promotion du cancer français, dans un reportage de François Ruffin consacré au groupe chimique Arkema. Déplorant la vente du « pôle vinylique » d’Arkema à un financier américain, Ruffin n’avait pas jugé utile de préciser que ce pôle toxique avait tué des dizaines de salariés du cancer du foie et empoisonné rivières, sols et eau potable de la région grenobloise notamment. Pour ces journalistes du Front de gauche, avions-nous alors expliqué, l’emploi n’a pas d’odeur (voir ici) Quatre ans plus tard, Ruffin & Co persévèrent dans le déni. Cette fois, le patron du journal Fakir, organisateur de « Nuit debout » et aspirant-député de la Somme, défend les salariés d’Ecopla. Histoire télégénique : de sympathiques ouvriers isérois, à (...)

    #Nécrotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/cancer_franc_ais_re_cidive.pdf

    • La lutte des prolétaires est du coup résumée à un problème individuel. Dans tout le film, le représentant LVMH n’a qu’une crainte : que d’autres anciens salariés aient la même idée et viennent à leur tour réclamer du pognon. Il peut en fait être tranquille : Ruffin s’en fout des autres, toute l’intrigue du film reposant sur « le sauvetage des Klur » et la nécessité de proposer au spectateur un happy end. Alors bien sûr que c’est toujours cool de gratter des sous, et que l’on ne peut qu’être ravi que la famille soit sortie d’une situation extrêmement critique. Mais une lutte politique ne peut se contenter de seules micro-victoires, aussi ponctuelles qu’individuelles : elle nécessite au contraire d’élaborer des stratégies collectives pour sortir tout le monde de la merde.

      Le dernier problème réside enfin dans l’aboutissement du film, proposé comme un modèle de victoire : le remboursement des dettes par LVMH, et un CDI à Carrefour dans la mise en rayon de produits. Combien ce boulot est-il payé ? Dans quelles conditions ce poste a-t-il pu être créé ? Quelqu’un a-t-il été viré pour ça ? Comment ont réagi les collègues en apprenant que le poste avait été ouvert sur un coup de pression ? Le film passe toutes ces questions sous silence.

    • Les Klur sont les rois invisibles époussetés par Fakir. Si on voit du TF1 dans ce film c’est justement qu’ils nous ont gobés le cerveau. De fait on a plus l’habitude de voir des gens avec un accent Chti sauf pour se moquer d’eux. Avec « Merci Patron » on retrouve une fierté, une dignité d’être dans les 99%.
      Et puis quoi ? Il faudrait se flageller d’avoir gagner une fois de temps en temps ?
      Vous êtes jaloux que pour une fois ça marche ?

    • Ça n’existe pas les 99%, rien que ça c’est de la merde. Ya pas juste 2 classes sociales, et encore moins seulement des grands méchants méga super hyper riches de ouf à 1%. Par ailleurs c’est pas les parisiens qui se moquent des chtis, c’est Ruffin lui même dans le film qui les filme comme ça et se filme comme étant mieux, c’est en premier lieu lui qui ne comportent pas avec eux comme des égaux, comme des camarades, mais comme des petites gens à sauver. Donc ce n’est pas TF1 le problème mais bien dans le film même. Et d’autres problèmes, mais déjà rien que ça…

    • Ce film (et cet article) pose tout le problème du cinéma militant ! Un film n’est qu’un film il ne sera jamais rien d’autre. Le détail avec le documentaire, c’est que le film modifie un tout petit peu la réalité. Mais il ne faut jamais confondre le film et l’évènement qui vit à l’intérieur...
      En l’occurrence, un jeu d’intimidation qui réussit, c’est bien mais, concrètement, on s’en tape. En revanche le filmer... et le filmer comme ça en rendant si évident les antagonisme de classe... en faisant crever l’écran au syndicalisme et à l’éducation populaire, donne au couple Klur un statut de figure allégorique. Personnellement ce qui m’a bouleversé et qui m’a fait croire encore plus à la vocation d’intervention social du cinéma c’est que ses figures se trouvent modifiées jusque dans leurs corps par leurs prises de conscience des mécanismes du monde capitaliste.
      On ne jouit pas vraiment du CDI chez Carrefour. Si on jouit c’est de leur avoir fait peur ! #merci_patron #documentaire #fakir

    • J’ai vu #merci_patron, j’ai aimé, mais j’ai aussi été gêné par un certain « paternalisme » de #ruffin. Par contre, de là à parler de

      la condescendance de merde de Ruffin envers les Klur

      , ou bien

      Ruffin se fout clairement et gratuitement de leur gueule

      , il ne faut pas pousser.

      Pire, quand on lit

      Ruffin n’appartient pas au même monde ni à la même classe que les Klur

      (Ruffin lui même le dit et le répète assez souvent)
      puis

      petit patron de son entreprise, Fakir, qui gère maintenant un capital conséquent issu des recettes engendrées par le film

      pour faire passer Ruffin pour un bourgeois social-traitre, je trouve ça malhonnête.

      On peut ne pas aimer le film, mais ne prêtons pas a son auteur des prétentions qu’il n’a jamais eues.

  • https://paris-luttes.info/double-pensee-double-assemblee-5511?lang=fr

    Double pensée, double assemblée

    Double pensée et double assemblée : l’assemblée de la place de la république face à Lorfin et aux pitbulls de démocratie réelle.

    Plus encore que l’insignifiant #Ruffin, #Lordon, son double en version « insurrection qui vient », manie la double pensée : « nous ne sommes pas là pour faire de l’animation citoyenne » disait-il l’autre jour à la bourse du travail dans ce qui restera son baroud d’honneur. Cette petite phrase exprime à merveille le mépris du débat, des individus assemblés sur la place, et son dédain pour des conversations entre inconnus qui s’étirent et cheminent vers on ne sait où. Mieux encore, le « nous » de Lordon, c’est celui des autoproclamés « organisateurs du mouvement », ceux-là même chers aux journalistes, qui prétendent faire Nuit debout, comme on va au boulot tous les matins, comme si ce mouvement ce n’était pas d’abord des individus en conversation sur une place. #Convergence_des_luttes a toujours prétendu parler à la place de l’assemblée, lui imposer des buts de l’extérieur.

    La double pensée c’est dire une chose et penser son contraire. Par exemple, quand Lordon dit nous ne sommes pas là pour faire de l’animation citoyenne », il faut comprendre « nous sommes là pour faire de l’animation citoyenne », pour recruter des bénévoles pour nos actions futures. Bien avant le début du mouvement, Convergence des luttes a eu le projet de faire une double assemblée : la première, Convergences des luttes, décidant du contenu et des buts du mouvement tandis que l’autre, l’assemblée sur la place, mobiliserait en masse des gens disponibles pour appliquer les décisions de la première. Quelques jours avant la réunion qui s’est tenue le 20 avril à la bourse du travail, à deux rues de l’assemblée de la place de la république, un appel circulait entre les autoproclamés « organisateurs du mouvement » pour former cette fois un « collectif Nuit debout » instance dirigeante, adossée à l’assemblée de la place, rappelant les belles heures du léniniste le plus accompli. Mais l’échec de la réunion de la bourse du travail le 20 avril a consacré la scission entre l’assemblée de la place et Convergence des luttes, la proposition minable d’une bannière commune Nuit debout-CGT au défilé du 1er mai ayant été vertement refusée. Mais Lorfin et Rudon avaient un « plan b ».

    En s’appuyant sur une intercom, formée de « référents » des commissions « structurelles » (les plus importantes : SO, logistique, communication, animation), Convergence des luttes a fini par faire voter samedi 27 avril à 23h15, devant 200 personnes, dans le froid et sans débat, la proposition d’une « jonction » entre syndicats et l’assemblée de la place. Il faut être clair, ce n’est pas pour convaincre l’assemblée que ses animateurs fanatiques et les référents des commissions se sont démené pour faire adopter l’appel de Convergence des luttes. L’assemblée désormais ils s’en fichent, ou plutôt ils la craignent, c’est leur ennemi. Non, ce que ces gens visent c’est la visibilité publique, de garder la maitrise d’un nom pour lequel ils ont tant « travaillé », pour former le petit parti dont ils rêvent, qu’il feront, et qui ne sera rien. Dangereux crétins, pitoyables metteurs en scène.

    L’assemblée de la place de la république a pourtant existé. C’est une conversation qui a pris forme en dehors des partis, des syndicats et des journalistes, et qui peu à peu a été recolonisée par eux au terme d’une guerre de plusieurs semaines. Ces fameux autoproclamés « organisateurs du mouvement », avec leur stratégie qui fleure bon le PC d’après guerre, alliés à un groupe d’animateurs fanatiques de la « démocratie réelle » ont peu à peu vidé l’assemblée de sa substance, l’ont rendu faible, l’ont dupé constamment par des arguties de procédures, ont imposé leurs vues. C’était une nécessité car comment auraient-ils pu imposer leur vue à une assemblée forte ? Il leur fallait une assemblée faible pour commencer à agir. A leurs yeux, l’assemblée quand elle s’est levée était un monstre puissant et vigoureux, et il a leur a fallu près de trois semaines pour le maîtriser. Les membres de Convergence des luttes avaient eux aussi remarqué qu’au bout de quelques semaines d’assemblée, ils n’étaient rien pour les participants, qu’ils avaient disparu des débats.

    Il faut revenir ici sur les féroces animateurs ultra-formatés de #Démocratie_réelle, troisième force à l’œuvre dans l’assemblée. Leur méthode qui tient à la fois de la cybernétique et des pratiques de falsification plus classiquement staliniennes, fut quasiment sans faille. Un jour tout l’édifice a vacillé sur un grain de sable : la question de la communication du mouvement. Peu connaissent les techniques mises en place. A côté de l’assemblée, ils ont imposé les structures de commissions, dont le modèle est établi depuis longtemps par Démocratie réelle. Puis, ces cerbères ont orienté les débats d’abord en imposant des règles formelles aux discussions basées sur des gestes, des tours de parole minutés, et en les important dans toutes les conversations sur la place. Ils ont alors tourné les débats de l’assemblée contre les individus assemblés, contre chacun d’eux. Pour mener une telle entreprise disciplinaire, il faut se faire maître de la foule. Pour cela, ils se sont taillés une matraque en faisant de la non-violence un dogme absolu, à la seule fin d’exclure ceux qui avaient une opinion contraire. Ce dont il s’est agi ici, c’est de déposséder chaque individu, homme ou femme, de sa sensibilité, de son expérience propre, celle qui fonde ses actes et ses paroles ; en un mot, d’exercer une violence normalisante qui vise à faire taire toute singularité et à briser le fil de la parole. De manière plus surprenante, une version militante et essentialiste du féminisme a pu contribuer à cette normalisation, tant son usage sur la place pouvait s’apparenter à une injonction dont le contenu serait hors du débat. A un moment donné, le discours de l’assemblée, quelque soit les sujets abordés, a consisté à replier tous les enjeux communs dans des questions de morale individuelle. Dans les commissions, ils ont gentiment poussé vers la sortie ceux qu’ils ne pouvaient coopter ou former. Ils ont culpabilisé les participants en les traitant comme des enfants à rééduquer ; l’éducation populaire cybernétique est d’ailleurs le seul but de ces fanatiques. Ils ont peu à peu avec ces armes lissé les débats dans l’assemblée, flattant les points de vue les plus réactionnaires, imposant leur vues, monopolisant la parole, poussant les débats vers des tout-à-l’égout, châtrant toute pensée, truquant les votes. Bref, les vrais ennemis de la conversation étaient au cœur de l’assemblée, personne ne les en a délogé tant les habitudes, et notamment l’usage des gestes dont la fonction est de bannir toute émotion, étaient déjà prises. Au nom d’une démocratie fantasmée, ces animateurs cultivant une neutralité perverse se sont imposés à l’assemblée comme les cochons d’Orwell aux animaux de la ferme. La faiblesse de l’assemblée, et sa perte, a été de ne pas renverser cet édifice de conventions arbitraires, défendu par des pitbulls, dont l’objet est de canaliser puis de réduire à néant la conversation en prétextant la servir. On pourra goûter l’ironie rétrospective du charabia ampoulé du 31 mars de Lordon, quand il prophétisait « quelque chose est peut-être en train de naitre ».