Nicole Garreau

Poétesse sans talent et dictateuse sans vergogne

    • (Bon, après, fatalement les agriculteurices ne sont pas trop fatigué·e·s, hein. Nous savons bien qu’à part balancer du glyphosate dans les champs au volant de tracteurs géants, flinguer les zoziaux et aller jouer les jolis cœur à « L’Amour est dans le pré », iels ne font pas grand-chose de leurs journées.)

  • ne sait toujours pas si elle a compris trop de choses ou pas les bonnes ou pas assez ou rien du tout ; elle constate seulement que la parfaite conscience de ses propres incohérences se heurte perpétuellement au déni qu’autrui a face aux siennes.

    Plus on réfléchit moins on peut vivre — d’où l’incroyable succès de la bêtise.

    #JeNeSuisPasFolleVousSavez.

  • ne comprend pas pourquoi les ceusses s’enquiquinent à diffuser sporadiquement des messages expliquant qu’iels sont en grève : quand, en allumant France Cul’ de bon matin, on tombe sur une playlist de chansons yéyés en lieu et place des sempiternelles voix compassées de chroniqueuses et de chroniqueurs cirant les pompes d’invité·e·s de droite, ce n’est pas la peine de nous prévenir, on se doute immédiatement que ce n’est pas le programme habituel.

    Néanmoins force soit avec vous, chère Radio France : nous aussi on aimerait bien pouvoir avoir un jour une radio NORMALE — c’est-à-dire objective, culturelle, de gauche et de service public — mais visiblement ça n’en prend pas le chemin.

  • en est au point où non seulement elle trouve du sens à la chanson « Et vice et versa » des Inconnus, mais où elle commence même à se demander si celle-ci ne fut pas écrite spécialement à son attention :

    « L’hémorragie de tes désirs
    S’est éclipsée sous l’azur bleu dérisoire
    Du temps qui se passe
    Contre duquel on ne peut rien ;
    Être ou ne pas être
    Telle est la question sinusoïdale
    De l’anachorète
    Hypocondriaque. »

    Bluffant, non ? La subclaquante Garreau aurait dû rédiger son autobiographie, elle n’aurait pas fait mieux.

  • est un peu naïve... sans déconner, elle s’attendait à quoi ? Par un enchaînement d’idées qui serait trop fastidieux à expliquer la voilà sur Google Maps® et Google Street View® en train de visiter Marathon — le patelin grec. Pas d’architecture spécifique, pas de monuments à la gloire de Miltiade ou de Phidippidès, fleurant bon l’Histoire hellénique ou propres à inspirer quelque héroïque récit semi-mythologique : un clic à gauche, un clic à droite, la vieille dictateuse arpente les rues du bled sur l’écran de son petit ordinateur mais non, rien, elle parcourt juste une bourgade pavillonnaire pas très chic, un peu cassos, écrasée de soleil et parsemée de conteneurs à poubelles, d’abribus et de petites boutiques de souvenirs en plastique. Ça pourrait être n’importe où — ça ressemble à un village du Tarn-et-Meuse un jour d’été.

    #SicTransitGloriaMundi, comme auraient ironisé les Romain·e·s.

  • en est arrivée à cette espèce de paradoxe suprême qui fait qu’elle reprocherait presque à sa vieille chienne — la prunelle de ses yeux — de s’accrocher encore à l’existence. Parce que dès le départ la cacochyme et valétudinaire Garreau avait fait une promesse à la pauvre petite bête, celle de l’accompagner jusqu’au bout et donc de ne pas crever avant elle. En s’obstinant à vivre, la chienne l’oblige à elle aussi rester en vie.

    Si en se réveillant un matin elle constate que l’animal ne respire plus ce sera la fin du monde. Elle a déjà tout prévu : elle fermera les volets de la thébaïde, elle barricadera la porte, pour davantage de sécurité elle entassera derrière les ouvertures tous les trucs qu’elle a encore la force de déplacer, elle se recouchera et elle attendra sa propre Mort sans plus jamais bouger du fond de son lit.

    Elle a presque hâte — mais bien sûr elle n’en laisse rien paraître à la chienne et continue à couvrir celle-ci de mots sucrés, de grattouilles sous la papatte, de caresses et de baisers.

  • n’est pas écrivaine (dieu soit en location elle est normale), mais puisque ces dernières années elle a pondu 358869000899501046 dazibaos divers et a·variés elle se croit autorisée à donner un petit avis sur le processus de rédaction : il lui paraît clair, net et évident qu’elle n’en aurait pas rédigé autant s’il lui était resté davantage de dix à douze minutes « d’espérance » de vie.

    En vrai elle pense que pour écrire — et sans doute également pour peindre ou composer de la musique — il faut impérativement disposer de deux choses qui peuvent sembler parfaitement antinomiques : du temps et le sentiment d’urgence. Si le premier manque c’est bâclé, si c’est le second c’est creux. Chaque petit texte doit être le dernier, chaque mot, même la plus infime des conjonctions, doit mettre notre existence en péril — même et surtout quand on ne peut plus se camoufler derrière un sujet puisqu’en fait on ne parle de rien du tout.

    Voilààààààà. Inutile de la remercier pour ces considérations passionnantes, chez les kimilsungistes-kimjongilistes-kimjongunistes de sa trempe tout est gratuit.

  • a eu toutes les audaces en regardant hier soir un film interdit aux moins de seize ans — elle a menti à Arte en lui certifiant qu’elle était adulte et que vas-y, vous pouvez envoyer la purée, elle en a vu d’autres pendant la guerre.

    L’histoire ? Ha ha, ATTENTION DIVULGÂCHAGE, l’histoire est un peu capillotractée : une gogo danseuse bagnolophile (et surtout elle-même rafistolée à grands renforts de plaques de métal suite à un accident d’automobile vécu quand elle était gamine) devient subitement sériale killeuse et tombe enceinte après avoir couché avec un levier de vitesses puis, traquée par la police, se fait passer pour un garçon afin de pouvoir trouver refuge chez un vieux pompier tyrannique et toxicomane qui a justement égaré son fils dix ans plus tôt ; le pomplard finit par flairer l’arnaque mais c’est trop tard, il tombe plus ou moins amoureux de ce qu’il avait d’abord réellement cru être son gosse, à la fin la meuf ne perd évidemment pas ses eaux mais ses huiles de vidange, accouche d’un·e môme qui, on ne le sait pas, sera peut-être une petite voiture sans permis, puis elle meurt aussitôt parce qu’il ne faut pas déconner. Le pompier (qui entre-temps a tenté de s’immoler) se retrouve alors père ou grand-père d’adoption d’un truc qu’on a à peine vu mais qu’on devine plein de boulons et voilà, happy end, c’est le générique et on peut aller se coucher.

    Si on ajoute à ça des corps humains aussi moches et torturés que dans la vraie vie, un usage immodéré des « deus ex machina », une manière de filmer assez racoleuse et quelques scènes effectivement suffisamment violentes pour qu’on ne puisse les regarder qu’en se cachant derrière sa main, ça fait envie, n’est-ce pas ? Eh bien pourtant croyez-le ou non mais votre dictateuse préférée s’est laissée embarquer et n’a pas décroché une seule seconde — peut-être grâce aux acteurices des deux rôles principaux (Agathe Rousselle et Vincent Lindon), qui occupent pleinement l’écran et s’y révèlent plutôt convaincant·e·s.

    N’empêche, il y a des fois où les films en disent au moins autant sur l’état mental de la spectatrice que sur celui de la cinéaste.

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    « Titane », de Julia Ducournau, sur Arte.

  • boit les propos de la conférencière :

    « Les théories hippocratiques considèrent que tous les êtres humains sont constitués de quatre fluides ou humeurs (bile jaune, bile noire, sang et flegme) dont l’équilibre garantit la bonne santé, mais cet équilibre n’est pas identique d’un individu à un autre et notamment pas identique entre les femmes et les hommes. Les humeurs sont associées aux quatre éléments (eau, terre, air, feu) qui sont eux-mêmes associés à des qualités (le chaud, le froid, le sec et l’humide). Dans cette pensée les hommes sont plutôt considérés comme étant de nature sèche et chaude, tandis que les femmes sont plutôt considérées comme étant de nature froide et humide (1). »

    Ha ha ! Partant de ce principe si la Garreau avait vécu en Grèce ou en Rome antique, avec son vieux cœur tout sec et tout froid elle aurait directement été classée parmi les non-binaires.

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    (1) Bah tiens.

  • tentait de relativiser en observant l’arbrisseau qui, il y a encore quelques jours de cela, gambadait gaiement sur la berge du ruisseau, et qui se retrouve désormais presque entièrement englouti et ballotté par l’onde en furie de ce qui est devenu une impressionnante rivière en crue. Seules dépassent encore quatre ou cinq de ses branches les plus hautes : celles-ci s’agitent et semblent crier au secours, comme si elles espéraient qu’une bonne âme leur balance quelque bouée à laquelle se raccrocher.

    Ce petit arbre vit sa tragédie à lui, quelque chose qui, à son échelle, a vraisemblablement des allures d’apocalypse et est aussi important qu’une météorite s’abattant sur la tête des dinosaures — même s’il s’en sort un jour, même s’il survit, son existence après ce traumatisme ne sera plus jamais comme avant.

    Ouaip. En comparaison l’interminable agonie de la vieille punkàchienne fait figure de drame d’opérette — pourtant en toute objectivité pour elle aussi, sa propre mort équivaudra à la fin du monde.

  • vous jure... c’est un déluge sans discontinuer depuis des jours et des jours... tout n’est qu’un camaïeu de bruns et de gris, elle est obligée d’allumer la lumière à midi, tout est détrempé, tout n’est qu’humidité, flotte et boue partout... Ah la la, heureusement qu’elle est une optimiste invétérée qui voit toujours le bon côté des choses et la féerie du monde tout autour d’elle ; elle n’ose imaginer comment elle survivrait à ça si elle était d’avance une vieille acariâtre asociale indigente et dépressive.

    Hein ? Franchement, on se le demande.

    #VivementLaFinDuMonde.

  • regrette vraiment d’être une quiche en mathématiques : elle aimerait bien être capable de calculer le nombre maximal d’agencements possibles des lettres de l’alphabet avant de fatalement écrire deux fois exactement le même texte (un peu sur le modèle du « paradoxe du singe savant », le chimpanzé qui, en tapant au hasard et indéfiniment sur les touches d’une machine à écrire, finira par réécrire toute l’œuvre de Shakespeare), ou combien de combinaisons différentes de notes de musique pourraient exister avant d’accidentellement reproduire un morceau déjà connu, ou encore combien de dispositions de « pixels » demeurent inédites et permettraient de créer une image qui ne soit pas l’exacte reproduction d’une autre.

    Comme elle le dit souvent, avec plus de cent dix milliards d’imbéciles ayant vécu sur cette pauvre planète depuis le Pliocène, il devient rudement audacieux de s’octroyer la primeur d’une création artistique.

    #RuminationsMatutinales.

  • ne voudrait pas paraphraser un célèbre philosophe, m’enfin si à [beaucoup plus de] cinquante ans vous n’avez toujours pas compris que le clocher de l’église donne gratuitement la même heure qu’une Rolex®, c’est qu’intellectuellement vous avez raté votre vie.

    À part ça la vieille Garreau se demande si on l’accepterait aussi facilement d’une autre religion, ça, un truc qui nous casse les oreilles sept jours sur sept tous les quarts d’heure ?

  • admet que c’est perturbant : lorsque, comme elle, on ne dispose plus que de dix à douze minutes « d’espérance » de vie, le ciboulot s’emballe (1) et l’on revoit défiler à toute berzingue les scènes de son existence, parfois même celles qui ne présentent aucun intérêt ni importance. Ainsi ce souvenir-ci, qui remonte à plusieurs décennies, qui ne la concerne pas directement et auquel elle n’avait jamais repensé jusque alors :

    C’était durant l’une des dernières fois où elle s’était retrouvée enfermée en asile psychiatrique. Ce coup-ci l’ambiance était assez éloignée de celle d’un univers concentrationnaire, le pavillon était plutôt cool, c’était mixte, la plupart des portes étaient ouvertes, il y avait bien quelques dérapages mais dans l’ensemble les journées se suivaient dans une sorte de rassurante monotonie, de sept heures du matin à neuf heures du soir tout le monde était assommé devant un poste de télévision à attendre l’heure de sa prochaine ration de Valium® et/ou de son prochain repas. La belle vie.

    Il y avait toutefois un type étrange, parmi les zinzins — c’est-à-dire un type que même les zinzins trouvaient zinzin. On pouvait parfois l’apercevoir lorsque l’on passait devant sa cellule et que la porte n’en était pas fermée : le ceusse avait... un ordinateur. Lol. Ça peut paraître banal quand on dit ça maintenant, mais à l’époque PERSONNE n’avait d’ordinateur, on savait à peine ce que c’était, on se doutait bien qu’il devait exister des choses pareilles en Amérique ou sur une autre planète mais franchement personne n’en avait jamais vu — d’ailleurs même l’administration de l’asile disposait encore d’une machine à écrire mécanique, de papier carbone et de plumes Sergent-Major®. L’ordinateur du ceusse était une machine imposante qui prenait au moins la moitié de sa piaule, personne ne savait ce qu’il fabriquait avec, personne ne comprenait l’intérêt d’un engin pareil, en ce temps-là même le mot « Internet » n’existait pas. Chacun·e gardait ses distances avec celui qui passait pour un professeur Tournesol et son drôle de matériel, après tout il était peu bavard et n’enquiquinait personne, certes tout le monde était vaguement perplexe à son égard mais on ne lui posait pas de questions et d’ailleurs on n’aurait certainement pas compris les réponses.

    Incroyab’, non ? « The Times They Are a-changin’ », comme chantait alors Dylan. Cela fait maintenant Gai-Luron et Belle Lurette que la vieille Garreau n’a pas été internée mais elle n’ose imaginer l’angoisse et les galères supplémentaires que cela doit être, dans les asiles, aujourd’hui que presque tout le monde dispose de petits téléphones-ordinateurs portatifs perpétuellement connectés à tout et n’importe quoi. Cette addiction crée vraisemblablement de nouveaux problèmes insolubles : laisser les zinzins « scroller » toute la journée et donc les laisser mariner dans leur zinzinitude, ou leur confisquer leur matériel et devoir gérer des crises de manque venant s’ajouter aux autres problèmes psychiatriques ? Ha ha, bon courage aux aliénistes.

    En tout cas ne pas être connecté·e est en passe de devenir le dernier acte révolutionnaire.

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    (1) Ça va, ce n’est pas cher.

  • rajeunit en écoutant sur France 5 un portrait de ce sorbonnard anciennement proche de Krivine, figure de la guerre de Floréal 176, devenu « réformiste » et donc social-traître au point de quelques décennies plus tard s’être mis à copiner et jouer au badminton avec Fabius — ha ha, non, ce n’est pas Cohn-Bendit, c’est un autre, les renégat·e·s ce n’est pas ce qui manque.

    N’empêche, encore un révolutionnaire en carton-pâte que l’on avait oublié, mais quelle tristesse — Trotski doit se retourner dans sa tombe.

    #LaVieillesseEstUnNaufrage.

  • aime assez ces trois anecdotes concernant Frida Kahlo distillées à l’instant même sur France Cul’ : « elle est peut-être morte d’embolie pulmonaire mais surtout de désarroi  », « son tout dernier tableau ne serait pas ’’Viva la vida’’ mais bel et bien l’autoportrait sur lequel elle se représente en compagnie du camarade Iossif Vissarionovitch Djougachvili », et « le jour de son enterrement quelqu’un·e aurait glissé un drapeau communiste dans son cercueil ».

    Remplacez Iossif Vissarionovitch Djougachvili par Kim Jong-un et vous obtenez presque une fin de vie rêvée pour la Garreau !

    Comme quoi le pouvoir des influenceuses, à l’époque, c’était quand même autre chose que maintenant celui de Maeva Ghennam ou Kim Kardashian.

  • ne parle plus trop de ses lectures, n’est-ce pas ? C’est que depuis quelque temps elle lit assez peu, dès qu’elle cesse deux minutes de sangloter ses yeux se ferment et elle s’endort — « qui plus outre » elle n’a plus l’acuité visuelle de ses vingt ans. Bien sûr elle écoute toujours des lectures et adaptations radiophoniques, c’est bath aussi mais ce n’est quand même pas tout à fait pareil : elle s’imagine mal donner son avis sur un livre qu’elle n’a pas lu mais entendu puisqu’il y a un·e intermédiaire, qu’il n’y a plus de ce qu’elle appelle la « mémoire typographique » (le souvenir de l’emplacement exact de chaque mot sur la page) et qu’il est plus compliqué de s’arrêter sur une phrase ou une idée, de revenir cinq « lignes » en arrière ou de lire en diagonale. M’enfin ne crachons pas dans la soupe : même si ça prend parfois des allures de pis-aller, bouquiner avec les oreilles demeure possible et c’est tant mieux.

    C’est drôle, d’ailleurs : jadis elle était persuadée qu’à tout prendre elle préférerait être sourde qu’aveugle — or sa réponse ne serait peut-être pas tout à fait la même si elle se posait de nouveau la question aujourd’hui.

  • est encore surprise en flagrant délit de se lancer dans une de ses stupides et stériles associations d’idées ? Naaaaaaan, mais elle remarque seulement qu’il y a d’un côté 577 députés à l’Assemblée Nationale française et bientôt 720 au Parlement européen, et que 576 x 720 était la résolution d’un écran de télévision en PAL du temps où ces formats et codages étaient plus ou moins standards et avaient donc une importance (1).

    Évidemment il y aurait une ligne de pixels qui se serait perdue dans l’histoire, mais présentement la vieille Garreau elle-même ne se perd-elle pas dans des explications alambiquées ?

    Allez, on s’en fiche, de toute façon elle est gâteuse.

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    (1) Oui, dans le passé votre dictateuse-punkàchienne préférée avait brièvement fait la potiche dans les milieux de l’idiot-visuel, et puis de toute façon elle sait que vous savez qu’elle sait toujours tout sur tous les sujets, à la longue ce n’est même plus marrant.

  • procédait tout à l’heure à sa minable petite promenade quotidienne mais celle-ci se déroula aujourd’hui sous un grand abat d’eau (1), avec un ciel incessamment zébré d’éclairs ainsi que des roulements de tonnerre n’ayant rien à envier aux Tambours du Bronx — or c’est là que, comme par hasard et entre deux fracas célestes, le mode de lecture aléatoire de son walkwoman lui proposa coup sur coup « This is the end » des Doors, « Je vais mourir demain » de Gribouille et la « Cinquième » de Beethoven. Grandiose.

    Réjouissons-nous ! La fin du monde va être grave esthétique — ce que le monde lui-même n’a jamais réussi à être.

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    (1) Pardon ? Oui, c’est ça, comme Claudio. La boutade est excellente mais on ne va tout de même pas la faire à chaque fois.

  • ne prodiguerait qu’un seul conseil à tou·te·s celleux qui ont le malheur d’être en vie : l’érudition, vains dieux, l’érudition. Apprenez des trucs par cœur, gavez-vous de connaissances encyclopédiques et privilégiez même celles qui, de prime abord, vous semblent les plus inutiles — le nom de tous les califes abbassides, la liste des chefs-lieux de canton du Tarn-et-Meuse, les dates de naissance des écrivain·e·s du XVIIe, le numéro atomique de l’einsteinium, l’arbre généalogique de la Princesse de Clèves, bref, ne triez pas, emmagasinez dans un coin de votre tête tout et n’importe quoi.

    Quand on a tout perdu ce sont les dernières choses qui nous restent, et au moment où l’on gît sur son lit de mort il n’y a plus guère que l’énumération et le ressassement de toutes ces futilités qui nous aident à ne pas faire que hurler de désespoir et de douleur.

  • est toujours un peu agacée par ces prétendu·e·s intégristes qui ont l’air de penser que commettre une faute d’orthographe est un délit.

    CE N’EST PAS UN DÉLIT, vains dieux, C’EST UN CRIME ! Une faute d’orthographe mérite la Cour d’Assises, pas la Correctionnelle !

    Quel monde de laxistes.

  • estime que dès l’instant de sa naissance chacun·e devrait se voir remettre une petite capsule de cyanure personnelle à utiliser quand bon lui semble, ça éviterait à tout le monde de se retrouver des décennies plus tard complètement démuni·e à ne pas savoir comment clamser proprement — c’est-à-dire à coup sûr, rapidement, sans douleurs inutiles et sans avoir à mendier l’assistance d’un tiers.

    Seulement sur cette planète dès que l’on parle de progrès social il n’y a plus personne : on a l’impression que si les ceusses veulent absolument que leurs contemporain·e·s restent en vie, c’est uniquement pour pouvoir la leur pourrir.

  • aime bien cette expression, « dégel du corps électoral » (ouïe à l’instant sur France Cul’ à propos de la Nouvelle-Calédonie, sujet qui présente au moins l’avantage de nous rajeunir instantanément de quarante ans et qui constitue pourtant une actualité tellement brûlante qu’on imagine effectivement sans peine que ça va dégeler pas mal de monde).

    « Dégel du corps électoral »... la Garreau peinerait cependant à se sentir concernée par cette formule : déjà parce qu’elle ne va plus voter depuis plusieurs années, ensuite parce que sa dépouille mortelle est désormais tellement froide qu’elle condamnerait au ridicule quiconque aurait la prétention de la tiédir.

    C’est toujours un peu étrange, « la démocratie ». On est tout de même bien mieux sur ce flux SeenThis où il y a seulement une dictateuse qui dictate et un Lectorat émerveillé qui corrobore.