dirait que ça, en revanche, c’est probablement moins un enseignement de la vieillesse qu’un de ceux de la solitude : la conscience de l’inanité complète de toute notion d’identité. « Quand on est dans le désert depuis trop longtemps » (© Capdevielle) on n’a plus ni blase ni culture ni couleur si sexe ni genre, preuve que ces appartenances sont de simples fantasmes humains qui n’existent plus dès qu’on se tient à l’écart de leur commerce. Lorsqu’on n’a aucun contact avec quiconque, en se réveillant le matin on n’est ni Blanche ni Noire ni Jaune ni verte avec des rayures bleues (enfin si, mais ça ce sont les varices), on n’est pas davantage Française que Malgache ou Guatémaltèque, on n’est même pas femme ou homme ou autre chose : quand on est anachorète s’identifier ne revêt plus aucune espèce d’importance.
À la limite seul l’âge entre encore en ligne de compte : même isolée de tout et de tou·te·s on demeure soit jeune soit vieille soit quelque part entre les deux, l’âge est la seule chose qui ne dépende ni de l’opinion ni du positionnement d’autrui et ne soit donc pas une vue de l’esprit.
C’est pour ça que si d’aucun·e lui demandait maintenant de décliner son état civil elle répondrait qu’elle est seulement un vieux débris et que tout le reste ne regarde personne — pas même elle-même.