• There are words you shouldn’t call academic (or any) women. Words you might think are innocuous, but have a long history of being used to dismiss, devalue, or discredit women. You might not be aware that these words should be avoided.

    1. Is she ‘aggressive’ - yelling, shoving, in your face? If not, the word you probably want to use is ‘assertive’.

    2. Is she ‘hysterical’ - displaying extreme emotion due to having a uterus? If not, the word you probably want to use is ‘upset’. Unless you’re using it to mean she’s incredibly funny, in which case you’re good.

    3. Is she ‘difficult’ - impossible to please or satisfy? If not, the word you probably want to use is ‘challenging’ or ‘particular’ or ‘sets a high bar’.

    4. Is she ‘demanding’ - insisting on something in a way that is excessive or unreasonable? If not, the words you might want are ‘expressing needs’ or ‘has expectations’.

    5. Is she ‘shrill’ … there’s no reason to use this word, or any words, to comment on a woman’s voice. Just don’t.

    6. Is she ‘uptight’ - anxious or angry in a tense and overly controlled way? …actually, if she is you might want to ask yourself why your interactions are causing this response? And consider using ‘intense’ or ‘focused’.

    7. Is she ‘emotional’ or ‘too sensitive’ - displaying unprofessional excessive feeling? Or is she just not repressing all feeling, or responding to something offensive, and the word you want is ‘human’.

    8. Is she ‘bossy’ - using her position to push people around well beyond the expected scope? If not, the word you might want to use is ‘leader’.

    #mot #mots #choix_des_mots #femmes #adjectifs #genre #patriarcat #hystérique #agressive #difficile #exigeante #académie #université #émotions #sensible #coincée #tendue #discrédit

    oh que ça me parle!!!!

    ping @_kg_

    • BnF : après plus d’un mois de grève, la #mobilisation ne faiblit pas

      Réorganisation du travail, missions supplémentaires, manque d’effectifs… En grève depuis le 4 mai, les salariés de la Bibliothèque nationale de France ne décolèrent pas et le bras de fer avec la direction est engagé. Décryptage.

      À trois mois de la réouverture de la somptueuse bibliothèque Richelieu, la Bibliothèque nationale de France (BnF) se heurte au mécontentement de ses employés, en grève depuis le 4 mai. Plus d’un mois plus tard, les grévistes répondent toujours présents. L’intersyndicale CGT-FSU-SUD appelle encore à la mobilisation ces mercredi 15 et jeudi 16 juin pour dénoncer une réorganisation du travail orchestrée par la direction de l’établissement et un sous-effectif. D’ores et déjà, le préavis de grève court jusqu’au 30 juin. Retour sur une mobilisation exceptionnelle en quatre questions.
      Pourquoi les salariés sont-ils en grève ?

      À cause du nouveau système de communication des documents aux usagers, goutte d’eau qui a fait déborder le vase déjà plein des agents de la bibliothèque François-Mitterrand. Concrètement, qu’est-ce que cela change ? Auparavant, les visiteurs de la bibliothèque pouvaient commander des documents toute la journée pour les consulter sur place. Depuis la crise sanitaire, cette communication directe des documents se fait seulement l’après-midi, de 13h30 à 17 heures. De plus, la réservation à l’avance doit se faire au minimum la veille, avant 20 heures. « Cela signifie qu’un lecteur ne peut pas demander le matin pour l’après-midi même. C’est absurde », estime Lucie, magasinière. Pour justifier ce nouveau fonctionnement, la direction s’appuie sur des chiffres : 44 % de communications en moins depuis dix ans. « Les usagers du matin ont considérablement baissé », avance-t-elle encore.

      Que cela change-t-il aux conditions de travail des employés ? Du fait de la concentration d’activité l’après-midi, les agents se disent surchargés, à l’image de Guillaume, catalogueur. « Les vagues de demandes arrivent toutes à 13 heures. Par conséquent, nous avons une charge de travail regroupée sur un moment de la journée, au détriment de l’accueil des usagers. » Des habitués de la bibliothèque qui soutiennent les grévistes, notamment à travers l’Association des lecteurs et usagers de la BnF (ALUBnF) et une pétition en ligne qui a récolté près de seize mille signatures. Si certains employés, comme Lucie, déplorent l’indifférence de la direction face au mécontentement manifeste des usagers, Kevin Riffault, directeur général de la BnF, dément : « Nous ne sous-estimons pas l’impact du nouveau dispositif sur les pratiques de recherche, mais il est limité. Et nous réfléchissons bien sûr à des améliorations. »
      Pour quelles raisons les grévistes réclament-ils des recrutements ?

      De nombreux chantiers occupent actuellement les agents de la BnF. Au premier chef desquels la préparation du nouveau centre de conservation nationale de la presse à Amiens et l’élargissement du dépôt légal aux œuvres numériques. Pour Gaël Mesnage, secrétaire général de la CGT-BnF, « c’est toujours la même logique de faire plus avec moins ». Car, selon les chiffres officiels, deux cent cinquante postes ont été supprimés entre 2009 et 2016. Depuis, les effectifs seraient « stables », assure la direction, qui ne cache pas son besoin de redéployer les employés chargés de la communication des documents aux lecteurs pour les poster sur ces nouvelles missions. « Les heures gagnées grâce au nouveau dispositif de communication permettront d’y répondre », soutient Kevin Riffault.

      « Si la direction n’avait pas décidé de supprimer 25 % des effectifs qui s’occupent de la communication aux lecteurs, on n’en serait pas à une telle réduction du service au public », affirme Gaël Mesnage. Au lieu de renouveler des contrats d’agents contractuels de catégorie C, l’établissement privilégierait des contrats à durée déterminée destinés aux étudiants. Une aberration pour Jean-François Besançon, délégué FSU à la BnF, qui redoute une précarisation de ces postes : « Comme réponse à notre désaccord, on nous dit que nous avons un devoir envers les étudiants qui ont souffert pendant la crise sanitaire, alors qu’il s’agit d’emplois précaires. »
      En quoi la réouverture du site Richelieu pose-t-elle problème ?

      Après plus de dix ans de travaux, la bibliothèque Richelieu, site historique de la BnF, rouvrira ses portes au public le 17 septembre prochain. Une réouverture qui n’enchante guère les employés en grève. Elle va même jusqu’à cristalliser leurs inquiétudes d’un affaiblissement des effectifs qui viendrait encore dégrader leurs conditions de travail. Gaël Mesnage, de CGT-BnF, dénonce la suppression de quarante postes à la bibliothèque François-Mitterrand pour les « transférer » vers Richelieu. La direction parle, quant à elle, d’environ cinquante emplois, venus de plusieurs sites de la BnF (il y en a sept en tout), dont le redéploiement « a déjà été opéré et intégré il y a un an, dès l’été 2021 ». « Cela doit se faire par redéploiement car le ministère de la Culture ne veut pas de recrutement », explique-t-elle encore.
      Où en sont les discussions avec la direction et le ministère de la Culture ?

      Au point mort, à en croire les grévistes. Voilà plus d’un mois que la grève est reconduite toutes les deux semaines, et les rapports sont plus que jamais tendus entre les salariés et leur hiérarchie, qualifiée de « macroniste et technophile » par certains. Le contrôle policier d’agents de la BnF lors de la mobilisation au site Richelieu du 2 juin est venu remettre de l’huile sur le feu. « La police nous a informés que nous allions être reçus par le ministère de la Culture. Puis, cette même police nous a empêchés de nous y rendre », raconte, indigné, Jean-François Besançon. Finalement reçue au ministère le 8 juin, l’intersyndicale ne dissimule pas son mécontentement : « Zéro avancée. Ils nous ont convoqués pour écouter. C’est incroyable d’avoir aussi peu de réponse », entend-on côté CGT.

      Du côté de la direction, on se dit encore ouvert aux négociations. « Des renforts sont prévus dans certains départements. Par ailleurs, le dispositif n’est pas figé et nous réfléchissons à de nouvelles évolutions de fonctionnement et de moyens », annonce le directeur général Kevin Riffault. La direction est actuellement en discussion avec ses « tutelles », les ministères de la Culture et du Budget, pour améliorer les moyens de l’institution. Une mention de Bercy qui ne devrait guère rassurer les grévistes dans leurs velléités de recrutement…

      https://www.telerama.fr/debats-reportages/bnf-apres-plus-d-un-mois-de-greve-la-mobilisation-ne-faiblit-pas-7010915.ph

    • « Madame la Présidente de la Bibliothèque nationale de France, votre #réforme est un #échec »

      Un collectif rassemblant plus de 350 acteurs du monde universitaire et culturel dénonce dans une tribune au « Monde » les mesures mises en place à la BNF, qui conduisent à une sévère réduction du temps pendant lequel la consultation des ouvrages est possible.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/06/20/madame-la-presidente-de-la-bibliotheque-nationale-de-france-votre-reforme-es

    • « Jour du dépassement universitaire » : « A partir de mercredi, tous les enseignements seront faits en dehors du service officiel des titulaires »

      Anne Roger, secrétaire générale du syndicat Snesup-FSU, dénonce un recours excessif aux vacataires et contractuels à l’université, faute de professeurs en nombre suffisant. Elle appelle à une grève jeudi.

      Ce mercredi marque, selon le syndicat Snesup-FSU, le « jour du dépassement universitaire », date symbolique à partir de laquelle les cours de l’année 2021-2022 cesseraient si l’on se contentait des heures statutaires des enseignants-chercheurs. Elle représente avant tout une manière, pour la secrétaire générale du syndicat, Anne Roger, de mettre en avant le sous-financement de l’université et le recours excessif aux heures supplémentaires, vacataires et contractuels.

      C’est quoi le « jour du dépassement pour l’année universitaire » ?

      C’est le jour à partir duquel les titulaires ont fait toutes les heures officielles qu’ils devaient faire pour l’année scolaire 2021-2022, dans l’hypothèse où les cours de ce premier semestre auraient tous été dispensés par eux. Concrètement, à partir d’aujourd’hui, tous les enseignements qu’il reste à couvrir seront faits en dehors de notre service officiel. Soit sur nos heures supplémentaires ou par le recrutement de contractuels ou de vacataires.

      Comment ce chiffre a-t-il évolué par rapport aux années précédentes ?

      Nous n’avons pas d’élément de comparaison car dans les bilans sociaux des années précédentes, il n’y avait pas les données suffisantes pour pouvoir établir un jour du dépassement. En revanche, il va être intéressant de voir dans les années à venir comment ça évolue, et surtout d’essayer de le comparer composante par composante, car toutes ne sont pas sur un pied d’égalité. En Staps [Sciences et techniques des activités physiques et sportives, ndlr] par exemple, qui est une filière particulièrement sous-dotée, dans de nombreuses universités ce jour du dépassement est beaucoup plus tôt. Au Staps de Bobigny, l’un des plus sous tension, ce jour est tombé le 1er décembre. Pour Marne-la-Vallée, c’était le 11 décembre, Rouen le 13…

      Ça montre que la question du sous-encadrement n’est pas un faux problème. Comment peut-on imaginer que les deux tiers des cours d’une année soient faits par des gens qui ne sont pas titulaires ? Comment peut-on continuer à faire de la recherche dans le même temps si on doit déjà multiplier les heures supplémentaires ? Ce n’est pas possible, c’est ingérable… Ça donne envie de dire « stop, on arrête ».

      Quelles conséquences cela entraîne-t-il, tant pour les professeurs que pour les étudiants ?

      Avant d’avoir des conséquences, cela met surtout en évidence le manque de financement de l’enseignement supérieur. Ça veut dire qu’on a, en gros, à l’échelle de la France entière, la moitié des moyens pour pouvoir tenir toute l’année avec des enseignants qui sont titulaires, en poste et stables. Nous sommes vraiment face à un sous-financement chronique de l’enseignement car on doit s’appuyer sur des personnels précaires pour pouvoir tenir l’année.

      Qu’est-ce que cela a comme incidence ? Eh bien cela crée une surcharge énorme sur les personnels. Sur les titulaires, parce qu’ils doivent accepter de faire des heures supplémentaires. Sur les contractuels, qui ont tous les ans leur contrat remis en cause. Et enfin sur les vacataires, à qui on donne des conditions de travail compliquées tout les sous-payant.

      Qui sont les personnes qui viennent compléter les professeurs pour donner des cours ?

      Cela peut être des doctorants en cours de thèse qui ont besoin de financer leurs études, des attachés temporaires d’enseignement et de recherche qui sont souvent des étudiants. On trouve aussi des enseignants qui viennent d’ailleurs : par exemple, en Staps, on a beaucoup de profs d’EPS qui viennent chez nous faire des vacations. Et il y a aussi de plus en plus de contractuels qui sont des doctorants sans poste de maître de conférences car aucun poste n’est créé, à qui ont fait signer des contrats leur demandant le double d’heures d’enseignement tout en continuant aussi à faire de la recherche, ce qui est impossible. Finalement, on a tout un tas de personnes que l’on met dans des situations précaires, que l’on paye au lance-pierre et qui viennent prêter main-forte aux enseignants qui font déjà des heures supplémentaires.

      Vous appelez donc à une grève jeudi. Quelles sont vos revendications ?

      Nous misons sur trois mots d’ordre. L’emploi tout d’abord, car le jour du dépassement n’est qu’une preuve de plus de notre besoin de postes, et nous voulons des postes titulaires, pas des vacataires ou contractuels car cela crée trop de tensions et de difficultés, avec des situations précaires. Ensuite, nous souhaitons une amélioration des conditions de travail, en lien avec ce qu’on a évoqué précédemment. On constate une énorme surcharge de travail, une dégradation des collectifs de travail : quand on fait trop d’heures on ne peut plus se parler et échanger sur les cours, ce qui entraîne une baisse de qualité des formations. Et le troisième point, c’est une hausse des salaires puisque, comme tous les fonctionnaires, nous avons un indice gelé depuis une grosse dizaine d’années, ce qui nous a fait perdre beaucoup en termes de pouvoir d’achat.

      https://www.liberation.fr/societe/education/jour-du-depassement-universitaire-a-partir-de-mercredi-tous-les-enseignements-seront-faits-en-dehors-du-service-officiel-des-titulaires-20220126_NBAXJWJOTBA35BGBODH2XRNO6Q/?redirected=1

    • Enseignants-chercheurs : « Moins il y a de moyens, plus le climat se dégrade, plus la sélection sociale est poussée »

      Un collectif de professeurs et chercheurs, titulaires ou vacataires, parmi lesquels Philippe Corcuff, Eva Debray, Caroline Déjoie, Ivan Sainsaulieu, tire, dans une tribune au « Monde », le signal d’alarme sur le niveau de précarité atteint actuellement dans l’université. Ils se demandent si l’amour de la recherche est devenu payant.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/31/enseignants-chercheurs-moins-il-y-a-de-moyens-plus-le-climat-se-degrade-plus

  • Après sa déroute électorale, Blanquer bénéficie de la création express d’un poste à l’université Assas | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/210622/apres-sa-deroute-electorale-blanquer-beneficie-de-la-creation-express-d-un

    Sors-le par la porte il revient par la fenêtre !

    L’enseignement supérieur ne manque visiblement pas toujours de moyens. L’université Paris 2 (Panthéon-Assas) a exceptionnellement décidé d’ouvrir un poste sur mesure au sein de son département de droit public pour accueillir l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer, tout juste défait aux élections législatives, selon des informations de Mediapart.

    La possibilité de créer ce poste ad hoc, à l’heure où les universités affrontent depuis des années une lourde pénurie de personnels, s’est concrétisée vendredi 17 juin, cinq jours après le premier tour des élections. Elle doit être finalisée prochainement, à l’occasion d’une réunion du département de droit public.

    Première incongruité : elle a été annoncée par le président de l’université Stéphane Braconnier lui-même, et non par le directeur du département. Deuxième source de questionnement : le calendrier de l’annonce, intervenue quelques jours seulement après l’élimination, le dimanche 12 juin, de Jean-Michel Blanquer au 1er tour dans la 4e circonscription du Loiret et alors qu’aucun poste n’avait été envisagé jusque-là. Troisième interrogation : les raisons de ce recrutement express.

  • L’échec de #Shanghai et le pari perdu de #Paris-Saclay

    La nouvelle de ce mois, concernant l’Université et la #recherche, est sans conteste l’#abandon par la #Chine des #classements_internationaux et en particulier de celui dit « de Shanghai ». Accompagnant le déplacement planétaire de la sphère productive vers l’Asie, la création d’établissements universitaires en Chine a été massive : on en compte aujourd’hui plus de 3 000. La Chine est devenue une immense puissance scientifique et se soucie désormais de développer un modèle universitaire original. En visite le 25 avril à l’université Renmin de Pékin, le président Xi Jinping a déclaré ceci : « La Chine est un pays avec une histoire unique, une culture distincte et un contexte national particulier […] Nous ne pouvons pas suivre aveuglément les autres ou nous contenter de copier les standards et les modèles étrangers lorsque nous construisons des universités de classe mondiale ». Cette déclaration a été immédiatement suivie d’effets, avec le retrait de plusieurs universités des classements internationaux, dont l’université Renmin — une décision saluée dans la foulée par le journal gouvernemental, le Quotidien du Peuple, ce qui ne laisse guère de doutes sur le caractère mûrement réfléchi du changement de cap national.

    Plus qu’ailleurs, le modèle normatif promu par le « classement de Shanghaï », créé en 2003 et produit depuis 2009 par le cabinet #Shanghai_Ranking_Consultancy (30 employés), a été utilisé en France comme outil de communication et comme argument palliant à bon compte un déficit de pensée critique et politique. De nombreux articles ont été consacrés à l’ineptie de la méthodologie employée (démontrée par exemple ici - https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/03797720500260116 - ou là - https://link.springer.com/article/10.1007/s11192-009-0115-x -), à commencer par ceci : le #score composite fabriqué, mélangeant torchons et serviettes, n’est ni une variable intensive (indépendante de la « taille » de l’établissement mesurée par le budget, le nombre d’étudiants ou le nombre de chercheurs par exemple), ni une variable extensive (proportionnelle à cette « taille »). Il s’agit d’un #bricolage sans rigueur, dépourvu de toute #rationalité_scientifique, « calibré » pour reproduire le #classement_symbolique des grandes universités privées états-uniennes. Du reste, comment la #qualité de la formation et de la recherche scientifique pourrait-elle bien varier à l’échelle d’une année, sauf à se baser sur des #indicateurs délirants ?

    Le concours de circonstances qui a conduit à la #fétichisation de ce classement par la #technobureaucratie du supérieur a été analysé dans les travaux de Christine Barats, auxquels nous renvoyons, ainsi que dans l’ouvrage de Hugo Harari-Kermadec, Le classement de Shanghai. L’université marchandisée (2019).

    La réception de ce classement par l’élite des grands corps de l’Etat fut un dessillement : aucun de ses lieux de formation — ni Sciences Po Paris, ni HEC, ni l’ENA, ni Polytechnique — n’ont de reconnaissance internationale. Seule l’Université, où se situe la recherche scientifique, apparaît dans ce classement. Bien sûr, d’autres classements sont utilisés pour les Master of Business Administration (MBA) et en particulier ceux basés sur le bénéfice financier escompté (salaires des alumni), à mettre en regard du coût de la formation (classement Value for money). Mais cela reste un choc pour la haute fonction publique de découvrir que dans le monde entier, les élites sont formées par la recherche, à l’Université, mais que la France fait exception à l’idéal humboldtien du fait de l’héritage napoléonien des Grandes Ecoles.

    Ce dessillement a suscité des réactions contradictoires chez les tenants de « l’économie européenne de la connaissance » théorisée notamment par M. Philippe Aghion et a conduit certains secteurs de l’Etat à soutenir un projet historique visant à surmonter le legs napoléonien dans la formation des élites : le projet de Paris-Saclay, dans sa mouture initiale.

    Sur le papier, jusqu’en 2015, beaucoup de conditions sont réunies pour un succès de ce projet, à condition bien sûr de se fixer un objectif clair : la construction d’une université expérimentale associant production, critique et transmission des savoirs scientifiques et techniques, en faisant le pari du soutien à l’émergence de PME industrielles à très haute valeur ajoutée, travaillant en bonne intelligence avec l’université. Loin de desservir le projet, le fait que le plateau de Saclay ne soit pas au cœur d’une métropole était un avantage. En effet, sa situation géographique permettait d’imaginer une ville-campus adaptée aux enjeux du XXIème siècle. Saclay pouvait donc être cette université où se rencontrent les élites scientifiques, économiques et politiques qui fait tant défaut au système français. Partant de ce constat partiel mais juste, l’État consacra un investissement de 5,3 milliards d’euros au projet d’université intégrée de Saclay en l’espace de dix ans. Disons-le : Paris-Saclay était alors le seul projet de regroupement universitaire intéressant. Tous les autres regroupements ne visaient qu’à produire des économies d’échelle dans les services centraux et à changer les statuts des établissements pour mettre les structures de décision hors d’atteinte des universitaires. On sait désormais que le surcoût de fonctionnement des mastodontes universitaires est exorbitant, qu’ils ont été dévitalisés et que le pouvoir y a été capté par une nouvelle bureaucratie managériale, au fonctionnement féodal, qui s’octroie une large part des ressources qui manquent à l’enseignement et à la recherche.

    Ce qui, à Paris-Saclay, rendait cette expérience historique d’unification entre Université et Grandes Écoles possible, c’est l’obsolescence de l’École Polytechnique. Deux rapports de la cour des comptes et un rapport parlementaire avaient pointé l’absence de « stratégie » de l’État pour cet établissement, son inadaptation à la « concurrence internationale », sa « gouvernance » défaillante et l’absurdité de sa tutelle militaire. Polytechnique était devenu un boulet aux yeux d’une partie du bloc réformateur. L’humiliation infligée par les classements internationaux avait également mis en difficulté les secteurs les plus conservateurs de la bureaucratie polytechnicienne d’État et leurs relais pantoufleurs du CAC 40. Dans ce contexte de crise, un quatrième rapport, commandé à M. Attali par le premier ministre, préconisait la suppression du classement de sortie, la suppression de la solde et la création d’une nouvelle « École polytechnique de Paris » englobant les grandes écoles du plateau, au sein de Paris-Saclay. La voie semblait libre pour reconstruire à Saclay une formation des élites administratives et industrielles en lien avec la recherche universitaire.

    Mais le 15 décembre 2015, cette expérience historique de dépassement des archaïsmes français tombe à l’eau. Plus exactement, « on » l’y pousse, à l’eau, les deux pieds coulés dans du béton. Quel « on » exactement conduit Paris-Saclay dans cette « impasse », pour reprendre le doux euphémisme de la Cour des Comptes ? Après que M. Le Drian, ministre de la Défense, a annoncé le 6 juin 2015 une « révolution » à Polytechnique, les président-directeurs généraux d’entreprises françaises du CAC 40 issus du corps des Mines s’activent au cœur de l’été.

    Une task-force est constituée autour de M. Pringuet, X-Mines et président de l’AFEP, le lobby des grands patrons français. S’il existe une rivalité entre l’Inspection des finances, nourrie par l’ENA, et le Corps des mines, alimenté par l’École Polytechnique, ENA-IGF et X-Mines partagent un même désir de perpétuation de la technostructure à la française, menacée par le projet d’intégration de Polytechnique dans Paris-Saclay. M. Pringuet, en liaison avec M. Macron depuis 2012 – son action de lobbying a abouti à la création du CICE -, obtient l’aide de celui-ci. Il est vrai que M. Macron, sous la mandature précédente, s’était déjà penché sur les questions d’« économie de la connaissance » comme rapporteur général de la commission Attali. L’enjeu des réformes universitaires, pour lui, n’est en aucun cas de dépasser l’archaïsme bonapartiste : bien au contraire, il s’agit de constituer une poignée de mastodontes internationalisés, dans la plus pure tradition des « fleurons » chers aux Grands Corps. C’est la fatalité des hauts fonctionnaires hexagonaux de rester désespérément français même (et surtout) lorsqu’ils croient singer le MIT… Lors de ce conseil d’administration du 15 décembre 2015, les deux ministres de tutelle de Polytechnique, M. Le Drian et M. Mandon sont accompagnés de M. Macron. Quand « Bercy » vient d’imposer des centaines de millions d’euros de coups de rabot dans le budget de l’Université, et même des milliards de coupes dans le contrat de plan État-régions, M. Macron apporte, ce 15 décembre 2015, 60 millions d’euros d’augmentation de budget à l’École Polytechnique… et consacre l’abandon du projet de Paris-Saclay, malgré son importance et son coût.

    Depuis, de reconfiguration en reconfiguration, Paris-Saclay n’est plus que l’avatar périurbain d’une politique qui n’avait probablement jamais cessé d’être la seule boussole des secteurs dirigeants de la bureaucratie : la différenciation des universités, fondée sur la séparation entre des établissements de proximité et une poignée d’universités-monstres supposément tournées vers la coopération internationale, et les yeux rivés vers des rankings sans substance. Ne reste qu’une question : les apparatchiks ont-ils entrevu ne serait-ce qu’un instant la signification libératrice du projet initial de Paris-Saclay ? Ou avaient-ils élaboré ce projet aussi inconsciemment qu’ils l’ont ensuite liquidé, en jouant à la dînette de Shanghai ?

    Toujours est-il qu’au terme de ce rendez-vous manqué, l’administratrice de la faillite politique et intellectuelle de Paris-Saclay, Mme #Sylvie_Retailleau, a pu se gargariser de la seule chose qui lui reste : une progression de quelques places dans un classement déjà décrédibilisé, arrachée à coups de milliards d’euros qui auraient pu être dépensés ailleurs et autrement. Il y a quelques mois, la dame de Shanghai déclarait en effet : « Cette position dans [le classement de Shanghai] nous renforce aussi dans la conviction de la pertinence de notre trajectoire institutionnelle collective. » Cette faillite valait bien une promotion : Aux innocents les mains pleines.

    Terminons cette histoire par quelques vers à la manière de Mallarmé, tirés de Lingua Novæ Universitatis, que vous pouvez encore vous procurer chez l’éditeur.

    https://rogueesr.fr/20220601

    #Classement_de_Shanghai #classification #comparaison #université #facs #ranking #critique

    ping @_kg_

    • Le Classement De Shanghai. L’université Marchandisée

      « Le classement de Shanghai mesure mal la qualité de l’enseignement supérieur…  » « Ce n’est pas aux étudiants d’évaluer les enseignants…  », « Les universitaires n’aiment pas qu’on les évalue… », etc. Seraient-ils corporatistes, recroquevillés sur leurs supposés privilèges ? Et pourquoi les dirigeants et les gestionnaires de l’Université tiennent-ils tellement à donner des notes et à classer (les chercheurs, les enseignants, les laboratoires, les universités…) ? Une vielle habitude d’enseignants ?

      Hugo Harari-Kermadec montre que l’enjeu principal de cette mise en nombre est de préparer la marchandisation de l’Université. Pour produire du Capital humain et s’insérer dans l’économie de la connaissance, l’Université devrait se transformer en profondeur, et le travail des universitaires devrait changer, coûte que coûte, de forme. Si les classements et les autres dispositifs de mise en nombre sont aussi importants, c’est parce qu’ils jouent un rôle essentiel pour faire du service public d’enseignement supérieur un nouveau secteur marchand producteur de valeur économique et de profits.

      En saisissant un secteur en cours de marchandisation, Hugo Harari-Kermadec révèle un processus qui s’étend bien au-delà de l’Université, de l’hôpital aux tâches domestiques, des compteurs linky aux bigdata. Il donne une nouvelle légitimité aux résistances face à la mise en nombre et invite à retourner l’arme de la quantification comme instrument d’émancipation.

      https://www.editionsbdl.com/produit/le-classement-de-shanghai-luniversite-marchandisee
      #marchandisation #livre

  • Big changes to staffing patterns at UK universities over past two decades

    The global explosion in university enrolment rates and the size of institutions has transformed their staffing patterns and organisational structure. New research from the Policy Institute at King’s College London provides the first in-depth study of 21st century changes in the UK university sector, and underlines the scale and impact of these changes.

    Funded by the Nuffield Foundation, the report is authored by Professor the Baroness Alison Wolf, a member of the Augar Review of Post-18 Education & Funding, and Dr Andrew Jenkins.

    Observers of contemporary higher education frequently complain of growing ‘managerialism’ and growth in insecure, short-term teaching contracts. Using the UK’s unique workforce database, and case-studies of six contrasting institutions, the researchers examined whether and why such changes had occurred. The report confirms major changes in both administrative and academic employment, alongside extensive centralisation and the decline of the autonomous academic department.

    Since the turn of the century, numbers of senior managerial and administrative posts have risen very markedly. Staff classified as ‘managers and non-academic professionals’ at UK universities increased some 60% over 12 years, from just under 32,000 in the academic year 2005/06 to almost 51,000 in 2017/18. At the same time, the number of technicians and of secretarial posts, supporting academics, declined. Managers and managerial professionals made up a fifth of all non-academic staff in 2005/06, but this had risen to more than a quarter by 2017/18. More and more decisions about staffing are taken at the centre of the institution, with a commensurate hollowing-out of the traditional academic department.

    Within universities, ongoing growth in non-academic appointments is justified by both the need to compete and market degrees globally, and by the importance of the ‘student experience’ as measured by government surveys such as the National Student Survey. However, the authors conclude that the structure of senior leadership teams means that there are few barriers to ‘upward drift’ in pay and seniority – “in sharp contrast to the situation with academic posts, where scrutiny was extensive”.

    Among academics, teaching-only posts at UK universities increased at five times the rate of ‘traditional’ academic roles between 2005/06 and 2018/19. Numbers rose by more than 80 per cent, compared with a rise of 16% over the same period in more traditional roles with both teaching and research responsibilities. Growth was most marked in the Russell Group and the faster a university grew, the more it increased its use of teaching-only staff.

    However, the move to casualised and part-time teaching staff has been fairly limited compared to ‘competitor’ university systems, such as those in the US or Australia. The report ascribes this to the government’s Research Excellence Framework, which determines direct funding allocations but also a university’s international reputation. The higher its research reputation, the higher the fees it can charge to overseas students. UK universities therefore have a strong interest in hiring ‘research-active’ academics, but use teaching-only staff to cover vacancies, including those created by academics who are ‘bought out’ for research, and to smooth staffing when student numbers change.

    Baroness Alison Wolf CBE, Professor of Public Sector Management at King’s College London, said:

    “It is striking how far expensive changes seem to have occurred without being underpinned by a clear strategy. Increased centralisation is also a concern. Large centralised bureaucracies are not good at innovation, which is the lifeblood of universities.”

    https://www.nuffieldfoundation.org/news/big-changes-to-staffing-patterns-at-uk-universities-over-past-tw

    Pour télécharger le rapport:
    https://www.nuffieldfoundation.org/wp-content/uploads/2021/12/Managers-and-academics-in-a-centralising-sector.pdf

    #rapport #UK #Angleterre #université #facs #ESR #management #centralisation #précarisation #autonomie #enseignement #enseignement_supérieur #teaching-only_staff #Research_Excellence_Framework #excellence #réputation #recherche

    ping @_kg_

  • Au Japon, une école de médecine condamnée pour avoir privilégié ses étudiants masculins afp/jj
    https://www.rts.ch/info/monde/13108096-au-japon-une-ecole-de-medecine-condamnee-pour-avoir-privilegie-ses-etud

    Une école de médecine japonaise avait rendu son examen d’entrée plus difficile pour les femmes. Elle a été condamnée jeudi pour discrimination sexiste et devra verser des dédommagements à 13 d’entre elles.

    L’Université Juntendo à Tokyo avait affirmé en 2018 avoir placé la barre plus haut pour les femmes aux examens d’entrée afin de « réduire l’écart avec les étudiants de sexe masculin ». L’école argumentait que les femmes avaient des capacités de communication supérieures et disposaient donc d’un avantage par rapport aux hommes pour les entretiens oraux.


    Selon un porte-parole du tribunal de première instance de Tokyo, l’Université Juntendo a été condamnée à indemniser les plaignantes. Des médias locaux évoquent une somme totale à verser équivalent à 61’000 francs suisses.

    Plusieurs cas de même nature
    Le gouvernement japonais avait ouvert une enquête il y a quatre ans après qu’un autre établissement, l’Université médicale de Tokyo, avait avoué avoir falsifié les notes des candidates de sexe féminin, afin que la proportion de ses étudiantes demeure autour de 30%.

    Selon des médias, le comité de sélection agissait ainsi au motif que les femmes, même si elles devenaient médecins, quittaient ensuite souvent leur poste pour se marier et avoir des enfants.

    Le ministère de l’Éducation avait à l’époque expliqué avoir épluché les concours d’entrée de 81 écoles publiques et privées et découvert des procédures répréhensibles dans dix d’entre elles, dont quatre mettaient en oeuvre une discrimination contre les candidates.

    Plusieurs actions en justice avaient été lancées après la publication du rapport du ministère.
    #médecine #université #discrimination #sexisme #femmes #misogynie #éducation #domination_masculine #travail #patriarcat #violence #domination

  • L’Université de Strasbourg fait l’inventaire des années sous administration nazie Time of Israel

    Un rapport montre que les camps de Vorbruck-Schirmeck et du Struthof ont servi de "sources d’approvisionnement en humains" pour des "expérimentations" par des professeurs allemands


    Université de Strasbourg (Crédit : Wikipédia CC BY-SA 3.0/ Le Palais Universitaire)

    Cinq ans de travail, 150 000 pages d’archives passées au crible, quinze chercheurs et, pour finir, un « pavé » de 500 pages : l’Université de Strasbourg a fait, huit décennies plus tard, la lumière sur la participation de sa faculté de médecine aux « crimes médicaux de guerre » commis en Alsace occupée par les nazis.

    Jusqu’ici, quelques travaux universitaires et initiatives individuelles avaient permis de documenter les crimes commis par les nazis entre 1941 et 1944 en lien avec la Reichsuniversität, l’université du Reich à Strasbourg, mais sans donner la pleine mesure de ces événements.

    Il aura fallu la découverte en 2015, par l’historien Raphaël Toledano, de restes d’une victime de l’anatomiste nazi August Hirt, conservés à l’institut de médecine légale de Strasbourg, pour qu’une commission de recherche internationale soit mise sur pied par l’Université.

    « Ca devenait une urgence de regarder le passé en face », confie à l’AFP l’historienne Frédérique Neau-Dufour, qui a pris part aux travaux de la commission.

    « Cette composante nazie avait été complètement laissée de côté, puisque la France ne se sentait pas comptable des crimes nazis, et que les nazis avaient été soi-disant jugés. Donc, on estimait que tout était réglé, alors qu’il y avait des imbrications beaucoup plus complexes », explique-elle, en référence notamment aux 96 médecins originaires d’Alsace-Moselle ayant exercé au sein de la Reichsuniversität, ou aux étudiants, formés par les nazis, ayant ensuite fait leur carrière en France.

    Après cinq ans de travail, le rapport remis mardi par la commission fait l’inventaire des activités de la Reichsuniversität, qui avait pris le relais de l’Université de Strasbourg, évacuée vers Clermont-Ferrand dès 1939.

    Aucun nouveau reste humain provenant d’activités criminelles n’a été découvert par la commission, qui a cependant retrouvé des lames histologiques, destinées à être observées au microscope, et des organes humains, conservés à des fins d’enseignement, datant des années 1941-1944.

    Expérimentations humaines 
    Surtout, le rapport montre comment le camp de travail de Vorbruck-Schirmeck et le camp de concentration du Struthof, situés en Alsace, ont servi de « sources d’approvisionnement en êtres humains pour au moins trois professeurs » allemands de médecine, « dans le cadre d’expérimentations humaines 


    L’ancien camp de concentration du Struthof. (Crédit : Colin W/CC.BY SA 3.0/WikiCommons)

    August Hirt, dont le projet déjà documenté de « collection de squelettes juifs » avait entraîné « la mort de 86 personnes tuées de sang froid » au Struthof, avait aussi mené des expérimentations avec du gaz moutarde, dont les victimes ont été identifiées par la commission.

    Grâce à des sources inédites, les chercheurs ont également renseigné les tests de vaccins contre le typhus réalisés sur des prisonniers par Eugen Haagen et les expériences au phosgène, un gaz de combat, menées par le médecin Otto Bickenbach.

    Le rapport établit par ailleurs que l’Institut d’anatomie avait à l’époque fait des prisonniers de guerre « sa source principale d’approvisionnement en corps » destinés aux travaux d’étude, ou que dans l’ensemble les 292 thèses réalisées pendant cette période « ne respectèrent pas les directives éthiques relatives aux activités médico-thérapeutiques ».

    « Ce qui s’est passé dans cette université, c’est ce qui s’est passé dans toutes les universités nazies d’Allemagne et d’Autriche, c’est banal au regard de la science nazi », assure Frédérique Neau-Dufour.

    « Mais dans le cadre français, c’est totalement exceptionnel. Il était donc nécessaire que les Français s’emparent de cette histoire, à laquelle ils sont liés, parce que ça s’est passé sur leur sol, et parce que des Français ont trempé dedans », complète-t-elle.

    « Tirer les leçons de l’histoire »
    . . . . .
    La suite de l’article : https://fr.timesofisrael.com/luniversite-de-strasbourg-fait-linventaire-des-annees-sous-adminis
    #Allemagne #Nazisme #université #Strasbourg #Médecine #expérimentation #crimes_médicaux de #guerre #Struthof

  • « Je ne me sens pas en sécurité à l’UQAM » - Le devoir - Marco Fortier
    https://www.ledevoir.com/societe/education/700803/education-je-ne-me-sens-pas-en-securite-a-l-uqam

    Menaces, intimidation, local vandalisé : des étudiants en science politique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) disent être la cible d’une campagne de harcèlement de la part de militants extrémistes. Ébranlés, une demi-douzaine d’étudiants ont décidé de quitter l’UQAM pour continuer leurs études dans une ambiance plus paisible.

    Selon ce que Le Devoir _ a appris, des tensions entre une association étudiante de l’UQAM et des militants qui se qualifient de « woke » ont dégénéré au cours des derniers jours. Le local de l’Association étudiante du module de science politique (AEMSP) a été vandalisé durant la nuit de mardi à mercredi, la semaine dernière. Une enquête interne est en cours pour trouver les auteurs du saccage. La police a aussi été avisée.


    Le Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement (BIPH) de l’UQAM est aussi intervenu dans l’espoir de mettre fin à des gestes d’intimidation contre des membres de l’AEMSP.

    « Je suis stressé. J’ai peur pour mon intégrité physique et personnelle. Je n’ai plus envie de mettre les pieds à l’UQAM parce que je ne me sens plus en sécurité », dit Jérôme Dufour, qui a démissionné de son poste de coordonnateur général de l’AEMSP.

    Tout comme une demi-douzaine de ses collègues, il a décidé de quitter l’UQAM après avoir été la cible de harcèlement au cours des derniers mois. Le saccage du local de l’AEMSP, la semaine dernière, a été la goutte de trop : porte défoncée, ordinateur et imprimante jetés par terre, meubles renversés, graffitis sur les murs. « Fuck la CAQ », « fuck QS », « vive les woke », « fuck toute », « vandalisme », « ACAB » (All cops are bastards), ont notamment écrit les visiteurs non invités.


    « Je ne me sens pas en sécurité à l’UQAM ces temps-ci. La violence est banalisée dans l’institution, c’est ce que je trouve le plus préoccupant dans cette histoire », affirme Marie-Audrey Bernier, qui a démissionné elle aussi du bureau de l’AEMSP. Elle a décidé de continuer ses études dans une autre université.

    « On veut que ça bouge, ajoute-t-elle. J’aimerais que mes amis qui continuent au bac l’année prochaine n’aient plus peur de se promener dans les corridors et de se faire crier des choses. On a beau être de gauche, pour des extrémistes, on n’est jamais assez à gauche. Je vote pour QS, comme beaucoup d’étudiants à l’UQAM, mais je ne suis pas extrémiste. »

    Une minorité bruyante
    La jeune femme dit avoir constaté qu’une minorité d’étudiants qu’elle considère comme « extrémistes » font la pluie et le beau temps à l’UQAM. Avant même son engagement dans le mouvement étudiant, des signes lui avaient mis la puce à l’oreille.

    À l’été 2021, elle et ses collègues de science politique organisaient des 5 à 7 au parc Laurier. Certains membres de la communauté étudiante avaient protesté : l’alcool « n’est pas inclusif » dans les soirées étudiantes, selon eux. Marie-Audrey Bernier s’est aussi fait reprocher de faire partie « d’un groupe d’hommes blancs hétérosexuels ». Le cercle d’amis était pourtant représentatif de la diversité montréalaise, souligne l’étudiante : « juif, communiste, gauchiste, droitiste, conservateur, féministe, Colombien, Algérien, Québécois de souche, séparatiste, fédéraliste, homosexuel, queer. Bref, j’en passe. Ce qu’il y avait de magnifique, c’était l’ouverture qui nous unissait. »

    Une fois élus au bureau de l’AEMSP, à l’automne 2021, Marie-Audrey et ses collègues ont vécu d’autres difficultés. Les anciens membres du bureau ont refusé de donner les clés du local aux nouveaux élus. Des gens venaient faire le party et laissaient alcool et restes de nourriture sur place. Il a fallu changer la serrure.

    Un événement visant à célébrer la Journée internationale des droits des femmes a créé du mécontentement. Trois étudiantes sont venues invectiver Marie-Audrey Bernier, en lui reprochant d’avoir « exclu les personnes non binaires » (ce dont elle se défend). Un 5 à 7 où les femmes auraient droit à un verre gratuit a aussi provoqué un « malaise » : « On me dit que j’encourage la culture du viol, que je suis fasciste et que l’association étudiante est misogyne. Lorsqu’elles sortent du local, j’ai peur. L’angoisse reprend. »


    Une fête étudiante sur le thème hautement ironique de l’assaut du Capitole par les partisans de Trump a semé la discorde. Le bureau de l’AEMSP a eu beau préciser que l’événement se voulait sarcastique, que l’Association n’approuve aucunement les mouvements antidémocratiques et violents, une poignée d’étudiants a dénoncé le bureau comme un repaire de fascistes.

    Le lendemain, le local étudiant a été vandalisé une première fois. Par la suite, des membres de l’AEMSP disent se faire intimider et insulter à tout moment dans l’UQAM. Dans les corridors, au café étudiant, au local de l’association. Marie-Audrey Bernier, Jérôme Dufour et leurs collègues se sentent abandonnés par la direction de l’université.

    Enquêtes en cours
    Jean-Christian Pleau, vice-recteur à la vie académique de l’UQAM, assure que l’établissement prend la situation « très au sérieux ». « Pour moi, c’est une situation d’intimidation et de harcèlement entre des personnes étudiantes. Il est clair que c’est complètement à l’opposé du climat que nous souhaitons voir sur le campus et des valeurs que nous préconisons », dit-il au Devoir.

    Il affirme que la sécurité dans le secteur du local vandalisé sera renforcée à compter de mardi matin. En plus de l’enquête policière, le Service de prévention et de sécurité de l’UQAM mène son analyse. Les responsables du vandalisme risquent d’être traduits devant le comité de discipline de l’établissement. La sanction peut aller jusqu’à l’expulsion de l’UQAM.

    « Dans un passé qui n’est pas si lointain, il arrivait que le discours politique serve de prétexte ou de paravent à des formes d’intimidation. Ce n’est pas un phénomène nouveau, je crois. C’était une façon d’excuser beaucoup de choses, de dire c’est normal, c’est de la politique. Je pense que cette excuse-là n’est plus admise aujourd’hui. Nous allons déployer tous nos mécanismes d’intervention pour essayer de résoudre la situation. On ne souhaite pas que les choses en restent là », précise le vice-recteur.

    Des activités dérangeantes
    L’Association facultaire étudiante de science politique et de droit (AFESPED), montrée du doigt par des étudiants pour certains gestes d’intimidation, se défend d’avoir commis tout geste déplacé. « L’AFESPED a toujours adopté une attitude cordiale et bienveillante envers l’AEMSP, notamment au sein des instances de collaboration entre associations », indique une déclaration transmise au Devoir par le bureau de l’AFESPED.

    Des membres de la communauté étudiante « se sont plaints de comportements, de propos et d’activités de la part du bureau de l’AEMSP jugés inappropriés » au cours des derniers mois. Des références à Donald Trump et à Vladimir Poutine ont été mal reçues, d’autant plus que « des mandats féministes, antiracistes et contre la montée de l’extrême droite au Québec et en Occident ont été adoptés en assemblée générale par les membres de l’AEMSP eux-mêmes », rappelle l’AFESPED.

    #woke #wokisme #violence #harcèlement #université #menaces #intimidations #agression #intimidation #extrémisme #inclusif #diversité #queer #binaires #culture_du_viol #féminisme #antiracisme #Quebec #uqam

    • La malbouffe se répand chez les végans et serait pire pour la santé RTS - Charlotte Onfroy-Barrier, Feriel Mestiri
      https://www.rts.ch/info/economie/12950435-la-malbouffe-se-repand-chez-les-vegans-et-serait-pire-pour-la-sante.htm

      Etre végétarien ou végan n’est plus forcément synonyme d’esprit sain dans un corps sain. La malbouffe s’est propagée au sein d’une population qui voulait faire la part belle au bien-être animal comme environnemental.

      Dans les grandes surfaces ou dans les restaurants, les choix en matière de malbouffe s’étoffent. Saucisses, burgers, nuggets, cordons verts et même crevettes ou thon végétal existent désormais en version végan, c’est-à-dire qu’ils ne contiennent aucun produit d’origine animale.

      Pour les personnes qui souhaitent arrêter la viande, toutes ces alternatives doivent permettre de remplacer les produits d’origine animale. Au niveau de l’aspect et du goût, la ressemblance avec de la vraie viande est parfois troublante.

      Du côté de la diététique, en revanche, mieux vaut miser sur le tofu, les lentilles ou autres légumineuses riches en protéines. Selon la nutritionniste Tessa Ang, qui a épluché les étiquettes de plusieurs marques de burgers et de nuggets végan, « ces produits sont riches en protéines, mais en termes de nutriments, ils sont très pauvres ».

      Dangereux mélange
      Entre 11 et 25 ingrédients sont nécessaires pour composer ces aliments, du fécule de maïs au stabilisant en passant par le sel et autres huiles et farines. Souvent plus gras et plus salés que la viande, ces produits sont aussi gavés d’additifs. Des épaississants, émulsifiants et stabilisants qui créent l’illusion, mais qui peuvent être dangereux pour la santé. Surtout lors qu’ils passent sur le grill.

      « Certaines vitamines sont fragiles à haute température. Dans l’industrie alimentaire de ce genre de produits, les ingrédients sont généralement chauffés avant d’être transformés et de passer par des machines. C’est ce mode de surchauffe qui va dénaturer les aliments et leur faire perdre leurs nutriments », explique Tessa Ang.

      Ce déficit de nutriments dans le produit peut, à terme, dénaturer la flore intestinale et avoir des conséquences sur la santé, telles que la dépression, la fatigue, des pertes de mémoires ou de l’anémie. Quant à la trop forte quantité d’ingrédients, elle peut provoquer ballonnements, flatulences, inconforts digestifs ou des réactions sur le transit.

      L’économie de 12’100 litres d’eau
      L’an dernier, la Fédération romande des consommateurs (FRC) a passé au crible 39 burgers, hachis et escalopes végan. Le résultat est sans appel : seul un quart des références obtient une bonne appréciation.

      Le responsable des produits culinaires chez Nestlé suisse Jérôme Bonvin rappelle, lui, l’argument écologique d’un repas végétalien : « Il faut 13’000 litres d’eau pour produire un kilo de boeuf, alors qu’il en faut 900 pour produire un kilo de soja », a-t-il argué dans le 19h30 de la RTS.

      Pas tous les jours
      Le gérant du restaurant Envie Vegan à Genève voit surtout dans ces alternatives à la viande l’occasion de rassembler adeptes et opposants au véganisme. Il admet d’ailleurs multiplier les sauces et les graisses en cuisine : « Il ne faut pas venir manger nos menus tous les jours. On ne se prive pas au niveau des graisses. Et les simili carne qu’on utilise contiennent quand même du gras, donc on ne va pas dire aux gens que c’est bon pour la santé, alors que ça ne l’est pas. »

      Pour la nutritionniste Tessa Ang, il n’est pas nécessaire pour autant de tirer un trait définitif sur ces aliments. Ceux qui souhaitent prendre soin de leur santé comme de leur environnement pourront toujours manger de la malbouffe végan. Mais seulement de temps en temps, pour le plaisir.

      #vegan #végétarien #malbouffe #viande #véganisme #graisse #additifs #beurk

    • Varsovie refuse d’accepter et de payer de nouvelles livraisons de vaccins Le Figaro
      https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-19-la-pologne-refuse-d-accepter-et-de-payer-de-nouvelles-livraisons-d

      La Pologne refuse de recevoir et de payer de nouvelles livraisons de vaccins anti-Covid, a déclaré mardi le ministre de la Santé, indiquant que son pays disposait toujours de 25 millions de doses non-utilisées.


      « À la fin de la semaine dernière, nous avons eu recours à la clause de force majeure et informé à la fois la Commission européenne et le principal fabricant de vaccins (Pfizer, ndlr) que nous refusions de recevoir ces vaccins et que nous refusions également d’effectuer les paiements », a déclaré Adam Niedzielski à la télévision d’informations en continu TVN24. « Cette situation entraînera un conflit juridique. En fait il a déjà lieu », a-t-il ajouté en indiquant que le contrat portant sur les vaccins avait été signé « entre la Commission et les producteurs » et que son pays ne fait pas directement partie de ce contrat.

      Selon lui, la Pologne, pays de 38 millions d’habitants, dispose toujours de 25 millions de doses de vaccins, alors que 67 à 70 millions d’autres ont été commandées. Actuellement, environ 51% des Polonais ont été entièrement vaccinés, 59% ont reçu une seule dose, et le taux de vaccination a fortement baissé, selon les données du ministère de la Santé.

  • Organisons notre #autodéfense_sanitaire ! - Solidaires étudiant-e-s
    https://solidaires-etudiant-e-s.org/site/2022/04/05/6442

    Après deux ans de pandémie et à l’approche des élections, le gouvernement planifie la fin de l’ensemble des mesures de protection et de freinage. Depuis le 14 mars, le port du masque n’est plus obligatoire dans les lieux clos, et les protocoles sanitaires en entreprise seront remplacés par un « guide repère », donnant des mesures de bases applicables « hors-pandémie ».

    Pourtant le virus circule toujours et la situation reste préoccupante, notamment pour les personnes immunodéprimées.

    L’abandon des mesures de protection par le gouvernement s’inscrit dans la continuité de sa stratégie « sanitaire ». Après le 1er confinement, il a décidé de rogner l’ensemble des mesures contraignantes qui permettaient de ralentir la propagation du virus afin de satisfaire les besoins de l’accumulation capitaliste.

    Le choix d’un couvre-feu à l’automne 2020 au lieu d’un confinement relevait de cette logique : renvoyer un maximum de monde au travail en limitant les contacts. La stratégie vaccinale relève de la même logique : limiter l’action sanitaire à la vaccination c’est à la fois peu coûteux et peu contraignant pour le capital.

    (...) les universités sont devenues des lieux à risques pour de nombreuses personnes.

    #toctoc #covid-19 #étudiants #syndicat #université

  • Communiqué unitaire et des personnels de l’#université_d'angers contre les #attaques d’#extrême_droite (22.03.2022)

    Cher‧es collègues,

    Depuis quelques semaines, les actes racistes, antisémites et fascistes se développent au sein même de notre #Université, du fait notamment d’étudiant‧es organisé‧es dans des #groupuscules d’extrême droite. Des #croix_gammées ont été taguées dans des toilettes, des autocollants racistes sont collés sur plusieurs de nos campus, un #collage géant « L’immigration tue » revendiqué par le mouvement nationaliste et identitaire #RED (#Rassemblement_des_étudiants_de_droite) est apparu dans la nuit de jeudi à vendredi sur le campus de #Belle_Beille, et ce jeudi 17 mars plusieurs étudiants de cette mouvance ont distribué un #tract infamant, raciste, sexiste et LGBTphobe à #Saint-Serge. Certains de ces actes touchent directement des enseignant‧es : des cours ont été interrompus par des remarques de soutien aux candidats d’extrêmes-droites, des enseignant‧es sont pris‧es à partie sur les #réseaux_sociaux par des étudiant‧es dévoilant leur nom et contenus de cours, et des médias d’extrême-droite attaquent nommément des collègues et leurs recherches liés aux #études_de_genre et à l’#intersectionnalité. Le contexte national d’élection présidentielle et d’exacerbation des discours racistes et violents y est pour beaucoup. Les discours de Blanquer et Vidal contre un soi-disant « islamo-gauchisme » des personnels de l’#ESR aussi. Le contexte local du déroulement du Mois du genre est également à prendre en compte : l’extrême-droite ne supporte pas que nos recherches documentent les inégalités et les dominations.

    Nous avons une pensée particulière pour toutes celles et tous ceux qui sont directement visés par ces attaques. Tous et toutes ensemble devons être vigilant‧es : nous ne laisserons aucun de ces autocollants, tags ou tracts avoir droit de cité au sein de notre université. Nous les effacerons systématiquement. Les discours racistes, sexistes, homophobes ne sont pas des opinions, ce sont des #délits. Les responsables de ces actes s’exposent donc à des #poursuites_judiciaires.

    Le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche doit être le lieu où toutes et tous peuvent trouver leur place sans avoir peur d’une agression qu’elle soit verbale ou physique. Notre université doit permettre à tous et toutes, quelles que soient ses appartenances de genre ou ses origines ethniques, d’étudier, travailler, faire de la recherche. Notre communauté universitaire doit être un rempart contre les projets politiques nauséabonds, réactionnaires et fascistes.

    Nous invitons toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à participer aux activités du Mois du genre tout le long du mois de mars et de la Semaine de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, qui commence lundi 21 mars à l’UA.

    Communiqué signé Snesup-FSU, Snasub-FSU, Sud Education 49, ainsi que des personnels de l’Université d’Angers engagés contre l’extrême-droite.
    (reçu via une mailing-list)

    #racisme #antisémitisme #fascisme #France #sexisme #homophobie #étudiants #Angers #facs

  • Russia cancels the teaching of sociology, cultural studies and political science in all pedagogical universities of the country

    https://twitter.com/IrisovaOlga/status/1507252961122078756

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    « При В.В. Путине мне ни разу не приходилось прятаться по подвалам »

    Во всех педагогических вузах отменяют преподавание социальных наук и мировой культуры. Будущим учителям россиян все это незачем

    Минпросвещения решило повысить качество образования в России, престиж профессии учителя, для чего педвузы страны унифицируют, как армейский строй: в них внедряют единые стандарты подготовки педагогов, избавляя их от гуманитарных «излишеств». О планах такой «модернизации» — во исполнение поручения президента — министр Сергей Кравцов говорил еще летом прошлого года, упомянув рабочее название программы — «Учитель будущего поколения России». Сейчас чем больше ее очертания проясняются, тем более туманным кажется это будущее: планку человека разумного в грядущей России решено существенно занизить. Мир усложняется, но у нас «особый путь». Пожалуй, по Стругацким: «Дурак стал нормой, еще немного — и станет идеалом».

    И причины тому есть объективно, и объяснения найдутся. Для жизни в осажденной крепости, для добычи нефти, для перекачки ее в Китай гуманитарные дисциплины не просто не нужны — они вредны: мысли мешают. И потом, деградация не для всех и не всегда плохо — примитивные конструкции прочней.

    Но какие бы объяснения ни находились, надо представлять, что нас ждет.

    Последствия реформы комментирует Нина Лобанова, кандидат философских наук, доцент кафедры философии, социологии и религиоведения Красноярского государственного педагогического университета им. В.П. Астафьева:

    — «Социальная их малограмотность кажется еще ниже литературной. Историю литературы они не знают, классиков читают мало, действительность изучается ими по газетам». Эти слова А.М. Горький написал в 1928 году о начинающих писателях. Пройдет совсем немного времени, и то же самое можно будет сказать о наших школьных учителях — и то было бы отлично, если б они газеты хоть читали. И это — спустя почти сто лет после того гигантского образовательного рывка, что совершил весь мир, и СССР в том числе.

    Что дает основания для столь оптимистического прогноза? Очередные новации Минпросвещения: одним из наиболее впечатляющих является отмена преподавания социологии, культурологии и политологии во всех педагогических вузах страны.

    Педагогические университеты переходят на новые учебные программы, в основу которых положено «Ядро высшего педагогического образования». Вместо отдельных дисциплин там будут модули. В рамках социально-гуманитарного модуля сохраняется преподавание философии, истории, экономики и права. А преподавание социологии, культурологии, МХК (мировой художественной культуры) и политологии — исключено. Полностью.
    Парадокс! В социально-гуманитарном модуле отсутствуют ключевые социальные и гуманитарные науки!

    У кого-то, быть может, промелькнет мысль, что эти перемены в учебном плане носят частный характер и никоим образом на общее качество подготовки педагогов не влияют.

    Однако это не так. Чтобы убедиться в этом, достаточно вспомнить о том, откуда рекрутируются абитуриенты педвузов.

    Педвузы не входят в число лучших университетов страны (исключением являются МПГУ и РГПУ им. Герцена). Это значит, что набор на педагогические специальности происходит по остаточному принципу: педвузы, как правило, выбирают те, кто не смог поступить в федеральные, опорные или национально-исследовательские университеты. Соответственно, студенты педвузов отличаются от тех, кто учится в высокоселективных университетах, изначально более низким уровнем знаний и грамотности.

    Будущие учителя нередко открывают для себя «Троицу» Андрея Рублева и Венеру Милосскую только на семинарах по МХК. Воспоминания о первом (в своей жизни!) посещении театра или музея для многих связаны не с родителями, а с преподавателем культурологии, который организовал для них посещение «Ночи в музее».

    С перестройкой учебного плана они лишаются этой возможности. По сути, введение концепции «Ядра высшего педагогического образования» можно рассматривать как попытку провести культурную «черту оседлости» для педагогов (обозначить их культурный «потолок»). Результатом этого станет увеличивающийся разрыв в качестве и объеме культурного капитала студентов педагогических вузов и студентов, получивших классическое образование (что, в свою очередь, не сможет не сказаться на качестве предметной подготовки будущих педагогов).

    Дело, однако, не только в знаниях (то есть в сведениях, в информации) — дело в способностях, особого рода мыслительных умениях и навыках, которые позволяют развивать дисциплины социогуманитарного цикла.

    Как развивать социологическое воображение без помощи данных дисциплин?

    Хочу предупредить возможные недоразумения: сегодня социологическое воображение — это не роскошь, а «предмет первой необходимости». Для иллюстрации этой мысли приведу отрывок из недавней студенческой работы: «При В.В. Путине мне ни разу не приходилось прятаться по подвалам, у меня всю мою жизнь над головой мирное небо». Даже не говорю о том, как выглядит радость выхода из подземелий в реалиях современного мира. В поле зрения автора этого сочинения не попадает тот факт, что в это же самое время, когда были написаны эти строки, проходит … [«спецоперация»].

    Отсутствие социологического воображения — это прискорбный, но закономерный результат функционирования всей нашей системы образования (начиная со школы и заканчивая аспирантурой). Но сейчас у этого ребенка хотя бы есть шанс расширить горизонты своего восприятия. Знакомство с социологией, культурологией и политологией дает ему возможность увидеть мир таким, какой он есть, представить, насколько разноплановым и многогранным он может быть.

    С переходом на учебные планы, основанные на концепции «Ядра высшего педобразования», из всех перспектив останется только одна, в которой мир будет представлен таким, каким он должен быть с точки зрения государственной политики.

    В статье 43. п. 1 Конституции РФ сказано: «Каждый имеет право на образование». Следовало бы добавить: «На качественное».

    С последним у педвузов значительные проблемы. Учитывая это, напрашивается вывод о том, что обучение педагогов должно быть компенсирующим. Учебные планы должны быть выстроены таким образом, чтобы подтягивать общекультурный и языковой уровень обучающихся (что предполагает не исключение базовых социогуманитарных дисциплин из учебного цикла, а выделение дополнительных часов на их преподавание, а также включение в обязательную часть учебного плана такой науки, как культурная/социальная антропология, — вещь совершенно необходимая для ориентации в современном, сложном, глобальном, мультикультурном мире).

    Вместо этого концепция «Ядра высшего педобразования» и разработанный на ее основе подход, лишая студентов педагогических вузов возможности овладеть хотя бы тем культурным минимумом, на который имеют право рассчитывать студенты других университетов, будут только усиливать культурную депривацию будущих педагогов.

    Если решение об исключении социологии, культурологии, политологии из преподавания в педвузах не будет отменено,
    педагоги, которые придут в школу, по уровню своей социальной и культурной компетентности мало чем будут отличаться от своих учеников.

    Коллеги, преподаватели других педвузов сегодня молчат или их голосов не слышно; кажется, нет никого, кто мог бы дать адекватный анализ этому «Ядру высшего педобразования». Слышны только голоса официальных чиновников, в очень обтекаемой форме рассуждающих о необходимости этого шага и не говорящих ни слова о том, какие реальные изменения и образовательные потери этот шаг за собой повлечет. Нам говорят, что протестовать бесполезно: решение принято на уровне министерства. Видимо, там считают, что быть социально грамотными и культурно просвещенными будущим педагогам нет надобности: хватит с них и тех знаний, которые им дают для подготовки к ЕГЭ по обществознанию.

    Если это решение не будет отменено, слова Ярослава Кузьминова о том, что «мы выпускаем социальных дебилов», с полным основанием можно будет отнести не только к выпускникам школ, но и к тем, кого готовят педагогические университеты России. И это точно будет не вина выпускников.

    https://novayagazeta.ru/articles/2022/03/23/pri-v-v-putine-mne-ni-razu-ne-prikhodilos-priatatsia-po-podvalam

    #Russie #recherche #enseignement #ESR #université #facs #sociologie #sciences_politiques #fermeture

    ping @_kg_

    • Il professore di geografia che ha detto no al Cremlino

      Era un insegnante di geografia, a Mosca. Ma nel parlare della guerra in Ucraina ai suoi ragazzi non ha seguito le linee guida dettate dal Cremlino. E’ stato licenziato ed ha lasciato il paese. La storia di #Kamran_Manafly

      Kamran Manafly è un insegnante ventottenne di Mosca. O meglio, lo era fino a quando poco tempo fa ha perso il lavoro dopo essersi rifiutato di sottostare alle linee guida statali su come parlare dell’ «operazione speciale militare russa in Ucraina» con i suoi studenti. L’istituto scolastico l’ha licenziato per «comportamento immorale», e un addetto alla sicurezza l’ha in seguito aggedito fisicamente quando ha tentato di recuperare gli effetti personali dal suo ufficio. Dopo pochi giorni il preside lo ha minacciato di farlo processare per «tradimento della patria». Meduza ha parlato con Manafly sia del licenziamento che della conseguente decisione di abbandonare la Russia. Quanto segue è la sua storia, raccontata in prima persona.

      Ho ventotto anni e insegno geografia da sette. Ho trascorso gli ultimi due anni presso la scuola numero 498 nel distretto Tagansky di Mosca. Si tratta di una scuola superiore come tante.

      Mi sono laureato all’Università Statale Tver. Sono entrato nel dipartimento di geografia perché c’era la possibilità di svolgere un tirocinio all’estero. Quando si è uno studenti del primo o del secondo anno, c’è la possibilità di viaggiare in Europa, e si tratta di una cosa abbastanza insolita, specialmente per l’Università Statale di Tver.

      Durante il primo anno del master, ho lavorato con i bambini per la prima volta alle Olimpiadi Internazionali di Geografia. È stato tutto molto interessante. In seguito, ho seguito una formazione pedagogica aggiuntiva e poi sono andato a lavorare in una scuola.

      La conoscenza di base che i bambini russi ottengono a scuola penso che sia molto buona. Molti dei libri di testo di geografia e studi sociali sono di alta qualità. In molte scuole si respirava una certa libertà. Dopotutto, nessuno sa cosa accade in classe una volta che la lezione inizia. Ovviamente, ogni insegnante può sviluppare il pensiero critico degli studenti e insegnare a modo suo.

      Alcuni anni fa, come altri insegnanti, ho lavorato ai seggi elettorali. Il mio lavoro consisteva nel mostrare alla gente dove andare a votare. Altri hanno invece lavorato direttamente con le schede elettorali. I colleghi di altre scuole mi hanno detto che i conti non tornavano, e di come hanno chiuso i seggi elettorali e fatto uscire tutti i presenti per poi riscrivere tutto. In una riunione prima delle elezioni, il nostro principale ci ha anche detto: «Votate per Russia Unita!», ma non ci hanno fatto fotografare le schede elettorali come hanno invece fatto in altre scuole.

      Dopo il 24 febbraio [quando la Russia ha lanciato un’invasione su larga scala dell’Ucraina] tutto è diventato molto più rigido. Non riconoscevo nemmeno più dai loro comportamenti chi gestiva la scuola. Ci hanno inviato delle linee guida sull’"operazione speciale", come la chiamano, sulle origini del conflitto, e così via. Avremmo dovuto raccontare e mostrare tutto questo ai bambini. Naturalmente, mi sono rifiutato. [Non ci sono stati problemi in un primo momento], come ho già detto, dal momento che non controllavano cosa effettivamente veniva fatto in classe.

      Ma pochi giorni dopo l’inizio della guerra, [i funzionari a capo della scuola] hanno riunito tutti gli insegnanti e ci hanno detto che non era permesso manifestare le nostre opinioni, dal momento che siamo «dipendenti dello stato». Questa frase mi ha davvero colpito. Non credo che i lavoratori statali dovrebbero essere servi dello stato. Ci hanno detto che dovremmo parlare ai bambini solo secondo queste linee guida, e che Dio vieta che chiunque esprima un’opinione personale. E questo pure mi ha colpito. Per legge, le scuole dovrebbero essere un terreno neutrale, mentre qui ci stanno costringendo a fare propaganda.

      Come ogni persona rispettabile con una coscienza o senso di compassione ed empatia, io stesso sono contro la guerra. Questo è ciò che insegniamo ai nostri figli, dopotutto. Valorizzare la vita umana sopra ogni altra cosa. È la missione della scuola essere propulsione di pace.

      Fin dall’inizio [della guerra], i bambini mi correvano incontro nei corridoi facendomi domande. Volevano sapere cosa stava accadendo e quali erano questi due nuovi paesi [le auto-proclamate repubbliche popolari di Donetsk e Luhansk, che ora la Russia riconosce]. Accadevano questo tipo di cose. In un modo o nell’altro, la guerra saltava fuori durante le lezioni, e penso che sia proprio per questo che ci hanno mandato tutte quelle linee guida. Ho cercato di rimanere neutrale e spiegare la situazione senza schierarmi politicamente. Ho detto che molte cose stavano andando male, ma ho detto ai bambini di trarne le conclusioni da soli. I giovani di oggi sono stupendi; sono molto più amanti della pace rispetto alle generazioni più anziane. Non capiscono affatto perché qualcuno dovrebbe andare laggiù e uccidere altre persone.

      L’8 marzo ho postato una foto su Instagram, dove ho scritto che dobbiamo vivere in modo da non essere tormentati dalle nostre coscienze. Ho delle mie opinioni personali, che non coincidono con quelle dello stato. Non mi sono addentrato in alcuna questione politica specifica, e non ho mai usato la parola «guerra». In seguito la preside della scuola, Tamara Gordzeiko, mi ha convocato e mi ha detto di cancellare il post. Come sempre, si trattava di un ordine, non una richiesta. Quando ho rifiutato, ha detto che mi avrebbe licenziato.

      Il giorno dopo, sono andato a scuola per salutare i ragazzi e raccogliere i miei effetti personali. Su ordine della preside, c’erano dei sorveglianti all’ingresso che si sono rifiutati di farmi entrare. I ragazzi mi hanno visto proprio in quel momento, hanno letto il mio post su Instagram e hanno capito tutto.

      I funzionari della scuola hanno chiamato la polizia, che infine mi ha scortato all’interno per recuperare le mie cose. Ero già un emarginato: tutti i dipendenti della scuola distoglievano lo sguardo e non mi salutavano nemmeno, per essere sicuri di non dare l’impressione di conoscermi, Dio non voglia!

      Nel pomeriggio ho avuto bisogno di tornare nell’edificio. Mentre stavo camminando lungo uno dei corridoi, una delle guardie private della mattina mi ha aggredito. Ha urlato oscenità contro di me e poi ha iniziato a picchiarmi. Sono riuscito a tirare fuori il telefono e accendere la videocamera. Quando se ne è accorto, si è calmato un po’. Ma ho presentato comunque una denuncia alla polizia.

      Questo è successo intorno alle quattro. I bambini avevano già lasciato la scuola, ma c’erano ancora molti insegnanti presenti che hanno visto cosa stava accadendo. Si sono immediatamente spostati nei loro uffici per evitare di aiutare o intervenire. Questo è quello che mi ha depresso di più. Nessuno ha detto una parola. O hanno paura o sostengono questa linea. Su 150 persone che lavorano nella scuola, solo una persona - una giovane donna che è anche lei un’insegnante – mi ha contattato per confortarmi.

      Il giorno dopo, la preside mi ha detto che non avrebbe permesso che mi dimettessi, dicendo che mi avrebbe invece licenziato per aver organizzato una manifestazione che includeva dei minori. Con questo si riferiva al fatto che [dopo essere stato informato circa il mio licenziamento] mi sono permesso di scattare alcune foto fuori dalla scuola insieme ai miei ex studenti. Alla fine, mi hanno licenziato per «comportamento immorale».

      In seguito, ho contattato «Uchitel», il sindacato indipendente degli insegnanti, e abbiamo iniziato a mettere insieme i documenti per contestare il mio licenziamento in tribunale. Ma poi è successo qualcosa di veramente spiacevole, e ho deciso di abbandonare il paese: la preside della scuola, Tamara Gordzeiko, ha riunito tutti gli insegnanti per parlare di me. All’incontro [gli amministratori della scuola] hanno mostrato alcune fotografie personali che avevo pubblicato su Instagram dagli Stati Uniti e da un viaggio alla Corte Europea dei Diritti Umani, e hanno condiviso queste foto in gruppi chat gestiti dai genitori degli studenti, costringendo i bambini a cancellare i commenti di supporto sotto il mio post e minacciando di segnalarli al dipartimento di delinquenza minorile della polizia.

      Hanno raccontato a tutti le più banali, ridicole storie dell’orrore riguardo al fatto che io sarei un agente del Dipartimento di stato statunitense, su come l’Occidente mi finanzi e su come avrei degli affari collegati con l’Occidente. Poi il preside ha detto che avrebbe fatto tutto ciò che era in suo potere per farmi sbattere in prigione per 15 anni, perché sono un «traditore della madrepatria» e persone come me dovrebbero stare dietro le sbarre. Lei è una deputata di Russia Unita al consiglio comunale locale, quindi le sue parole mi hanno innervosito. E dopo che la mia storia ha iniziato a circolare, avrebbero potuto incastrarmi per qualsiasi cosa.

      Non ho ancora deciso quale sarà la mia prossima destinazione. In questo momento sono in una fase transitoria, ma molto probabilmente opterò per un paese occidentale. Spero tanto che sarò in grado di insegnare in un altro paese, ma in questo momento voglio solo andare in un posto sicuro e trovare un po’ di pace. Dopo una buona notte di riposo, inizierò a pensare a cosa fare. Idealmente, mi piacerebbe continuare a lavorare e crescere.

      Penso che la situazione dell’istruzione in Russia non farà che peggiorare. Appena quattro anni fa il preside precedente mi aveva concesso un viaggio pagato attraverso l’Europa e l’America per frequentare vari progetti pedagogici. Ora è diventato tutto inutile. La repressione è peggio che mai, il sistema educativo è sempre più soggiogato ad un regime totalitario. C’è più controllo sui bambini, più controllo su ciò che imparano e su ciò che leggono. Hanno introdotto lezioni in classe in tema di social network, spiegando quali è possibile utilizzare e quali non si dovrebbe. Il sistema scolastico sta cercando di dettare le regole della vita ai ragazzi.

      Sono in contatto con insegnanti di altre scuole, e un collega mi ha detto che loro sono costretti a indossare i nastri di San Giorgio a forma di lettera Z. Ovviamente, ci sono insegnanti che resistono, ma iniziano immediatamente a subire pressioni. Se in passato agli insegnanti era permesso di avere le proprie opinioni, ora non è più così.

      https://www.balcanicaucaso.org/aree/Russia/Il-professore-di-geografia-che-ha-detto-no-al-Cremlino-217060

      #géographie

  • Christian Henderson sur twitter :

    I am very sorry to hear that #Leiden University’s management has cancelled a student-led event on Palestine next week. This is in clear breach of academic freedom and makes a mockery of the university’s motto “#praesidium_libertatis”.
    A university manager used the spurious claim that the chair of the event was not “neutral” and should be changed. The students rightly rejected this discriminatory charge against a Palestinian female scholar. The event will now be held at another institution in the Hague.
    This decision is in sharp contrast to the university’s stance on Ukraine in recent weeks. The university has hosted numerous events and made public statements. But war and occupation in Palestine are just as important and should also be discussed on campus.
    If we cannot have these discussions in the university where can have them? Academic freedom is for everyone or it is for no one.

    For those interested in the event it will still proceed but at another institute in the Hague. The speakers AND chair will remain the same. You can see the details below:

    https://twitter.com/CjvHenderson/status/1504473826008068105

    #censure #université #Palestine #académie

    –-

    Ajouté à la métaliste sur les tentatives (réalisées ou pas) de #censure dans le monde universitaire :
    https://seenthis.net/messages/784716

    • Suivi des débats au Sénat sur « les menaces que les théories du wokisme font peser sur l’Université, l’enseignement supérieur et les libertés académiques ».

      –-> thread de Emilien Houard-Vial :
      https://twitter.com/ehouardvial/status/1488507053027082241

      Introduction par Max Brisson (LR), ancien prof et ancien IGEN, sur l’antirépublicanisme du wokisme
      Je ne suis pas trop sûr, mais je crois qu’il vient de condamner l’organisation « dans une université publique » "d’un colloque sur la déconstruction" (donc celui de la Sorbonne ?) qui déstabiliserait l’unité de la République ...
      Pas de maîtrise des concepts et des faits visiblement ...
      Le sondage Ifop a été cité pour montrer que personne ne sait ce qu’est le wokisme, que c’est hyper-minoritaire, et que c’est pour ça qu’il faut s’y opposer fermement (?!).
      C’est Sarah El Haïry qui répond, pas Frédérique Vidal. Elle abonde, tout en étant hyper-abstraite. Brisson répond en parlant de la « repentance » sur l’Algérie.
      Esther Benbassa est la première oratrice (NI) à s’exprimer. Elle critique l’aspect vague du « wokisme », mais aussi les « dérives » de certains militants (j’ai l’impression qu’on est parti pour discuter des campus américains pendant la plupart de la séance).
      L’orateur PS n’est pas chill. Il condamne des écrans de fumée pour cacher les vrais problèmes (comme les discriminations et « systèmes de domination »), et affirme que la droite s’est toujours fichue des universités.
      Il continue sur le fait que cela ne repose pas sur une étude méthodique des faits et fait la part belle aux rumeurs et propos de comptoir. Il veut combattre l’ingérence de la politique dans la recherche, en citant Vidal et Wauquiez. El Haïry n’est pas contente.
      Il explique que ce sont les idées du PR qui menacent avant tout l’université, la culture du rebranding et du ranking, la hausse des frais d’inscriptions, qui elles viennent des USA + baisse du taux d’encadrement, du nombre de doctorants, hausse de la précarité et pauvreté.
      Il a l’air de connaître son sujet, parle des crédits qui vont à l’ANR plutôt qu’aux labos, de l’apprentissage du doute à l’université.
      La secrétaire d’Etat critique l’absence de nuances, dit que le gvt n’a pas à rougir sur la précarité mais veut centrer le débat sur le wokisme.
      L’orateur LREM n’a pas grand-chose à dire mais fait de l’humour sur le wok avec des métaphores grâce au dictionnaire qu’il a dû ouvrir ce matin.
      Il n’a vraiment rien dit, si ce n’est qu’il faudrait définir les choses, mais SEH salue quand même la nuance de son propos. Tous s’accordent à dire qu’il ne faut pas qu’il y ait de pensée dominante à l’université (encore une fois, ce n’est pas la bonne ministre).
      L’orateur Agir & Co n’a pas non plus grand-chose à dire si ce n’est que le mouvement aurait dû se qualifier « awaken » et pas « woke ». Il mentionne l’épisode des Suppliantes, mais ça sera le seul fait concret mis sur la table.
      La pdte de séance Laurence Rossignol est au bout de sa vie, elle rappelle à la secrétaire d’Etat qu’elle n’est pas obligée de répondre, mais cette dernière le fait quand même, en rappelant que Vidal et Riester étaient aller voir les Suppliantes finalement jouée en avril dernier.
      Pour l’orateur LR il ne fait aucun doute que ça existe, une « majorité d’enseignants » s’en inquiéterait. Les étudiants ne pourraient plus dire sereinement que le voile est un symbole d’oppression. Certains universitaires « obnubilés par leur égo » mèneraient une nouvelle offensive.
      L’Etat devrait apporter des garanties contre « l’égalitarisme » comme seul horizon de production scientifique (??). Après il ne fait pas d’effort pour articuler (ce n’est pas le seul), donc dur dur de comprendre.
      Je pense que SEH a écrit un nombre de réponses (générées automatiquement par une IA) égal au nombre de questions des orateurs et tire au sort à chaque fois laquelle elle va lire.
      L’élu écolo n’est pas chill non plus, parle du wokisme comme unifiant toutes les paniques de la droite réactionnaire. Il aurait voulu qu’on parle plutôt des attentats fomentés par l’extrême droite + tacle les paroles de comptoir du colloque de la Sorbonne.
      Il profite de la tribune pour rappeler les mêmes choses que l’orateur PS, dit que droite et gouvernement (voire même ED) se serrent les coudes sur cette affaire.
      SEH défend le colloque en Sorbonne et le « débat à la française » (je ne sais pas ce que c’est).
      En vrai je ne pense même pas qu’elle soit vraiment concernée par le wokisme, elle y va juste parce que c’est la ligne du gvt.
      (l’orateur écolo rappelle qu’il n’y avait pas de pluralisme dans le colloque)
      L’orateur communiste va les défoncer je pense, c’est Pierre Ouzoulias.
      Alors apparemment quand on porte un nœud papillon à poids et une veste en feutre couleur lilas on n’a pas le droit de monter au-dessus de 50db.
      Ce n’était pas le plus spectaculaire, mais sur le fond il a tout plié, il connaît le dossier rien à dire.
      L’orateur UDI dit que c’est ironique que les tenants de la décolonisation aient été colonisés par une pensée américaine. Il faut défendre la liberté académique, sauf si c’est pour empêcher des travaux qui pourraient mener à l’avenir à la brider.
      Apparemment les SHS se politisent depuis 60 ans. Point Noël et Commission Européenne atteint.
      Le problème c’est qu’on ne peut plus défendre l’histoire de France sans se faire traiter d’esclavagiste (réf aux bienfaits de la colonisation amha).
      SEH rappelle qu’il faut non seulement lutter contre la censure, mais aussi contre l’auto-censure (en gros les chercheurs n’ont pas le droit de s’interdire certains mots).
      Gaston de Monnerville a présidé le Sénat donc la France n’est pas systémiquement raciste.
      L’orateur du PRG vient de dire que le wokisme avait « l’odeur de la révolte des descendants d’esclaves » tout en l’usurpant ...
      Les universités accueilleraient les adolescents rebelles un peu attardés (pas ses mots).
      Avec le wokisme, Obama serait un blanc à peau noire (??) et les homosexuels des hétéros vivant avec des gens du même sexe (???).
      Correction, le type représente le groupe RDSE mais vient du Parti Radical (tout en ayant la méfiance envers les potentielles dérives humaines de la droite)
      SEH le remercie de son plaidoyer pour l’autocritique, lui répond qu’en effet la société a besoin d’autorité.
      La 2e oratrice LR se base sur le rapport de Pierre Valentin. Tout va bien dans ce cas.
      Fustige l’américanisation du pays, les USA ayant connu leur dernier lynchage en 1981 « alors que des députés de couleurs » siégeaient en France (aux USA aussi). Finalement la France n’est pas raciste, donc il ne faut pas faire comme aux USA.
      Les Africains ont répondu comme un seul homme à l’appel de la France libre (ils n’ont pas franchement toujours eu le choix).
      « Oui des inégalités ont existé » mais arrêtons de se flageller.
      Jean Hingray pour les centristes : « On se croirait revenu aux temps des cathares ».
      SEH est de moins en moins motivée pour répondre.
      Maintenant c’est Gérard Longuet donc ça ne devrait pas être triste.
      Longuet salue le sacrifice de « nos Sénégalais » durant les guerres mondiales.
      (toujours avec sa doudoune sous sa veste)
      Point mâle-hétérosexuel-blanc atteint.
      (pourquoi il fait ça, il doit déjà faire 25° dans la salle)
      Il déplore le fait que des enfants bien nés soient rejetés des grandes écoles à cause de la discrimination positive.
      (Rossignol a un très long coupe-papier dans la main, elle me fait un peu peur)
      SEH salue l’initiative du grp LR. Il ne faut pas laisser l’autocensure s’installer, mais en même temps elle ne veut interdire que les propos déjà illégaux, donc on ne sait pas trop ce qu’il en ressortira.
      (à mon sens on n’est pas loin de l’impasse du débat sur « l’islam radical »)
      Point « 10 petits nègres » indirectement atteint.
      Stéphane Piednoir pour LR conclut en disant qu’il faut arrêter de parler de « wokisme » et dire les vrais termes : « l’intersectionnalité ».
      Il s’inquiète de voir des chercheurs défendre une « idéologique qui n’accepte pas la contradiction » (je crois qu’il parle de l’intersectionnalité).
      Biphobie, transphobie, psychophobie, etc. sont juste des mots disqualifiants.
      Rossignol a sonné sa petite cloche, donc il est l’heure de la conclusion :
      Le débat est confus, entre wokisme sur lequel le législateur peut peu de choses, et les libertés académiques, sur lequel il y a ajd peu à dire.
      Tout était vague, l’accusation reposait sur les trois mêmes anecdotes et sources portées par les anti-wokes médiatiques ou intellos.
      L’axe PCF-EELV-PS n’était pas content du débat, moins pour ce qui pouvait en sortir que pour la perte de temps que ça constituait.
      Conclusion personnelle : j’ai passé trop de temps à suivre ces conneries alors que j’ai du travail pour ne pas en tirer un article sur l’appropriation d’une controverse publique par les organisations et institutions politiques. #unjourpeutêtre

    • Intervention de #Thomas_Dossus :

      « Certains de ma famille politique pensait naïvement qu’il s’agissait d’un épouvantail que l’on agite pour parler d’un mouvement de jeunes gens éveillés qui interrogent l’histoire et les déterminismes, remettent en question les dominations de nos sociétés, se questionnent de nos grands hommes, demandent un égal traitement des humains quels qu’ils soient ou s’intéressent, par exemple, à la manière dont le langage produit des normes.
      Mais pour vous, on l’a bien compris, ce sont des extrémistes que vous estimez même plus dangereux que l’extrême droite. Cette extrême droite bien réelle pourtant aujourd’hui, qui menace de mort des personnalités politiques, qui produit des tribunes appelant à la guerre civile, qui a fomenté 10 attentats déjoués depuis 2017. Ce danger-là, visiblement, ne mérite pas de débat dans notre assemblée. Sur ce point je me réjouis de constater que vous êtes sur la même ligne que le gouvernement. Au rendez-vous quand au moment-même où toutes nos écoles étaient dans la tourmente de la valse des protocoles sanitaires, notre ministre Blanquer a posé un acte fort : ouvrir un colloque sur le wokisme. Priorité aussi pour la ministre de la Recherche, ça a été dit au moment où les étudiants souffraient des mois de confinement, de distanciel, de précarité galopante, Madame Vidal a su justement nommer le mal et commander une enquête au CNRS sur l’islamo-gauchisme qui gangrènerait nos universités. Si vous voulez parler sérieusement des menaces qui pèsent sur l’université et les libertés académiques, alors la liste est longue et le prétendu wokisme n’y figure évidemment pas. La paupérisation de la recherche, notamment en sciences humaines et sociales, la précarisation des jeunes chercheurs, des milliers d’étudiants dont on permet pas l’inscription en master, plus d’un jeune sur dix sous le seuil de pauvreté, des universités et des CROUS dans un état calamiteux, des files d’attente d’étudiants devant les psychologues et les guichets d’aide alimentaire et la volonté d’influence des grosses sociétés polluantes dans les écoles et universités. Mais je constate que vous avez parfois un rapport assez hermétique avec le réel.
      Ainsi, à trois mois de la présidentielle, nous avons droit à un autre débat au ras des pâquerettes, approximatif, stigmatisant et foncièrement inutile. Lorsque la recherche universitaire va à l’encontre de votre projet politique, un projet devenu ici impossible à distinguer de celui de l’extrême droite, alors oui, vous faites peser des menaces bien plus graves sur les libertés académiques que les quelques outrances militantes. On le voit clairement aujourd’hui. La volonté d’annuler, d’interdire, de régenter la penser provient en vérité de votre camp. L’ordre et la morale, c’est ça votre objectif, tout le reste, les moyens alloués à l’université, le soutien à la recherche, la lutte contre la précarité étudiante, tout cela n’est qu’accessoire et nous en avons une preuve éclatante aujourd’hui, je vous remercie. »

      https://twitter.com/ecologistesenat/status/1488547900607115265

  • #Coupes_budgétaires antisociales à l’université de Gand : Les syndicats annoncent un plan d’action

    Alors que la présidence de l’Université de Gand (UGent) annonce des coupes budgétaires en défaveur des personnels les plus précaires et suite à un premier mouvement de grève dans les crèches, une intersyndicale s’est montée et appelle à la mobilisation de tout le personnel de l’université. Nous publions ici après traduction le message diffusé par les syndicats ACOD (CGSP Centrale Générale des Services Publics), ACV (CSC Confédération des Syndicats chrétiens) et VSOA (SLFP Syndicat Libre de la fonction publique). Une première réunion publique se déroulera le 25 janvier prochain, suivie d’une manifestation le 23 février sur le campus, qui pourrait être suivie par un mouvement de grève.

    https://academia.hypotheses.org/34186
    #grève #Belgique #université #facs #Gand #Gent

  • L’enquête de l’#Université_de_Genève montre un système académique à bout de souffle

    Les situations de #précarité et de #harcèlement relevées ne sont pas des cas isolés, mais bien la conséquence d’un mal structurel qui ronge le #système_académique, estime l’association genevoise du corps intermédiaire.

    Un système « à bout de souffle ». C’est ce qui ressort de l’étude commandée par l’Université de Genève (#Unige), qui désirait faire un #état_des_lieux de la situation professionnelle du #corps_intermédiaire, aux rudes conditions de travail. Les propos sont de Mathilde Matras, membre du comité de l’Association commune du corps intermédiaire des collaborateur·rice·s de l’enseignement et de la recherche (#Accorder). « Les conclusions de cette #enquête montrent que les problèmes pesant sur les #personnels du corps intermédiaire ne sont pas des cas individuels, mais bien un #mal_structurel », analyse cette assistante doctorante à la Faculté des lettres de l’institution genevoise.

    Le corps intermédiaire représente les chercheurs non titularisés, c’est-à-dire non professeurs. Il englobe les jeunes en début de carrière tels que les #post-doctorants, mais aussi d’autres grades et postes tels que les #collaborateurs_scientifiques, les #chargés_de_cours et autres #maîtres-assistants. A Genève, ce sont 3800 personnes qui sont concernées. Majoritairement sous contrat à durée déterminée, ils disent souffrir de la précarité inhérente à leur profession. De tels contrats sont la conséquence de l’organisation du #financement de la science, où la majorité des #bourses sont allouées sur de courtes périodes, allant d’un à quatre ans.

    L’#excellence se résume à la #productivité

    La présente enquête, pour laquelle l’association Accorder a été consultée, a établi que la moitié des répondants disent craindre de glisser dans la précarité. « C’est plus qu’un sentiment, c’est vraiment de la précarité, nuance Mathilde Matras. Une grande partie des personnes qui se disent précaires sont âgées de 35 à 40 ans et ont parfois derrière elles sept à huit ans de contrats courts ; 50% ne prennent pas l’intégralité de leurs congés et 95% disent travailler sur leur temps libre. Le système académique actuel résume l’#excellence_scientifique d’un chercheur à sa productivité », commente Mathilde Matras.

    Par ailleurs, les cas de harcèlement sont en nombre inquiétant : 22% des répondants disent y avoir été confrontés personnellement. Par ailleurs, 3,4% des sondés ont affirmé être victimes de #harcèlement_sexuel et 12,9% signalent avoir été témoins de tels agissements. Pour Mathilde Matras, « une personne sur cinq confrontée au harcèlement, c’est alarmant. On peut y voir notamment les effets d’une trop grande #concentration_des_pouvoirs par le #corps_professoral, ce qui favorise de multiples #abus ». Et comme souvent, personne n’ose parler, soit par solidarité, soit par crainte pour sa #carrière, ajoute la chercheuse.

    Le rectorat de l’Unige dit mettre en place un plan d’action pour améliorer la situation. Il prévoit notamment de mieux informer sur les carrières, de valoriser les voies non académiques au sein de l’université et enfin de déployer des formations complémentaires « facilitant la transition hors de l’alma mater ». Un premier pas dans un chantier qui s’annonce immense, et qui de par son caractère structurel dépasse le cadre de l’université.

    https://www.letemps.ch/sciences/lenquete-luniversite-geneve-montre-un-systeme-academique-bout-souffle

    #université #facs #Suisse #Genève #rapport #silence #risques

    –-

    ajouté à la métaliste sur les conditions de travail et la précarité dans les universités suisses :
    https://seenthis.net/messages/945135

    • ENQUETE #CCER

      #Conditions_de_travail et de carrière du corps intermédiaire à l’Université de Genève

      L’Université de Genève (UNIGE) a mené pendant l’été 2021 une enquête approfondie sur les conditions de travail et de carrière du corps des collaborateurs/trices de l’enseignement et de la recherche (CCER). Les résultats ont mis en lumière des points de satisfaction ainsi que plusieurs points problématiques.

      L’enquête menée par l’UNIGE a été élaborée par le Rectorat après consultation des membres de l’association représentative du CCER ACCORDER, de l’Assemblée de l’Université, de la Commission du Personnel et de deux expertes en gestion des ressources humaines. Elle repose sur un questionnaire comprenant trois parties distinctes. La première partie, très courte, se concentre sur l’ambition de carrière des membres du CCER et l’attractivité des postes CCER de l’UNIGE ; la deuxième partie approfondit sept thématiques liées au cadre professionnel ; la troisième partie cherche à objectiver les risques impactant le développement des carrières académiques.

      Cette enquête a obtenu 772 réponses (20% du public considéré) au questionnaire court, et 542 à l’ensemble des questions. La distribution des répondant-es parmi les différentes Facultés et Centres reflète correctement leurs poids respectifs.
      Vidéo de présentation par la vice-rectrice Brigitte Galliot de l’enquête sur les conditions de TRAVAIL et dE CARRIERES du CCER

      https://www.unige.ch/doctorat/fr/enquete-2021-sur-le-ccer

  • Que valent les évaluations ?
    https://laviedesidees.fr/Que-valent-les-evaluations.html

    À propos de : Clémentine Gozlan, Les valeurs de la science. Enquête sur les réformes de l’évaluation de la #recherche en France, ENS Éditions. Les #universités et la recherche font l’objet de réformes et d’évaluations depuis vingt ans. Clémentine Gozlan étudie la fabrique de ces dispositifs dans le nouveau gouvernement de la science auquel nombres de chercheurs eux-mêmes donnent la main.

    #réforme #évaluation #Sciences
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220119_evaluation.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220119_evaluation.pdf

  • "Réponse surréaliste de @VidalFrederique qui nous prend pour des imbéciles manifestement"
    Simon Grivet dixit sur twitter (https://twitter.com/SimonGrivet/status/1483444320027951117)


    https://twitter.com/LCP/status/1483442388374859779

    Vidal défend le Président en demandant de « chercher dans le discours du Président à quel moment il évoque l’augmentation des #droits_d'inscription »...

    Le discours de #Macron largement commenté sur seenthis ici :
    https://seenthis.net/messages/944115
    #Emmanuel_Macron

    –-

    Vidal dit aussi (en réponse à je ne sais pas qui) :
    « Vous réclamez plus de #logements, vous auriez pu le faire. Nous l’avons fait et nous avons rénové 100% des logements des #CROUS »

    –-> il va y avoir probablement des réponses en image ici :


    https://twitter.com/Academia_carnet/status/1483672311823802370

    #ESR #MESRI #Vidal #Frédérique_Vidal #mensonge #facs #université #frais_d'inscription #droits_d'inscription #discours #même_pas_honte #née_avant_la_honte

  • #Emmanuel_Macron, 13.01.2022

    « Au-delà des questions des moyens, nous avons une question structurelle et on ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde pour répondre à la compétition internationale. »

    https://twitter.com/caissesdegreve/status/1481963876451340290

    Quand est-ce qu’on l’arrête celui-là ?

    #macronisme #ESR #université #discours #facs #France #destruction #précarité_étudiante #financement #enseignement_supérieur #budget #compétition #compétition_internationale #néo-libéralisme #privatisation #Macron

    La casse de l’université continue...

    Voici ce que j’écrivais en 2020, lors des luttes contre la fameuse LPR :

    Si je lutte ici et maintenant c’est parce que je suis fermement convaincue que si on gagne en France la victoire contre une université néolibérale, on peut faire tache d’huile bien au-delà des frontières nationales. Et si, en France, on ne cède pas au chant des sirènes du néolibéralisme universitaire, je suis aussi fermement convaincue que le supposé « retard » décrié par certain·es aujourd’hui se transformera en avance. Car la grogne grandit aussi dans les autres pays européens, qui se battent pour ce qu’en France, nous sommes en train de perdre, mais nous n’avons heureusement pas encore complètement perdu

    http://www.riurba.review/2020/03/comprendre-le-neoliberalisme-universitaire-francais-a-partir-de-la-suisse

    • La privatisation de l’écoles et de l’université représente une montagne de fric, à côté de laquelle la privation de la Française Des Jeux et des autoroutes sont des cacahuètes apéritives.

      Restera la montagne d’or amassée par les caisses de retraite complémentaires, ce sera pour la quinquennat suivant.

    • Emmanuel Macron expose une #réforme « systémique » de l’université

      Le chef de l’État a estimé que le système actuel d’#études_supérieures était « révolu » et que les universités devaient s’ancrer dans une dimension plus « professionnalisante ».

      À trois mois de la présidentielle, Emmanuel Macron a souhaité jeudi 13 janvier une réforme « systémique » des universités, qu’il veut plus « professionnalisantes », tout en jugeant intenable un système d’études supérieures « sans aucun #prix » pour les étudiants mais avec un #taux_d'échec massif. « Je le reconnais sans ambages, nous avons commencé à colmater les brèches, mais nous devons redoubler d’effort pour que, à l’horizon de dix ans, notre université soit plus forte », a-t-il déclaré, en clôturant en visioconférence le Congrès de la Conférence des présidents d’universités.

      Le chef de l’État a d’abord remis en cause le double système #grandes_écoles - universités. « Nous avons trop longtemps accepté un modèle à plusieurs vitesses, où les grandes écoles et organismes de recherche étaient supposés s’occuper de la formation des #élites et l’université de la #démocratisation de l’enseignement supérieur et la gestion des #masses. Ce système est révolu », a-t-il lancé. « Demain ce seront nos universités qui doivent être les piliers de l’#excellence ».

      « Garantir l’orientation des jeunes vers l’emploi »

      Emmanuel Macron a aussi dénoncé l’« intolérable #gâchis » de l’#échec en première année, où « seuls 50% des étudiants se présentent aux examens », malgré l’injection de nouveaux moyens et la création de 84.000 places. Selon lui, il ne s’agit donc pas d’une question de #moyens. « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où pourtant nous avons tant de précarité étudiante, et une difficulté à financer un modèle beaucoup plus financé par l’argent public que partout dans le monde », a-t-il argué.

      « Je dis les choses avec la clarté et la franchise que vous me connaissez » car « si nous ne réglons pas ces problèmes structurels, nous nous mentirions à nous-mêmes », a-t-il poursuivi. Et d’enchaîner : « Nous avons besoin d’une #transformation_systémique de nos universités ». Celles-ci doivent, selon lui, avoir d’avantage d’#autonomie mais l’État devra passer avec elles « de véritables #contrats_d'objectifs_et_de_moyens ». Notamment « les universités ne doivent plus seulement garantir l’accueil des étudiants dans une formation mais garantir l’orientation des jeunes vers l’#emploi ».

      « L’université doit devenir plus efficacement professionnalisante », a encore souhaité le chef de l’État : « la logique de l’#offre doit prendre le pas sur la logique de la #demande », ou encore, « l’orientation doit évoluer pour mieux correspondre aux besoins de la #nation ». « Quand on ouvre des filières sans #perspective derrière, nous conduisons un #investissement_à_perte », a-t-il dit, après avoir rappelé les nouveaux moyens - 25 milliards d’euros sur 5 ans - de la loi de programmation de la recherche, « un rattrapage » à ses yeux. Manuel Tunon de Lara, président de la Conférence des présidents d’universités, rebaptisée France Universités, a lui réclamé une plus grande autonomie des établissements mais aussi un financement de l’enseignement supérieur « à la hauteur de nos ambitions ».

      https://www.lefigaro.fr/demain/education/emmanuel-macron-expose-une-reforme-systemique-de-l-universite-20220113

      #professionnalisation

    • Le discours a été tenu devant le congrès de la CPU désormais appelée @FranceUniv

      qui représente « un nouvel élan, qui rappelle le rôle de partenaire essentiel des pouvoir publics / force de proposition et de transformation pour l’ESR » d’après M. Macron.

      https://www.youtube.com/watch?v=SwsAPNPyFU4&t=32750s

      –-

      Analyse de Julien Gossa sur twitter :

      Le discours commence par des banalités : « concurrence pour les talents », « décloisonner pour favoriser les synergies », « Shanghai / Saclay »...

      Mais surtout « conjurer notre histoire » avec « le vent de face en raison de la démographie ».
      C’est important pour la suite.

      Le discours se centre sur « repenser totalement le lien entre Lycée et Université » et « la séparation entre les études supérieures et le monde du travail ».
      Il fustige une « aristocratie égalitariste » avec la dichotomie Grandes Ecoles (« exellence ») et Université (« masse »).

      #debunk Il s’agit d’un classique diviser pour regner/l’herbe est plus verte ailleurs.
      Cette opposition (stérile ?) GE/Univ est systématiquement instrumentalisée pour réformer, mais seulement les universités.

      « ce n’est pas qu’une question de moyens » (?)

      D’après M. Macron « ce système est révolu » car « il ne correspond pas à la compétition internationale et crée des segmentations inefficaces ». C’est « le sens de l’Histoire ».

      Il faut donc « une nouvelle politique d’investissement ».

      #Point 1 : l’« intolérable gâchis » en Licence

      « Nous avons injecté 1 Md€ en plus dans le premier cycle / créé 84000 places / et 28000 oui-si... formidable ! et pourtant seulement 50% des étudiants se présentent aux examens de premières année »

      #debunk "Des efforts n’ont pas conduit à des résultats, donc il faut réformer plus en profondeur" est discutable.

      Par exemple, il y a en réalité une hausse des taux de réussite, que le discours doit ignorer volontairement pour atteindre son objectif.

      https://etudiant.lefigaro.fr/article/a-l-universite-un-taux-de-reussite-des-licences-en-pleine-croissan

      De plus, ces résultats ne sont pas évaluables en période de pandémie, parce que tout le système est perturbé, et que tirer des conclusions de mesures qui ont trois ans n’est pas intègre.
      https://www.franceculture.fr/societe/covid-19-la-detresse-croissante-des-etudiants

      Enfin, l’effort est en réalité factice, puisque la dépense par étudiant baisse, essentiellement à l’Université.

      Tout au contraire, si on en croit les indicateurs, l’Université a donc plutôt obtenu des résultats, sans moyen, et dans un contexte difficile.

      https://www.alternatives-economiques.fr/rentree-coutera-t-plus-cher-cette-annee/00100263

      #Discussion L’échec en Licence lui-même est peut-être un problème factice, instrumentalisé pour atteindre des objectifs pratiquement sans rapport, mais qui a le mérite de faire écho à un soucis très concret qu’on rencontre sur le terrain.

      #Point 2 : le financement public et la gratuité des études universitaires.

      Cela conduirait a un enseignement qui n’a « aucun prix » à cause d’« un modèle beaucoup plus financé par l’argent public que partout dans le monde »

      #Debunk Au delà du marqueur idéologique « ce qui n’a pas de prix n’a aucune valeur », l’affirmation sur le financement public de l’ESR en France est tout simplement fausse : nous sommes dans la moyenne, et en dessous des pays que nous admirons.

      https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/T165/la_depense_pour_l_enseignement_superieur_dans_les_pays_de_l_ocde

      Plus intéressant encore, si on prend le cas extrême de la Grande Bretagne (GB).

      D’abord l’évidence : moins de financement public, c’est plus de financement privé, donc plus d’endettement des familles.

      E. Macron propose donc de vous endetter plus.

      https://commonslibrary.parliament.uk/research-briefings/sn01079

      Ensuite, le financement "privé" est en réalité sur des prêts garantis par l’État, et qui sont en grande partie (52%) non remboursé, donc payés par le public.

      Ça a couté 12Md€ d’argent public l’an dernier (~50% du budget du MESRI).

      https://www.dailymail.co.uk/news/article-9753557/Almost-10-billion-paid-student-loans-2020-written-off.html

      Et enfin, ça n’a apporté aucun financement supplémentaire aux universités.

      La proposition est donc d’endetter les ménages, même si ça coute encore plus au contribuable, sans rien rapporter aux universités.

      Seuls gagnants : les usuriers.

      #Point 3 : la formation réduite à une forme d’insertion professionnelle

      « les universités [doivent] garantir l’orientation des jeunes vers l’emploi » avec « de véritables contrats d’objectifs et de moyens ».

      En clair : l’emploi conditionne le financement des formations.

      « la logique de l’offre doit prendre le pas sur la logique de la demande » « l’orientation doit évoluer pour mieux correspondre aux besoins de la nation »

      En clair : ce n’est plus ni aux familles ni aux universitaires de décider de l’orientation et des formations, mais à l’Etat.

      D’après E. Macron,ces « besoins de la nation » sont seulement économiques, et tout le reste est un « investissement à perte ».

      C’est du bon sens, mais seulement avec une conception de la formation limitée à l’insertion professionnelle.

      #debunk Si on colle les trois points, on a une forme de logique :
      1. Les jeunes échouent en Licence
      2. Car ils se moquent d’études qui ne coutent rien
      3. Et qui de toutes façons ne mènent à aucun emploi.

      Faire payer les familles apparait alors comme une solution, non pas pour augmenter les financements (ils n’augmenteront pas, au contraire), mais seulement pour augmenter l’implication des familles, et restructurer « l’offre et la demande » de la formation.

      La réussite par l’augmentation de l’implication des familles repose sur la croyance « ce qui n’a pas de prix n’a aucune valeur ».

      Quand on regarde les indicateurs, c’est plutôt une question de moyens.


      https://twitter.com/anouchka/status/1481928533308022785

      La restructuration de « l’offre et la demande » imagine une vertu : si les études impliquent un endettement personnel, alors le choix d’orientation sera vers les formations qui permettent de rembourser, donc là où il y a des emplois.
      Et sinon c’est à la charge des familles.

      Julien Gossa
      @JulienGossa
      ·
      17h
      Les formations qui conduisent aux emplois bien payés peuvent augmenter leurs frais d’inscription, donc leur qualité. Les autres ferment ou de toutes façons ne coutent plus rien.

      Le marché comme solution à l’orientation et la formation, donc à la stratification sociale.

      C’est la vision qui a bien fonctionné au XXe siècle. Malheureusement, elle ne fonctionne plus. Tout simplement parce que « démographie » et « besoins [économiques] de la nation » sont désynchronisés.

      Il n’y a pas d’emplois non pourvus en France, il y a du chômage.

      Les emplois qui recrutent ne concernent pas les filières universitaires.

      Les formations universitaires montrent un léger chômage, qui indiquent qu’elles remplissent parfaitement leur rôle de fournisseur de main d’œuvre qualifiée.

      https://statistiques.pole-emploi.org/bmo/bmo?graph=1&in=1&le=0&tu=10&pp=2021&ss=1

      On revient à cette évidence, que le discours de M. Macron semble ignorer : diplômer quelqu’un ne crée pas un emploi.

      En terme d’emplois, la politique proposée est donc vouée à l’échec. Pire, elle enferme dans une sorte d’immobilisme économique.


      https://twitter.com/Taigasangare/status/1481897423437979649

      En toute logique, la politique proposée consiste donc non pas à augmenter le nombre de diplômés, puisque ça ne ferait que baisser le taux d’insertion professionnelle.

      Elle consiste forcément à baisser le nombre d’étudiants, seul moyen d’éviter un « investissement à perte ».

      Et ça nous mène à la question principale qui se pose pour l’avenir, même si on n’ose jamais l’affronter :

      Quel est le rôle des études supérieures ?

      Si c’est seulement économique, sans progrès futurs, alors Macron a raison : il faut endetter et réduire le nombre d’étudiants.

      Mais si c’est plus large que ça, que les études supérieures permettent de former des citoyens qui vont devoir gérer des crises graves... Alors il vaut mieux des chômeurs bien formés que des chômeurs mal formés.

      Et le projet proposé est très dangereux.

      Il est d’autant plus dangereux que la loi ORE a déjà posé des bases très solides pour sa réalisation :

      l’Etat contrôle désormais les places dans toutes les formations publiques. La réduction du nombre d’étudiants est donc techniquement possible.

      #Parcoursup est à la fois une sorte de concours national pour accéder aux places, et en plus une market-place pour les formations, incluant déjà des informations sur les "débouchés" et un module de paiement des frais.

      Toute la technique a été préparée pour ce projet politique.

      Reste que le projet politique de M. Macron, tout idéalisé et idéologisé qu’il soit, se confronte à une question toute simple : Que fait-on des jeunes surnuméraires par rapport aux besoin de l’emploi, si on ne les forme plus ?

      Ce fameux « vent de face de la démographie ».

      Julien Gossa
      @JulienGossa
      ·
      16h
      Pour conclure, le discours de M. Macron est bien rodé, puisqu’il a plus de 50 ans... Mais il est objectivement anachronique.

      Il faudrait un peu de courage, et attaquer vraiment la seule vraie question : Quel est le rôle des études supérieures au XXIe siècle ?

      Rappel qu’il y a une cohérence entre baisser le nombre d’étudiants et réduire le nombre de lycéens qui font des mathématiques.

      Si on n’a pas le courage d’aller jusqu’au bout, on aura donc autant d’étudiants, juste moins bien préparés à nos études.


      https://twitter.com/OlivierMusy/status/1481960693784092673

      NB : Si M. Macron souhaitait vraiment mettre en œuvre ce programme, il lui suffirait de donner une autonomie réelle aux universités, dont l’intérêt est effectivement de réduire le nombre d’étudiants et de les faire payer.

      Sauf que c’est impossible :
      https://blog.educpros.fr/julien-gossa/2021/10/17/selection-impossible-autonomie-fantome

      Ici le verbatim, qui termine sur cette blague « Et que fait-on ce soir, Cortex ? »
      https://t.co/9HYisOq789

      Et bien sûr la plus pathétiques des hypothèses : tout ce projet n’a en réalité aucun sens, complètement dépourvu de vision et d’ambition autre que séduire les présidents d’université dans une perspective tristement électoraliste.

      https://twitter.com/JulienGossa/status/1481996134042193925

    • Présidentielle 2022 : le programme d’Emmanuel Macron devant la CPU “#France_Universités

      Emmanuel Macron a prononcé un discours pour la clôture du 50e anniversaire de la Conférence des présidents d’université1. La vidéo et le verbatim sont disponibles ici2. Ce discours dresse le bilan de la politique du quinquennat en matière d’enseignement supérieur et de recherche, mais trace aussi un cap pour une nouvelle réforme — peut-être pour un nouveau mandat ?

      Le candidat-président Macron fixe dans tous les cas un certain nombre d’objectifs et de lignes directrices qu’il n’est pas inintéressant d’analyser.

      Cet article est tiré d’un fil Twitter (https://twitter.com/CathKikuchi/status/1481942125147312138) écrit à chaud et doit être complété avec d’autres analyses qui ont émergé à la suite de ce discours3. On citera en particulier :
      - Ce fil extrêmement complet de Julien Gossa : https://twitter.com/UnivOuverte/status/1481759141618139138
      - Cette réflexion de Marianne Blanchard sur la volonté de plus « professionnaliser l’université » : https://twitter.com/UnivOuverte/status/1481759141618139138
      - En complément, la reprise d’une intervention de l’économiste Elise Huillery au colloque de la Conférence des présidents d’université sur les ressources allouées à l’université française, un fil d’Ana Lutzky : https://twitter.com/anouchka/status/1481924369597308930

      Il est globalement beaucoup question de la politique universitaire, mais un article entier pourrait également être consacré à ce qu’Emmanuel Macron dit de la vie étudiante. Nous laissons ce point à analyser à d’autres.
      « Éclairer le monde tel qu’il va » ou l’abrutir

      « Faire pleinement de la France une avant-garde de la recherche de l’excellence du savoir » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Le discours commence bien sûr par brosser les présidents d’université dans le sens du poil. Beaucoup ont commenté la petite phrase des universités qui doivent « éclairer le monde ». Ce passage s’inscrit dans tout un segment sur l’importance de l’autorité académique, de la reconnaissance des pairs et du cadre scientifique : « Ne laissons personne le remettre en question ». Evidemment, ce n’est pas nous que le contredirons. Mais cette déclaration prend une saveur particulière, alors que Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation, cherche au contraire à dire aux universitaires ce qu’ils doivent chercher et comment en faisant l’ouverture d’un pseudo-colloque ((NDLR : Le président-candidat Macron évoque également la commission Bronner qui vient de rendre son “rapport” Des Lumières à l’ère du numérique.Il en retient la “nécessité d’empêcher la mise en avant ou le financement d’acteurs qui nuisent à l’information, à la cohésion sociale et in fine à la démocratie” — qui résone avec sa menace envers les “universitaires qui cassent la République en deux“.)). ou encore lorsqu’il prétend pouvoir dire quels universitaires constituent un « virus » de la pensée et donc, en creux, ceux qui pourraient en être le « vaccin ».

      « Tous ensemble, nous avons réussi à faire de notre jeunesse une priorité claire avec ces premiers résultats et également à faire de notre jeunesse et de nos étudiants une priorité. » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Mais bien sûr, il s’agit d’abord de défendre un bilan. Emmanuel Macron se gargarise de milliers de places nouvelles ouvertes dans diverses filières pour accommoder la vague démographique. C’est bien rapide : ouvrir des places sans construction de bâtiment, sans recrutement de personnel, ne revient-il pas à faire du surbooking ? Changer un chiffre sur un tableur Excel, ne permet pas dans les faits d’accueillir correctement des milliers d’étudiants et d’étudiantes supplémentaires.

      Mais rassurons-nous : la loi de programmation a représenté un engagement financier sans précédent. Sauf que non : l’augmentation du budget de l’ESR stagne et sa légère augmentation, plus faible que par le passé, correspond à l’inflation. Un tour de passe-passe dénoncé par les politiques notamment au Sénat. L’effort budgétaire est principalement reporté sur la prochaine mandature :bel effort personnel pour le président Macron.

      « Justes hiérarchies » ? Parcoursup, reproduction sociale et démocratie

      Parmi les bons points qu’Emmanuel Macron se donne, le satisfecit sur Parcoursup est aussi d’un ridicule achevé. « Un système d’orientation avec des taux de satisfaction et de réponse incomparables, plus lisibles », alors que tous les acteurs du système, des élèves aux enseignants du secondaire, en passant bien sûr par les enseignants du supérieur disent le contraire. Mais peu importe : il s’agit de l’un des grands chantiers du quinquennat, il doit être un succès.

      « Des sociétés démocratiques comme la nôtre qui ont la passion de l’égalité que nous partageons toutes et tous doivent néanmoins défendre à nouveau les justes hiérarchies qu’il doit y avoir dans nos sociétés sans lesquelles tout se dissout » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Macron se lance ensuite dans un grand discours visant à intégrer les universités à la formation de l’élite, dans une optique implicite de démocratisation. Il cite les Idex en exemple. Sauf qu’en termes de démocratisation, les Idex contribuent plutôt à une reproduction de l’élite plutôt qu’à son renouvellement, comme l’on montré les travaux d’Audrey Harroche et ceux de Hugo Harari-Kermadec.

      Cette volonté de s’inscrire dans le cadre de grands établissements va de pair avec une volonté de professionnalisation accrue.colloque

      L.’université « doit devenir plus efficacement professionnalisante car on ne peut pas se satisfaire de l’échec de nos étudiants dans les premiers cycles ni du taux de chômage trop élevé des jeunes qui sortent de certaines filières universitaires. Pour vous y aider, nous devons poursuivre le travail d’amélioration de l’orientation qu’a initié Parcoursup ». (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Cet affichage ne peut être balayé d’un revers de main. Evidemment, aucun enseignant digne de ce nom ne peut vouloir que les universités forment des chômeurs. Mais cela passe sous silence que les universités sont déjà professionnalisantes : elles forment des professionnel·les de la recherche et de l’enseignement supérieur et des enseignant·es. Hors Master, , elles forment en licence en lien avec le monde du travail, y compris bien sûr celui hors de l’université et de l’enseignement : c’est vraiment n’avoir jamais regardé l’offre de formation universitaire ni les maquettes de premier cycle que de penser le contraire. S’il y a sûrement des améliorations à effectuer, il serait tout à fait faux de prétendre que les universitaires ne se préoccupent pas du devenir professionnel de leurs étudiant·es.

      « Les grandes écoles et organismes de recherche étaient supposés s’occuper de l’excellence et de la formation des élites, et les universités de la démocratisation de l’enseignement supérieur et de la gestion des masses. Ce système est révolu. Il est révolu d’abord parce qu’il ne correspond pas à la compétition internationale, parce que sa forme-même crée des barrières, des segmentations qui sont inefficaces. » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Cependant, on peut être conscient des nécessités de professionnalisation à l’université tout en considérant que celle-ci a aussi un rôle intellectuel et émancipateur de transmission de savoir et de méthode scientifique. Mais cela, Macron n’en parle jamais pour l’enseignement. Enseigner à l’université est réduit à la formation en lien à des besoins identifiés de la nation. Et si les besoins de la nation, c’était aussi d’avoir des diplômés insérés dans le marché du travail ET capables de réfléchir par eux-mêmes ? Ce serait fou…

      De même la question de l’échec en première année de licence et de l’orientation est un vrai sujet. Mais ne serait-ce pas aussi parce que Parcoursup a accentué ce phénomène ? De nombreuses étudiantes et étudiants, à vue de nez encore plus nombreux qu’auparavant, s’inscrivent dans des formations sans réelle volonté de s’y investir. Alors quelle solution ? Emmanuel Macron évoque le développement de filières courtes et professionnalisantes, ce qui peut être une partie de la réponse. Mais est-ce que l’augmentation de leur capacité d’accueil va à nouveau se faire sans moyen supplémentaire ? Permettons-nous au moins de nous poser la question…

      « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      Malgré tous ces points ambigus, voire volontairement mensongers, le plus inquiétant de ce discours réside dans l’une de ses dernières parties. Cela a été déjà relevé : Emmanuel Macron dénonce un système où l’université n’a « aucun prix pour la grande majorité des étudiants », où on a un tiers de boursiers et où on a « un modèle beaucoup plus financé par l’argent public qu’ailleurs dans le monde ». D’abord, ce dernier point est tout bonnement faux : la France n’investit proportionnellement pas plus d’argent public dans l’université que, par exemple, l’Allemagne, la Norvège, le Danemark ou la Belgique, même si elle en investit d’avantage que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. Elle se situe dans une moyenne légèrement supérieure à celle de l’OCDE.

      Ensuite, le changement systémique auquel il appelle revient bien à faire payer les étudiant·espour leur faire financer leurs propres études. Y compris via un endettement étudiant peut-être ? C’est en tout cas ce que de proches conseillers d’Emmanuel Macron suggéraient. Alors c’est une option bien sûr. Mais ça revient à poser franchement sur la table la nature du modèle universitaire que nous souhaitons et la manière dont l’université est encore un levier d’ascension sociale, ou a minima de formation de toutes les catégories économiques et sociales. Et ce débat-là, évidemment, Macron ne le pose pas clairement.

      Les systèmes de gouvernance [des universités], « il faut bien le dire par tradition, ont eu dans beaucoup de situations pour conséquence d’impuissanter trop souvent les équipes face aux défis qui leur étaient posés. Mais cette autonomie, soyons clairs et sincères entre nous doit aussi être synonyme d’une gouvernance renforcée de nos universités dans laquelle les équipes présidentielles pourront définir et incarner pleinement leur projet. (…) Notre système est très hypocrite – autonomie à moitié, on continue de contrôler ; ceux qui réussissent, on les aide un peu plus, ceux qui ne réussissent pas, on les compense. Et puis autonomie, mais au fond, même localement, on donne des responsabilités, mais on bloque ceux qui sont élus par nous-mêmes » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      De la même manière, on a un passage éminemment confus sur un contrat que les universités devront passer avec l’État, où il est question d’augmenter l’autonomie mais aussi la responsabilité. Selon quelles modalités ? Ce point n’est pas clair, mais il est un passage qui personnellement me fait froid dans le dos. Macron dénonce un système déresponsabilisant : « Notre système est très hypocrite — autonomie à moitié, on continue de contrôler ; ceux qui réussissent, on les aide un peu plus, ceux qui ne réussissent pas, on les compense ».

      Est-ce que cela signifie que l’État se désengagera des universités qui ne répondent pas aux critères d’excellence fixés par le gouvernement ? Que celles-ci ne feront plus partie du système de service public de l’enseignement supérieur ?

      On voit bien où cela peut mener : les grandes universités comme Saclay auront toujours plus, les petites universités au bassin de recrutement local toujours moins. Et si un tel système aide à la promotion de l’enseignement supérieur, à la formation des étudiant·es partout en France, je veux bien manger mon chapeau.

      « La France continuera de jouer son rôle de résistance en défense de l’esprit de connaissance, de recherche, d’un enseignement libre et d’une recherche libre. Parce que je crois que c’est la seule manière de continuer à véritablement conquérir le monde, c’est-à-dire à inventer des possibles nouveaux dans une humanité en paix. Les autres voies, nous les connaissons. Ce sont les obscurantismes, les totalitarismes, les nationalismes appuyés sur la discorde. » (Emmanuel Macron, 13 janvier 2022)

      https://academia.hypotheses.org/33766

    • Thread de Marianne Blanchard, 14.01.2022
      Pourquoi ça n’a pas de sens de vouloir plus « professionnaliser l’université » => un thread

      1/ pour Macron, "l’université doit devenir plus efficacement professionnalisante ". Derrière, deux présupposés : a) c’est nécessaire de professionnaliser b) l’université ne le fait pas

      2/voyons déjà le premier. Pour ça je m’appuie (notamment) sur ça : https://sms.hypotheses.org/24385
      On a interrogés des jeunes diplômés d’écoles (commerce/ingé) et d’université, en sciences et en gestion sur les "compétences" dont ils avaient besoin dans leur emploi actuel

      3/ on a distingué les "compétences spécifiques" (en gros tout ce qui est spécialisé, propre à un secteur d’emploi) et "transversales" (en gros, ce qui est général, et mobilisable dans plein de métiers).

      4/ résultat pour les 971 enquêtes : "Le niveau de compétences spécifiques considéré comme acquis est en moyenne supérieur ou égal à celui estimé requis dans leur emploi" => qu’ils viennent de l’université ou d’école, personne ne se trouve pas assez "professionnalisé"

      5/ les individus déclarent peu de lacunes en compétences spécifiques, car ils les mobilisent qd elles sont trop spécialisées. Qd des déficits sont mentionnés, ils concernent des compétences trop « pointues » ou dépendantes du contexte d’emploi pour être enseignées

      6/ Les jeunes interrogés insistent aussi sur le fait qu’il est possible de se former et se spécialiser en cours d’emploi. + les entretiens révèlent que les compétences spécifiques acquises en formation semblent surtout valorisées dans leur dimension transversale

      7/ ce ne serait pas tant leur caractère technique qui importerait, que les capacités à acquérir d’autres compétences qu’elles suscitent.
      En gros, en apprenant (des choses, plus ou moins "spécifiques"/professionnelles), on apprend aussi à apprendre, à se former.

      8/ il faut donc sortir de la vision « adéquationniste » à la française prônant une professionnalisation et une spécialisation sans cesse accrue des formations initiales. Bcp de diplômé·es n’exercent pas le métier correspondant à leur spécialité de formation,

      9/ C’est le sens de l’ "introuvable" relation formation-emploi dont parlait déjà L. Tanguy.
      Se former, c’est aussi acquérir une culture générale, apprendre à porter un regard critique sur les choses, comprendre le monde pour pouvoir y prendre part en tant que citoyen·ne

      https://twitter.com/MJ_Blanchard/status/1481971200100376577

    • Universités : le renforcement « systémique » promis par Macron cache mal un projet de privatisation

      Le quasi-candidat Macron a souhaité jeudi une réforme « systémique » des universités. Derrière la promesse de les rendre « plus fortes » et de casser la concurrence avec les « grandes écoles », il a posé, en creux, les jalons d’un projet de privatisation.

      Dans un discours de clôture du congrès de la Conférence des présidents d’université (rebaptisée à cette occasion « France Universités »), Emmanuel Macron a fait le bilan de son quinquennat pour l’université et dessiné l’avenir qu’il imagine pour l’enseignement supérieur : une orientation universitaire dont la seule boussole serait le marché du travail, et une formation qu’il veut encore « plus efficacement professionnalisante ». Surtout, il a évoqué, sans prononcer les mots, une augmentation substantielle des frais de scolarité étudiante.

      Fier de son quinquennat, dont il a vanté la loi d’orientation et de réussite des étudiant·es, la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), l’ouverture de places supplémentaires à l’université (sans plan d’ouvertures massives de postes d’enseignant·es-chercheurs et chercheuses ni réels moyens supplémentaires), les entrées et « bonds de géant » des universités françaises dans le classement de Shanghai (pourtant décrié), le président de la République a oublié de citer, par exemple, les déboires de Parcoursup depuis 2018, l’immolation d’un étudiant par le feu devant le Crous de La Madeleine à Lyon en 2019, l’apparition des étudiant·es en masse dans les files d’attente des distributions associatives d’aides alimentaires pendant la crise du Covid-19, et la baisse de la dépense publique par étudiant·e. Tout de même, Emmanuel Macron a reconnu qu’il faudrait « redoubler d’effort pour que, à l’horizon de dix ans, notre université soit plus forte ».

      Ainsi, ce discours face aux présidents d’université était plus celui d’un candidat que celui d’un président en exercice. Le projet dessiné ? Une augmentation des frais de scolarité, et un pas de plus vers la privatisation de l’université.
      Un raisonnement fondé sur des chiffres erronés

      Sans se prononcer explicitement pour une hausse des frais de scolarité, Emmanuel Macron l’a remise sur la table en prenant prétexte de la précarité étudiante et du pourcentage important d’étudiant·es qui abandonnent avant même les examens en première année de licence (50 % selon lui). « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde pour répondre à la compétition internationale », a déclaré le chef de l’État.

      Si cette déclaration d’Emmanuel Macron n’est pas claire sur le prix que devront payer les étudiant·es pour accéder à l’université dans le système qu’il semble prôner, elle fait planer la possibilité de la création d’un accès réservé à celles et ceux qui en auront les moyens, ou qui auront accès à un prêt bancaire pour se le payer.

      Le quasi-candidat à la présidentielle semble vouloir calquer sa réforme « systémique » sur les systèmes anglo-saxons, où une bonne partie des étudiant·es s’endettent pour des années afin d’accéder aux études supérieures. Pourtant, aux États-Unis, la dette étudiante a atteint à la fin de l’année 2021 plus de 1 500 milliards de dollars, selon la FED, et représente désormais un véritable boulet pour l’économie.

      Mais cette déclaration présidentielle s’appuie sur des chiffres manifestement erronés. Il est d’abord mathématiquement impossible que « 50 % des étudiants seulement se présentent aux examens de première année », quand « le taux de passage en L2 des néo-bacheliers inscrits en L1 à la rentrée 2019 est de 53,5 % », d’après une note du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation publiée en novembre 2021 (https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/sites/default/files/2021-11/nf-sies-2021-24-15115.pdf).

      Ensuite, le financement du système de l’enseignement supérieur français n’est pas « beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde », puisque selon l’OCDE (tableau C2.2b : https://www.oecd-ilibrary.org/sites/455a2bcc-en/index.html?itemId=/content/component/455a2bcc-en), la France finançait en 2018 à 80 % son système par des fonds publics pendant que, par exemple, l’Allemagne affichait un taux de 84 %, la Suède de 87 % et la Norvège de 95 % ! La réforme « systémique » de l’université française voulue par Emmanuel Macron tient sur des raisonnements scientifiquement peu solides.
      Une orientation dirigée par le marché du travail

      Jeudi, il a également jugé indispensable de pousser les universités à proposer des formations en fonction du marché du travail : « [Elles] ne devront d’abord plus seulement garantir l’accueil des étudiants dans une formation, mais garantir l’orientation des jeunes vers l’emploi. » Si cette position pouvait avoir un sens il y a plusieurs décennies, cela fait longtemps que les universités se préoccupent de l’entrée dans la vie active de leurs étudiant·es.

      Les chiffres du ministère de l’enseignement supérieur donnent un taux d’insertion à 18 mois de 89 % pour les masters et de 92 % pour les licences professionnelles. Surtout, la question de l’adéquation entre études et marché du travail est particulièrement délicate : il est impossible de connaître l’avenir de l’emploi plusieurs années après l’entrée dans les études, dans un monde en perturbations permanentes. À titre d’exemple, le sacrifice de la filière informatique à l’université (raconté ici par Mediapart : https://www.mediapart.fr/journal/france/140921/universite-la-start-nation-sacrifie-la-filiere-informatique?onglet=full), à cause d’un manque de moyens, alors même que la demande industrielle est énorme, montre combien la volonté des établissements n’est pas forcément le problème principal.

      À entendre Emmanuel Macron, en tout cas, l’université devrait « devenir plus efficacement professionnalisante ». Elle ne le serait donc pas assez. Mais la sociologue Marianne Blanchard et ses collègues montrent que, lorsqu’on interroge de jeunes titulaires d’un diplôme de niveau bac+5 de master ou d’école, ils et elles considèrent que « le niveau de compétences spécifiques considéré comme acquis est en moyenne supérieur ou égal à celui estimé requis dans leur(s) emploi(s) ». En clair, ils et elles ne se considèrent pas comme « non professionnalisé·es ». Ces chercheuses et chercheurs expliquent aussi que les jeunes diplômé·es pensent « que leur capacité à acquérir ces nouvelles compétences, et donc à s’adapter à de nouveaux environnements de travail, est une compétence en soi que leur formation a contribué à développer ».
      Une remise en cause superficielle des grandes écoles

      Enfin, dans son discours de jeudi, Emmanuel Macron a semblé vouloir remettre en cause le système « grandes écoles-universités », en lançant : « Nous avons trop longtemps accepté un modèle à plusieurs vitesses, […] où les grandes écoles et organismes de recherche étaient supposés s’occuper de l’excellence et de la formation des élites, et les universités de la démocratisation de l’enseignement supérieur et de la gestion des masses. Ce système est révolu. [...] Demain, ce sont nos universités qui doivent être les piliers de l’excellence, le centre de gravité pour la recherche comme pour la formation. » Faut-il lire, en creux, une volonté de disparition pure et simple des grandes écoles ? Dès lors, l’ambition serait-elle de chasser des universités les pauvres dont les bourses « coûtent un pognon de dingue », pour y faire venir les étudiant·es plus fortuné·es des grandes écoles ?

      https://www.mediapart.fr/journal/france/150122/universites-le-renforcement-systemique-promis-par-macron-cache-mal-un-proj

      #bilan #frais_de_scolarité #LPPR #classement_de_Shanghai #parcoursup #chiffres #statistiques #financement #taux_d'insertion #moyens

    • Discours de Macron : une réforme « systémique » de l’université pas si nouvelle et fantasque que ça…

      Le congrès du 13 janvier 2022 célébrant les 50 ans de feu la Conférence des Présidents d’Université (CPU) — dorénavant #France_Universités (sic) — aura eu son petit effet médiatique. Cependant, ce n’est pas #FU qui est au centre de l’attention depuis près d’une semaine mais le président Emmanuel Macron, qui y est intervenu en visioconférence, dans un discours verbeux et ampoulé1.

      Une phrase du chef de l’État a en effet suscité des réactions nombreuses et indignées de la part des mondes universitaire [2], étudiant [3], médiatique [4] et politique [5] (dont on peut parfois douter de la sincérité… [6]) :

      « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde pour répondre à la compétition internationale. » (p. 6)

      Malgré un flou artistique sur ce que voulait vraiment dire le Président, un consensus s’est formé autour de son probable projet pour l’enseignement supérieur : l’augmentation des frais d’inscription à l’université. En séances parlementaires, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (#MESRI), Frédérique Vidal, a été interpelée à ce sujet. Celle-ci y a catégoriquement démenti une telle interprétation des paroles de Macron [7]. Des macronistes se sont ensuite joint·es à elle pour dénoncer cette prétendue intox sur Twitter [8]. Ce SAV du discours du Président par la ministre culmine finalement avec un entretien dans Libération absolument lunaire [9].

      Au-delà de l’interprétation du discours, et du fait que le terme « évoquer » utilisé par Vidal (plutôt que « parler explicitement », cf. tweet de LCP) ne permet en rien de lever nos suspicions, existe-t-il des indications nous permettant de penser que Macron souhaiterait effectivement augmenter les frais d’inscription, en continuité avec sa politique depuis 2017 ? N’y aurait-il pas des précédents pendant son mandat ?

      Spoiler alert : oui, et oui à nouveau.

      Un précédent ?

      Alors que les macronistes égrainent dans leurs tweets une série de mesures qui démontrerait que, sous Macron, jamais les étudiant·es n’ont été aussi protégé·es (ce qui est de toute évidence faux), iels oublient systématiquement une mesure absolument honteuse : la hausse des frais d’inscription à l’université pour les étudiant·es extra-communautaires, passant de 170 à 2 770 euros en licence et de 243 à 3 770 euros en Master. Ce précédent, auquel le Conseil d’État n’a rien trouvé à redire [10], laisse penser qu’une telle hausse pourrait en principe être généralisée à tou·tes [11]. Mais est-ce dans le projet néo-libéral macroniste ?

      Un projet Macron-compatible ?

      Faisons d’abord un détour par l’#Institut_Montaigne, un think-tank néo-libéral. Ce dernier est consulté par le MESRI pour définir sa stratégie et sa politique ESR [12]. La collaboratrice de Vidal recrutée en juillet 2020, #Blanche_Leridon, est même passée par le think-tank de 2015 à 2018 [13]. Ce qui devient intéressant, c’est qu’en avril 2021, l’Institut faisait (à nouveau) des propositions sur une réforme de l’Université impliquant… une hausse des frais d’inscription, sans aucune ambiguïté ici ! [14]

      « [une] augmentation des droits de scolarité en licence à 900 € par an et à 1 200 € en master [qui] concernerait l’ensemble des universités, de manière uniforme » (p. 98–99)

      L’analogie ne s’arrête pas là puisque le think-tank propose, comme Macron (voir tableau en annexe) :

      – d’augmenter la part des #financements_privés dans les #fonds_universitaires ;
      - de résoudre la précarité étudiante par l’augmentation des frais d’inscription (ce que l’Institut Montaigne propose de faire en créant notamment des #prêts étudiants…) ;
      – de « remettre » la recherche au cœur des missions des universités au détriment des établissements de recherche, tels que le #CNRS, qui feraient office d’agences de moyens ;
      – de s’affranchir du « coût » que représente le tiers d’étudiant·es boursier·ères ;
      – la remise en cause du système historique Université–Grande école–EPST ;
      – le renforcement de la professionnalisation des formations universitaires ;
      – le renforcement de la #gouvernance des universités par leur #autonomisation.

      On remarquera tout de même quelques différences, notamment sur la précision de certains calculs puisqu’à l’inverse de Macron, l’Institut Montaigne montre que la France n’est pas la championne mondiale du financement public de ses universités ; le Président n’en étant pas à son premier raccourci grossier dans son discours [15]. Autre divergence notable, la transformation complète des EPST en agences de moyens n’est pas le scénario privilégié par le think-tank.

      Notons enfin que certain·es ont proposé à la suite du discours de Macron que l’augmentation des frais d’inscription serait inconstitutionnelle, sur la base d’une décision du Conseil constitutionnel en 2019 [16]. Cependant, ce dernier n’entérine pas la #gratuité de l’université mais sa « #modicité » ou #gratuité_payante. Un point que l’Institut Montaigne avait déjà bien pris soin de vérifier et qui serait selon lui compatible avec son projet de réforme, donc avec celui de Macron.

      « La question de la constitutionnalité d’une augmentation des droits de scolarité […] Il est donc possible de considérer que la proposition formulée [dans le rapport de l’Institut Montaigne] répond aux préoccupations du Conseil constitutionnel telles que précisées par le Conseil d’État. Des droits de scolarité annuels autour de 1 000 € apparaissent en effet modiques au regard du coût annuel moyen des formations dans l’enseignement supérieur (représentant autour de 10%).

      Ensuite, dans le cadre d’un prêt à remboursement contingent décrit ci-après, l’étudiant n’a à s’acquitter directement d’aucun droit sur la période de sa scolarité et le remboursement ultérieur de son emprunt sera fondé sur ses capacités financières. Un tel système, innovant et équitable, apparaît donc particulièrement adapté pour satisfaire aux obligations constitutionnelles pesant sur les droits de scolarité. » (p. 114–115)

      La comparaison entre le discours de Macron et celui du think tank est bluffante : il semblerait que l’un ait écrit l’autre, sans qu’on puisse savoir qui de la poule et l’œuf2 . L’ensemble des similarités entre le discours de Macron — et la politique ESR de son mandat — avec le rapport de l’Institut Montaigne montre le consensus libéral qui les unit sur la question de l’université. Une idéologie que l’un — l’Institut Montaigne — assume vis-à-vis de la question de l’augmentation des frais d’inscription, alors que l’autre — Macron et son gouvernement — la nie publiquement aussitôt l’avoir « évoquée ».

      Une difficulté à assumer qui en dit long sur l’absence de consensus dans la communauté académique et la société civile autour de ce projet de transformation de l’université.

      NB : au moment de l’écriture de ce billet, d’autres (ici le compte Twitter parodique @realUNIVFrance) ont aussi perçu le lien pour le moins troublant que nous décrivons. Le rapport de l’Institut Montaigne semble donc être une bonne grille de lecture pour comprendre le discours de Macron.

      Tableau annexe





      https://academia.hypotheses.org/33874

  • « Pendant qu’il fait semblant de tirer les oreilles de Blanquer, Macron affine les projets de destruction de l’université. »
    https://www.lefigaro.fr/demain/education/emmanuel-macron-expose-une-reforme-systemique-de-l-universite-20220113

    « L’université doit devenir plus efficacement professionnalisante », a encore souhaité le chef de l’État : « la logique de l’offre doit prendre le pas sur la logique de la demande », ou encore, « l’orientation doit évoluer pour mieux correspondre aux besoins de la nation ». « Quand on ouvre des filières sans perspective derrière, nous conduisons un investissement à perte », a-t-il dit, après avoir rappelé les nouveaux moyens - 25 milliards d’euros sur 5 ans - de la loi de programmation de la recherche, « un rattrapage » à ses yeux. Manuel Tunon de Lara, président de la Conférence des présidents d’universités, rebaptisée France Universités, a lui réclamé une plus grande autonomie des établissements mais aussi un financement de l’enseignement supérieur « à la hauteur de nos ambitions ».