• [Info-Palestine] - Le Mouvement des Non-Alignés dans l’ombre du Printemps arabe
    par M K Bhadrakumar August 27, 2012
    http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2012/08/27/nam-in-the-shadow-of-arab-spring

    traduction française :
    http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=12593

    Le Caire, pour sa part, est en train de faire la moitié du chemin pour répondre à la bonne volonté de l’Iran. Morsi a d’abord répété au sommet de l’OCI (Organisation de la conférence islamique) à Jeddah que l’Égypte aimerait travailler avec l’Arabie saoudite, l’Iran et la Turquie afin de trouver une solution à la crise syrienne. Le Caire en a maintenant étayé l’idée et se propose de la présenter au sommet des Non-Alignés. Téhéran a déjà fait savoir qu’il accueillait favorablement l’idée, tandis que l’Arabie saoudite et la Turquie ont quelque mal à donner leur réponse. La Turquie en particulier, qui défend l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie, même sans le mandat de l’ONU à l’instar de ce qui s’est fait au début des années quatre-vingt-dix pour l’Iraq de Saddam Hussein.

    Cela montre clairement que la Turquie œuvre pour une intervention occidentale et qu’elle ne sera pas intéressée par la proposition égyptienne, sauf à des fins tactiques. L’entrée (le retour) de l’Égypte au premier plan de la politique arabe/moyen-orientale ne sera pas très appréciée par la Turquie, laquelle a nourri le rêve néo-ottoman de la reconquête d’une position dominante dans le Moyen-Orient musulman (tout en étant le partenaire de confiance de l’Occident). De toute évidence, Morsi a brisé les espoirs du Premier ministre turc, Recep Erdogan, d’être la rock-star de la rue arabe.

    Le meilleur résultat du sommet des Non-Alignés serait de contribuer à mettre en échec tout projet US visant à déclencher une guerre contre l’Iran. En effet, l’Iran va utiliser le sommet pour rallier un soutien maximal à sa position sur la question nucléaire. Tout compte fait, il devient hautement problématique pour les États-Unis d’organiser une attaque contre l’Iran pendant cette période de trois ans où il va assurer la présidence du Mouvement des Non-Alignés. Le meilleur tour que cela pourrait prendre serait que le Président Barack Obama se satisfasse simplement de cette perspective.
    (...)
    A mon avis, quelque détail peu visible laisse entendre que Téhéran a l’intention d’être un président « responsable » du Mouvement des Non-Alignés, pilotant le navire sans théâtralisme ni controverses. Paradoxalement, la présidence du Mouvement des Non-Alignés impose des modérations à l’Iran, qu’on le veuille ou non. De même, l’Iran est pleinement conscient qu’une excellente occasion de montrer sa position dominante à la face du monde est à portée de sa main et qui ne doit pas être gaspillée. Ainsi, Téhéran a invité le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas au sommet des Non-Alignés, mais il a tenu à l’écart le Hamas. Non seulement cela, mais Téhéran a choisi de contredire l’impression qui avait été donnée par les officiels palestiniens de Gaza que c’était la décision de Mohammed Haniyeh de ne pas participer au sommet.