Lyco

Craignosse, les turlutosses !

  • Faut-il arrêter de lancer des missions d’exploration spatiale ?
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sciences-chrono/japet-la-lune-aux-deux-visages-6313523
    À la question de l’avenir des missions d’explorations spatiales Léa Bonnefoy Planétologue, chercheuse en post-doctorat au laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD) répond clairement, stop. (à 24:30’)
    « il faut replacer les observations astronomiques et la science en général dans un contexte sociétal et se poser la question de ce qu’on veut prioriser face à l’urgence climatique (...) les infrastructures spatiales (...) ont un impact carbone considérable. Moyenné par astronome ça revient à 40 tonnes équivalent CO2 par astronome (l’objectif de l’accord de Paris a été fixé à - de 2 tonnes/personne).
    En ce qui concerne la mission Cassini (291 000 tonnes de CO2, cela revient à 62 tonnes par article publié !
    Est-ce qu’on veut continuer à envoyer des mission spatiales ou est-ce qu’on veut que les efforts scientifiques se concentrent sur la compréhension des écosystèmes, résoudre les problématiques sociétales d’aujourd’hui ? »

  • Israel and the German Raison D’Etat | Daniel Marwecki
    https://www.rosalux.de/en/news/id/51786

    ... the early [années 1950 et 1960] support for the Jewish state was obviously part of a larger rehabilitation effort that was intended to facilitate Germany’s integration into the Western bloc. For this reason, the early West German policy towards Israel does not lend itself to the self-congratulatory moral tales that Germans like to tell about their relationship with Israel today.

    At the beginning of 1966, West German public broadcaster ZDF aired an interview by Günter Gaus with Konrad Adenauer, who shaped the West German government more than almost any other person during his 14-year chancellorship. Asked about his reparations policy, Adenauer said:

    We had done the Jews so much wrong — the atrocities we committed against them had to be atoned for somehow or rectified if we were to regain any respectability at all among the peoples of the world … Even today, the power of the Jews, especially in America, should not be underestimated.

    This connection between the idea of rehabilitating Germany and the anti-Semitic prejudice of Jewish influence, tellingly appended with the phrase “even today”, was certainly not the only reason why the early Federal Republic turned to Israel, but it was the dominant one.

    #histoire #rfa #israelallemagne #antisémitisme

    • The #rehabilitation thesis is logically derived from the historical situation of the post-war period: as has now been extensively documented in research, the denazification of West Germany was discontinued with the founding of the Federal Republic. A close relationship with the newly founded Jewish state was the cheapest possible way of signalling a reformed democracy when no such thing yet existed.

      It is crucial to bear in mind that at the time, hardly anything was further from the minds of Israel’s population than establishing relations with Germany. In fact, the prospect of negotiating #reparations with West Germany plunged the nascent state into its most severe crisis. This also demonstrates just how precarious Israel’s predicament was at the time. In other words: the price Israel had to pay to secure its existence was the absolution of (West) Germany.

      After Germany and Israel exchanged ambassadors in 1965, West Germany was determined to “normalize” relations with Israel, with the latter insisting that Germany’s immediate past meant that it had special obligations towards Israel. Just how “normal” Germany had become, however, was ironically demonstrated by the figure of Rolf Pauls, the first West German ambassador to Israel, who was emblematic of German rehabilitation policy. Pauls, a former Wehrmacht officer on the Eastern Front, spoke of “world Jewry” and accused the Israelis of expecting benefits without giving anything in return, but also felt that Israel had to be accommodated to some extent, because otherwise, “from Jerusalem to London to New York, the Jews would let the dogs loose”.

      Anyone today who finds themselves in disbelief about the histrionic and toxic nature of the debate on Israel in Germany would do well to recall the origins of Germany’s policy towards Israel. Relations have always been shaped by Germany’s past, albeit in a different way than some people imagine today.

  • Kate Brown : « Nous n’avons tiré aucune leçon de Tchernobyl » | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/entretien/2021/04/09/kate-brown-nous-navons-tire-aucune-lecon-de-tchernobyl/?loggedin=true

    Le 26 avril 1986 survenait la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, le 11 mars 2011 celle de Fukushima… C’est d’une certaine manière ce double anniversaire des 35 et 10 ans qui invite ces jours-ci à se poser la question : qu’a-t-on appris de ces événements ? Peu de choses, à en croire Kate Brown, professeure de « Sciences, Technologies, et Société » au MIT. Pour cette spécialiste de l’histoire environnementale, l’ampleur de ces catastrophes continue d’être sous-estimée, et notamment les effets des faibles doses d’irradiation. Avec Tchernobyl par la preuve, elle livre les résultats de dix années d’enquête.

    Dans sa version originale, le nouvel ouvrage de Kate Brown, Tchernobyl par la preuve : vivre avec le désastre et après (paru en mars aux éditions Actes Sud), s’intitule Manual for Survival : A Chernobyl Guide to the Future (W. W. Norton & Company, 2019), un manuel et un guide donc pour survivre dans un monde marqué par la catastrophe nucléaire. C’est l’apport essentiel de Kate Brown, professeure au MIT, connue pour son travail en histoire environnementale comparée, et pour ses études des réactions de différentes communautés humaines aux effets transformateurs de l’industrie et des technologies : montrer que nous subissons tous sur la planète l’effet des retombées radioactives de plus d’un demi-siècle de choix nucléaires. Après dix ans d’enquête sur le terrain, entre l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie, dans plus de 25 fonds d’archives, cette russophone a pu montrer que, contrairement à ce que le pouvoir soviétique mais aussi les instances internationales comme l’ONU ont cherché à faire croire, les conséquences de l’accident du 26 avril 1986 ne sont absolument pas circonscrites à la « zone d’exclusion » qui entoure l’ancienne centrale nucléaire. Or, le débat fait rage sur l’effet à long terme d’une exposition dite à des « faibles doses » de radioactivité. Cela touche en effet au sujet sensible de la dangerosité des choix politiques qui ont été faits en matière civile comme militaire, de l’énergie aux essais nucléaires, dont Kate Brown remet en cause la sacro-sainte distinction. RB
    De quoi Tchernobyl est-il le symptôme ? Pourquoi est-il si important d’y revenir, 35 ans après la catastrophe ?
    Le désastre de Tchernobyl est important car c’est un indicateur à l’échelle mondiale, en tant que pire accident nucléaire que l’humanité ait connu, au cours duquel X personnes sont mortes. Ce nombre X a été instrumentalisé, politisé jusqu’à devenir un argument à la fois des partisans et des détracteurs de l’énergie nucléaire. Si vous partez sur la base des 33 à 54 victimes et les 2 006 décès à long terme avancés par l’ONU [1], vous pouvez en conclure que, comme plus de gens meurent dans les mines de charbon ou en installant des panneaux solaires sur les toits, l’énergie nucléaire est tout ce qu’il y a de plus sûre, et que nous pouvons accepter les risques qui l’accompagnent. À l’inverse, lorsque d’autres avancent le chiffre de 93 000 à 200 000 morts – ce sont les projections de Greenpeace –, alors les risques sont inacceptables et l’énergie nucléaire devrait être abandonnée progressivement. Tchernobyl est donc une sorte de point d’appui, bien plus par exemple que Three Mile Island, la centrale située en Pennsylvanie (États-Unis) où un accident nucléaire est survenu en 1979. Cet événement plus petit et beaucoup plus limité dans son ampleur, qui n’a pas fait de victimes humaines directes, a pourtant conduit les États-Unis à cesser toute construction de centrales nucléaires. Même Fukushima, plus récent, ne tient pas ce rôle emblématique bien que les rejets nucléaires pourraient s’avérer aussi importants que ceux de Tchernobyl. Le bilan de cette catastrophe est toujours en cours, car les fuites de la centrale japonaise continuent à ce jour.
    Vous avez pu consulter des archives qui n’avaient jusque-là jamais été exploitées. À quel type de matériel avez-vous pu avoir accès et qu’avez-vous trouvé ?
    Pour vous répondre, il faut revenir un peu en arrière. Je me suis lancé dans ce projet alors que j’écrivais un livre intitulé Plutopia, qui traite de l’histoire comparée des deux premières villes du monde à produire du plutonium : la ville américaine de Hanford, dans l’État de Washington, et la ville soviétique de Mayak (ou Plant Mayak) en Sibérie [2]. En travaillant sur ce livre, je ne m’intéressais pas à la santé ou aux effets des radiations, mais à la sécurité nucléaire. Cependant, les agriculteurs vivant en aval de ces deux lieux ne cessaient de me parler de leurs problèmes de santé. Ceux-ci étaient minimisés par les scientifiques, qui se moquaient des agriculteurs, en les accusant d’être stupides et « radiophobes », d’exagérer en attribuant tous leurs problèmes de santé aux radiations.
    Après avoir terminé Plutopia, je me suis dit que cette histoire devait être racontée et que Tchernobyl pourrait être un bon point de départ pour enquêter de par l’ampleur de cet accident, avec un rejet de radiations de l’ordre de 50 à 200 millions de curies, et d’autre part parce que le site était public, dirigé par une puissance civile. J’espérais donc trouver plus d’informations que si cela avait été un site militaire. Je me suis d’abord rendu aux archives de Kiev, en Ukraine, et j’ai demandé les dossiers du ministère de la Santé sur Tchernobyl. L’archiviste m’a d’abord répondu que je ne trouverais rien car le sujet avait été occulté par l’Union soviétique. J’ai insisté et il se trouve que nous avons exhumé une énorme collection de documents étiquetés en ukrainien : « Les conséquences médicales de la catastrophe de Tchernobyl ». J’ai commencé à lire ces gros volumes reliés et j’ai rapidement réalisé qu’il s’agissait d’une véritable mine d’or. En fait, l’archiviste n’avait pas essayé de me mentir. C’est juste que personne n’avait jamais demandé ces documents auparavant… le personnel des archives ne savait donc même pas qu’ils existaient.
    Mais en supposant qu’ils n’existaient pas ou en supposant que l’on ne trouverait rien parce que c’était la période soviétique ?
    Peut-être que les gens ont cru les archivistes sur parole, peut-être que la question n’était pas intéressante à l’époque, parce que tout le monde était satisfait des rapports de l’ONU qui sont sortis dans les années 2000 et qui minimisaient les conséquences médicales de l’accident… Je ne sais pas pourquoi. Lorsque j’ai examiné ces rapports à Kiev, j’ai vu qu’ils étaient très étroitement axés non seulement sur les personnes qui recevaient des rayons gamma dans l’environnement ambiant, mais aussi sur les personnes qui mangeaient et buvaient cette radioactivité dans leurs aliments et leurs sources d’eau. C’est pourquoi je me suis dirigée vers les documents du ministère de l’Agriculture. Ce qui est pratique avec les gouvernements communistes, c’est que tout est centralisé : toutes les entreprises qui produisent de la nourriture sont enregistrées auprès du ministère de l’Agriculture, car elles appartiennent toutes à l’État. Là-bas, j’ai trouvé des tonnes de preuves qui montraient que les aliments radioactifs se retrouvaient tout au long de la chaîne alimentaire. J’ai tout de suite pensé que j’avais intérêt à ne pas me tromper si je voulais dévoiler cela, contre le récit communément admis. Après avoir travaillé sur les sources nationales, je suis donc descendue à l’échelle de l’oblast (communauté territoriale) de Kiev, dans lequel se situe le site de Tchernobyl et, de là, aux archives locales, celles des raïons (districts). Je suis ensuite partie en Biélorussie puis en Russie poursuivre mes recherches dans les archives fédérales soviétiques.
    Au final, j’ai travaillé dans vingt-sept départements des archives. Je l’ai fait parce que je savais que, lorsque je publierai un livre sur ce sujet dans des pays partisans du nucléaire, comme la France, de nombreuses personnes haut placées et très diplômées viendraient remettre en question mon travail. J’ai donc croisé les données provenant des hôpitaux locaux et j’ai suivi la trace des rapports au fur et à mesure qu’ils remontaient la chaîne de commandement. Je me suis rendu compte que les médecins locaux ne savaient pas qu’ils vivaient dans un territoire radioactif – et ils ne le sauraient pas avant 1989, à la publication des rapports dans le cadre de la glasnost, la politique de transparence initiée par Mikhaïl Gorbatchev. Jusque-là, les responsables leur avaient assuré qu’ils avaient contenu les radiations à l’intérieur de la zone de Tchernobyl – ils avaient mis une clôture autour de la zone et c’était tout. La vie continuait. Cependant, parce que les données de santé locales avaient été dûment enregistrées – toujours dans le cadre de la politique communiste –, ces médecins ont pu les consulter et en faire une sorte d’épidémiologie de tous les jours. C’est à ce moment-là qu’ils ont découvert des taux croissants de maladies dans cinq catégories principales concernant la fertilité des femmes et la néonatalité : plus d’enfants présentant des malformations congénitales ; plus de fausses couches ; une mortalité infantile très élevée durant les deux premières semaines de vie ; des problèmes du système immunitaire, des troubles de l’appareil digestif, de l’appareil respiratoire, du système endocrinien ou de la circulation sanguine.
    Il y avait donc une conscience locale de la gravité des conséquences sanitaires malgré les discours officiels ?
    Les responsables locaux, inquiets, commençaient à voir grimper la fréquence des maladies que je viens de citer, et ne sachant pas ce qui se passait, ils ont rédigé des rapports en 1988. Lorsque ceux-ci ont été transmis à l’échelon supérieur, le chef de l’oblast a eu des décisions difficiles à prendre, car les résidents de l’URSS étaient soumis à la propagande selon laquelle leur nation était de plus en plus heureuse et en meilleure santé chaque jour, chaque année. La communication de mauvaises nouvelles étant fortement déconseillée, les responsables de la santé publique ont décidé de « faire le ménage », c’est-à-dire d’enjoliver les résultats des dossiers avant de les remettre à l’échelon supérieur. Même chose au niveau gouvernemental : les fonctionnaires du ministère de la Santé de l’Ukraine ont fait en sorte que les dossiers soient modérés avant de les envoyer à Moscou. Certaines personnes ont toutefois commencé à s’inquiéter et à soulever des questions : il s’agissait de contrôleurs des radiations, d’inspecteurs de la santé publique au niveau local, de personnes chargées de surveiller l’eau potable et les réservoirs etc. La trace de ces controverses se retrouvent dans les archives, certaines personnes affirmant que tout allait bien, d’autres disant qu’elles commençaient à s’inquiéter. J’ai donné plus de poids à ces dernières parce qu’il était politiquement déconseillé de tirer l’alarme. Les preuves sont à nouveau dans les archives des raïons : ces personnes, ces lanceurs d’alerte, étaient réprimandées au travail, certaines étaient rétrogradées, d’autres licenciées après s’être plaintes, et d’autres encore étaient éliminées sur ordre de Moscou.
    Tout s’est précipité en 1989 lorsque les cartes de radiation ont été publiées. Les médecins ont soudain réalisé que, depuis trois ans, ils vivaient dans une terre tout aussi contaminée que celle située juste à côté de la centrale de Tchernobyl, et que, à cette lumière, leurs données de santé n’étaient absolument pas étonnantes. C’est là que le chaos s’est installé. Les ministères de la Santé de Biélorussie puis d’Ukraine ont déclaré officiellement l’existence d’une catastrophe de santé publique. Ils ont entrepris deux choses : premièrement, il a fallu déplacer deux cent mille personnes supplémentaires – c’est-à-dire en plus des cent vingt mille personnes déplacées juste après l’accident – des zones hautement contaminées qui l’étaient tout autant que celle de Tchernobyl. Deuxièmement, ils ont planifié une étude sanitaire à long terme similaire à celles réalisées à Hiroshima et à Nagasaki sur les survivants des bombardements, mais en tenant compte du fait que les habitants n’avaient pas seulement été exposés à une large et courte dose de rayons (comme dans le cas des bombes atomiques), mais aussi à des doses chroniques de radiation sur une longue période.
    Votre livre est très précis et honnête, ce qui vous amène à reconnaître qu’il est parfois difficile de relier ces maladies à la radioactivité lorsqu’il s’agit de faibles doses. C’est, comme le montre Naomi Oreske dans Les Marchands de doute, la difficulté lorsqu’on travaille sur un sujet où s’opposent deux régimes de preuves scientifiques [3]. Qu’est-ce qui vous fait croire qu’une petite quantité de radioactivité est plus dangereuse qu’on ne le pense ?
    Parce que ceux qui prétendent le contraire négligent le fait que les expositions puissent être éloignées du point de contamination dans le temps et dans l’espace. Il faut tenir compte de la météo qu’il faisait à l’époque, de la nature et des lieux des cultures alimentaires et du déplacement de ces aliments d’un lieu à l’autre par les humains. Dans les endroits qu’ils savaient hautement radioactifs, les fonctionnaires payaient les agriculteurs pour qu’ils ne produisent pas de nourriture et qu’ils achètent des aliments « propres » dans les magasins. Mais ces fermiers ont pris l’argent, et sont allés vendre leur propre production sur les marchés un peu plus loin ! La nourriture contaminée était donc consommée par les acheteurs dans un autre lieu. Voilà les effets de la dislocation dans l’espace et la dislocation dans le temps : les gens mangent des aliments contaminés et mettent du temps à développer une maladie – il faut entre 12 et 25 ans pour qu’un cancer apparaisse – sans compter les effets aléatoires. Les malformations congénitales peuvent survenir ou non avec le même degré d’exposition, cela dépend de facteurs individuels. Mais je suis convaincue qu’il y a suffisamment de preuves dans ces archives pour qu’une véritable étude épidémiologique puisse être réalisée, au-delà de ma seule évaluation. L’analyse de ces documents serait très précieuse, car aujourd’hui nous n’avons toujours que peu d’informations sur les conséquences du nucléaire.
    Cinq années se sont écoulées après le bombardement de Hiroshima avant que les études de la Commission des victimes de la bombe atomique ne commencent. Jusqu’à la catastrophe de Tchernobyl, il n’existait donc pas de dossiers sur les suites d’un événement nucléaire aussi important durant les cinq années qui l’ont suivi. Mais ici, les Soviétiques ont constitué une base de données sur les aliments contaminés, sur l’effet des radiations sur le corps humain et sur les problèmes de santé à long terme. Toutes ces informations sont là pour être corrélées – et c’est ce que j’ai fait avec le concours de mes deux assistants de recherche. Nous avons constaté une augmentation de la fréquence des maladies. Prenons l’exemple des enfants : en 1986, 80 % des enfants d’un raïon étaient considérés comme sains, tandis que 10 à 20 % souffraient d’une ou de plusieurs maladies chroniques. En 1989, les chiffres s’inversent : 80 % ont une maladie chronique et seulement 10 à 20 % sont considérés comme sains. Les enfants, en effet, sont plus vulnérables aux radiations. Leur corps est en pleine croissance et leurs cellules se reproduisent rapidement.
    Diriez-vous que c’est une erreur de considérer Tchernobyl comme une catastrophe uniquement soviétique ? Vous montrez dans votre livre l’implication de l’ONU et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Comment ces organisations internationales et les puissances nucléaires ont-elles été impliquées dans les suites de la catastrophe ?
    En 1989, alors que les responsables soviétiques publiaient les premières cartes de radiation, les populations locales ont fait le rapprochement avec les problèmes de santé allant croissant. Elles sont descendues dans la rue et ont commencé à protester en Union soviétique. Le gouvernement soviétique a compris qu’il avait besoin d’aide et s’est tourné vers les agences de l’ONU pour obtenir la confirmation de leurs déclarations, selon lesquelles tout allait bien. Ils ont demandé à l’OMS de procéder à une évaluation indépendante avec des experts étrangers. Des mots magiques : les experts étrangers seraient objectifs. L’OMS a envoyé trois hommes, dont le Français Pierre Pellerin [4]. Ces trois physiciens, ayant tous des liens avec l’industrie nucléaire, ont voyagé sur les territoires de Tchernobyl pendant dix jours durant lesquels ils ont parlé à des citadins et des villageois et se sont entretenus avec des médecins biélorusses. Au terme de ces dix jours, ils ont publié une déclaration dans laquelle ils ont proclamé n’avoir constaté aucun problème local de santé. Ils ne voyaient aucune raison de s’inquiéter. Ils ont déclaré que le seuil de dose de rayonnement à vie que les Soviétiques avaient établi pouvait être facilement doublé ou triplé, et que les scientifiques biélorusses devaient être réprimandés pour leur incompétence.
    Mais personne ne les a crus. Même les responsables soviétiques étaient mécontents – comment ces hommes pouvaient-ils conclure quoi que ce soit après seulement dix jours de discussion avec les villageois ? L’URSS s’est alors tournée vers l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour demander la même chose : une évaluation indépendante avec des experts étrangers. L’AIEA a accepté sans hésiter, mais elle a prévenu qu’elle était un lobby atomique dont le travail consiste, en somme, à promouvoir les utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire dans le monde. Il a donc été décidé de créer une organisation factice appelée le Projet international sur Tchernobyl sous la direction d’Abel González, mais en réalité dirigée par l’AIEA. Ils ont également fait appel à du personnel d’autres programmes inter-agences, notamment des fonctionnaires de l’OMS, pour siéger au conseil d’administration. González et les scientifiques qu’il a nommés ont mis 18 mois avant de rendre leurs conclusions. Le programme a annoncé parfois avoir envoyé 100 scientifiques, parfois 200. Ce qui s’est réellement passé, c’est que toute la communauté scientifique était alors très curieuse de la situation à Tchernobyl, et des scientifiques étrangers de toutes disciplines étaient très enthousiastes à l’idée de partir en voyage d’étude là-bas. Chaque groupe partait deux semaines et revenait deux semaines plus tard, et puis d’autres personnes y allaient pour deux autres semaines. Les Soviétiques l’ont remarqué : à chaque fois, un groupe de personnes différent posait les mêmes questions que le précédent. Au bout de 18 mois, l’AIEA a déclaré que, bien qu’elle ait observé de nombreux problèmes de santé dans ces régions, elle ne pouvait pas affirmer que ceux-ci puissent être clairement reliés aux contaminants de Tchernobyl car, par rapport aux données de Hiroshima, les doses étaient trop faibles. L’agence en a déduit que les gens souffraient simplement de problèmes psychologiques dus au stress car ils s’inquiétaient constamment des radiations – alors qu’il n’y avait selon elle pas de raison le faire. En ce qui concerne le cancer de la thyroïde chez les enfants, les experts ont affirmé qu’il s’agissait de rumeurs, qui se sont avérées être de nature anecdotique.
    Comment comprendre de telles conclusions ?
    Ce qui s’était réellement passé en coulisses, c’est que quelques médecins ukrainiens avaient remis à Fred Mettler, le chef de la délégation, 20 biopsies d’enfants qui avaient eu un cancer de la thyroïde. Avant la catastrophe nucléaire, la proportion d’enfants atteints d’un cancer de la thyroïde était d’un sur un million. Tout d’un coup, une région comptant environ 200 000 enfants a vu 20 cas se développer – un pour 10 000, ce qui est le niveau d’une épidémie. Mettler a été témoin de cela mais il n’y a pas cru, c’était impossible compte tenu de ce qu’on savait. C’était trop, et trop tôt. Le groupe a emmené les échantillons au Nouveau-Mexique pour les analyser dans leur laboratoire. Même chose en Biélorussie : environ 30 enfants avaient un cancer de la thyroïde avant Tchernobyl ; en 1990, on décompte 100 cas à Minsk. C’était donc bien plus que des « rumeurs anecdotiques ». L’AIEA a refusé toute reconnaissance des effets de Tchernobyl sur la santé jusqu’en 1996, date à laquelle elle a été forcée d’admettre l’existence d’une épidémie. À cette époque, 4000 cas de cancer de la thyroïde pédiatriques avaient été découverts. Aujourd’hui, on en décompte environ 18 000. Ce cancer de l’enfant – dont la littérature médicale garantissait sa facilité de traitement – a été le seul effet sur la santé reconnu par les agences de l’ONU. Je ne sais pas si vous connaissez des enfants qui ont eu un cancer de la thyroïde. Ce n’est pas une belle chose à voir. Alors pourquoi l’ONU a-t-elle réagi ainsi ?
    Tout d’abord, l’AIEA, dont la mission est de promouvoir le nucléaire, craignait pour l’avenir de cette énergie. Tchernobyl était devenu un sujet qui effrayait le monde entier. Le ministère américain de l’énergie, qui gère les affaires nucléaires, a organisé une conférence de spécialistes en radioprotection à Washington, D.C., un an après Tchernobyl, en 1987. Au cours de celle-ci, un fonctionnaire du ministère a déclaré à ces scientifiques que la plus grande menace pour l’énergie nucléaire et son avenir n’était pas un autre accident comme Tchernobyl ou Three Mile Island, mais les poursuites judiciaires qui pourraient en découler. Ce qui se passait à l’époque, alors que la Guerre Froide touchait à sa fin, était que les archives étaient en train d’être déclassifiées et que des gens dans le monde entier apprenaient qu’ils avaient été exposés à des radiations lors de la production ou des essais d’armes nucléaires. Les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni – les grandes puissances de l’ONU, qui sont également les grandes puissances nucléaires mondiales – se sont soudainement retrouvées confrontées à l’éventualité de devoir payer des milliards de dollars en dommages et intérêts pour avoir exposé des millions de personnes à leurs expérimentations atomiques. Ainsi, si l’on pouvait prétendre que Tchernobyl, le pire accident nucléaire de l’histoire de l’humanité, n’avait fait que 33 morts, c’était une façon de tuer dans l’œuf ces poursuites. C’est exactement ce qui s’est passé. Je pense que c’est pour cela que Tchernobyl est un scandale bien plus grand que qu’on ne le dit. Ce n’était pas seulement une opération d’occultation soviétique, mais bien une initiative internationale. Et c’est pourquoi c’est si important pour nous aujourd’hui de nous pencher encore sur cette catastrophe.
    Ce qui est en jeu, c’est donc autant l’événement, la catastrophe de Tchernobyl après la fusion du cœur du réacteur 4, que le récit qui en est fait ?
    Oui, un accident, c’est une narration, un récit qui a un début, un milieu et une fin. En voyageant dans la zone de Tchernobyl, j’ai découvert que les environs de la centrale présentaient déjà un taux élevé de radioactivité 10 ans avant même le début des travaux de construction. Mon hypothèse, c’est qu’elle provenait d’essais nucléaires – soit les Soviétiques ont testé de petites armes atomiques dans les marais, soit il s’agissait des retombées des activités nucléaires mondiales qui ont saturé l’environnement avant Tchernobyl. J’ai aussi constaté que les grands incendies de forêt de 2017 ont réactivé la radioactivité qui était jusqu’alors enfouie dans la litière de feuilles qui recouvre le sol, donnant ainsi naissance à un nouvel événement nucléaire. Ce que les Soviétiques ont essayé de faire, puis ce que les agences des Nations unies ont essayé de faire, c’était de clore définitivement le chapitre de Tchernobyl, et de faire comme si le vrai problème était de penser la prochaine catastrophe. Mais je pense qu’il est bien plus pertinent de considérer ces événements nucléaires comme des moment d’accélération sur une frise chronologique des expositions aux radiations, qui a commencé avec Trinity, le premier essai d’arme nucléaire par les États-Unis en juillet 1945, et qui se poursuit jusqu’à ce jour.
    Vous dites que la zone d’exclusion autour de Tchernobyl est le meilleur endroit pour étudier les limites de la résistance humaine à l’Anthropocène. Qu’entendez-vous par là ?
    J’ai choisi de nommer ce livre en anglais Manual for Survival : A Chernobyl Guide to the Future : c’est un manuel de survie pour deux raisons. Tout d’abord, en référence aux archives soviétiques dans lesquelles se trouvent toutes sortes de manuels d’instructions pour gérer une situation très nouvelle dans l’histoire de l’humanité, à savoir : comment vivre dans un environnement radioactif ? Il existe un manuel pour les conditionneurs de viande (comment traiter la viande radioactive), un manuel pour les travailleurs de la laine, un manuel pour les agriculteurs, pour les transformateurs de produits alimentaires etc. L’autre raison est que, lorsque je réfléchissais à notre avenir dans l’Anthropocène, je me suis demandé : comment pouvons-nous parvenir à penser la survie aujourd’hui ? Comment acquérir les compétences nécessaires pour survivre dans un monde hautement contaminé ? J’ai remarqué que cette région située entre la Biélorussie et l’Ukraine a été l’épicentre de la plupart des grands conflits du XXe siècle. La guerre des tranchées s’est déroulée ici même pendant la première guerre mondiale – on peut encore trouver des crânes et des médailles des soldats et des fils barbelés enfouis dans la terre. Des guerres civiles ont été menées dans ces territoires – la guerre civile russe et la guerre soviétique polonaise. C’est la région où l’Holocauste a commencé, avant que les Allemands n’aient développé les processus industriels employés à Auschwitz, où les nazis ont exterminé toute la population juive lors de la « Shoah par balles ». Le massacre de Babi Yar et le camp de concentration de Syrets ne sont pas très loin de l’emplacement de la centrale.
    Les Soviétiques ont ainsi décidé de faire de cette région meurtrie un symbole du progrès en implantant sur le site ce genre de programmes de développement d’après-guerre que nous connaissons si bien partout dans le monde. Ils ont asséché de grandes parties du marécage à des fins d’agriculture, où beaucoup de pesticides et d’engrais artificiels ont été utilisés. Une autre partie du marais asséché a été consacrée à la centrale de Tchernobyl – une technologie fantastique qui devait envoyer toutes sortes d’énergies électriques à des communautés qui n’en avaient pas encore ! Ce site a été un lieu de destruction et de guerre, mais aussi un lieu de désir et d’efforts, une sorte de refoulement de la destruction passée grâce aux progrès qui rendront le monde meilleur grâce à ces grands projets de développement modernistes.
    Et c’est là que nous en arrivons à cette question de l’Anthropocène, parce que se pose aujourd’hui la question de la place de la technologie nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. C’est une énergie produite sans émission de CO2 qui peut apparaitre comme une solution, ou en tout cas une partie de la solution. Que répondez-vous à ceux qui considèrent le nucléaire comme la technologie la plus sûre pour lutter contre le réchauffement climatique ?
    Le réchauffement climatique est un aspect très important de l’Anthropocène, mais ce n’est qu’un élément parmi d’autres. Nous devons examiner l’ensemble des moyens qui nous permettent de maintenir un environnement sain. L’énergie nucléaire pourrait être une technologie formidable si nous savions quoi faire des déchets et si nous décidions, en tant que société humaine, d’abandonner les territoires après les accidents – et de ne pas continuer de telle façon que certaines personnes soient exposées et sacrifiées, tandis que d’autres vivent de cette énergie. De plus, je reste perplexe quant à son efficacité économique. Les réacteurs nucléaires sont très chers, et cette énergie est beaucoup plus chère que celle fournie par les éoliennes ou les panneaux solaires. Par ailleurs, nous devons disposer de sources d’énergie propres et sans carbone tout de suite. Aujourd’hui, la mise en place d’une centrale nucléaire aux États-Unis se prévoit sur 20 ans – en réalité, cela prend beaucoup plus de temps. En comparaison, vous pouvez installer des panneaux solaires sur le toit d’un bâtiment en une seule journée. Enfin, il existe aujourd’hui environ 400 réacteurs dans le monde. Si nous devions privilégier uniquement l’énergie nucléaire, il nous faudrait passer à un total de plus ou moins 2000. C’est loin d’être le cas. C’est pourquoi, en termes de temps, d’argent et d’énergie produite, se concentrer sur l’énergie nucléaire serait à mon avis faire fausse route.
    Ce « manuel », cela signifie-t-il aussi que nous ne sommes pas prêts pour la prochaine catastrophe ? 10 ans après Fukushima, il semble que le même schéma de déni et de non-dit se répète…
    Oui, je pense que c’est ce que Fukushima nous montre : nous n’avons tiré aucune leçon de Tchernobyl. Avant Fukushima, les ingénieurs et les météorologues avaient averti que le prochain tsunami d’importance serait plus grand que le mur qui avait été construit devant la centrale de Fukushima. TEPCO, l’entreprise gestionnaire de la centrale, a balayé ces conseils du revers de la main, et après la catastrophe la multinationale a mis deux mois pour admettre que trois réacteurs avaient fondu, pas trois jours, deux mois ! Exactement comme les Soviétiques, ils ont multiplié par 20 la dose minimale d’exposition aux radiations acceptable pour les civils, étant dans l’incapacité d’appliquer les réglementations sanitaires après la catastrophe. Ils ont testé les aliments et déclaré qu’ils pouvaient être consommés. Lorsque des cas de cancers de la thyroïde sont apparus chez les enfants, le gouvernement japonais a annoncé qu’il allait cesser de tester et de surveiller la thyroïde des enfants. Le même schéma se reproduit. L’argument facile, longtemps mobilisé, qui renvoyait Tchernobyl aux spécificités de la situation soviétique, au socialisme, ou même à la paresse supposée des slaves, tout cela ne tenait pas vraiment debout mais s’est définitivement écroulé quand le Japon, une démocratie qui étaient censé être si compétente sur le plan technique, a subi et géré un accident nucléaire de cette façon.
    C’est pourquoi vous dites que l’énergie nucléaire a quelque chose de fondamentalement politique ?
    Mon livre se termine par le sujet des essais nucléaires, car je ne pense pas que l’énergie nucléaire civile puisse être dissociée de l’histoire de la fabrication des armes nucléaires. La seule raison pour laquelle les Américains se sont d’abord intéressés à la promotion de l’énergie nucléaire, c’est parce qu’ils étaient accusés par les Soviétiques, pendant la guerre froide, de détenir l’atome, d’être la seule puissance à avoir lancé des armes nucléaires sur un autre pays. Le programme « Des Atomes pour la paix » d’Eisenhower en 1953 était une façon de résoudre ce problème : il s’agissait de distribuer des isotopes radioactifs et des réacteurs nucléaires à l’étranger, pour pouvoir mieux les promouvoir aux États-Unis. Cela a ouvert, bien sûr, la voie à la prolifération nucléaire. C’est ainsi que d’autres pays ont obtenu eux-mêmes des armes atomiques. Le réacteur de Tchernobyl produisait de l’électricité, mais il avait aussi la capacité de fabriquer une charge de plutonium pour les bombes nucléaires. La distinction faite traditionnellement entre nucléaire militaire et nucléaire civil ne tient pas à mon avis. Si vous comparez la quantité relative de radiations libérées par Tchernobyl avec les rejets durables des essais nucléaires qui circulent dans l’hémisphère Nord, ces derniers sont d’un ordre de grandeur supérieur. Ainsi, il faut comparer les 45 millions de curies d’iode radioactif de Tchernobyl avec les 20 milliards de curies d’iode radioactif provenant uniquement de deux années d’essais soviéto-américains dans les années 1960. Ces événements sont tous très liés.
    La confiance dans la science est une question fondamentale aujourd’hui. Après ce que vous venez de dire, après avoir lu votre livre, pourquoi devrions-nous encore croire une science qui est si déterminée par la contingence et les circonstances politiques ? Ne craignez-vous pas de susciter plus de doutes que de confiance ?
    Naomi Oreskes, que nous avons déjà citée, a récemment publié un livre intitulé Why Trust Science ?. Elle y insiste sur le fait que la science est avant tout un processus, le produit de contestations permanentes : les scientifiques sont toujours en train de se battre entre eux, ils examinent le travail des autres, le remettent en question et, ce faisant, ils construisent étape par étape ce qui se rapproche le plus possible de la vérité à un moment donné. Ce processus nécessite une science indépendante, et non une science parrainée et contrôlée ou dictée par une industrie, une entreprise ou un État. Ce n’est absolument pas le cas de la science nucléaire, surtout lorsqu’il s’agit de radioprotection : la plupart des physiciens de santé employés dans le monde travaillent pour des industries nucléaires ou pour des gouvernements. En outre, les agences nucléaires financent elles-mêmes une grande partie de la science. Dans mon cas, mes recherches ne sont financées que par des sources ordinaires comme les Fondation Carnegie ou Guggenheim, qui soutiennent les chercheurs. Ce n’est pas le cas en général de mes détracteurs, qui sont généralement ce que j’appellerais des scientifiques de l’industrie. C’est fondamental lorsque nous traitons de ces sujets scientifiques controversés : suivre l’argent. Lorsque la recherche est vraiment indépendante, alors je pense que nous pouvons lui faire confiance.
    Raphaël Bourgois
    Journaliste, Rédacteur en Chef d’AOC

    #Tchernobyl #énergie_nucléaire #radioactivité #risques_industriels
    #anthropocène #science_et_politique #asservissement_technoscientiste

  • Utopie nucléaire | À propos de Kate Brown, Plutopia. Une histoire des premières villes atomiques, par Thibault Le Texier
    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2024/05/07/utopie-nucleaire-kate-brown

    C’est un livre sur deux villes-usines, bâties dans des lieux pauvres et reculés à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, qui fabriquent en secret du #plutonium militaire. Deux villes jumelles appartenant à l’État mais gérées par des chefs d’entreprise. Deux villes prospères et familiales entourées de barbelées et de communautés précaires. Deux villes sous la surveillance permanente d’agents de la sûreté nationale, d’informateurs et de médecins. Deux villes où la santé publique et l’environnement ont été sacrifiés à l’impératif de produire vite et à moindre coût. L’une se situe dans l’extrême nord-ouest des États-Unis, à #Richland ; l’autre en Russie, dans le sud de l’Oural, à #Ozersk. En quarante ans, les usines de plutonium de ces deux villes ont émis chacune l’équivalent de deux Tchernobyl. Des catastrophes nucléaires au ralenti.

    #nucléaire #projet_Manhattan #pollution #DuPont

  • L’état sioniste et les Etats-Unis cités nommément

    Israël/Gaza : les menaces contre la CPI favorisent une culture de l’impunité, fustigent des experts de l’ONU
    https://news.un.org/fr/story/2024/05/1145496

    Israël/Gaza : les menaces contre la CPI favorisent une culture de l’impunité, fustigent des experts de l’ONU

    Des experts de l’ONU* ont exprimé vendredi leur profonde consternation face aux déclarations émises par des responsables américains et israéliens menaçant d’exercer des représailles contre la Cour pénale internationale (CPI), ses fonctionnaires et les membres de leurs familles.

    « À l’heure où le monde devrait s’unir pour mettre fin à la terrible effusion de sang à #Gaza et demander justice pour les personnes illégalement tuées, blessées, traumatisées ou prises en otage depuis le 7 octobre, il est affligeant de voir des représentants d’État menacer de prendre des mesures de rétorsion contre une Cour qui poursuit la justice internationale », ont déclaré ces experts dans une déclaration conjointe.

    Il est choquant de voir des pays qui se considèrent comme les champions de l’État de droit tenter d’intimider un tribunal international indépendant et impartial pour empêcher l’obligation de rendre des comptes

    Le vendredi 4 mai, le Bureau du Procureur a dénoncé les déclarations qui « menacent de prendre des mesures de rétorsion contre la Cour ou contre le personnel de la Cour » pour les actions entreprises par le Procureur. La déclaration du Bureau du Procureur rappelle à tous les individus que les menaces de représailles peuvent constituer une infraction contre l’administration de la justice en vertu de l’article 70 du Statut de Rome.

    « Il est choquant de voir des pays qui se considèrent comme les champions de l’État de droit tenter d’intimider un tribunal international indépendant et impartial pour empêcher l’obligation de rendre des comptes », ont déclaré les experts.

    « Les menaces de représailles violent les normes des droits de l’homme relatives aux attaques contre le personnel judiciaire et dépassent les limites acceptées de la liberté d’expression. Nous appelons tous les États à respecter l’indépendance de la Cour en tant qu’institution judiciaire et à protéger l’indépendance et l’impartialité de ceux qui travaillent au sein de la Cour », ont ajouté les défenseurs des droits humains.

    Les experts ont rappelé que les responsables politiques et les fonctionnaires jouent un rôle important dans l’élaboration de l’agenda des médias, du débat public et de l’opinion. Par conséquent, un comportement et une attitude éthiques de leur part, y compris dans leurs communications publiques, sont essentiels pour promouvoir l’État de droit, la protection des droits de l’homme et la confiance du public dans les systèmes démocratiques de gouvernance, ont-ils averti.

    Ces dernières semaines, les autorités des #États-Unis et d’#Israël ont fait des déclarations incendiaires au sujet de la #CPI, qualifiant les actions potentielles du Procureur de « sans foi ni loi », de « honteuses » et tout mandat éventuel d’« agression scandaleuse » et d’« abomination ».

    Ces commentaires persistent depuis plus d’une semaine, alors que des rapports indiquent que les dirigeants du Congrès américain préparent d’éventuelles mesures de rétorsion, notamment des sanctions à l’encontre des personnes qui travaillent pour la Cour et des efforts visant à réduire le financement de la CPI, si des mandats d’arrêt sont délivrés à l’encontre de responsables israéliens, et que le ministre israélien des Finances menace de retenir également les fonds destinés à l’Autorité palestinienne.

    Les experts qui souscrivent à cette déclaration sont :
    Margaret Satterthwaite, Rapporteure spéciale sur l’indépendance des juges et des avocats ; Francesca Albanese, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ; Ben Saul, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste ; Cecilia M Bailliet, Experte indépendante sur les droits de l’homme et la solidarité internationale ; Siobhán Mullally, Rapporteur spécial sur la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants ; Paula Gaviria Betancur, Rapporteure spéciale sur les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays ; Irene Khan, Rapporteure spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression ; George Katrougalos, Expert indépendant sur la promotion d’un ordre international démocratique et équitable ; Bernard Duhaime, Rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition ; Marcos A. Orellana, Rapporteur spécial sur les implications pour les droits de l’homme de la gestion et de l’élimination écologiquement rationnelles des substances et déchets dangereux ; Gina Romero, Rapporteure spéciale sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association ; Ashwini K.P., Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ; Graeme Reid, Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ; Surya Deva, rapporteur spécial sur le droit au développement ; Aua Baldé (président-rapporteur), Gabriella Citroni (vice-présidente), Angkhana Neelapaijit, Grażyna Baranowska, Ana Lorena Delgadillo Pérez, groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires ; Tomoya Obokata, rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences ; Astrid Puentes, rapporteur spécial sur le droit à un environnement propre, sain et durable ; Farida Shaheed, rapporteur spécial sur le droit à l’éducation ; Michael Fakhri, rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation ; Pedro Arrojo-Agudo, rapporteur spécial sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement ; Dorothy Estrada Tanck (présidente), Claudia Flores, Ivana Krstić, Haina Lu, et Laura Nyirinkindi (vice-présidente), Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles ; Jose Francisco Calí Tzay, Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones ; Nicolas Levrat, Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités ; Alexandra Xanthaki, Rapporteure spéciale dans le domaine des droits culturels ; Mary Lawlor, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme ; Balakrishan Rajagopal, rapporteur spécial sur le droit à un logement convenable ; Richard Bennett, rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan ; Matthew Gillett (président-rapporteur), Priya Gopalan (vice-président chargé du suivi), Miriam Estrada-Castillo et Mumba Malila, groupe de travail sur la détention arbitraire ; Reem Alsalem, rapporteur spécial sur la violence à l’égard des femmes et des filles, ses causes et ses conséquences ; Barbara G. Reynolds (présidente), Bina D’Costa, Dominique Day, Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine ; Olivier De Schutter, Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme ; Anaïs Marin, Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l’homme en Biélorussie.

  • Bel-Air Homeowners Lose Coverage as Fire Threat Hits Wealthy California Enclaves - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/features/2024-05-10/bel-air-homeowners-lose-coverage-as-fire-threat-hits-wealthy-california-e

    State Farm is discontinuing fire insurance policies in wealthy California areas. It’s part of a nationwide trend fueled by climate change.

    attaque au porte-monnaie, le déni va devenir plus compliqué

  • Washington juge vraisemblable qu’Israël ait violé le droit international à Gaza, selon un rapport
    Publié le : 11/05/2024 – France 24
    https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20240511-washington-critique-isra%C3%ABl-sur-l-emploi-d-armes-am%C3%A9rica

    Les États-Unis jugent vraisemblable qu’Israël ait violé le droit humanitaire international à Gaza sans pouvoir toutefois le conclure de manière définitive, et continueront à livrer des armes à ce pays, selon un rapport du département d’État.

    Très attendu et rendu public vendredi 10 mai, le rapport indique qu’il est « raisonnable d’estimer » qu’Israël a utilisé des armes d’une manière incompatible avec le droit humanitaire international et donc la loi américaine, mais que les États-Unis n’ont pas pu parvenir à ce stade à des « conclusions » définitives, faute d’informations suffisantes.

    Dans le cas contraire, les États-Unis auraient été contraints de cesser la livraison d’armes à Israël pour sa guerre contre le Hamas, lancée en représailles à l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre et qui a fait des dizaines de milliers de victimes palestiniennes. (...)

    #IsraelUSA

    • alors :

      La France appelle Israël à cesser « sans délai » son opération à Rafah
      https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20240511-%F0%9F%94%B4-en-direct-la-france-appelle-isra%C3%ABl-%C3%A0-cesse ?

      La France appelle Israël à cesser « sans délai » son opération militaire à Rafah qui menace de créer une « situation catastrophique » pour la population de la bande de Gaza, a indiqué son ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur X dans la nuit de vendredi à samedi.

      « Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire sans délai et à reprendre la voie des négociations, seule voie possible pour conduire à la libération immédiate des otages et obtenir un cessez-le-feu durable », a indiqué le Quai d’Orsay à propos de la situation à Rafah.

      #Israël #Territoirespalestiniens l La France déplore le lancement le 7 mai d’une opération militaire de l’armée israélienne à Rafah. Une telle opération menace de provoquer une situation catastrophique pour les populations civiles de Gaza.

      Déclaration ➡️ https://t.co/x3tpYqHnaa pic.twitter.com/mhNkswCrzw
      — France Diplomatie🇫🇷🇪🇺 (@francediplo) May 10, 2024

  • Thread by jsoufi on Thread Reader App – Thread Reader App
    https://threadreaderapp.com/thread/1788896157621534901.html

    Johann Soufi sur X : https://twitter.com/jsoufi/status/1788896157621534901

    S’appuyant sur les témoignages de lanceurs d’alerte au sein de l’armée 🇮🇱, CNN décrit les crimes de guerre (tortures, traitements inhumains) commis contre des détenus palestiniens dans le camp de détention de Sde Teiman, en Israël. 🧵Thread.👇

    […]

    6. Alors que la presse israélienne, arabe, américaine et britannique rapporte ces allégations extrêmement graves et concordantes depuis plusieurs semaines, les médias français demeurent généralement silencieux, préférant stigmatiser les étudiants qui s’indignent contre ces crimes.

    […]

  • L’Assemblée générale presse le Conseil de sécurité de considérer « favorablement » l’adhésion de la Palestine à part entière
    10 mai 2024 | ONU Info
    https://news.un.org/fr/story/2024/05/1145476

    L’Assemblée générale des Nations Unies s’est à nouveau réunie vendredi à New York pour une session extraordinaire d’urgence sur la crise à Gaza et a adopté à une écrasante majorité une résolution qui améliore les droits de la Palestine au sein de l’organisation mondiale en tant qu’État observateur, sans offrir une adhésion à part entière.

  • Eurovision: Belgium broadcaster interrupts semi final to condemn Israel’s war on Gaza
    10 mai 2024 11:32 BST | Middle East Eye
    https://www.middleeasteye.net/trending/eurovision-belgium-broadcaster-interrupts-semi-final-condemn-israels-

    A Belgian broadcaster interrupted its coverage of the Eurovision Song Contest semi-final on Thursday night to display a protest message condemning Israel’s war on Gaza.

    In an act organised by a trade union, the screen briefly went black ahead of the semi-final coverage on VRT, Belgium’s public-service broadcaster in Flemish.

    It then aired the message: “This is a union action. We condemn the human rights violations by the state of Israel. Moreover, the state of Israel destroys press freedom. Therefore, we are interrupting the broadcast momentarily.”

    The message concluded with the hashtags “CeasefireNow” and “StopGenocide”.

    Israeli singer Eden Golan participated in the semi-final on Thursday in the Swedish city of Malmo, qualifying for Saturday’s final. (...)

    #Eurovision24

  • Au procès de Nuremberg,un acte d’accusation en cartes et graphiques
    https://www.visionscarto.net/cartes-graphiques-au-proces-nuremberg

    par RJ Andrews Data storyteller, RJ Andrews accompagne les organisations pour résoudre des problèmes complexes à l’aide de métaphores visuelles et de graphiques d’information. Ses livres sont disponibles sur le site de Visionary Press. Cet article, traduit par Isabelle Saint-Saëns, a été initialement publié en anglais, dans Chartography, sous le titre « This Chart Kills Fascists - Information graphics from the Nuremberg trials » (12 avril 2024). En regardant la série Masters of the (...) Billets

    #Billets_

  • « Apologie du terrorisme ». Les Pères fouettards des tribunaux jouent à faire peur | Meriem Laribi
    https://orientxxi.info/magazine/apologie-du-terrorisme-les-peres-fouettards-des-tribunaux-jouent-a-faire

    Soutenues bruyamment par les ministres de la justice, de l’intérieur et de l’enseignement supérieur, des centaines de procédures-bâillons ont été lancées en France pour des propos ou des écrits considérés comme soutenant le terrorisme. Ces procédures sont dans la plupart des cas en suspens, mais menacent des centaines de personnes. Et au-delà, l’expression de la solidarité avec les Palestiniens. Source : Orient XXI

  • En Ukraine, le Parlement adopte une loi pour mobiliser certains détenus
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/05/09/en-ukraine-le-parlement-adopte-une-loi-pour-mobiliser-certains-detenus_62322

    Les modalités entourant la mobilisation de nouveaux soldats se sont imposées comme l’un des sujets les plus débattus dans le pays depuis le début de l’année. Le calendrier des réformes s’est finalement accéléré au mois d’avril, après des mois de tergiversation au sommet de l’Etat en raison de l’impopularité des mesures.

    Volodymyr Zelensky a validé plusieurs lois pour abaisser l’âge légal de la mobilisation de 27 ans à 25 ans, renforcer les pouvoirs des centres de recrutement et augmenter les pénalités pour les réfractaires. Une autre mesure signée en avril oblige les hommes précédemment considérés comme ayant une « aptitude limitée » pour servir à se représenter devant une commission médicale.

    Le texte adopté mercredi permet à des détenus volontaires de rejoindre des unités spéciales de l’armée, à condition que leurs libérations conditionnelles soient approuvées par un tribunal. Ils passeront également devant deux commissions médicales afin de juger de leur santé physique et mentale. Seuls ceux n’ayant plus que trois années de prison à purger seront acceptés. En cas de récidive, la partie non purgée de la peine précédente sera ajoutée à la peine prononcée dans le cadre de la nouvelle condamnation. Les prisonniers ukrainiens qui choisiront de rejoindre l’armée serviront aussi longtemps que durera la guerre, ou jusqu’à ce qu’ils soient démobilisés.

    https://archive.ph/TiN6O
    #ukraine #mobilisation #prisonniers

  • Réquisition - Pour armer l’Ukraine, l’UE s’accorde afin d’utiliser l’argent des avoirs gelés de la Russie
    https://www.liberation.fr/international/europe/pour-armer-lukraine-lue-saccorde-afin-dutiliser-largent-des-avoirs-geles-

    Cet accord [entre les ambassadeurs de l’UE], qui devra encore être confirmé au niveau des ministres de l’UE, intervient après de longs et âpres débats sur la façon d’utiliser les #avoirs de l’État russe. Bloqués depuis le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine, les colossaux avoirs russes représenteraient environ 210 milliards d’euros dans l’UE - sur 300 milliards au total dans le monde. La Commission européenne avait proposé en mars un plan visant à saisir ces bénéfices, qui pourraient permettre de dégager entre 2,5 et 3 milliards d’euros par an en faveur de Kyiv.

    [...] Selon le plan adopté, 90 % des revenus saisis [issus des avoirs gelés] seront destinés à la Facilité européenne pour la paix (FEP), qui finance des achats d’armes, cruciaux à un moment où Kyiv réclame des munitions et des systèmes de défense aérienne pour contenir une armée russe à l’offensive. Les 10 % restants seront versés au budget de l’#UE pour renforcer les capacités de l’industrie de défense ukrainienne.

    Parmi les Vingt-Sept, certains Etats avaient cependant dit redouter les conséquences d’une telle saisie, craignant le précédent que cela pourrait créer sur les marchés financiers, et les répercussions judiciaires qu’elle engendrerait. La Russie avait d’ailleurs menacé en mars l’UE de lui intenter des poursuites judiciaires « sur des décennies » en cas d’utilisation des revenus de ses avoirs gelés au profit de l’#Ukraine, ce qui s’apparenterait selon Moscou à un « vol ».

    L’immense majorité de ces avoirs russes gelés se trouve en Belgique, où ils sont administrés par #Euroclear, un organisme international de dépôts de fonds. Ce groupe a pu en tirer des revenus totalisant l’an dernier 4,4 milliards d’euros - une somme taxée par l’Etat belge au titre de l’impôt sur les sociétés. Selon une source diplomatique, l’accord des Vingt-Sept consistera à saisir ces revenus des avoirs russes après imposition, mais la Belgique s’est engagée à réallouer à l’Ukraine l’ensemble des recettes fiscales générées sur son territoire par ces revenus exceptionnels.

  • Gennevilliers : des mères de famille bloquent les bureaux de directeurs d’école et finissent au commissariat
    https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/des-meres-de-famille-bloquent-les-bureaux-de-directeurs-decole-et-finisse

    Pour elles, c’était une action parmi tant d’autres pour que leur #école réintègre le réseau d’éducation prioritaire (#REP). Mobilisées depuis février, après des rassemblements, des journées « école morte » ou encore la saisine de la ministre de l’Éducation nationale, des mères de famille de #Gennevilliers ont bloqué les bureaux des directeurs du groupe scolaire Henri-Wallon pendant environ une heure, jeudi dernier. Leur but ? Obtenir un entretien avec l’#inspectrice de circonscription. Au lieu de cela, leur action de la matinée leur a valu une audition au commissariat de police et un rappel à la loi.

    L’inspectrice, en déplacement dans une autre école ce jour-là, avait demandé aux directeurs d’appeler la police si les mères de famille ne quittaient pas les lieux. Sur la quinzaine, la moitié est partie avant l’arrivée des fonctionnaires. Sept autres sont restées, «  dans le calme et sans agressivité », selon plusieurs témoignages. Les policiers leur ont alors demandé de les suivre au commissariat.

    « Nous avons été auditionnées une par une, nous avons été intimidées, nous disant qu’on risquait une garde à vue et une amende de 680 euros si on recommençait, dénonce Sofia, la présidente des représentants de parents d’élèves. C’était très humiliant. La dernière fois que je suis entrée dans un commissariat, c’était pour déclarer le vol de mon portable. Là, on était du côté des délinquants. On est juste des mères de famille, tout ce qu’on demande, c’est d’être entendue et d’avoir des réponses. On attend depuis 2015 la réintégration de l’école en REP. »

    Le groupe scolaire Henri-Wallon est situé dans le quartier populaire des Agnettes mais il dépend du collège Pasteur, du côté plus favorisé, qui est sorti du réseau d’éducation prioritaire il y a neuf ans. L’IPS (indice de position sociale) de ce groupe scolaire est pourtant semblable à celui des écoles classées REP + de la commune. Elle a également les résultats les plus bas de la ville au niveau du langage des élèves.

    De leurs côtés, les enseignants ont convoqué une assemblée générale, ce mardi. « Ce n’est pas du tout ce que nous attendions de notre inspectrice, qu’elle se positionne en disant Appelez la police. On trouve cela très grave », souligne Lucie, une des enseignantes.

  • EU’s €1 billion aid package prompts criticism in Lebanon
    https://www.thenationalnews.com/news/mena/2024/05/07/eus-1-billion-aid-package-prompts-criticism-in-lebanon

    “The total absence of conditionality on aid is extremely shocking,” Karim Emile Bitar, professor of international relations at St Joseph University of Beirut, told The National, stressing that the funds might be “looted by the corrupt Lebanese political establishment”.

    The package has been widely perceived as “a bribe”, he said, in exchange for Lebanon preventing Syrian refugees from reaching Cyprus, which lies only 260km off the Lebanese coast in the Mediterranean Sea.

  • Heureusement qu’on a la presse libre du monde libre pour défendre #nos_valeurs

    Why Israel Must Take Rafah - It’s the last sanctuary for Hamas’s military battalions in Gaza - By The Editorial Board
    https://www.wsj.com/articles/rafah-battle-israel-hamas-gaza-cc8ba76b

    The battle for Rafah has begun in Gaza, and it’s an essential part of Israel’s war of self-defense against Hamas. The terrorist group’s leaders have dragged out negotiations for a cease-fire for months, with no intention of freeing hostages while President Biden shielded their stronghold from attack. Now the masterminds of Oct. 7 are learning that Mr. Biden can’t protect them.

  • Pacte européen sur la migration et l’asile : « Un continuum de l’enfermement attend désormais les exilés »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/06/pacte-europeen-sur-la-migration-et-l-asile-un-continuum-de-l-enfermement-att

    Parmi les dix textes adoptés par le Parlement européen le 10 avril, aucun n’a pour objet spécifique l’#enfermement des #étrangers. Pourtant, la détention est omniprésente dans le pacte européen sur la #migration et l’#asile – ce terme y figure plus de cent cinquante fois –, qu’il s’agisse de « filtrer » les arrivées de #migrants aux# frontières, de préparer le départ de ceux qui ne peuvent être admis sur le territoire européen, mais aussi d’instruire les demandes d’asile ou même d’organiser l’accueil des demandeurs. Comme si les Etats de l’Union européenne (#UE) ne pouvaient répondre aux attentes de ceux qui frappent à leur porte, parmi lesquels un grand nombre fuit des pays en guerre ou en crise, autrement qu’en les mettant derrière des barreaux.

    Une directive européenne de 2008, dite « retour », fixe déjà des règles communes permettant que certains étrangers soient privés de liberté, sans avoir été condamnés pour un quelconque délit, si cette mesure est considérée comme nécessaire pour la gestion de leur situation administrative. Une pratique qui existe depuis longtemps en France, avec les centres de rétention, où sont placées des personnes en attente d’expulsion, et les zones d’attente aux frontières, où d’autres sont « maintenues » le temps d’examiner leur cas.

    Ces détentions se font sous le contrôle d’un juge et peuvent faire l’objet de recours, même si l’effectivité de ces garanties s’amenuise au fil des réformes législatives. En étendant la possibilité d’enfermer à toutes les étapes du parcours migratoire, le pacte consacre une présomption d’indésirabilité. Un soupçon qui vise principalement les exilés arrivant en Europe par ses frontières méridionales.

    Car tout le monde n’est pas logé à la même enseigne : lorsqu’en 2022 plus de quatre millions d’Ukrainiens fuyant l’agression russe se sont précipités aux frontières de l’UE, nul n’aurait songé à les mettre dans des camps ou à contrôler leurs déplacements. Dans tous les pays européens, où ils avaient libre choix de s’installer, un dispositif d’accueil a été mis en place en quelques jours pour leur offrir l’hospitalité, sans entraîner de bouleversement majeur.

    « Approche hot spot »

    Au contraire, avec le pacte, pour faire face à ce que certains n’hésitent pas à qualifier de « submersion migratoire » venue du Sud – rappelons qu’on parle de quelque 270 000 personnes arrivées irrégulièrement aux frontières de l’Europe en 2023 et que l’UE accueille moins de 10 % du total des réfugiés dans le monde –, les mêmes ont choisi de généraliser l’« approche hot spot », inventée en 2015 pour bloquer les exilés débarquant alors en grand nombre aux frontières maritimes de la Grèce et de l’Italie.

    La combinaison des différents règlements du pacte aboutit à ce que toute personne se présentant, sans les documents exigibles, à une frontière extérieure de l’UE soit systématiquement maintenue sous autorité policière, pendant une période de huit jours destinée au « filtrage » (identification et évaluation de la situation). Cette règle s’impose à tous, demandeurs d’asile et enfants mineurs compris.
    A l’issue de cette première phase, elle sera orientée soit vers une procédure de renvoi, soit vers une procédure d’asile à la frontière. Dans les deux cas, la #détention se poursuivra. Jusqu’à dix-huit mois, pour ceux qui doivent être expulsés, pendant de longues semaines pour de nombreux autres – alors même que, selon le droit international, la privation de liberté des demandeurs d’asile devrait rester une mesure exceptionnelle. Et si ces derniers sont « relocalisés » pour voir leur demande examinée dans un autre Etat membre de l’UE, c’est encore sous la contrainte que s’effectuera leur transfert dans ce pays.

    Sans compter que le respect des délais prévus par le pacte suppose un bon fonctionnement des instances chargées du filtrage, de l’examen des demandes d’asile et du contrôle de ces procédures. Il exige aussi des locaux adaptés à l’accueil des populations concernées. Or, l’expérience des « #hot_spots » italiens, et surtout grecs, fait craindre que l’impossibilité matérielle de gérer ces différentes contraintes ne perpétue un mécanisme aussi inefficace qu’inhumain.

    Caractère structurel

    Faute de pouvoir procéder à des #expulsions, faute de personnel compétent en nombre suffisant, faute de capacités d’hébergement décent, plusieurs îles grecques de la mer Egée sont devenues, avec l’« approche hot spot », des centres de triage où des dizaines de milliers de personnes – hommes, femmes, enfants, vulnérables et malades mélangés – sont entassées et souvent enfermées, pendant parfois plusieurs années, dans des conditions matérielles et sanitaires en deçà de tous les standards.

    En 2019, la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic [remplacée en avril par Michael O’Flaherty] rapportait, après une visite, avoir vu « une situation explosive [où] les soins médicaux et les installations sanitaires font cruellement défaut, [et où] les gens font la queue pendant des heures pour recevoir de la nourriture ». Depuis, de nombreux rapports, émanant tant d’organismes officiels que d’organisations non gouvernementales, confirment le caractère structurel des violations des droits dont sont victimes les occupants des « hot spots ».

    La massification de la détention instaurée par le pacte ne s’arrête pas aux frontières et n’épargne personne, dès lors qu’on a été obligé, faute d’accès à des voies légales pour voyager, d’emprunter la route de la clandestinité. Car un règlement du pacte sur les conditions « d’accueil » des #demandeurs_d’asile finalement admis sur le territoire européen prévoit qu’on pourra aussi détenir certains d’entre eux pour éviter les « risques de fuite ».

    Bien loin du « système (…) pleinement ancré dans les valeurs européennes et le droit international » qu’avait promis la Commission européenne en 2020 en présentant le pacte, c’est un continuum de l’enfermement qui attend désormais les exilés ayant réussi à franchir les remparts de la forteresse #Europe.

    Claire Rodier est membre du Groupe d’information et de soutien des immigrés et du réseau Migreurop. Elle publie, avec Annalisa Lendaro et Youri Lou Vertongen, « La Crise de l’accueil. Frontières, droits, résistances » (La Découverte, 2019).

  • Onslaught of violence against women and children in #Gaza unacceptable: UN experts | OHCHR
    https://www.ohchr.org/en/press-releases/2024/05/onslaught-violence-against-women-and-children-gaza-unacceptable-un-experts

    “We are horrified at details emerging from mass graves recently unearthed in the Gaza Strip. Over 390 bodies have been discovered at Nasser and Al Shifa hospitals, including of women and children, with many reportedly showing signs of torture and summary executions, and potential instances of people buried alive,” the experts said.

    They noted that women, girls and children overall are among those most exposed to danger in this conflict, and that as of 29 April 2024, of 34,488 Palestinians killed in Gaza, 14,500 have been children and 9,500 women. Another 77,643 have reportedly been injured, of which 75% are estimated to be female. Over 8,000 others are reported missing or under the rubble – and the experts noted that at least half of them can be assumed to be women and children. They also noted that an estimated 63 women, including 37 mothers are being killed daily and 17,000 Palestinian children are believed to have been orphaned since the war on Gaza began.

    #sionisme #génocide #génocidaires

  • Je viens de faire une retranscription de l’extrait de l’entretien entre Anthony Blinken et Mitt Romney, durant lequel ils expliquent pourquoi il y a un soutien bipartisan à la fermeture de Tiktok : parce que Tiktok donne une mauvaise image d’Israël, on y parle trop des Palestiniens et pas assez du Hamas. [Note : la coupure dans la réponse de Blinken n’est pas très honnête, puisqu’il manque toute la première partie, dans laquelle il dit qu’une des raisons c’est la souffrance des Palestiniens de Gaza. Ma retranscription est désormais complète, à partir de la version non coupée.]
    https://twitter.com/wideofthepost/status/1787104142982283587

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1787103590932189184/pu/vid/avc1/1280x720/wuyPcJjWsXtu7jsS.mp4

    Romney: Why has the PR been so awful? I know that’s not your area of expertise, but you have to have some thoughts on that… Which is, I mean, as you’ve said why has Hamas disappeared in terms of public perception?

    An offer is on the table to have a ceasefire and yet the world is screaming about Israel. It’s like why not screaming about Hamas: accept the ceasefire, bring home the hostages! It’s said… It’s all the other way around. I…

    Typically the Israelis are good at PR. What’s happened here? How have they and we been so ineffective at communicating? The realities there and [our point of view].

    Blinken: Look, I think there are two things.

    One is that, look, there is an inescapable reality, and that is the inescapable reality of people who have and continue to suffer grievously in Gaza. And that’s real, and we have to be focused on that and attend to that.

    At the same time, how this narrative has evolved, yeah, it’s a great question. I don’t have a good answer to that. There, one can speculate about what some of the causes might be. I don’t know. I can tell you this. We were talking about this a little bit over dinner. With Cindy, I think in my time in Washington, which is a little bit over 30 years, the single biggest change has been in the information environment.

    And when I started out in the early 1990s, everyone did the same thing. You woke up in the morning, you opened the door of your apartment, your house, you picked up a hard copy of The New York Times, The Washington Post, The Wall Street Journal. And then if you had a television in your office, you turned it on at 6.30 or 7 o’clock and watched the national network news.

    Now, of course, we are on an intravenous feed of information with new impulses, inputs every millisecond.

    And of course, the way this is played out on social media has dominated the narrative. And you have a social media ecosystem environment in which context, history, facts get lost, and the emotion, the impact of images dominates. And we can’t discount that.

    But I think it also has a very, very, very challenging effect on the narrative.

    Romney: You know a small parenthetical point which is some wonder why there was such overwhelming support for us to shut down potentially Tiktok or other entities of that nature if you look at the postings on Tiktok and the number of mentions of Palestinians relative to other social media sites. It’s overwhelmingly so among Tiktok… broadcast… so I’d I’d know that’s of real interest and the president will get the chance to to make action in that regard.

    L’entretien complet est ici :
    https://www.youtube.com/watch?v=V92PzA6eEyM

  • Seine-et-Marne : comment un forage pétrolier autorisé par l’Etat menace une nappe phréatique qui alimente Paris – Libération
    https://www.liberation.fr/environnement/seine-et-marne-comment-un-forage-petrolier-autorise-par-letat-menace-une-

    Le gouvernement a donné discrètement son feu vert à l’extension d’un site pétrolier dans la vallée du Lunain, dont la mise en œuvre menacerait une #nappe_phréatique qui alimente 180 000 Franciliens en eau potable. Inquiète, la régie publique #Eau de #Paris conteste le fond et la forme de la décision devant le tribunal administratif.

    https://justpaste.it/6co7g

    • « C’est une catastrophe écologique en puissance, une menace sur l’eau potable »
      https://www.liberation.fr/environnement/pollution/cest-une-catastrophe-ecologique-en-puissance-une-menace-sur-leau-potable-

      Adjoint à la Transition écologique de Paris et président d’Eau de Paris, Dan Lert conteste la décision de l’Etat d’étendre un site pétrolier en Seine-et-Marne. Il estime que les nouveaux forages pourraient polluer une nappe phréatique qui alimente les robinets de dizaines de milliers d’habitants de la capitale.

      La Ville de Paris se lance dans une bataille de l’eau contre l’Etat. Après avoir découvert que celui-ci venait d’autoriser l’extension du #site_pétrolier de la PME Bridge Energies en Seine-et-Marne, pourtant tout proche d’une nappe phréatique alimentant 180 000 Franciliens, l’établissement public Eau de Paris a formé deux recours auprès du tribunal administratif de Melun. Le président de la régie, Dan Lert, par ailleurs élu Les Ecologistes et adjoint chargé de la Transition écologique auprès de la maire Anne Hidalgo, estime que les deux nouveaux forages menacent la qualité des ressources en eau.

      Pourquoi lancer une alerte contre l’extension de la concession pétrolière de Nonville, en Seine-et-Marne ?

      Quand j’ai appris que l’Etat venait d’autoriser la construction de deux puits supplémentaires sur ce site industriel, je suis tombé de ma chaise. Le décret d’extension de la concession existante, signé en catimini à Noël 2023 par la Première ministre de l’époque, Elisabeth Borne, comme l’arrêté préfectoral avalisant les travaux, pris un mois plus tard, sont tous deux incompréhensibles. C’est tellement ahurissant de vouloir multiplier par cinq la surface de prospection dévolue à l’entreprise Bridge Energies et d’autoriser des forages pétroliers à proximité de captages d’eau potable que nous avons déposé deux recours devant le tribunal administratif de Melun.

      Le premier vise à suspendre en urgence l’arrêté préfectoral de façon à empêcher le démarrage du chantier ; il a été examiné lors d’une audience qui s’est tenue le 26 avril et le juge devrait faire connaître sa décision d’ici quelques jours. Le second, consacré au fond du dossier, demande l’annulation de l’autorisation des deux forages. La question que l’on pose aux magistrats peut se résumer ainsi : est-ce vraiment légal de forer dans un endroit pareil ? Si tel était le cas, cela démontrerait une faiblesse dans la réglementation sur l’eau.

      Y a-t-il vraiment danger à autoriser un forage en Ile-de-France, une des principales régions productrices de pétrole en France ?

      L’extension de la concession de la société canadienne Vermilion à la Teste-de-Buch, en Gironde, a fait à raison beaucoup de bruit. Mais ici, le contexte environnemental est bien plus délicat ! Les deux puits vont être creusés à proximité immédiate de deux sources d’eau potable stratégiques de la régie publique chargée d’approvisionner Paris : ça présente des risques importants pour la qualité de l’eau. Il s’agit d’extraire et de manipuler des barils de #pétrole supplémentaires dans une zone qui a été classée il y a trois ans « périmètre de protection éloignée » du captage au regard des risques de pollution de la ressource et qui frôle le périmètre de protection rapprochée ! Comment le gouvernement peut-il justifier ce choix dangereux, et si aberrant ? Ce projet d’hydrocarbures est une catastrophe écologique en puissance, une menace sur l’eau potable, qui pourrait compromettre l’alimentation d’environ 180 000 habitants de Paris et de Seine-et-Marne. Ma responsabilité, en tant que président d’Eau de Paris, c’est de l’éviter ! L’objectif, c’est d’empêcher que ces nouveaux forages menacent nos ressources en eau.

      La menace est-elle vraiment caractérisée ?

      La géologie de ce secteur très bucolique le rend vulnérable à la pollution aux hydrocarbures. Les points de captage de l’eau sont implantés dans une zone au sous-sol karstique [essentiellement constitué de roches calcaires ndlr], parsemée de nappes phréatiques résurgentes où il arrive même que l’eau affleure. Pour édifier les nouveaux puits, il va falloir creuser jusqu’à 1 500 mètres de profondeur à travers les couches aquifères. En cas d’accident, la pollution s’infiltrerait rapidement dans la nappe, souillant plusieurs centaines de mètres à l’heure. Et puis des poids lourds viendront remplir leurs réservoirs, à quelques centaines de mètres à peine d’un cours d’eau protégé, le Lunain, classé réserve Natura 2000. Il suffirait d’une fuite au niveau d’une plateforme ou d’un accident avec un camion-citerne pour qu’une marée noire survienne.

      N’est-ce pas exagéré ? Les techniques d’exploitation pétrolière, pratiquées en bordure de la forêt de Fontainebleau depuis les années 50, sont maîtrisées !

      Certes, un puits de pétrole, ce n’est pas une installation énorme. Mais il y a quand même le bruit des machines à forer, l’odeur âpre, soufrée, qui incommode les habitants du village voisin de Nonville. Le risque est réel. Deux incidents se sont déjà produits par le passé. A chaque fois, les élus et les habitants se sont retrouvés bien seuls. Il a fallu attendre des heures pour qu’un salarié de l’entreprise pétrolière arrive car il n’y avait personne sur place. Cette absence de surveillance et de réactivité nous inquiète.

      Par contraste, le gouvernement a été prompt à autoriser l’extension du site. Quelle lecture faites-vous de cette célérité ?

      J’ai du mal à comprendre le sens des priorités de ce gouvernement et de la préfecture. Prendre le risque d’une pollution gravissime de l’eau potable pour une production pétrolière infime de quelques barils par an, dans le contexte actuel de grande tension sur la ressource en eau, constitue une faute politique. Autoriser une menace sur 25 000 mètres cubes d’eau par jour, alors que le changement climatique conduit à une baisse quasi générale de la recharge des nappes phréatiques comprise entre 10 et 25 % en moyenne sur le territoire, c’est jouer avec le feu, et contre un esprit d’intérêt général. Si nous formons ces recours, c’est aussi pour dire de manière directe que le gouvernement devra assumer les conséquences sur les ressources en eau d’un éventuel accident grave.

      Comment réagissent les élus locaux ?

      Un projet plus ancien de la même société, auquel les élus se sont opposés, prévoyait la construction de dix puits. Dans ce nouveau dossier, les maires des villages alentour sont hostiles à cette extension. Ils n’ont pas une bonne opinion de Bridge Energies, une PME tellement petite qu’elle doit faire appel à des sous-traitants pour les travaux et l’exploitation et n’a pas de surveillance permanente. Ses difficultés financières ne rassurent personne. Et puis, dans le coin, la bataille contre le pétrole de schiste, au début des années 2010, a marqué l’histoire et soudé les esprits.

      Le silence du gouvernement dans l’affaire des eaux minérales de Nestlé, où des nappes ont été souillées par des bactéries d’origine fécale, vous surprend-il ?

      Ce silence radio démontre l’embarras du gouvernement qui a, semble-t-il, autorisé par dérogation un traitement chimique pour des eaux minérales censées être pures et naturelles. On a laissé les industriels trafiquer l’eau ! J’ignore pourquoi le gouvernement n’a pas demandé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail de piloter une étude sanitaire sur un échantillon représentatif des eaux embouteillées. J’ignore pourquoi le gouvernement n’a pas suivi ses recommandations en mettant en place une surveillance rapprochée de la qualité des eaux embouteillées, après avoir appris que certaines sources étaient largement contaminées.

      Dans ce même dossier, la récente destruction de 2 millions de bouteilles de Perrier, pourtant issues de nappes très profondes, démontre l’ampleur de la pollution des ressources d’eau souterraine en France : du Gard à la vallée de la chimie, en région lyonnaise, certains points de captage doivent fermer, sans parler de ces villages desservis par des camions-citernes faute d’une eau conforme au robinet. Il y a urgence à éliminer les risques de pollution, qu’ils soient d’origine industrielle ou agricole. Cela prouve de manière flagrante que les sources d’eau ne sont pas assez protégées. Il faut sanctuariser les aires de captage partout dans le pays pour les préserver. De notre côté, à Eau de Paris, on a fait le choix politique de prévenir à la source les pollutions en aidant financièrement, avec l’agence de l’eau, une centaine d’agriculteurs d’Ile-de-France à réduire l’utilisation des nitrates et des pesticides dans les zones proches de certains de nos captages, en Normandie par exemple, pour améliorer la qualité de l’eau.

      Le gouvernement œuvre-t-il suffisamment à l’amélioration de la qualité de l’eau ?

      Même s’il a lancé en fanfare l’an dernier un grand plan eau pour dire que l’heure de la sobriété et de la préservation de la qualité des ressources avait sonné, il regarde ailleurs, sous la pression du lobby industriel, de celui de l’agriculture intensive, des géants des pesticides mais aussi des multinationales de l’eau qui ont tout intérêt à vendre à prix faramineux leurs nouvelles techniques de dépollution très énergivores.

      Quitte à brûler du pétrole jusqu’à la dernière goutte au mépris du climat, n’est-il pas logique d’en produire le plus possible en France, comme le soutient le ministre de l’Industrie, Roland Lescure ?

      Cela va à l’encontre de tous les constats, de ceux des experts du Giec à ceux de l’Agence internationale de l’énergie : les scientifiques estiment que pour garder une chance de limiter le réchauffement à 1,5°C, l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015, il faudrait laisser dans le sol près de 60 % des réserves de pétrole et de gaz. Et cela contrevient à l’esprit de la loi Hulot de 2017 car celle-ci prévoit la fin de l’octroi de nouveaux permis de recherche d’hydrocarbures et un arrêt progressif, d’ici à 2040, de la recherche et de l’exploitation des gisements afin d’effectuer la transition vers les énergies renouvelables.

  • Global producer responsibility for plastic pollution

    Brand names can be used to hold plastic companies accountable for their items found polluting the environment. We used data from a 5-year (2018–2022) worldwide (84 countries) program to identify brands found on plastic items in the environment through 1576 audit events. We found that 50% of items were unbranded, calling for mandated producer reporting. The top five brands globally were The #Coca-Cola Company (11%), #PepsiCo (5%), #Nestlé (3%), #Danone (3%), and #Altria (2%), accounting for 24% of the total branded count, and 56 companies accounted for more than 50%. There was a clear and strong log-log linear relationship production (%) = pollution (%) between companies’ annual production of plastic and their branded plastic pollution, with food and beverage companies being disproportionately large polluters. Phasing out single-use and short-lived plastic products by the largest polluters would greatly reduce global plastic pollution.

    https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.adj8275

    #responsabilité #plastique #multinationales

    via @freakonometrics

  • Thaïlande, Bangladesh, Philippines… le « confinement climatique » s’installe - Novethic
    https://www.novethic.fr/environnement/climat/thailande-bangladesh-inde-le-confinement-climatique-sinstalle


    Mais on va continuer à te vendre de la clim et des caisses électriques.

    L’électricité est d’ailleurs un des problèmes supplémentaires liés à cette vague de chaleur intensifiée par le phénomène El Niño. Selon des médias locaux, les ressources électriques sont mises à rude épreuve notamment à Luzon, île principale des Philippines. Du côté de la Thaïlande, la demande en électricité a atteint un record.

    #climat #énergie