• Planter 1 milliard d’arbres : comment le plan de #Macron rase des #forêts

    Le projet du gouvernement de planter #1_milliard_d’arbres est « une #supercherie », dénoncent des associations. D’après des documents obtenus par Reporterre, il servirait à financer des #coupes_rases et à industrialiser la filière.

    L’État plante des arbres pour mieux raser des forêts. C’est la réalité cachée du projet de plantation de 1 milliard d’arbres vanté par Emmanuel Macron. Dix-huit mois après son annonce en grande pompe, au lendemain des incendies de l’été 2022, le plan qui avait pour ambition de « renouveler 10 % de la forêt française » et de « #réparer_la_nature » montre un tout autre visage : les millions d’euros d’argent public déversés dans la filière servent de prime aux coupes rases et transforment des forêts diversifiées en #monocultures_résineuses. Une situation qui inquiète gravement les associations écologistes.

    D’après les documents officiels du ministère de l’Agriculture, que Reporterre a pu consulter, 50 millions d’arbres ont déjà été plantés, sur 35 935 hectares. Dans de nombreuses régions, les conditions dans lesquelles se sont déroulés ces chantiers posent problème.

    Les documents indiquent que 15 millions de plants d’arbres auraient été replantés sur 10 000 hectares de forêts qualifiées de « pauvres » par le gouvernement. Ces forêts rasées étaient en réalité « saines et bien portantes », assure l’association Canopée, qui a enquêté sur le terrain. Des coupes rases sur 6 500 hectares auraient même été réalisées en zone Natura 2000. Sur ces surfaces dévolues d’ordinaire à la protection du vivant, 1 500 hectares auraient été ensuite plantés exclusivement en #pins_douglas, une essence prisée par les industriels.

    Adapter la forêt aux besoins de l’industrie

    « On nage en plein délire, s’emporte Bruno Doucet, chargé de campagnes au sein de l’association. Alors même qu’il y a urgence à préserver les forêts, on les rase pour les transformer en #champs_d’arbres. » Les associations écologistes dénoncent un « coup de communication » et « un projet mégalomane ». Le milliard d’arbres plantés aurait vocation non pas à aider la forêt à affronter le dérèglement climatique, mais à l’adapter aux besoins de l’#industrie. « Si tous les arbres du plan “1 milliard d’arbres” sont plantés dans les mêmes conditions, cela signifierait que 200 000 hectares de forêts saines et vivantes seraient rasés d’ici 2032 », ajoute-t-il.

    « La #biodiversité a peu à peu été rejetée au second plan pour prioriser la #récolte_de_bois et les #fonctions_productives de la forêt », regrette de son côté Christophe Chauvin, pilote du réseau forêt à France Nature Environnement (FNE). En septembre 2023, plusieurs ONG écologistes [1] alertaient déjà sur les dérives en cours. « La stratégie s’est éloignée de l’enjeu qui en a initié l’élaboration », écrivaient-ils dans un rapport. « La restauration des écosystèmes » et le « renforcement de la résilience des forêts » ont été délaissés au profit d’une logique simpliste et comptable qui privilégie « les #plantations_en_plein », c’est-à-dire les #plantations après coupes rases, prévenaient-ils.

    « Plutôt que de protéger les peuplements existants, en les enrichissant et en travaillant avec finesse, les industriels préfèrent tout couper pour les substituer à d’autres essences, du #résineux majoritairement, qu’ils jugent plus résistant et plus intéressant économiquement », observe Christophe Chauvin.

    Plus de 80 % des arbres sont plantés après une coupe rase

    Selon un rapport du Conseil supérieur de la forêt et du bois, un organisme ministériel, les plantations en plein, donc après coupes rases, représenteraient près de 80 % des opérations à effectuer pour atteindre la cible du milliard d’arbres, et donc se feraient en lieu et place d’anciennes forêts. Seuls 7 % des arbres plantés viendraient s’ajouter aux forêts existantes, principalement sur des terres agricoles abandonnées. À TF1, le ministère de l’Agriculture a tenu à préciser que « l’objectif du milliard d’arbres ne visait pas à créer de nouvelles forêts, mais bien à renouveler celles déjà existantes ».

    « #Renouveler », ou plutôt « #transformer » la forêt et « #abattre » des parcelles entières pour y #replanter de jeunes arbres. Ce que le ministère assume auprès de Reporterre : « France Relance s’adresse à des forêts malades ou non adaptées au changement climatique. Il est donc normal que les plantations en plein soient très majoritaires. Les coupes rases sont essentiellement sanitaires », assure-t-il.

    Les grandes #coopératives_forestières en embuscade

    Concrètement, 35 935 hectares ont été replantés de 2021 à 2023 pour un coût de 150 millions d’euros, d’après la Direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises (DGPE). Le #pin_maritime et le #douglas ont été les principales essences replantées sur d’anciennes #forêts_feuillues et les plantations après coupes rases ont représenté 32 046 hectares (soit 89 % de la surface totale). Ces chantiers lourds et coûteux ont été portés en grande majorité par les coopératives forestières, des entreprises qui plaident pour l’#industrialisation de la filière.

    « Ce plan favorise une logique prométhéenne »

    Selon le document de la DGPE, les #coopératives ont capté plus du tiers des #subventions totales, le reste est allé aux particuliers et aux propriétaires (parfois eux-même en lien avec des coopératives). « Le #plan a constitué un effet d’aubaine pour asseoir leur #modèle_productiviste. Ces acteurs se sont accaparé l’argent public pour leur business », dénonce Bruno Doucet. La plus grande coopérative, #Alliance_Forêts_Bois, critiquée pour ses méthodes destructrices des écosystèmes, a même perçu 10 % des subventions. C’est en #Nouvelle-Aquitaine, dans la forêt des #Landes — où l’entreprise est hégémonique —, qu’il y a d’ailleurs eu le plus de #reboisements. À l’inverse, les experts et gestionnaires indépendants qui privilégient souvent d’autres méthodes sylvicoles plus proches de la nature n’ont reçu que des miettes. Ils ne représentent que 7 % des dossiers soutenus par les pouvoirs publics.

    « Ce plan favorise une logique prométhéenne, soutient Christophe Chauvin, c’est une négation de l’#écologie et de ses équilibres. On croit à la toute-puissance de l’intervention humaine et à celles des machines. C’est soit naïf, soit complètement opportuniste. »

    « Si une forêt est pauvre, il faut l’enrichir, pas la détruire »

    Au cœur des polémiques résident les critères d’attribution de ces #aides. Pour être éligible aux #subventions et pouvoir replanter sa forêt au nom du milliard d’arbres, il faut que son peuplement soit considéré comme « dépérissant »,« vulnérable » ou « pauvre ».

    Pour l’État, un « #peuplement_dépérissant » est une forêt où 20 % des arbres seraient morts après une catastrophe naturelle ou une attaque de pathogènes. Une forêt « vulnérable » est une forêt que l’on suppose menacée à terme par le réchauffement climatique avec des essences jugées fragiles comme le châtaignier ou le hêtre. Tandis qu’un peuplement est considéré comme « pauvre », lorsque sa valeur économique est inférieure à 15 000 euros l’hectare, soit environ trois fois son coût de plantation.

    Ces définitions font l’objet de vifs débats. Les ONG écologistes jugent trop faible le curseur de 20 % pour un peuplement dépérissant. Par exemple, dans une forêt composée à 80 % de chênes sains et à 20 % d’épicéas attaqués par des scolytes, le propriétaire pourrait légalement tout raser, toucher des subventions et dire qu’il participe au grand projet du milliard d’arbres.

    Les peuplements dits « vulnérables » suscitent aussi des controverses. Sans nier les conséquences du réchauffement climatique sur les forêts — la mortalité des arbres a augmenté de 80 % en dix ans —, la vulnérabilité d’un massif reste très difficile à établir. Elle dépend de multiples facteurs et repose aussi sur le scénario climatique auquel on se réfère, à +2 °C, +4 °C, etc.

    « Il faut être vigilant quant à ces projections, prévient Marc Deconchat, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). On ne sait pas exactement comment les essences vont survivre ou non. On connaît encore mal leur capacité d’adaptation et d’évolution génétiques. »

    Les modèles qui prédisent une migration vers le nord de certaines essences d’arbres indigènes ou leur disparition reposent sur des moyennes générales, avec des échelles parfois très grossières. « Quand on regarde de manière plus subtile, en prenant en compte les variations de pente, le type de sol ou d’orientation au soleil, le risque de disparition est très variable, affirme Marc Deconchat. Ce ne sont d’ailleurs pas uniquement les essences qui sont en cause, mais aussi le mode de #sylviculture qui leur est associé. »

    Un exemple de #maladaptation

    C’est surtout le terme de « #peuplement_pauvre » qui provoque l’ire des écologistes. Cette expression servirait de prétexte pour tout ratiboiser. Selon les calculs de plusieurs forestiers et écologistes, près de 95 % des forêts françaises auraient une valeur sur pied inférieur à 15 000 euros l’hectare. Avec ce critère, quasiment toute la forêt métropolitaine pourrait donc être considérée comme pauvre et être remplacée par des plantations.

    Dans un documentaire, le journaliste Hugo Clément montre comment des parcelles de forêts #feuillues diversifiées considérées comme pauvres ont été rasées, partout à travers la #France, avec ce type d’argumentaire. Le #bois a été transformé en #broyat pour partir ensuite en fumée, nourrir des chaudières ou faire de l’électricité. « C’est une supercherie, un non-sens écologique et climatique. Une forêt pauvre, il faut l’enrichir, pas la détruire », enchérit Christophe Chauvin.

    Les défenseurs de l’environnement craignent que ce plan de 1 milliard d’arbres ne soit finalement qu’un exemple de maladaptation au changement climatique. Ils rappellent que les #monocultures sont plus fragiles que les vieilles forêts face aux aléas naturels. 38 % des plantations de jeunes arbres sont morts l’an dernier à cause de la sécheresse. La coupe rase est aussi décriée pour ses conséquences climatiques. « Elle est à éviter autant que possible et ne doit être utilisée qu’en dernier recours », déclare le climatologue Philippe Ciais. Dans une expertise scientifique commandée par le ministère de la Transition écologique, soixante-dix chercheurs affirment que « les principaux effets des coupes rases sur le milieu physique et chimique sont généralement négatifs et globalement bien documentés, notamment sur la structure, la fertilité et le stockage de carbone des sols, la biodiversité, l’érosion ou encore la qualité des cours d’eau ».

    « Dans une période de restriction budgétaire où le ministre de l’Économie appelle à faire la chasse aux dépenses inutiles, on peut se demander légitimement si ce plan n’en fait pas partie », déclare Bruno Doucet. Jusqu’à 2032, l’État souhaite mobiliser 8 à 10 milliards d’euros pour planter son milliard d’arbres.

    https://reporterre.net/1-milliard-d-arbres-plantes-le-mensonge-de-Macron-Le-milliard-d-arbres-d
    #déforestation

  • Résister à la #monoculture_minière. Retour sur la #lutte de #Skouriès en #Grèce

    Du 15 au 24 juillet 2022, les opposant·es à la mine de Skouriès, dans la région de la #Chalcidique en Grèce, organisaient le 9e camp contre l’extractivisme intitulé « 10 jours de lutte et de liberté ». Une centaine d’activistes se sont ainsi réunis autour de projections, d’ateliers et de débats pour partager leurs expériences et leurs réflexions. L’occasion de revenir sur l’une des luttes sociales qui a marqué l’histoire contemporaine de la Grèce.

    Lancé au début des années 2000, le projet de #mine à ciel ouvert de Skouriès prévoit la création d’une mine d’#or et de #cuivre, d’une surface totale de 55 km², creusée au cœur du #mont_Kalavos. La concession est attribuée à l’entreprise canadienne #Eldorado_Gold qui, pendant 20 ans, va extraire les résidus d’or que contient encore la mine (0,82 grammes par tonne de roche extraite) et d’autres minéraux. Les conséquences environnementales de cette exploitation inquiètent les habitant·es : destruction d’une partie de la #forêt, redirection des cours d’eau et assèchement du mont Kavalos pour protéger la mine des inondations, pollution de l’air et de l’eau par le cyanure utilisé pour extraire l’or, #acidification des eaux de drainage à cause de l’#arsenic et du #plomb rejetés par les roches fracturées, etc. Depuis 16 ans, les opposant·es se battent ainsi contre la destruction de leur environnement et pour la liberté de définir, elles et eux-mêmes, leurs modes de vie et de subsistance.

    Alexandra, Ellie, Yannis et Giorgos font partie du comité de lutte de Megali Panayia (#CLMP). Situé au cœur de la péninsule de Chalcidique, à une centaine de kilomètres de Thessalonique, ce village de 2600 habitant·es est l’un des plus impactés par le projet de mine de Skouriès. Nous verrons, avec les membres du CLMP, que l’implantation du projet engage à la fois une profonde transformation de l’environnement local mais également des relations économiques et sociales qui s’y nouent. Pour se maintenir et empêcher la mobilisation des habitant·es, le projet de réouverture de la mine doit en effet devenir leur unique horizon. Nous chercherons ainsi à comprendre comment l’État grec et l’entreprise Eldorado Gold tentent d’imposer une monoculture minière en Chalcidique. Comment les habitant·es se sont-iels organisé·es pour y résister et à quelles épreuves la mobilisation a-t-elle dû faire face ?

    Cet article s’appuie sur un entretien collectif mené en juillet 2022 lors du camp organisé chaque année par le CMLP. À l’instar des soirées d’information et des débats qui ont régulièrement lieu dans les villes et les villages de la région de Macédoine, le camp « 10 jours de lutte et de liberté » vise à entretenir une mobilisation qui a souffert des décisions politiques des gouvernements de droite et de gauche, de la répression de la lutte et des désaccords stratégiques internes au mouvement. Une partie des habitant·es de la province d’Aristote, engagée dans la lutte depuis plus d’une décennie, résiste pourtant toujours contre le projet de mine de Skouriès et plus largement, nous le verrons, contre le monde qui va avec l’extractivisme. En analysant l’impact du projet sur les relations sociales et économiques des habitant·es de la région, cet article entend ainsi contribuer à entretenir la mémoire et à faire connaître l’actualité d’une lutte qui se poursuit à l’écart de la scène médiatique. Je tiens à remercier les membres du CMLP pour leur accueil chaleureux, leurs témoignages et la relecture des épreuves de ce texte.
    L’imposition d’une mono-culture minière

    À la sortie du village de Palaiochori, s’ouvre une route flambant neuve dont le gris de l’asphalte et le jaune des marquages tranchent avec le vert profond de la forêt et l’argile rouge feu de la terre dans laquelle elle a été creusée. Les rares véhicules que l’on y croise appartiennent pour la plupart aux ouvriers de la mine. Et pour cause, comme une allégorie de la mono-culture économique qui s’impose dans la région, la route n’a qu’une destination, le complexe construit par Hellas Gold.

    Les mines de Chalcidique, qui ont constitué la principale source de revenus du Royaume de Macédoine (VIIe s.-168 av. J.C.) et financé les expéditions militaires d’Alexandre le Grand (356-323 av. J.C.), ont attiré la convoitise de tous les régimes qui lui ont succédé. Si, comme le reconnaissent les opposant·es, la région est ainsi marquée par une véritable « culture minière », l’exploitation des mines ne s’impose cependant comme un modèle exclusif qu’à partir des années 1970. L’économie locale est alors basée sur des pratiques diversifiées associant l’agriculture, l’élevage, l’apiculture et la sylviculture. L’exploitation minière est maintenue à une petite échelle et les ouvriers alternent les mois de travail à la mine avec les activités saisonnières.

    En octobre 1973, le gouvernement de la junte militaire dirigé par Georgios Papadopoulos, engage une réforme de l’industrie minière qui sera conservée par le gouvernement démocratique instauré un an plus tard, à la chute de la dictature des colonels. La nouvelle loi encadre l’économie des régions minières : il est désormais interdit d’y développer des activités capables de concurrencer celles du secteur minier (notamment le tourisme). Les contrats signés par les ouvriers leur permettent cependant toujours de cumuler travail à la mine et travail agricole. En 1978, une grande grève éclate dans les mines de Kassandre. Les grévistes sont rapidement licenciés. Quatre ans plus tard, le gouvernement grec et l’Entreprise Grecque des Produits Chimiques et Fertilisants (GCCP & Fertilizers LTD), qui exploite les mines de Chalcidique depuis 1945, rappellent les mineurs en leur proposant un nouveau contrat : en échange de conditions de travail (4 heures d’extraction sur les 8 heures journalières) et de salaires exceptionnels, les ouvriers doivent se consacrer exclusivement à l’activité minière.

    En mars 1988, l’organisation marxiste-léniniste 17 Novembre, un des principaux groupes de lutte armée de l’époque, assassine le directeur de la GCCP & Fertilizers LTD, Alexandre Athanasiadis Bodosakis. Une partie de l’activité des mines de Kassandre est interrompue et plus de 900 ouvriers sont licenciés. Les anciens mineurs se tournent alors de nouveau vers les activités traditionnelles qu’ils avaient délaissées et la municipalité d’Aristote devient une des régions principales de la production apicole en Grèce (en 2011, on compte près de 50000 ruches).

    En 1995, le gouvernement lance l’idée d’une exploitation coordonnée, à l’échelle industrielle, des trois « mines de Kassandre » (Olympia, Stratoni et Skouriès), par une filiale de l’entreprise canadienne Kinross, TVX Gold. La résistance, menée par les habitant·es d’Olympias et des autres villages du golfe de Strymonikos, et le rejet du permis environnemental nécessaire à la poursuite de l’exploitation, conduit cependant les investisseurs à se retirer. En 2002, le Conseil d’État annule le projet, TVX Gold fait faillite et 472 mineurs se retrouvent au chômage. L’événement retarde les plans du gouvernement qui n’abandonne pas pour autant son idée initiale. L’État rachète ainsi rapidement la concession des mines de Kassandre et les revend à une entreprise créée pour l’occasion, Hellas Gold, détenue à 95 % par la firme canadienne Eldorado Gold et à 5 % par le magnat grec de la presse et du BTP, Fotios Bobolas.

    L’accord passé entre l’État grec et Hellas Gold, stipule que les activités susceptibles de gêner l’extraction minière ou d’entrer en contradiction avec les intérêts de l’entreprise ne peuvent pas s’établir dans les environs de la mine (tourisme, agriculture, énergies renouvelables). Le contrat prévoit en outre que Hellas Gold dispose d’un accès prioritaire et illimité à l’eau. Pour Ellie, comme pour ses camarades, c’est là l’une des conséquences principales du projet : « C’est une privatisation déguisée de l’eau. Cette montagne alimente la moitié de la Chalcidique en eau. Si l’entreprise veut tout utiliser, personne ne peut l’en empêcher. Et alors, on sera obligé d’acheter l’eau au supermarché. »

    L’agriculture sera l’une des premières activités impactées par cette rareté organisée et par la pollution aux sulfures de plomb et d’arsenic des nappes phréatiques et des cours d’eau. D’autres le sont déjà. À Stratoni, la pêche et la baignade sont interdites sur près de 2 kilomètres autour du rivage. À Olympias, les éleveurs sont légalement contraints de mélanger le lait de leurs chèvres avec du lait acheté à d’autres régions pour diminuer le pourcentage de métaux lourds qu’il contient. Les professions artisanales aussi disparaissent : électriciens et plombiers ne peuvent plus survivre comme indépendants et entrent donc au service de la mine ou quittent la région.

    La loi sur les territoires miniers, l’interdiction pour les ouvriers de cumuler plusieurs activités économiques, l’accaparement de l’eau et les pollutions, participent ainsi à la construction de ce que les membres du CMLP qualifient de « mono-culture minière ». Les habitant·es sont peu à peu placé·es dans la dépendance d’Hellas Gold qui s’impose comme l’unique employeur de la région.
    La mine au cœur du village

    Les opposant·es comprennent bien les raisons qui poussent des centaines de personnes à s’enrôler à la mine. Dans un pays étranglé par la crise économique, par la dette et les pressions de l’Union Européenne, « un mec qui a une famille et qui n’a pas de boulot, qui ne sait pas s’il va pouvoir travailler la semaine prochaine, il va faire tout ce qu’il peut pour protéger sa famille. Il ne va pas se révolter », m’explique Ellie. Or, Hellas Gold promet l’embauche rapide de centaines de mineurs et des salaires élevés. En 2012, près de 1200 personnes sont déjà employées. Les travaux n’ont pas commencé et elles n’ont pas de tâches assignées. Il ne s’agit en effet pas de répondre aux besoins réels de l’entreprise mais de limiter la résistance, en manageant les relations locales, en entrant au cœur du village.

    Les mineurs ne sont d’ailleurs pas choisis au hasard. L’entreprise recrute principalement dans les villages où l’activité touristique est proscrite par la loi de 1973 et dans les familles de tradition minière. Elle vise plus particulièrement les chômeurs de longue durée, les personnes endettées et les proches des opposant·es. Elle a même tenté de recruter ces derniers en leur proposant les postes les plus élevés. Ce « chantage au travail » clive la société locale1. En divisant les villages, les familles, les groupes d’ami·es, Hellas Gold tente de déplacer le conflit qui oppose les habitant·es à la mine, de transformer la controverse qu’elle a générée en une querelle civile.

    L’entreprise organise ainsi des séminaires destinés à apprendre aux mineurs à « gérer » la contestation et soutient officieusement l’organisation de manifestations en faveur du projet des mines de Kassandre. Le 20 mars 2012, lors d’une action de blocage de la route organisée par les opposant·es pour empêcher les experts archéologues de conduire des recherches exploratoires, près de 500 mineurs débarquent de bus estampillés « Hellas Gold », attaquent la manifestation et détruisent la cabane qui sert de point de ralliement au mouvement. Dans les années qui suivent, des groupes de mineurs se rassemblent régulièrement derrière les lignes de police lors des manifestations organisées par les opposant·es.

    Il faut ici remarquer le rôle joué par l’association des syndicats des mineurs de fonds et de surface des mines de Kassandre (OME) qui militent en faveur du projet porté par Hellas Gold. L’entreprise les utilise régulièrement comme levier pour réclamer l’allégement des contraintes politiques qui limitent son action. À plusieurs reprises, la maison-mère Eldorado Gold menace en effet de suspendre ses investissements en Grèce et de licencier ses employé·es si l’État n’accélère pas les procédures d’attribution des permis nécessaires au lancement de la mine. Au lieu de demander des comptes à la compagnie, les syndicats de mineurs se mobilisent alors contre le gouvernement et contre les opposant·es au projet.

    C’est par exemple le cas en 2015, lorsque le gouvernement formé par le parti de gauche Syriza annonce vouloir ré-évaluer l’impact environnemental de la mine de Skouriès. Bien que cette procédure ne remette pas fondamentalement en question le projet de développement des mines de Kassandre, Eldorado Gold annonce qu’elle licenciera 600 personnes à Skouriès et 500 à Olympias si le permis n’est pas rapidement réinstauré. Les syndicats publient aussitôt une adresse au gouvernement et organisent des manifestations en Chalcidique et à Athènes. Les banderoles et les bus affrétés pour permettre aux ouvriers de rejoindre la capitale sont (une fois encore officieusement) financés par l’entreprise.

    Le chantage au travail et la pression exercée par les syndicats permettent ainsi à Hellas Gold de créer une véritable mobilisation dirigée, non pas contre l’entreprise, mais contre les activistes qui s’opposent au projet des mines de Kassandre.
    La carotte et le bâton : l’alternative des élections et de la répression

    Une vingtaine de villages de la municipalité d’Aristote sont divisés entre les défenseurs de la mine et ses opposant·es qui s’organisent au sein d’un mouvement anti-mine dont fait partie le Comité de lutte de Megali Panagia. Cette assemblée ouverte, créée en 2006, lors du lancement par Hellas Gold du plan d’étude préalable au développement de la mine de Skouriès, se fonde sur des principes anti-capitalistes, anti-autoritaires et auto-gestionnaires.

    En 2012, Hellas Gold obtient le permis d’exploiter la mine de Skouriès après la validation, par le Conseil d’État, d’une étude d’impact environnemental controversée, au motif qu’il s’agit d’un « investissement particulièrement avantageux pour l’économie nationale ». Les conséquences de la crise économique et les pressions de l’Union Européenne ne sont pas étrangères à cette décision. La mobilisation explose et de grandes manifestations sont organisées avec les assemblées de soutien de Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, située à une centaine de kilomètres de Skouriès. Le 4 novembre 2012, 7000 personnes défilent dans les rues du centre-ville. Le 9 mars 2013, elles sont plus de 12000.

    Des dizaines de comités locaux sont également créés dans la région d’Aristote mais leurs modes d’organisation et leurs motivations divergent. Certain·es habitant·es des villages touristiques entendent surtout protéger leurs investissements tandis que d’autres, partisan·nes du parti de gauche Syriza, souhaitent profiter de sa nouvelle notoriété nationale pour mobiliser une région qui ne dispose encore d’aucun groupe politique organisé. Le Comité de lutte de Megali Panagia n’exclut pas la discussion avec ces comités qui défendent une approche moins radicale de la lutte, davantage orientée vers l’idéal de la démocratie participative. La synthèse entre l’approche auto-gestionnaire et la perspective citoyenne s’avère pourtant difficile.

    En 2014, les comités citoyens suggèrent de participer aux élections municipales afin de destituer le maire de la municipalité d’Aristote, Christos Pachtas, ardent promoteur du projet des mines de Kassandre, et de le remplacer par un représentant de la lutte. Celui-ci ne pourra agir sans consulter l’assemblée générale des opposant·es : « L’assemblée devait être le véritable maire, l’outil, le véhicule », m’explique Ellie « Nous, on n’y croyait pas trop… ». Les membres du Comité de lutte de Megali Panagia, inquiet·es de la possible institutionnalisation du mouvement, rejettent l’idée mais « la pression était forte, c’était difficile de vraiment s’opposer à ce processus », ajoute Alexandra, « Nous on vote jamais dans notre assemblée mais on nous disait : ‘Vous êtes des anarchistes, vous votez pas, vous faites du mal à votre village.’ On nous poussait à voter pendant les assemblées générales ».

    Les comités citoyens décident ainsi de se focaliser sur la préparation des élections. La liste portée par le mouvement l’emporte mais le maire élu, Giannis Michos, quitte son poste quelques mois plus tard pour se consacrer à la gestion de l’entreprise de logistique qu’il dirige. Selon Ellie, la participation du mouvement aux élections municipales a eu d’importantes conséquences pour la mobilisation : « On a perdu de vue notre but initial. On s’est concentré sur les moyens de gagner l’élection et pas sur les moyens d’arrêter la mine ».

    Un événement national va lui aussi influencer le mouvement. En janvier 2015, Syriza remporte les élections législatives. Le parti, qui en avait fait l’un de ses arguments de campagne, suspend le permis d’exploitation d’Hellas Gold et demande une nouvelle évaluation de l’impact environnemental de son mode d’extraction. La compagnie menace alors, nous l’avons vu, de supprimer près de 1100 postes et pousse ainsi les syndicats de mineurs à se mobiliser. En janvier 2016, la cour administrative annule la décision du gouvernement et réinstaure le permis d’Hellas Gold. La déception est immense parmi les opposant·es qui avaient voté pour le parti en espérant l’annulation du projet. Les comités citoyens, qui s’étaient focalisés sur la possibilité d’une intervention politique, municipale et nationale, se démobilisent peu à peu.

    À cela s’ajoutent l’intense répression du mouvement, dont les manifestations sont régulièrement interrompues par les gaz lacrymogènes et les grenades assourdissantes, et le harcèlement policier et juridique des opposant·es (plus de 600 personnes seront traduites en justice) qui instillent un climat de terreur dans la région. L’un des événements les plus marquants est certainement l’enquête conduite, au mois de mars 2013, dans le village de Ierissos, à la suite d’une action de sabotage lors de laquelle des machines de chantier avaient été détruites. La police débarque alors dans le village et arrête près d’une centaine de personnes à qui elle impose un prélèvement ADN. Alexandra insiste sur l’impact de ce type d’interventions policières : « Très peu de gens se battent encore, beaucoup d’habitants ont peur de parler, de dire ce qu’ils pensent vraiment de la mine ».
    « No mining ! Nowhere ! » : combattre la nécropolitique

    Pourtant, si toutes les organisations citoyennes ont aujourd’hui cessé leur activité, le Comité de lutte de Megali Panagia continue à résister. « On a commencé tout seul et on est de nouveau quasiment seul, mais on a aussi retrouvé la dynamique d’auto-gestion autour de laquelle on s’était rassemblés », remarque Alexandra. « On va continuer, et pas seulement pour nous », ajoute-t-elle, « ce n’est que le premier d’un ensemble de projets de mines à ciel ouvert qu’ils veulent implanter en Chalcidique et en Macédoine. Ici, c’était un test, ils voulaient voir s’ils pouvaient casser la résistance, faire accepter le projet par la société locale. Ils essaient de paver la voie pour ce qui s’annonce ». Officiellement, Eldorado Gold compte en effet développer au moins deux autres projets de mines à ciel ouvert : Perama et Sapes, tous deux situés dans la région de la Thrace, au nord-ouest du pays.

    Il ne s’agit ainsi pas uniquement, pour les membres du CMLP, de défendre la municipalité d’Aristote contre les conséquences délétères de l’extractivisme mais de s’opposer à une logique économique et sociale globale. Ellie m’explique ainsi qu’iels ne croient pas à la possibilité d’un extractivisme durable :

    « La mine a apporté plus de peine, de souffrance et de pauvreté qu’elle n’a jamais apporté de conforts et de richesses. Au début de la mobilisation, en 2006, une pédiatre, une femme, a dit quelque chose de très important : « Je ne suis pas originaire de Megali Panagia mais je me suis mariée ici et j’y vis depuis les années 1980. Parce que je suis pédiatre, je suis entrée dans presque toutes les maisons du village. La première chose que j’ai remarqué quand je suis entrée dans vos maisons, c’est la richesse du salon. Un nouveau canapé, un nouveau frigo, de nouveaux meubles… La seconde image, la réalité cachée, était dans la chambre à coucher… Les bouteilles d’oxygène du mineur malade… » »

    L’impact environnemental et sanitaire du projet des mines de Kassandre, et la répression de la contestation, participent de ce que le politologue Achille Mbembe qualifie de « nécropolitique »2. Michel Foucault analyse la « biopolitique », qui vise l’accroissement de la vitalité de la population (par la prise en charge médicale, l’amélioration des conditions de vie et de l’hygiène publique), comme une forme moderne de gouvernement fondée sur le développement d’un contrôle individualisé des corps et des comportements. Mbembe montre cependant qu’elle s’adosse à une forme plus archaïque de souveraineté qui replace la mort au centre de l’organisation sociale : la nécropolitique est le pouvoir de décider quelles vies méritent d’être protégées et quelles vies peuvent être sacrifiées au bénéfice de la vitalité des premières.

    Dans son étude sur la lutte contre la construction de la centrale nucléaire de Kudankulam, en Inde, Raminder Kaur explique ainsi que l’exercice de la biopolitique concerne surtout les habitant·es relativement aisé·es des centres urbains3. La nécropolitique se dirige quant à elle davantage vers les marges péri-urbaines et rurales dont les habitant·es sont considéré·es comme une donnée accessoire par le récit dominant. Or, c’est bien cet enjeu de justice territoriale que soulève les membres du CMLP lorsqu’iels insistent, avec Ellie, sur la dimension politique de leur lutte : « Ce que nous voulons c’est l’arrêt total des mines de Chalcidique pour que la région trouve d’autres moyens, invente d’autres modes de vie. Nous voulons décider, par nous-mêmes, de ce que nous allons faire de nos villages ! »

    La politique de l’État grec ne va cependant pas dans ce sens. En février 2021, le gouvernement signe un nouveau contrat avec Hellas Gold stipulant qu’il abandonne l’ensemble de ses créances sur l’entreprise, que celle-ci dispose d’une liberté totale dans le choix de ses méthodes d’extraction et que le traitement des plaintes environnementales sera effectué par des auditeurs privés engagés par la firme.

    Dans ce contexte, comment trouver les ressources pour poursuivre la lutte ? « On a rencontré des gens qui se battent dans le monde entier, des gens incroyables venus de la zad en France, du No-Tav en Italie, d’Atenco au Mexique, de Standing Rock aux États-Unis, et pleins d’autres… Ce sont eux qui nous donnent la force de continuer ! », m’explique Yannis en souriant, « On partage nos expériences, nos luttes, pour qu’il n’y ait plus d’extractivisme nulle part ! »

    Pour plus d’informations sur le CMLP et la lutte contre le projet de mine de Skouriès, visiter epitropiagonapanagias.blogspot.com (http://epitropiagonapanagias.blogspot.com) ou la page Facebook.

    https://www.terrestres.org/2023/01/26/resister-a-la-monoculture-miniere-retour-sur-la-lutte-de-skouries-en-gre
    #résistance #extractivisme

  • Consumers will finally see FCC-mandated ‘nutrition labels’ for most broadband plans - The Verge
    https://www.theverge.com/2024/4/10/24125572/fcc-broadband-nutrition-labels-isp-deadline-today

    Viva Lina Khan

    It appears that a nearly eight-year-long battle by the FCC to require internet companies to display information on the costs, fees, and speeds of their broadband services is finally over. Starting on Wednesday, all but the smallest ISPs will be required to publish broadband “nutrition labels” on all of their plans, the regulator announced. The FCC’s intention behind the labels is that they’ll allow consumers to more easily comparison shop between plans and avoid any hidden fees.

    The next time you shop for either a standalone home or fixed internet plan, or a new mobile broadband plan, you should notice such a label. Each label will include monthly broadband prices, introductory rate details, data allowances, broadband speeds, and links to find out about any available discounts or service bundles. Links to network management practices and privacy policies should be listed as well. The labels should appear both online and at physical stores.
    Sample fixed internet nutrition label
    Sample fixed internet nutrition label Image: FCC
    Sample mobile internet nutrition label.
    Sample mobile internet nutrition label. Image: FCC

    Most of the information in the labels is publicly available but would require some time and research for the average consumer to sleuth out. In the past, the broadband industry has published advertised speeds for broadband plans that misrepresent the actual connection speeds available for most customers. The new labels should cut down on this practice; ISPs must now publish “typical” download and upload speeds with each plan.

    Major broadband providers have fought vigorously over the years to kill the rule, arguing that such labels would be too costly and complicated to implement. Some consumer advocates also criticize the FCC for not addressing the more serious problem of regional broadband monopolies. Many Americans, especially in rural or less economically prosperous areas, only have one or two options for their broadband provider. Adding to the sense of urgency is that a program that gives low-income Americans additional money to purchase broadband internet plans is set to expire at the end of the month.

    Regional ISPs with only one or zero competitors have little incentive to lower their prices or improve their speeds. Dozens of cities have tried to address the problem on their own by building out their own municipal broadband networks, though, of course, the telecom industry is trying its best to fight this.

    So far, Verizon, Google Fiber, and T-Mobile have released labels ahead of the deadline. Although the FCC’s official deadline for compliance (if you’re a major ISP) is April 10th, small ISPs (with fewer than 100,000 lines) have until October 10th to implement the nutritional labels.

    #Lina_Khan #Concurrence #Fournisseurs_accès #Monopoles_numériques

  • Consumers will finally see FCC-mandated ‘nutrition labels’ for most broadband plans - The Verge
    https://www.theverge.com/2024/4/10/24125572/fcc-broadband-nutrition-labels-isp-deadline-today

    Viva Lina Khan

    It appears that a nearly eight-year-long battle by the FCC to require internet companies to display information on the costs, fees, and speeds of their broadband services is finally over. Starting on Wednesday, all but the smallest ISPs will be required to publish broadband “nutrition labels” on all of their plans, the regulator announced. The FCC’s intention behind the labels is that they’ll allow consumers to more easily comparison shop between plans and avoid any hidden fees.

    The next time you shop for either a standalone home or fixed internet plan, or a new mobile broadband plan, you should notice such a label. Each label will include monthly broadband prices, introductory rate details, data allowances, broadband speeds, and links to find out about any available discounts or service bundles. Links to network management practices and privacy policies should be listed as well. The labels should appear both online and at physical stores.
    Sample fixed internet nutrition label
    Sample fixed internet nutrition label Image: FCC
    Sample mobile internet nutrition label.
    Sample mobile internet nutrition label. Image: FCC

    Most of the information in the labels is publicly available but would require some time and research for the average consumer to sleuth out. In the past, the broadband industry has published advertised speeds for broadband plans that misrepresent the actual connection speeds available for most customers. The new labels should cut down on this practice; ISPs must now publish “typical” download and upload speeds with each plan.

    Major broadband providers have fought vigorously over the years to kill the rule, arguing that such labels would be too costly and complicated to implement. Some consumer advocates also criticize the FCC for not addressing the more serious problem of regional broadband monopolies. Many Americans, especially in rural or less economically prosperous areas, only have one or two options for their broadband provider. Adding to the sense of urgency is that a program that gives low-income Americans additional money to purchase broadband internet plans is set to expire at the end of the month.

    Regional ISPs with only one or zero competitors have little incentive to lower their prices or improve their speeds. Dozens of cities have tried to address the problem on their own by building out their own municipal broadband networks, though, of course, the telecom industry is trying its best to fight this.

    So far, Verizon, Google Fiber, and T-Mobile have released labels ahead of the deadline. Although the FCC’s official deadline for compliance (if you’re a major ISP) is April 10th, small ISPs (with fewer than 100,000 lines) have until October 10th to implement the nutritional labels.

    #Lina_Khan #Concurrence #Fournisseurs_accès #Monopoles_numériques

  • JustMusic : Geschlossen ab 18.03.2024
    https://www.justmusic.de


    Le massacre des commerces intermédiaires continue. Même dans les grandes villes Amazon, Ebay et d’autres plateformes sont devenues des monopoles qui auront raison de toutes les structures marchandes nationales. Si les gouvernements régionales et nationales ne creent pas d’environnement favorable aux commerces bientôt il n’y aura plus que des commerces de luxe à la place des boutiques pour tout le monde.

    Trotz verschiedenster Gegenmaßnahmen und Umstrukturierungen operierte das Unternehmen JustMusic seit längerem nicht mehr wirtschaftlich. Unser Kerngeschäft verlagerte sich zunehmend zu wenigen Online-Giganten, mit weitaus vorteilhafteren Kostenstrukturen. Diese entfachten einen Preisdruck, zu dem wir als Großstadt-Einzelhändler mit Vollsortiment und den damit verbundenen Personal- und Betriebskosten nicht mehr konkurrenzfähig waren. Anders als die Online-Giganten konnten wir die stetig sinkenden Margen nicht durch massenhaften Umsatz kompensieren.

    Auch im lokalen Musikfachhandel war der akute Fachkräftemangel längst offensichtlich und erschwerte ein effektives Ausschöpfen der prinzipiellen Vorteile gegenüber der Online-Konkurrenz. Diesen und andere Faktoren konnten wir nicht beeinflussen, u.a. die angeordneten Ladenschließungen und Auflagen zur Pandemie, die Inflation, die stark gestiegenen Betriebskosten oder die rückläufige Nachfrage am Luxusgut „Musikinstrument“ in wirtschaftlich unsicheren Zeiten.

    Nach langjährigem Aufbäumen, den internen Umstrukturierungen während und nach der Pandemie mit den damit verbundenen Schließungen der Filialen in Hamburg, München und Dortmund, sowie der Piano Galerie in Wilmersdorf, sahen wir keine weitere Möglichkeit mehr, den Negativtrend umzukehren.

    Mit JustMusic verabschiedete sich nicht nur ein weiteres Kaufhaus aus der Hauptstadt, sondern ein Treffpunkt für Musiker und Musikbegeisterte, ein Stück Tradition & Kultur. Die Geschäftsführung sowie alle JustMusiker hatten in den vergangenen Jahren alles versucht, das Fortbestehen zu sichern. Wir bedauern zutiefst, dass uns das nicht gelungen ist.

    An alle unsere Kunden und Freunde des Hauses geht ein herzliches Dankeschön für ihre Treue und für ihr Interesse. Ebenfalls bedanken wir uns bei allen aktuellen und ehemaligen Kolleginnen und Kollegen für ihren Einsatz und ihre Loyalität über die Jahrzehnte.

    #Berlin #commerce #monopoles #plateformes #internet

  • NTP Pool - The Internet Timekeeper
    https://labs.ripe.net/author/giovane_moura/ntp-pool-the-internet-timekeeper

    Dans quelques pays le service de synchronisation de l’heure par le protocole NTP est fourni par un monopole privé (cloudflare en l’occurence). Ailleurs ce service est l’un des quelques services de base d’intenet qui fonctionnent encore comme structure solidaire internationale.

    Cette situation constitue un risque pour la stabilité du net. Les adaptations nécessaires respectives n’ont pas encore été réalisées.

    14.3.2024


    Number of NTP servers for all users in a country

    The NTP Pool is a network of volunteer-run servers providing time synchronisation services to millions of computers over the Internet using the Network Time Protocol (NTP). But how does it map clients to NTP servers? And why are some clients more equal than others? The team at SIDN Labs investigates.
    ...
    But the real issue is that users from 27 countries - totalling 767m inhabitants and 465m Internet users - are served by a single Autonomous System as time provider when using the NTP Pool, even if the NTP Pool lists more than 4,700 servers. These are the countries in red in the figure below and expanded in the table.


    Number of ASes (time providers) serving each country


    ... countries served by a single time provider: Cloudflare and other ASes (bold)

    Masters of Time : An Overview of the NTP Ecosystem
    https://ieeexplore.ieee.org/document/8406595

    2018, Publisher: IEEE - Abstract:The Network Time Protocol (NTP) is currently the most commonly used approach to keeping the clocks of computing devices accurate. It operates in the background of many systems; however, it is often important because if NTP fails in providing the correct time, multiple applications such as security protocols like TLS can fail. Despite its crucial practical role, only a limited number of measurement studies have focused on the NTP ecosystem. In this paper, we report the results of an in-depth longitudinal study of the services provided by the NTP Pool Project, which enables volunteers to offer their NTP services to other Internet users in a straightforward manner. We supplement these observations with an analysis of other readily available NTP servers, such as those offered by OS vendors or those that can be freely found on the Internet. The analysis indicates a reliance on a small set of servers that are (at least indirectly) responsible for providing the time for the Internet. Furthermore, this paper considers the impact of several incidents that the authors observed between December 2016 and April 2017. To complement this study, we also perform an analysis of multiple geographical regions from the operator’s perspective, spanning a period of 5 months. A coarse-grained categorization of client requests allows us to categorize 95 percent of our incoming traffic as NTP- and SNTP-like traffic (the latter being a simpler, but more error-prone, form of NTP); we observe that up to 75 percent of all requests originated from SNTPlike clients. With this in mind, we consider what kind of harm a rogue server administrator could cause to users.

    #internet #ntp #sécurité #monopoles #privatisation

  • #Ikea, le seigneur des forêts

    Derrière son image familiale et écolo, le géant du meuble suédois, plus gros consommateur de bois au monde, révèle des pratiques bien peu scrupuleuses. Une investigation édifiante sur cette firme à l’appétit démesuré.

    C’est une des enseignes préférées des consommateurs, qui équipe depuis des générations cuisines, salons et chambres d’enfants du monde entier. Depuis sa création en 1943 par le visionnaire mais controversé Ingvar Kamprad, et au fil des innovations – meubles en kit, vente par correspondance, magasins en self-service… –, la petite entreprise a connu une croissance fulgurante, et a accompagné l’entrée de la Suède dans l’ère de la consommation de masse. Aujourd’hui, ce fleuron commercial, qui participe pleinement au rayonnement du pays à l’international, est devenu un mastodonte en expansion continue. Les chiffres donnent le tournis : 422 magasins dans cinquante pays ; près d’un milliard de clients ; 2 000 nouveaux articles au catalogue par an… et un exemplaire de son produit phare, la bibliothèque Billy, vendu toutes les cinq secondes. Mais le modèle Ikea a un coût. Pour poursuivre son développement exponentiel et vendre toujours plus de meubles à bas prix, le géant suédois dévore chaque année 20 millions de mètres cubes de bois, soit 1 % des réserves mondiales de ce matériau… Et si la firme vante un approvisionnement responsable et une gestion durable des forêts, la réalité derrière le discours se révèle autrement plus trouble.

    Greenwashing
    Pendant plus d’un an, les journalistes d’investigation Xavier Deleu (Épidémies, l’empreinte de l’homme) et Marianne Kerfriden ont remonté la chaîne de production d’Ikea aux quatre coins du globe. Des dernières forêts boréales suédoises aux plantations brésiliennes en passant par la campagne néo-zélandaise et les grands espaces de Pologne ou de Roumanie, le documentaire dévoile les liens entre la multinationale de l’ameublement et l’exploitation intensive et incontrôlée du bois. Il révèle comment la marque au logo jaune et bleu, souvent via des fournisseurs ou sous-traitants peu scrupuleux, contribue à la destruction de la biodiversité à travers la planète et alimente le trafic de bois. Comme en Roumanie, où Ikea possède 50 000 hectares de forêts, et où des activistes se mobilisent au péril de leur vie contre une mafia du bois endémique. Derrière la réussite de l’une des firmes les plus populaires au monde, cette enquête inédite éclaire l’incroyable expansion d’un prédateur discret devenu un champion du greenwashing.

    https://www.arte.tv/fr/videos/112297-000-A/ikea-le-seigneur-des-forets
    #film #film_documentaire #documentaire #enquête
    #greenwashing #green-washing #bois #multinationale #meubles #Pologne #Mazovie #Mardom_House #pins #Ingvar_Kamprad #délocalisation #société_de_consommation #consumérisme #résistance #justice #Fondation_Forêt_et_citoyens #Marta_Jagusztyn #Basses-Carpates #Carpates #coupes_abusives #exploitation #exploitation_forestière #consommation_de_masse #collection #fast-furniture #catalogue #mode #marketing #neuro-marketing #manipulation #sous-traitance #chaîne_d'approvisionnement #Sibérie #Russie #Ukraine #Roumanie #accaparement_de_terres #Agent_Green #trafic_de_bois #privatisation #Gabriel_Paun #pillage #érosion_du_sol #image #prix #impact_environnemental #FSC #certification #norme #identité_suédoise #modèle_suédois #nation_branding #Estonie #Lettonie #Lituanie #lobby #mafia_forestière #coupes_rases #Suède #monoculture #sylviculture #Sami #peuples_autochtones #plantation #extrême_droite #Brésil #Parcel_Reflorestadora #Artemobili #code_de_conduite #justice #responsabilité #abattage #Nouvelle-Zélande #neutralité_carbone #compensation_carbone #maori #crédits-carbone #colonisation

    • #fsc_watch

      This site has been developed by a group of people, FSC supporters and members among them, who are very concerned about the constant and serious erosion of the FSC’s reliability and thus credibility. The group includes Simon Counsell, one of the Founder Members of the FSC; Hermann Edelmann, working for a long term FSC member organisation; and Chris Lang, who has looked critically at several FSC certifications in Thailand, Laos, Brazil, USA, New Zealand, South Africa and Uganda – finding serious problems in each case.

      As with many other activists working on forests worldwide, we share the frustration that whilst the structural problems within the FSC system have been known for many years, the formal mechanisms of governance and control, including the elected Board, the General Assembly, and the Complaints Procedures have been highly ineffective in addressing these problems. The possibility of reforming – and thus ‘saving’ – the FSC through these mechanisms is, we feel, declining, as power within the FSC is increasingly captured by vested commercial interest.

      We feel that unless drastic action is taken, the FSC is doomed to failure. Part of the problem, in our analysis, is that too few FSC members are aware of the many profound problems within the organisation. The FSC Secretariat continues to pour out ‘good news stories’ about its ‘successes’, without acknowledging, for example, the numerous complaints against certificates and certifiers, the cancellation of certificates that should never have been awarded in the first place, the calls for FSC to cease certifying where there is no local agreement to do so, the walk-outs of FSC members from national processes because of their disillusionment with the role of the economic chamber, etc. etc. etc.

      There has been no honest evaluation of what is working and what is not what working in the FSC, and no open forum for discussing these issues. This website is an attempt to redress this imbalance. The site will also help people who are normally excluded from the FSC’s processes to express their views and concerns about the FSC’s activities.

      Please share your thoughts or information. Feel free to comment on our postings or send us any information that you consider valuable for the site.

      UPDATE (25 March 2010): A couple of people have requested that we explain why we are focussing on FSC rather than PEFC. Shortly after starting FSC-Watch we posted an article titled: FSC vs PEFC: Holy cows vs the Emperor’s new clothes. As this is somewhat buried in the archives, it’s reproduced in full here (if you want to discuss this, please click on the link to go to the original post):
      FSC vs PEFC: Holy cows vs the Emperor’s new clothes

      One of the reasons I am involved in this website is that I believe that many people are aware of serious problems with FSC, but don’t discuss them publicly because the alternative to FSC is even worse. The alternative, in this case is PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes) and all the other certification schemes (Cerflor, Certflor, the Australian Forestry Standard, the Malaysian Timber Certification Council and so on). One person has suggested that we should set up PEFC-Watch, in order “to be even-handed”.

      The trouble with this argument is that PEFC et al have no credibility. No NGOs, people’s organisations or indigenous peoples’ organisations were involved in setting them up. Why bother spending our time monitoring something that amounts to little more than a rubber stamp? I can just see the headlines: “Rubber stamp PEFC scheme rubber stamps another controversial logging operation!” Shock, horror. The Emperor is stark bollock naked, and it’s not just some little boy pointing this out – it’s plain for all to see, isn’t it?

      One way of countering all these other schemes would be to point out that FSC is better. But, if there are serious problems with FSC – which there are, and if we can see them, so can anyone else who cares to look – then the argument starts to look very shaky.

      FSC standards aren’t bad (apart from Principle 10, which really isn’t much use to anyone except the pulp and paper industry). They say lots of things we’d probably want forest management standards to say. The trouble is that the standards are not being applied in practice. Sure, campaign against PEFC, but if FSC becomes a Holy Cow which is immune to criticism (not least because all the criticism takes place behind closed doors), then we can hardly present it as an alternative, can we?…”

      By the way, anyone who thinks that PEFC and FSC are in opposition should read this interview with Heiko Liedeker (FSC’s Executive Director) and Ben Gunneberg (PEFC’s General Secretary). In particular this bit (I thought at first it must be a mix up between FSC and PEFC, or Liedeker and Gunneberg):

      Question: As a follow-up question, Heiko Liedeker, from your perspective, is there room ultimately for programs like the Australian Forestry Standard, Certfor and others to operate under the FSC umbrella?

      Heiko Liedeker: Absolutely. FSC was a scheme that was set-up to provide mutual recognition between national standard-setting initiatives. Every national initiative sets its standard. Some of them are called FSC working groups, some of them are called something else. In the UK they are called UKWAS. We’ve been in dialogue with Edwardo Morales at Certfor Chile. They are some of the FSC requirements listed for endorsement, we certainly entered into discussion. We’ve been in discussion with the Australian Forestry Standard and other standard-setting initiatives. What FSC does not do is, it has one global scheme for recognizing certification. So we do not, and that’s one of the many differences between FSC and PEFC, we do not require the development of a certification program as such. A standard-setting program is sufficient to participate in the network.

      https://fsc-watch.com

    • Complicit in destruction: new investigation reveals IKEA’s role in the decimation of Romania’s forests

      IKEA claims to be people and planet positive, yet it is complicit in the degradation and destruction of Romania’s forests. A new report by Agent Green and Bruno Manser Fonds documents this destruction and presents clear requests to the furniture giant.

      A new investigative report (https://www.bmf.ch/upload/Kampagnen/Ikea/AG_BMF_report_IKEA_web_EN.pdf) by Agent Green and Bruno Manser Fonds shows a consistent pattern of destructive logging in IKEA-linked forests in Romania, with massive consequences for nature and climate. The findings are based on an analysis of official documents and field investigations of nine forest areas in Romania. Seven of them are owned by the IKEA-related company Ingka Investments and two are public forests supplying factories that produce for IKEA. The analysis uncovers over 50 suspected law violations and bad forest management practices. Biodiversity rich forest areas cut to the ground, intensive commercial logging conducted in ecologically sensitive or even old-growth forests without environmental assessments, dozens of meters deep tractor roads cutting through the forest are just a few of the issues documented.

      Most of the visited forests are fully or partially overlapping with EU protected areas. Some of these forests were strictly protected or under low-intensity logging before Ingka took over. Now they are all managed to maximize wood extraction, with no regard to forest habitats and their vital role for species. Only 1.04% of the total Ingka property in Romania are under a strict protection regime and 8.24% under partial protection. This is totally insufficient to meet EU goals. The EU biodiversity strategy requires the protection of a minimum of 30% of EU land area, from which 10% need to be strictly protected. One key goal is to strictly protect all remaining primary and old-growth forests in the EU.

      At the press conference in Bucharest Gabriel Păun, President of Agent Green, stated: “IKEA/Ingka seem to manage their forests like agricultural crops. Letting trees grow old is not in their culture. Removing entire forests in a short period of time is a matter of urgency for IKEA, the tree hunter. The entity disregards both the written laws and the unwritten ways of nature. IKEA does not practice what they preach regardless of whether it is the European Union nature directives, Romanian national legislation, or the FSC forest certification standard. But as a company with revenues of billions of Euros and Romania’s largest private forest owner, IKEA / Ingka should be an example of best practice.”

      Ines Gavrilut, Eastern Europe Campaigner at the Bruno Manser Fonds, added: “It is high time that IKEA started to apply its declared sustainability goals. IKEA could do so much good if it really wanted to set a good example as a forest owner, administrator, and large wood consumer in Romania and beyond. Needs could also be covered without resorting to destructive logging, without converting natural forests into plantations – but this requires tackling difficult issues such as the core of IKEA’s business model of “fast furniture”. Wood products should not be for fast consumption but should be made to last for decades.”

      Agent Green and Bruno Manser Fonds urge IKEA and the Ingka Group to get a grip on their forest operations in Romania to better control logging companies, not to source wood from national or natural parks, to effectively increase protection and apply forestry close to nature in own forests, to ensure full traceability and transparency of the IKEA supply chain, and allow independent forest oversight by civil society and investigative journalists.

      In August 2021, Agent Green published its first report documenting destruction in IKEA-linked forests in Romania. In May 2023, Agent Green and Bruno Manser Fonds sent an open letter of concern to the Ingka Group and IKEA Switzerland. BMF also started a petition demanding IKEA to stop deforestation in Romania’s protected forest areas and other high conservation value forests.

      The ARTE documentary IKEA, the tree hunter brilliantly tells the story of the real cost of IKEA furniture, the uncontrolled exploitation of wood and human labour.

      https://bmf.ch/en/news/neue-untersuchung-belegt-ikeas-beteiligung-an-der-waldzerstorung-in-rumanien-256

      #rapport

  • #Lo_stupro: il monologo di #Franca_Rame violentata da un commando di neofascisti nel 1973

    Franca Rame venne sequestrata il 9 marzo 1973. All’epoca molto impegnata insieme al marito, Dario Fo, non solo nell’attività teatrale, ma anche in favore dei carcerati e in particolare dei detenuti di estrema sinistra, venne quel giorno, in Via Nirone a Milano, fatta salire a forza su un furgone, sottoposta a violenza carnale e successivamente abbandonata in un parco.

    https://www.youtube.com/watch?v=8XsAScSWLog


    #viol #monologue #violences_sexuelles #kidnapping #viol_de_groupe #fascistes #témoignage #peur #théâtre #cigarettes #humiliation #extrême_droite #Italie

  • #CIAO-CIAO_BOURBINE (#BON_SCHUUR_TICINO)

    Un #référendum fou plonge la Suisse dans l’#état_d'urgence. En acceptant l’initiative « #No_Bilangue », il ne devrait plus y avoir qu’une seule langue nationale : le français. De nombreux Suisses alémaniques sont donc en crise. Dont Walter Egli, 56 ans, qui travaille pour la police fédérale et doit veiller à ce que le passage au monolinguisme se fasse correctement. Bien qu’il ne parle pratiquement pas le français lui-même, il est envoyé au #Tessin avec un partenaire romand pour découvrir un groupe de résistance tessinois qui lutte par tous les moyens contre la nouvelle loi.

    https://www.youtube.com/watch?v=ak9cfKFw0tw


    https://www.swissfilms.ch/fr/movie/bon-schuur-ticino/8E192B51D33E4ED2B6C0ABEEC82B75A7

    #langues #Suisse #monolinguisme #démocratie_directe #comédie #résistance #Tessin
    #film

  • « Opération Ace of Spades » : Motörhead au service secret de Sa Majesté – Libération
    https://www.liberation.fr/culture/musique/operation-ace-of-spades-motorhead-au-service-secret-de-sa-majeste-2024022
    https://www.youtube.com/watch?v=3mbvWn1EY6g

    C’est le plus gros tube de #Motörhead. Le seul même. Le vrombissant Ace of Spades, aussi pétaradant qu’une Harley-Davidson au démarrage, offre son titre à un roman où comme on l’aura compris le groupe de Lemmy Kilmister, peut-être l’homme le plus #rock’n’roll que la terre n’a jamais est enfanté, est au centre d’une histoire aussi délirante que les frasques du chanteur-bassiste fan du mélange speed-Jack Daniels. A la plume électrique, le rock-critic Patrick Foulhoux déjà responsable entre autres d’une biographie des mythiques Thugs et d’une encyclopédie répertoriant le gratin de la scène punk-garage. Ce passage à la fiction, voire science-fiction, est une réussite. A la base une imagination étincelante mettant en scène un Motörhead, engagé par les services secrets britanniques pour sauver le monde d’un black-out sonore généralisé. La solution d’urgente de ces men in black punks ? Rajouter des trémas sur les « o » dès qu’ils sont prononcés. On ne dévoilera pas plus ce court roman picaresque totalement réjouissant, qui frise par instants le surréalisme burlesque. A lire d’une traite même si on est fan de folk.

    https://www.mono-tone-records-editions.com/livresbooks
    #Patrick_Foulhoux #mono_tone_rds

  • Le monde selon Elon Musk
    https://www.arte.tv/fr/videos/117797-000-A/le-monde-selon-elon-musk

    Doucumentaire disponible du 27/02/2024 au 26/05/2024 - le contenu de la vidéo correspond à un texte qui se lit en dix minutes. On y apprend surtout une chose : X/Twitter n’est pas le dada d’un milliardaire excentrique mais la clé de voûte d’un empire dont le seigneur correspond assez à l’entrepreneur-surhomme d’Ayn Rand dans Atlas Shrugged . C’est assez flippant que ces énergumènes soient à la tête de puissantes organisations.

    Twitteur compulsif, Elon Musk s’est offert en 2022 son réseau social préféré, et l’a brutalement façonné selon ses désirs. Cette enquête punchy relate les relations orageuses entre la plate-forme et le milliardaire, et leurs incidences sur le débat public.

    « Certains s’expriment à travers leurs cheveux, moi je me sers de Twitter. » En 2010, l’entrepreneur Elon Musk a rejoint la « conversation mondiale » et s’est vite fait remarquer par ses tweets potaches ou absurdes. Cette notoriété a rejailli sur ses activités industrielles, axées notamment sur la conquête spatiale et les voitures électriques, contribuant à réduire les dépenses marketing de son empire. Mais les relations entre le magnat d’origine sud-africaine et Twitter ont connu des hauts et des bas. Elon Musk, influencé par ses aspirations libertariennes, a souvent vitupéré contre sur ce qu’il considérait comme des atteintes à la liberté d’expression, quand l’équipe dirigeante de Twitter, longtemps accusée de laxisme face aux propos haineux et aux fake news, tentait, elle, de redresser la barre. Il a par exemple volé au secours de Donald Trump en janvier 2021, lorsque le compte Twitter de ce dernier a été supprimé après l’assaut du Capitole. Pour modeler son réseau social favori à sa guise, Elon Musk a fini par se l’offrir en octobre 2022, après une bataille juridique mémorable. Depuis, Twitter, rebaptisé X en 2023, a licencié des milliers de salariés, notamment des modérateurs de contenu, et ouvert les vannes du complotisme et de l’incitation à la haine.

    Choc des cultures
    Selon la recette éprouvée qui fait la force des documentaires d’actualité Frontline, ce film de James Jacoby entremêle témoignages clés et archives récentes. Il nous replonge jour après jour dans un haletant feuilleton qui a mal fini : la reprise en main de Twitter et une « conversation mondiale » qui vire à la polarisation et à la virulence. Plusieurs ex-salariés de la plate-forme livrent d’éclairants témoignages sur l’avant et l’après-Elon Musk, racontant le choc des cultures entre monde industriel et pépite de la tech, les licenciements brutaux et même un inquiétant déchaînement de haine, complaisamment relayé par le réseau social, à l’encontre de l’un d’entre eux, Yoel Roth, en charge du département de la confiance et de la sécurité de la plate-forme au moment du rachat. Retraçant une décennie de relations orageuses entre Twitter et l’impulsif milliardaire, et le débat sur la liberté d’expression et la désinformation qu’elles ont alimenté, cette enquête à l’efficacité anglo-saxonne montre comment la démocratie a perdu quelques plumes dans l’aventure.

    Réalisation : James Jacoby

    Pays : Etats-Unis

    Année : 2023
    Durée : 91 min

    Disponible du 27/02/2024 au 26/05/2024

    Genre : Documentaires et reportages

    #impérialisme #propagande #relatiins_publiques #manipulation #réseaux_sociaux #économie #idéologie #culte_de_la_personne #monopoles #film #documentaire #TV

  • « La vraie #souveraineté_alimentaire, c’est faire évoluer notre #modèle_agricole pour préparer l’avenir »

    Professeur à l’université Paris-Saclay AgroParisTech, l’économiste de l’environnement #Harold_Levrel estime que le concept de « souveraineté alimentaire » a été détourné de sa définition originelle pour justifier un modèle exportateur et productiviste.

    Hormis les denrées exotiques, dans la plupart des secteurs, la #production_agricole nationale pourrait suffire à répondre aux besoins des consommateurs français, sauf dans quelques domaines comme les fruits ou la volaille. Or, les #importations restent importantes, en raison d’un #modèle_intensif tourné vers l’#exportation, au risque d’appauvrir les #sols et de menacer l’avenir même de la production. D’où la nécessité de changer de modèle, plaide l’économiste.

    Comment définir la souveraineté alimentaire ?

    Selon la définition du mouvement altermondialiste Via Campesina lors du sommet mondial sur l’alimentation à Rome en 1996, c’est le droit des Etats et des populations à définir leur #politique_agricole pour garantir leur #sécurité_alimentaire, sans provoquer d’impact négatif sur les autres pays. Mais les concepts échappent souvent à ceux qui les ont construits. Mais aujourd’hui, cette idée de solidarité entre les différents pays est instrumentalisée pour justifier une stratégie exportatrice, supposée profiter aux pays du Sud en leur fournissant des denrées alimentaires. Le meilleur moyen de les aider serait en réalité de laisser prospérer une #agriculture_vivrière et de ne pas les obliger à avoir eux aussi des #cultures_d’exportation. Au lieu de ça, on maintient les rentes de pays exportateurs comme la France. Quand le gouvernement et d’autres parlent d’une perte de souveraineté alimentaire, ça renvoie en réalité à une baisse des exportations dans certains secteurs, avec un état d’esprit qu’on pourrait résumer ainsi : « Make French agriculture great again. » Depuis le Covid et la guerre en Ukraine, la souveraineté alimentaire est devenue l’argument d’autorité pour poursuivre des pratiques qui génèrent des catastrophes écologiques et humaines majeures.

    Nous n’avons donc pas en soi de problème d’#autonomie_alimentaire ?

    Ça dépend dans quel domaine. Les défenseurs d’un modèle d’exploitation intensif aiment à rappeler que notre « #dépendance aux importations » est de 70 % pour le #blé dur, 40 % pour le #sucre, et 29 % pour le #porc. Mais omettent de préciser que nos taux d’auto-approvisionnement, c’est-à-dire le rapport entre la production et la consommation françaises, sont de 123 % pour le blé dur, 165 % pour le sucre, et 99 % pour le porc. Ça signifie que dans ces secteurs, la production nationale suffit en théorie à notre consommation, mais que l’on doit importer pour compenser l’exportation. Il y a en réalité très peu de produits en France sur lesquels notre production n’est pas autosuffisante. Ce sont les fruits exotiques, l’huile de palme, le chocolat, et le café. On a aussi des vrais progrès à faire sur les fruits tempérés et la viande de #volaille, où l’on est respectivement à 82 et 74 % d’auto-approvisionnement. Là, on peut parler de déficit réel. Mais il ne serait pas très difficile d’infléchir la tendance, il suffirait de donner plus d’aides aux maraîchers et aux éleveurs, qu’on délaisse complètement, et dont les productions ne sont pas favorisées par les aides de la #Politique_agricole_commune (#PAC), qui privilégient les grands céréaliers. En plus, l’augmentation de la production de #fruits et #légumes ne nécessite pas d’utiliser plus de #pesticides.

    Que faire pour être davantage autonomes ?

    A court terme, on pourrait juste rebasculer l’argent que l’on donne aux #céréaliers pour soutenir financièrement les #éleveurs et les #maraîchers. A moyen terme, la question de la souveraineté, c’est : que va-t-on être capable de produire dans dix ans ? Le traitement de l’#eau polluée aux pesticides nous coûte déjà entre 500 millions et 1 milliard d’euros chaque année. Les pollinisateurs disparaissent. Le passage en #bio, c’est donc une nécessité. On doit remettre en état la #fertilité_des_sols, ce qui suppose d’arrêter la #monoculture_intensive de #céréales. Mais pour cela, il faut évidemment réduire certaines exportations et investir dans une vraie souveraineté alimentaire, qui nécessite de faire évoluer notre modèle agricole pour préparer l’avenir.

    https://www.liberation.fr/environnement/agriculture/la-vraie-souverainete-alimentaire-cest-faire-evoluer-notre-modele-agricol
    #agriculture_intensive #industrie_agroalimentaire

  • Radio Canada La « merdification » du web

    « Je ne veux pas rétablir le "bon vieux" web. Je veux que nous ayons un "bon nouveau" web. »
    Cory Doctorow lors d’une conférence.

    Pourquoi le web semble-t-il brisé ces temps-ci ? L’auteur canadien Cory Doctorow croit avoir la réponse : un concept qu’il a popularisé et qui porte le nom de « enshittification », ou « merdification », du web. Entrevue avec les Décrypteurs.

    De plus en plus d’internautes se plaignent que les services web auxquels ils s’étaient habitués dépérissent. "Je n’arrive à rien trouver sur google." "facebook me suggère des groupes qui n’ont aucun rapport avec mes intérêts." "amazon me suggère des produits qui ne m’intéressent pas."

    Peu d’observateurs ont analysé cette réalité aussi scrupuleusement que Cory Doctorow. Ce penseur et blogueur canadien a trouvé le mot juste pour nommer ce côté moins vertueux d’Internet : « enshittification », que nous avons traduit par « merdification ».
    . . . . . .
    La « merdification », c’est quand des plateformes se dégradent parce qu’elles font partie de monopoles ou de quasi-monopoles.
    De nombreuses entreprises échouent très rapidement lorsqu’elles ne disposent pas d’une part de marché démesurée : elles font tout simplement faillite.
    Mais celles qui deviennent vraiment dominantes peuvent vivoter très longtemps et outrepasser le moment où elles auraient dû mourir.

    La « merdification » se produit en trois étapes.

    La première étape, c’est lorsqu’une entreprise a un excédent.
    C’est le capital des premiers investisseurs qui ne s’attendent pas encore à toucher de rendement sur leur investissement.
    Donc, l’entreprise utilise cet excédent pour offrir un bon service aux utilisateurs dans le but de les attirer.

    "facebook ne vous espionnera jamais !" C’était leur argument en 2006.

    "Tout ce que vous avez à faire, c’est de venir sur facebook. Dévoilez-nous tout ce qui est important dans votre vie. Dites-nous quels utilisateurs facebook vous sont chers. Nous vous montrerons leurs publications."

    Les utilisateurs deviennent donc prisonniers de la plateforme. Ils y restent parce que leurs amis sont là et parce qu’ils les aiment plus qu’ils ne détestent Facebook.

    Donc, une fois que facebook commence à sentir que ses utilisateurs sont prisonniers de la plateforme, la deuxième phase se produit.
    J’appelle cela le modèle d’affaires Dark Vador.
    Vous savez, Dark Vador a dit : "J’ai modifié l’accord. Priez pour que je ne le modifie pas davantage…"

    Alors, ils vont vers les annonceurs et disent : "Vous vous souvenez quand nous avons dit à ces idiots que nous ne les espionnerions pas ?
    C’était un mensonge !
    Nous les espionnons totalement !
    Si vous nous donnez de petites sommes d’argent, nous allons utiliser ces données de surveillance pour leur montrer des publicités ciblées."

    "Nous allons vous vendre ces annonces à très bas prix.
    Et parce que nous sommes des gens très bien intentionnés, nous allons vous les vendre à perte pour nous permettre d’investir dans la prévention de la fraude publicitaire.
    Donc, si vous achetez une annonce, des tonnes de gens la verront !"

    En même temps, ils sont allés vers les médias et leur ont dit : "Hé, vous vous souvenez quand nous avons dit à ces idiots que nous allions seulement leur montrer le contenu qu’ils voulaient voir ?
    C’était aussi un mensonge !"

    "Si vous mettez des extraits de votre contenu et un lien vers votre article sur Facebook, nous allons l’enfoncer dans la gorge de personnes qui n’ont jamais demandé à le voir et vous obtiendrez une tonne de clics gratuits."

    Et là, à un certain moment, ces annonceurs et ces médias deviennent à leur tour prisonniers de la plateforme et nous passons à la troisième étape.

    C’est la dernière étape de la « merdification », quand il ne reste plus d’excédents de capital pour offrir un bon service aux médias, aux annonceurs et aux utilisateurs.
    Les seuls qui sont bien servis sont les actionnaires, à qui on envoie cet excédent de capital.

    Pour les utilisateurs, la proportion de contenus d’intérêt – par exemple les publications de gens qu’ils suivent – devient tellement petite qu’on pourrait la qualifier d’« homéopathique ».
    Tout le reste, ce sont des publications qui apparaissent parce que quelqu’un a payé afin de les promouvoir.
    Pour les annonceurs, les publicités coûtent plus cher, alors que la modération des annonces dépérit.

    Or, les plateformes investissent juste assez de ressources pour inciter les utilisateurs à rester. Et c’est un équilibre très fragile. Il suffit d’un scandale de fuite de données personnelles, d’une fusillade de masse diffusée en direct, d’un lanceur d’alerte, et les gens se précipitent vers les sorties.

    Puis la plateforme technologique annonce qu’elle pivote. Dans la Silicon Valley, « pivoter », ça veut dire « paniquer ».

    Et le « pivot » chez facebook, c’est Mark Zuckerberg qui se réveille un jour et qui dit  : "Voici votre avenir. Je vais créer un monde virtuel dans lequel tous les êtres humains de la Terre vivront. Ils seront transformés en dessins animés pixélisés, sans vie, sans sexe et fortement surveillés. Nous appelons ça "le métavers". C’est une idée que nous avons volée à un roman cyberpunk vieux de 25 ans."

    Et ça, c’est la dernière étape de la « merdification », quand tout se transforme en tas de merde. Et c’est là que nous en sommes maintenant.

    Et amazon a suivi le même processus, n’est-ce pas ?

    Oui. amazon facturait autrefois de très petites sommes aux commerçants et dépensait beaucoup d’argent pour modérer la fraude publicitaire.
    Quand on cherchait quelque chose, le moteur de recherche montrait le résultat le plus pertinent.

    amazon bénéficie d’un marché de 39 milliards de dollars qu’on appelle un « marché publicitaire ».
    En vérité, ce « marché publicitaire », ce sont des pots-de-vin que versent des marchands à amazon.
    En échange, lorsqu’un utilisateur cherche un produit, amazon lui montre les produits de ces marchands, peu importe si c’est pertinent pour la recherche.
    Les vrais produits que cherche l’utilisateur se retrouvent plus bas dans les résultats.

    Donc, si tu es un vendeur sur amazon, soit tu investis de l’argent pour créer un meilleur produit, soit tu donnes de l’argent à amazon pour promouvoir ton produit et reléguer un produit meilleur que le tien à la 11e page des résultats de recherche.
    Et c’est ce que les vendeurs font. Pour l’utilisateur, le premier produit dans les résultats de recherche est en moyenne 30 % plus cher (Nouvelle fenêtre) que le meilleur, qui se retrouve en moyenne à la 17e place.

    En fin de compte, amazon facture davantage et le client en reçoit moins.

    Et sa « clause de la nation la plus favorisée » fait en sorte que les marchands sur amazon ne peuvent pas vendre leurs produits moins cher ailleurs, même pas sur leurs propres sites. Et puisque amazon prélève 51 cents sur chaque dollar de vente, les marchands doivent augmenter leurs prix. Et quand le prix augmente sur amazon, il doit obligatoirement augmenter ailleurs.

    Cela fait en sorte qu’amazon semble encore avoir des prix avantageux. Et tout ce que vous achetez coûte de 20 % à 50 % plus cher pour que le patron d’amazon, jeff bezos, puisse se permettre d’aller dans l’espace à bord d’une fusée en forme de phallus.

    On est vraiment loin de l’Internet du « bon vieux temps », la vision originale d’Internet. Vous étiez là, au tout début. Êtes-vous nostalgique ?

    La nostalgie est une pulsion toxique.

    Beaucoup de choses clochaient avec le « bon vieux » web. Je ne veux pas rétablir le « bon vieux » web. Je veux que nous ayons un « bon nouveau » web, un web qui incarne la promesse du « bon vieux » web, celle de pouvoir connecter la planète sans passer par des intermédiaires. Je veux que ce soit un web inclusif. Le « bon vieux » web était génial pour des gens comme moi, et je pense que le nouveau web devrait être génial pour tout le monde.
    Un homme parle à la caméra.

    Comment peut-on enrayer la« merdification » ?

    Il y a des choses qui mènent immanquablement à la « merdification ». La principale est une tendance vers la convergence et vers la consolidation. Cette tendance n’est pas un résultat inévitable. L’émergence des monopoles n’est pas un processus naturel. C’est arrivé parce que nous avons cessé de faire appliquer les lois qui assurent un environnement compétitif. Nous avons permis aux grandes entreprises d’acquérir leurs concurrents, par exemple.

    Prenez google, une entreprise qui a créé un seul produit utile, et ce, il y a 25 ans. Elle a créé un bon moteur de recherche. Depuis, sans exception ou presque, tous les produits qu’elle a créés ont été des échecs. Les seuls succès qu’elle a mis sur le marché, ce sont des produits qu’elle a acquis à d’autres entreprises  : leur technologie publicitaire, l’infonuagique, la suite Documents google, google Maps, vraiment tout. google a tout simplement acheté les idées d’autres gens.
    . . . . . . .

    Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2047650/merdification-enshittification-cory-doctorow-decrypteurs

    #web #internet #surveillance #facebook #censure #google #gafam #amazon #monopole #métavers #monopoles

  • Une projection de « La Zone d’intérêt » présentée par un collectif de militants juifs antisionistes suscite la controverse

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/05/une-projection-de-la-zone-d-interet-presentee-par-un-collectif-de-militants-

    #antisionnisme

    Johann Chapoutot, spécialiste du #nazisme, a annulé sa participation à une soirée prévue mardi 6 février autour de la #projection de La Zone d’intérêt, le film de #Jonathan_Glazer sur la vie quotidienne de Rudolf Höss, le commandant d’#Auschwitz. Organisée au Grand Action, dans le 5e arrondissement de Paris, une rencontre entre l’historien et la chercheuse en langues, littératures et cultures arabes et #hébraïques Sadia Agsous-Bienstein devait être animée par le #collectif_juif_antisioniste Tsedek !.

    « Je ne peux pas, en conscience, participer à vos activités », a écrit, le 1er février, Johann Chapoutot à Samuel Leter, membre de Tsedek ! chargé de ce ciné-club. En cause : le communiqué du collectif publié le 7 octobre 2023. Dans ce message, toujours en ligne sur Instagram, le groupe écrit : « Il ne nous appartient pas de juger de la stratégie de la résistance palestinienne. Mais il est de notre responsabilité de rappeler sa légitimité fondamentale. »

    M. Chapoutot n’en avait pas connaissance avant la parution, le 1er février, d’un article de Télérama consacré à une première annulation de cet événement, lequel aurait dû se tenir le 30 janvier au Majestic Bastille, à Paris, avec Sadia Agsous-Bienstein (#Johann_Chapoutot ayant eu une contrainte d’agenda). « Ce n’était pas possible pour moi, explique le chercheur. Je suis spécialiste du nazisme et de la Shoah, le #Hamas est un mouvement #négationniste. Tuer des enfants et violer des femmes ne sont pas des actes de #résistance. Il s’agit d’un massacre de nature #terroriste, dont la dimension #antisémite ne peut pas être contestée. »

    Simon Assoun, un des porte-parole de Tsedek !, dénonce « une lecture malhonnête de ce communiqué », citant également celui que le collectif a publié le 12 octobre : « L’ampleur et la brutalité des massacres commis (…) doivent être dénoncées pour ce qu’ils sont : des crimes de guerre. Les centaines de vies israéliennes et palestiniennes arrachées nous meurtrissent. »

    « La Shoah fait partie de notre histoire »
    Samuel Leter affirme ne pas comprendre la réaction tardive de l’historien : « Dans le mail où il a accepté de participer à la rencontre, il dit qu’il admire notre courage ! » Dans ce message du 10 janvier 2024, Johann Chapoutot fait notamment référence à l’avocat Arié Alimi : « Je connais bien votre collectif, dont j’admire le courage, tout comme celui d’Arié, qui est, je crois, des vôtres. »

    En réalité, l’historien a cru dialoguer avec #Golem, le mouvement cofondé par Arié Alimi dans la foulée de la marche contre l’antisémitisme du 12 octobre. « J’ai fait l’erreur de répondre spontanément, sans vérifier, afin d’aider ce qui me semblait devoir l’être : un collectif de juifs de gauche qui s’était opposé à la participation du RN [Rassemblement national] à la manifestation contre l’antisémitisme, le RN-FN [Front national] ayant été fondé, rappelons-le, par des vétérans de la Waffen-SS et de la Milice », explique-t-il.

    #Tsedek ! comme Golem sont marqués à gauche. Tsedek !, #décolonial, affirme « lutter contre le racisme d’Etat en France et pour la fin de l’apartheid et l’occupation en Israël-Palestine ». Golem milite contre tous les racismes et dénonce l’instrumentalisation de la lutte contre l’#antisémitisme. « Tsedek ! est une organisation qui ne dénonce pas l’antisémitisme de la gauche ou de la #France_insoumise, décrypte l’historien #Tal_Bruttmann, proche de Golem. Ils servent de paravent à des gens qui sont ouvertement antisémites et ils dénoncent l’instrumentalisation de la #Shoah dans une seule direction. »

    La rencontre du 6 février animée par Tsedek ! au Grand Action est annulée. Le #cinéma explique que « des pressions extérieures ont conduit à l’annulation de la participation des intervenant.e.s prévue.e.s ». Samuel Leter juge que ces annulations équivalent à de la censure : « Nous sommes #juifs, la Shoah fait partie de notre histoire. Il ne peut y avoir de #monopole_de_la_mémoire de la Shoah. »

    La pertinence d’un échange avec une spécialiste des littératures #palestinienne et #israélienne au sujet d’un film sur la Shoah a été débattue avant la première annulation du ciné-club, ce que déplore Sadia Agsous-Bienstein : « Tsedek !, que je connais, m’invite à parler d’un film sur la Shoah, un film sur la banalité de la vie d’une famille allemande à côté d’un #camp d’extermination. J’ai travaillé sur la Shoah et c’est un film sur la Shoah. En quoi ne suis-je pas #légitime sur la question ? Parce que je suis #algérienne ? » L’une de ses recherches, « La Shoah dans le #contexte_culturel #arabe », a été cofinancée par le #Mémorial de la Shoah.

    Ce n’est pas la première fois qu’un événement animé par Tsedek ! suscite la #controverse. En décembre, une conférence coorganisée par le collectif a été annulée par la #Mairie_de_Paris. Raison invoquée : la présence parmi les organisateurs de l’#association #Paroles_d’honneur, dont est membre la #militante_décoloniale #Houria_Bouteldja.

    #Zineb_Dryef

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  • Une vraie #souveraineté_alimentaire pour la #France

    Le mercredi 6 décembre 2023, la FNSEA sortait du bureau d’Elisabeth Borne en déclarant fièrement que l’État abandonnait son projet de taxer l’usage des pesticides et des retenues d’eau. Cela vient conclure une séquence historique. Le 16 novembre déjà, l’Europe reconduisait l’autorisation du glyphosate pour 10 ans. Et, six jours plus tard, abandonnait aussi l’objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides à l’horizon 2030.

    Comment en est-on arrivé là ? La question a été récemment posée dans un rapport de l’Assemblée nationale. En plus du #lobbying habituel de la #FNSEA et de l’état de crise permanent dans laquelle vivent les agriculteurs et qui rend toute #réforme explosive, la question de la souveraineté alimentaire – qui correspond au droit d’un pays à développer ses capacités productives pour assurer la sécurité alimentaire des populations – a joué un rôle clé dans cette dynamique.

    La souveraineté alimentaire est ainsi devenue, depuis la crise du Covid et la guerre en Ukraine, l’argument d’autorité permettant de poursuivre des pratiques qui génèrent des catastrophes écologiques et humaines majeures. Il existe pourtant d’autres voies.

    Le mythe de la dépendance aux #importations

    De quelle souveraineté alimentaire parle-t-on ? Les derniers chiffres de FranceAgrimer montrent que notre « #dépendance aux importations » – comme aiment à le répéter les défenseurs d’un modèle intensif – est de 75 % pour le blé dur, 26 % pour les pommes de terre, 37 % pour les fruits tempérés ou 26 % pour les porcs.

    Mais ce que l’on passe sous silence, c’est que le taux d’#autoapprovisionnement – soit le rapport entre la production et la consommation françaises – est de 148 % pour le blé dur, 113 % pour les pommes de terre, 82 % pour les fruits tempérés et 103 % pour le porc. Le problème de souveraineté alimentaire n’en est pas un. Le vrai problème, c’est qu’on exporte ce que l’on produit, y compris ce dont on a besoin. Cherchez l’erreur.

    D’autres arguments viennent encore se greffer à celui de la souveraineté, dans un monde d’#interdépendances : la #France serait le « grenier à blé de l’Europe », il faudrait « nourrir les pays du Sud », la France serait « une puissance exportatrice », etc.

    Au-delà de l’hypocrisie de certaines de ces affirmations – en effet, les #exportations des surplus européens subventionnés ont détruit tout un tissu productif, en Afrique de l’Ouest notamment – il ne s’agit pas là d’enjeux liés à la souveraineté alimentaire, mais d’enjeux stratégiques et politiques liés à la #compétitivité de certains produits agricoles français sur les marchés internationaux.

    Comprendre : la France est la 6e puissance exportatrice de #produits_agricoles et agroalimentaires au monde et elle entend bien le rester.

    Voir la #productivité de façon multifonctionnelle

    S’il ne faut évidemment pas renoncer aux objectifs de #productivité_alimentaire nationaux, ces derniers gagneraient à être redéfinis. Car comment évoquer la souveraineté alimentaire sans parler des besoins en #eau pour produire les aliments, de la dépendance aux #énergies_fossiles générée par les #intrants de synthèse, de l’épuisement de la #fertilité des #sols lié à la #monoculture_intensive ou encore des effets du #réchauffement_climatique ?

    Comment évoquer la souveraineté alimentaire sans parler des enjeux fonciers, de l’évolution du #travail_agricole (25 % des #agriculteurs sont en passe de partir à la retraite), du #gaspillage_alimentaire – qui avoisine les 30 % tout de même – des #besoins_nutritionnels et des #habitudes_alimentaires de la population ?

    La #productivité_alimentaire doit dorénavant se conjuguer avec d’autres formes de productivité tout aussi essentielles à notre pays :

    – la capacité de #rétention_d’eau dans les sols,

    – le renouvellement des #pollinisateurs,

    – le maintien des capacités épuratoires des milieux pour conserver une #eau_potable,

    – le renouvellement de la #fertilité_des_sols,

    – la régulation des espèces nuisibles aux cultures,

    – ou encore la séquestration du carbone dans les sols.

    Or, il est scientifiquement reconnu que les indicateurs de productivité relatifs à ces services baissent depuis plusieurs décennies. Pourtant, ce sont bien ces services qui permettront de garantir une véritable souveraineté alimentaire future.

    La #diversification pour maintenir des rendements élevés

    Une revue de littérature scientifique parue en 2020, compilant plus de 5000 études menées partout dans le monde, montrait que seules des stratégies de diversification des #pratiques_agricoles permettent de répondre à ces objectifs de #performance_plurielle pour l’agriculture, tout en maintenant des #rendements élevés.

    Les ingrédients de cette diversification sont connus :

    – augmentation de la #rotation_des_cultures et des #amendements_organiques,

    – renoncement aux #pesticides_de_synthèse et promotion de l’#agriculture_biologique à grande échelle,

    - réduction du #labour,

    - diversification des #semences et recours aux #variétés_rustiques,

    - ou encore restauration des #haies et des #talus pour limiter le ruissellement de l’#eau_de_pluie.

    Dans 63 % des cas étudiés par ces chercheurs, ces stratégies de diversification ont permis non seulement d’augmenter les #services_écosystémiques qui garantissent la souveraineté alimentaire à long terme, mais aussi les #rendements_agricoles qui permettent de garantir la souveraineté alimentaire à court terme.

    Les sérieux atouts de l’agriculture biologique

    Parmi les pratiques de diversification qui ont fait leurs preuves à grande échelle en France, on retrouve l’agriculture biologique. Se convertir au bio, ce n’est pas simplement abandonner les intrants de synthèse.

    C’est aussi recourir à des rotations de cultures impliquant des #légumineuses fixatrices d’azote dans le sol, utiliser des semences rustiques plus résilientes face aux #parasites, des amendements organiques qui nécessitent des couplages culture-élevage, et enfin parier sur la restauration d’un #paysage qui devient un allié dans la lutte contre les #aléas_naturels. La diversification fait ainsi partie de l’ADN des agriculteurs #bio.

    C’est une question de #réalisme_économique. Les exploitations bio consomment en France deux fois moins de #fertilisant et de #carburant par hectare que les exploitants conventionnels, ce qui les rend moins vulnérables à l’évolution du #prix du #pétrole. En clair, l’agriculture biologique pourrait être la garante de la future souveraineté alimentaire française, alors qu’elle est justement souvent présentée comme une menace pour cette dernière du fait de rendements plus faibles à court terme.

    Au regard des éléments mentionnés plus haut, il s’agit évidemment d’un #faux_procès. Nous sommes autosuffisants et nous avons les réserves foncières qui permettraient de déployer le bio à grande échelle en France, puisque nous sommes passé de 72 % du territoire dédié aux activités agricoles en 1950 à 50 % en 2020. Une petite partie de ces surfaces a été artificialisée tandis que la majorité a tout simplement évolué en friche, à hauteur de 1000 km2 par an en moyenne.

    Par ailleurs, le différentiel de rendement entre le bio et le #conventionnel se réduit après quelques années seulement : de 25 % en moyenne (toutes cultures confondues) au moment de la conversion, il descend à 15 % ensuite. La raison en est l’apprentissage et l’innovation dont font preuve ces agriculteurs qui doivent en permanence s’adapter aux variabilités naturelles. Et des progrès sont encore à attendre, si l’on songe que l’agriculture bio n’a pas bénéficié des 50 dernières années de recherche en #agronomie dédiées aux pratiques conventionnelles.

    Relever le niveau de vie des agriculteurs sans éroder le #pouvoir_d’achat des consommateurs

    Mais a-t-on les moyens d’opérer une telle transition sans réduire le pouvoir d’achat des Français ? Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord évoquer le #revenu des #agriculteurs. Il est notoirement faible. Les agriculteurs travaillent beaucoup et vivent mal de leur métier.

    Or, on oublie souvent de le mentionner, mais le surcoût des produits bio est aussi lié au fait que les consommateurs souhaitent mieux rémunérer les agriculteurs : hors subventions, les revenus des agriculteurs bio sont entre 22 % et 35 % plus élevés que pour les agriculteurs conventionnels.

    Ainsi, le consommateur bio consent à payer plus parce que le bio est meilleur pour l’environnement dans son ensemble (eau, air, sol, biodiversité), mais aussi pour que les paysans puissent mieux vivre de leur métier en France sans mettre en danger leur santé.

    Par ailleurs, si le consommateur paie plus cher les produits bio c’est aussi parce qu’il valorise le #travail_agricole en France. Ainsi la production d’aliments bio nécessite plus de #main-d’oeuvre (16 % du total du travail agricole pour 10 % des surfaces) et est très majoritairement localisée en France (71 % de ce qui est consommé en bio est produit en France).

    Cette question du #travail est centrale. Moins de chimie, c’est plus de travail des communautés humaines, animales et végétales. C’est aussi plus d’incertitudes, ce qui n’est évidemment pas simple à appréhender pour un exploitant.

    Mais il faut rappeler que le discours sur le pouvoir d’achat des français, soi-disant garanti par le modèle hyper-productiviste de l’agriculture française, vise surtout à conforter les rentes de situations des acteurs dominants du secteur agricole. Car les coûts sanitaires et environnementaux de ce modèle sont payés par le contribuable.

    Rien que le #traitement_de_l’eau, lié aux pollutions agricoles, pour la rendre potable, coûte entre 500 millions d’euros et 1 milliard d’euros par an à l’État. Or, ce que le consommateur ne paie pas au supermarché, le citoyen le paie avec ses #impôts. Le rapport parlementaire évoqué plus haut ne dit pas autre chose : la socialisation des coûts et la privatisation des bénéfices liés aux #pesticides ne sont plus tolérables.

    Le bio, impensé de la politique agricole française

    Une évidence s’impose alors : il semblerait logique que l’État appuie massivement cette filière en vue de réduire les coûts pour les exploitants bio et ainsi le prix pour les consommateurs de produits bio. En effet, cette filière offre des garanties en matière de souveraineté alimentaire à court et long terme, permet de protéger l’eau et la #santé des Français, est créatrice d’emplois en France. Il n’en est pourtant rien, bien au contraire.

    L’État a promu le label #Haute_valeur_environnementale (#HVE), dont l’intérêt est très limité, comme révélé par l’Office français de la biodiversité (OFB). L’enjeu semble surtout être de permettre aux agriculteurs conventionnels de toucher les aides associés au plan de relance et à la nouvelle #PAC, au risque de créer une #concurrence_déloyale vis-à-vis des agriculteurs bio, d’autant plus que les #aides_publiques au maintien de l’agriculture biologique ont été supprimées en 2023.

    La décision récente de l’État de retirer son projet de #taxe sur l’usage des pesticides créé aussi, de facto, un avantage comparatif pour le conventionnel vis-à-vis du bio. Enfin, rappelons que la Commission européenne a pointé à plusieurs reprises que la France était le seul pays européen à donner moins de subventions par unité de travail agricole aux céréaliers bio qu’aux conventionnels.

    Ainsi, un céréalier bio français reçoit un tiers de subventions en moins par unité de travail agricole qu’un céréalier conventionnel, alors qu’en Allemagne ou en Autriche, il recevrait 50 % de #subventions supplémentaires. En France, l’État renonce aux taxes sur les pesticides tout en maintenant des #charges_sociales élevées sur le travail agricole, alors que c’est évidemment l’inverse dont aurait besoin la #transition_agroécologique.

    Que peuvent faire les citoyens au regard de ce constat déprimant ? Consommer des produits bio malgré tout, et trouver des moyens de les payer moins cher, grâce par exemple à la #vente_directe et à des dispositifs tels que les #AMAP qui permettent de réduire le coût du transport, de la transformation et de la distribution tout autant que le gâchis alimentaire, les variabilités de la production étant amorties par la variabilité du contenu du panier.

    Les agriculteurs engagés pour la #transition_écologique, de leur côté, peuvent réduire les risques associés aux variabilités naturelles et économiques en créant de nouvelles formes d’exploitations coopératives combinant plusieurs activités complémentaires : élevage, culture, transformation, conditionnement et distribution peuvent être organisés collectivement pour mutualiser les coûts et les bénéfices, mais aussi se réapproprier une part significative de la #chaîne_de_valeur laissée aujourd’hui au monde de l’agro-industrie et de la grande distribution.

    Il ne s’agit pas d’une #utopie. De nombreux acteurs essaient de faire émerger, malgré les résistances institutionnelles, ces nouvelles pratiques permettant de garantir la souveraineté alimentaire de la France à long terme.

    https://theconversation.com/une-vraie-souverainete-alimentaire-pour-la-france-220560
    #foncier #industrie_agro-alimentaire #alimentation #collectivisation
    #à_lire #ressources_pédagogiques

  • US Supreme Court has had enough of Epic vs. Apple, refuses to hear appeals, Tim Sweeney says the fight to open-up iOS ’is lost… a sad outcome for all developers’ | PC Gamer
    https://www.pcgamer.com/us-supreme-court-has-had-enough-of-epic-vs-apple-refuses-to-hear-appeals-ti

    The US Supreme Court has ended the legal battle between Apple and Epic, for now at least, by refusing to hear either side’s appeals in their long-running dispute over iOS store policies (as reported by Reuters).

    Apple had appealed against a lower court’s ruling which ordered certain changes to iOS policies, while Epic had appealed against the same court’s ruling that iOS policies around distribution and monetisation were not in violation of federal antitrust laws. The Supreme Court justices gave no reason for their decision to deny both appeals.

    “The court battle to open iOS to competing stores and payments is lost in the United States,” said Epic CEO Tim Sweeney. "A sad outcome for all developers.

    "Now the District Court’s injunction against Apple’s anti-steering rule is in effect, and developers can include in their apps “buttons, external links, or other calls to action that direct customers to purchasing mechanisms, in addition to IAP”."

    While Epic may have lost the war, the ruling about Apple’s anti-steering rule was the one battle it did win: Apple has to let app developers direct users to non-iOS means of paying for content. The company has to comply with the court’s ruling but, in an unsurprising turn of events, has chosen to go the route of malicious compliance: Apps can now direct users outside of the iOS payment ecosystem but, drum roll please, Apple is still demanding a 27% cut of any purchases. In its own words:

    "Apple’s commission will be 27% on proceeds you earn from sales ("transactions") to the user for digital goods or services on your website after a link out (i.e., they tap “Continue” on the system disclosure sheet), provided that the sale was initiated within seven days and the digital goods or services can be used in an app."

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #business #apple #epic_games #monopole #justice

  • Gmail And Yahoo Inbox Updates & What They Mean For Senders | Mailgun
    https://www.mailgun.com/blog/deliverability/gmail-and-yahoo-inbox-updates-2024

    The requirement from both Gmail and Yahoo is to set up strong authentication with “SPF, DKIM, and DMARC for your domain.” Previously not a requirement, this move towards implementing DMARC is something Sinch Mailgun’s Jonathan Torres had already predicted in our guide on email security and compliance.

    (...) For­ DMAR­C you will­ need­ to set at mini­mum a p=no­ne poli­cy. (...)

    Il ne suffit plus d’avoir SPF et DKIM, il va aussi falloir implémenter l’enregistrement DMARC, en mode « none » au minimum.

    • Je ne comprend pas pourquoi le standard mail n’évolue pas.
      Si les corps de mails étaient stockés sur le serveur d’émission et non sur celui de réception, le stockage des spam serait à la charge de l’émetteur. Du coup :
      1. les serveurs de réception pourraient accepter beaucoup plus facilement les entêtes
      2. le corps pourrait être scanné pour les spams uniquement lorsque l’utilisateur demande l’affichage d’où une réduction de charge.
      3. le volume global de transaction et de stockage serait beaucoup plus faible (seuls les entêtes seraient copiés pour un mail à plusieurs destinataire)

      En fait on est resté sur un modèle basé sur les lettres papiers.

    • After self-hosting my email for twenty-three years I have thrown in the towel. The oligopoly has won.
      Carlos Fenollosa
      https://cfenollosa.com/blog/after-self-hosting-my-email-for-twenty-three-years-i-have-thrown-in-the-
      Le problème est plus grave. Das Internet ist kaputt. L’exclusion des petit prestataires est sytématique. Depuis au moins deux ans je ne propose plus l’hébergement de boîtes email (sur mes serveurs). Ce monsieur espagnol explique pourquoi.

      September 04, 2022 — Many companies have been trying to disrupt email by making it proprietary. So far, they have failed. Email keeps being an open protocol. Hurray?

      No hurray. Email is not distributed anymore. You just cannot create another first-class node of this network.
      ...

      #monopoles #oligopoles #email #internet

    • De mon côté, depuis 2 ans, ça va mieux.

      Mieux : les serveurs Microsoft se font jeter par Google, et réciproquement. Parce que ponctuellement, les uns et les autres ne sont pas capables de respecter les RFC. Quand ça tombe sur un client que j’ai été contraint de migrer vers MS, ça fait plaisir de pouvoir lui dire que Microsoft n’est pas la panacée non plus.

      Ça va mieux au sens où MS et Google ont cessé de filtrer sur des règles arbitraires (surtout MS d’ailleurs). Il reste Orange, avec des règles absurdes, mais c’est vraiment rare qu’on doive intervenir.

      On en reste de notre côté à 3 points à contrôler :
      1) Les DNS conformes : SPF, DKIM, DMARC ; parfois, DKIM est compliqué, selon l’hébergement final utilisé
      2) Les IP émettrices identifiées et en nombre limité : ici, on concentre les flux sur deux IP RIPE
      3) La surveillance des DNSBL, pour être toujours au vert ; pas mal de temps qu’on n’a pas eu besoin de faire quoi que ce soit à ce sujet

    • De ce que je lis ici, l’enregistrement #DMARC est imposé uniquement si on envoie plus de 5000 e-mails par période de 24 heures sur un service (GMail ou Yahoo donc) :

      https://www.it-connect.fr/fevrier-2024-google-et-yahoo-imposent-utilisation-spf-dkim-dmarc

      En dessous, la norme reste SPF et/ou DKIM. Par contre, "Tous les domaines et adresses IP utilisées pour émettre des e-mails doivent avoir un enregistrement DNS de type « PTR » (reverse) correctement configuré" et ça, je ne sais pas trop ce que ça veut, si quelqu’un·e a des infos...

      Bon, j’imagine que ce n’est qu’une première étape et ça sera généralisé à terme.

    • L’enregistrement PTR, c’est de s’assurer que si ton serveur de messagerie répond qu’il se nomme toto.domain.tld, il faut que l’IP publique émettrice réponde « toto.domain.tld » à une recherche inverse.

      En mode Linux, avec la commande host, je vérifie la résolution dans les deux sens, nom vers IP et IP vers nom (PTR) :

      $ host seenthis.net
      seenthis.net has address 217.182.178.243
      $ host 217.182.178.243
      243.178.182.217.in-addr.arpa domain name pointer seenthis.net.

      Et là, je vérifie ce que répond le serveur de messagerie dans sa réponse d’accueil :
      $ nc seenthis.net 25
      220 seenthis.net ESMTP Postfix (Debian/GNU)

      Tout est conforme, donc.

  • The Landlord’s Game: Lizzie Magie and Monopoly’s Anti-Capitalist Origins (1903) – The Public Domain Review
    https://publicdomainreview.org/collection/the-landlords-game

    The board for Lizzie Magie’s 1906 version of The Landlord’s Game — Source (Courtesy of LandlordsGame.info).

    There are few cases of creative and intellectual theft more egregious than the origins of the billion-dollar grossing Monopoly. The short version: a brilliant woman economist invented an anti-capitalist board game that was stolen by a lying, opportunistic man and repackaged as capitalist family fun.

    In early 1933, Richard Brace Darrow went to a dinner party where he was taught a new game. He had such a good time, and waxed so enthusiastic, his hosts typed up the game’s rules and sent Darrow a copy. Then Darrow proceeded to draw his own version, on a circular piece of oilcloth. (The version he’d played at the dinner party had also been homemade — mass-produced board games were not yet an ordinary commodity.)

    Darrow was a heater salesman who’d lost his job and times were lean. He decided to take his prototype and pitch the game to Parker Brothers. The rules were exactly the same as those his friends had shared, down to the misspelling of Marven Gardens as Marvin Gardens. Parker Brothers didn’t bite right away, but then they did, and Darrow became a millionaire.

    Included in every new Monopoly box for decades was a story about how Darrow invented the game while tinkering around in his basement — a self-made man who saved himself from poverty through ingenuity and hard work. Darrow and Parker Brothers stuck to this story, even to the point of suppressing contradictory evidence. Parker Brothers bought up early homemade versions of Monopoly, presumably to have them destroyed, and somehow maneuvered their patent despite existing patents. Everyone in Darrow’s social circle knew the truth and some tried to say so. They were ignored.

    Perhaps Darrow quelled his conscience by imagining the game had no inventor. In fact, with a bit of effort, he could have tracked her down. She was still alive, and still making games. As was later detailed, Darrow learned the game at the Todds’ house, and the Todds learned it from a friend, Eugene Raiford. Eugene learned it from his brother, Jesse. Jesse learned it from Ruth Hoskins, who taught at a Quaker School in Atlantic City. Ruth learned it in Indianapolis, from someone named Dan Laymen, who had played it in his frat house in college. The frat brothers who taught everyone else to play were Louis and Ferdinand Thun. They learned it from their sister, Wilma, who learned it from her husband Charles Muhlenberg. Charles learned the game from Thomas Wilson, who learned it in his college economics class, with the radical Wharton/UPenn economics professor Scott Nearing. (Nearing played the game with his students until he was fired, in 1915, for criticizing industrial capitalism.) The trail ends here, for Nearing learned the game directly from its remarkable inventor, Elizabeth Magie, or Lizzie, who filed a patent for it in 1903.

    Lizzie Magie’s original patent for The Landlord’s Game, filed in 1903 and granted in 1904 — Source.

    Lizzie Magie was a provocative, whip-smart nonconformist. Piqued about her dismal salary as a young working woman in the late nineteenth century, she caused a national furor by taking out an ad in a major magazine, describing herself as a “young woman American slave” for sale to the highest-bidding suitor. She filed many patents, not just on Monopoly (which she called The Landlord’s Game), but other games too, and also for a mechanical device that improved the ease of typing — all this at a time when the number of patents filed by women was miniscule, less than 1%. Born in 1866, Magie didn’t marry until she was forty-four, and had no children. She wrote poems, performed in dramatic theater, taught college-level courses in her home, corresponded with Upton Sinclair, and studied economic theory. Her father was close friends with Abraham Lincoln. Both father and daughter were devout followers of the teachings of economist Henry George, whose 1879 treatise Progress and Poverty made the case for a single tax, on land. Like her fellow Georgists, Magie believed that ownership of nature was not possible — the earth was not something that could be owned. Land could, however, be “rented”, thus comprising the single tax. Magie designed The Landlord’s Game to teach and proselytize the principles of Georgism.

    At first Magie self-published her game, producing a small number of copies she sold to friends. A few years later, she found a publisher in the Economic Game Company, who helped The Landlord’s Game find an audience in “pockets of intellectuals along the eastern seaboard”, writes Mary Pilon, and in Scotland, where Magie debuted a version she called Brer Fox and Rabbit.

    As the game’s popularity spread, bootlegs sprang up, including the version at the Todd’s dinner party. Monopoly changed in its telephone-like peregrinations. Most of the property names were altered, often in ways specific to the town in which the game was being played. Someone thought to group properties with colors, and the Quaker players, to make the game less raucous, eliminated both dice and the bidding that preceded a property purchase. Darrow hired a graphic artist to draw the now-iconic “Go” and various pictograms, and Magie herself kept fiddling, updating her patent with new properties and rules.

    Most of these changes were superficial, but one was not. Magie’s original concept included two sets of rules representing the difference between a Georgist and capitalist economy. By one set, players tried to produce equity through a single land tax, such that wealth was evenly distributed and winning the game a collective achievement. By the other, players tried to build monopolies and fleece their opponents. As is obvious, Darrow favored set two. What Magie intended as a forecast of disaster became Monopoly’s sole objective.

    In November 1935, George Parker visited Magie and finally offered to buy her patent. The offer wasn’t about restitution, but rather part of a corporate strategy to absorb games that threatened Monopoly’s monopoly: Easy Money, Finance, Inflation, and, of course, Magie’s Landlord’s Game. To sweeten the deal, Parker promised that his company would not only market The Landlord’s Game, but also develop two new games of Magie’s design. Magie agreed, and Parker Brothers did as promised, though without much oomph. The Landlord’s Game received little press, and Magie’s subsequent games, King’s Men and Bargain Day, fared poorly. Monopoly, on the other hand, went global.

    Illustrations from Charles Darrow’s patent for Monopoly, filed on August 31, 1935 — Source.

    Parker Brothers president Robert Barton later admitted, “Whether [Darrow] got it all from Magie Phillips, whether he got it from somewhere else, we didn’t know. And we cared very little.” Darrow glibly lied, Parker Brothers pretended ignorance, and the collusion worked perfectly for decades. After the umpteenth interview in which Darrow repeated Monopoly’s fake origin story, in 1964, one of his former dinner party friends wrote a letter to the show’s producer, WRCV-TV in Philadelphia. He described precisely where Darrow got the game, and noted the irritation of everyone involved. The letter writer concludes, “There is nothing to be gained by writing you this letter except, perhaps, to vent my feelings and point out . . . that everything in this world is not what it seems to be.”

    This entire story would have been lost had Parker Brothers not decided to pursue legal action against a Berkeley economist, Ralph Anspach, who began marketing a game he called Anti-Monopoly in 1973. Parker Brothers (by then owned by General Mills) sent Anspach a frightening cease and desist letter. Anspach thought the grounds ridiculous: no one would ever confuse his scrappy Anti-Monopoly (originally christened “Bust the Trust”) with the global sensation Monopoly — so rather than ceasing and desisting, he began digging up the history of the game, to see if there were grounds to contest Parker Brothers’ copyright claim. Indeed, there were. When Anspach realized Parker Brothers was defending a patent built on a house of cards, he took the company to court. The role of Lizzie Magie was a happy research surprise. As for the flip flop at the center of the story — a homemade, anti-capitalist game created by a woman becomes a mass-produced uber-capitalist game that profits a man — that part wasn’t much of a surprise at all.

    #Domaine_public #Monopoly

  • #Inde : dans les champs du #Pendjab, la colère s’enracine

    Depuis leur soulèvement en 2021, les paysans du sous-continent sont revenus aux champs. Mais dans le grenier à #blé du pays, la révolte gronde toujours et la sortie de la #monoculture_intensive est devenue une priorité des #syndicats_agricoles.

    « Nous sommes rassemblés parce que la situation des agriculteurs est dans l’impasse. Dans le Pendjab, les paysans sont prisonniers de la monoculture du blé et du #riz, qui épuise les #nappes_phréatiques », explique Kanwar Daleep, président du grand syndicat agricole #Kisan_Marzoor. À ses côtés, ils sont une centaine à bloquer la ligne de train qui relie la grande ville d’Amritsar, dans le Pendjab, à New Delhi, la capitale du pays. Au milieu d’immenses champs de blé, beaucoup sont des paysans sikhs, reconnaissables à leur barbe et à leur turban.

    C’est d’ici qu’est parti le plus grand mouvement de contestation de l’Inde contemporaine. Pour s’opposer à la #libéralisation du secteur agricole, des paysans du Pendjab en colère puis des fermiers de toute l’Inde ont encerclé New Delhi pacifiquement mais implacablement en décembre 2020 et en 2021, bravant froids hivernaux, coronavirus et police. En novembre 2021, le premier ministre Narendra Modi a finalement suspendu sa #réforme, dont une des conséquences redoutées aurait été la liquidation des tarifs minimums d’achat garantis par l’État sur certaines récoltes.

    « Depuis cette #révolte historique, les agriculteurs ont compris que le peuple avait le pouvoir, juge #Sangeet_Toor, écrivaine et militante de la condition paysanne, basée à Chandigarh, la capitale du Pendjab. L’occupation est finie, mais les syndicats réclament un nouveau #modèle_agricole. Ils se sont emparés de sujets tels que la #liberté_d’expression et la #démocratie. »

    Pour Kanwar Daleep, le combat entamé en 2020 n’est pas terminé. « Nos demandes n’ont pas été satisfaites. Nous demandons à ce que les #prix_minimums soient pérennisés mais aussi étendus à d’autres cultures que le blé et le riz, pour nous aider à régénérer les sols. »

    C’est sur les terres du Pendjab, très plates et fertiles, arrosées par deux fleuves, que le gouvernement a lancé dans les années 1960 un vaste programme de #plantation de semences modifiées à grand renfort de #fertilisants et de #pesticides. Grâce à cette « #révolution_verte », la production de #céréales a rapidement explosé – l’Inde est aujourd’hui un pays exportateur. Mais ce modèle est à bout de souffle. Le père de la révolution verte en Inde, #Monkombu_Sambasivan_Swaminathan, mort en septembre, alertait lui-même sur les dérives de ce #productivisme_agricole forcené.

    « La saison du blé se finit, je vais planter du riz », raconte Purun Singh, qui cultive 15 hectares près de la frontière du Pakistan. « Pour chaque hectare, il me faut acheter 420 euros de fertilisants et pesticides. J’obtiens 3 000 kilos dont je tire environ 750 euros. Mais il y a beaucoup d’autres dépenses : l’entretien des machines, la location des terrains, l’école pour les enfants… On arrive à se nourrir mais notre compte est vide. » Des récoltes aléatoires vendues à des prix qui stagnent… face à un coût de la vie et des intrants de plus en plus élevé et à un climat imprévisible. Voilà l’équation dont beaucoup de paysans du Pendjab sont prisonniers.

    Cet équilibre financier précaire est rompu au moindre aléa, comme les terribles inondations dues au dérèglement des moussons cet été dans le sud du Pendjab. Pour financer les #graines hybrides et les #produits_chimiques de la saison suivante, les plus petits fermiers en viennent à emprunter, ce qui peut conduire au pire. « Il y a cinq ans, j’ai dû vendre un hectare pour rembourser mon prêt, raconte l’agriculteur Balour Singh. La situation et les récoltes ne se sont pas améliorées. On a dû hypothéquer nos terrains et je crains qu’ils ne soient bientôt saisis. Beaucoup de fermiers sont surendettés comme moi. » Conséquence avérée, le Pendjab détient aujourd’hui le record de #suicides de paysans du pays.

    Champs toxiques

    En roulant à travers les étendues vertes du grenier de l’Inde, on voit parfois d’épaisses fumées s’élever dans les airs. C’est le #brûlage_des_chaumes, pratiqué par les paysans lorsqu’ils passent de la culture du blé à celle du riz, comme en ce mois d’octobre. Cette technique, étroitement associée à la monoculture, est responsable d’une très importante #pollution_de_l’air, qui contamine jusqu’à la capitale, New Delhi. Depuis la route, on aperçoit aussi des fermiers arroser leurs champs de pesticides toxiques sans aucune protection. Là encore, une des conséquences de la révolution verte, qui place le Pendjab en tête des États indiens en nombre de #cancers.

    « Le paradigme que nous suivons depuis les années 1960 est placé sous le signe de la #sécurité_alimentaire de l’Inde. Où faire pousser ? Que faire pousser ? Quelles graines acheter ? Avec quels intrants les arroser ? Tout cela est décidé par le marché, qui en tire les bénéfices », juge Umendra Dutt. Depuis le village de Jaito, cet ancien journaliste a lancé en 2005 la #Kheti_Virasat_Mission, une des plus grandes ONG du Pendjab, qui a aujourd’hui formé des milliers de paysans à l’#agriculture_biologique. « Tout miser sur le blé a été une tragédie, poursuit-il. D’une agriculture centrée sur les semences, il faut passer à une agriculture centrée sur les sols et introduire de nouvelles espèces, comme le #millet. »

    « J’ai décidé de passer à l’agriculture biologique en 2015, parce qu’autour de moi de nombreux fermiers ont développé des maladies, notamment le cancer, à force de baigner dans les produits chimiques », témoigne Amar Singh, formé par la Kheti Virasat Mission. J’ai converti deux des quatre hectares de mon exploitation. Ici, auparavant, c’était du blé. Aujourd’hui j’y plante du curcuma, du sésame, du millet, de la canne à sucre, sans pesticides et avec beaucoup moins d’eau. Cela demande plus de travail car on ne peut pas utiliser les grosses machines. Je gagne un peu en vendant à des particuliers. Mais la #transition serait plus rapide avec l’aide du gouvernement. »

    La petite parcelle bio d’Amar Singh est installée au milieu d’hectares de blé nourris aux produits chimiques. On se demande si sa production sera vraiment « sans pesticides ». Si de plus en plus de paysans sont conscients de la nécessité de cultiver différemment, la plupart peinent à le faire. « On ne peut pas parler d’une tendance de fond, confirme Rajinder Singh, porte-parole du syndicat #Kirti_Kazan_Union, qui veut porter le combat sur le plan politique. Lorsqu’un agriculteur passe au bio, sa production baisse pour quelques années. Or ils sont déjà très endettés… Pour changer de modèle, il faut donc subventionner cette transition. »

    Kanwar Daleep, du Kisan Marzoor, l’affirme : les blocages continueront, jusqu’à obtenir des garanties pour l’avenir des fermiers. Selon lui, son syndicat discute activement avec ceux de l’État voisin du Haryana pour faire front commun dans la lutte. Mais à l’approche des élections générales en Inde en mai 2024, la reprise d’un mouvement de masse est plus une menace brandie qu’une réalité. Faute de vision des pouvoirs publics, les paysans du Pendjab choisissent pour l’instant l’expectative. « Les manifestations peuvent exploser à nouveau, si le gouvernement tente à nouveau d’imposer des réformes néfastes au monde paysan », juge Sangeet Toor.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/281223/inde-dans-les-champs-du-pendjab-la-colere-s-enracine
    #agriculture #monoculture #résistance

  • Hintergründe zur Auftragsvermittlung an LDS-Taxis
    https://www.taxi-berlin.de


    Ruf nur noch diese Nummer an, sagt das Logo von Taxi Berlin .

    Weiter unten spricht einer, der am liebsten gar nichts sagen und in aller Ruhe seinen eigenen Interessen nachgehen würde. Es gibt nämlich einen harten Gegensatz zwischen den Interessen des „marktbeherrschenden Unternehmens in der Berliner Taxivermittlung“ und den Berliner Taxifahrern. Der, sagen wir es deutlich, Monopolist will seinen Anrufern und App-Bestellern immer und überall so viele Fahrzeuge wie möglich anbieten, und die Berliner Taxifahrer wollen das Gegenteil, also nur so viele Taxis im System haben, dass die Konkurrenz unter ihnen nicht mehr zu Mini-Umsätzen und Hungerlöhnen führt.

    Dieser Interessengegensatz verschwindet bei Hermann Waldners Stellungnahme hinter einem Wust aus Geschwafel. Niemand soll auf die Idee kommen, Maßnahmen zur Durchsetzung der Interessen der Berliner Taxifahrer gegen ihn in Stellung zu bringen.

    In der Freien Marktwirtschaft schaden private Monopole immer den Kleinen. Wir kennen den Monopolisten Uber. Hermann Waldners Taxi Berlin ist für Berlin und Umgebung das Gleiche in klein. Der Uber-Investor Peter Thiel hat das Prinzip als Titel eines Grundsatzartikels formuliert: Competition Is for Losers . Darin schreibt Thiel: Wer auf Dauer Werte schaffen und sich aneignen will, muss ein Monopol aufbauen .

    Darin liegt die verborgene Bedeutung des Rundschreibens von Hermann Waldner an alle bei ihm angeschlossenen Fahrer und Taxiunternehmen.

    27.11.2023 - Liebe Kolleginnen und Kollegen,

    aufgrund von Bedenken und Irritationen zum Thema Auftragsvermittlung an Taxis aus dem Landkreis Dahme-Spreewald (LDS) in Berlin möchten wir Ihnen heute gern die Gründe für unsere Entscheidung, Aufträge auch an LDS-Taxis zu vermitteln, darlegen.

    Es gibt die Regelung des LABO Berlin, dass LDS-Taxis in Berlin Aufträge am Taxi-Halteplatz und damit auch Funkaufträge am Halteplatz annehmen dürfen. Diese Vereinbarung wurde im Rahmen der Zulassung von Berliner Taxis am BER zwischen den Berliner und den LDS-Behörden getroffen.

    Als marktbeherrschendes Unternehmen in der Berliner Taxivermittlung ist es uns daher aus rechtlichen Gründen gar nicht möglich, die Vermittlung von Fahraufträgen an LDS-Taxis zu verweigern.

    Es war überdies auch der ausdrückliche Wunsch von Herrn Brumme, Amtsleiter des Straßenverkehrsamts in LDS, und diese Forderung wurde auch vom LABO Berlin unterstützt. Da wir mit dem LDS-Straßenverkehrsamt auch zukünftig über Verbesserungen für das Berliner Taxigewerbe am BER verhandeln müssen, sollten wir es nicht auf einen Rechtsstreit ankommen lassen.

    Rechtlich gesehen ist Berlin leider gar nicht in der Lage, Forderungen zu stellen, und daher sind wir immer auf das wohlwollende Entgegenkommen der LDS-Behörden in den BER-Angelegenheiten angewiesen. Neue Verhärtungen in der Beziehung zwischen Berlin und LDS wären nicht im Interesse des Berliner Taxigewerbes und wären für weitere Verhandlungen nicht hilfreich.

    Unser Entgegenkommen in der Frage der Auftragsvermittlung bedeutet nicht, dass wir uns mit den derzeitigen Regelungen am BER für Berliner Taxis zufriedengeben möchten, im Gegenteil.

    Lasst uns die neuen Signale der Entspannung für zukünftige gute Kooperationen und für das Erreichen weiterer Verbesserungen nutzen.

    Wir werden uns niemals mit der geringen Anzahl von zugelassenen Berliner Taxis am BER zufriedengeben und fordern mit Nachdruck, dass die Zahl der BER-Taxi-Zulassungen deutlich erweitert wird.

    Unsere Forderung bleibt, dass alle Berliner Taxis, die die qualitativen Voraussetzungen erfüllen, eine Zulassung für den BER erhalten sollen. Über moderne Software für Flottensteuerungen wäre es schon heute möglich, die Zahl der am BER wartenden Taxis rein elektronisch zu steuern und sinnvoll zu begrenzen, sodass alle Berliner Taxis die Chance hätten, mit einer BER-Tour nach Berlin zurückzufahren.

    Bei Fragen dazu wenden Sie sich bitte an die Kollegen der Fahrer- und Unternehmerbetreuung, gern per E-Mail an fub@taxi-berlin.de.

    Mit freundlichen Grüßen

    Ihr Hermann Waldner
    und das Team von Taxi Berlin

    #Berlin #Taxi #LDS #Taxivermittlung #Monopol

  • « Il est faux et anachronique de considérer le Coran comme antisémite », Meir M. Bar-Asher

    Si le Coran contient des passages polémiques sur les juifs, d’autres donnent une vision plus positive des « enfants d’Israël ». Cette ambivalence rend impossible une lecture univoque du texte sacré de l’islam, explique l’islamologue de confession juive Meir M. Bar-Asher, dans un entretien au « Monde ».
    Propos recueillis par Raphaël Buisson-Rozensztrauch


    A l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa, sur le complexe connu par les musulmans comme Al-Haram Al-Sharif et par les juifs comme le mont du Temple, dans la vieille ville de Jérusalem, en 2017. AMMAR AWAD / REUTERS

    « La lutte du Hamas contre Israël a un aspect national et un aspect religieux, ce dernier étant le plus substantiel », assure l’islamologue et philosophe Meir M. Bar-Asher. Le mouvement islamiste palestinien, comme d’autres à travers le monde, puise dans certains textes fondamentaux de l’#islam, à commencer par le #Coran, pour alimenter sa haine anti-Israël, voire antijuifs. Néanmoins, selon ce professeur en études islamiques à l’Université hébraïque de Jérusalem – auteur, entre autres, de Les Juifs dans le Coran (Albin Michel, 2019) –, si le livre sacré de l’islam contient effectivement de nombreux passages ambigus à l’égard des #juifs, il recèle aussi plusieurs clés pour les dépasser.

    Comment avez-vous vécu personnellement les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre contre Israël ?

    Le 7 octobre 2023, lorsque les événements se sont produits, j’étais à Paris. J’ai suivi les nouvelles de là-bas, et suis retourné en #Israël quelques jours plus tard. Comme tout le monde dans le pays, j’ai été terriblement choqué par l’atrocité des crimes du Hamas et je dois avouer que, bien que leur idéologie me soit très connue, je n’imaginais pas leurs membres susceptibles de commettre ce genre d’actes.

    On observe, depuis les attentats du 7 octobre et le début de la riposte israélienne à Gaza, une recrudescence des actes antisémites dans le monde entier, en France notamment. Y a-t-il une dimension religieuse à ce conflit ?

    Oui, absolument. La lutte du Hamas contre Israël a un aspect national et un aspect religieux, ce dernier étant le plus substantiel. Le Hamas considère que personne d’autre que les #musulmans n’a le droit de dominer la #Terre_sainte (« al-ard al-muqaddasa »). La terre leur a été donnée à la fois par #Dieu et par l’acte de #conquête sur les chrétiens, c’est-à-dire l’Empire byzantin, au début du VIIe siècle, peu après la mort de Muhammad [Mahomet]. Par le fait même de sa conquête, la terre est devenue un waqf, c’est-à-dire un territoire sacré.

    Les juifs, qui y ont vécu dans un passé très lointain, à l’époque biblique et jusqu’à la destruction du second temple (en l’an 70 de l’ère chrétienne), ont perdu le droit d’y revenir puisqu’ils ont rompu, selon le Coran, l’alliance que Dieu avait conclue avec eux. Ils ne peuvent vivre dans le pays qu’en tant que minorité « protégée » sous la domination de l’islam.

    Que dit le Coran concernant la relation des juifs à la Judée antique ?

    Cette terre a été promise aux juifs, comme précise le Coran : « Ô mon peuple, entrez dans la Terre sainte que Dieu vous assigne » (sourate 5 [La Table], 21). Mais Dieu les a abandonnés à cause de leurs péchés et a élu les #Arabes à leur place : « Vous êtes [les musulmans] la meilleure #communauté qui ait jamais été donnée comme exemple aux hommes » (sourate 3 [la Famille d’Imran], 110).

    Pourquoi la place des juifs dans le Coran constitue-t-elle un sujet toujours brûlant, selon vous ?

    Tout d’abord parce que ce sujet traite de deux #religions, chacune portée par un peuple, qui existent toujours. Ces deux peuples que sont les Arabes et les Juifs se sont combattus à divers niveaux, dans plusieurs moments de leurs histoires respectives. Les problématiques évoquées en 2019 dans mon ouvrage Les Juifs dans le Coran sont, pour certaines, cristallisées dans le #conflit_israélo-palestinien.

    Bien que ce conflit ne soit pas nécessairement d’ordre religieux, dans plusieurs périodes de leur histoire, des penseurs des deux côtés ont tenté de lui donner une dimension essentiellement religieuse ; ces penseurs ont dépeint la situation d’opposition entre Juifs et Arabes en utilisant une terminologie et une conceptualisation religieuses. C’est de cela qu’on hérite aujourd’hui, et qui rend la question si complexe.$

    Comment les juifs sont-ils nommés dans le Coran ?

    Divers termes sont employés, et chacune de ces dénominations se réfère à un aspect particulier des juifs. L’un des termes abondamment utilisé dans le Coran pour nommer les juifs est celui de Banû Israʼîl, que l’on peut traduire par « fils d’Israël » : il désigne les anciens Israélites, cités dans la Bible.

    Lorsque le Coran raconte des événements se rapportant au récit biblique, c’est presque toujours ce terme qui est utilisé pour désigner les ancêtres des juifs. C’est lui que l’on retrouve dans ce verset : « O fils d’Israël, n’oubliez pas la grâce dont je vous ai comblés en vous choisissant parmi toutes les nations. »

    Un autre terme, yahûd, désigne les juifs dans un sens plutôt péjoratif : ce terme est très répandu dans les #sourates_médinoises, donc les plus tardives du Coran, qui sont les plus hostiles aux juifs et aux chrétiens.

    Un troisième terme présent à plusieurs reprises est celui d’ahl-al-Kitâb, « peuple du Livre », qui désigne par moments juifs et chrétiens. Ce terme est tantôt positif, tantôt négatif : il évoque parfois le don de la Torah aux juifs, mais rappelle aussi « l’âne chargé de livres » qu’est le peuple juif ayant reçu le don de la révélation, tout en étant incapable de le porter convenablement.

    Quelles étaient les relations entre Juifs et Arabes dans l’Arabie préislamique ?

    Avant Muhammad [Mahomet], les juifs étaient établis dans la péninsule Arabique, principalement au sud – les juifs yéménites en seraient les descendants –, et dans le Hijaz, c’est-à-dire au nord-ouest de la péninsule où l’islam est né. On peut estimer que les juifs dominaient une grande partie de l’Arabie : ils s’appuyaient sur le royaume juif d’Himyar, établi dans l’actuel Yémen. Les rapports culturels et commerciaux entre Juifs et Arabes étaient intenses jusqu’à l’hégire [l’exil de Mahomet de La Mecque vers #Médine, en 622].

    Ces éléments sont importants, car ils constituent l’arrière-plan culturel auquel Muhammad est confronté en Arabie. Quelques chercheurs diraient même la chose suivante : Muhammad a choisi d’émigrer à Médine, une région fortement peuplée de juifs, car il comptait sur ces derniers pour le rejoindre autour d’une conception nouvelle du #monothéisme. Muhammad a sans doute estimé qu’il serait accepté par les juifs du Hijaz.

    On constate également la pensée politique fine du prophète de l’islam lorsqu’il envoie, vers l’an 616 de notre ère, un groupe de ses adeptes à destination du royaume chrétien d’Ethiopie, pour les mêmes raisons. La forte présence de juifs et de chrétiens en Arabie à l’époque de Muhammad explique l’omniprésence d’éléments bibliques, juifs ou chrétiens, dans plusieurs sourates du Coran.

    L’islam a-t-il hérité de pratiques issues du judaïsme ?

    Du point de vue philologique et historique, c’est certain. Au-delà des éléments bibliques, on peut déjà dire que l’islam, au même titre que le judaïsme, est une religion « légale », centrée sur la #loi et les #commandements, à l’inverse du christianisme. La #jurisprudence, le rôle de la Halakha (la loi et la jurisprudence juives) ou de la charia (la loi islamique) sont fondamentales dans ces deux religions, et des ressemblances s’ensuivent – mais ces dernières ont leur limite.

    Au début de la prédication de Muhammad, on perçoit chez lui un désir de se rapprocher des pratiques juives. Cependant, une fois passé le moment où la majorité des juifs refusent de le suivre, s’exprime un désir d’émancipation de l’islam par rapport au judaïsme et au christianisme. Ce qui est naturel : toute religion doit finir par affirmer son indépendance vis-à-vis des traditions passées dont elle hérite.
    Pour donner un exemple : au départ, la direction de la prière pour les musulmans est Jérusalem ; une fois consommé le divorce entre les juifs et les premiers musulmans, La Mecque devient la nouvelle direction pour la prière. Deux étapes apparaissent clairement : ressemblance, puis différenciation.

    Le Coran est-il « antisémite » ?

    Il est faux et anachronique de considérer le Coran ainsi, et certains le font dans un but de propagande contre l’islam. Tout d’abord, le terme « antisémitisme » fait référence à un phénomène bien ultérieur [le terme est apparu en Allemagne au XIXe siècle, il s’attaque aux juifs en tant que peuple et non en tant que pratiquants d’une religion].
    On peut considérer que, dans le Coran, certains versets peuvent servir à nourrir une pensée antisémite, à l’instar des « versets de la guerre » de la #sourate_9 [incitant au combat à mort contre les juifs, les chrétiens, les polythéistes et tous les « #mécréants » en général]. Mais dire explicitement que le Coran est un texte antisémite, c’est faux.

    Je vis d’ailleurs mal cette conception, même en tant que juif. Je lis le Coran depuis mon adolescence avec beaucoup d’intérêt, je l’ai appris avec des Arabes, je l’enseigne à l’université hébraïque de Jérusalem et dans d’autres endroits du monde depuis plus de trente ans… J’ai beaucoup de respect pour ce texte, qui m’a énormément appris et contient des passages extraordinaires.

    Il y a bien des extraits qui me gênent en tant que juif, mais comme ils gêneraient un chrétien, ou tout simplement un être humain ! On peut toutefois dire exactement la même chose de certains versets bibliques, qui sont violents et inacceptables, sans remettre en cause l’intérêt de ces Ecritures.

    Le Coran semble néanmoins donner une image paradoxale des juifs. Comment en sortir ?

    Lors d’un séminaire sur ce thème, un étudiant musulman chiite m’a dit la chose suivante : « Je pense que cela vaut la peine que les sages musulmans adaptent ou suppriment la sourate 9 du Coran [plus tardive, et donc polémique vis-à-vis des juifs et des chrétiens], pour aider à construire une autre image du judaïsme et faciliter la rencontre. Qu’en pensez-vous ? »

    Je lui ai répondu que je suis opposé à toute altération d’un texte canonisé. Des millions de personnes croient en la sainteté du Coran et en sa nature miraculeuse, on ne doit donc rien y changer. Ce qu’on peut changer, en revanche, c’est notre attitude face au texte.

    Le fait qu’il y ait une ambivalence du texte coranique sur ce sujet est, à mes yeux, une clé vers la solution. Le Coran s’exprime de diverses manières sur les juifs, les #chrétiens, et sur bien d’autres sujets aussi. Pour comprendre ces apparentes contradictions, il faut les ramener à leur contexte initial : les polémiques contre les juifs sont à replacer dans le contexte de la prédication de Muhammad dans une région donnée, durant une époque donnée, et ne doivent pas être considérées comme une généralisation sur les juifs. Le fait que le Coran semble paradoxal et contradictoire constitue, en vérité, un remède au littéralisme.

    Quels arguments peut-on opposer, à partir du Coran, à la haine antijuive et à la justification de violences contre les juifs ?

    Tous les stéréotypes et accusations que le Coran adresse aux juifs sont continuellement invoqués pour délégitimer les juifs et leur religion : l’accusation qu’ils ont tué des prophètes, qu’ils ont rompu l’alliance que Dieu avait conclue avec eux, qu’ils ont falsifié les Ecritures divines qui leur ont été révélées, et bien d’autres accusations. Pour autant, dans certains versets du Coran, Dieu répand aussi ses louanges sur les enfants d’Israël.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Meir Bar-Asher : « Quelques versets du Coran peuvent créer une ambiance pacifique et d’autres un climat terrible »

    Ces louanges se répartissent en trois catégories :

    – la vision des enfants d’Israël comme peuple élu ;

    – la sortie d’Egypte et l’arrivée en Terre promise ;

    – l’Alliance et le don de la Torah, vue comme une source qui confirme l’islam.

    L’idée de l’élection d’Israël revient souvent dans le Coran. Tantôt cela concerne le peuple tout entier, tantôt seulement quelques personnalités ou quelques familles comme celle d’Abraham, de ‘Imrân (c’est-à-dire ‘Amram, père d’Aaron, de Moïse et de Myriam dans la Bible) ou encore certains prophètes.

    Dans certains versets coraniques, l’idée d’élection se dégage par elle-même de la grâce de Dieu envers Israël et des nombreux bienfaits que Dieu répand sur eux : « Nous avons donné aux fils d’Israël le Livre (al-kitâb), la Sagesse (al-hukm) et la Prophétie (al-nubuwwa). Nous les avons pourvus d’excellentes nourritures. Nous les avons élevés au-dessus des mondes » (45, 16). Ou encore dans un autre verset : « O mon peuple ! Souvenez-vous de la grâce de Dieu à votre égard, quand il a suscité parmi vous des prophètes ; quand il a suscité pour vous des rois ! Il vous a accordé ce qu’il n’avait donné à nul autre parmi les mondes » (5, 20).

    Aucun texte, a fortiori un texte religieux souvent difficile comme le Coran, ne se donne à lire de manière absolue, et le sens qu’on en retire dépend beaucoup du contexte que l’on prête à ces versets.

    Certaines phrases à fort potentiel polémique lorsqu’elles sont prises isolément se voient ainsi « neutralisées » quand elles sont ramenées à un contexte historique précis ; à l’inverse, des versets dont l’interprétation traditionnelle a toujours cherché à éclaircir le contexte deviennent « explosifs » quand ils sont sciemment décontextualisés pour être brandis contre les juifs et les chrétiens d’aujourd’hui.

    Raphaël Buisson-Rozensztrauch
    https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2023/11/26/pourquoi-il-est-faux-et-anachronique-de-considerer-le-coran-comme-antisemite

  • Fermes, coopératives... « En #Palestine, une nouvelle forme de #résistance »

    Jardins communautaires, coopératives... En Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens ont développé une « #écologie_de_la_subsistance qui n’est pas séparée de la résistance », raconte l’historienne #Stéphanie_Latte_Abdallah.

    Alors qu’une trêve vient de commencer au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, la chercheuse Stéphanie Latte Abdallah souligne les enjeux écologiques qui se profilent derrière le #conflit_armé. Elle rappelle le lien entre #colonisation et #destruction de l’#environnement, et « la relation symbiotique » qu’entretiennent les Palestiniens avec leur #terre et les êtres qui la peuplent. Ils partagent un même destin, une même #lutte contre l’#effacement et la #disparition.

    Stéphanie Latte Abdallah est historienne et anthropologue du politique, directrice de recherche au CNRS (CéSor-EHESS). Elle a récemment publié La toile carcérale, une histoire de l’enfermement en Palestine (Bayard, 2021).

    Reporterre — Comment analysez-vous à la situation à #Gaza et en #Cisjordanie ?

    Stéphanie Latte Abdallah — L’attaque du #Hamas et ses répercussions prolongent des dynamiques déjà à l’œuvre mais c’est une rupture historique dans le déchaînement de #violence que cela a provoqué. Depuis le 7 octobre, le processus d’#encerclement de la population palestinienne s’est intensifié. #Israël les prive de tout #moyens_de_subsistance, à court terme comme à moyen terme, avec une offensive massive sur leurs conditions matérielles d’existence. À Gaza, il n’y a plus d’accès à l’#eau, à l’#électricité ou à la #nourriture. Des boulangeries et des marchés sont bombardés. Les pêcheurs ne peuvent plus accéder à la mer. Les infrastructures agricoles, les lieux de stockage, les élevages de volailles sont méthodiquement démolis.

    En Cisjordanie, les Palestiniens subissent — depuis quelques années déjà mais de manière accrue maintenant — une forme d’#assiègement. Des #cultures_vivrières sont détruites, des oliviers abattus, des terres volées. Les #raids de colons ont été multipliés par deux, de manière totalement décomplexée, pour pousser la population à partir, notamment la population bédouine qui vit dans des zones plus isolées. On assiste à un approfondissement du phénomène colonial. Certains parlent de nouvelle #Nakba [littéralement « catastrophe » en Arabe. Cette expression fait référence à l’exode forcé de la population palestinienne en 1948]. On compte plus d’1,7 million de #déplacés à Gaza. Où iront-ils demain ?

    « Israël mène une #guerre_totale à une population civile »

    Gaza a connu six guerres en dix-sept ans mais il y a quelque chose d’inédit aujourd’hui, par l’ampleur des #destructions, le nombre de #morts et l’#effet_de_sidération. À défaut d’arriver à véritablement éliminer le Hamas – ce qui est, selon moi, impossible — Israël mène une guerre totale à une population civile. Il pratique la politique de la #terre_brûlée, rase Gaza ville, pilonne des hôpitaux, humilie et terrorise tout un peuple. Cette stratégie a été théorisée dès 2006 par #Gadi_Eizenkot, aujourd’hui ministre et membre du cabinet de guerre, et baptisée « la #doctrine_Dahiya », en référence à la banlieue sud de Beyrouth. Cette doctrine ne fait pas de distinction entre #cibles_civiles et #cibles_militaires et ignore délibérément le #principe_de_proportionnalité_de_la_force. L’objectif est de détruire toutes les infrastructures, de créer un #choc_psychologique suffisamment fort, et de retourner la population contre le Hamas. Cette situation nous enferme dans un #cycle_de_violence.

    Vos travaux les plus récents portent sur les initiatives écologiques palestiniennes. Face à la fureur des armes, on en entend évidemment peu parler. Vous expliquez pourtant qu’elles sont essentielles. Quelles sont-elles ?

    La Palestine est un vivier d’#innovations politiques et écologiques, un lieu de #créativité_sociale. Ces dernières années, suite au constat d’échec des négociations liées aux accords d’Oslo [1] mais aussi de l’échec de la lutte armée, s’est dessinée une #troisième_voie.

    Depuis le début des années 2000, la #société_civile a repris l’initiative. Dans de nombreux villages, des #marches et des #manifestations hebdomadaires sont organisées contre la prédation des colons ou pour l’#accès_aux_ressources. Plus récemment, s’est développée une #économie_alternative, dite de résistance, avec la création de #fermes, parfois communautaires, et un renouveau des #coopératives.

    L’objectif est de reconstruire une autre société libérée du #néolibéralisme, de l’occupation et de la #dépendance à l’#aide_internationale. Des agronomes, des intellectuels, des agriculteurs, des agricultrices, des associations et des syndicats de gauche se sont retrouvés dans cette nouvelle forme de résistance en dehors de la politique institutionnelle. Une jeune génération a rejoint des pionniers. Plutôt qu’une solution nationale et étatique à la colonisation israélienne — un objectif trop abstrait sur lequel personne n’a aujourd’hui de prise — il s’agit de promouvoir des actions à l’échelle citoyenne et locale. L’idée est de retrouver de l’#autonomie et de parvenir à des formes de #souveraineté par le bas. Des terres ont été remises en culture, des #fermes_agroécologiques ont été installées — dont le nombre a explosé ces cinq dernières années — des #banques_de_semences locales créées, des modes d’#échange directs entre producteurs et consommateurs mis en place. On a parlé d’« #intifada_verte ».

    Une « intifada verte » pour retrouver de l’autonomie

    Tout est né d’une #prise_de_conscience. Les #territoires_palestiniens sont un marché captif pour l’#économie israélienne. Il y a très peu de #production. Entre 1975 et 2014, la part des secteurs de l’agriculture et de l’#industrie dans le PIB a diminué de moitié. 65 % des produits consommés en Cisjordanie viennent d’Israël, et plus encore à Gaza. Depuis les accords d’Oslo en 1995, la #production_agricole est passée de 13 % à 6 % du PIB.

    Ces nouvelles actions s’inscrivent aussi dans l’histoire de la résistance : au cours de la première Intifada (1987-1993), le #boycott des taxes et des produits israéliens, les #grèves massives et la mise en place d’une économie alternative autogérée, notamment autour de l’agriculture, avaient été centraux. À l’époque, des #jardins_communautaires, appelés « les #jardins_de_la_victoire » avait été créés. Ce #soulèvement, d’abord conçu comme une #guerre_économique, entendait alors se réapproprier les #ressources captées par l’occupation totale de la Cisjordanie et de la #bande_de_Gaza.

    Comment définiriez-vous l’#écologie palestinienne ?

    C’est une écologie de la subsistance qui n’est pas séparée de la résistance, et même au-delà, une #écologie_existentielle. Le #retour_à_la_terre participe de la lutte. C’est le seul moyen de la conserver, et donc d’empêcher la disparition totale, de continuer à exister. En Cisjordanie, si les terres ne sont pas cultivées pendant 3 ou 10 ans selon les modes de propriété, elles peuvent tomber dans l’escarcelle de l’État d’Israël, en vertu d’une ancienne loi ottomane réactualisée par les autorités israéliennes en 1976. Donc, il y a une nécessité de maintenir et augmenter les cultures, de redevenir paysans, pour limiter l’expansion de la #colonisation. Il y a aussi une nécessité d’aller vers des modes de production plus écologiques pour des raisons autant climatiques que politiques. Les #engrais et les #produits_chimiques proviennent des #multinationales via Israël, ces produits sont coûteux et rendent les sols peu à peu stériles. Il faut donc inventer autre chose.

    Les Palestiniens renouent avec une forme d’#agriculture_économe, ancrée dans des #savoir-faire_ancestraux, une agriculture locale et paysanne (#baladi) et #baaliya, c’est-à-dire basée sur la pluviométrie, tout en s’appuyant sur des savoirs nouveaux. Le manque d’#eau pousse à développer cette méthode sans #irrigation et avec des #semences anciennes résistantes. L’idée est de revenir à des formes d’#agriculture_vivrière.

    La #révolution_verte productiviste avec ses #monocultures de tabac, de fraises et d’avocats destinée à l’export a fragilisé l’#économie_palestinienne. Elle n’est pas compatible avec l’occupation et le contrôle de toutes les frontières extérieures par les autorités israéliennes qui les ferment quand elles le souhaitent. Par ailleurs, en Cisjordanie, il existe environ 600 formes de check-points internes, eux aussi actionnés en fonction de la situation, qui permettent de créer ce que l’armée a nommé des « #cellules_territoriales ». Le #territoire est morcelé. Il faut donc apprendre à survivre dans des zones encerclées, être prêt à affronter des #blocus et développer l’#autosuffisance dans des espaces restreints. Il n’y a quasiment plus de profondeur de #paysage palestinien.

    « Il faut apprendre à survivre dans des zones encerclées »

    À Gaza, on voit poindre une #économie_circulaire, même si elle n’est pas nommée ainsi. C’est un mélange de #débrouille et d’#inventivité. Il faut, en effet, recycler les matériaux des immeubles détruits pour pouvoir faire de nouvelles constructions, parce qu’il y a très peu de matériaux qui peuvent entrer sur le territoire. Un entrepreneur a mis au point un moyen d’utiliser les ordures comme #matériaux. Les modes de construction anciens, en terre ou en sable, apparaissent aussi mieux adaptés au territoire et au climat. On utilise des modes de production agricole innovants, en #hydroponie ou bien à la #verticale, parce que la terre manque, et les sols sont pollués. De nouvelles pratiques énergétiques ont été mises en place, surtout à Gaza, où, outre les #générateurs qui remplacent le peu d’électricité fournie, des #panneaux_solaires ont été installés en nombre pour permettre de maintenir certaines activités, notamment celles des hôpitaux.

    Est-ce qu’on peut parler d’#écocide en ce moment ?

    Tout à fait. Nombre de Palestiniens emploient maintenant le terme, de même qu’ils mettent en avant la notion d’#inégalités_environnementales avec la captation des #ressources_naturelles par Israël (terre, ressources en eau…). Cela permet de comprendre dans leur ensemble les dégradations faites à l’#environnement, et leur sens politique. Cela permet aussi d’interpeller le mouvement écologiste israélien, peu concerné jusque-là, et de dénoncer le #greenwashing des autorités. À Gaza, des #pesticides sont épandus par avion sur les zones frontalières, des #oliveraies et des #orangeraies ont été arrachées. Partout, les #sols sont pollués par la toxicité de la guerre et la pluie de #bombes, dont certaines au #phosphore. En Cisjordanie, les autorités israéliennes et des acteurs privés externalisent certaines #nuisances_environnementales. À Hébron, une décharge de déchets électroniques a ainsi été créée. Les eaux usées ne sont pas également réparties. À Tulkarem, une usine chimique considérée trop toxique a été également déplacée de l’autre côté du Mur et pollue massivement les habitants, les terres et les fermes palestiniennes alentour.

    « Il existe une relation intime entre les Palestiniens et leur environnement »

    Les habitants des territoires occupés, et leur environnement — les plantes, les arbres, le paysage et les espèces qui le composent — sont attaqués et visés de manière similaire. Ils sont placés dans une même #vulnérabilité. Pour certains, il apparaît clair que leur destin est commun, et qu’ils doivent donc d’une certaine manière résister ensemble. C’est ce que j’appelle des « #résistances_multispécifiques », en écho à la pensée de la [philosophe féministe étasunienne] #Donna_Haraway. [2] Il existe une relation intime entre les Palestiniens et leur environnement. Une même crainte pour l’existence. La même menace d’#effacement. C’est très palpable dans le discours de certaines personnes. Il y a une lutte commune pour la #survie, qui concerne autant les humains que le reste du vivant, une nécessité écologique encore plus aigüe. C’est pour cette raison que je parle d’#écologisme_existentiel en Palestine.

    Aujourd’hui, ces initiatives écologistes ne sont-elles pas cependant menacées ? Cet élan écologiste ne risque-t-il pas d’être brisé par la guerre ?

    Il est évidemment difficile d’exister dans une guerre totale mais on ne sait pas encore comment cela va finir. D’un côté, on assiste à un réarmement des esprits, les attaques de colons s’accélèrent et les populations palestiniennes en Cisjordanie réfléchissent à comment se défendre. De l’autre côté, ces initiatives restent une nécessité pour les Palestiniens. J’ai pu le constater lors de mon dernier voyage en juin, l’engouement est réel, la dynamique importante. Ce sont des #utopies qui tentent de vivre en pleine #dystopie.

    https://reporterre.net/En-Palestine-l-ecologie-n-est-pas-separee-de-la-resistance
    #agriculture #humiliation #pollution #recyclage #réusage #utopie

    • La toile carcérale. Une histoire de l’enfermement en Palestine

      Dans les Territoires palestiniens, depuis l’occupation de 1967, le passage par la prison a marqué les vécus et l’histoire collective. Les arrestations et les incarcérations massives ont installé une toile carcérale, une détention suspendue. Environ 40 % des hommes palestiniens sont passés par les prisons israéliennes depuis 1967. Cet ouvrage remarquable permet de comprendre en quoi et comment le système pénal et pénitentiaire est un mode de contrôle fractal des Territoires palestiniens qui participe de la gestion des frontières. Il raconte l’envahissement carcéral mais aussi la manière dont la politique s’exerce entre Dedans et Dehors, ses effets sur les masculinités et les féminités, les intimités. Stéphanie Latte Abdallah a conduit une longue enquête ethnographique, elle a réalisé plus de 350 entretiens et a travaillé à partir d’archives et de documents institutionnels. Grâce à une narration sensible s’apparentant souvent au documentaire, le lecteur met ses pas dans ceux de l’auteure à la rencontre des protagonistes de cette histoire contemporaine méconnue.

      https://livres.bayard-editions.com/livres/66002-la-toile-carcerale-une-histoire-de-lenfermement-en-pal
      #livre

  • L’inflation alimentaire, entre cynisme et désillusions - Gauche DGSI section RDR
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/09/l-inflation-alimentaire-entre-cynisme-et-desillusions_6188589_3232.html

    ... le fait qu’une poignée d’acteurs profite de la situation pour engranger des profits déconnectés de la réalité économique n’est pas tolérable. Certains poussent même le cynisme à réduire la taille des contenants de leurs produits pour mieux faire passer les hausses de prix auprès des consommateurs. La chute des ventes est finalement le seul langage que [les marques] peuvent comprendre. (...)
    L’effort doit prioritairement porter sur les bas salaires. Dans ce contexte, la conférence sociale que vient d’annoncer Emmanuel Macron revêt une importance cruciale.

    #inflation #alimentation #monopoles #salaire

  • Le FMI admet que les bénéfices des entreprises ont été le principal moteur de l’inflation en Europe Ben Norton - Geopolitical Economy - Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action

    L’augmentation des bénéfices des entreprises est à l’origine de 45 % de l’inflation en Europe, contre 40 % pour la hausse des prix à l’importation et seulement 15 % pour les salaires des travailleurs, selon une étude réalisée par les économistes du FMI.
     
    Les bénéfices des entreprises sont le principal facteur d’inflation en Europe depuis 2021.

    C’est ce qui ressort d’une étude publiée par le Fonds monétaire international (FMI).

    « L’augmentation des bénéfices des entreprises est à l’origine de près de la moitié de la hausse de l’inflation en Europe au cours des deux dernières années, les entreprises ayant augmenté leurs prix de manière plus importante que la flambée des coûts de l’énergie importée« , ont écrit les économistes du FMI en juin dernier.

    Selon le FMI, « pour permettre à l’inflation de rester sur les rails menant à l’objectif de 2% fixé par la Banque centrale européenne pour 2025, les entreprises pourraient devoir accepter une part de profit plus faible. »

    Les économistes du FMI Niels-Jakob Hansen, Frederik Toscani et Jing Zhou ont détaillé leurs conclusions dans un document de recherche intitulé « Euro Area Inflation after the Pandemic and Energy Shock : Import Prices, Profits and Wages » (L’inflation dans la zone euro après la pandémie et le choc énergétique : prix des importations, bénéfices et salaires). https://www.imf.org/en/Publications/WP/Issues/2023/06/23/Euro-Area-Inflation-after-the-Pandemic-and-Energy-Shock-Import-Prices-Profits-a

    Ils ont constaté que les marges bénéficiaires intérieures étaient responsables de 45 % de la variation moyenne du déflateur de la consommation (inflation) entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023, tandis que la hausse des prix à l’importation y contribuait à hauteur de 40 %.

    Parmi les principaux facteurs ayant contribué à la hausse des prix à l’importation figurent les perturbations de la chaîne d’approvisionnement dues à la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales contre la Russie – l’un des principaux producteurs mondiaux de pétrole, de gaz, d’engrais et de blé. Ces sanctions ont provoqué une forte hausse des prix des produits de base au niveau mondial.

    Toutefois, la part de l’inflation due aux prix des importations a atteint son maximum à la mi-2022 et a diminué depuis.

    Cela suggère que les problèmes de la chaîne d’approvisionnement après la pandémie ont été en grande partie résolus et que les prix de certains produits de base ont baissé. Mais les entreprises ont quand même continué à augmenter leurs prix.

    Les économistes du FMI notent ainsi : « Les résultats montrent que les entreprises ont répercuté plus que le choc des coûts nominaux et qu’elles s’en sont relativement mieux sorties que les travailleurs« .

    Toutefois, de nombreux économistes néolibéraux et responsables de banques centrales occidentales ont ignoré la hausse des bénéfices des entreprises et ont préféré imputer l’inflation aux salaires des travailleurs.

    L’inflation s’est envolée lorsque le monde est sorti de la pandémie. Pour y répondre, la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale US ont relevé les taux d’intérêt de manière agressive et à une vitesse inégalée depuis le choc Volcker dans les années 1980. https://geopoliticaleconomy.com/2023/06/22/third-world-debt-crisis-ann-pettifor

    Le président de la Fed, Jerome Powell, a admis que son objectif était de « faire baisser les salaires ». https://geopoliticaleconomy.com/2022/05/24/us-federal-reserve-wages-inflation

    L’ancien secrétaire au Trésor US et économiste en chef de la Banque mondiale, Larry Summers, https://fortune.com/2022/06/21/larry-summers-calls-for-high-unemployment-to-curb-inflation a préconisé un taux de chômage de 6 % pendant cinq ans ou de 10 % pendant un an pour faire baisser l’inflation.

    Ils ont largement rejeté la faute sur les travailleurs, négligeant la façon dont les entreprises ont exploité une période d’incertitude pour s’enrichir.

    L’économiste Isabella Weber avait raison sur l’ « inflation des vendeurs »

    Isabella M. Weber est sans doute l’économiste qui s’est le plus exprimée pour demander à sa discipline d’étudier la manière dont les entreprises ont contribué à l’inflation au cours des deux dernières années.

    Professeur à l’université du Massachusetts Amherst, Weber a baptisé ce phénomène « inflation des vendeurs ».

    Bien que son travail soit méticuleusement documenté, Isabella M. Weber a dû faire face à de vives critiques de la part d’économistes néolibéraux.
    En décembre 2021, elle a publié un article d’opinion dans The Guardian intitulé « Could strategic price controls help fight inflation ? » (Le contrôle stratégique des prix pourrait-il aider à lutter contre l’inflation ?). https://www.theguardian.com/business/commentisfree/2021/dec/29/inflation-price-controls-time-we-use-it

    Dans les débats sur l’inflation, « un facteur essentiel qui fait grimper les prix reste largement ignoré : l’explosion des bénéfices« , écrit ainsi Weber. « En 2021, les marges bénéficiaires non financières ont atteint aux Etats-Unis des niveaux jamais vus depuis l’après-guerre. Ce n’est pas une coïncidence« .

    Elle note que « les grandes entreprises disposant d’un pouvoir de marché ont profité des problèmes d’approvisionnement pour augmenter les prix et engranger des bénéfices exceptionnels« .

    L’article de Weber a provoqué une véritable tempête et elle a été brutalement attaquée. Paul Krugman, éditorialiste au New York Times, a déclaré que l’appel de Weber en faveur d’un contrôle des prix était « vraiment stupide ».

    En février 2023, Weber a publié un article universitaire https://scholarworks.umass.edu/econ_workingpaper/343 expliquant plus en détail le phénomène : « Sellers’ Inflation, Profits and Conflict : Why can Large Firms Hike Prices in an Emergency ? » (Inflation des vendeurs, profits et conflits : pourquoi les grandes entreprises peuvent-elles augmenter leurs prix en situation de crise ?)

    Les économistes du FMI ont d’ailleurs cité cet article de Weber dans leur propre étude sur l’inflation en Europe.

    Repenser l’inflation
    Les économistes classiques contemporains discutent généralement de trois types d’inflation : l’inflation tirée par la demande, l’inflation poussée par les coûts et l’inflation intégrée.

    L’inflation par les coûts se produit lorsque les prix des intrants utilisés dans le processus de production augmentent. Lorsque les prix internationaux de produits de base comme le pétrole ou le gaz montent en flèche, en conséquence de la guerre en Ukraine par exemple, cela contribue à l’inflation par les coûts.

    L’inflation intégrée tient compte des prévisions selon lesquelles l’inflation passée se reproduira à nouveau. Par exemple, les entreprises augmentent souvent leurs prix chaque année, simplement parce qu’elles s’attendent à ce que les coûts augmentent, et non parce qu’ils ont réellement augmenté (mais en agissant de la sorte, les coûts augmentent parfois vraiment).

    Cependant, les discussions sur l’inflation parmi les économistes néolibéraux occidentaux se concentrent généralement sur l’inflation tirée par la demande.

    Le parrain du monétarisme, le célèbre économiste de droite de l’université de Chicago Milton Friedman, affirmait que « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire », et qu’il s’agissait spécifiquement d’une inflation tirée par la demande : « Trop d’argent pour trop peu de biens ».

    Friedman a inspiré le dictateur fasciste chilien Augusto Pinochet, qui a pris le pouvoir en 1973 à la suite d’un coup d’État militaire soutenu par la CIA contre le président socialiste démocratiquement élu de ce pays d’Amérique du Sud, Salvador Allende.

    Friedman était tellement obsédé par la politique monétaire du gouvernement qu’il soutenait l’idée que l’inflation par les coûts n’existait pas. Elle n’était selon lui qu’une conséquence de l’inflation par la demande.

    Mais cette récente étude du FMI montre que la vision monétariste de la droite sur l’inflation est beaucoup trop simpliste. Les entreprises capitalistes peuvent provoquer l’inflation en augmentant tout bonnement leurs profits à des niveaux déraisonnables.

    Néanmoins, certains tenants du monétarisme prétendent encore aujourd’hui que l’inflation observée dans le monde à la suite de la pandémie de covid-19 a été simplement causée par la planche à billets des banques centrales.

    Mais cela n’explique pas pourquoi de 2008 à 2020, lors des 12 premières années d’assouplissement quantitatif (QE), il y a eu assez peu d’inflation de l’indice des prix. Ni pourquoi le QE a soudainement provoqué une hausse des prix aux alentours de 2021.

    L’économiste Michael Hudson a souligné que l’assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale US et de la Banque centrale européenne a en réalité alimenté
    l’inflation des prix des actifs, et non l’inflation de l’indice des prix à la consommation.

    Dans une interview accordée au Geopolitical Economy Report en septembre 2022, Hudson a expliqué ce qui suit : https://geopoliticaleconomy.com/2022/09/08/michael-hudson-debt-inflation-ukraine-petrodollar

    Le résultat [de l’assouplissement quantitatif] s’est traduit par un montant total de 9 000 milliards de dollars. Il s’agissait pour l’essentiel de liquidités bancaires que la Réserve fédérale a injectées.

    Bien qu’il s’agisse d’une inflation du prix des actifs, celle-ci s’est produite à crédit.

    L’inflation du prix des actifs s’est produite lorsque la Réserve fédérale a conclu des échanges de pensions livrées avec les banques, permettant à ces dernières de déposer auprès de la Fed certains de leurs prêts hypothécaires ou obligations, des obligations d’État ou même des obligations de pacotille.

    Les banques ont ainsi obtenu un dépôt auprès de la Fed qui leur a permis de se retourner. C’est comme si la Fed avait déposé de l’argent dans les banques comme un déposant, ce qui leur a permis de prêter toujours plus à l’immobilier, faisant ainsi grimper les prix.

    L’immobilier vaut ce qu’une banque est prête à lui prêter. Or, les banques ont abaissé les exigences de marge, assouplissant ainsi les conditions du prêt.

    Les banques ont donc gonflé le marché de l’immobilier, ainsi que les marchés des actions et des obligations.

    Depuis 2008, le marché obligataire a connu le plus grand rallye obligataire de l’histoire. Vous pouvez imaginer que le prix des obligations est descendu en dessous de 0 %. Il s’agit d’une capitalisation énorme du taux obligataire.

    Cela a donc été une aubaine pour les détenteurs d’obligations, en particulier d’obligations bancaires. Et cela a gonflé le sommet de la pyramide.

    Mais si vous le gonflez avec de la dette, il faut bien que quelqu’un paie la dette. Et la dette, comme je viens de le dire, concerne 90 % de la population.

    Ainsi, l’inflation du prix des actifs et la déflation de la dette vont de pair, parce que la partie de l’économie relative à la richesse, la partie relative à la propriété, a été largement gonflée. Il s’agit en fait du prix de la richesse par rapport au travail.

    Quant à la partie débitrice, elle a été comprimée du fait que les familles ont dû consacrer une part beaucoup plus importante de leurs revenus aux prêts hypothécaires, aux cartes de crédit ou aux dettes estudiantines. Ce qui leur a laissé de moins en moins d’argent pour acheter des biens et des services.

    S’il y a déflation de la dette, pourquoi y a-t-il une inflation des prix aujourd’hui ? Eh bien, l’inflation des prix est en grande partie le résultat de la guerre [en Ukraine] et des sanctions que les États-Unis ont imposées à la Russie.

    Comme vous le savez, la Russie était un grand exportateur de gaz et de pétrole, ainsi que le plus grand exportateur de produits agricoles au monde.

    Par conséquent, si l’on exclut du marché le pétrole russe, le gaz russe et l’agriculture russe, il y a une pénurie de l’offre et les prix augmentent considérablement.

    Le pétrole, l’énergie et l’alimentation ont donc été des éléments clés.

    Par ailleurs, sous l’administration Biden et certainement sous l’administration Trump, il n’y a pas eu d’application du contrôle des prix de monopole.

    Les entreprises ont donc essentiellement utilisé leur pouvoir monopolistique pour faire payer ce qu’elles voulaient.

    Si bien que même en l’absence de véritable pénurie de gaz et de pétrole en ce début d’année 2022, les prix ont grimpé en flèche. La seule raison était que les compagnies pétrolières fixaient les prix sur les factures.

    Cela est dû en partie à des manipulations financières sur les marchés à terme. Les marchés financiers ont fait grimper le prix du pétrole et du gaz. Mais d’autres entreprises l’ont également fait.

    Et dans tous les cas, si une entreprise est en position de force pour contrôler le marché, c’est que vous avez permis l’émergence de monopoles.
    Biden avait nommé un certain nombre de fonctionnaires qui allaient tenter d’imposer une législation anti-monopoles. Mais jusqu’à maintenant, ils n’ont pas été suffisamment soutenus par le Parti démocrate ou le Parti républicain pour leur donner les moyens d’agir.

     
    #bénéfices #marges #inflation #dividendes #fmi #bce #dette #gaz #pétrole #prix #marchés #monopoles

    Source : https://www.investigaction.net/fr/le-fmi-admet-que-les-benefices-des-entreprises-ont-ete-le-principal-