Bibliothèque interdite aux femmes voilées
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Nous sommes deux amies, doctorantes en didactique du FLE (Français Langue Etrangère). Le 11 décembre, nous nous sommes rendues à la médiathèque, que nous fréquentons régulièrement car elle est riche en documentation dans notre domaine de recherche. L’une de nous deux portait un voile, et l’autre une écharpe et un bonnet couvrant les cheveux.
Ce jour-là, à notre arrivée nous nous sommes d’abord dirigées vers l’accueil, mais les trois personnes qui tenaient l’accueil nous ont refusé l’accès à la médiathèque, sous prétexte que nous portions le voile. Elle nous ont informé que nous ne pourrions accéder à la bibliothèque qu’à condition de découvrir notre tête et de retirer notre voile. Interloquées par ce refus inhabituel et discriminatoire, nous avons refusé catégoriquement de nous soumettre à cette condition, et avons contesté le motif pour lequel elles nous refusaient l’accès. Elle nous ont alors affirmé que c’était « la loi », et nous ont invitées à consulter le règlement affiché sur la porte d’entrée. Nous avons donc lu le document, sur lequel était surligné en rose l’article de la loi du 15 mars 2004 qui interdit le port de signes religieux ostensibles aux collégiens et lycéens inscrits dans des établissements scolaires publics. N’étant pas des élèves, nous leur avons expliqué que ce texte de loi ne s’appliquait pas à la situation.
Elles ont alors fait venir une responsable, qui a cette fois invoqué la loi de 2010 sur la dissimulation du visage dans l’espace public. Nous leur avons rappelé que cette loi ne s’appliquait pas non plus à nous puisque nous ne portons pas un voile intégral mais un simple hijab, mais elles n’ont rien voulu entendre. Nous leur avons également demandé pourquoi l’accès nous était refusé aujourd’hui pour la première fois, alors que nous avions pu rentrer dans la médiathèque avec nos voiles lors de nos précédentes visites sans problèmes. La « responsable » (qui finalement s’est révélée plus tard ne pas être une responsable du tout) a maintenu sa position, affirmant que nous n’avions « pas le choix » et que si nous n’avions jusqu’à présent pas rencontré ce problème, c’est peut-être que les autres n’avaient « pas osé » nous rappeler à l’ordre.
Nous étions complètement ahuries par tant d’amalgames. Nous sommes sorties complètement déboussolées, choquées, les larmes aux yeux, et nous sommes dirigées vers la mairie. Nous avons raconté aux dames du personnel municipal la discrimination que nous venions de subir. Elles en ont été surprise, et ont téléphoné à la médiathèque pour les informer du fait que nos tenues étaient parfaitement conformes. Mais les agents d’accueil de la médiathèque ont refusé de tenir compte de ce que leur disaient celles de la mairie.
Nous avons donc déposé une main courante, et grâce au service juridique du CCIF nous avons pu obtenir une réponse claire :
« La loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics, est applicable aux élèves de l’enseignement public. Les étudiants ne sont pas soumis à cette interdiction légale. Mmes X et X doivent pouvoir accéder [à la médiathèque] sans restriction autre, le cas échéant, que celle de la loi n° 2010-1192 du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. »