Nicole Garreau

Poétesse sans talent et dictateuse sans vergogne

  • marche le long des routes et dans les herbes hautes. Comme avant.

    Le soleil de floréal lui tanne la peau. Comme avant.

    Elle se repose en s’asseyant sur les murets de pierres pour « ouvrir les portes de la perception », regarder les lézards courir et le temps passer. Comme avant.

    Elle a sur la musicassette de son walkwoman du Janis Joplin, du Canned Heat et du Otis Redding. Les mêmes musiques qu’avant (sauf qu’à l’époque on ne disposait pas de ces astucieux petits appareils).

    Non, en fait les seules vraies différences c’est que maintenant elle n’est plus défoncée, qu’elle a un âge canonique, des rhumatismes, un déambulateur, plus aucune illusion, qu’elle est flanquée d’une vieille chienne efflanquée et que ses « tours du monde » ne dépassent plus guère les deux cents mètres.

    Sinon dans sa sénile caboche tout est pareil, elle n’a toujours pas mûri d’un iota.

  • est déçue : pas déçue-déçue mais quand même un tantinet déçue. Non parce que même si elle n’y connaît rien en cinématographe normalement elle aime vraiment bien les films de Dumont — elle pense notamment aux ébouriffants « P’tit Quinquin » et « Coincoin et les z-Inhumains » ainsi qu’au poétique « Ma Loute ». Il y a une vraie signature, ça foisonne, c’est inattendu, c’est décalé, ça ne ressemble à rien d’autre, les décors et la lumière du Pas-de-Calais sont fantastiques, ça s’intéresse à la gueusaille, les personnages ont des trognes pas possibles, on se contrefiche de la vraisemblance et on entre dans ces univers comme dans d’un peu malsains contes de fées (les mauvaises langues argueront que c’est un pléonasme).

    Mais là, devant son long-métrage « France » (1), ça fait pschitt, le cinéaste s’est comme... normalisé. Ce n’est pas affreux, hein, il y a encore des trucs mais ces moments sont plus fugaces, l’ensemble est plus lisse, plus « déjà vu ». Des personnages comme celui de cette journaliste parisienne mi-ripou mi-névrosée on les a déjà croisés dans une quantité astronomique de bouquins et de films, celui-ci n’apporte pas grand-chose au propos. Qui plus outre Dumont s’y fait démonstratif, ce qu’il avait réussi à éviter jusqu’alors, et puis franchement filmer la ville avec de vrai·e·s acteurices ne lui réussit pas : son cinéma est taillé pour les comédien·ne·s amateurices et trisomiques errant sur les rivages semi-désertiques de la Mer du Nord.

    Zyva, heureusement que la Garreau n’est pas critique cinématographique parce qu’elle a du mal à camoufler qu’elle n’a rien à dire.

    #LaitCailléDuCinéma.

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    (1) C’est le prénom de l’héroïne, hein, pas le nom d’une petite république fascisante qui ne se sent plus pisser.

  • a toujours une petite pensée émue pour les mioches ouïghour·e·s, bangladais·es ou éthiopien·ne·s qui fabriquent à la chaîne des fringues à destination des pays occidentaux. Non parce que les ceusses doivent hal-lu-ci-ner : iels mesurent 1,12 mètre et pèsent deux cents grammes vu qu’iels ne bouffent qu’un demi-bol de riz tous les six mois, et pour nipper des bourges surnourri·e·s on leur fait fabriquer des godasses pointure 72 et des petites culottes de la taille d’un parachute ! C’est tellement disproportionné par rapport à elleux que si ça se trouve iels ne peuvent même pas imaginer que ce qu’iels fabriquent sont des vêtements !

    Ah la la, iels devraient nous remercier de les ouvrir comme ça à la diversité du monde.

  • est évidemment plutôt d’accord avec Laélia Véron lorsque dans un balado d’Arte Radio celle-ci conspue l’adage qui voudrait « que ce soit la conscience du déterminisme qui nous permette de dépasser le déterminisme ». En effet cette formule constitue déjà un truisme de première bourre, mais nous pourrions aller plus loin en arguant que seule la conscience de quelque chose permette l’existence de cette chose — fun fact, nous serions même encouragé·e·s en ce sens par les apparentes Lois de la physique quantique. Après il faut apporter un bémol : le déterminisme n’est bien sûr pas l’essentialisme, il n’en est que l’application sociale et sociétale. Dans l’immense majorité des cas on naît gueuseux ou rupin·e et on le reste ; il arrive certes que l’on passe de rupin·e à gueuseux, l’inverse est rarissime et dépend davantage d’un coup de dés que d’une prédestination biologique ou de cet absurde concept de mérite, carottes qui font avancer les ânes·ses et permettent aux bourges de bomber le torse tout en se reposant sur leurs lauriers.

    Le plus triste c’est que pour une fois c’est peu ou prou la Bible qui a raison : « heureuseux les simples d’esprit qu’on a réussi à convaincre qu’iels sont à la place qui leur convient ».

    #MamieNicoleAEncoreFuméLaMoquette.

  • trouve que l’actualité nous rappelle douloureusement que lorsque nous allumions un téléviseur il y a une cinquantaine d’années de cela nous tombions sur « Des Chiffres et des Lettres » ou « Apostrophes » tandis qu’aujourd’hui c’est sur « Les Marseillais à Honolulu » ou « Hanouna ».

    Parallèlement à ça, à l’époque le Parti Communiste était communiste et faisait 20 %, aujourd’hui il est barbecuiste et fait 2 %.

    Alors bon, c’est un peu gros pour que ce soit une simple coïncidence.

    #MamieNicoleEstUneVieilleRéac.

  • rigole depuis dix minutes devant l’info : « Mardi, le président de la République bananière emmènera Xi Jinping dans les Hautes-Pyrénées là où il passait ses vacances chez sa grand-mère [...] »

    Lol ! Et là ils feront des cabanes dans les arbres et siroteront des Pom’Potes® en regardant le Club Dorothée ? Non mais sérieux, la politique internationale est d’une puérilité infinie.

    En tout cas un conseil au petit Emmanuel, hein : ne va pas te tromper de chaîne et lui montrer des dessins animés de Winnie l’Ourson, ton nouveau camarade de colo est très chatouilleux sur le sujet.

  • attendait à la caisse du temple commercial afin d’y payer son misérable morceau de tofu.

    Le type devant elle avait un chariot plein à ras bord : uniquement de la viande, des sodas, de l’alcool et des gâteaux industriels.

    Si l’État veut faire des économies, il devrait supprimer la Sécu aux gens qui s’alimentent comme ça.

  • finit sa vie dans de telles conditions d’insalubrité que si ça se trouve elle n’est plus qu’un gigantesque concentré d’anticorps et c’est ça qui l’empêche de claboter complètement.

    Décidément rien n’est parfait.

  • ne peut s’empêcher de penser que si Blast, Le Média, Médiapart, Backseat, Binge, Le Canard Réfractaire et toute la bande à Vanhoenacker avaient la bonne idée de s’allier, il y aurait tout de même matière et moyen de faire une station de radio qui fonctionnerait à plein temps, produirait H24 des programmes de qualité satisfaisante, ne raconterait pas (trop) de c****ries et serait à l’abri des vapeurs des macrono-lepenistes et autres lepeno-macronistes.

    Évidemment il faudrait laisser la ligne éditoriale et la programmation musicale à quelqu’une qui soit au-dessus de tout soupçon. Une dictateuse punkàchienne goudou nullipare stoïco-nihiliste kimilsungiste-kimjongiliste-kimjonguniste solipsiste cacochyme et valétudinaire, par exemple — il paraît qu’il y en a une qui sévit sur Facebook où elle bénéficie d’un petit succès de crainte et d’estime.

    Faut voir.

    #MamieMégalo.

  • n’ayant plus que dix à douze minutes « d’espérance » de vie la question devrait être de plus en plus vite répondue mais à chaque livre lu, chaque musique écoutée ou chaque film regardé elle se demande si par hasard ce ne sera pas le tout dernier ou la toute dernière de sa trop longue existence, s’il y aura un indice ou un pressentiment qui lui permettra de le savoir et surtout si considérer l’œuvre en question dira quelque chose de ce que fut son misérable et chaotique parcours à elle, si cela en sera une sorte de clef, d’explication ou de conclusion — bref, si pour son ultime soupir ça lui offrira enfin la possibilité de s’inscrire elle-même quelque part dans la narration du monde.

    Est-ce qu’elle le souhaite ? Euh... Non, en fait peut-être pas vraiment, mais elle se le demande.

    Disons qu’elle aimerait pouvoir imaginer que son dernier souffle justifiera les précédents.

  • constate que la touche « 8 » de son clavier d’ordinateur est en train de se faire la malle, et voilà qu’elle se surprend à fredonner : « Oh please, don’t let me down, miss Underscore ».

    Hein ? Si si : dé-so-pi-lan-te, on vous dit. Comment diantre n’a-t-elle jamais réussi à être heureuse en étant dotée d’une aussi joyeuse tournure d’esprit ?

  • vous arrête tout de suite : d’accord elle est peut-être super-hideuse selon les critères de Sapiens Sapiens, mais si ça se trouve aux yeux des Neandertalien·ne·s elle serait canon.

    Alors pouêt-pouêt camembert.

  • n’est pas « méchante », non, elle réfute le terme, mais elle espère malgré tout que cette succession à intervalles rapprochés de canicules, de déluges et d’ouragans va se poursuivre encore un peu parce que la semaine prochaine le patelin organise son annuelle « fête internationale de la randonnée pédestre » et ça la ferait trop marrer de voir les boomeuses et boomers en Pataugas® venu·e·s des quatre coins de la galaxie devoir rester bloqué·e·s durant quatre jours sur le parking de la la salle polyvalente, cloîtré·e·s dans leurs camping-cars ballottés par les vents.

    Comment iels disent, déjà, les jeunes ? Ah, voilà : « Cheh ! »

  • estime que dès le départ sa place aurait été dans un institut pour débiles légères, mais à son époque ces choses-là n’existaient pas : les idiots du village on leur balançait des cailloux, et leurs homologues féminines étaient en sus violentées et réduites en esclavage.

    C’est pour ça qu’elle avait laissé tout le monde croire qu’elle possédait un cerveau normalement développé. Toutefois avec la vieillesse la supercherie ne tient plus : elle a beau grimacer pour se donner une contenance, désormais la Garreau voit bel et bien une crétine dans son miroir.

  • se contrefiche qu’il fasse froid ou qu’il fasse chaud, que ce soit la saison des pluies ou la saison sèche ou même qu’il n’y ait pas un souffle de vent ou que ce soit la tempête, MAIS DÉCIDEZ-VOUS UNE BONNE FOIS POUR TOUTES, vains dieux ! Ne changez pas toutes les cinq secondes ! Là juste pour marcher dix mètres dans la cour elle a dû amener à la fois une tenue de plage, un passe-montagne, un éventail et un scaphandre « au cas-z-où » !

    Zyva, quand on en est à rédiger des dazibaos à caractère météorologique, c’est vraiment que ça sent le sapin.

  • est toujours étonnée de voir avec quelle déconcertante facilité on reconnaît des lieux que l’on ne connaît pas ; à titre personnel elle n’a par exemple qu’assez peu fréquenté le pourtour méditerranéen et pourtant en regardant une série Arte dans laquelle le drame s’y déroule (1) elle n’a aucun doute et se projette immédiatement sur place, comme si chaque élément du décor était un vieil ami, comme si elle-même avait quelque souvenir inscrit dans cette atmosphère et cette lumière particulières — celles d’un quart-monde écrasé de soleil, de torpeur, de solitudes amères et de non-dits.

    C’est finalement plutôt bath de n’avoir plus aucune personnalité, ça permet de se sentir chez soi dans des paysages où l’on n’a jamais vraiment mis les pieds.

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    (1) « Aurore », de Lætitia Masson.

  • les surkiffe, sur Inter : un jour on veut prendre des sanctions disciplinaires (!) contre Meurice qui fait son boulot, le lendemain et toute honte bue on se fend d’un long éditorial déplorant que la liberté de la presse soit menacée un peu partout à travers le monde — entendez « chez les autres », bien sûr, sur Radio France on est à l’abri de tout ça, d’ailleurs la preuve c’est qu’on le dit.

    Les ceusses devraient faire de la danse classique, hein, pour le grand écart iels sont déjà au point.

  • vous jure : dans les « jardins ouvriers » à la sortie du patelin les ceusses ont chacun trois mètres carrés maximum pour y planter leurs fraises ou leurs tomates, mais ils disposent tous d’un matériel agricole flambant neuf digne d’une estancia argentine : tracteur géant, remorque, motoculteur, système d’arrosage alambiqué et tutti quanti. Le Massey Ferguson® n’a pas le temps de faire deux tours de roues qu’il est déjà arrivé au bout du lopin mais ça ne fait rien, vas-y que je te vous le conduise en prenant des airs de Fangio et que je te vous le fasse bien vrombir pour montrer comme il est puissant. Et puis attention hein, chacun le sien ! Visiblement le Massey Ferguson® c’est comme une brosse à dents, ça ne se prête pas.

    Le plus drôle c’est que ces kékés doivent ensuite bassiner leur entourage avec leurs fruits et légumes élevés au gazole et prétendument bios, « Ah que coucou qu’est-ce qu’ils sont quand même bien meilleurs quand ils viennent du jardin ».

    Eux aussi, tiens, pour leur redonner le goût du travail artisanal il faudra les envoyer casser des cailloux en Sibérie.

    • Tout cet attirail est vendu sous le nom générique de « motoculture de plaisance » ... Tout un programme en fait. Ceci dit, pour débroussailler un terrain, pas besoin de motoculture ni du carburant qui va avec. Une simple faux suffit ou alors faucille et serpette bien aiguisées. Quant au marteau, je le réserverais bien à mes bruyants voisins qui vrombissent de ouf chaque fois qu’arrive le « ouiquenne ».

  • adoooooore la gentille pique lancée dans le dernier opus des « Portraits politiques » produits par les presque toujours excellent·e·s Ostpolitik et Modiie (1) :

    « Si vous êtes vieille/vieux et de gauche vous avez forcément entendu parler des montres Lip® ».

    Lol. Comme iels nous connaissent bien.

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    (1) Sur Blast et/ou YouTube.

  • n’a aucune certitude quant à cette photographie-ci, à vrai dire elle n’est même pas sûre qu’elle fasse partie de sa vie, mais si c’est le cas elle ne sait pas pourquoi elle traînerait dans la boîte à souvenirs avec les autres.

    C’est un cliché format 9x13 « à l’italienne » comme ça se faisait beaucoup à une époque ; l’image est d’assez piètre qualité, assez granuleuse, peu contrastée, les tons sont délavés. Il y a une trace de pliure verticale presque en son centre, comme si à un moment donné le tirage avait dû séjourner dans une poche ou un portefeuille.

    On y voit une plage dans ce que l’on devine être le petit matin. Le tiers droit de l’image dévoile les vestiges d’un feu de camp, on distingue çà et là des reliefs d’agapes et de libations. Un peu plus loin et plus à gauche des couvertures sont disposées sur le sable ; une forme humaine semble encore se dessiner enroulée dans l’une d’entre elles.

    La photographie pourrait avoir été prise non loin de cette toute petite station balnéaire de la Côte Atlantique où la « jeune » Garreau et quelques-un·e·s de ses congénères en déshérence avaient pris l’habitude d’aller squatter durant les années d’après-guerre — la seule, la vraie, celle de Floréal 176. Il est même possible que l’image date du lendemain d’une fameuse et ravageuse soirée LSD, celle qui avait vu la moitié de la bande en tenue d’Ève et d’Adam partir errer dans les rues du bourg afin d’y pourchasser un monstre imaginaire, le tout pour finalement se faire embarquer manu militari par les pompiers et les keufs (pas forcément dans cet ordre) et se retrouver à se faire laver l’estomac dans l’hôpital le plus proche.

    La Garreau n’avait pas fait partie des raflé·e·s — mais il y avait déjà Gai-Luron et Belle Lurette qu’elle n’en était plus à son coup d’essai avec le diéthyllysergamide, elle était peut-être la défoncée la plus « expérimentée » du groupuscule, elle « maîtrisait » et puis elle a toujours été une cérébrale et une contemplative, même après un buvard ou un buvard et demi elle ne ressentait pas le besoin d’extérioriser ses sensations. Si c’est bien cette soirée-là elle croit qu’elle était restée assise ou allongée dans le sable à écouter quelqu’un·e qui massacrait les Rolling Stones à la guitare, et à regarder la mer. Peut-être avait-elle eu une sorte de rapport sexuel avec une fille, un garçon ou autre chose mais elle ne pense pas que quiconque en eût été réellement capable. Les seuls flashs qui lui reviennent très nettement c’est que la Lune était triangulaire et que des ombres étranges se détachaient de l’Océan en ébullition. Ce n’était ni beau ni angoissant. C’était l’été, c’était comme ça.

    M’enfin on ne peut exclure qu’elle extrapole et qu’en fait cette photo n’a rien à voir avec sa vie.

    #AlbumDePhotographiesSansPhotographies, photographie numéro 724.

    • Oui, je suis embêtée, cher Lectorat. Normalement j’ai créé un album spécifique pour regrouper les dazibaos reprenant ce procédé narratif, mais l’interface facebookienne (sur laquelle ils furent publiés) y rend les textes difficilement lisibles — déjà sur un ordinateur, alors je n’imagine même pas pour celleux qui lisent sur leurs espèces de « téléphones » portatifs.

      Bref, pour les curieuses et les curieux qui ont de bons yeux les autres images constituant « l’album de photographies sans photographies » sont là :

      https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10211656469395626&type=3

  • a pris l’habitude de pleurer la mort des gens pendant qu’ils sont encore bien vivants, comme ça le jour où ils clabotent pour de bon il ne lui reste plus de larmes — seulement de l’hébétude.

    C’est astucieux, non ? Félicitez-la.

    Allez, RIP, Camarade. Sur le coup vous n’étiez pas forcément les meilleures amies du monde mais la mémoire arrange tout et rétrospectivement elle trouve que c’était cool, le Grand Soir avec toi.

    • (Pardon ? Oui, d’accord, en tant que dictateuse cruelle et sanguinaire je ne suis pas censée verser dans la sensiblerie mais je n’ai pas toujours été ce monstre de méchanceté, c’est le fruit d’un long travail.)

  • a remarqué que tous, rigoureusement tous les jeux pour lesquels elle a pu un jour ou l’autre développer une certaine appétence frôlant parfois l’addiction — échecs, go, Scrabble®, mots croisés ou même maintenant Candy Crush Saga® — reposent peu ou prou sur le même principe : un quadrillage de dimensions restreintes sur lequel il faut placer ou déplacer des éléments. Une sorte de contrainte pour l’esprit et pourtant l’incroyable liberté de penser que procurent les espaces circonscrits.

    Que faire de ce constat ? Rien, « gnothi seauton » — elle l’écrit ici seulement parce que SeenThis est son journal intime.

    Finalement, les petites cases, ça doit lui ressembler.

    (Addendum : Surtout les vides.)

  • n’en revient pas comme ça fait ringue, désormais, quand dans un film on voit des personnages la clope au bec. Dire qu’elle fut si longtemps fumeuse, elle aussi ! C’est rétrospectivement devenu une des plus grandes hontes de sa vie — qui pourtant n’en manque pas.

  • découvre seulement maintenant l’existence du « Philogelos », datant de la Grèce antique, vieux de vingt-trois ou vingt-quatre siècles et donc plus ancien recueil de blagounettes répertorié.

    Franchement vu le niveau consternant des histoires « humoristiques » que l’ouvrage contient il y a gros à parier qu’il fut rédigé par un quelconque Philippis Bouvardakis, au point que l’on s’attend même à y trouver des références à madame Bellepairedelos.

    #SapiensSapiensNÉvolueJamais.

  • a remarqué qu’elle ne rêve jamais qu’elle lit. C’est étrange, non ? La lecture aura quand même occupé une place non négligeable dans sa vie, or pas une seule fois ses songes nocturnes ne l’ont représentée un bouquin à la main. Elle rêve qu’elle marche, beaucoup, elle rêve de paysages, de grandes étendues désertiques, de marécages, de bestioles, elle rêve d’amours perdues ou de ses chères et chers disparu·e·s, elle rêve du Grand Soir, elle rêve de stations-services au bord de l’autoroute la nuit, elle rêve qu’elle est une forcenée barricadée dans la thébaïde, elle rêve de faire ce que le Manifeste surréaliste d’André Breton préconise de faire à la foule, aussi étonnant que cela puisse paraître elle rêve même parfois de regards qui se croisent et de mains qui se frôlent.

    Mais pas l’ombre d’un livre.

    Elle ne comprend pas.