Il n’y a pas de communauté musulmane mais des Musulmans aux intérêts et aspirations différentes et contradictoires (le pipo de la bourgeoise Boutledja faisant du pdt Ahmadinejad un héros « indigène » ne leurre que ceux qui veulent l’être). L’État ne protège rien d’autre que lui-même et l’orde social capitaliste, et ce par tous les moyens nécessaires, quitte à organiser un délaissement et une relégation graduées (de la chômeuse sans revenu au garçon qui avec ses pairs « tient les murs »). Rien de mieux pour un État xénophobe que de se forger ou de se choisir une opposition à sa main, des « adversaires » qui puissent servir de repoussoir (le FN ou les « radicaux islamistes » ici, le Hamas pour Israël depuis que cet état a fait ce choix au Liban en 1982 pour briser l’Op, etc) pour se donner un semblant de légitimité. Rien de mieux que de ruiner et d’interdire de fait les formes d’auto-organisation pour jeter dans les bras d’organisations fascistes ceux qui risqueraient de mettre en cause pratiquement ce qui se passe ici, pour fabriquer de l’allégeance, enterrer toute perspective d’émancipation.
Je connais pas Farid Esack, mais lorsqu’il dit :
Donc l’épreuve de justice dans le Coran ne consiste pas à savoir si tu te soulèves pour défendre tes propres droits. Tout le monde le fait, cela vient naturellement, et c’est très bien de le faire.. Mais l’épreuve coranique de l’engagement pour la justice consiste à savoir si tu peux te soulever en tant que témoins de Dieu dans la quête de la justice même si cela peut se faire contre ton pouvoir.
je reconnais en sa parole un discours idéologique, c’est-à-dire sans attention aux faits, car non, en réalité, tout le monde ne se soulève pas pour « défendre ses droits ». Derrière cette pseudo évidence, il y justement la situation inverse, une impossibilité entretenue et construite, et qui fait le lit de tous les replis identitaires actuels, derrière et sous des figures sacrées (la patrie, dieu,...), et selon des modalités où l’obéissance, la soumission au chef sont impérativement requises. Et dans ce cas, non seulement ça ne se soulève pas (de combien de défaites ici faudrait il prendre la relève ?) mais ça s’aplatit...
Ces logiques identitaires supposées répondre au chaos de la mondialisation capitaliste, permettre de s’arrimer dans la tempête de la concurrence dévastatrice et le désarroi, ne travaillent d’ailleurs pas seulement l’extrême droite française, ou les « radicaux » (fondamentalistes d’invention en fait) islamiques.
Ce que je dis c’est que le besoin d’échapper ne serait-ce qu’un tant soit peu aux eaux glacées du calcul égoïste, n’impliquant pas nécessairement ces « solutions » mortifères. Non l’alternative n’est pas entre la barbarie capitaliste et la barbarie fasciste.
Laissons de côté ses âneries théologiques (pléonasme ?) pour revenir un instant à Farid Esack :
Ceci dit, j’ai évidemment un problème fondamental avec les réponses problématiques à l’hégémonie et au pouvoir, qui est si profondément ancrée dans la conscience occidentale. Et ce sont souvent ces personnes engagés dans – peu importe comment on les appelle, fondamentalistes ou radicaux musulmans – leur vision du monde est exclusiviste. Ce n’est pas une vision de liberté, ce n’est pas une vision libératrice. Leur vision du monde est plus que répugnante ! Donc je comprends que c’est une réaction à l’impérialisme, à l’occupation et au colonialisme. Mais, dans le même temps, ce n’est pas une vision que je partage.
Des petits soldats des états fascistes, théologiques ou pas, on doit déplorer le malheur. Mais certainement pas pour admettre les rackets étatiques, religieux, militaires auxquels ils sont conduits à participer.