• Réforme des retraites : « Quasiment toutes les règles du maintien de l’ordre ont été violées »
    https://www.lejdd.fr/societe/reforme-des-retraites-quasiment-toutes-les-regles-du-maintien-de-lordre-ont-et

    À la suite du 49-3 sur la réforme des retraites, de nombreuses manifestations spontanées ont eu lieu en France et ont transformés la doctrine de maintien de l’ordre jusqu’ici en œuvre. Pour le JDD, Sébastian Roché, directeur de recherche au CNRS et auteur de « La Nation inachevée – la jeunesse face à l’école et la police », fait le point sur ces changements.

    Allons bon, v’là-t-y pas que même l’organe dominical du macronisme donne la parole à un odieux islamo-gauchiste pro-black-blocs…

    • Le Monde publie un entretien en vue d’une amélioration du maintien de l’ordre qui comporte quelques sentences bien senties et son lot de critiques

      Maintien de l’ordre : « La brutalisation des interventions est aujourd’hui au cœur de la stratégie française »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/03/27/maintien-de-l-ordre-la-brutalisation-des-interventions-est-aujourd-hui-au-c-

      Nasses, contrôles d’identité à grande échelle, gardes à vue, gazage rapproché : dans un entretien au « Monde », le sociologue Olivier Fillieule regrette que la stratégie policière, plutôt que de faire baisser la tension, contribue à amplifier le désordre.

      et, le cherchant ailleurs, je l’ai trouvé là
      https://justpaste.it/6axug

      je signale de nouveau que, n’en déplaise aux experts académiques et médiatiques, l’obstruction aux secours est malheureusement un classique d’un MDO qui fonctionne nécessairement à la punition, avant même que son pseudopode judiciaire soit mis en oeuvre. évidement, cela doit reste inaperçu, ne pas faire scandale. autrement dit, il faudrait que leurs tortures par manœuvre dilatoire ne pas fabriquent pas des mourants, ça fait sale, sauf qu’ils sont tributaires, jusqu’au préfets et ministres qui les commandent, d’un regrettable manque de finesse et d’adaptabilité

      #police #maintien_de_l'ordre #BAC #Brav_m #violence_d'État #violences_policières

    • Manifestations : « Le niveau de violence décidé par la police varie en fonction de la représentation que la police se fait du public qu’elle rencontre » [ça alors !], Paul Rocher, économiste

      L’économiste Paul Rocher, par ailleurs spécialiste des violences policières, explique dans une tribune au « Monde », que les policiers subissent un syndrome de « citadelle assiégée » par rapport à l’ensemble de la population, mais cela n’excuse pas du tout le recours de la police à la brutalité. [ah bon]

      Le premier secrétaire du Parti socialiste et député Olivier Faure vient de publier le récit des violences policières subies par le fils d’un ami. Le médecin du jeune homme constate de nombreux hématomes et dermabrasions ainsi qu’une tuméfaction et une lombalgie. M. Faure se livre ensuite à une critique du gouvernement qui aurait donné la consigne de faire du chiffre. Mais cette critique comporte un paradoxe : si l’ordre donné à la police était de faire du chiffre, pourquoi le médecin constate-t-il de nombreuses #blessures ? Arrêter un maximum de personnes n’impose nullement de les brutaliser [ces derniers jours on a vu que brutaliser en masse n’impose pas d’arrêter arrêter, trop de taff administratif ballé qui restera sans suite : on punit in situ et en circuit court]. Or depuis une semaine, les vidéos de violences policières se multiplient. Pour dissiper ce paradoxe, la consultation des travaux sur l’institution policière se révèle édifiante.

      Tout d’abord, l’idée que la police fonctionnerait de manière rigoureusement hiérarchique, avec un ordre d’en haut qui serait strictement appliqué sur le terrain, ne correspond pas à la réalité, et ce a fortiori en contexte de maintien de l’ordre. Le sociologue Patrice Mann souligne que dans ce contexte, l’intervention policière « ne se déroule jamais concrètement comme le prévoit la procédure formelle » [eh oui]. L’application d’un ordre offre toujours un degré d’initiative aux policiers.

      Cette marge de manœuvre policière se prolonge avec une sorte de prophétie autoréalisatrice policière que Herbert J. Gans, ancien président de l’American Sociological Association, a mise en avant : l’anticipation de révoltes par les policiers, fortement imprégnés par des conceptions stéréotypes sur la population, augmente leur niveau de violence. Dans cette lignée, la recherche sur la police a identifié un phénomène important : les forces de l’ordre font preuve d’un respect relatif à l’égard de revendications autour du pouvoir d’achat des ouvriers et agriculteurs ; en revanche elles manifestent « une hargne certaine envers des étudiants-jeunes-privilégiés-casseurs ».

      Une figure floue du #casseur

      A première vue, la séparation entre bon et mauvais manifestant paraît nette, mais la figure floue du casseur permet d’inclure dans la deuxième catégorie une multitude de publics. Une manifestation pour le pouvoir d’achat, ou contre le recul de l’âge légal de départ à la retraite, peut ainsi être qualifiée par les forces de l’ordre d’initiative de « casseurs ». Tomber dans la catégorie des casseurs comporte un risque significatif. Car le pouvoir de définition de la légitimité des mobilisés, dont jouissent les policiers [bien aidés par les gouvernements et les média], façonne leur recours à la violence. Les violences contre les cortèges syndicaux depuis 2016 [loi Travaille branleur où on te casse la gueule !] en attestent.

      Le niveau de violence décidé par la police varie donc en fonction de la représentation que la police se fait du public qu’elle rencontre. La force des conceptions stéréotypées explique pourquoi, en dépit du fait que les manifestants ne sont pas nécessairement plus violents aujourd’hui, comme le montre une enquête récente réalisée auprès de policiers par l’association ACAT, les violences policières explosent.

      Pour s’en convaincre, il suffit de prendre les chiffres du ministère de l’intérieur sur le recours aux #armes [dite] non létales. Alors qu’en 2009 il dénombre 3 700 recours, le chiffre grimpe à plus de 32 000 en 2018 et reste depuis à un plateau très élevé de plus de 10 000 recours annuels. Pourtant, ces chiffres ne comprennent ni coups de matraque ni gaz lacrymogène, qui sont les armes les plus utilisées par la police.

      Un esprit de corps puissant

      Cette explosion des violences conduit à souligner une autre spécificité de la police. Elle attire des personnes peu représentatives de la population dans leur attitude par rapport à la violence. Une majorité des personnes désirant devenir policiers se caractérise par une conception purement répressive du futur métier potentiel. Une fois admis, les nouveaux policiers traversent une période de formation au cours de laquelle ils n’apprennent pas seulement les gestes techniques, mais s’imprègnent de la vision du monde de l’#institution_policière.

      C’est une vision assez singulière car les policiers se vivent dans une « citadelle assiégée », qui produit un esprit de corps puissant. Assiégée par qui ? Par le reste de la population que les policiers tendent ainsi à considérer au mieux avec méfiance, au pire avec hostilité. De ce point de vue, lorsque l’ancien préfet Lallement fait savoir à une « gilet jaune » qu’ils ne se trouvent pas dans le même camp, il ne s’agit pas d’un dérapage. C’est un moment de vérité sur la manière dont la police voit la population. De l’hostilité à la violence physique, il n’y a qu’un petit pas, que les policiers ont franchi dès les premières manifestations contre la réforme des retraites.

      Certes, Olivier Faure ne fait pas totalement fausse route [déjà presque mort, il se nourrit à la paille] : le gouvernement est le premier responsable de l’escalade violente actuelle. En refusant d’écouter l’opposition massive à la réforme des retraites, puis en jetant de l’huile sur le feu avec la décision du 49.3, il a réussi à transformer une crise sociale en crise démocratique. Mais rien n’oblige la police à exécuter les ordres du gouvernement avec brutalité – à moins qu’elle ne sache fonctionner autrement. [parce que "la police e déteste tout le monde" ?]

      Paul Rocher est économiste, auteur de Que fait la police ? Et comment s’en passer (2022, La Fabrique)

      #travail #autonomie_professionnelle

  • Communiqué au sujet de S., camarade au pronostic vital engagé à la suite de la manifestation de Sainte-Soline
    https://iaata.info/Communique-au-sujet-de-S-camarade-au-pronostic-vital-engage-a-la-suite-de-la

    Samedi 25 mars à Sainte Soline, notre camarade S. a été atteint à la tête par une grenade explosive lors de la manifestation contre les bassines. Malgré son état d’urgence absolue, la préfecture a sciemment empêché les secours d’intervenir dans un premier temps et d’engager son transport dans une unité de soins adaptée dans un second temps. Il est actuellement en réanimation neurochirurgicale. Son pronostic vital est toujours engagé.

    Le déferlement de violences que les manifestants ont subi a fait des centaines de blessés, avec plusieurs atteintes graves à l’intégrité physique comme l’annoncent les différents bilans disponibles. Les 30 000 manifestants étaient venus dans l’objectif de bloquer le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, un projet d’accaparement de l’eau par une minorité au profit d’un modèle capitaliste qui n’a plus rien à défendre sinon la mort. La violence du bras armé de l’Etat démocratique en est la traduction la plus saillante.

    Dans la séquence ouverte par le mouvement contre la réforme des retraites, la police mutile et tente d’assassiner pour empêcher le soulèvement, pour défendre la bourgeoisie et son monde. Rien n’entamera notre détermination à mettre fin à leur règne. Mardi 28 mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages, prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos mouvements.

    Vive la révolution.

    Des camarades du S.

    P.-S.
    Si vous disposez d’informations concernant les circonstances des blessures infligées à S., contactez-nous à : s.informations@proton.me

    Nous souhaitons que ce communiqué soit diffusé le plus massivement possible.

    #maintien_de_l'ordre #violence_d'État #violences_policières #gendarmerie #armes_de_la_police #GM2L #Manifestation #mégabassines #Sainte_Soline #blessés #urgence_vitale #coma #traumatisme_cranien #entre_la_vie_et_la_mort

    • Si vous disposez d’informations concernant les circonstances des blessures infligées à S., contactez-nous à : s.informations@proton.me

      Nous souhaitons que ce communiqué soit diffusé le plus massivement possible.

      @rezo ?
      hier, afin de sommer la préfète de cesser de bloquer l’acheminement des blessés (ordre donné au Samu), la commission d’observateurs LDH a rompu sa règle en diffusant de suite, et pas après manif et synthèse, un communiqué

      et toutes et tous, merci de faire circuler parmi qui aurait été présent

    • COMMUNIQUE des parents de SERGE [reçu par mel]

      Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un « pronostic vital engagé », suite à la blessure occasionnée par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline (79) contre les projets de bassines irrigantes.

      Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l’arrivée des secours ; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d’une enquête de police, et détournement d’informations contenues dans un fichier de leur finalité.

      Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que :

      – Oui, Serge est fiché « S » - comme des milliers de militants dans la France d’aujourd’hui.

      – Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires - comme la plupart des gens qui se battent contre l’ordre établi.

      – Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes - comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu’une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.

      Nous considérons qu’il ne s’agit là nullement d’actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.

      Les parents de Serge
      Le Mercredi 29 mars 2023

    • Communiqué n°2 : À propos de la construction policière autour de Serge et des autres blessés de Sainte Soline

      Alors que notre camarade Serge se bat comme un lion pour garder la vie que l’Etat essaie de lui enlever, nous assistons à un nouveau déferlement de violences, cette fois-ci médiatiques, qui vise à faire de lui un homme qu’on peut légitimement abattre. Aujourd’hui, il est toujours dans le coma et son pronostic vital est toujours engagé. Notre solidarité va aussi à Mickaël et à toutes celles et ceux qui ont rencontré la violence de la police sur leur chemin.

      Les mots du pouvoir d’état sont inlassablement répétés sur les plateaux des médias bourgeois pour construire l’ennemi qu’ils veulent combattre. Leur écran de fumée ne supportera pas les dizaines de récits qui sont venus recomposer le déroulement des faits. La gendarmerie a utilisé des grenades dans le but d’abîmer les manifestants et a orchestré la faillite de la prise en charge des secours, quitte à laisser mourir les camarades.

      Les services de renseignements distribuent à tour de bras le dossier de Serge dans les rédactions dans le but d’imposer le prisme policier pour désigner ce que nous sommes. Nous ne nous amuserons pas ici à démonter chacune des versions policières volontairement tronquées. Ça serait croire qu’une quelconque vérité à ce sujet puisse exister dans les arcanes des propagandes étatique et médiatique. Serge, en tant que militant révolutionnaire, participe depuis de nombreuses années de toute sa volonté aux différentes luttes de classe qui surgissent contre notre exploitation, toujours dans un souci d’élargissement, de renforcement et de victoires pour les prolétaires.

      Parce que oui, nous ne pouvons pas nous résigner à l’écrasement.

      Nous appelons toutes celles et ceux qui le connaissent à dire autour d’eux qui il est. Mais en se souvenant d’une chose : Serge, dans la lutte, refuse la stratégie du pouvoir de désigner les bons et les mauvais. Nous tenons, avec lui, cette ligne.

      Mardi 28 mars, des gens d’un peu partout ont pris l’initiative de témoigner de leur solidarité au cœur du mouvement contre la réforme des retraites en France. Nous avons également reçu de nombreux messages de camarades d’autres pays. Nous les en remercions chaleureusement et les invitons à poursuivre et renforcer la lutte. D’autres initiatives sont d’ores et déjà programmées et nous appelons les gens à les rejoindre et à les multiplier, sans modération, en France et dans le monde.

      Nous appelons à diffuser massivement ce communiqué.

      PS : de nombreuses rumeurs circulent sur l’état de santé de Serge. Ne les relayez pas. Nous vous tiendrons informés de l’évolution de la situation.

      Pour nous contacter : s.informations@proton.me

      Des camarades du S.

  • Sainte-Soline : empêcher l’accès à la mégabassine, quel qu’en soit le coût humain - LDH
    https://www.ldh-france.org/premiere-synthese-observations-des-24-26-mars-2023-a-sainte-soline

    Première synthèse – Observations des 24-26 mars 2023 à Sainte-Soline

    Communiqué de l’interobservatoires, dont la LDH est membre

    Ce document est publié à titre de première synthèse des faits les plus saillants relevés par les équipes d’observation. Le rapport d’observation complet fera l’objet d’une publication ultérieure.

    Du vendredi 24 mars au dimanche 26 mars, 22 membres des observatoires des libertés publiques et des pratiques policières du 93, de Gironde, de Paris, du Poitou-Charentes et de Toulouse étaient présent-e-s pour observer le maintien de l’ordre sur la zone de Sainte-Soline dans le cadre des mobilisations contre les « mégabassines ».

    Dès nos premières observations le vendredi, nous avons constaté le bouclage ultra-sécuritaire de la zone avec des barrages routiers assortis de contrôles d’identité et de fouilles de véhicules généralisés, ainsi que la présence d’un camion doté d’un dispositif de renseignement. Ces opérations se sont poursuivies jusqu’au dimanche.

    Six équipes d’observateur-ices étaient présentes sur le terrain de la manifestation le samedi 25 mars.

    Dès le départ des cortèges depuis Vanzay jusqu’à leur retour, ceux-ci ont été surveillés de manière constante par un à deux hélicoptères.

    Avant l’arrivée des manifestant-e-s sur le site de la bassine de Sainte-Soline, des binômes de gendarmes armés et coiffés de casque de moto, montés sur 20 quads, sont venus à leur contact. Les cortèges ont dès lors fait l’objet de tirs massifs et indiscriminés au gaz lacrymogène, créant une mise en tension importante.

    Dès l‘arrivée des cortèges sur le site de la bassine, les gendarmes leur ont tiré dessus avec des armes relevant des matériels de guerre : tirs de grenades lacrymogènes, grenades assourdissantes, grenades explosives de type GM2L et GENL, y compris des tirs de LBD 40. Nous avons observé des tirs au LBD 40 depuis les quads en mouvement.

    Des grenades ont été envoyées très loin et de manière indiscriminée dans les cortèges, à l’aide de lanceurs et de dispositifs de propulsion à retard. Les détonations très rapprochées de grenades explosives étaient régulièrement suivies de cris d’appel au secours pour assistance médicale. Certaines grenades lancées n’ayant pas explosé, le terrain était miné, donnant lieu à des explosions différées.

    A été également observé l’usage de deux canons à eau. Par ailleurs, nous avons observé la présence de fusils (FAMAS) ainsi qu’au moins un fusil à type produit marquant codé EMEK EMF 100, PMC.

    Le dispositif a mis gravement en danger l’ensemble des personnes présentes sur place, occasionnant de très nombreuses blessures souvent graves allant même jusqu’à plusieurs urgences absolues. (...)

    #mégabassines #Bassines #no_bassaran #méga-bassines
    #Sainte_Soline

  • Mardi 28, et après, on continue, aussi nombreux et déterminés !

    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/mardi-28-et-apres-continue-aussi-nombreux-et-determines-573412.html

    Éditorial des bulletins d’entreprise LO

    En recourant au 49.3 et en étalant sa morgue, Macron a donné un second souffle à la mobilisation. Depuis dix jours, les #manifestations spontanées, les rassemblements de soutien aux grévistes des raffineries ou du nettoyage, les opérations de tractage et les #débrayages dans les entreprises se multiplient.

    La journée de jeudi 23 a confirmé ce regain de #colère. Après plus de deux mois de contestation et neuf journées de mobilisation, les cortèges ont partout été massifs et renforcés par la présence de la #jeunesse, atteignant parfois un record de participation. Tous ceux qui ont manifesté étaient fiers de répondre comme il le fallait au passage en force de #Macron.

    Le retour des #black_blocs a nourri les chaînes de télé, avides d’images spectaculaires. Pour ces chaînes, qui appartiennent pour la plupart à la #grande_bourgeoisie et servent ses intérêts, c’était l’occasion rêvée pour dénigrer la #mobilisation, assimiler les manifestants à des casseurs et surtout faire peur. Autrement dit, pour servir la soupe à Macron.

    Mais l’essentiel à retenir de cette journée, ce ne sont pas les poubelles en feu et les affrontements avec les forces de répression en marge des cortèges syndicaux. Le plus important est que le sentiment d’injustice et de colère grandit dans le monde du travail. C’est que de plus en plus de travailleuses et de travailleurs rejoignent la mobilisation et s’opposent à la politique férocement antiouvrière du gouvernement et du #grand_patronat.

    La #grève des #éboueurs en est le symbole. Bas salaires, absence de reconnaissance, mauvaises conditions de travail, faibles possibilités d’évolution… les éboueurs représentent une des catégories les plus exploitées du monde ouvrier. Eh bien, ils nous montrent comment relever la tête !

    Ils nous rappellent la force que représentent les travailleurs qui font tourner la société. Une minorité richissime peut trôner au sommet et acheter à peu près tout ce qu’elle veut grâce à ses milliards, mais s’il n’y a personne pour ramasser ses poubelles, son monde peut vite devenir un enfer.

    La radicalité n’est pas de mettre le feu aux poubelles, c’est de ne pas les ramasser tant que les travailleurs n’ont pas obtenu satisfaction. Pour se faire respecter, à la fois de Macron et du grand patronat, rien n’est plus radical et efficace que de se mettre en grève, d’arrêter la machine à profit des capitalistes et d’occuper les lieux de travail.

    Aujourd’hui, le pouvoir mise sur la #répression, les coups de matraques, les #violences_policières et les réquisitions de grévistes pour mettre un terme à ce mouvement. Cela lui serait impossible avec une grève qui se propage à toutes les entreprises. Aucune compagnie de #CRS ne serait en mesure de déloger les millions de grévistes et encore moins de les remplacer à leurs postes de travail.

    C’est la grève qui peut nous donner la force de faire plier Macron. Pour l’instant, il joue les inflexibles. Il a néanmoins dû renoncer aux fastes de Versailles et au dîner royal prévu avec Charles III. Pour le reste, il n’a pas bougé d’un centimètre. Il s’est même moqué des chefs syndicaux en se disant à leur disposition pour discuter de tout, sauf de la retraite à 64 ans !

    Son attitude ne s’explique pas seulement par une mégalomanie aiguë. Macron est dans son rôle. Il gouverne pour la bourgeoisie, c’est-à-dire contre les travailleurs.

    Macron l’a expliqué dans son interview au JT de 13h : « Il n’y a pas 36 solutions pour équilibrer le régime des retraites ». C’est vrai, il y en a deux : faire payer la grande bourgeoisie dont les coffres forts débordent ou prendre sur la retraite des travailleurs.

    Alors, le bras de fer est là, il faut le mener jusqu’au bout. Le combat n’est pas facile car la bourgeoisie, même richissime, est déterminée à ne rien céder. Malgré des profits et des dividendes record, elle est toujours sur le pied de guerre pour aggraver l’exploitation, baisser les salaires et écraser les droits des travailleurs. Car il lui faut conserver son rang et, donc, accumuler toujours plus et plus vite que ses concurrents, cela dans une situation économique qui se tend avec la crise, les faillites bancaires et les menaces de guerre.

    Alors, oui, la bourgeoisie et Macron ne veulent pas céder. Eh bien, à nous de faire preuve d’autant de détermination dans le combat !

    Avec cette contestation, une brèche a été ouverte. Profitons-en pour nous regrouper et exprimer nos revendications dans chaque entreprise. Partout, discutons et organisons-nous. Et mardi, retrouvons-nous à plusieurs millions dans la rue.

    Ce que le gouvernement fait, les travailleurs en grève peuvent le défaire !

  • Quand une équipe des BRAV-M dérape au cours d’une interpellation : « Je peux te dire qu’on en a cassé, des coudes et des gueules »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/03/24/je-peux-te-dire-qu-on-en-a-casse-des-coudes-et-des-gueules-quand-la-brav-m-d

    La séquence dure plus de vingt minutes, enregistrée discrètement par un membre d’un groupe de sept personnes interpellées, lundi 20 mars, à l’angle des rues des Minimes et du Béarn, dans le 3e arrondissement de Paris. Entre commentaires à caractère sexuel, gifles, menaces et vantardises, ce document sonore, que Le Monde a pu authentifier, jette une lumière crue sur le comportement de fonctionnaires en contradiction totale avec les règles déontologiques autant qu’avec la loi.

    #paywall

  • Dans un enregistrement sonore d’une vingtaine de minutes que Loopsider s’est procuré, plusieurs policiers des Brav-M menacent et intimident sept jeunes gens interpellés lundi soir après une manifestation contre la réforme des retraites. Voici une partie de ce document édifiant.
    https://video.twimg.com/amplify_video/1639301478060834818/vid/720x720/hrsk2Mrma9AIZUZz.mp4?tag=16


    https://twitter.com/Loopsidernews/status/1639302300790407170?cxt=HHwWhIC-4bqw_L8tAAAA

    Voilà ce que c’est, la BRAV-M.
    Dissolution 🔥🔥🔥
    🎥@Loopsidernews #ViolencesPolicières #manifestations

  • Se protéger des armes de police : quelques bases de survie
    https://desarmons.net/2023/03/21/se-proteger-des-armes-de-police-quelques-bases-de-survie

    Avant de s’aventurer en manifestation, il est absolument indispensable d’anticiper les moyens de se protéger des violences policières. Que l’on soit favorable ou non à l’action directe en manifestation ou à la confrontation avec les forces de l’ordre, la protection et l’autodéfense sont une question indépendante de toute stratégie offensive, qu’on se doit d’aborder de manière pragmatique et rationnelle : en tant que personnes civiles, nous avons un plein droit au respect et à la conservation de notre intégrité physique. Il n’y a jamais proportionnalité à partir de l’instant où des populations civiles (non équipées d’armes de guerre) font face à des forces armées (équipées de fusils et grenades). Source : Désarmons-les (...)

  • Macron matraque sa réforme : les violences illégitimes se multiplient
    https://www.off-investigation.fr/macron-matraque-sa-reformeles-violences-illegitimes-se-multiplient

    Le 22 mars 2023, aux 13h de TF1 et France 2, Emmanuel Macron signe et persiste : il ne reculera pas. La veille, reçevant des députés de la majorité à l’Élysée, il avait déclaré : « la foule, quelle qu’elle soit, n’a pas de légimité face au peuple qui s’exprime souverain à travers ses élus ». Dans toute la France, les bavures policières se multiplient. (...)

    #violences_policières

  • La police, une arme de classe contre les travailleurs
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2017/05/15/la-police-une-arme-de-classe-contre-les-travailleurs_91492.h

    #archiveLO (5 mai 2017)

    Dans cette société, les policiers sont peut-être des «  gardiens de la paix  » et des «  forces de l’ordre  » mais de la paix sociale et de l’ordre bourgeois.

    [...] Vu sous cet angle, faire mine de s’étonner de ce que la #police réprime et agresse est, là encore, au moins naïf, et en réalité mensonger dans la bouche de politiciens de gauche. Et accuser la police de ne pas être républicaine n’a aucun sens. On pourrait accuser la police de n’être pas républicaine si elle participait à un coup d’État pour mettre en place une dictature militaire, par exemple, et c’est arrivé bien souvent dans l’histoire. Mais en dehors de ce cas, la police se comporte conformément aux règles de la république bourgeoise. Et au-delà, elle ne se préoccupe pas du régime sous lequel elle officie ni de la couleur politique du gouvernement.

    Il suffit d’imaginer – et le cas a peut-être existé – un policier français qui aurait eu une carrière de trente années, commencée en 1934. Sa première mission aurait été, le 6 février 1934, sous un gouvernement de droite, de combattre dans la rue contre les milices fascistes qui marchèrent ce jour-là sur l’Assemblée nationale. Quatre ans après, il aurait réprimé tout aussi brutalement la grève générale du 30 novembre 1938, qui se solda par la condamnation à la prison de plus de 500 grévistes. Moins d’un an plus tard, il aurait appliqué les décrets de dissolution et d’interdiction des organisations ouvrières avant de jouer, pendant le régime de Pétain, le rôle particulièrement ignominieux que l’on sait dans la chasse zélée aux Juifs. Le même policier, après avoir participé à la rafle du Vél’d’Hiv et à l’arrestation quotidienne de Juifs et de communistes pour les envoyer vers les camps d’extermination, se serait ensuite vu amnistier de tout crime à partir de la fin de la guerre, passer tranquillement de policier vichyste à policier de la IVe République, et se retrouver à réprimer avec une extrême #violence les grèves de mineurs du Nord, en 1948. Et il aurait pu finir sa carrière à Charonne, le 8 février 1962, où la police tua huit manifestants contre la guerre d’Algérie, ou le 17 octobre 1961, où plusieurs centaines d’Algériens furent abattus par la police et jetés à la Seine.

    Bien sûr, il est peu probable qu’un seul policier ait connu tous ces événements, mais l’institution qu’est la police, elle, a connu tous ces événements et bien d’autres encore. Sous le Front populaire, sous Vichy, sous de Gaulle, sous la gauche comme sous la droite, la police a toujours réprimé et même assassiné sur ordre, quand cela était jugé nécessaire par les tenants de l’ordre capitaliste.

    Cela fait plus d’un siècle qu’Engels d’abord, puis Lénine, ont défini l’État comme étant avant tout composé de «  détachements spéciaux d’hommes armés  » protégeant les intérêts de la classe dominante.

    Parce qu’elle est profondément injuste et inégalitaire, parce qu’elle est fondée sur l’exploitation, parce qu’elle fait cohabiter une minorité de riches avec un océan de pauvres, la société capitaliste ne pourrait exister sans ces détachements spéciaux d’hommes armés qui imposent par la force le respect de l’ordre social. À commencer par le respect de la propriété, puisque l’une des principales tâches de la police est d’empêcher le vol. Et à plus grande échelle, la tâche de la police – et de la gendarmerie – consiste à encadrer les manifestations et à mater les #révoltes lorsqu’elles dépassent un cadre admissible à un moment donné, pour un gouvernement donné. [...]

    Mais ici comme ailleurs, le comportement de la police changera lorsque changeront les rapports sociaux.

    C’est la raison pour laquelle parler, comme cela a souvent été entendu pendant les #manifestations contre la loi travail dans la bouche de militants du mouvement, d’une «  répression inouïe  » et d’une violence «  jamais vue  », est une erreur. Une erreur historique, d’abord, parce que le #mouvement_ouvrier a connu des #répressions infiniment plus brutales et plus meurtrières. Et une erreur politique, parce que croire que des coups de matraque et des gaz lacrymogènes, c’est cela la répression policière, c’est risquer d’être bien démuni lorsque la police traitera à nouveau les manifestants à la mitrailleuse.

    Il ne fait pourtant pas de doute que cela arrivera de nouveau, y compris en France, le jour où les travailleurs relèveront la tête et contesteront les fondements de l’#ordre_social.

    #capitalisme #répression #lutte_de_classe #violences_policières

    • La police fait œuvre utile quand elle se porte au secours de la veuve et de l’orphelin, mais son rôle fondamental est répressif. Il est d’imposer une légalité où la prospérité d’une minorité capitaliste est fondée sur l’injustice, les sacrifices et les souffrances de l’écrasante majorité. Sans ce pilier autoritaire et répressif, l’ordre capitaliste ne tiendrait pas debout. Et c’est encore plus vrai avec la crise économique qui fait exploser le chômage et la pauvreté et aggrave le pourrissement de la société.

      Depuis déjà plusieurs années, le pouvoir entasse les lois sécuritaires au prétexte de lutter contre la délinquance, les trafics et le terrorisme, mais aussi pour réprimer les contestations sociales comme celle des Gilets jaunes.

      Dans cette période de crise où le gouvernement et les capitalistes imposent de nouveaux sacrifices aux travailleurs et préparent le recul inédit de nos droits, ils s’attendent aussi à des réactions sociales. Et ils se préparent à les museler et les mater, y compris de façon violente. Alors oui, le cours réactionnaire et autoritaire va s’accélérer et, avec lui, le sentiment de toute-puissance des policiers. Ceux qui se mobilisent et ne veulent pas de cette évolution doivent comprendre le lien qu’il y a entre ces violences et la société d’exploitation. On ne se débarrassera pas du racisme et des violences policières sans remettre en cause le fondement capitaliste de l’ordre social.

      Police, une violence à l’image de la société d’exploitation !
      https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/police-une-violence-limage-de-la-societe-dexploitation-153166.html

  • « On est à la veille d’une insurrection. J’ai peur qu’un de mes gars tue un manifestant »

    #Violences, #interpellations_abusives... : le retour d’un #maintien_de_l’ordre qui sème le #chaos | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/200323/violences-interpellations-abusives-le-retour-d-un-maintien-de-l-ordre-qui-

    Depuis jeudi, la majorité des 61 compagnies de CRS sont missionnées sur le maintien de l’ordre, en particulier à Paris, Nantes, Rennes, Bordeaux, Marseille, Lyon et Dijon. « Les missions qui relevaient du plan national de sécurité renforcée notamment à Calais ou à Marseille, pour lutter contre la drogue ou l’insécurité, sont passées aux oubliettes, explique un responsable syndical chargé des #CRS au niveau national. La priorité pour Darmanin, c’est de sécuriser Paris et les sites institutionnels sensibles comme l’Élysée, et le mot d’ordre est de “disperser tout mouvement non déclaré”, donc illégal. »

    Ce policier n’a pas souhaité témoigner sous son identité. « La situation est difficile. Le jeudi, je manifeste contre cette réforme que je trouve violente, confie-t-il, et je vais continuer », dit-il avant d’ajouter au sujet du 49-3 : « Était-ce vraiment utile vu le déferlement de colère que cela a provoqué ? » 

    « On est à la veille d’une insurrection. J’ai peur qu’un de mes gars tue un manifestant », confie un commandant de compagnie de CRS à Mediapart. « J’espère que la motion passera et que la #dissolution de l’Assemblée sera prononcée. On reviendrait ainsi à une gestion plus démocratique du pays. » Ce haut gradé qui dirige près de 70 hommes précise que ce sont les #préfets qui transmettent les ordres du ministre.

    « Pour le moment, ceux que j’ai reçus en participant au maintien de l’ordre, dans deux villes importantes, restent relativement “républicains”. Mais il n’y a aucune garantie qu’un drame ne se produise pas », rappelant qu’un CRS a sorti un fusil HK G36 à Nantes, lors de la manifestation du 18 mars. 

    « C’est évidemment dangereux et inquiétant que cela ne questionne pas davantage dans nos rangs. Cela montre que des #policiers ne sont absolument pas résilients. C’est pour cela que le #président s’amuse à un jeu très dangereux qui peut se terminer par un drame, que je redoute : le décès d’un #manifestant. »

    • ça serait intéressant d’avoir un ou deux avis de sociologues de terrain rapport au climat insurrectionnel ; je suis pas persuadé que c’est vraiment le cas ; l’autre article de Mediapart, le reportage dans les facs, semble indiquer plutôt une mobilisation étudiante certes en augmentation mais trop faible pour accrocher ou tenir ; et auto-consciente de ses limites à agir compte tenu du faible nombre et vu le niveau de répression

    • ben ils sont solides les bougres ; ceci dit, s’ils continuent à exécuter les ordres - des politiques - ça devrait finir par mal tourner pour eux, quand les pros de l’insurrection vont utiliser des tournevis lors des charges ou des lance pierre de chasse avec des boulons

    • Agent administratif dans un lycée du XIIIe arrondissement – « il faut que je me sape » se justifie-t-il donc – Frédéric Mathieu est venu en sortant du travail. « T’as vu, on est pacifistes », dit-il pour souligner son incompréhension face au refus de l’exécutif d’entendre la rue. « On les envoie à l’ENA et ils ne sont pas capables de maintenir le système par répartition ? » s’interroge-t-il encore quand on évoque le déficit de 12 milliards d’euros justifiant la réforme. « Pendant deux ans de plus je serai pauvre et puis je resterai pauvre », constate ce locataire d’un HLM à Conflans, qui met son réveil à 5h35 tous les matins pour prendre le bus de 6h40. Et les manifestations inopinées d’étudiants comme hier soir ? « Ils ne vont pas se laisser faire les jeunes, croit-il. Ils ne sont pas comme nous. »

      https://www.liberation.fr/economie/social/en-direct-reforme-des-retraites-reunions-manifestations-requisitions-suiv

    • Insurrection sauce fonction publique

      Fonction publique, annulations de réunions en série. Le conseil d’administration de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (Cnracl) où devaient être présentées les conséquences du projet de loi sur les retraites pour les agents des fonctions publiques territoriale et hospitalière aurait dû se tenir aujourd’hui. Il a été annulé. Les organisations syndicales y siégeant avaient refusé d’y participer. Dans un courrier commun, la CGT, FO, et la CFDT, demandent le retrait du projet de réforme. Elles attirent aussi l’attention sur les millions d’agents concernés, et notamment les femmes, « grandes perdantes » ainsi que ceux qui exercent des métiers pénibles, qui ne sont « même pas pris en considération » avec « l’ajout de ces deux années supplémentaires à des personnels déjà usés et fragilisés par leurs conditions de travail très dégradées ». Ce n’est pas la seule réunion qui a été annulée dans la fonction publique. Le 21 mars également, les huit syndicats de la fonction publique auraient dû se rencontrer avec l’administration pour discuter des élections professionnelles passées et des chantiers du ministre, notamment sur les rémunérations et les conditions de travail.

  • Déboîter le corps social

    Dominer c’est martyriser, tailler, couper dans la chair et les graisses depuis toujours. Mais pour percevoir l’inventivité clinique de l’appareil d’État macronien, il faut se rendre sur le boulevard pour comprendre comment se déploie en ce moment sur des populations entières un art médical instruit des derniers progrès d’une chirurgie orthopédique des âmes. Ce savoir anatomique concerne tous les membres du corps social : avec ses os, tendons, jointures, articulations, et surtout... ses nerfs. Le projet de Macron c’est de déboîter tout un peuple. Écraser « ceux qui ne sont rien », "emmerder jusqu’au bout" la France entière et se venger des Gilet Jaunes sont maintenant les uniques obsessions du tyran loin de toute préoccupation d’ordre politique. À revers de ce supplice raffiné, l’implication des corps disloqués fait la solidarité des chairs impatientes. Emmerdons l’emmerdeur... jusqu’au bout.

    GREY BLOC

    La manifestation précédant celle du samedi 11 mars avait été un magnifique feu d’artifice sur l’avenue Daumesnil avec ses guirlandes de poubelles incendiées pour fêter la grève des éboueurs. C’est pour cela que pour la manifestation suivante, celle du mercredi 15 mars, le plus tout à fait nouveau préfet de police Laurent Nuñez avait fait annoncer par son grand ami, le directeur du très droitard Le Parisien, la présence de 1400 « casseurs » pour une occasion inespérée de venger l’affront.

    Et l’on allait voir ce qu’on allait voir, parce que Laurent Nuñez est au maintien de l’ordre ce que Chanel est à la haute-couture française : une exigence de raffinement jamais démentie. Laurent Nuñez, ce n’est pas ce rustre de Lallemant, ce kéké de sous-préfecture qui se prend pour Goebbels quand il chevauche sa Harley. Laurent Nuñez c’est la manière espagnole, à l’opposé d’une brutalité trop manifestement germanique (énorme bourde au pays de l’Occupation).

    Laurent Nuñez, c’est le doigté du flamenco, l’esprit de finesse du jésuite Baltasar Gracián allié à la rouerie du courtisan du siècle d’or. Nuñez-le débonnaire, à la bedaine stoïque de Sancho Panza est là pour faire oublier le futur projet d’« immigration-remigration » du triste sieur Darmanin. Avez-vous remarqué qu’invité au bal, l’ingénieux hidalgo de Tourcoing aiguise en ce moment sa petite moustache franquiste ? Conduite par ce triste attelage, la manifestation du 15 mars fit symptôme en terme d’exotisme et du point de vue de l’art des castagnettes.

    Arrivé sur place : « Surprise, surprise ! ». Les 1400 « casseurs » annoncés en Guests Stars du Parisien ne font pas cortège de tête. Que se passe-t-il ? La réalité c’est qu’à la place du Black Bloc, un immense GREY Bloc, cortège aux tempes grisonnantes, a remplacé la matière noire en tête de manif. Quel est ce prodige ? De pauvres cassos auraient-ils remplacé les authentiques « casseurs » ?

    Tout cette chair sent la douleur : l’épaule fatiguée côtoie les lombaires usées, la jambe qui flagelle négocie avec l’épicondylite du coude. Les doigts craquellent aux jointures non loin des poignets engourdis. L’arthrite du genou s’enflamme.

    Le Grey Bloc c’est un système de vases communicants : des milliers de gens en ont marre de la foire du Trône et des flonflon de l’arrière, ils sont venus chercher autre chose à l’avant, histoire de refaire corps ensemble quand la carcasse flanche. On avait promis de bloquer le pays, mais sans jamais appeler à la grève générale c’est peut-être ce qui rassembla ces corps cassés pour refaire solidarité.

    Pour la préfecture c’est une tuile, les invités VIP ne sont pas venus à la fête. Qu’allait on faire des pétards, des cotillons, des pandores frisés, lustrés, enrubannés, tout costumés pour la parade ? La maréchaussée arrive très excitée par la promesse d’une vengeance-spectacle. L’effroyable et vivante mêlée qui la nargue depuis des années doit mériter le Waterloo de ce jour. Mais là, que faire avec cette bande de bras cassés, cour des miracles en goguette qui traîne ses jointures usées sur le boulevard ?
    Port Royal, Port Royal, morne plaine

    Il est un fait que c’est en cet endroit funeste que le buffet a été servi, tout proche de l’entrée des urgences de l’hôpital Cochin, là où le boulevard du Port-Royal s’élargit. Les urgences de Cochin c’est le mur des fédérés de la Génération 2018, avec ses quatre-vingts Gilets Jaunes admis aux urgences chaque soir de manifestation.

    Mais ce jour ci, point de Black Bloc ni de Gilets d’or. La plus haute technologie policière a donc été convoquée pour rien. Fiasco. La maréchaussée trépigne. Rage, rage, pleurs de rage. Port Royal, Port Royal, morne plaine.

    Que faire ? Où trouver « casseur » à casser ? Impossible de battre retraite sans avoir déboîté du Black Bloc. Dans la tête du préfet c’est la danse mauresque l’obsession des « casseurs » tourne et retourne à toute vitesse. On avait bien précisé qu’à seize heures tapantes, c’était l’heure du goûter gendarmesque. C’est pourquoi, lui d’habitude si stoïque, si modéré, si distingué, si Todo su control, le voilà devenu Don Quichotte hallucinant des moulins à vents. Autant de bras battant des ailes dans sa cervelle en tourmente.

    C’est pourquoi à cette heure funeste le pauvre Grey Bloc fut pris à partie. Sur ordre du préfet, la maréchaussée se jette sur les crinières poivre et sel en une immense clameur : « -Faute de grive mangeons du merle ! ». Sous l’effet d’une gigantesque tenaille très clairement préméditée, des centaines de boucliers fondent sur une foule de paisibles préretraités. Innocentes victimes que l’idée de fuir ne traverse même pas.

    Est-ce par effet d’une fascination pour l’objet de leur perpétuel désir que les pandores chargent le retraité en essaim, façon Black Bloc ? Mais là où le Bloc charge en essaim c’est pour taper quelque banque - comme pique une abeille pour rappeler qu’elle existe - ; alors qu’ici, c’est l’attaque des frelons asiatiques, espèces invasives venues d’ailleurs, hordes qui ne connaissent d’autre loi que la leur.

    En un immense bourdonnement toute une colonie de frelons se précipite sur moi sans raison. Ils sont plus d’une centaine, la masse compacte et affamée se jette sur moi. Arthrose, arthrite, seul au milieu du boulevard, vont-il voir que je boîte ? Quand il s’approche, l’insecte aveugle est guidé par l’odeur du sang, seuls le guide les aboiements de sa hiérarchie. Les uniformes-carapaces font méga-thorax, mais derrière les hublots, je vois leur yeux-lucarnes comme dans un bocal. À moins qu’il ne porte talonnettes, l’insecte me dépasse d’une bonne toise. C’est lorsque je me retourne que le plat d’un bouclier s’abat lâchement sur l’épaule. Plat contre omoplate, l’effet de masse des corps blindés, caparaçonnés, soudés est tel que l’onde de choc destructrice se propage à toute vitesse dans mes organes. Omoplate, humérus et clavicule divorcent. Ma ceinture scapulaire ne tient plus mon corps Impression d’être fauché par une voiture sur le boulevard.

    Sensation de démembrement étrange.

    Ensuite, sensation de vol, puis effroyable choc : l’asphalte du sol me retombe lourdement sur le dos. Des médics m’entourent. L’intensité de la douleur me submerge. Je perds connaissance. Mes deux bras ne peuvent plus bouger, me voilà devenu pingouin. Je rampe jusqu’aux urgences sur le boulevard-banquise. Je cherche le « Service des fauchés sur le pavé ». Quelle est la nouvelle méthode du gouvernement Macron ? Planquer les blessés dans les statistiques des piétons écrasés ? J’y pense très fort tellement cela ressemble à un accident de la circulation.

    Je suis maintenant sur un lit, dans une chambre d’isolement. On me demande si je fume. La chicha me réconfortera m’assure-t-on. Un aide-soignant me tend une pipe. Je peux lire : « Penthrox ». Selon le dictionnaire Vidal :

    « Un nouvel antalgique non opioïde indiqué dans le soulagement d’urgence des douleurs sévères associées à un traumatisme chez des patients adultes conscients. Son utilisation est limitée à un usage professionnel, notamment au sein des services d’accueil des urgences, SAMU et SMUR. »

    Face aux violences d’État, les labos ont travaillé, tout est prévu. Ils font circuler dans les services un médicament qu’on utilisait dans les années 2000 en maternité. C’est devenu la chicha du manifestant, le produit phare du moment. Ce shoot à l’avantage de permettre une réduction de n’importe quelle fracture à chaud sans anesthésie.

    Caressante extase, au gré des fumées grises, une nuit sans rêve me submerge comme un brouillard.
    Balistique des corps

    La nuit donne à penser. À la réflexion, cent corps soudés comme de lourds wagons d’un convoi de marchandises visent un transfert de masse maximale (on n’arrête pas facilement un train). Toute cette pantomime n’était pas faite de gestes gesticulés, hasardeux. C’est de toute évidence une technique, précise, méditée, longuement répétée : martyriser est un métier. Le cohérence du dispositif vise à maximiser l’onde de choc pour faire le plus de dégâts possibles en interne.

    Le calcul balistique est simple : on charge à deux-cent sur un piéton-cible afin créer une onde de choc maximale. L’impact cause un choc piéton identique au capot d’une voiture lancée sur un corps humain à pleine vitesse. À cette différence près que le bouclier pare-buffles des condés démultiplie la force du coup porté en percussion frontale.

    Pour une course à une vitesse entre 10 et 15 km/h, avec un tel transfert de masse, les blessures graves sont inévitables. Les plus fréquentes sont des contusions, des déboîtements, des fractures de l’omoplate, de l’épaule et du bras, sans compter de multiples lésions invisibles en interne. S’ajoute la probabilité d’un traumatisme crânien en réception dorsale.

    Tout cela sent le bloc opératoire. Des médecins ont-il appris aux forces de l’ordre la manière d’opérer ? C’est donc cela le secret du docteur Nuñez, ce chirurgien orthopédique boulevardier ? On crée à grande échelle des traumatismes qui ressemblent à des accidents de la route, mais sans ouvrir les chairs ni faire couler le sang, et sans barbaque sur la chaussée. Voilà la trouvaille !

    C’est ainsi qu’on réchauffe d’anciennes recettes tout en faisant une mise à jour de l’appareil technique des violences d’État. D’un côté on retourne aux classiques : le coup de bottin de commissariat ce sont les films policiers des années cinquante, ils ne laissent aucune trace sur la victime. De l’autre on industrialise la besogne sur des foules entières en recrutant des milliers d’exécutants pour rendre le geste efficace à grande échelle.

    Le sang qui coule, le steak haché qui s’exhibe sur les écrans au vingt heures pendant le repas du soir, cela fait toujours mauvais genre à l’international, surtout devant les expert de l’ONU. Après ça, comment vendre le « pays des droits de l’homme », cette plus value des sacs de marque qu’achètent les touristes chinois ? C’est la raison pour laquelle, plutôt que de faire un exemple spectaculaire, mille contusions invisibles propagent une onde de choc beaucoup plus large sur les populations, ce qui permet aussi d’occuper les légions de gendarmes que ce gouvernement a embauché depuis les Gilets Jaunes.

    La nouvelle tactique c’est le coup de Bottin collectif informé des derniers progrès de la chirurgie orthopédique. Flash ball ou Tonfa, les armes utilisées contre les Gilets jaunes produisaient des blessures individualisantes et fabriquaient autant de martyrs identifiables dont tout le monde sait les noms. Ici, la peine est collective, la nouvelle arme de guerre c’est la collision sur le boulevard. Percutez tant que vous pouvez, il en restera toujours quelque chose.
    Fractures sociales (Châtiments sans peine)

    Comme un coup de crosse, la tonfa du temps des Gilets Jaunes ouvre le crâne des sourcils à la nuque, c’est une technique de guerre à part entière. Il s’agit d’inonder de son sang un adversaire afin de l’immobiliser dans son élan, ce qui démoralise simultanément ses camarades. L’objectif c’est l’écœurement : pendant l’hiver 2018, combien de médics ont vomi dans les douches les soirs de manifestations ?

    Ici rien de tel. Les « contusions », dans le milieu médical tout le monde sait ce que cela veut dire : rien de précis . Quand il s’agit de déboîter les membres, de contusionner des corps, de traumatiser en interne sans faire couler le sang ni ouvrir les chairs, l’agression doit être invisible à la caméra et ne laisser aucune trace sur les réseaux. Mais ce n’est pas le seul avantage de cette technique. Les chocs frontaux opérés à coup de boucliers permettent d’établir un catalogue raisonné de châtiments corporels infligés directement sur la victime. Le choix des victimes a lieu au juger, c’est à dire sans jugement.

    Pour preuve de la banalisation de ces pratiques, un policier propose sur une vidéo récente, face à la caméra, de casser le bras d’un manifestant qui ne facilite pas son arrestation.

    On est là largement en dehors du droit puisque c’est la police qui se fait juge d’une peine immédiate. Aucun tribunal d’aucun État de droit, aucune société dite « civilisée » ne peut prescrire ce genre de peine.

    Petit catalogue des châtiments :

    -- La moindre « contusion » c’est entre une et deux semaines de soins, cela peut aller jusqu’à six mois.
    -- Une clavicule cassée c’est 6 semaines d’immobilisation.
    -- Un humérus fracturé c’est 6 semaines d’immobilisation et deux mois de convalescence.
    -- Une omoplate cassée, c’est 6 à 9 semaines de soins.
    -- Une épaule cassée c’est deux ans de soins.
    -- Une atteinte de la coiffe des rotateurs c’est la condamnation à perpétuité.
    (L’atteinte est répertoriée comme invalidité de guerre sur les sites d’anciens combattants).

    L’objectif c’est la « rééducation ». Les frais de rééducation nécessitent plusieurs semaines, voire des mois de réadaptation, cela donne le temps de réfléchir. Les ostéopathes ne sont pas remboursés, tout cela se fera donc aux frais des victimes, c’est une nouvelle peine d’amende à part entière. La méthode est simple, discrète, efficace et permet d’appliquer directement peines et châtiments sans passer par d’interminables procédures ou juridictions complexes.

    À cela s ’ajoute que les services d’urgence, qui n’ont pas de temps à perdre, vous déclarent en bonne santé aussitôt passé le cap de la radio (qui ne voit que les fractures). Sans perte de connaissance, les blessés sont directement renvoyés chez eux, sans IRM, échographie ni Scanner. Pour ce qui est des lésions plus graves, il est demandé une « réévaluation par le médecin traitant si persistance des douleurs ». Là vous passez en appel et la plupart du temps c’est sans réduction de peine, mais plutôt pour un allongement de la durée de la sanction. Et là je ne parle pas des souffrances psychiques, des gens qui suite au choc de l’agression, tétanisés par la peur, voient leur existence bouleversée par les cauchemars ou la paranoïa.

    Quand la douleur est machinique, la sanction est automatique. Le but est de produire de manière invisible et immédiate une immobilisation de toute opposition. Pourquoi s’emmerder plus longtemps avec de la paperasse et des juges ? Pourquoi prendre la peine de fignoler un dossier de convocation judiciaire :

    « Le dénommé X est accusé d’avoir le 12/04 à Paris (XVI ème arrondissement), en tout cas sur le territoire national et depuis temps n’emportant pas prescription, seul et sans arme, opposé une résistance violente en portant des coups de pieds alors qu’il était au sol pour ne pas de laisser interpeller, causant notamment une fracture de la main chez l’un des agents interpellateurs X et Y (ITT 30 jours) dépositaire de l’autorité »

    Qui lit encore cela ? Au diable la paperasse ! La police c’est la justice, la justice c’est la police, pourquoi séparer les pouvoirs ? C’est là la simple logique des fusions-acquisitions : deux entreprises fusionnent pour regrouper deux entités commerciales et maximiser leurs gains. La politique de « Contusion-Confusion » c’est gagnant-gagnant pour tous les partenaires. C’est ainsi que l’État se transforme en auto-entreprise et en État policier.

    Le problème c’est qu’à aucun moment l’on ne se demande si de fil en aiguille, on n’en vient pas à créer une machine monstrueuse, vaste logiciel de gestion des corps menés à l’abattoir par un appareil d’État à la dérive. Quand à l’exhibition systématique de la troupe, piétinant la foule comme on marche sur Rome, c’est clairement la marque des régimes fascistes
    Le supplice de Damiens 2.0

    À l’époque où des Gilets Jaunes hagards erraient pendant plusieurs heures sur le boulevard, à la recherche d’un service d’urgences, leur œil dans une main, un sac dans l’autre, cela a marqué les esprits. Quand un œil éclatait et que cela faisait le bruit d’un œuf qu’on écrase, cela ne s’oublie pas. Quand on vise l’os malaire d’un visage et que la mâchoire s’enfonce, non seulement le choc post-traumatique est inévitable mais c’est la boucherie. Le problème c’est que cela donne une mauvaise image du « pays des Lumières », et de son despote éclairé.

    Si l’on se rappelle les gilets jaunes. À partir de l’acte III, Macron a dit à sa police « -Faites ce que vous voulez ». Ils se sont exécutés, et mécaniquement ces gens ont fait ce qu’ils ont voulu. Que voulez-vous qu’il se passe quand on distribue des viseurs holographiques à de jeunes chiens fous tout en sanctionnant disciplinairement ceux qui ne veulent pas aller au ball-trap ?

    Je rappelle pour ceux qui ne sont pas informés qu’un viseur holographique EOTech permet de tirer sur une cible en mouvement sans obligation de parallaxe. Ce viseur a été inventé pour l’invasion de l’Irak en 1990. Ce viseur a été ensuite monté sur des fusils LBD et utilisé systématiquement par les forces de l’ordre pendant l’hiver 2018. Celui-ci est livré en option, « afin discriminer les parties du corps à impacter » explique pudiquement le fabricant. Un simple point rouge permet effectivement d’ajuster le tir sur n’importe quel orbite de manière très précise. Inutile d’aligner laborieusement une mire et le guidon d’une arme. Avec ce confort de tir, à vingt mètres, n’importe qui se prend pour un tireur d’élite. Et comme c’est valorisant de faire partie de l’ « élite », certains ont osé parler de « bavures » à l’époque des Gilets Jaunes. Ce qui a fait ricaner certains dans les comicos.

    Les Gilets jaunes c’est le retour au Moyen-âge. Ce qui compte dans la justice médiévale, ainsi que l’indique l’évangile de Luc, c’est : « Malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! Mieux vaut qu’on lui attache une grosse meule autour du cou et qu’on le jette dans la mer » » (Lc, 17,1-2). Ceci signifie que du point de vue du droit canonique, peu importe que le curé de Montaillou, -village Occitan- soit pédophile, violeur, adultère ou le dernier des meurtriers, tout cela relève finalement du for interne, c’est à dire de la conscience personnelle du point de vue des pratiques de confessionnal. Du point de vue de la vulgate canonique, ce qui compte avant tout, c’est de vénérer publiquement la très Sainte Trinité.

    Le pêcheur public c’est celui qui est susceptible de contaminer une communauté toute entière. Il donne le mauvais exemple et abîme la récolte comme une pomme pourrie contamine tout un panier. Dès que le scandale devient public, il faut donc l’éradiquer. C’est la raison pour laquelle, dans l’Ancien Régime, en régime de contamination virale, le scandale comme la justice sont affaire de spectacle. Quand on jette le présumé coupable à l’eau, une grosse pierre attachée au cou comme le propose l’évangéliste Luc, la justice c’est l’inverse du baptême. Le baptême intègre dans la communauté, la grosse pierre participe à un rite d’exclusion, d’excommunication, de désintégration puisqu’il faut savoir qu’à l’origine le baptême n’est pas un sacrement mais une épreuve de justice ordalique.

    Un exemple de cette justice-spectacle de l’Ancien-Régime c’est le supplice très célèbre de Robert François Damiens, condamné pour « parricide commis sur la personne du Roi Louis XV ». Il est racontée dans l’Histoire de Robert François Damiens, contenant les particularités de son parricide et de son supplice (1757) :

    « On amena dans l’enceinte quatre chevaux jeunes et vigoureux qui avaient été achetés la veille quatre cent trente-deux livres […] ils avaient obtenu la permission de dépecer le condamné. Voici comment ils s’y prirent. Les chevaux furent encore excités et lancés. Alors, quand les membres de Damiens furent tendus à point, les deux bourreaux coupèrent les nerfs aux jointures des cuisses. Cela ne se fit pas sans peine. Le sang jaillit en abondance. « Oh ! hurla Damiens ; ayez-pitié de moi, Seigneur ! Jésus, secourez-moi ! » Les couteaux fouillaient sa chair, ne s’arrêtant que devant les os. « Voyons maintenant », dit le bourreau. Les chevaux tirèrent. Cette fois une cuisse se détacha, la cuisse gauche. […] Damiens regarda encore cette douloureuse séparation , Il n’y avait plus de résistance de sa part. Après de nouvelles secousses des chevaux, l’autre cuisse partit. Restaient les bras. Les deux bourreaux recommencèrent le jeu de leurs couteaux à l’endroit des épaules et aux aisselles. On aurait dit deux bouchers travaillant dans la même viande. La cruauté a son ivresse, et ils étaient arrivés à cette ivresse-là. Ils n’épargnaient aucun nerf, aucun tendon. « Grâce ! grâce ! » criait toujours Damiens. Le bras droit tomba. Damiens ne perdit pas encore connaissance. « Ses cris continuaient, mais avec moins de bruit,et la tête continuait à aller. » Enfin, les chevaux emportèrent le dernier bras. Il n’y eut plus sur la table basse qu’un tronc qui vivait encore et une tête dont les cheveux venaient de blanchir tout à coup. Il vivait ! Pendant qu’on détachait les chevaux et qu’on ramassait ses quatre membres, les confesseurs se précipitèrent vers lui. Mais Henri Samson les arrêta en leur disant que Damiens venait de rendre le dernier soupir. La vérité est que je voyais encore l’estomac agité et la mâchoire inférieure aller et venir comme s’il parlait. Ce tronc respirait ! Ses yeux se tournèrent encore vers eux. On ne dit pas si la foule battit des mains une seconde fois.Ce qu’il y a de certain, c’est que, pendant une heure et demie que dura ce supplice, personne ne songea à quitter sa place, ni aux fenêtres ni sur le pavé. Un bûcher avait été préparé à quelque distance de l’échafaud, avec des fagots et de la paille. On y jeta d’abord les quatre membres du supplicié, et ensuite le tronc. Les débris palpitants furent recouverts d’autres fagots. On mit le feu au tout ! »

    On voit bien dans ce récit qu’il s’agit de démembrer quelqu’un pour lui arracher une malédiction qui déborde le corps social. Un individu est extrait de la société pour purifier le corps social tout entier, de la même manière qu’on pratique une saignée pour épurer le flux sanguin d’un malade dans le théâtre de Molière. Mais l’efficace du rituel n’est rendu possible qu’à la condition que ce démembrement ait lieu aux yeux de tous. La guérison du grand corps malade ne s’opère que par transsubstantiation [1]

    [1] En théologie dogmatique catholique, la...
    du sang versé dans un rituel qui implique toute la communauté. C’est pourquoi la justice médiévale est un spectacle, le rituel ne fonctionne pas s’il n’est pas accompli aux yeux de tous. Rappelons que les gens allaient encore avec leurs enfants assister aux exécutions capitales jusqu’au début de le seconde guerre mondiale.

    Aujourd’hui quand on veut déboîter tout un peuple, les corps sont démembrés à l’abri des regards, c’est à dire au plus intime des corps, c’est la raison pour laquelle la nouvelle technique du maintien de l’ordre n’assume plus la visibilisation des violences d’État. Pour preuve, le preux cavalier Macron ne plastronne plus :

    « Oyez, Oyez, boursemolles, ribaudes et puterelles, traversez ruisseau pour trouver boulot, en mon château me venez chercher ! ».

    L’époque a changé, la bête attaque maintenant systématiquement de dos. On le voit bien avec cette réforme des retraites qu’un gouvernement abject tente de faire passer par une loi sur la sécurité sociale. Le nouveau supplice de Damiens c’est la colonie pénitentiaire de Kafka. Dans ce récit une machine inscrit la peine dans l’intimité du corps du supplicié, ici cette intimité est largement distribuée tout en étant privatisé : miracle de la bio-logistique des corps !

    C’est au hasard des engagements d’un corps qu’un individu prend parfois la mesure que l’onde de choc qui le traverse fragmente le corps social tout entier. À cette heure, deux épaules immobilisées me laissent deux doigts libres pour taper ce texte sous analgésiques. Ce texte donc un texte écrit à l’horizontal : si le mouvement de lutte contre la réforme des retraites ne laisse personne indifférent c’est parce qu’il attaque les corps ; nous sommes tous mortels et du point de vue de notre finitude, les existences sont toutes égales. C’est la raison pour laquelle des plus jeunes aux plus vieux, le spectacle de l’ignominie présidentielle brûle d’une telle flagrance.

    Et foin des grands discours, c’est l’implication des corps disloqués qui fait la solidarité de nos chairs impatientes.

    [1] En théologie dogmatique catholique, la transsubstantiation est la doctrine selon laquelle au cours de l’eucharistie, au moment de la consécration, les espèces du pain et du vin deviennent le Corps réel et le Sang réel du Christ tout en conservant leurs caractéristiques physiques et leurs apparences originales.

    https://lundi.am/Deboiter-le-corps-social
    #domination #violences_policières #répression #France #macronisme #Laurent_Nuñez #Laurent_Nunez #maintien_de_l'ordre #grey_block #manifestation #15_mars_2023 #casseurs #contusions #invisibilité #invisibilisation #violences_d'Etat #immobilisation #viseur_holographique

  • Nantes : des fusils d’assaut au milieu des charges de CRS
    Contre Attaque - 19 mars 2023
    Le HK G36 est un fusil d’assaut de la firme allemande Heckler et Koch, calibre 5,56 mm.
    https://contre-attaque.net/2023/03/19/nantes-des-fusils-dassaut-au-milieu-des-charges-de-crs

    La police française en a été dotée au nom de l’antiterrorisme, à partir de 2015. Cette arme de guerre tire jusqu’à 750 coups par minute. Les balles de ce calibre éclatent au contact d’un os ou perforent le corps, elles sont destinées à faire le plus de dégât possible sur un champ de bataille. Leur usage est militaire.

    Sur cette photo prise samedi 18 mars, au cœur de la ville de Nantes, ce fusil d’assaut est brandi par un CRS dépassé, en plein milieu de charges et de tirs de lacrymogènes, entre les manifestant-es et les passant-es. (...)

    #Maintien_de_l'ordre, #Violences_policières

  • À Nantes, quatre étudiantes qui manifestaient accusent la police de violences sexuelles | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/180323/nantes-quatre-etudiantes-qui-manifestaient-accusent-la-police-de-violences

    « L’émotion de ma cliente est considérable, explique Me Anne Bouillon, avocate d’une des quatre étudiantes. J’ai reçu une jeune femme profondément impactée, perturbée par ce qu’elle venait de vivre. Elle a subi une fouille sur le corps, sur les parties intimes, de la part d’une policière. Elle vit les choses sur le registre de l’agression intime. L’objectif premier était a minima d’humilier, et d’impressionner. Les gestes décrits sont inexplicables, et on ne peut en aucun cas les rattacher à une opération de contrôle. Comment est-ce qu’en manifestant calmement on peut être amenée à subir une fouille de cette nature-là ? C’est extrêmement grave. »

    « Mes clientes dénoncent les gestes de palpation qu’elles ont subis dans le cadre de ce contrôle, commente Me Aurélie Rolland, qui défend deux autres étudiantes. Les faits que les jeunes filles décrivent, des palpations avec les mains à l’intérieur des sous-vêtements, m’apparaissent hallucinants. Ils s’accompagnent de propos inadaptés, insultants, humiliants, dans un contexte de grande tension. »

    La fouille au corps est strictement encadrée par des articles du Code de la sécurité publique, rappelle l’avocate. Elle ne peut en aucun cas se justifier, ni être pratiquée dans ces conditions (voir ici les règles rappelées sur le site du ministère de l’intérieur). « Les étudiantes décrivent à présent un sentiment d’insécurité, et de stress, qui correspond à ce que les victimes d’agressions sexuelles éprouvent », signale aussi l’avocate.

    https://justpaste.it/c5m5c

    #violences_policières #violence_d'état #violences_sexuelles

  • Monde  : les manifestants victimes d’un usage abusif des armes par la police - Amnesty International France
    https://www.amnesty.fr/actualites/droit-de-manifester-monde-les-manifestants-victimes-d-un-usage-abusif-des-ar

    Lésions oculaires, fractures,mutilations… : des blessures graves, parfois mortelles. Partout dans le monde, les forces de sécurité utilisent de façon abusive des armes de maintien de l’ordre pour réprimer des manifestations pacifiques. Une pratique de plus en plus généralisée. Cette tendance mondiale pose la question, pressante, de la mise en place d’un encadrement de ces armes à létalité réduite afin de protéger le droit de manifester.

    Basé sur des recherches menées dans plus de 30 pays au cours de ces cinq dernières années, notre rapport révèle que des milliers de manifestants ont été mutilés et des dizaines d’autres tués suite à l’utilisation souvent inconsidérée et disproportionnée d’armes à létalité réduite comme les balles en caoutchouc et les grenades lacrymogènes lancées directement vers les manifestants. Alors que les armes à létalité réduite sont présentées comme des alternatives moins dangereuses que les armes à feu, elles sont trop souvent utilisées contre des manifestants pacifiques.

    Malgré les risques, le commerce des armes à létalité réduite ne fait l’objet d’aucune réglementation mondiale. Une réglementation doit être mise en place pour garantir la sécurité et les droits des manifestants.

    https://amnestyfr.cdn.prismic.io/amnestyfr/b1ee5d53-19ae-49f4-8d29-4ef51edf9678_MY_EYE_EXPLODED_REPORT_AM

    #police #violences_policières #manifestation #armes #armes_à_létalité_réduite #Amnesty_International

  • Violences policières : la #répression des migrations

    A l’occasion de la journée internationale contre les violences policières, La Cimade présente, à travers son nouveau podcast, des récits de personnes étrangères victimes de graves violations de leurs droits humains imputables aux forces de l’ordre.

    Depuis quelques années, les violences policières sont régulièrement mises au-devant de la scène médiatique. Pourtant, les violences exercées sur les personnes étrangères sont très peu mises en lumière alors que leur caractère systémique – notamment aux frontières françaises, sur les lieux de vie des exilé.e.s ou dans les lieux privatifs de liberté dédiés au refoulement ou l’expulsion des personnes étrangères – laissent penser qu’elles sont utilisées par les forces de l’ordre comme un outil au service de la répression des migrations. Ces violences, qui se perpétuent en raison d’une certaine impunité qui prévaut, font partie intégrante d’un dispositif qui vise à dissuader, voire empêcher l’arrivée et le séjour de personnes étrangères en France, et faciliter leur refoulement ou expulsion. Les fragments de vie racontés par les protagonistes du podcast sont une illustration parfaite de ces schémas de violences.

    Bchira vit en France depuis 8 ans et bénéficie à présent d’un titre de séjour, mais quand elle croise la police, ses craintes refont surface. Elle nous introduit les récits de trois personnes auxquelles elle s’identifie ou dont les contours de leurs vécus ressemblent peu ou prou à ceux d’ami.e.s ou de connaissances qui n’aspiraient qu’à bénéficier d’une vie meilleure en France.

    Pour commencer, c’est Hervé qui nous relate quelques éléments de son histoire. Dans la continuité d’un parcours migratoire tragique au cours duquel son épouse et son enfant décèdent en mer, il subit une nouvelle perte lors de son passage de la frontière franco-italienne. Lui et Blessing Matthew, une jeune femme nigériane rencontrée sur sa route vers la France, font l’objet d’une course poursuite par la police. Cette véritable chasse à l’homme conduira Blessing tout droit dans une rivière. Elle y meurt, noyée, sous l’œil des policiers qui assistent passivement à la scène. Son témoignage n’a jamais été entendu par la justice. En 2021, la plainte de la sœur de Blessing contre les policiers a été classée sans suite.

    José prend la suite de ce témoignage en nous racontant les violences subies en centre de rétention administrative (CRA), « la prison des étrangers » sous procédure d’expulsion. Ces lieux d’enfermement, dont la gestion et la surveillance sont confiées à la police aux frontières, cristallisent de multiples tensions. La mesure de coercition, symptomatique d’un schéma de domination de la police sur la personne étrangère, est inhéremment source de tensions, ce qui mène à des situations explosives, comme le dénonce La Cimade.

    Enfin, c’est au tour de Shabani de nous exposer son histoire : demandeur d’asile à la rue à Mayotte, il décide d’occuper avec d’autres personnes en quête d’une protection internationale une place dans la capitale du 101ème département français pour protester contre des conditions de vie dégradantes. Shabani sera néanmoins l’objet et le témoin de multiples violences policières lors d’opérations policières d’ampleur visant à déloger l’ensemble des occupant.e.s de cette place. En plus des violences commises, le podcast illustre la politique de harcèlement mise en œuvre à l’égard des personnes étrangères. Dans ce cadre, vous entendrez les mots de Laurent Simonin, directeur territorial de la police nationale à Mayotte qui, pour rappel, avait fait l’objet d’une condamnation dans l’affaire Benalla. Cet extrait sonore provient de plusieurs vidéos récupérées par La Cimade filmées lors de l’évacuation de la place de Mamoudzou. D’autres vidéos dévoilent les violences subies par Shabani et d’autres manifestant.e.s.

    Ces histoires ne sont pas des situations isolées, bien au contraire. Elles sont symptomatiques d’un Etat de droit qui dysfonctionne et d’une police qui, pour réprimer les migrations, a recours à de la violence sous diverses formes : celles-ci peuvent être physiques, verbales, psychologiques, ou se matérialiser par des refus ou de l’obstruction de droits, ou encore par de la non-assistance à personne en danger. La Cimade demande donc à ce que cessent les violences policières et appelle à une politique d’accueil digne et respectueuse des droits des personnes étrangères.

    https://www.lacimade.org/violences-policieres-repression-migrations

    Il y a notamment le témoignage d’#Hervé, compagnon de route de #Blessing_Matthew, jeune femme décédée à la frontière italo-française (à partir de la min. 3’25) :
    https://seenthis.net/messages/962473

    #migrations #asile #réfugiés #violence #violences_policières

  • Violences policières et presse écrite : les mots de trop et les mots qui manquent - Les mots sont importants | Pauline Todesco
    https://lmsi.net/Violences-policieres-et-presse-ecrite-les-mots-de-trop-et-les-mots-qui-manquen

    Si les analyses du mouvement des Gilets Jaunes ont été nombreuses, peu ont étudié leur traitement médiatique en profondeur : c’est l’apport du travail de Pauline Todesco, qui nous livre ici les résultats d’un mémoire universitaire réalisé à l’IHECS de Bruxelles. Après avoir exposé son projet et sa méthodologie, elle déroule une démonstration implacable, sur la base d’une analyse quantitative et qualitative de discours portant sur trois journaux. Elle apporte ainsi une contribution précieuse à l’analyse du rôle des médias dans la légitimation du pouvoir, dont les violences sont cachées ou minimisées, tandis que les mobilisations – ici celle des Gilets Jaunes - se voient constamment renvoyées à une « violence » qui, elle, est hyperbolisée. Source : Les mots sont (...)

  • 14 ans après, toujours là ! | Se défendre de la police
    https://collectif8juillet.wordpress.com/2023/02/18/14-ans-apres-nous-sommes-toujours-la

    Nous venons d’apprendre par voix de presse la décision du tribunal administratif de condamner l’État à indemniser Joachim suite aux blessures qui lui ont été infligées il y a maintenant 14 ans.
    Le 8 juillet 2009, la police a tiré dans le tas. Une date parmi tant d’autres. Une histoire de violences policières parmi tant d’autres. Celle-ci s’est passée à Montreuil, le soir d’une expulsion d’un bâtiment occupé en centre-ville : La clinique. Un lieu d’organisation collective, un lieu d’habitation, un lieu où beaucoup d’entre nous ont tenté de se réapproprier ce dont ce monde ne cesse de nous déposséder.
    Une manière de faire exister de la solidarité quand toutes les décisions administratives et sociales usent de la violence pour servir les intérêts économiques des spéculateurs. Quand les lois entravent la liberté de chacun et chacune de s’installer ou de circuler pour mieux les exploiter.

    Une manière de se défendre contre la violence que l’ont subi, quand nous sommes contrôlé.e.s alors que nous n’avons pas de papiers, quand nous devons nous justifier pour pouvoir accéder aux droits et à la santé, quand nos indemnisations chômage nous sont retirées, quand les loyers augmentent et que nous ne pouvons plus nous loger.

    Ce soir du 8 juillet 2009, c’est sur tout cela qu’ils ont tiré.

    Au moins six personnes ont été blessées. Elles ont porté plainte. En novembre 2016, 7 années après, trois policiers tireurs ont été condamnés à des peines de 7 à 15 mois de sursis, assortis de l’interdiction de porter une arme pendant 12 à 18 mois. Le tribunal n’a pas retenu la légitime défense invoquée par leurs avocats. Le tribunal ne reconnaît donc pas les soi-disant violences de la part des manifestants décrites par les policiers pour justifier leurs tirs.

    Les policiers ont fait appel de cette décision. Deux d’entre eux sont condamnés en appel à 7 et 18 mois de prison avec sursis et 12 et 24 mois d’interdiction de port d’armes. Le tribunal ne condamne toutefois pas les policiers à verser les dommages et intérêts aux victimes, alors que l’une d’entre elles a l’oeil crevé.

    Une procédure au tribunal administratif est ouverte Contre l’État et la chaîne de commandement des policiers.

    Le 2 février 2023, soit 14 ans après et après deux renvois, le tribunal administratif se saisit du dossier.

    [...] une dépêche AFP reprise par plusieurs journaux rend publique la décision du tribunal [https://seenthis.net/messages/991024]. Alors que ni la personne concernée ni l’avocat n’en ont été informés.

    L’information qu’on retiendra est la responsabilité que le tribunal impute à la victime quant à sa blessure.

    « Le tribunal administratif a toutefois réduit le montant du préjudice, le faisant passer d’une estimation initiale de 150 500 euros à 105 350 euros, du fait de « l’imprudence fautive de la victime » qui a pris part à un « regroupement ayant montré une attitude agressive puis ayant été à l’origine de violences à l’encontre des forces de l’ordre ».

    Quel que soit le montant de l’indemnisation, aucune somme d’argent ne pourra réparer ce que nous avons subi. Rien ne pourra venir soulager les blessures invisibles que nous devons encore aujourd’hui panser.

    Vivre avec cela et avec ce que nous sommes, c’est aussi souffrir de voir les autres avancer. C’est une blessure qui frappe nos intimités. Rien ne sera jamais à la hauteur de ce qu’ils nous ont infligé. Jamais.

    L’indécence de cette décision nous dépasse. Elle veut rappeler à tous ceux et toutes celles qui demain vont mener des actions au TA, leur propre part de responsabilité. Et cela, même si l’État est condamné.

    Une stratégie bien connue. Celle de l’agresseur. Celui qui frappe doit justifier son geste. Si son geste est injustifiable, il invoquera la responsabilité de la personne qu’il vient de frapper. Pour que tout le monde accepte l’inacceptable.

    C’est ce que cette décision nous dit. Soumettez-vous à l’inacceptable.

    Personne n’est responsable lorsqu’elle subit l’oppression instituée. Les histoires de luttes nous le racontent, aujourd’hui reprises et institutionnalisées, par ceux-là mêmes qui, hier, voulaient nous faire croire le contraire.

    #toctoc #police #justice #violence_d'État #flashball #énucléation #tribunal_administratif #Montreuil #violences_policières #manifestation #défense_militante

  • Manifestant éborgné par un tir de LBD : l’État condamné à lui verser plus de 100.000 euros
    https://www.tf1info.fr/justice-faits-divers/manifestant-eborgne-par-un-tir-de-lbd-policier-en-2009-a-montreuil-la-justic

    Jeudi, le tribunal administratif de Montreuil a condamné l’État français à verser plus de 100.000 euros en réparation à un ancien manifestant.
    Ce dernier a été éborgné en 2009 par le tir de #LBD (lanceur de balles de défense) d’un policier.

    Une affaire qui avait, à l’époque, fait grand bruit. L’État a été condamné, jeudi 16 février, par le tribunal administratif de Montreuil à verser "105.350 euros en réparation des préjudices subis" à Joachim Gatti, un manifestant ayant été éborgné par un LBD en 2009.

    La justice administrative a admis l’existence des préjudices patrimoniaux liés à une perte de revenus. "Le requérant justifie de ce que son état de santé ne lui permet pas désormais d’espérer un déroulement normal de sa vie professionnelle, en ce que sa blessure l’empêche d’exercer les métiers de caméraman et de monteur qu’il occupait auparavant, ainsi que toute activité professionnelle nécessitant une acuité visuelle normale, limitant ainsi ses possibilités de reconversion professionnelle", indique la décision consultée par l’AFP. Dans les faits, depuis l’incident, l’ancien cameraman a essentiellement travaillé par intermittence en tant que cuisinier ou éducateur. De même, les juges ont reconnu un "déficit fonctionnel permanent", c’est-à-dire l’incapacité de retrouver une vie normale, un préjudice esthétique et des souffrances.

    Le préjudice minimisé par « l’imprudence fautive »

    Néanmoins, la juridiction a revu à la baisse le montant du préjudice, le faisant passer d’une estimation initiale de 150.500 euros à 105.350 euros. "L’imprudence fautive de la victime", qui a pris part à un "regroupement ayant montré une attitude agressive puis ayant été à l’origine de violences à l’encontre des forces de l’ordre", a conduit à cette révision.

    En complément, les autorités vont également devoir verser 10.106 euros à la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de la Seine-Saint-Denis, qui a engrangé plusieurs dépenses de santé liées aux hospitalisations et soins de la victime.

    Ce jugement est satisfaisant

    Ce dénouement semble convenir au requérant [...]. "Le tribunal a imputé à la victime une part de responsabilité à hauteur de 30%, inférieure à d’autres décisions rendues dans des situations analogues donc ce jugement est satisfaisant", a réagi auprès de l’AFP Me Etienne Noël, avocat du principal intéressé. Toutefois, "ce taux de 30% reste trop élevé surtout si l’on considère que M. Gatti n’a commis aucune violence à l’encontre des forces de police. Peut-on y voir une remise en cause du droit de manifester ?", interroge-t-il.

    Pour rappel, les faits remontent au 8 juillet 2009. Des policiers étaient alors intervenus pour repousser des manifestants rassemblés devant un squat à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. L’utilisation trop musclée du LBD sur l’un d’entre eux [en fait, quatre manifestants avaient été flashballés] était devenue un symbole des violences des forces de l’ordre. Le policier impliqué a été reconnu coupable du tir et condamné en appel en 2018 à 18 mois de prison avec sursis et 24 mois d’interdiction de port d’arme.

    « L’arme la plus génératrice de dommages est sans conteste le LBD » : les détails du rapport annuel de l’IGPN
    https://www.tf1info.fr/justice-faits-divers/l-arme-la-plus-generatrice-de-dommages-est-sans-conteste-le-lanceur-de-balle

    Où l’on vérifie qu’attaquer la responsabilité de l’État au T.A peut déboucher sur une sanction plus substantielle que ce qui est obtenu au pénal ou au civil, non sans que son attribue aux cibles humaines une part de responsabilité, du fait d’avoir été présents...
    Et, à cette occasion, on constate une étonnante politique de communication du T.A. : la décision a été communiquée à l’AFP et à la presse avant de l’être au requérant et à son défenseur, histoire de redonner un longueur d’avance aux voix officielles sans aucun souci des droits du justiciable, dont celui de se livrer à une analyse de la décision et de la communiquer publiquement.

    #flashball #énucléation #police #tribunal_administratif #montreuil #violences_policières #violence_d'État
    #manifestation #défense_militante

  • État de droit vs état de "droite" : dérives d’un #maintien_de_l'ordre assujetti à l’idéologie du #trouble_à_l'ordre_public, tout est configuré pour que soient acceptées les #violences_policières

    Sebastian Roché : « Un certain degré de brutalité est accepté au prétexte du maintien de l’ordre » - Basta !
    https://basta.media/sebastien-roche-un-certain-degre-de-brutalite-est-accepte-au-pretexte-du-ma

    Une autre particularité du maintien de l’ordre en France est d’envoyer face aux mouvements sociaux des unités non ou très peu formées… Comment cela a-t-il pu se produire ?

    Ces unités sont clairement constituées pour faire peur, pour sidérer les gens. C’est leur but. Pendant les gilets jaunes, les DAR (détachements d’action rapide), les blindés à roues de la gendarmerie nationale, les hélicoptères, les drones, sont destinés à montrer la supériorité matérielle de la police. Tout comme les policiers en civil, équipés de casques de motos et de leurs propres matraques – cela fait penser à la police sud-américaine peu sous contrôle de la loi. Ce qui a provoqué cela, c’est probablement le sentiment qu’a eu Emmanuel Macron d’être submergé lors du mouvement des Gilets jaunes.
    Le pouvoir a alors confondu une série d’incidents – quand par exemple des Gilets jaunes ont tenté de forcer la porte d’un ministère avec un engin de chantier trouvé par hasard à proximité – avec une tentative planifiée de renversement de régime. Le mouvement des Gilets jaunes, ce n’est pas la préparation par les Soviets de la prise du pouvoir en Russie en 1917 ! Quand on qualifie d’« extrêmement violent » des groupes dont la principale revendication est d’introduire un référendum d’initiative populaire, c’est que l’on n’a pas compris le désespoir des citoyens.

    • #mouarf Le comportement de la police peut varier d’une période à une autre, parce qu’il est en large partie déterminé par la violence des rapports sociaux eux-mêmes. Mais il n’y a pas, et il n’y aura jamais de «  bonne police  » tant que la société sera construite sur les bases de l’exploitation (État de droit ou pas). Pour que les violences policières cessent, il faudra que cessent les violences de classe.

    • Je ne vois pas où l’article parle de « bonne police » (sauf à citer Sarkozy, ce qui, tu en conviens, n’est pas contreproductif). L’article est intéressant dans le sens où il compare des situations de violences de classes différentes suivant les états de l’UE et met en évidence le contexte social lié aux actions répressives de la police. Bon, bref : je ne vais pas paraphraser ce qui est dit dans l’article, je t’invite juste à le relire.

      Pour que les violences policières cessent, il faudra que cessent les violences de classe.

      ... et réciproquement.
      Continuons à nous payer de mots et à enfoncer des portes ouvertes. Pendant ce temps, les crapules fascistoïdes arment leurs « polices ».

    • Le chercheur interviewé ne pose jamais fondamentalement la question du pouvoir, il déplore seulement que celui-ci « ne regarde plus la manifestation comme une colère collective, mais uniquement comme un trouble potentiel à l’ordre public ». Partant, il ne propose aucune solution d’ordre social, mais, en chercheur partisan de l’ordre existant, proposent que ce pouvoir bonifie sa « culture politique » (sa vision des choses) et prenne d’autres « décisions politiques » – des décisions plus « protectrice des droits individuels » comme, par exemple, l’institution de « mécanisme de contrôle ». C’est peut-être enfoncer une porte ouverte que de rappeler que la police (à l’instar de l’État) est une arme de classe contre les travailleurs, il ne me semble pas que l’auteur fasse beaucoup mieux en faisant mine de croire que la lutte contre les violences et les exactions policières passerait par une réforme de la police ou du ministère de l’Intérieur. Cette lutte, elle se fera sur le terrain des masses en lutte, et nulle par ailleurs. C’est par leur nombre, par leur force collective, par leur organisation, que ces masses en lutte devront trouver les moyens de s’opposer à la police, de contre-attaquer face à ses attaques, voire de la vaincre – et certainement pas du côté de l’État et de ses administrateurs. Car quoi qu’il soit décidé aujourd’hui pour encadrer et contrôler la police, le jour où, dans une période révolutionnaire, celle-ci sera lâchée sur les manifestants, les grévistes, les militants, elle ne fera aucun détail, quitte à massacrer et à assassiner en masse. Et alors il n’y aura aucune vision ni aucun texte de loi pour les rappeler à l’ordre – si je puis dire.

    • https://www.liberation.fr/france/2019/08/27/l-ecole-des-commissaires-evince-un-sociologue-critique-a-l-egard-de-la-po

      Directeur de recherche au CNRS et spécialiste des relations entre police et population, le chercheur avait dénoncé plusieurs fois, pendant le mouvement des gilets jaunes, un usage disproportionné de la force, ainsi que la faiblesse du contrôle des agents. « L’école reste dans un système dirigé par le ministre de l’Intérieur, je pense que j’ai déplu au prince et que c’est une décision politique », estime-t-il.

  • Une bien belle manif à #Montpellier avec les petits. On est tombés sur leur maîtresse de l’année dernière, alors ils étaient contents et un peu fiers ; on était vraiment très très nombreux, il y avait un très beau soleil. Ça manquait de slogans à mon goût, mais c’était une belle journée.

    Évidemment, les commentaires médiatiques ce soir tournent autour du fait qu’on était moins nombreux que si on était plus nombreux, m’enfin fallait voir le monde qu’il y avait et l’excellente ambiance de la manif.

    • Idem à Brest, même pour le beau temps si vous y croyez, autant de monde que la manif de la semaine d’après la PQR, niveau slogans je donne la palme à la pancarte qui affichait un simple « Crottes de nez » ^^

      Et il y en a un ici qui devrait bien se souvenir de celle là car on a squatté la rosalie de Solidaires cf :

      Ha niveau slogan, il y avait celui-là aussi :

    • à #Rennes, des pancartes, des tags, des gaz, de l’eau, du feu, et beaucoup beaucoup de monde (40 000 personnes) !
      photos du 11/02 par @expansive
      https://expansive.info/Samedi-11-Fevrier-Photos-de-la-Manif-3738
      https://video.twimg.com/ext_tw_video/1624414557430063105/pu/vid/848x480/i23A3EmNiGwNvkHz.mp4?tag=12


      un conducteur de train salue le cortège sur le boulevard Colombier en arrivant à la gare !

      Puisqu’entre 2 arrêts, les rêveries vont bon train, on pourrait laisser pousser les idées entre les lignes, le long des voix.
      Voguer joyeusement de la gare d’après à celle d’hier, pour faire dérailler le temps et retrouver les chemins du faire.

      De quai en quai, rêveries au quart de tour et quintes de toux, ici on retrouve le fil et on s’aiguille grâce au chat. On vous laisse choisir la bonne voie. Assurez-vous de ne rien avoir oublié.

      https://phauneradio.com/ecoutes/comute-6

      Après, c’est parti en sucette vers 17h place de la République noire de monde. ça sentait le poulet grillé :
      https://www.dailymotion.com/video/x8i7d90

      Jet d’un cocktail molotov sur un CRS lors de la manifestations contre la réforme des retraites à Rennes ce samedi 11 février 2023

      Puis ce soir, aux infos régionales
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/video-a-rennes-des-violences-en-marge-de-la-manifestati

      Des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont émaillé la mobilisation contre la #réforme_des_retraites, ce samedi 11 février 2023, à Rennes. D’un côté, des jeunes témoignent des violences policières. De l’autre, la préfecture condamne les violences commises contre les policiers. Une enquête criminelle est ouverte pour « tentative d’homicide volontaire » sur des CRS.

      "La police est arrivée place Sainte-Anne où les terrasses étaient pleines, raconte l’étudiant. Nous avons été obligés de bouger et nous nous sommes retrouvés bloqués dans la rue de la salle de la cité. Les CRS ont ensuite lancé plein de bombes lacrymogènes. Les policiers ont chargé alors que nous n’avions aucun moyen de nous enfuir".

      Gautier réussit à rentrer dans un immeuble où il est suivi par une vingtaine d’autres personnes. Ils ressortent par la porte de derrière et se retrouvent dans une cour.
      "C’est là que des policiers arrivent en hurlant. Directement ils se déchaînent et tabassent un mec à côté de moi. Ils lui ont mis au moins une vingtaine de coups dans le ventre" témoigne le jeune homme.
      Lui aussi reçoit un coup de matraque télescopique. Gautier a essayé de filmer la scène mais a dû rapidement ranger son téléphone sous peine de le perdre.

      Au lendemain des faits, le jeune homme se dit avant tout choqué par le déferlement d’insultes qui accompagne les coups. "Pendant 10 minutes ils nous ont traités de tous les noms, résume Gautier. ’Bande de pédés, niquez bien vos mères, bande de putes’, voilà ce que l’on a entendu. Les policiers ont demandé ensuite à ceux qui travaillent de lever la main puis se sont adressés aux autres en disant : ’Vous n’êtes que des profiteurs, vous voulez juste vivre du RSA, vous servez à rien, bande de merdes’ " relate l’étudiant de 19 ans.

      Gautier explique que les policiers les ont, ensuite, fait mettre à genoux, les mains sur la tête, avant d’être sortis un par un par une coursive, où les violences se sont poursuivies. "Le mec devant moi avait un mégaphone, détaille Gautier. Il s’est fait traîner par la barbe, baffer, frapper dans les genoux. Moi j’avais une cravate et un policier s’est amusé à serrer le nœud au maximum, j’étouffais. Après il m’a traîné par la cravate comme un chien en s’exclamant ’regardez mon petit chien’, devant ses collègues hilares".

      Le jeune homme précise encore que les personnes qui se sont retrouvées avec lui n’avaient pas forcément participé à la manifestation et étaient là "par hasard". Il se dit "indigné" par les humiliations subies.

      Une voisine a été témoin de la scène. La jeune femme, étudiante, raconte. "J’étais chez moi à faire une fiche de lecture quand j’ai entendu des cris et du bruit. J’ai vu des gens qui couraient après d’autres personnes, puis j’ai entendu des cris, des coups et des insultes comme « petite pétasse » « tafiole ». Ca hurlait et les policiers leur criaient de se mettre à genoux".
      La jeune femme a le réflexe de prendre son téléphone. "J’étais inquiète, dit-elle, mais je ne savais pas quoi faire à part prendre mon téléphone". Dans la précipitation, elle ne pense pas à enlever un filtre audio qui rend les paroles inintelligibles.

      Prochaine manifestation le jeudi 16 février.


      #violences_policières

    • L’Etat a été condamné fin janvier à verser 72 900 euros à un mineur considéré comme une « victime collatérale de l’opération de maintien de l’ordre » survenue à l’issue de la victoire de la France à la Coupe du monde de football en 2018.

      (...) « Juste avant » que le lycéen soit touché, il était « en train de fuir, dos aux policiers » et « il ne représentait pas à cet instant une menace », ajoutent les juges se basant sur des images de vidéosurveillance. Le jeune homme a donc certes eu « un comportement fautif » mais cela n’exonère l’État qu’à hauteur de 10 %. Le jugement intime donc les autorités à verser à la victime 90 % des préjudices reconnus par le tribunal, à savoir 72 900 euros.

      (...) Dans un premier temps, l’enquête avait été menée par l’Inspection générale de la police nationale ( IGPN) mais elle avait classé l’affaire sans suite, se disant incapable d’avoir pu identifier le tireur parmi les policiers. La victime avait donc engagé une action en responsabilité civile de l’Etat auprès du tribunal administratif de Lyon.

      [et toujours un bout de pipo chez _Ration_comme ailleurs, ici pour faire des lecteurs aussi amnésiques que les journaleux] En novembre 2020, le tribunal administratif de Lyon avait été le premier en France à reconnaître l’Etat responsable de blessures infligées à une jeune femme par un tir de LBD lors d’une manifestation de « gilets jaunes », en 2019.

      pour amender ce dernier paragraphe, d’autres cas de condamnations de l’État au TA, dont certains antérieurs https://seenthis.net/messages/991024

      #LBD #flashball #énucléation #police #tribunal_administratif #violences_policières #violence_d'État

  • Un homme émasculé par un policier lors de la manifestation du 19 janvier porte plainte
    par Fabien Leboucq - 22 janvier 2023 – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/un-homme-emascule-par-un-policier-lors-de-la-manifestation-du-19-janvier-
    https://www.liberation.fr/resizer/CKVu9ApERereu0tMxHyZxcBr64I=/1200x0/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/HU7YBX4A3FGBNLP2ZJMO5RMFIM.jpg

    A la suite d’un coup de matraque donné par un fonctionnaire de police alors qu’il était à terre, Ivan S., qui prenait des photos du cortège, a été amputé d’un testicule. Le préfet de Paris demande que les « circonstances exactes de l’incident rapporté soient éclaircies ».

    Vu de loin, la manifestation parisienne du 19 janvier contre la réforme des retraites a pu paraître tranquille : peu de débordements, peu de casse, peu d’interpellations, malgré les dizaines de milliers de personnes qui défilaient de la place de la République à celle de la Nation. Mais il aura suffi d’un coup de matraque, donné sans raison par un policier, pour qu’Ivan S., alors à terre, son appareil photo dans une main, perde son testicule droit. Il a décidé de porter plainte : « Pour que cela s’arrête, car je ne suis pas la première personne à subir des violences de la part de policiers. Sauf que là, la scène était filmée », déclare le jeune homme de 26 ans à Libération.

    Dans les couloirs de l’hôpital parisien où il est hospitalisé, des affiches appellent à rejoindre la manifestation du 19 janvier. Ivan S. y était avec un proche. Ils devaient rejoindre son cousin, adhérent à la CGT, à l’avant du cortège. « Dans la famille, il y a une forte tradition syndicale, plutôt côté service public, raconte cet ingénieur dans une grande entreprise française. J’ai déjà manifesté plusieurs fois, y compris avec mes tantes de 60 ans. »

    #Violences_policières