• [L’œil itinérant] Qu’ont convenu l’Iran et les USA ? -
    Pepe Escobar
    Traduit par Daniel pour Vineyardsaker.fr
    11 octobre 2014
    http://www.vineyardsaker.fr/2014/10/11/loeil-itinerant-quont-convenu-liran-les-usa

    J’ai été touché par le profond respect voué au travail d’enquête de Gareth à Téhéran, par opposition à l’épais mur de silence qui a accueilli la parution de son livre aux USA. Voyons cela comme une autre réflexion de la « cruauté des miroirs », un autre exemple du « mur de méfiance » qui sépare Washington et Téhéran depuis 35 ans.

    Les conversations avec Gareth, qui reprenaient ce qui avait été abordé dans une nouvelle série d’interviews avec des responsables iraniens, révèlent encore une série d’angles morts dans les négociations sur le nucléaire. Comme il me le disait : « Je ne suis pas du tout convaincu que l’Iran est prêt à faire baisser sa réserve d’uranium à presque zéro », et « La réduction radicale du nombre de centrifugeuses n’est pas nécessaire pour parvenir au but qu’ils ont établi. »

    Ali Akbar Salehi, qui dirige l’organisation de l’énergie atomique d’Iran, a souligné que son pays « a besoin du stock de réserve ». Une solution possible dans ce cas serait de livrer le stock de réserve en Russie, ce à quoi les Iraniens ne s’opposent pas et que les Russes ont déjà proposé il y a quelques années.

    Quand le ministre des Affaires étrangères russes Sergeï Lavrov dit que « 90 pour cent de l’accord » est dans le sac, cela veut dire, d’après Gareth et les responsables iraniens, qu’il manque encore une décision définitive à propos de questions épineuses comme le niveau d’enrichissement de l’uranium, la durée de l’accord et le processus de suppression graduelle des sanctions. Pour résumer : nous sommes encore loin d’un accord complet pour le 24 novembre.
    (...)
    Derrière toute la controverse entourant Da’ech, on voit poindre (Quoi d’autre ?) la question énergétique. Personne à Téhéran ne se fait d’illusions au sujet de la guerre à laquelle se livre l’administration Obama par la porte arrière, et dont l’objectif est « Assad doit partir » (la propre ligne rouge tracée par Obama il y a plus de trois ans). L’enjeu demeure le contrôle des réserves de gaz naturel inexplorées de la Syrie. La suite d’un autre mélodrame du « Pipelinistan » va aussi se jouer, à savoir si c’est le gazoduc Iran-Irak-Syrie (auquel les USA s’opposent vivement) qui prévaudra, ou celui du Conseil de coopération du Golfe, avec du gaz en provenance du Qatar.

    Da’ech bloque justement le tracé du gazoduc en Irak et en Syrie, faisant de nouveau le jeu des USA, ce qui explique en grande partie pourquoi ceux-ci bombardent d’inoffensives grandes étendues désertiques, tandis que Da’ech continue d’annexer des territoires près de la frontière syro-turque.