• Un peuple européen qui n’existe nulle part  PARDEM - Réseau social-laique

    Les 22 et 23 avril dernier, le Réseau social laïque a organisé deux jours de débats à Montreuil.

    Anne Cécile Robert, spécialiste de l’Union européenne et membre de l’Association pour une Constituante est intervenue sur le thème Union européenne et souveraineté populaire. Nous publions la vidéo de son intervention intitulée « Un peuple européen qui n’existe nulle part »...
    https://www.youtube.com/watch?v=9P9eugHtLbM

    #ue #union_européenne #europe #vassalité #bidon #néolibéralisme #sociaux_chrétiens #souveraineté

    Source : https://pardem.org/un-peuple-europeen-qui-nexiste-nulle-part

  • L’agenzia europea che costruisce le frontiere in Tunisia
    https://irpimedia.irpi.eu/thebigwall-icmpd-tunisia

    A metà luglio è stato siglato il Memorandum of understanding tra Ue e Tunisia, con al centro il tema migratorio. Le esigenze di Tunisi sono rappresentate all’Europa anche da un’agenzia austriaca, l’Icmpd, di un cui un documento interno svela alcuni segreti Clicca per leggere l’articolo L’agenzia europea che costruisce le frontiere in Tunisia pubblicato su IrpiMedia.

    • L’ambassadeur de l’UE fait du parapente à Gaza ; Israël condamne
      Par Times of Israel Staff 20 juillet 2023
      https://fr.timesofisrael.com/lambassadeur-de-lue-fait-du-parapente-a-gaza-israel-condamne

      Sven Kühn von Burgsdorff voulait attirer l’attention sur la situation dans cette zone palestinienne dirigée par le groupe terroriste du Hamas et sous blocus israélien et égyptien

      ven Kühn von Burgsdorff, représentant de l’Union européenne auprès des Palestiniens, sur le départ et actuellement à Gaza, a fait cette semaine un vol de parapente depuis l’enclave. Par son action, il dit vouloir attirer l’attention sur la situation dans cette zone palestinienne dirigée par le groupe terroriste du Hamas et sous blocus israélien et égyptien.

      Une vidéo mise en ligne par la délégation de l’Union européenne auprès des Palestiniens le montre ainsi au sommet d’une falaise de 7 mètres au-dessus de la mer Méditerranée.

      « Une fois que vous avez une Palestine libre, un Gaza libre, vous pourrez faire exactement la même chose », a déclaré Von Burgsdorff, qui termine son mandat, dans la vidéo. « Et c’est la raison pour laquelle j’ai fait ça. Pour vous montrer la voie à suivre. On va travailler pour ça, d’accord ? », ajoute le diplomate allemand, se félicitant d’avoir effectué « le premier vol en parapente à Gaza de l’histoire ».

      Un porte-parole du bureau de l’UE à Jérusalem a indiqué que le vol avait eu lieu dimanche.

      Le parapente appartient à l’envoyé, a rapporté le porte-parole, suggérant qu’il avait réussi à le faire entrer dans l’enclave à travers le contrôle des frontières grâce à son immunité diplomatique.
      Von Burgsdorff s’est ainsi envolé à 50 mètres dans les airs pendant au moins 5 minutes, a déclaré le porte-parole, qui a indiqué qu’Israël n’avait pas été informé de cette « activité purement locale et sportive ». L’ambassadeur a aussi fait du kayak pendant sa visite à Gaza.

      En réponse, le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré qu’il s’agissait d’une « action provocatrice » qui faisait la propagande des groupes terroristes à Gaza.
      « Le diplomate européen a oublié depuis longtemps qu’il représente l’Union européenne et ses États membres », a déclaré un porte-parole dans un communiqué. « [Il] continue de représenter le récit palestinien et d’être un outil de propagande entre les mains des organisations terroristes qui contrôlent Gaza. »

      #UEGAZA

  • Au Maroc, le deuil impossible des proches des disparus d’El Attaouia
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/17/au-maroc-le-deuil-impossible-des-proches-des-disparus-d-el-attaouia_6182357_

    u Maroc, le deuil impossible des proches des disparus d’El Attaouia
    Des jeunes de cette ville comptaient rejoindre par la mer les îles Canaries, en juin. Le plus jeune avait 14 ans, le plus âgé 40. Ils n’ont plus donné signe de vie depuis.
    Par Aurélie Collas(El Attaouia, Maroc, envoyée spéciale)
    Publié le 17 juillet 2023 à 18h00, modifié hier à 09h21
    Sous un soleil de plomb, El Attaouia est silencieuse. Les modestes habitations aux teintes ocre sont fermées. Une brise poussiéreuse venue des terres balaie les rues désertes. En cette journée de juillet, où la température culmine à 46 °C, cette commune de quelques milliers d’habitants, située à 75 kilomètres à l’est de Marrakech, semble accablée. A l’image du chagrin éprouvé après la disparition de cinquante et un de ses enfants qui tentaient de rallier clandestinement l’Espagne à bord d’une embarcation.
    Ceux-ci ont quitté leurs familles il y a un peu plus d’un mois. Le plus jeune avait 14 ans, le plus âgé 40. Le dernier message reçu par leurs proches remonte à samedi 10 juin, vers 23 heures. Ils se trouvent alors dans un hôtel près d’Agadir et s’apprêtent à monter dans le minibus qui doit les conduire sur la plage où un bateau les attend. Ils doivent prendre le large le dimanche à l’aube pour une traversée de trois jours vers les îles Canaries. Depuis, plus de nouvelles. On ignore s’ils comptent parmi les victimes de la longue série de naufrages recensés depuis juin entre les côtes marocaines et l’archipel espagnol. Une route migratoire qui, « si elle est empruntée depuis plus de vingt ans, semble de nouveau être un chemin de départ vers l’Espagne en raison du durcissement des contrôles en Méditerranée », observe Mehdi Lahlou, professeur de sciences économiques à Rabat et spécialiste des questions migratoires.
    La route de l’Atlantique est aussi considérée comme l’une des plus meurtrières. Pour la seule année 2022, 1 784 personnes y auraient péri, et 778 au cours des six premiers mois de 2023, selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras. Elle est également très chère. A El Attaouia, chaque famille a déboursé entre 3 000 et 4 500 euros pour la traversée. Certains ont liquidé leur héritage, vendu leurs terres. D’autres se sont endettés jusqu’à hypothéquer leur maison pour payer les trois passeurs qui opèrent dans la commune depuis trois à cinq ans, selon les témoignages recueillis.
    Une larme discrète coule le long de la joue d’Abbas Baghigou, père de Nabil, 18 ans, dont il brandit la photo d’identité. « Les passeurs, on les avait même accueillis chez nous avant le départ. Ils nous avaient assuré que nos enfants arriveraient sains et saufs et qu’ils reviendraient célébrer avec nous leur nouvelle vie en Espagne », raconte cet agriculteur qui a vendu sa seule terre de seize oliviers pour « sauver [son] fils de la pauvreté ». « Ils avaient déjà fait partir beaucoup de gens et il n’y avait jamais eu de problème. On leur faisait confiance. Ils nous ont trahis ! »
    Un mois après la disparition de leurs enfants, les habitants se raccrochent à l’espoir qu’ils sont encore en vie quelque part au Maroc, enfermés ou cachés. « Nous n’avons aucune preuve qu’ils ont pris la mer. En général, pendant la traversée, les jeunes envoient des photos depuis le bateau. Nous n’avons rien reçu », veut espérer Abbas Baghigou. « Rien n’a été retrouvé, ni affaires ni gilets de sauvetage. Peut-être qu’ils ont été kidnappés par ce réseau criminel, veut croire Noureddine Assime, frère d’un des disparus. Ce qui est certain, c’est qu’ils ne sont pas en Espagne. Les autorités et les associations là-bas nous ont dit qu’aucun bateau n’avait accosté le jour où ils étaient censés arriver. » Assise sur la banquette de son salon, Fatima Elbaz pleure son fils Mouad, 19 ans. Elle ne dort plus en attendant d’hypothétiques nouvelles. (...) Tous les récits racontent la même histoire. Celle de jeunes déscolarisés très tôt, qui vivent comme une mort lente l’alternance d’inactivité et de petits boulots à moins de 5 euros ou 10 euros par jour. (...) C’est l’histoire du « Maroc profond », résume Mehdi Lahlou : « L’Etat est absent, les jeunes sont laissés à la merci des trafiquants. La province vit principalement de la culture et de l’extraction d’huile d’olive, mais les derniers espoirs d’emplois se sont évaporés avec la sécheresse. » Le drame du 11 juin n’est pas inédit dans la province, selon Abderrazzak El Moujayara, président de la section locale de l’Association marocaine des droits humains : « Un réseau de trafiquants y est très actif et de nombreuses familles ont été meurtries. » « Consterné » par la hausse de l’émigration irrégulière dans la région, le Parti socialiste unifié a appelé à « mettre fin à la marginalisation, l’exclusion et l’appauvrissement, source de ces drames ». Le désir obstiné de ceux qu’on appelle les harraga (littéralement « brûleurs » de frontières) de poursuivre leur rêve européen au péril de leur vie s’alimente aussi de l’illusion de la « belle vie » sur l’autre rive de la Méditerranée. « Mon frère et ses quatre copains partis avec lui s’imaginaient qu’ils allaient devenir riches, très riches », rapporte Youssef Aghroud, 23 ans. Lui a pris le chemin de l’université, à Marrakech. « Ils regardaient des vidéos sur les réseaux sociaux de Marocains de là-bas qui affichent leur belle voiture, leur belle maison… Bien sûr, il y a aussi des vidéos qui montrent l’inverse, mais ils ne regardaient que ce qu’ils voulaient voir. Réussir, pour eux, c’était partir. » La réussite sociale s’incarne aussi dans une certaine image des émigrés marocains qui reviennent chaque été les bras chargés de cadeaux et construisent des maisons secondaires. A El Attaouia, on dit qu’ils ont les plus belles demeures. « Cette figure de l’émigré de retour au pays pendant ses vacances apparaît souvent comme l’exemple à suivre pour les jeunes, parfois dès l’enfance », corrobore Mohamed Khachani, secrétaire général de l’Association marocaine d’études et de recherches sur les migrations : « Elle est déterminante dans l’aventure migratoire, tout comme l’existence d’une demande de travail non satisfaite par la population locale dans les pays d’accueil, qui exerce un effet d’appel sur ces jeunes. » Ces dernières semaines, les familles des disparus d’El Attaouia ont manifesté à plusieurs reprises pour connaître la vérité et exiger des poursuites contre les passeurs, contre lesquels elles ont porté plainte. Selon le site d’informations Le360, « cinq présumés organisateurs » ont été identifiés par la police de Marrakech. Deux d’entre eux ont été présentés à la justice, tandis que les trois autres font l’objet de mandats d’arrêt.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#routemigratoire#atlantique#traversee#mortalite#UE#politiquemigratoire#frontiere#migrationirreguliere#postcovid#pauvrete

  • Migrations : l’Union européenne, droit dans le mur

    La Commission européenne affirme que l’UE ne finance pas de « murs » anti-migrants à ses #frontières_extérieures, malgré les demandes insistantes d’États de l’est de l’Europe. En réalité, cette « ligne rouge » de l’exécutif, qui a toujours été floue, s’efface de plus en plus.

    Le 14 juin dernier, le naufrage d’un bateau entraînait la noyade de centaines de personnes exilées. Quelques jours auparavant, le 8 juin, les États membres de l’Union européenne s’enorgueillissaient d’avoir trouvé un accord sur deux règlements essentiels du « Pacte européen pour l’asile et la migration », qui multipliera les procédures d’asile express dans des centres de détention aux frontières de l’Europe, faisant craindre aux ONG une nouvelle érosion du droit d’asile.

    Dans ce contexte délétère, un groupe d’une douzaine d’États membres, surtout d’Europe de l’Est, réclame que l’Union européenne reconnaisse leur rôle de « protecteurs » des frontières de l’Union en autorisant le financement européen de murs, #clôtures et #barbelés pour contenir le « flux migratoire ». Le premier ministre grec, Kyriákos Mitsotákis, avait même estimé que son pays était en première ligne face à « l’invasion de migrants ».

    Officiellement, la Commission européenne se refuse toujours à financer les multiples projets de clôtures anti-migrants qui s’érigent le long des frontières extérieures de l’UE. « Nous avons un principe bien établi : nous ne finançons pas de murs ni de barbelés. Et je pense que cela ne devrait pas changer », avait encore déclaré Ylva Johansson, la commissaire européenne aux affaires intérieures, le 31 janvier. Pourtant, la ligne rouge semble inexorablement s’effacer.

    Le 7 octobre 2021, les ministres de douze États, dont la #Grèce, la #Pologne, la #Hongrie, la #Bulgarie ou les #Pays_baltes, demandaient par écrit à la Commission que le financement de « #barrières_physiques » aux frontières de l’UE soit une « priorité », car cette « mesure de protection » serait un outil « efficace et légitime » dans l’intérêt de toute l’Union. Une demande qu’ils réitèrent depuis à toute occasion.

    Les États membres n’ont pas attendu un quelconque « feu vert » de la Commission pour ériger des clôtures. Les premières ont été construites par l’Espagne dans les années 1990, dans les enclaves de Ceuta et Melilla. Mais c’est en 2015, après l’exil de centaines de milliers de Syrien·nes fuyant la guerre civile, que les barrières se sont multipliées. Alors que l’Union européenne comptait 315 kilomètres de fil de fer et barbelés à ses frontières en 2014, elle en totalisait 2 048 l’an passé.

    Depuis 2021, ce groupe d’États revient sans cesse à la charge. Lors de son arrivée au sommet des dirigeants européens, le 9 février dernier, Victor Orbán (Hongrie) annonçait la couleur : « Les barrières protègent l’Europe. » Les conclusions de ce sommet, ambiguës, semblaient ouvrir une brèche dans la politique européenne de financement du contrôle aux frontières. Les États demandaient « à la Commission de mobiliser immédiatement des fonds pour aider les États membres à renforcer […] les infrastructures de protection des frontières ».

    Dans ses réponses écrites aux questions de Mediapart, la Commission ne mentionne plus aucune ligne rouge : « Les États membres ont une obligation de protéger les frontières extérieures. Ils sont les mieux placés pour définir comment le faire en pratique d’une manière qui […] respecte les droits fondamentaux. »

    Si l’on en croit le ministre de l’intérieur grec, Panagiótis Mitarákis, les dernières résistances de la Commission seraient en train de tomber. Le 24 février, il affirmait, au sujet du projet grec d’#extension et de renforcement de sa clôture avec la Turquie, le long de la rivière #Evros, que la Commission avait « accepté que certaines dépenses pour la construction de la barrière soient financées par l’Union européenne ».

    Pour Catherine Woollard, de l’ONG Ecre (Conseil européen pour les réfugiés et exilés), « c’est important que la Commission résiste à ces appels de financement des murs et clôtures, car il faut respecter le droit de demander l’asile qui implique un accès au territoire. Mais cette position risque de devenir symbolique si les barrières sont tout de même construites et qu’en plus se développent des barrières d’autres types, numériques et technologiques, surtout dans des États qui utilisent la force et des mesures illégales pour refouler les demandeurs d’asile ».

    D’une ligne rouge à une ligne floue

    Au sein de l’ONG Statewatch, Chris Jones estime que « cette “ligne rouge” de la Commission européenne, c’est du grand n’importe quoi ! Cela fait des années que l’Union européenne finance des dispositifs autour ou sur ces clôtures, des #drones, des #caméras, des #véhicules, des #officiers. Dire que l’UE ne finance pas de clôtures, c’est uniquement sémantique, quand des milliards d’euros sont dépensés pour fortifier les frontières ». Même diagnostic chez Mark Akkerman, chercheur néerlandais au Transnational Institute, pour qui la « #ligne_rouge de la Commission est plutôt une ligne floue ». Dans ses travaux, il avait déjà démontré qu’en 2010, l’UE avait financé l’achat de #caméras_de_vidéosurveillance à #Ceuta et la construction d’un #mirador à #Melilla.

    Lorsqu’il est disponible, le détail des dépenses relatives au contrôle des frontières montre que la politique de non-financement des « murs » est une ligne de crête, car si la Commission ne finance pas le béton ni les barbelés, elle finance bien des #dispositifs qui les accompagnent.

    En 2021, par exemple, la #Lituanie a reçu 14,9 millions d’euros de fonds d’aide d’urgence pour « renforcer » sa frontière extérieure avec la Biélorussie, peut-on lire dans un rapport de la Commission. Une frontière qui, selon le ministère de l’intérieur lituanien, contacté par Mediapart, est « désormais longée d’une clôture de 530 km et d’une barrière surmontée de fils barbelés sur 360 kilomètres ». Si la barrière a pesé 148 millions d’euros sur le #budget de l’État, le ministère de l’intérieur affirme que la rénovation de la route qui la longe et permet aux gardes-frontières de patrouiller a été financée à hauteur de « 10 millions d’euros par des fonds européens ».

    En Grèce, le détail des dépenses du gouvernement, dans le cadre du fonds européen de sécurité intérieur, de 2014 à 2020, est éclairant. Toujours le long de la rivière Evros, là où est érigée la barrière physique, la police grecque a pu bénéficier en 2016 d’un apport de 15 millions d’euros, dont 11,2 millions financés par le fonds européen pour la sécurité intérieure, afin de construire 10 #pylônes et d’y intégrer des #caméras_thermiques, des caméras de surveillance, des #radars et autres systèmes de communication.

    Cet apport financier fut complété la même année par 1,5 million d’euros pour l’achat d’#équipements permettant de détecter les battements de cœur dans les véhicules, coffres ou conteneurs.

    Mais l’enjeu, en Grèce, c’est avant tout la mer, là où des bateaux des gardes-côtes sont impliqués dans des cas de refoulements documentés. Dans son programme d’action national du fonds européen relatif à la gestion des frontières et des visas, écrit en 2021, le gouvernement grec envisage le renouvellement de sa flotte, dont une dizaine de bateaux de #patrouille côtière, équipés de #technologies de #surveillance dernier cri, pour environ 60 millions d’euros. Et malgré les refoulements, la Commission européenne octroie les fonds.

    Technologies et barrières font bon ménage

    Les États membres de l’UE qui font partie de l’espace Schengen ont pour mission de « protéger les frontières extérieures ». Le droit européen leur impose aussi de respecter le droit d’asile. « Les exigences du code Schengen contredisent bien souvent l’acquis européen en matière d’asile. Lorsqu’un grand nombre de personnes arrivent aux frontières de l’Union européenne et qu’il existe des pressions pour faire baisser ce nombre, il est presque impossible de le faire sans violer certaines règles relatives au droit d’asile », reconnaît Atanas Rusev, directeur du programme « sécurité » du Centre pour l’étude de la démocratie, basé en Bulgarie.

    La Bulgarie est au cœur de ces tiraillements européens. En 2022, la police a comptabilisé 164 000 passages dits « irréguliers » de sa frontière, contre 55 000 l’année précédente. Des demandeurs d’asile qui, pour la plupart, souhaitent se rendre dans d’autres pays européens.

    Les Pays-Bas ou l’Autriche ont fait pression pour que la #Bulgarie réduise ce nombre, agitant la menace d’un report de son intégration à l’espace Schengen. Dans le même temps, des ONG locales, comme le Helsinki Committee Center ou le Refugee Help Group, dénoncent la brutalité qui s’exerce sur les exilé·es et les refoulements massifs dont ils sont victimes. Le pays a construit une clôture de 234 kilomètres le long de sa frontière avec la Turquie.

    Dans son plan d’action, le gouvernement bulgare détaille son intention de dépenser l’argent européen du fonds relatif à la gestion des frontières, sur la période 2021-2027, pour renforcer son « système de surveillance intégré » ; une collecte de données en temps réel par des caméras thermiques, des #capteurs_de_mouvements, des systèmes de surveillance mobiles, des #hélicoptères.

    Philip Gounev est consultant dans le domaine de la gestion des frontières. Il fut surtout ministre adjoint des affaires intérieures en Bulgarie, chargé des fonds européens, mais aussi de l’érection de la barrière à la frontière turque. Il explique très clairement la complémentarité, à ses yeux, des différents dispositifs : « Notre barrière ne fait que ralentir les migrants de cinq minutes. Mais ces cinq minutes sont importantes. Grâce aux caméras et capteurs qui détectent des mouvements ou une brèche dans la barrière, l’intervention des gardes-frontières est rapide. »

    L’appétit pour les technologies et le numérique ne fait que croître, au point que des ONG, comme l’EDRi (European Digital Rights) dénoncent la construction par l’UE d’un « #mur_numérique ». Dans ce domaine, le programme de recherche européen #Horizon_Europe et, avant lui, #Horizon_2020, tracent les contours du futur numérisé des contrôles, par le financement de projets portés par l’industrie et des centres de #recherche, au caractère parfois dystopique.

    De 2017 à 2021, « #Roborder » a reçu une aide publique de 8 millions d’euros. L’idée est de déployer une armada de véhicules sans pilotes, sur la mer ou sur terre, ainsi que différents drones, tous munis de caméras et capteurs, et dont les informations seraient croisées et analysées pour donner une image précise des mouvements humains aux abords des frontières. Dans son programme d’action national d’utilisation du fonds européen pour la gestion des frontières, la Hongrie manifeste un intérêt appuyé pour « l’adaptation partielle des résultats » de Roborder via une série de projets pilotes à ses frontières.

    Les #projets_de_recherche dans le domaine des frontières sont nombreux. Citons « #Foldout », dont les 8 millions d’euros servent à développer des technologies de #détection de personnes, à travers des #feuillages épais « dans les zones les plus reculées de l’Union européenne ». « Le développement de technologies et de l’#intelligence_artificielle aux frontières de l’Europe est potentiellement plus puissant que des murs, décrypte Sarah Chandler, de l’EDRi. Notre inquiétude, c’est que ces technologies soient utilisées pour des #refoulements aux frontières. »

    D’autres projets, développés sous l’impulsion de #Frontex, utilisent les croisements de #données et l’intelligence artificielle pour analyser, voire prédire, les mouvements migratoires. « Le déploiement de nouvelles technologies de surveillance, avec la construction de barrières pour bloquer les routes migratoires, est intimement lié à des dangers accrus et provoque davantage de morts des personnes en mouvement », peut-on lire dans un rapport de Statewatch. Dans un contexte de droitisation de nombreux États membres de l’Union européenne, Philip Gounev pense de son côté que « le financement de barrières physiques par l’UE deviendra inévitable ».

    https://www.mediapart.fr/journal/international/170723/migrations-l-union-europeenne-droit-dans-le-mur
    #murs #barrières_frontalières #migrations #financement #UE #EU #Union_européenne #technologie #complexe_militaro-industriel

  • Le Comité anti-torture du Conseil de l’Europe (CPT) publie deux rapports sur l’observation d’une opération de retour soutenue par Frontex depuis la Belgique et Chypre vers la République démocratique du Congo - CPT
    https://www.coe.int/fr/web/cpt/-/council-of-europe-anti-torture-committee-cpt-publishes-two-reports-on-the-monit
    https://www.coe.int/documents/10743412/23703277/0/27071c11-d2e0-c268-03bc-9e4695797c65

    News 2023
    Le Comité anti-torture du Conseil de l’Europe (CPT) publie deux rapports sur l’observation d’une opération de retour soutenue par Frontex depuis la Belgique et Chypre vers la République démocratique du Congo. Le Comité pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) du Conseil de l’Europe publie aujourd’hui deux rapports sur ses visites ad hoc effectuées en Belgique du 7 au 10 novembre et à Chypre du 7 au 9 novembre 2022, dans le cadre d’une opération de retour, organisée avec le soutien de Frontex, vers la République démocratique du Congo, ainsi que les réponses des autorités belges et chypriotes.
    13/07/2023

    Le Comité anti-torture du Conseil de l’Europe (CPT) publie deux rapports sur l’observation d’une opération de retour soutenue par Frontex depuis la Belgique et Chypre vers la République démocratique du Congo
    Les deux rapports examinent le traitement et les conditions de détention des ressortissants étrangers privés de liberté en vertu de la loi sur les étrangers, ainsi que les garanties accordées dans le cadre de leur éloignement. Le CPT a envoyé, pour la première fois, deux délégations pour observer la préparation et le déroulement d’une opération de retour conjointe (JRO) par voie aérienne qui a eu lieu le 8 novembre 2022 depuis la Belgique et Chypre vers la République démocratique du Congo. Le vol de retour a été organisé par la Belgique, avec la participation notamment de Chypre et avec le soutien de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex). Il s’agit de la sixième opération d’éloignement par voie aérienne observée par le CPT au cours des dix dernières années.
    Dans son rapport concernant la visite effectuée en Belgique, le CPT a noté que sa délégation n’a reçu aucune allégation de mauvais traitements de la part des personnes éloignées. Le Comité a constaté qu’elles ont été traitées avec respect par les agents d’escorte de la Police fédérale belge tout au long de l’opération d’éloignement, qui a été menée de manière professionnelle. Néanmoins, le CPT considère que les garanties procédurales contre le refoulement arbitraire, y compris les voies de recours contre l’ordre de quitter le territoire, devraient être renforcées davantage afin de veiller à ce que personne ne soit renvoyé dans un pays où il y a un risque réel de mauvais traitements. Ce risque devrait être évalué de manière adéquate au moment de l’éloignement.
    En ce qui concerne le recours à la force et aux moyens de contrainte, le CPT prend note des lignes directrices détaillées et des instructions opérationnelles émises par les autorités belges, qui reflètent la position du Comité en la matière. Il se félicite du recours proportionné et progressif à la force et aux moyens de contrainte dont tous les agents d’escorte de la Police fédérale ont fait preuve, sur la base d’une approche dynamique de la sécurité. Plusieurs recommandations sont formulées pour améliorer le respect du secret médical et la transmission des informations médicales.
    Dans le rapport sur la visite à Chypre, le CPT a constaté que les personnes renvoyées étaient traitées avec respect par la police chypriote, mais il a souligné la nécessité d’adopter des lignes directrices claires concernant la phase de préparation du vol et la procédure d’embarquement, y compris à l’égard des questions liées à la santé. Le CPT a également pris connaissance d’allégations de mauvais traitements après des tentatives d’éloignement non abouties qui ont eu lieu dans les mois précédant la visite du CPT. Cela implique que les autorités chypriotes adoptent une approche proactive en ce qui concerne la détection et la prévention des mauvais traitements, y compris grâce à un examen médical systématique des ressortissants étrangers, à leur arrivée au centre de rétention administrative et après une tentative d’éloignement non aboutie, ainsi que la consignation et le signalement des indices médicaux de mauvais traitements.
    Le CPT formule également des recommandations spécifiques visant à améliorer les garanties dans le cadre de la préparation à l’éloignement, notamment en ce qui concerne la notification en temps utile de l’éloignement, l’accès à un avocat et l’examen médical par un médecin avant l’éloignement, dans le cadre d’une évaluation de « l’aptitude à voyager en avion ». Dans leur réponse, les autorités belges notent que des mesures ont été prises au niveau européen pour améliorer la manière dont les informations médicales sont partagées par les États membres participant aux JRO avec le médecin accompagnant le vol. Au niveau national, les autorités ont pris des mesures pour améliorer l’accessibilité des informations sur le mécanisme de plainte de Frontex. En outre, les autorités belges se réfèrent aux lois, procédures et pratiques existantes en réponse aux recommandations du CPT de renforcer les garanties contre le refoulement arbitraire. Les autorités notent également les familles avec enfants ne sont pas retenues dans les centres de rétention.
    Dans leur réponse, les autorités chypriotes fournissent des informations sur les enquêtes en cours concernant les cas d’allégations de mauvais traitements soulevés par le CPT. Les autorités indiquent également les mesures prises en ce qui concerne, entre autres, les examens médicaux, la consignation et le signalement de lésions, les procédures pour les agents d’escorte policière lors des retours forcés et volontaires, l’utilisation de moyens de contrainte, et la mise à disposition de services d’interprétation et de formation pour les agents d’escorte. En outre, ils indiquent que, dans le cadre de la politique publique, aucune personne vulnérable n’est placée en rétention, y compris les mineurs non accompagnés ou les familles avec enfants. Les deux rapports et les réponses ont été publiés à la demande des autorités belges et chypriotes.

    #Covid-19#migrant#migration#chypre#belgique#republiqueducongo#frontex#centrerretention#retourforce#droit#refoulement#ue#postcovid

  • Les violences contre les migrants en Tunisie divisent la diaspora tunisienne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/13/les-violences-contre-les-migrants-en-tunisie-divisent-la-diaspora-tunisienne

    Les violences contre les migrants en Tunisie divisent la diaspora tunisienne
    Par Emma Larbi
    Publié le 13 juillet 2023 à 19h00
    « Quand j’arriverai en Tunisie pour les vacances, je sourirai aux migrants, ce n’est pas grand-chose, mais qu’ils ressentent qu’on n’est pas tous les mêmes », promet Mayssa Ben Abdallah, une étudiante en commerce de 22 ans qui appréhende son prochain voyage dans le pays de son père.
    Depuis la mort, le 3 juillet, d’un Tunisien, lors d’affrontements à Sfax entre habitants et migrants subsahariens, la Tunisie est en proie à des violences racistes, encouragées par les déclarations du président Kaïs Saïed. En février, le chef de l’Etat dénonçait les « hordes de migrants » dont la présence serait le fruit d’un complot « pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie ». Depuis, plusieurs centaines de personnes originaires d’Afrique subsaharienne, dont des femmes et des enfants, ont été expulsées de Sfax et conduites aux frontières libyenne et algérienne.
    En France, la diaspora tunisienne, qui comptait 328 200 personnes en 2022 selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), est divisée. Certains condamnent les violences à l’encontre des migrants, d’autres leur présence sur le sol tunisien et soutiennent la politique gouvernementale, voire justifient les brutalités sur les étrangers.Sur le marché de Belleville, à Paris, l’absence d’empathie envers les migrants est criante. « Y en a plus que marre ! », martèle un homme en rangeant ses marchandises. L’homme d’une trentaine d’années, qui n’a pas souhaité donner son nom, estime que le nombre de migrants a augmenté en Tunisie, les viols, les crimes, et même les actes de cruauté sur les animaux ont explosé. « Avant, on leur tendait la main, maintenant, ils violent les femmes et ils tuent », renchérit un passant anonyme. Des dénonciations sans précisions ni éléments de preuves mais qui éclairent sur l’état des relations. « Qu’on les renvoie dans le désert ! », conclut ce dernier.
    Pour l’étudiante Mayssa Ben Abdallah, le rejet des migrants serait une question d’âge : « C’est vrai qu’une partie de la génération plus âgée tient le même discours que tiennent les Français d’extrême droite. » Mohamed Bhar, ex-coordinateur de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives, dans le 19e arrondissement de Paris, condamne sans réserve les violences racistes observées de l’autre côté de la Méditerranée. Le 6 juin, comme chaque été, il est parti à Ksour Essef, à 200 km au sud de Tunis. Quelques jours après son arrivée, dans un supermarché, « quelqu’un s’est mis à lancer que les Subsahariens nous colonisent », témoigne-t-il.
    « J’ai très peur des vacances que je vais passer en Tunisie, des discussions qui vont sans doute nous diviser », anticipe la psychiatre et écrivaine franco-tunisienne Fatma Bouvet de la Maisonneuve. « En France, l’extrême droite s’exprime comme on aurait jamais imaginé il y a quinze ans, ajoute Wafa Dahman, journaliste et enseignante à Lyon. En Tunisie, il se passe exactement la même chose. » Après les violences qui ont suivi la mort de Nahel, tué par un policier le 27 juin, une partie de la classe politique française a fait le lien entre immigration et émeutes. Pour certains immigrés tunisiens, leur pays d’origine répète ce schéma de stigmatisation. « Alors que les Tunisiens peuvent subir cette situation en France, nous, Tunisiens, exerçons la même chose sur nos frères Africains ? », s’indigne Fatma Bouvet de la Maissonneuve. Parmi les personnes interrogées, les difficultés économiques actuelles de la Tunisie sont mises en avant comme première piste d’explication à la dérive raciste. « Avec la pauvreté, certains ne trouvent pas un bout de pain sec pendant trois jours », assure Ali Choubani, 80 ans, installé devant un lait fraise sur la terrasse d’un café de Belleville.
    « Il y a des files d’attente pour acheter du pain et il manque des produits de base comme la semoule ou le café, poursuit Mohammed Bhar. Certains rejettent les migrants à cause de ça, mais ce n’est qu’une justification, une partie de la population est simplement tombée dans le rejet de l’autre. » Pourtant, au sein de la société civile, certains se sont mobilisés. Des vidéos, filmées notamment à Sfax, montrent des habitants distribuer eau et nourriture aux migrants.
    Par-delà la politique et les difficultés du quotidien, l’étudiante en commerce rappelle que la Méditerranée ne fait pas de préférence : « Les Tunisiens vivent la même chose vers l’Europe, ils galèrent et se noient. » Si de janvier à mai 2023, 3 432 Tunisiens, dont 864 mineurs, ont atteint les côtes italiennes, selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, chaque année, des dizaines de jeunes harraga (littéralement des brûleurs de frontières) meurent en mer. Ces violences sont advenues dans un contexte de négociation de « partenariat global » entre la Tunisie et l’Union européenne, qui souhaite que Tunis renforce ses contrôles migratoires.
    L’épisode d’attaques racistes sur les migrants semble passé, mais « personne n’en sortira indemne », s’inquiète Fatma Bouvet de la Maisonneuve. « Ici, j’ai vu des Français pleurer pour les jeunes de banlieue. Nous, on pleure pour ce qu’on fait aux Noirs dans notre pays », raconte la psychiatre, « que deviendra la femme qui a accouché dans le désert ? Son enfant ? Les gamins, assoiffés, qu’on a laissés traîner dans la chaleur ? Tous auront des séquelles, que l’on ne verra pas. »

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afriquesubsaharienne#migrationirreguliere#racisme#discrimination#violence#UE#controlemigratoire#harraga#italie#frontiere#economie#postcovid

  • Libération de passeurs : la Commission européenne lance une procédure contre la Hongrie
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/14/liberation-de-passeurs-la-commission-europeenne-lance-une-procedure-contre-l

    Libération de passeurs : la Commission européenne lance une procédure contre la Hongrie
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 19h28, modifié hier à 21h13
    La Commission européenne a lancé, vendredi 14 juillet, une procédure d’infraction contre la Hongrie à propos d’un décret prévoyant la remise en liberté de centaines de passeurs de migrants en vue de leur expulsion. Le gouvernement du premier ministre, le nationaliste Viktor Orban, a décidé à la fin d’avril de relâcher 700 détenus condamnés pour trafic d’êtres humains, pour la plupart originaires des pays alentour.Le texte vise à permettre la libération anticipée de tout détenu étranger condamné pour trafic d’êtres humains, – crime passible d’une peine allant jusqu’à dix ans de prison –, à condition qu’il s’engage à quitter le territoire hongrois dans « les soixante-douze heures ». Il stipule aussi que le prisonnier peut aller poursuivre « sa détention » dans « son territoire de résidence habituelle ».
    Les autorités hongroises font valoir que les prisons sont confrontées à une hausse du nombre de détenus condamnés pour trafic d’êtres humains – ils représentent 13 % du total, soit 2 600 personnes, originaires de 73 pays. Le décret publié le 27 avril vise donc à limiter « le coût pour les contribuables hongrois ».
    Cette décision de la Hongrie a déclenché, entre autres, les protestations de l’Autriche voisine, qui l’a qualifiée par la voix de son ministre des affaires étrangères de « signal totalement erroné ». Alexander Schallenberg a convoqué l’ambassadeur hongrois à Vienne pour lui demander « des explications ». Les autorités autrichiennes craignent en effet que de nombreux passeurs libérés en profitent pour entrer en Autriche. Les contrôles ont été renforcés tout au long des quelque 400 kilomètres de frontière qui séparent les deux pays.Aucune disposition n’est prévue pour surveiller l’application de la peine de détention des passeurs hors de la Hongrie, note la Commission européenne. L’exécutif européen considère en outre que « de telles sanctions raccourcies appliquées à des gens condamnés pour trafic d’êtres humains ne sont ni efficaces ni dissuasives ».
    La Commission européenne a envoyé une lettre de mise en demeure à la Hongrie, qui a deux mois pour répondre à ses préoccupations. Une telle procédure peut conduire à la saisine de la justice européenne, et à d’éventuelles sanctions financières.Le ministre des affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto, a fustigé cette mesure. « Le modèle du trafic d’êtres humains fonctionne parce que Bruxelles met en œuvre des politiques favorables à l’immigration », a-t-il estimé.

    #Covid-19#migrant#migration#hongrie#autriche#immigration#UE#passeur#traficetrehumain#commissioneuropeenne#postcovid

  • Quatre-vingt-six migrants secourus sur un bateau au large des Canaries
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/10/les-sauveteurs-espagnols-recherchent-environ-200-migrants-partis-en-bateau-d

    Quatre-vingt-six migrants secourus sur un bateau au large des Canaries
    Les sauveteurs espagnols recherchent par ailleurs dans l’Atlantique environ 200 migrants partis du Sénégal il y a près de deux semaines.
    Le Monde avec AFP
    Publié le 10 juillet 2023 à 14h09, modifié le 11 juillet 2023 à 08h51
    Un avion envoyé par les sauveteurs avait initialement estimé que le nombre de personnes à bord de cette embarcation pouvait être d’« environ 200 » et qu’elle semblait correspondre à un bateau recherché dans la même zone après qu’il est parti du Sénégal il y a près de deux semaines, mais le service espagnol de sauvetage en mer a ensuite reconnu s’être trompé dans son estimation. « Le chiffre que nous avions donné plus tôt provenait de l’avion [de recherche] Sasemar 101 » qui avait localisé l’embarcation, « mais il est difficile pour un moyen aérien de déterminer le nombre de personnes » exact, s’est justifié la porte-parole. Cette porte-parole n’était pas en mesure de préciser si une autre embarcation était à la dérive dans la même zone avec environ 200 personnes à bord. Les migrants secourus sont 80 hommes et 6 femmes, a-t-elle précisé. Un navire de secours en mer les a ramenés vers l’île de Grande Canarie où ils ont été accueillis par des employés de la Croix-Rouge qui leur ont prodigué des soins médicaux, a constaté un photographe de l’AFP. Selon l’ONG Caminando Fronteras, qui tient ses informations des appels de migrants ou de leurs proches, l’embarcation disparue avec environ 200 personnes à bord est partie de la localité sénégalaise de Kafountine le 27 juin, à environ 1 700 kilomètres des côtes des Canaries. « Les familles nous ont informés de la disparition de l’embarcation dont elles n’avaient pas de nouvelles depuis plusieurs jours », a précisé la fondatrice de cette ONG, Helena Maleno, dans un message audio.Selon l’ONG, deux autres embarcations parties du Sénégal le 23 juin sont également portées disparues, avec environ 120 personnes à bord au total. « Il est encore temps de sauver leurs vies (…). Ils sont dans l’eau depuis de nombreux jours, mais ce sont des embarcations en bois » qui peuvent résister, a assuré Helena Maleno. « On a la confirmation qu’il y a eu des migrants qui sont partis. Nous n’avons aucune nouvelle d’eux », a déclaré David Diatta, le maire de Kafountine, à l’AFP. « Ce sont des Sénégalais, des Gambiens, des Guinéens, de la Sierra Léone… La plupart du temps, ce sont des étrangers qui ne viennent pas de la ville, qui n’habitent pas la zone », a-t-il expliqué. Selon lui, ils partent de Kafountine car la ville est proche de nombreuses îles et de bolongs, des bras de mer qui sont autant de caches pour les prétendants à ce long voyage et leurs passeurs.
    « En tant qu’autorité locale, on a essayé de prendre des mesures de sensibilisation, mais le silence de l’Etat est regrettable. Les gendarmes sur place sont en nombre très réduits et il manque des moyens » pour arrêter les départs de pirogues de migrants, déplore M. Diatta. « Les personnes venues de l’extérieur s’organisent à leur guise » pour partir, « et ce n’est qu’après coup que nous sommes au courant », estime Abdoulaye Demba, coordinateur du conseil local de pêche artisanal de la commune.
    « Aucune des familles touchées ne viendra nous voir directement parce que tout le monde sait que c’est un phénomène criminel. Quiconque aide au départ doit être traduit devant la justice », explique M. Demba.

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#atlantique#canaries#routemigratoire#traversee#mortalite#gambie#guinee#kafoutine#ue#politiquemigratoire#emigration

  • Des côtes du Maroc aux îles Canaries, l’autre route mortelle des migrations
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/10/des-cotes-du-maroc-aux-iles-canaries-l-autre-route-mortelle-des-migrations_6

    Des côtes du Maroc aux îles Canaries, l’autre route mortelle des migrations
    Par Emma Larbi
    Publié le 10 juillet 2023 à 18h00, modifié le 11 juillet 2023 à 07h55
    Leur naufrage n’est que le dernier d’une nouvelle série de drames. Cinquante et un migrants de nationalité indéterminée, dont trois enfants, sont morts dans les eaux de l’Atlantique, samedi 1er juillet. Ils avaient embarqué dans le sud du Maroc, avec l’espoir d’atteindre l’archipel des Canaries. Finalement, « il ne reste du bateau qui a quitté Tan-Tan que quatre rescapés », rapportait sur Twitter Helena Maleno Garzón, la fondatrice de l’ONG Caminando Fronteras, après la découverte du drame.
    Le 11 juin déjà, 51 Marocains avaient disparu dans des conditions similaires. Ils avaient commencé une traversée au départ de la ville balnéaire d’Agadir, environ 265 km plus au nord. À peine dix jours plus tard, le 21 juin, un autre naufrage est déclaré à 160 km de l’île de Grande Canarie ; deux personnes sont retrouvées mortes lors du sauvetage, 39 autres seraient portées disparues, d’après les renseignements de Caminando Fronteras, une association qui défend les droits des migrants.Si les regards sont aujourd’hui tournés vers la Tunisie – notamment vers la ville portuaire de Sfax, où des violences à l’encontre des migrants ont éclaté –, à l’autre bout du Maghreb, le sud du Maroc et le Sahara occidental, territoire que le royaume chérifien revendique, sont redevenus, eux aussi, des points de départ.
    Sur les îles Canaries, archipel espagnol situé au large des côtes marocaines et destination visée par les migrants, les entrées irrégulières étaient pourtant en baisse de 63 % au premier trimestre 2023 par rapport à la même période en 2022, affirmait le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, en avril. Le résultat d’un accord entre Rabat et Madrid, entré en vigueur en avril 2022, après trois ans de crise diplomatique.Depuis le début de cette nouvelle coopération, les frontières des deux enclaves espagnoles en terre africaine, Ceuta et Melilla, et le détroit de Gibraltar sont davantage surveillés. Les Subsahariens et Marocains qui continuent de tenter d’y pénétrer seraient « les plus désespérés, ceux qui n’ont ni réseaux, ni contacts », indique Mehdi Alioua, enseignant-chercheur spécialiste des migrations à l’Université internationale de Rabat. Il y a un an, le 24 juin 2022, alors qu’environ 2 000 migrants subsahariens tentaient de franchir en force le mur entourant Melilla, la répression policière avait fait 27 morts, selon l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
    Le durcissement de la surveillance au nord du Maroc pourrait expliquer l’augmentation des tentatives par le sud, malgré les prix plus élevés des traversées. L’étendue des côtes rend la surveillance plus complexe. « Si l’Atlantique est surveillé, ce n’est pas la priorité sécuritaire, décrit Mehdi Alioua. Les forces marocaines surveillent surtout l’est du territoire », le long de la frontière avec l’Algérie. Cependant, pour le chercheur, les passages empruntés par les migrants n’obéissent pas nécessairement à une logique réfléchie. « Il y a des paramètres qui font bifurquer les routes (…), le bouche-à-oreille ou les réseaux sociaux. » En Espagne, à deux semaines des élections générales, certains analysent la recrudescence des flux migratoires en provenance des côtes marocaines à travers un prisme politique. « A droite particulièrement, certains pensent qu’il peut s’agir d’un avertissement pour le possible successeur de Pedro Sanchez, Alberto Nuñez Feijoo, s’il rectifiait le positionnement espagnol sur le Sahara marocain [nom donné par le Maroc au Sahara occidental] », avance comme possible piste d’explication le journaliste espagnol Ignicio Cembrero. Si l’actuel chef du gouvernement espagnol avait sorti son pays de sa neutralité sur le sujet, en mars 2022, en estimant dans un courrier au roi Mohammed VI que le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental représentait « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend », son rival du Parti populaire semble moins favorable à un tel positionnement.
    Sur le territoire marocain, les autorités tenteraient de limiter les tentatives de traversées par la voie sud, témoignent des associations locales. « En ce moment, il est impossible de voyager sans carte de séjour vers le Sud », raconte Jonas Nsona, responsable à l’Arcom, une association d’aide aux migrantes. « Les contrôles préalables sont plus présents, notamment dans les bus et les transports, on demande davantage de documents administratifs », ajoute Camille Denis, directrice du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem).
    Le trajet vers les îles Canaries est considéré comme l’un des itinéraires les plus dangereux par l’Organisation internationale pour les migrations. S’il faut compter 450 km de navigation au départ de Dakhla, au Sahara occidental, certains migrants tentent une traversée encore plus longue et périlleuse. Le 4 juillet, 159 personnes secourues en mer puis débarquées à Tenerife seraient « parties de Mbour, au Sénégal, huit jours plus tôt », indique l’agence de presse espagnole EFE. Lundi 10 juillet, les sauveteurs espagnols ont annoncé avoir localisé une embarcation sur l’Atlantique qui pourrait transporter environ 200 migrants partis du Sénégal. Finalement, ce ne sont que 86 personnes, 80 hommes et 6 femmes, qui ont été sauvées plus tard dans la journée. Un navire de secours en mer les a ramenées vers l’île de Grande Canarie où elles ont été accueillies par des employés de la Croix-Rouge qui leur ont prodigué des soins médicaux. Selon Caminando Fronteras, qui tient ses informations des appels de migrants ou de leurs proches, le navire recherché par les autorités espagnoles est parti le 27 juin de la localité sénégalaise de Kafountine, située à environ 1 700 km des côtes des îles Canaries. L’ONG assure enfin que deux autres bateaux partis du Sénégal le 23 juin sont portés disparus, avec environ 120 personnes à bord au total.

    #Covid-19#migration#migrant#routemigratoire#canarie#oim#ue#afrique#mortalite#traversee#sante#politiquemigratoire#atlantique#postcovid

  • Les pilotes de l’ONG Sea-Watch, rares témoins des nouvelles routes migratoires en Méditerranée
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/11/les-pilotes-de-l-ong-sea-watch-rares-temoins-de-l-evolution-des-routes-migra

    Les pilotes de l’ONG Sea-Watch, rares témoins des nouvelles routes migratoires en Méditerranée
    Par Nissim Gasteli(Lampedusa (Italie) envoyé spécial)
    Publié le 11 juillet 2023 à 20h00, modifié le 12 juillet 2023 à 08h50
    Les deux moteurs tournent à plein régime pour permettre au petit avion de s’élever dans le ciel. Au loin, l’île italienne de Lampedusa, d’où l’appareil vient de décoller, n’est plus qu’une mince silhouette. Le Beechcraft Baron 58, affrété par l’ONG allemande Sea-Watch pour assister les opérations de sauvetage en Méditerranée centrale et surveiller cette vaste zone, est en l’air depuis quelques instants, sous le soleil matinal de ce jeudi 6 juillet, et déjà sa radio crache des communications alarmantes. « Tu vois le bateau des harraga [les migrants clandestins] ? Il est à côté de toi ? », s’enquiert un marin, dont l’arabe dialectal laisse supposer qu’il est un pêcheur tunisien. « Oui, oui, il est juste là, devant moi », lui répond immédiatement un collègue et compatriote, inquiet. « Radio Lampedusa, Radio Lampedusa ? », interpelle alors l’un des deux hommes, sur le canal 16, la fréquence internationale de détresse. Aux autorités locales qui lui répondent, il transmet en italien les informations-clés : « un bateau en fer », « 40 personnes à bord », « l’embarcation prend l’eau », ainsi que la position GPS. Plusieurs centaines de mètres au-dessus des flots, Samira, assise à côté du pilote, ne manque pas une seconde de cette conversation. Sur un bout de papier, la coordinatrice à bord – qui souhaite n’être identifiée que par son prénom – griffonne les coordonnées du navire. « Je voudrais qu’on aille voir », demande-t-elle. L’avion vire brutalement. Ses cinq passagers scrutent la mer à la jumelle, avant de repérer l’embarcation en détresse. A bord de cette coquille de métal partie de Tunisie, des hommes, des femmes et des enfants originaires d’Afrique subsaharienne.
    Dans ce coin de la Méditerranée, le nombre de ces bateaux a explosé cette année. « Il y a toujours eu des migrations depuis la Tunisie, mais la fréquentation de cette route a massivement augmenté », décrit Samira. « Les nationalités ont aussi changé, surtout depuis le discours du président tunisien », poursuit-elle en référence aux propos de Kaïs Saïed qui, en février, dénonçait des « hordes de migrants clandestins » dont la présence dans le pays serait, selon lui, source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ».Les mots du chef de l’Etat et les violences qui leur ont succédé ont poussé de nombreux Subsahariens à prendre la mer. Depuis le début de l’année, 37 000 personnes sont arrivées à Lampedusa en provenance de Tunisie, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, un chiffre en augmentation de 567 % par rapport à la même période il y a un an. La Tunisie devance désormais la Libye comme principal point de départ vers l’Europe, et ses ressortissants, qui constituèrent par le passé le premier contingent sur ce corridor, ont été supplantés par les Ivoiriens et les Guinéens, majoritaires parmi les voyageurs.
    Leur périple se fait dans la plus grande précarité, à bord d’embarcations en fer, apparues fin 2022 et réputées très dangereuses. « Ce ne sont que des plaques de métal soudées entre elles. La qualité est extrêmement mauvaise, et elles prennent souvent l’eau avant d’arriver à Lampedusa. Elles coulent très facilement, en quelques secondes », détaille la coordinatrice de Sea-Watch. Ce mode de traversée est devenu l’option la moins chère pour rejoindre l’Europe, avec un passage entre 1 500 et 2 000 dinars en moyenne (entre 440 et 590 euros) depuis Sfax, dans le centre-est de la
    L’embarcation, repérée depuis l’avion et signalée au centre de coordination et de sauvetage de Rome, sera secourue, et les naufragés débarqués en lieu sûr. Pilote de ligne retraité, Volker, aux commandes aujourd’hui, met ensuite le cap sur le large de la Libye. L’équipage de Sea-Watch surveille l’horizon à la recherche d’un détail, d’une silhouette, d’un reflet inhabituel qui pourrait éveiller un soupçon. Les conditions météorologiques sont idéales, la mer est calme et la visibilité bonne en ce début d’été ; au loin, on distingue sans difficulté les immeubles de Tripoli, la capitale libyenne. Mais dans la carlingue de l’avion, on s’intéresse avant tout à ce qui se trouve à la surface de l’eau : embarcations vides, vaisseaux croisant dans la région, activités des gardes-côtes… « Une part très importante de notre travail est d’être là en tant qu’acteur civil pour observer, sinon il n’y a personne. Nous documentons ainsi les violations des droits humains, qui sont fréquentes sur ces routes, notamment les retours forcés vers la Libye », précise Jacob, lui aussi coordinateur de l’ONG, resté au sol pour superviser le vol.
    Ce rôle de vigie est précieux. Les équipes de Sea-Watch sont les rares témoins des faits et gestes des autorités tunisiennes, libyennes et européennes. Au cours du vol, l’un des observateurs à bord repère un navire gris à la silhouette familière : un patrouilleur des gardes-côtes libyens, qui rentre bredouille à Tripoli. Mais le lendemain, l’équipage assistera à l’interception en pleine zone de responsabilité maltaise d’un bateau de pêche, avec environ 250 personnes à bord, par le Tarek-Ben-Ziyad, un navire appartenant à une milice proche du maréchal Haftar, homme fort de l’est du pays. Les exilés seront ramenés de force en Libye et emprisonnés, selon les informations reçues a posteriori par l’ONG. La pratique, contraire au droit international, est rarement documentée. Sea-Watch est l’une des rares structures à être en mesure de le faire.
    Elle est aussi un témoin des variations des routes migratoires. Sur ce point, « il y a eu un véritable changement cette année », annonce Samira. Outre l’expansion de la route tunisienne, les aviateurs ont noté l’ouverture d’un nouveau couloir de la Cyrénaïque, région orientale de la Libye, vers la mer Ionienne. Il a la particularité de voir s’élancer des bateaux de pêche, aussi vétustes qu’imposants, transportant parfois plusieurs centaines de personnes. Cette route concentre de 60 % à 70 % des arrivées en Italie depuis la Libye, selon le porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Flavio Di Giacomo.« Ils passent par cette région où les zones de responsabilité maltaise, italienne et grecque se rejoignent. La situation est difficile, car chaque Etat refuse de prendre ses responsabilités en s’en remettant aux autres », analyse Jacob, qui connaît la région comme peu de personnes. C’est à proximité de cette zone où ces trois pays se défaussent de leurs responsabilités qu’un chalutier a fait naufrage au large de la Grèce, avec près de 750 personnes à bord, dans la nuit du 13 au 14 juin. Parmi les disparus figuraient de nombreux exilés syriens qui s’étaient résolus à passer par la Libye pour rejoindre le Vieux Continent, en raison de la fermeture de la route des Balkans. « Par le passé, ils voyageaient à travers la Turquie, la Grèce, puis le reste de l’Europe, mais désormais ils sont obligés de passer par la Libye, confirme M. Di Giacomo. Cela montre bien que si on ferme une route sans prendre en considération l’origine des migrations, une autre route s’ouvrira, plus longue et dangereuse. »L’OIM a enregistré 1 728 morts en Méditerranée centrale depuis le début de l’année. « C’est déjà plus de 1 000 personnes de plus que l’année dernière, soit un nombre très élevé, mais le nombre réel de morts doit être bien plus important. Cette année, la situation a changé car les routes ont changé, estime-t-il. La priorité pour l’Union européenne devrait être, avant toute discussion sur la mise en place de politiques migratoires, de sauver des vies en mer. » Ce jour-là, pas de chalutier ni de naufrage, heureusement. Après quelques heures de vol, l’avion repère un bateau en fibre de verre, avec une trentaine de personnes à bord, filant à vive allure vers Lampedusa. Faute de carburant suffisant, il ne pourra que signaler cette embarcation avant de rentrer se poser sur l’île italienne

    #Covid-19#migration#migrant#ue#tunisie#mediterranee#routemigratoire#balkan#traversee#politiquemigratoire#mortalite#sante#postcovid

  • La nomination d’une Américaine à un haut poste de la Commission européenne fait débat
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/12/la-nomination-d-une-americaine-a-un-haut-poste-de-la-commission-europeenne-f

    « Situation surréaliste »

    « Au-delà du message politique pathétique qu’on envoie en embauchant une Américaine, comme si on n’avait personne en Europe, on a recruté quelqu’un dont on devra se passer pour les cas les plus emblématiques », s’étrangle un haut fonctionnaire européen, qui voit dans cette décision le signe du tropisme transatlantique de Margrethe Vestager, la commissaire à la concurrence. A l’heure où l’#UE vient de se doter d’une nouvelle régulation du #numérique, le signal n’est pas des plus heureux. « On ne va pas laisser une #lobbyiste américaine des #Gafam réguler les plates-formes en #Europe, quel que soit son pedigree académique », s’insurge un autre. « Fiona Scott Morton a beaucoup moins de #conflits_d’intérêt » que le Belge Pierre Régibeau, à qui elle succédera le 1er septembre, répond une autre source.

    #sans_vergogne #vassalité

  • En Tunisie, des Subsahariens expulsés de Sfax, sur le rivage de la Méditerranée, vers le désert
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/06/en-tunisie-des-subsahariens-expulses-de-sfax-vers-le-desert_6180768_3212.htm

    En Tunisie, des Subsahariens expulsés de Sfax, sur le rivage de la Méditerranée, vers le désert
    Selon les témoignages recueillis par « Le Monde », des dizaines de migrants présents dans la ville portuaire ont été emmenés par les forces de sécurité à la frontière libyenne.
    Par Monia Ben Hamadi(Sfax, Tunisie, envoyée spéciale)
    Publié le 06 juillet 2023 à 10h51, modifié le 06 juillet 2023 à 13h21
    Des migrants subsahariens à Sfax, le 5 juillet 2023. IMED HADDAD / AFP
    « Nous sommes sur une plage au milieu du désert. » Mercredi 5 juillet vers 10 heures du matin, Ismaël, un jeune Ivoirien installé en Tunisie depuis 2019, vient d’envoyer au Monde sa localisation exacte, grâce à l’application de messagerie instantanée WhatsApp. Le repère placé sur la carte fait la jonction entre la Tunisie, à gauche, la Libye, à droite, et en face, la mer Méditerranée. La nuit précédente, Ismaël et des dizaines d’autres ressortissants d’Afrique subsaharienne ont été transférés de force de la ville portuaire de Sfax (centre-est) vers ce no man’s land, une zone tampon située à proximité du poste-frontière de Ras Jdir, à quelque 350 kilomètres de la deuxième ville du pays.
    Dans une vidéo transmise au Monde vers 17 h 30 par Isaac, un ressortissant guinéen également déplacé dans la nuit de mardi à mercredi, plusieurs dizaines de personnes – voire quelques centaines selon trois témoins sur place – sont toujours amassées sur cette plage, dont des femmes, des enfants et des nourrissons. « On boit l’eau de la mer, on n’a rien mangé depuis hier », alerte une des femmes, son bébé dans les bras, sous le soleil.
    Militaires et agents de la garde nationale nient ces transferts forcés. « Si les migrants sont là-bas, c’est qu’ils doivent venir de Libye », assure l’un d’eux, présent dans la zone frontalière. Les autorités, elles non plus, ne reconnaissent pas ces rafles de migrants. Seul un député, Moez Barkallah, a évoqué ces opérations. Dans une déclaration à l’agence tunisienne de presse, la TAP, il s’est félicité que plus d’un millier de migrants subsahariens aient été expulsés, depuis l’Aïd-el-Kébir, vers les régions frontalières de la Libye et de l’Algérie. Des pays qui, selon lui, parrainent ces opérations.Les témoignages de ces migrants sont de plus en plus nombreux. D’après Ismaël et ses compagnons, des policiers sont venus les chercher dans leur quartier de Sfax et les ont fait monter à bord de leurs véhicules, sous les acclamations de certains habitants, en leur promettant de les mettre « en sécurité » dans la capitale, Tunis. Mais, au lieu d’aller vers le nord, ils ont roulé vers le sud et le désert.
    Cette opération fait suite à des journées d’extrême tension consécutives à la mort d’un Tunisien, lundi 3 juillet, tué dans une rixe avec des migrants subsahariens, selon le porte-parole du parquet de Sfax. Trois hommes, de nationalité camerounaise, selon les autorités, ont été arrêtés. Dans la foulée, certains quartiers de Sfax ont été le théâtre de violents affrontements. Des habitants tunisiens se sont regroupés pour s’attaquer aux migrants et les déloger. « On ne les veut plus chez nous, on va s’en occuper nous-mêmes, assure l’un d’eux, torse nu, son tee-shirt sur la tête pour masquer son visage, dans une vidéo partagée sur Facebook. Sortez tous, nous allons reprendre nos maisons. »
    Mardi, dans un communiqué, le président tunisien, Kaïs Saïed, a affirmé que son pays refuse d’être « une zone de transit ou d’accueil pour les arrivants de plusieurs pays africains ». A l’intention de l’Union européenne, qui veut obtenir de la Tunisie qu’elle empêche les départs en Méditerranée, il a ajouté que son pays « ne protège que ses propres frontières ».
    Cela fait des mois que la défiance s’installe dans la ville portuaire, où les migrants sont de plus en plus nombreux, y attendant de pouvoir embarquer à bord d’un bateau pour l’Europe. Fin février 2023, alors qu’une campagne contre les migrants subsahariens lancée par le Parti nationaliste tunisien était largement diffusée sur les réseaux sociaux et dans les médias, la haine s’est exacerbée après le discours de Kaïs Saïed accusant des « hordes de migrants clandestins » d’être source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ».Dans les semaines qui ont suivi, des organisations de défense des droits humains ont recensé des dizaines d’agressions, d’expulsions et de licenciements de migrants. Le gouvernement tunisien s’est défendu de tout « racisme », évoquant « une campagne orchestrée et de source bien connue ».
    Déjà difficiles, les conditions de vie d’Ismaël, le jeune Ivoirien, se sont encore détériorées. Les manifestations contre les migrants à Sfax se sont multipliées, de même que les accusations de crimes et de violences, reprises une nouvelle fois par le chef de l’Etat. A à peine 30 ans, Ismaël n’a alors plus eu qu’une idée en tête : partir vers l’Europe. Il a tenté de le faire une première fois à la fin de l’hiver, mais son aventure a échoué après l’interception de son bateau par la garde maritime. Il a alors été relâché à Sfax, où il pensait faire profil bas, en attendant des jours meilleurs.
    Depuis que les informations sur les expulsions de migrants ont circulé, mercredi, des dizaines d’autres Subsahariens se sont regroupés dans les gares ferroviaires et les stations de bus pour fuir Sfax. Le soir même, la tension est redescendue d’un cran dans les rues de la ville. Dans un petit parc du centre-ville, près d’une mosquée, des dizaines de migrants sont regroupés, des femmes dorment, quelques-uns discutent, deux sont blessés à la tête.Leurs discussions sont rythmées par les sirènes de la police ou le bruit de motards tunisiens qui semblent faire des rondes. « Les policiers sont là pour nous protéger », se rassure Abdallah, même s’il craint d’être attaqué à tout moment. Expulsés de chez eux, empêchés de traverser la mer vers l’Europe, ils attendent de pouvoir fuir la ville ou retrouver des conditions de vie « acceptables ».Depuis le sud du pays, alors que le soleil s’apprête à se coucher, Ismaël rappelle, apeuré. « Beaucoup de militaires sont arrivés près de l’endroit où nous sommes, on ne sait pas ce qu’ils vont nous faire », précise-t-il.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#UE#transit#afriquesubsaharienne#politiquemigratoire#expulsion#violence

  • Dans le port d’Ellouza, en Tunisie, les migrants entre noyade et errance
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/10/a-ellouza-port-de-peche-tunisien-la-mort-l-errance-et-les-retours-contraints

    Dans le port d’Ellouza, en Tunisie, les migrants entre noyade et errance
    Situé à 150 km de l’île italienne de Lampedusa, le village est un point de départ à haut risque pour les migrants subsahariens qui tentent de rallier l’Europe. Dimanche, une embarcation a fait naufrage au large des côtes tunisiennes, faisant au moins un mort et une dizaine de disparus.
    Par Monia Ben Hamadi(Ellouza (Tunisie), envoyée spéciale)
    Après cinq heures de mer, Yannick pose finalement pied sur la terre ferme. Mais du mauvais côté de la Méditerranée. Ce Camerounais de 30 ans a été intercepté, jeudi 6 juillet, avec des dizaines d’autres migrants subsahariens, par les gardes-côtes tunisiens au large d’Ellouza, un petit village de pêcheurs à 40 km au nord de Sfax. Envolés les 2 500 dinars (800 euros) que lui a coûté la traversée vers Lampedusa (Italie). Sur la plage, une unité de la garde nationale est déjà en poste pour les accueillir. Les agents tentent de contenir les quelques villageois, curieux, venus assister au débarquement. Hommes, femmes, enfants et nourrissons sont contraints de quitter leur bateau de fortune, devant des spectateurs désormais habitués à ces scènes et face à une police sur les nerfs. Un gendarme, tendu, prend son téléphone pour demander des renforts. « Vous nous laissez seuls, personne n’est arrivé », reproche-t-il à son interlocuteur. « C’est tous les jours comme ça, plusieurs fois par jour », maugrée-t-il en raccrochant.
    Les uns après les autres, les migrants quittent le bateau. « Venez ici ! Asseyez-vous ! Ne bougez pas ! », crient les agents des forces de l’ordre qui retirent le moteur de l’embarcation de métal et éloignent les bidons de kérosène prévus pour assurer la traversée d’environ 150 km qui séparent Ellouza de Lampedusa. Migrants subsahariens, villageois tunisiens et agents de la garde nationale se regardent en chien de faïence. Dans l’eau, le petit bateau des gardes-côtes qui a escorté les migrants surveille l’opération. La présence inattendue de journalistes sur place ne fait qu’augmenter la tension. Yannick, accompagné de son frère cadet, s’inquiète. « Est-ce qu’ils vont nous emmener dans le désert, ne les laissez pas nous emmener », supplie-t-il.
    Depuis une semaine, des centaines de migrants subsahariens ont été chassés de Sfax vers une zone tampon désertique bordant la mer, près de Ras Jedir, un poste-frontière avec la Libye. D’autres ont été expulsés à la frontière algérienne. Ces opérations font suite aux journées d’extrême tension qui ont suivi la mort d’un Tunisien, lundi 3 juillet, tué dans une rixe avec des migrants subsahariens, selon le porte-parole du parquet de Sfax.
    Trois hommes, de nationalité camerounaise d’après les autorités, ont été arrêtés. Dans la foulée, des quartiers de Sfax ont été le théâtre de violents affrontements. Des Tunisiens se sont regroupés pour s’attaquer aux migrants et les déloger de leur habitation. Yannick et son petit frère de 19 ans faisaient partie des expulsés. Les deux hommes ont fui la ville au milieu de la nuit, parcourant des dizaines de kilomètres à pied pour se réfugier « dans la brousse », près d’Ellouza.
    La région de Sfax est depuis devenue le théâtre d’un étrange ballet. Toute la journée et toute la nuit, dans l’obscurité totale, des groupes de migrants subsahariens errent sur les routes communales entourées de champs d’oliviers et de buissons. « Quelques personnes étaient chargées des courses, de l’eau et un peu de nourriture. Il fallait transporter le tout à pied sur plusieurs kilomètres », raconte Yannick. Lui et son frère ont dormi deux nuits dehors, avant que leur grande sœur, qui a réussi à rejoindre la France il y a plusieurs années, ne leur paie leur traversée, prévue le 6 juillet à midi.
    Près du port d’Ellouza, Hamza, 60 ans, repeint son petit bateau en bois bleu et blanc. Ce pêcheur expérimenté ne cache pas son émotion face au drame dont son village est le théâtre. Lui-même a dû s’improviser pêcheur de cadavres depuis quelque temps. Des corps sans vie se coincent parfois dans ses filets. « Une fois, j’ai trouvé la moitié du corps d’une femme mais elle était dans un état de décomposition tel que je n’ai pas trouvé par où la tenir. Je l’ai laissée là. Je n’ai pas pu dormir pendant des jours », dit-il, la voix tremblante.
    Dimanche 9 juillet, une nouvelle embarcation a fait naufrage au large de cette région : un juge de la ville de Sfax a annoncé qu’au moins une personne était morte et qu’une dizaine d’autres, des migrants tunisiens, étaient portées disparues. En plus des corps, les filets des pêcheurs sont souvent déchirés par des épaves de bateaux qui servent à la traversée des migrants. « Je n’ai pas les moyens de racheter des filets tous les mois », regrette Hamza.
    Le long de la côte autour d’Ellouza, les bateaux métalliques échoués et rongés par la rouille sont innombrables. Ces embarcations, de « très mauvaise qualité », selon le pêcheur, sont construites en quantités importantes et coûtent moins cher que ceux en bois, les pneumatiques ou les barques en plastique qui servaient auparavant à la traversée. « Ce sont des commerçants de la mort », accuse Hamza en parlant aussi bien des passeurs que des politiques migratoires européennes et des autorités tunisiennes. La Commission européenne a annoncé en juin le déblocage de 105 millions d’euros « pour lutter contre les passeurs [et] investir dans le contrôle maritime des frontières par les Tunisiens », sans compter la coopération bilatérale venant de Paris ou Rome. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, durant le premier semestre, près de 30 000 migrants sont arrivés à Lampedusa en provenance de Tunisie.
    Sur les rochers recouverts d’algues, des centaines de pneus de voiture, servant à amarrer les navires, jonchent la côte. Depuis la falaise, on aperçoit le corps en début de décomposition d’un migrant. Un autre à quelques mètres. Et puis un autre encore, en contrebas, devenu squelette. Personne n’a cherché à les enterrer, ni à savoir qui ils étaient. Ils font partie des « disparus » en mer. Des chiens rôdent. Le paysage est aussi paradisiaque qu’infernal.
    Débarqué vers 17 heures, Yannick sera finalement relâché sur la plage avec son groupe. « C’est grâce à vous, si vous n’étiez pas restés, ils nous auraient embarqués et emmenés à la frontière », assure-t-il. Le soir même, avec son frère, ils ont parcouru à pied les dizaines de kilomètres qui séparent Ellouza de Sfax, cette fois dans l’autre sens. Après être arrivé à la gare ferroviaire à 3 heures du matin, Yannick a convaincu un vieil homme de leur acheter des tickets pour Tunis. Ils sont finalement arrivés sains et saufs dans la capitale. « Il faut que je trouve du travail, mais la situation est plus acceptable ici », dit-il. Malgré cette expérience, Yannick est toujours convaincu qu’un avenir meilleur l’attend de l’autre côté de la Méditerranée. « Quand j’aurai l’argent, je retenterai ma chance, promet-il. Retourner au pays n’est pas une option. »

    #Covid-19#ùogrant#migration#tunisie#afriquesubsaharien#frontiere#mortalite#UE#politiquemigratoire#migrationirreguliere

  • Des médecins cubains se portent au secours des hôpitaux de Calabre Valérie Dupont/ami - RTS

    Le manque de médecins est un problème qui concerne toute l’Europe. Mais dans le sud de l’Italie, la situation est gravissime. Pour éviter la fermeture des hôpitaux, la Calabre a passé un accord avec Cuba pour faire venir des médecins, une première en Europe.

    Depuis six mois, l’orthopédiste cubain Raciel Escalona travaille à l’hôpital de la petite ville de Polistena. A son arrivée, il ne parlait pas un mot d’italien. Mais aujourd’hui, il sait même blaguer avec ses patients.


    Le docteur Escalona fait partie du premier contingent arrivé de Cuba pour répondre à l’urgence sanitaire en Calabre, dans le sud de l’Italie.

    « Je peux confirmer, il est excellent », assure dans la salle de consultation l’un de ses patients, un bandage au pied droit. « Sans lui, j’aurais dû attendre huit mois pour faire cette opération », souligne-t-il jeudi dans le 19h30.

    Appel au secours
    Comme tous les autres hôpitaux publics calabrais, l’hôpital de Polistena était à l’agonie : liste d’attente infinie, endettement à hauteur de plus d’un milliard, infiltrations mafieuses… Autant de maux qui ont obligé les autorités régionales à fermer 18 hôpitaux en Calabre. A Polistena, l’été dernier, le service de réanimation avait même dû fermer ses portes par manque de médecins.

    « Cela va vous sembler absurde : j’ai dû faire des tours de garde de plus de 36 heures d’affilée », raconte Francesca Liotta, la directrice du service de réanimation de l’hôpital de Polistena. « L’arrivée des médecins cubains nous a vraiment donné une bouffée d’oxygène. Cela a aussi relancé l’enthousiasme pour notre métier », s’exclame-t-elle.

    Après six mois de pratique à l’hôpital de Polistena l’orthopédiste cubain Raciel Escalona parle désormais l’italien, alors qu’il n’en connaissait pas un mot à son arrivée.

    En Calabre, il manque 2500 médecins. Pour éviter la fermeture des autres hôpitaux, la région a décidé de faire appel à la coopération médicale cubaine, car faire appel à des médecins privés italiens coûte dix fois plus cher.

    Après avoir travaillé en Mauritanie et au Venezuela, Asbel Diaz Fonseca, un chirurgien de 38 ans, n’aurait jamais pensé que la riche Europe aurait aussi besoin de lui. « L’Italie a une population vieillissante, il y a beaucoup de médecins à la retraite et ils manquent de formation », note-t-il.

    Une partie du salaire reversé à Cuba
    A travail égal, salaire égal, quel que soit le passeport : les médecins cubains touchent 4700 euros mensuels. Mais ils reverseraient deux tiers de leur salaire à leur pays.

    « Cuba est une administration socialiste, sans argent ! Nous ne travaillons pas pour l’argent, nous travaillons pour le coeur et c’est plus important », déclare Asbel Diaz Fonseca.

    Cet accord entre la Calabre et Cuba a poussé les Etats-Unis à demander des comptes à l’Italie sur une possible entorse à l’embargo. Michele Tripodi, le maire de Polistena, communiste et admirateur de Che Guevara, balaie ces doutes : « C’est juste de respecter les conventions internationales. Mais une de nos exigences était justement de pouvoir payer ces travailleurs cubains comme si c’étaient des médecins italiens », soutient Michele Tripodi.

    La population satisfaite
    Dans cette bourgade de 10’000 habitants, la population est ravie et tout le monde encense les médecins venus de loin.

    Deux hommes assis à l’ombre d’un arbre d’une place publique ne s’en cachent pas : « S’il n’y a pas de médecin, c’est terrible. Alors qu’il soit Cubain ou Africain, peu importe. Maintenant, on a au moins des médecins », s’enthousiasme le premier. « Et ils disent que leur préparation est excellente », ajoute son compère.

    #médecine #santé #Hôpital #ue #union_européenne #Italie #Cuba les dégâts de la #finance

    Source : https://www.rts.ch/info/monde/14154876-des-medecins-cubains-se-portent-au-secours-des-hopitaux-de-calabre.html

  • Face aux procédures-bâillons, l’Etat doit défendre la liberté d’informer !
    https://disclose.ngo/fr/article/face-aux-procedures-baillons-letat-doit-defendre-la-liberte-dinformer

    Alors que les attaques judiciaires contre la presse, les associations et les militants font planer une menace grave sur le débat public en France, l’Union européenne travaille à une proposition de directive visant à lutter contre ces procédures-bâillons. Un texte auquel la France se doit d’apporter un soutien clair et ambitieux. Lire l’article

  • Bulgaria and Romania speed up asylum and deportation procedures with EU support

    #Pilot_projects” intended to beef up border controls, accelerate asylum and deportation proceedings, and reinforce the role of EU agencies in Bulgaria and Romania have just begun - yet EU legislation intended to do the same is yet to be approved.

    Pilot projects

    In February the European Council confirmed its support for Commission-funded “border management pilot projects,” and two such projects have been launched in recent months, in Bulgaria (€45 million) and Romania (€10.8 million).

    As revealed by Statewatch in March, “the key border between Bulgaria and Turkiye,” was to be the first target of €600 million being made available to reinforce border controls and speed up removals.

    Of that funding, the Commission recently announced that it will make €140 million available “for the development of electronic surveillance systems at land external borders” and €120 million to “support reception and asylum systems,” in particular for the reception of unaccompanied minors and “reception capacity at the border”.

    Both Bulgaria and Romania have recently circulated notes within the Council to update other member states on the projects, and the Commission also trumpeted the “progress made” in a press release.

    Bulgaria

    According to the Bulgarian note, (pdf) the project “foresees the implementation by Bulgaria of targeted tools for border management and screening of third country nationals, conduct of an accelerated asylum and return procedure and cooperation in the fight against migrant smuggling.”

    The project is being implemented “with the operational and technical support of the relevant JHA agencies (EUAA, Europol and Frontex). It builds on Bulgaria’s good practices and experience, including its excellent cooperation with its neighboring countries and the EU agencies present in Bulgaria. The duration of the pilot is 6 months.”

    The country is “improving the digitalization of the asylum and return systems,” while:

    “Work is ongoing on legislative amendments for issuing of a return decision at the same time with a negative decision for international protection. Bulgaria is also working on drawing up a list with designated safe countries of origin in line with the Asylum Procedure Directive. Negotiations are ongoing with EUAA on an updated Operational plan in the field of asylum.”

    A “Roadmap for strengthened cooperation” with Frontex is “pending finalization”, which will allow for “provision of technical equipment and increased deployment of personnel.”

    However, Frontex presence in the country has already been stepped up, according to the Commission’s press release, with the agency providing “additional support to Bulgaria through return counsellors and interpreters.”

    The note also states an intention to a sign a Joint Action Plan on Return “in the margins of JHA Council,” presumably the meeting on 8 and 9 June, but the Council’s press release makes no mention of this.

    Romania

    While the Bulgarian note is not particularly detailed, it offers more information than the one circulated by Romania (pdf).

    The Romanian note states that agreement with the European Commission on launching the pilot project was reached on 17 March, and that it aims to implement “key operational actions in the area of border protection, asylum and return. One of the targeted operational actions foresees setting up pilot projects in interested Member States for fast asylum and return procedures.”

    While the Bulgarian note mentions the need for legal reforms to accelerate asylum and removal proceedings, the Romanian note says that this “showcase” of “Romania’s best practices in the areas of asylum, return, border management and international cooperation.. is based on EU and applicable Romanian legislation, as well as on Romania’s very good cooperation with neighbouring countries and EU agencies.”

    According to the Commission, however, Romania has changed national law in two respects: “to allow for the participation of EUAA [EU Asylum Agency] experts in the registration and assessment of asylum applications,” and - as in Bulgaria - “to allow for the issuing of a negative decision on international protection together with a return decision.”

    The country has also been cooperating with Frontex on align its national IT systems for deportations with the agency’s own, and “Romanian authorities will host and use the first Frontex Mobile Surveillance Vehicles at Romanian - Serbian border section of the Terra 2023 operational area.”

    Terra 2023 is presumably a continuation of the Frontex operation Terra 2022.

    Documentation

    - European Commission press release: Migration management: Update on progress made on the Pilot Projects for asylum and return procedures and new financial support for Bulgaria and Romania: https://www.statewatch.org/media/3932/eu-com-pilot-projects-bulgaria-romania-pr-7-6-23.pdf
    - Bulgarian delegation: Pilot project at the Bulgarian-Turkish border. Council doc. 9992/23, LIMITE, 5 June 2023, pdf: https://www.statewatch.org/media/3930/eu-council-bulgaria-pilot-project-migration-asylum-9992-23.pdf
    - Romanian delegation: Pilot project in the area of asylum, returns, border management and international cooperation, Council doc. 9991/23, LIMITE, 5 June 2023: https://www.statewatch.org/media/3931/eu-council-romania-pilot-project-migration-asylum-09991-23.pdf

    https://www.statewatch.org/news/2023/june/bulgaria-and-romania-speed-up-asylum-and-deportation-procedures-with-eu-
    #Bulgarie #Roumanie #renvois #expulsions #contrôles_frontaliers #financement #EU #UE #aide_financière #JHA #Europol #Frontex #EUAA #externalisation #externalisation_des_contrôles_frontaliers #digitalisation #directive_procédure #pays_sûrs #militarisation_des_frontières #Joint_Action_Plan_on_Return #Frontex_Mobile_Surveillance_Vehicles #Mobile_Surveillance_Vehicles #Terra_2023 #frontières

  • La France octroie une aide à la Tunisie pour lutter contre l’immigration irrégulière
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/06/19/la-france-octroie-une-aide-a-la-tunisie-pour-lutter-contre-l-immigration-irr

    La France octroie une aide à la Tunisie pour lutter contre l’immigration irrégulière
    Cette enveloppe de 26 millions d’euros devra servir « à contenir le flux irrégulier de migrants et à favoriser leur retour dans de bonnes conditions », a précisé le ministre de l’intérieur.
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 17h44
    Les ministres de l’intérieur allemand (Nancy Faeser) et français (Gérald Darmanin), avant une conférence de presse à Tunis, en Tunisie, le 19 juin 2023. FETHI BELAID / AFP
    Le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, a annoncé lundi 19 juin à Tunis, en Tunisie, l’octroi par la France de près de 26 millions d’euros à la Tunisie pour l’aider à lutter contre l’immigration irrégulière. Cette « aide bilatérale de 25,8 millions [consacr]ée aux questions migratoires » va permettre à la Tunisie d’« acquérir des équipements nécessaires et [d’]organiser les formations utiles, notamment des policiers et gardes-frontières tunisiens ». Elle s’ajoutera à une enveloppe de 105 millions d’euros annoncée il y a une semaine par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour soutenir la Tunisie dans la lutte « contre l’immigration irrégulière ». Le don français devra servir « à contenir le flux irrégulier de migrants et à favoriser leur retour dans de bonnes conditions », a précisé M. Darmanin. Après avoir rencontré, avec son homologue allemande, Nancy Faeser, le président Kaïs Saïed, il a repris une formule utilisée récemment par ce dernier, selon laquelle « la Tunisie n’est pas le garde-frontière de l’Europe ».
    « Ce n’est pas la vocation de la Tunisie d’être le garde-frontière de l’Europe », a-t-il ajouté, considérant qu’il revenait aux pays d’origine des migrants d’Afrique subsaharienne transitant par la Tunisie « de faire en sorte qu’il y ait un minimum de départs ». De nombreux migrants originaires d’Afrique subsaharienne arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d’immigrer clandestinement par la mer vers l’Europe, certaines portions du littoral tunisien se trouvant à moins de 150 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa. « La Tunisie est la première victime de cette immigration irrégulière et nous voulons l’assurer de toute notre solidarité », a dit le ministre français. Il a défendu « une approche européenne face au défi migratoire ainsi qu’avec les pays d’Afrique », afin « de lutter contre les réseaux de passeurs » et d’« accompagner le retour et la réinstallation [des migrants] dans leurs pays d’origine ».Evoquant le récent naufrage d’un bateau de migrants en Grèce, il a jugé que « trop de personnes prennent des risques inconsidérés, souvent exploitées par des passeurs qui sont de véritables criminels qu’[ils] d[oivent] combattre ». Mme Faeser a, pour sa part, estimé indispensable de « mettre fin à ces terribles morts en mer ».
    Selon l’Organisation internationale pour les migrations, 2 406 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée – orientale, centrale et occidentale – en 2022 (+ 16,7 % sur un an). Depuis début 2023, 1 166 décès ou disparitions ont déjà été répertoriés.

    #Covid-19#migrant#migration#france#tunisie#afriquesubsaharienne#postcovid#politiquemigratoire#UE#transit#retour#reinstallation#italie

  • Le président tunisien, Kaïs Saïed, s’oppose au nouveau pacte migratoire de l’Union européenne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/06/16/le-president-tunisien-kais-saied-s-oppose-au-nouveau-pacte-migratoire-de-l-u

    Le président tunisien, Kaïs Saïed, s’oppose au nouveau pacte migratoire de l’Union européenne
    « La Tunisie refuse d’être un pays de transit ou un lieu d’établissement », a déclaré le chef de l’Etat, alors que Bruxelles veut pouvoir y renvoyer des migrants d’autres nationalités.
    Par Monia Ben Hamadi(Tunis, correspondance)
    Publié hier à 09h58
    « La Tunisie n’est garante que de ses propres frontières », a déclaré, mercredi 14 juin, le président Kaïs Saïed à l’issue d’un entretien téléphonique avec Charles Michel, le président du Conseil européen. Cette déclaration intervient à la suite de la visite effectuée le dimanche précédent à Tunis par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, accompagnée de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, et du premier ministre néerlandais, Mark Rutte. Lors de cette visite, la deuxième dans le pays pour la dirigeante italienne en moins de cinq jours, la question d’un accord entre l’Union européenne (UE) et la Tunisie sur le contrôle des flux migratoires vers l’Europe a été posée. La Commission a annoncé le déblocage de 105 millions d’euros pour lutter contre les passeurs, investir dans l’équipement des gardes-côtes ou faciliter les procédures de rapatriement.
    Si Tunis collabore officiellement avec Rome depuis 2011 pour permettre le rapatriement de migrants irréguliers tunisiens, le nouveau pacte de l’UE est susceptible de lui imposer la réadmission de migrants y ayant seulement transité. La possibilité de renvoyer des demandeurs d’asile vers un « pays tiers sûr » est prévue dans l’accord obtenu le 8 juin, sous la pression de l’Italie, entre les ministres de l’intérieur des 27 Etats membres de l’UE, dans le cadre du « pacte sur la migration et l’asile ». Ursula von der Leyen avait annoncé dimanche qu’un protocole d’entente entre la Tunisie et l’UE devrait être signé avant la fin du mois pour être discuté lors du prochain Conseil européen, prévu les 29 et 30 juin, sans que le contenu des négociations n’ait été communiqué. « La Tunisie refuse d’être un pays de transit ou un lieu d’établissement », a rétorqué Kaïs Saïed mercredi, estimant que « le phénomène de la migration ne peut être abordé qu’en éliminant les causes et non en se limitant au traitement des conséquences ».
    Parmi les annonces faites par la présidente de la Commission, 900 millions d’euros d’assistance financière devraient être débloqués à condition que la Tunisie parvienne à trouver un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un prêt de 1,9 milliard de dollars (1,75 milliard d’euros). L’exécution de cet accord acté depuis octobre 2022 a été reportée à la suite du refus de Kaïs Saïed de se plier aux « diktats » imposés par l’institution financière.« Les accords de Bretton Woods ne sont pas une fatalité et les diktats [du FMI] ne sont pas acceptables, car s’ils étaient appliqués comme ils l’ont été en 1984, ils menaceraient la paix sociale », a-t-il réitéré lors de son entretien avec Charles Michel (selon le communiqué publié par la présidence tunisienne), en référence aux révoltes du pain qui ont éclaté en janvier 1984 à la suite d’un accord avec le FMI pour augmenter le prix du pain et des produits céréaliers.
    En visite dans le bassin minier de Gafsa (centre-ouest) la veille, le président tunisien a estimé qu’il était préférable de « mourir plutôt que de demander l’aumône aux étrangers », tentant de convaincre des manifestants de mettre fin à leur mouvement de protestation et de permettre la reprise de la production de phosphate, un secteur qui a fortement été ralenti depuis 2011 alors qu’il représentait près de 10 % des exportations. « Il n’y a aucune sourate qui porte le nom du Fonds monétaire », a-t-il asséné devant des dizaines de demandeurs d’emploi regroupés autour de lui. En plus de la production de phosphate et pour éviter la suppression des subventions sur les produits de base et les hydrocarbures, Kaïs Saïed a proposé début juin de « prendre l’excédent d’argent des riches pour le donner aux pauvres », reprenant une citation attribuée à l’un des premiers califes de l’islam, Omar Ibn Al-Khattab. « Au lieu de lever les subventions au nom de la rationalisation, il serait possible d’introduire des taxes supplémentaires à ceux qui en bénéficient sans qu’ils en aient besoin », avait-il ajouté.
    Lourdement endettée à hauteur de 80 % de son PIB et en proie à une inflation galopante (10 % en moyenne depuis le début de l’année et plus de 30 % pour certains produits alimentaires), la Tunisie peine à trouver les financements nécessaires pour combler son déficit budgétaire en l’absence d’un accord avec le FMI. La dégradation, vendredi, par l’agence de notation américaine Fitch Ratings de la note de la Tunisie, passée de CCC + à CCC – (risque élevé de défaut), n’a fait que conforter les craintes sur la santé financière du pays et, potentiellement, sur ses équilibres sociaux.

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  • Après le naufrage au large de la Grèce, la détresse des familles des victimes
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/16/apres-le-naufrage-au-large-de-la-grece-la-detresse-des-familles-des-victimes

    Après le naufrage au large de la Grèce, la détresse des familles des victimes. Les chances de retrouver des rescapés s’amenuisent, alors que des centaines de passagers du chalutier ayant chaviré sont toujours recherchés. La polémique sur la non-intervention des garde-côtes grecs et de Frontex prend de l’ampleur.
    Par Marina Rafenberg(envoyée spéciale à Kalamata)
    Publié aujourd’hui à 05h45, modifié à 06h57
    Devant la maison néoclassique turquoise, qui abrite la police portuaire de Kalamata, Kassem Abo Zaid, 34 ans, ne retient plus ses larmes. « Je n’ai pas dormi depuis vingt-quatre heures, et je suis venu au plus vite depuis Hambourg pour avoir des nouvelles », explique le réfugié syrien de Deraa. Sa femme, Ezra, 21 ans, et son beau-frère, Abdullah, 19 ans, avaient pris le chalutier bleu qui a coulé dans la nuit de mardi 13 juin à mercredi 14 juin à 47 milles marins (87 kilomètres) de Pylos, en mer Ionienne, alors qu’il avait pour destination finale l’Italie.
    Jeudi 15 juin, pour le deuxième jour consécutif, deux patrouilleurs, un hélicoptère et six autres navires de la région continuent leurs recherches à l’ouest des côtes du Péloponnèse. Mais selon les secouristes, les chances de retrouver des rescapés s’amenuisent au fil des heures. Sur son téléphone portable, Kassem dévoile une photo où il tient sa femme dans ses bras. « Nous étions heureux, je me réjouissais de la retrouver, mais désormais, je ne sais pas où elle se trouve. Elle n’est pas parmi les survivants à l’hôpital ou au port, et je crains le pire… », commente-t-il, la voix enrouée. Pour ce périple dangereux, sa femme et son beau-frère avaient déboursé 5 000 dollars (4 570 euros) chacun. Une centaine de personnes ont été secourues par les garde-côtes grecs. Soixante-dix-neuf corps ont été repêchés, mais des centaines de passagers sont toujours recherchés. Parmi les rescapés, les autorités grecques ont dénombré une majorité de Syriens (47), des Egyptiens (43) ainsi que douze Pakistanais et deux Palestiniens.
    « Ils m’envoient des photos de leurs enfants » D’après plusieurs sources concordantes, près de cent enfants voyageaient au fond de la cale du navire avec les femmes. A l’hôpital de Kalamata, Manolis Makaris, le médecin en charge depuis la nuit du drame, est submergé d’émotion : « Les migrants ont donné mon contact à leurs familles en Egypte, qui m’appellent pour avoir des nouvelles. Ils m’envoient des photos de leurs enfants. D’après leurs récits, il y aurait eu jusqu’à 100 mineurs coincés dans l’étage inférieur du bateau. » D’après les témoignages des rescapés recueillis par les autorités grecques, le bateau transportait 750 personnes, et le naufrage apparaît comme l’une des pires tragédies survenues dans les eaux grecques. Le dernier drame d’une telle ampleur remonte à juin 2016 lorsque près de 320 réfugiés se sont noyés au large de la

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  • Au large de la Grèce, le pire naufrage d’un bateau de migrants depuis 2016
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/15/au-large-de-la-grece-le-pire-naufrage-d-un-bateau-de-migrants-depuis-2016_61

    Au large de la Grèce, le pire naufrage d’un bateau de migrants depuis 2016
    Un navire de pêche parti de Libye a coulé, dans la nuit de mardi à mercredi, alors qu’il faisait route vers l’Italie. Une centaine de personnes ont pu être secourues. Selon le témoignage de rescapés, le bateau transportait 750 personnes.
    Par Julia Pascual et Marina Rafenberg(Kalamata (Grèce),envoyée spéciale)
    Publié hier à 05h32, modifié hier à 12h18

    Sur la jetée du port de Kalamata, dans le sud de la Grèce, dans la pénombre, peu avant 23 heures, un navire des gardes-côtes s’amarre à l’écart des regards indiscrets. Des bénévoles de la Croix-Rouge observent la scène avec gravité. « Ils ramènent les morts… Maintenant, il n’y a plus d’espoir de retrouver d’autres survivants », murmure l’une d’entre elles. Un camion réfrigéré se gare devant le bateau et le transfert des corps commence. Les 79 cadavres repêchés au large de la péninsule du Péloponnèse, à la suite du naufrage, dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 juin, d’un navire de pêche rempli de migrants, doivent être conduits à la morgue de Corinthe ou à celle d’Athènes, pour être identifiés.
    (...) Dans le port de Kalamata, Dimitris Haliotis apporte les premiers soins aux rescapés. En majorité syriens, égyptiens et pakistanais, ils sont hébergés temporairement dans un hangar désaffecté. Allongés sur des matelas et enveloppés de couvertures grises, leurs visages sont marqués par les traumatismes et la fatigue. Derrière une barrière, ils sont encadrés par des policiers, des gardes-côtes et des militaires. « Ils sont psychologiquement et physiquement très affaiblis. Ils voyageaient depuis six jours dans un bateau où ils étaient les uns sur les autres… Ils n’avaient même pas d’endroit pour faire leurs besoins, ils étaient déshydratés et n’avaient pas bien mangé depuis des jours », souligne Orestis Koulopoulos, un urgentiste qui affirme que, depuis le matin, une vingtaine ont été admis à l’hôpital pour hypothermie, fièvre ou hypoglycémie.
    Selon plusieurs sources, le bateau serait parti de Tobrouk, une ville portuaire de l’Est libyen, à moins de 150 kilomètres de la frontière égyptienne. Depuis un an environ, le nombre de départs de cette région nord orientale, dite de la Cyrénaïque, a considérablement augmenté, alors qu’une majorité des migrants tentaient jusque-là de rejoindre l’Europe depuis la région côtière de Tripoli. En juin, la moitié des départs ont eu lieu de l’est, contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar et l’Armée nationale libyenne.
    Le choix de cette route à travers la Méditerranée centrale accroît les risques encourus par les migrants. La distance à parcourir pour rejoindre l’île italienne de Lampedusa est deux fois plus importante, ce qui augmente la probabilité de tomber en panne, de manquer de vivres ou de faire naufrage. « La traversée se fait sur d’anciens bateaux de pêche, avec 500 ou 600 personnes à bord en général, dont la plupart se cachent dans la cale », ajoute Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés pour la Méditerranée occidentale et centrale (HCR).
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Depuis l’Est libyen, une route migratoire se rouvre en Méditerranée Les candidats à la traversée – surtout des Bangladais, Egyptiens et Syriens – s’acquittent de sommes s’élevant à plusieurs milliers d’euros depuis leur pays d’origine. « La plupart arrivent légalement par avion à Benghazi, poursuit Vincent Cochetel. Ils sont regroupés dans des hangars et ne transitent que quelques semaines, tout au plus, en Libye. » L’essor de cette route n’est pas sans lien avec la volonté du maréchal Haftar de peser davantage auprès de l’Occident alors que son camp dispute le pouvoir au gouvernement de l’Ouest libyen, reconnu par l’ONU. Le 4 mai, le militaire s’est rendu à Rome pour parler de lutte contre l’immigration clandestine avec Giorgia Meloni, la présidente d’extrême droite du conseil italien, tandis qu’une délégation maltaise a été reçue pour la première fois, le 31 mai, à Benghazi. La route de l’Est libyen est aussi empruntée « pour contourner la Grèce, estime un membre du réseau d’activistes Alarme Phone, qui souhaite rester anonyme. Les gens veulent éviter les violences et les refoulements opérés depuis la Grèce et des routes se développent en conséquence. »
    A Kalamata, le secouriste Dimitris Haliotis ne cache pas son angoisse : « Nous avons peur de retrouver beaucoup d’enfants et de femmes morts, car ils étaient coincés au fond de la cale du bateau, d’après les témoignages des survivants. » Le drame est survenu dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 juin à 47 milles marins (87 kilomètres) de Pylos, en mer Ionienne, selon un communiqué des gardes-côtes grecs. Le navire avait préalablement été repéré, mardi, peu avant midi par un avion de Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières. Alarm Phone dit avoir été plusieurs fois en contact téléphonique avec les occupants du bateau mardi 13 juin entre 14 h 17 et 0 h 46 et avoir informé les autorités grecques de leur localisation. « On a peu d’éléments, confie toutefois un membre du réseau. Lors des premiers appels, ils insistaient sur le fait qu’ils n’avaient pas d’eau ni de nourriture. » D’après le récit des Grecs, deux navires commerciaux se seraient approchés du chalutier dans l’après-midi de mardi, le premier ravitaillant en eau les migrants qui auraient refusé davantage d’assistance. Puis, un navire des gardes-côtes a rejoint le bateau de migrants dans la soirée.Les migrants « ont refusé toute aide », ont affirmé les autorités portuaires grecques. (...)Aux premières heures de la matinée de mercredi, « le bateau de pêche s’est renversé et a finalement coulé. Immédiatement a commencé une vaste opération de recherche et de sauvetage.
    « Les réseaux de passeurs donnent consigne aux gens de ne pas accepter d’assistance jusqu’à ce qu’ils soient contactés par les Italiens », admet M. Cochetel du HCR, qui rappelle que les Etats ont toutefois obligation d’empêcher les bateaux en détresse de continuer leur route. (...)
    Lefteris Papagiannakis, directeur de l’ONG Conseil grec pour les réfugiés, se montre critique vis-à-vis de l’attitude des autorités grecques et européennes. En pleine campagne électorale en vue des élections législatives grecques du 25 juin, l’ancien premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, a décidé d’annuler ses meetings. Le gouvernement provisoire a décrété trois jours de deuil national en Grèce. M. Mitsotakis est critiqué depuis des mois pour sa politique anti-immigration musclée, notamment pour avoir généralisé les refoulements illégaux de migrants aux frontières, ce qu’il a toujours nié. Mais une vidéo publiée par le New York Times il y a trois semaines – montrant des exilés sur l’île de Lesbos embarqués de force sur un navire des gardes-côtes grecs avant d’être abandonnés sur « un radeau de sauvetage gonflable noir à la dérive » – a mis à mal ces démentis. Acculé par Bruxelles, M. Mitsotakis a promis une enquête sur ces événements. En visite à Kalamata, la présidente de la République hellénique, Katerina Sakellaropoulou, a été prise à partie par certains habitants. « Sous votre présidence, sous le gouvernement de droite, des migrants meurent dans la région frontalière de l’Evros ou se noient dans l’Egée », a crié l’un d’eux. Depuis 2014, près de 27 000 migrants sont morts noyés en Méditerranée, selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations. Chaque année, des naufrages de masse ont lieu, au cours desquels plus de cent personnes disparaissent.
    Si les bilans les plus tragiques remontent à la période 2014-2016 – le pic des arrivées en Europe –, 2023 s’annonce comme une nouvelle année record en Méditerranée centrale. Plus de 55 000 migrants ont déjà été débarqués en Italie, contre 22 000 sur la même période en 2022. « Les Etats doivent reprendre leur responsabilité en matière de secours en mer », insiste M. Cochetel.
    Julia Pascual et Marina Rafenberg(Kalamata (Grèce),envoyée spéciale)

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  • Naufrage en Grèce : au moins 79 migrants morts, trois jours de deuil décrétés
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/14/en-grece-le-naufrage-d-une-embarcation-de-migrants-fait-au-moins-dix-sept-mo

    Naufrage en Grèce : au moins 79 migrants morts, trois jours de deuil décrétés. L’embarcation a chaviré à 87 kilomètres des côtes grecques, dans les eaux internationales. Les rescapés ont déclaré que près de 750 personnes étaient à bord, cent quatre d’entre elles ont été secourues jusqu’ici.
    Le Monde avec AFP
    Publié le 14 juin 2023 à 11h11, modifié le 14 juin 2023 à 22h52
    La Grèce va observer trois jours de deuil après le naufrage mercredi 14 juin d’un bateau de migrants en mer Ionienne, ont annoncé les services du premier ministre par intérim. Les garde-côtes ont déclaré avoir repêché soixante-dix-neuf corps, et sauvé une centaine de personnes, mais les rescapés ont déclaré que près de 750 personnes étaient à bord. Il s’agit du bilan le plus lourd en Grèce depuis le 3 juin 2016, quand au moins 320 personnes avaient péri ou disparu dans un naufrage. L’embarcation à bord de laquelle se trouveraient « des centaines » de migrants, selon une source au sein du ministère des migrations, a chaviré à 47 milles marins (87 kilomètres) des côtes grecques, dans les eaux internationales tandis que cent quatre personnes ont été secourues jusqu’ici. « Le navire faisait vingt-cinq à trente mètres de long. Le pont était bondé, et nous pensons que l’intérieur l’était aussi », a déclaré à la chaîne de télévision ERT le porte-parole des gardes-côtes, Nikolaos Alexiou. Un porte-parole du gouvernement, Ilias Siakantari, a ajouté : « Nous ne savons pas combien de personnes étaient à l’intérieur, mais nous savons qu’il est habituel pour les passeurs de les enfermer, afin de maintenir le contrôle à bord. » L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a aussi tweeté : « Nous craignons d’autres pertes en vies humaines. Des décomptes initiaux font état de 400 passagers ».
    Un avion C-130 de l’armée grecque va continuer de patrouiller les eaux dans lesquelles le bateau a coulé toute la nuit, selon le porte-parole. M. Siakantari a précisé que le moteur du navire était tombé en panne dans la nuit de mardi à mercredi et que le bateau avait coulé en une quinzaine de minutes, dans des eaux très profondes. Les garde-côtes grecs ont ajouté qu’au moment du naufrage de l’embarcation, aucune des personnes à bord n’était équipée de gilet de sauvetage. Selon M. Alexiou, la plupart des survivants étaient originaires de Syrie, du Pakistan ou d’Egypte. (...)
    Le bateau avait été repéré pour la première fois mardi après-midi par un avion de Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières, mais les migrants à bord « ont refusé toute aide », selon un précédent communiqué des autorités portuaires grecques. Outre les patrouilleurs de la police portuaire, une frégate de la marine de guerre grecque, un avion et un hélicoptère de l’armée de l’air ainsi que six bateaux qui naviguaient dans la zone participaient à cette opération de sauvetage. Selon les premières informations des autorités, le bateau des migrants avait appareillé de la Libye à destination de l’Italie. Aux frontières extérieures de l’Union européenne (UE) en Méditerranée, la Grèce est un passage plus habituel pour des migrants qui cherchent à rejoindre l’UE depuis la Turquie voisine.
    De nombreux naufrages souvent meurtriers ont lieu en mer Egée alors que la Grèce est régulièrement accusée par des organisations non gouvernementales et des médias produisant des vidéos de refouler des migrants, en quête d’asile dans l’Union européenne, hors de son territoire. Outre ce passage, ces personnes tentent également de passer directement en Italie en traversant la Méditerranée dans le sud du Péloponnèse ou au large de l’île de Crète. Depuis le début de l’année, 44 personnes sont mortes noyées en Méditerranée orientale, d’après l’OIM. L’an dernier, le nombre des personnes ayant ainsi péri s’est élevé à au moins 372.(...).

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